Sources:
Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on March 13/23 (New Style), 1667.
The letter:
Cinquante troissiesme lestre
23 Mars 1667 —
devan que de repondre a la Vostre du 26 du passe Jl faut que ie Vous Conte le disordre que les dernieres lestres dAdami mont Cause. Vous avez veu celle quil avoit escrit par lordinaire passe a Thexeira, et ie Vous envoy une seconde qui a acheve de le faire retraiter tout ce quil maoit promis iusques au Mois de Julet, et ma mis dans plus grande Confusion ou ie fus iamis en ma Vie puisquil nest pas possible de luy faire Continuer les remises a rome des trois mil escus quil avoit accoustume dy remettre touts les mois. Jl a voulu que ie luy engagasse mes Joyaux pour pour ces quattre mois de remise et ie nay pas Volu y Consentir si non a Condition quils demeurassent entre Vos mains, mais setant opiniatre de le Vouloir en celle de quel vn de ces Correspondant, Jay Creu devoir ny Consentir pas, pour plusieurs raisons, que Vous pouvez aisement immaginer. mais ie suis au desespoir de la trahison quil faut que ie Vous face de Vous laisser pour deux ou trois moy sens argent mais Comme ce nest pas par ma faute iespere que Vous ne me limputerez pas, et pourveu que Vous trouviez le moien de subsister pour deux ou trois mois, a lordinaire, Comme iespere que Vous ferez, ie Vous envoieray de Suede de largent et iespere de Vous envoyer des plus grosse sommes que ie n'ose Vous promettre. la Confience que iay en Vostre prudence et en Vostre amitie me Console en quelque facon, de ce malheur, et me fait esperer que Vous y remedierez de Vostre Coste Comme ie feray infaliblement du mien. mes affaires sont en Suede en un estat si glorieux et avantageux pour moy que iay quelque raison desperer quelque Chose de tres gran, et ie nay besoin que de temps pour me mettre tout a fait a mon aise et en estat de navoir plus besoin ny de Thexeira ny daustre personne du monde et Croiez moy quant ie Vous dis tan ie say beaucoup plus que ie ne Vous dis
ie ne saurois au reste Vous exprimer la ioye [...] que ie Vous mavez donne en achettent les tableaux du feu Carlo Jmperiali et si cette ioye neust este trouble par la traison que texeira ma fait iauroy eu de quoy estre satisfaitte de cette semaine mais quelque iours apres que ieus receu Vostre lestre Jl me fit repentir de la ioye que iavois eu par son manquement de la parole qui mavoit donne quinse iours dauparavant, neamoins quil ne iespere quil ne passera pas trois moy quil ne se repente de mavoir ioue se Jour. Jadmire au reste la pense que Vous avez eu de la division de la gallerie puisque nous lavons eu environ en mesme temps, et ie Vous envoy le desain de ma panse la desus quoy que ie face scrupule a present de Vous lenvoier puisque Vous ne ste pas en estat de lexecuter, mais sachez que iavois fait ce desain devan que de savoir des nouvelles du manquement de Thexeira et mesme devan de pouvoir immaginer. mais puisquil est fait ie Vous lenvoy du moins pour Vous donner le divertissement de mes de mes reveries. Jay fait moy mesme le desain et la description quoy quJtalienne est ausi de ma facon, et Vous pardonnerez les fautes tan de lange que dAchitecture que Vous y trouverez a qui ne sait ny litalien ny larchitecture,. Je me suis servi des mains estrangeres pour Vous rendre mes sentiments intelligibles Car en Verite Je ne say pas lire loriginal moi mesme, mon page Adamy a fait la Copie du desain et Je luy puis rendre tesmoinage quil na pas mal emploies son temps a rome Car Jl est Capable de Comprendre for bien et de bien executer tout ce quon luy ordonne ce qui nest pas peu Vous ẏ Conoistrez ausi la main de D. Matheo qui est mon Copiste ordinaire le reste de moy et Comme le tout ne Vaut rien Vous naurez pas de paine a le Croire. Je tacheray de Vous envoier de quoy excecuter ce desain sil Vous plaira et si Contre mon esperance Je ne pouray pas Vous fournir de quoy le faire, J Jauray pacience et Vous ausi et Vous logerez Comme Vous pourrez Car sincerement ie panse que tout cela servira un iour plustost pour Vous que pour moy, et au moins Vous Verrez ma bonne Volonte.
Je suis ravie dapprendre lamandement de Vostre frere le souvenir que me Conserve nos amis. ie Vous prie de me Conserver leur amitie Comme la Chose qui mest le plus a Coeur, Car ie Vous dois tout et reConois tout de Vous
Jl me tarde dapprendre que D. Stefano soit revenu de Genes Car Je suis si malheureuse en matiere de serviteurs que ie Crains de perdre un ausi bon serviteur que luy en un Voiage de mer aux quels ie suis tousiours malheureuse
Japproue tout ce que Vous avez fait avec Cicolino et suis tout a fait de Vostre sentiment, mon inquietude sur son suiet est passe Car le temps ma decouvert que tout ce quon disoit de luy nestoit que des Rodomontades allemandes mais devan que de mestre esclairsïe ie Craingois quil ne me quitta pour le Gros prince de Lunebur, mais ie suis sorty entierement de ce doutte.
Vous me menassez de me faire vn mauvais tour en faisant imprimer mes lestres, iespere que Vous ne me le ferez pas Car ie ne Vous le pardonneres iamais, et le publique auroit de quoy se plaindre de Vous si Vous augmentiez le nombre des meschants Volumes qui sont dans le monde, par les lestres de ma facon.
l'Jndisposition du pape m'afflige tout a fait et ie Crois que Vous naurez pas de paine a Croire que ie dis vray Car iay de fortes raisons pour cela.
Cepandant ie suis ravie d'apprendre les Caresse quon fait a Vous austres Vous meritez tout, et on devroit faire quelque chose de gran pour lacquitter de ce que lon Vous doit et de ce que Vous meritez et ie suis si interesse en tout ce qui Vous [...] que ies [...] part tout Comme si lon pouvoit penser a moy.
Apres cela Jl faut que ie Vous parle dune affaire qui est tres importante pour moy et cest que iay quelque raison d'esperer que ie pourois obtenir en Suede le Chapitre de cette Vile pour moy, et Cela importeroit la somme de Cent et Cinquante mil escus, que cette Vile me donneroit pour se mettre en possession du dit Chapitre. faitte moy savoir si ie puis san scrupule le posseder ou le Vendre, et sil faut quelque dispense pour cela ie Vous prie de me lobtenir Car cet une affaire qui importe fort et Vostre reponse me Viendra a temps, Car iespere de la recevoir a Stocholme ou ie me renderay ausi tost quil me sera possible de partir dycy. Je me prepare tout a fait au Voiage et nattens que pasque pour apres lavoir Celebre icy me mettre en chemain si la saison le permettera Comme Jl y a apparence. Je Vous envoy vne lestre de Creance pour le Cardl. Chigi, dont Vous pouvez Vous servir Comme Jl Vous plaira pour parler de laffaire du Chapitre.
les affaire dAngletrere de dOllande son encore en mesme tremes le roy dAgletrere sostinant sur londre ou la haye et les Ollandois ayant en fin Consenty a londre lon atten que le roy de france y donne la main lon Croit quon traittera ou plustost quon publiera la paix a londre que lon Croit Comme faitte a pary. le temps capendant nous esclaircira de la Verite. Cepandant Jl est arrive qun paysan de Nort Ollande sest fait Conoistre pour le possesseur du lapis, et a fait lespreuve de sa poudre en presance de huits deputes de Mes.r les estats genneraux dOllande Convertisant par sa Cinque Cent livre de plom en autan de livres de pur or de Vint et quattre Carat a toute espreuves, en ietant sur le plom fondu la grosseur de la teste dune espingle de sa poudre envelope dans un peu de sire. ie Vous raConte cette histoire parce quelle est tres Veritable et quelle me semble digne destre seue. elle est Confirme par plusieurs lestres dollande de des gens dignes de foix entre austre le Ministre de Suede lescrit aux gran Connestable et en parle Comme dune Verite tres Constante.
Le Roy et la Reine de polonge son tous deux a lextremites de leur Vie. les estats de polonge on refuse tout secours estranger Contre les tartares on fait la treive avec les Moscovites, et sont enrages Contres les intriges de la reine qui leur est plus en abomination que iamais. ce sont de Viellies nouvelles mais ie Vous les dis pour Vous confirmer dan lopinion que Vous avez que la mort de lubomirski na pas Change les sentiments de la republique
les lestres de Suede tardent tousiours Car les chemains son impenetrables et Comme tout est ẏvronge en ce pays le Soleil lest comme le reste, Car asseurement en entrerant en lAries Jl le a Creu entrer en Capricorne Adieu Je seray iusques a la mort la mesme adieu
With modernised spelling:
Hambourg, 23 mars 1667.
Devant que de répondre à la vôtre du 26 du passé, il faut que je vous conte les désordres que les dernières lettres d'Adami m'ont causés. Vous avez vu celle qu'il avait écrit par l'ordinaire passé à Texeira, et je vous envoie une seconde, qui a achevé de le faire retraiter tout ce qu'il m'avait promis jusqu'au mois de juillet, et m'a mis dans plus grande confusion où je fus jamais en ma vie, puisqu'il n'est pas possible de lui faire continuer les remises à Rome des trois mille écus qu'il avait accoutumé d'y remettre tous les mois. Il a voulu que je lui engageasse mes joyaux pour ces quatre mois de remise et je n'ai pas voulu y consentir, si non à condition qu'ils demeurassent entre vos mains; mais s'étant opiniâtré de les vouloir en celles de quelqu'un de ses correspondants, j'ai cru devoir n'y consentir pas, pour plusieurs raisons que vous pouvez aisément imaginer. Mais je suis au désespoir de la trahison qu'il faut que je vous fasse de vous laisser pour deux ou trois mois sans argent; mais comme ce n'est pas par ma faute, j'espère que vous ne me l'imputerez pas, et pourvu que vous trouviez le moyen de subsister pour deux ou trois mois à l'ordinaire, comme j'espère de vous envoyer de plus grosses sommes que je n'ose vous promettre. La confiance que j'ai en votre prudence et en votre amitié me console en quelque façon de ce malheur, et me fait espérer que vous y remédierez de votre côté comme je ferai infailliblement du mien.
Mes affaires sont en Suède en un état si glorieux et avantageux pour moi, que j'ai quelque raison d'espérer quelque chose de très grand, et je n'ai besoin que de temps pour me mettre tout à fait à mon aise et en état de n'avoir plus besoin ni de Texeira, ni d'autre personne du monde; et, croyez-moi, quand je vous dis tant, je sais beaucoup plus que je ne vous dis.
Je ne saurais au reste vous exprimer la joie que vous m'avez donnée en achetant les tableaux du feu Carlo Imperiali, et si cette joie n'eût été troublée par la trahison que Texeira m'a faite, j'aurais eu de quoi être satisfaite de cette semaine, mais quelques jours après que j'eus reçu votre lettre, il me fit repentir de la joie que j'avais eue, par son manquement de la parole qu'il m'avait donnée quinze jours auparavant; néanmoins j'espère qu'il ne passera pas trois mois qu'il ne se repente de m'avoir joué ce jour.
J'admire au reste la pensée que vous avez eue de la division de la galerie, puisque nous l'avons eue environ en même temps, et je vous envoie le dessin de ma pensée là-dessus, quoique je fasse scrupule à présent de vous l'envoyer, puisque vous n'êtes pas en état de l'exécuter; mais sachez que j'avais fait ce dessin devant que de savoir des nouvelles du manquement de Texeira, et même devant de pouvoir l'imaginer. Mais puisqu'il est fait, je vous l'envoie du moins pour vous donner le divertissement de mes rêveries. J'ai fait moi-même le dessin, et la description, quoiqu'italienne, est aussi de ma façon; et vous pardonnerez les fautes tant de langue que d'architecture, que vous y trouverez, à qui ne sait ni l'italien ni l'architecture.
Je me suis servie de mains étrangères pour vous rendre mes sentiments intelligibles; car, en vérité, je ne sais pas lire l'original moi-même: mon page Adami a fait la copie du dessin et je lui puis rendre témoignage qu'il n'a pas mal employé son temps à Rome; car il est capable de comprendre fort bien et de fort bien exécuter tout ce qu'on lui ordonne, ce qui n'est pas peu.
Vous y connaîtrez aussi la main de D. Matheo, qui est mon copiste ordinaire. Le reste [est] de moi, et comme le tout ne vaut rien, vous n'aurez pas de peine à le croire. Je tâcherai de vous envoyer de quoi exécuter ce dessin, s'il vous plaira et si, contre mon espérance, je ne pourrai pas vous fournir de quoi le faire, j'aurai patience et vous aussi; et vous logerez comme vous pourrez; car sincèrement je pense que tout cela servira un jour plutôt pour vous que pour moi, et au moins vous verrez ma bonne volonté.
Je suis ravie d'apprendre l'amendement de votre frère [et] le souvenir que me conservent nos amis. Je vous prie de me conserver leur amitié comme la chose qui m'est le plus à cœur; car je vous dois tout et reconnais tout de vous.
Il me tarde d'apprendre que Don Stefano soit revenu de Gènes, car je suis si malheureuse en matière de serviteurs, que je crains de perdre un aussi bon serviteur que lui en un voyage de mer, auxquels je suis toujours malheureuse.
J'approuve tout ce que vous avez fait avec Cicolino et suis tout à fait de votre sentiment: mon inquiétude sur son sujet est passée, car le temps m'a découvert que tout ce qu'on disait de lui n'était que des rodomontades allemandes, mais devant de m'être éclaircie, je craignais qu'il ne me quittât pour le gros prince de Lunebourg; mais je suis sortie entièrement de ce doute.
Vous me menacez de me faire un mauvais tour en faisant imprimer mes lettres; j'espère que vous ne me le ferez pas, car je ne vous le pardonnerais jamais, et le public aurait de quoi se plaindre de vous, si vous augmentiez le nombre des méchants volumes qui sont dans le monde par les lettres de ma façon.
L'indisposition du pape m'afflige tout à fait, et je crois que vous n'aurez pas de peine à croire que je dis vrai, car j'ai de fortes raisons pour cela.
Après cela il faut que je vous parle d'une affaire, qui est très importante pour moi, et c'est que j'ai quelque raison d'espérer que je pourrais obtenir en Suède le chapitre de cette ville pour moi, et cela importerait la somme de cent et cinquante mille écus que cette ville me donnerait pour se mettre en possession dudit chapitre. Faites-moi savoir si je puis sans scrupule le posséder ou le vendre, et s'il faut quelque dispensation pour cela, je vous prie de me l'obtenir, car c'est une affaire qui importe fort, et votre réponse me viendra à temps; car j'espère de la recevoir à Stockholm, où je me rendrai aussitôt qu'il me sera possible de partir d'ici. Je me prépare tout à fait au voyage et n'attends que Pâques, pour, après l'avoir célébrée ici, me mettre en chemin, si la saison le permettra, comme il y a apparence.
Je vous envoie une lettre de créance pour le cardinal Chigi, dont vous pouvez vous servir comme il vous plaira, pour parler de l'affaire du chapitre.
Les affaires d'Angleterre [et] d'Hollande sont encore en mêmes termes: le roi d'Angleterre s'obstinant sur Londres ou la Haye, et les Hollandais ayant enfin consenti à Londres, l'on attend que le roi de France y donne la main. L'on croit qu'on traitera ou plutôt qu'on publiera la paix à Londres que l'on croit comme faite à Paris. Le temps cependant nous éclaircira de la vérité.
Cependant il est arrivé qu'un paysan de Hollande s'est fait connaître pour le possesseur du lapis, et a fait l'épreuve de sa poudre en présence de huit députés de MM. les États Généraux de Hollande, en convertissant cinq cents livres de plomb en autant de livres de pur or de vingt et quatre carats à toute épreuve, en jetant sur le plomb fondu la grosseur de la tête d'une épingle de sa poudre enveloppée dans un peu de cire. Je vous raconte cette histoire parce qu'elle est très véritable et qu'elle me semble digne d'être sue. Elle est confirmée par plusieurs lettres de Hollande de gens dignes de foi; entre autres le ministre de Suède l'écrit au grand connêtable et en parle comme d'une vérité très constante.
Le roi et la reine de Pologne sont tous deux à l'extrémité de leur vie. Les États de Pologne ont refusé tout secours étranger contre les Tartares, ont fait la trêve avec les Moscovites, et sont enragés contres les intrigues de la Reine, qui leur est plus en abomination que jamais. Ce sont de vieilles nouvelles, mais je vous les dis pour vous confirmer dans l'opinion que vous avez que la mort de Lubomirski n'a pas changé les sentiments de la République.
Les lettres de Suède tardent toujours, car les chemins sont impénétrables, et comme tout est ivrogne en ce pays, le soleil l'est comme le reste, car assurément en entrant en l'Ariès, il a cru entrer en Capricorne.
Adieu. Je serai jusqu'à la mort la même. Adieu.
English translation (my own):
Fifty-third letter
March 23, 1667.
Before answering yours of the 26th of last month, I must tell you about the disorders that Adami's last letters caused me. You have seen the one he had written in the usual way spent at Texeira, and I am sending you a second one, which finished making him reprocess everything he had promised me until the month of July, and to me has put in the greatest confusion I have ever been in in my life, since it is not possible to make him continue the remittances to Rome of the three thousand crowns which he had accustomed to remit there every month. He wanted me to commit my jewels to him for these four months of delivery and I did not want to consent, if not on condition that they remain in your hands; but having persisted in wanting them in those of one of his correspondents, I thought I should not consent, for several reasons which you can easily imagine. But I am in despair at the betrayal I must have done you to leave you for two or three months without money; but as it is not my fault, I hope you will not blame it on me, and provided you find the means of subsisting for two or three months as usual, as I hope to send you larger sums than I dare to promise you. The confidence that I have in your prudence and in your friendship consoles me in some way for this misfortune, and makes me hope that you will remedy it on your side as I will infallibly do mine.
My affairs in Sweden are in such a glorious and advantageous state for me that I have some reason to hope for something very great, and I only need time to make myself completely at my ease and in a good state of no longer needing Texeira or any other person in the world; and, believe me, when I tell you so much, I know a lot more than I tell you.
For the rest, I cannot express to you the joy you gave me by purchasing the paintings of the late Carlo Imperiali, and if this joy had not been disturbed by the betrayal that Texeira has done me, I would have had something to be satisfied with this week, but a few days after I had received your letter, he made me repent of the joy that I had had, by his betrayal of the word he had given me fifteen days before; nevertheless I hope that he will not spend three months without repenting having played me that day.
I admire, moreover, the thought which you had of the division of the gallery, since we had it about the same time, and I send you the drawing of my thought on it, although I now have scruple with you to send it, since you are not in a position to execute it; but know that I had made this drawing before hearing news of Texeira's betrayal, and even before being able to imagine it. But since it is done, I send it to you at least to give you the entertainment of my reveries. I did the drawing myself, and the description, although Italian, is also in my style; and you will forgive the faults, as much in language as in architecture, which you will find there, to those who know neither Italian nor architecture.
I have used foreign hands to make my feelings intelligible to you; because, in truth, I do not know how to read the original myself: my page Adami made the copy of the drawing and I can testify to him that he did not misuse his time in Rome; for he is capable of understanding very well and of executing very well whatever is ordered to him, which is not a little.
You will also know the hand of Don Matteo, who is my ordinary copyist. The rest is mine, and since the whole thing is worthless, you won't have a hard time believing it. I will try to send you something to do this drawing, if you please and if, against my hope, I cannot provide you with something to do it, I will have patience and you too; and you will stay as you can, because sincerely I think that all this will be useful one day rather for you than for me, and at least you will see my good will.
I am delighted to hear of your brother's amendment and the memory of our friends. Please keep their friendship with me as the thing that is most important to me; because I owe you everything and recognise everything about you.
I look forward to hearing that Don Stefano has returned from Genoa, because I am so unhappy in matters of servants that I fear losing such a good servant as him on a sea voyage, to whom I am still unhappy.
I approve of everything you have done with Cicolino and fully agree with you: my worry about his subject has passed, because time has discovered to me that everything that was said about him was nothing but German rodomontades, but having cleared up, I feared that he would leave me for the fat Prince of Lüneburg; but I got out of this doubt entirely.
You threaten to do me a dirty trick by having my letters printed; I hope you will not do it to me, for I will never forgive you, and the public would have reason to complain about you if you increased the number of the wicked volumes which are in the world by letters in my fashion.
The Pope's indisposition afflicts me completely, and I believe that you will have no difficulty in believing that I am telling the truth, for I have strong reasons for it.
After that I must tell you about an affair which is very important to me, and that is that I have some reason to hope that I could obtain in Sweden the chapter of this city for me, and that would import the sum of one hundred and fifty thousand crowns that this city would give me to take possession of the said chapter. Let me know if I can unscrupulously own or sell it, and if any dispensation is needed for it, please obtain it for me, for it is a matter of great importance, and your answer will come to me in time; because I hope to receive it in Stockholm, where I will go as soon as it is possible for me to leave here. I am preparing myself completely for the trip and only am waiting for Easter, to, after having celebrated it here, to set out on my way if the season will allow it, as it seems.
I am sending you a letter of credentials for Cardinal Chigi, which you can use as you please, to talk about the affair of the chapter.
The affairs of England and Holland are still in the same terms: the King of England insisting on London or the Hague, and the Dutch having finally consented to London, one waits for the King of France to give in. One believes that one will treat or rather that one will publish the peace in London which one believes as made in Paris. Time, however, will enlighten us of the truth.
In the meantime, it has happened that a peasant from North Holland made himself known as the owner of lapis and tested his powder in the presence of eight deputies of the Estates General of Holland, by converting five hundred pounds of lead in as many pounds of pure gold of twenty-four carats foolproof, by throwing on the molten lead the size of the head of a pin of its powder wrapped in a little wax. I am telling you this story because it is very true and it seems to me worth knowing. It is confirmed by several letters from Holland from people worthy of faith; among others, the Swedish minister writes it to the Grand Constable and speaks of it as a very constant truth.
The King and Queen of Poland are both at the extremity of their lives. The Estates of Poland have refused all foreign aid against the Tartars, have made a truce with the Muscovites, and are enraged against the intrigues of the Queen, who is more in abomination to them than ever. This is old news, but I tell you to confirm your opinion that Lubomirski's death has not changed the feelings of the Republic.
Letters from Sweden are always late, for the roads are impenetrable, and as everything is drunk in this country, the sun is so like the rest, because certainly on entering Aries, it believed to enter Capricorn.
Farewell. I will be the same to you until death. Farewell.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
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