Saturday, November 20, 2021

Kristina's letter to Azzolino, dated March 9, 1667

Sources:

Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899






Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on March 9, 1667 (the letter of March 2 is missing or lost).

The letter:

Cinquante neuiesme lestre
9 Mars 1667 —
Jay receu Vostre trente huitiesme lestre du 10 de fevr. et Vous seroẏ oblige des sentiments damitie quelle Contient si ie les pouves Croire mais Vous avez eu trop de soin pour me desabuser de la presomtion que Vostre amitie m'a donne autrefois que et ie ne suis pas asse inCrorigible pour retomper dans vn erreur daux Vous mavez trie avec tan de soin. ie resois donc Vos Compliments Comme on est accoustume a recevoir Ceux qui se font ordinairement dans le monde, et ie Vous le dis afin que Vous ne me faciez pas le tort de Croire que iay peu vous mesconoistre ou mesprendre.

laccident de Vostre frere ma touche Veritablement, mais iespere quil sera gery et quil ne sera pas mortel et Cette opinion me Console. Vous medifiez par le meditation theologiques et morales que Vous tirez de touts les accidens qui arrivent, et ie ne doutte pas que Vostre esprit naye este tout en dieu a son ordinarie duran que Vous avez veu reciter la Commedie Chez lAmbassadeur de france, et quil et que les deux damoiselles qui y ont resite qui et son accoustume de donner tan de plaisir a tout Romme, ne Vous aye donne de la mortification en attriant Vos ieux sur elles. mais san doutte Vous y estes alle alle a lexemple du Signeur pour les Convertir ett vne si scrupuleuse Vertu que la Vostre nauroit pas profanes les ieux que pour un tel desain et ie mimmagine quil se vont bientost Consigner entre les mains du Cardl. barberin pour estre mise dans le ConVerties, apres estre sorti des Vostres Car quant ie Considere quels scrupule Vous empechoit daller Voir Chez lambassadeur d'Espange les feux, ie Concleus que cet vn pure effect de devotion dont Vous estes preoccupe a present qui Vous attrie chez lambassadeur de france et men reiouis avec Vous de bon Coeur. mais Vous Voẏez que Ce nest pas seullement du pere Zuchi quon apprend a bien mourir, et que Maria Vittoria et sa Confraternite le savent lensegnier ausi bien que luy. pour moy ie say Jl y long temps que ie dois mourir et quant le pere Zuchi nen auroit iamais parle ie nauray pas laisse den estre persuade, cest pour quoy ie Vous prie de ne me faire plus des semons la desus Car ie naime pas homelies.

Je Vous envoy la lestre quAdami Vous escrit iay prix la liberte de louvrir si cela Vous offence ie Vous en demande pardon, mais ce qui ma oblige a le faire est que ie suis san lestre dAdamẏ et que iesperes de mesclaircir dan la Vostre des nouvelles que iavois dallieurs Comme il est arrive. Vous y apprenderez lestat de toutte chose et ie masseure que Vous ne mhaissez pas asse pour navoir pas de la ioye du bon succes de mes affaires.

Je suis au desespoir de Voir quon a este trop promt pour envoyer a mon renContre, ett si limpracticabilite de Chemains ne rendoit le Voiage impossible ie seray parti au mesme moment que iay seu quils estoit partis a mon renContre a helsingbur. Je Vous enVoy ausi une lestre originale escritte du Jesuiste de lAmbassadeur de france au pere Gaspart qui Celon mon opinion ne Vous deplaira pas. ie vous enVoy ausi une lestre de lionne. le roy de france soppose a la nomination de la haye et nomme Dovres en Angelterre les Ollandois nomme BalDuc et Mastric. Cest a lAngletrere a Choisir. ie tien la paix assure on la taitte mesme a paris avec le Duc de S. Alban qui en a le plain pouvoir elle sera san doutte faitte devan la Campange car tout le monde la souhaitte fort.

Je ne Crois pas quil y ayt diette au Mois de May en Suede adieu. Je souhaite que dieu Vous Conserve des longes et heureuses annees adieu

With modernised spelling:

Hambourg, 9 mars 1667.
J'ai reçu votre trente-huitième lettre, du 10 de février, et vous serais obligée des sentiments d'amitié qu'elle contient, si je les pouvais croire; mais vous avez eu trop de soin pour me désabuser de la présomption que votre amitié m'a donnée autrefois, et je ne suis pas assez incorrigible pour retomber dans une erreur dont vous m'avez tirée avec tant de soin. Je reçois donc vos compliments comme on est accoutumé à recevoir ceux qui se font ordinairement dans le monde, et je vous le dis afin que vous ne me fassiez pas le tort de croire que j'ai pu vous méconnaître ou méprendre.

L'accident de votre frère m'a touché véritablement, mais j'espère qu'il sera guéri et qu'il ne sera pas mortel, et cette opinion me console. Vous m'édifiez par les méditations théologiques et morales que vous tirez de tous les accidents qui arrivent, et je ne doute pas que votre esprit ait été tout en Dieu, à son ordinaire, durant que vous avez vu réciter la comédie chez l'ambassadeur de France, et que les deux demoiselles qui y ont récité, et sont accoutumées de donner tant de plaisir à tout Rome, ne vous aient donné de la mortification en attirant vos yeux sur elles. Mais, sans doute, vous y êtes allé à l'exemple du Seigneur, pour les convertir, et une si scrupuleuse vertu que la vôtre n'aurait pas profané les yeux que pour un tel dessein, et je m'imagine qu'elles se vont bientôt consigner entre les mains du cardinal Barbarini pour être mises dans les converties, après être sorties des vôtres, car, quand je considère quel scrupule vous empêchait d'aller voir chez l'ambassadeur d'Espagne les feux, je conclus que c'est un pur effet de dévotion dont vous êtes préoccupé à présent, qui vous attire chez l'ambassadeur de France, et m'en réjouis avec vous de bon cœur. Mais vous voyez que ce n'est pas seulement du père Zucchi qu'on apprend à bien mourir, et que Maria Victoria et sa confraternité savent l'enseigner aussi bien que lui. Pour moi, je sais, il y [a] longtemps, que je dois mourir, et quand le père Zucchi n'en aurait jamais parlé, je n'aurais pas laissé d'en être persuadée: c'est pourquoi je vous prie de ne me faire plus de sermons là-dessus, car je n'aime pas [les] homélies.

Je vous envoie la lettre qu'Adami vous écrit; j'ai pris la liberté de l'ouvrir: si cela vous offense, je vous en demande pardon; mais ce qui m'a obligé à le faire est que je suis sans lettres d'Adami et que j'espérais de m'éclaircir dans la vôtre des nouvelles que j'avais d'ailleurs, comme il est arrivé. Vous y apprendrez l'état de toute chose, et je m'assure que vous ne me haïssez pas assez pour n'avoir de la joie du bon succès de mes affaires.

Je suis au désespoir de voir qu'on a été trop prompt pour envoyer à ma rencontre, et si l'impracticabilité des chemins ne rendait le voyage impossible, je serais partie au même moment que j'ai su qu'ils étaient partis à ma rencontre à Helsingbourg. Je vous envoie aussi une lettre originale écrite du jésuite de l'ambassadeur de France au père Gaspard, qui selon mon opinion ne vous déplaira pas. Je vous envoie aussi une lettre de Lionne. Le roi de France s'oppose à la nomination de la Haye et nomme Douvres en Angleterre; les Hollandais nomment Bar-le-Duc et Maëstricht. C'est à l'Angleterre à choisir. Je tiens la paix assurée; on la traite même à Paris avec le duc [de] S. Albans qui en a le plein pouvoir. Elle sera sans doute faite avant la campagne, car tout le monde la souhaite fort.

Je ne crois qu'il [y] ait Diète au mois de mai en Suède. Adieu. Je souhaite que Dieu vous conserve de longues et heureuses années. Adieu.

English translation (my own):

Fifty-ninth letter
of March 9, 1667.
I received your thirty-eighth letter, dated February 10, and would be obliged to you for the feelings of friendship it contains, if I could believe them; but you have been too careful to disillusion me with the presumption your friendship once gave me, and I am not incorrigible enough to fall back into an error from which you have so carefully extricated me. I therefore receive your compliments as one is accustomed to receiving those which are ordinarily given in the world, and I am telling you so that you do not do me the wrong of believing that I could have misunderstood or misunderstood you.

Your brother's accident really touched me, but I hope that he will be healed and that he will not be fatal, and this opinion consoles me. You edify me by the theological and moral meditations which you draw from all the accidents which happen, and I do not doubt that your spirit has been all in God, as usual, while you have seen the comedy recited at the ambassador of France's house, and that the two young ladies who recited there, and are accustomed to giving so much pleasure to all Rome, did not give you mortification by drawing your eyes to them. But, no doubt, you went there after the example of the Lord, to convert them, and a virtue so scrupulous that yours would not have profaned the eyes except for such a design, and I imagine that they would be will soon consign in the hands of Cardinal Barbarini to be made converts, after having left yours, because, when I consider what scruple prevented you from going to see the fires by the Spanish ambassador, I conclude that it is is a pure effect of devotion which you are preoccupied with now, which attracts you to the ambassador of France, and rejoices over me with you with a good heart. But you see that it is not only from Father Zucchi that one learns how to die well, and that Maria Vittoria and her confraternity know how to teach it as well as he does. For myself, I know, a long time ago, that I must die, and when Father Zucchi would never have mentioned it, I would not have stopped being convinced of it: this is why I beg you not to do more sermons on this, because I don't like homilies.

I am sending you the letter that Adami is writing to you; I have taken the liberty of opening it: if that offends you, I beg your pardon; but what obliged me to do it is that I am without letters from Adami and that I was hoping to clarify myself in yours of the news which I had elsewhere, as it happened. You will learn the state of everything there, and I ensure that you do not hate me enough not to enjoy the good success of my affairs.

I am in despair to see that they were too quick to send to meet me, and if the impracticability of the roads did not make the journey impossible, I would have left at the same time that I knew they had left for my meeting in Helsingborg. I am also sending you an original letter written from the Jesuit of the ambassador of France to Father Gaspard, which, in my opinion, will not displease you. I am also sending you a letter from de Lionne. The King of France opposes the nomination of The Hague and appoints Dover to England; the Dutch name Bar-le-Duc and Maastricht. It is up to England to choose. I hold the peace assured; it is even treated in Paris with the Duke of St. Albans, who has full power. It will undoubtedly be done before the campaign, because everyone wishes it very much.

I don't believe there is a Riksdag in May in Sweden. Farewell. I wish that God will preserve you for many long and happy years. Farewell.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

Note: the fires = fireworks.

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