Tuesday, November 2, 2021

Pierre Hector Chanut's letter to Cardinal Jules Mazarin about the council meeting of March 27/April 6, dated April 1/11, 1648

Source:

Historisk bibliotek, volume 2, page 363, Om J. Adler Salvii upphöjelse till riksråd, article written by C. T. Odhner, 1876


The meeting where Kristina proposed making Axel Lillie and Johan Adler Salvius members of her/his/their Council had been held on March 27/April 6, 1648:


The letter:

... Il y a plus d'un mois que la reine ayant fait dessein de récompenser ses longs services de cet honneur et mettre dans son Conseil un homme savant dans les affaires elle en fit l'ouverture à M. le Chancelier Oxenstiern en particulier; cette proposition le surprit, et sans dissimuler son émotion, après quelques invectives contre M. Salvius sur sa naissance obscure, des reproches de son ingratitude envers luy, et des protestations qu'il n'etait point si habille homme qu'on croyait, voyant que ces objections ne changeoient point les desseins de S. M. il dit enfin que mettre M. Salvius dans le Senat estoit la même chose que l'en chasser. La Reine repartit prestement qu'elle ne prétendoit luy oster de faire ce qu'il voudroit, et scauroit bien conserver celle (ce?) qui luy appartenoit! Après un peu de silence Msr le Chancelier ouvrit un autre discours et se retira peu après, sans avoir donné depuis aucun signe de mescontentement. La reyne voyant cette forte résistance du Chancelier ne voulut point parler de son dessein au Senat, qu'Elle n'en eust en particulier conferé avec Msr le Drost, qu'elle trouva anssy fort esloigné de l'approuver et je croy mesme que M. le Connestable, avec lequel Elle en communiqua, se trouva du sentiment des deux autres. Ces oppositions ne luy ayant point fait changer de resolution, Elle prit son temps mardy der:r jour du Sénat devant la feste, et co[mm]e les affaires expédiées on estoit prest de se lever, S. M. fit la proposition de recevoir au nombre des Sénateurs M. Axel Lilie et Mons. Salvius et dit les raisons qui la portoient à ce choix. Sur le premier il n'y avoit aucune difficulté, mais au nom de M:r Salvius M:r le Chancelier ayant changé de couleur, aussitost que la Reine eust finy son discours, il prit la parole et forma quantité de reproches contre la naissance et la personne de M. Salvius et soustint que la Reyne violoit les lois de l'estat et les privilèges de la Noblesse qu'Elle estoit obligée par serment de conserver; après un torrent de paroles fortes et animées (il faut rendre cet honneur à M:r le Chancelier Oxenstjerna qu'il est un des plus éloquens hommes du siècle en toutes les langues dont il se sert) la Reine commença de luy répondre en le priant d'estre en cette action ce qu'il avoit esté toute sa vie, maistre de ses passions et plus attaché au bien public qu'à ses affections particulières. Elle reconnut qu'Elle n'ignoroit point qu'il haïssait Salvius et qu'Elle estait faschée de ce mauvais rencontre, pour ce qu'Elle faisait avec répugnance une chose qui deploisoit à un de ses Ministres qu'Elle consideroit extrêmement, mais que s'estant proposé de n'escouter pas ses propres passions, où il s'agist du bien public, il serait indigne qu'Elle se sousmit à celle d'autrui; ensuite Elle respondit à ce qui avoit esté objecté contre la réputation de M. Salvius, et s'estonna que M. le Chancelier eust une opinion singulière sur la valeur d'un homme éprouvé et estimé dans la Suede après les services de trente années dans les plus importantes affaires, et duquel toutes les Nations étrangères qui ont eu à demêler avec cette couronne ont fait un grand jugement. Sur la naissance elle soustint que le terme de la loy alleguée par Msr le Chancelier, notant la condition des personnes qui ne pouvoient être admises au Sénat, signifioit personnes mal nées et devoit être entendu ou d'une naissance illégitime ou d'une famille marquée par quelques taches d'infamie; Elle avoua que les hommes sortis des anciennes maisons devoient être preferés aux autres, et qu'il étoit souhaitable que le Sénat en fut remply, mais que cette raison n'en devait pas exclure ceux de l'ordre du peuple, que le mérite et la suffisance rendront nécessaires aux Conseils d'Estat, et que la chose n'estoit point nouvelle, le feu Roy son père ayant admis au Sénat M. Skytte pour ces mesmes raisons. M. le Chancelier reprit par les louanges de M. Skytte alleguant que ce coup extraordinaire n'avoit pas esté fait seulement par les mérites de Skyt quoyque trèsgrands, mais pour ce qu'on avoit besoin lors d'hommes dans le Sénat, et qu'il avoit eu l'honneur d'être précepteur du Roy. La Reine repartit que c'était faire tort à la mémoire de son père de penser qu'il eust eu autre raison que celle du bien de l'Etat pour eslever M. Skyt à cette dignité et qu'Elle avoit aussy un précepteur, mais qu'Elle ne le mettrait jamais en des Emplois que proportionnés à sa suffisance et qu'au reste la mémoire et la maison de Skytte avoit bien de l'obligation à Msr Salvius, puisqu'il estoit cause que Msr le Chancelier qui avoit esté son ennemy pendant sa vie et qui n'en avoit jamais bien parlé, commençait maintenant à le louer. Sur cela la Reine tournant ses yeux vers le bout de la table pour prendre les avis des Senateurs, Gustave Oxenstjern qui estoit en rang d'opiner le premier co[mm]e le plus jeune des présens, après beaucoup de préfaces et d'excuses répeta les principales raisons du Chancelier son Oncle et conclut à supplier S. M. qu'Elle ne receut point M:r Salvius dans le Conseil. Tous les autres Sénateurs voyant qu'il n'y avoit point de milieu et qu'il se falloit déclarer, ou pour la Reine ou pour le Chancelier, opinèrent un peu de paroles à recevoir Msr Salvius comme digne de l'honneur que S. M. luy faisoit. M:r l'Admiral qui est inséparable des interets de la Reine, et un grand homme de bien, dit sincerement qu'il tenoit M:r le Chancelier et M. Salvius comme les deux Colonnes des Conseils publics, et qu'il s'éstonnait qu'on voulut priver Sa Majesté et tout le Royaume du service d'un homme si capable. Le grand Trésorier, qui est Oxenstjerna, suivit l'advis de sa maison et s'avisa après que l'affaire fut conclue de se lever et demander publiquement pardon à la Reine de s'estre opposé à Sa volonté. M. le Chancelier au rang de dire son sentiment supplia la Reine de l'en dispenser, avouant qu'il était homme sujet aux mouvemens des passions et qu'on pourrait imputer à haine, ce qu'il penserait dire par raison. Restoit M:r le Drost qui dans la première conférence avait assez découvert son avis. Mais voyant que toutes les voyes (voix?) du Sénat l'emportaient sur les trois Oxenstjern il pouvait s'accommoder à la necessité pour ne déplaire pas inutilement à sa maitresse; néanmoins soit qu'il fust engagé de parole à M:r le Chancelier en l'alliance duquel il entre par le mariage de sa soeur avec le Comte Jean Oxenstjern, soit qu'en effect il voulait parler selon sa pensée sans complaisance, il renouvella la difficulté sur la naissance de M:r Salvius, et dit qu'il estoit estrange qu'on ne scavait point qui estoit son père. La Reine, un peu piquée, je vous l'apprendray, dit Elle, c'estait un homme, je n'ay point ouy dire qu'il naquist des hommes sans père; cette raillerie un peu amère troubla M. le Drost, il persista pourtant jusqu'à ce que la Reine luy dist qu'Elle admirait qu'il parlast ainsy maintenant, veu qu'autre fois il luy avait proposé de mettre Salvius dans le Sénat, et l'avait jugé digne de quelque chose de plus, qu'Elle dirait si on luy en donnait occasion. M. le Drost encore plus touché de cette response n'osant ny se desdire ny persister, conclut, priant la Reine de differer jusqu'après la paix. Elle repartit que les bonnes résolutions ne se devaient pas sousmettre à des conditions incertaines, que M. Salvius ne serait pas plus gentilhomme après la paix faite qu'il l'est aujourdhui, qu'Elle estait contente de voir que la pluralité des suffrages avoient approuvé sa résolution, et qu'Elle déclarait M:rs Axel Lilie et Salvius pour Senateurs. Mons. le Chancelier au sortir du Senat s'enferma pour le reste de la journée, depuis il a veu la Reine à l'ordinaire à la lecture des depêches après l'arrivée du Courrier.

With modernised spelling:

... Il y a plus d'un mois que la Reine ayant fait dessein de récompenser ses longs services de cet honneur et mettre dans son Conseil un homme savant dans les affaires elle en fit l'ouverture à M. le chancelier Oxenstierna en particulier; cette proposition le surprit, et sans dissimuler son émotion, après quelques invectives contre M. Salvius sur sa naissance obscure, des reproches de son ingratitude envers lui, et des protestations qu'il n'était point si habile homme qu'on croyait, voyant que ces objections ne changeaient point les desseins de Sa Majesté, il dit enfin que mettre M. Salvius dans le Sénat était la même chose que l'en chasser. La Reine repartit prêtement qu'elle ne prétendait lui ôter de faire ce qu'il voudrait, et saurait bien conserver ce qui lui appartenait! Après un peu de silence, monsieur le chancelier ouvrit un autre discours et se retira peu après, sans avoir donné depuis aucun signe de mescontentement. La Reine voyant cette forte résistance du chancelier ne voulut point parler de son dessein au Sénat, qu'elle n'en eût en particulier conféré avec monsieur le drost, qu'elle trouva ainsi fort éloigné de l'approuver; et je crois même que M. le connêtable, avec lequel elle en communiqua, se trouva du sentiment des deux autres.

Ces oppositions ne lui ayant point fait changer de résolution, elle prit son temps mardi dernier jour du Sénat devant la fête, et comme les affaires expédiées on était prêt de se lever, Sa Majesté fit la proposition de recevoir au nombre des sénateurs M. Axel Lillie et Monsieur Salvius et dit les raisons qui la portaient à ce choix. Sur le premier il n'y avait aucune difficulté, mais au nom de Monsieur Salvius Monsieur le Chancelier ayant changé de couleur, aussitôt que la Reine eût fini son discours, il prit la parole et forma quantité de reproches contre la naissance et la personne de M. Salvius et soustint que la Reine violait les lois de l'état et les privilèges de la noblesse qu'elle était obligée par serment de conserver; après un torrent de paroles fortes et animées (il faut rendre cet honneur à Monsieur le chancelier Oxenstierna qu'il est un des plus éloquents hommes du siècle en toutes les langues dont il se sert) la Reine commença de lui répondre en le priant d'être en cette action ce qu'il avait été toute sa vie, maître de ses passions et plus attaché au bien public qu'à ses affections particulières. Elle reconnut qu'elle n'ignorait point qu'il haïssait Salvius et qu'elle était fâchée de ce mauvais rencontre, pour ce qu'elle faisait avec répugnance une chose qui deplaisait à un de ses ministres qu'elle considérait extrêmement, mais que s'étant proposé de n'écouter pas ses propres passions, où il s'agît du bien public, il serait indigne qu'elle se soumit à celle d'autrui; ensuite elle respondit à ce qui avait été objecté contre la réputation de M. Salvius, et s'étonna que M. le chancelier eût une opinion singulière sur la valeur d'un homme éprouvé et estimé dans la Suède après les services de trente années dans les plus importantes affaires, et duquel toutes les nations étrangères qui ont eu à démêler avec cette Couronne ont fait un grand jugement.

Sur la naissance elle soutint que le terme de la loi alléguée par monsieur le chancelier, notant la condition des personnes qui ne pouvaient être admises au Sénat, signifiait personnes mal nées et devait être entendu ou d'une naissance illégitime ou d'une famille marquée par quelques taches d'infamie; elle avoua que les hommes sortis des anciennes maisons devoient être préférés aux autres, et qu'il était souhaitable que le Sénat en fut rempli, mais que cette raison n'en devait pas exclure ceux de l'ordre du peuple, que le mérite et la suffisance rendront nécessaires aux Conseils d'Etat, et que la chose n'était point nouvelle, le feu roi son père ayant admis au Sénat M. Skytte pour ces mêmes raisons. M. le chancelier reprit par les louanges de M. Skytte alléguant que ce coup extraordinaire n'avait pas été fait seulement par les mérites de Skytte quoique très grands, mais pour ce qu'on avait besoin lors d'hommes dans le Sénat, et qu'il avait eu l'honneur d'être précepteur du roi.

La Reine repartit que c'était faire tort à la mémoire de son père de penser qu'il eût eu autre raison que celle du bien de l'Etat pour élever M. Skytte à cette dignité et qu'elle avait aussi un précepteur, mais qu'elle ne le mettrait jamais en des emplois que proportionnés à sa suffisance et qu'au reste la mémoire et la maison de Skytte avait bien de l'obligation à monsieur Salvius, puisqu'il était cause que monsieur le chancelier qui avait été son ennemi pendant sa vie et qui n'en avait jamais bien parlé, commençait maintenant à le louer. Sur cela la Reine tournant ses yeux vers le bout de la table pour prendre les avis des sénateurs, Gustave Oxenstierna qui était en rang d'opiner le premier comme le plus jeune des présents, après beaucoup de préfaces et d'excuses répeta les principales raisons du chancelier son oncle et conclut à supplier Sa Majesté qu'elle ne reçut point monsieur Salvius dans le Conseil. Tous les autres sénateurs voyant qu'il n'y avait point de milieu et qu'il se fallait déclarer, ou pour la Reine ou pour le chancelier, opinèrent un peu de paroles à recevoir monsieur Salvius comme digne de l'honneur que Sa Majesté lui faisait.

Monsieur l'ammiral, qui est inséparable des intérêts de la Reine, et un grand homme de bien, dit sincèrement qu'il tenait monsieur le chancelier et M. Salvius comme les deux colonnes des conseils publics, et qu'il s'étonnait qu'on voulut priver Sa Majesté et tout le royaume du service d'un homme si capable. Le grand-trésorier, qui est Oxenstierna, suivit l'avis de sa maison et s'avisa après que l'affaire fut conclue de se lever et demander publiquement pardon à la Reine de s'être opposé à sa volonté. M. le chancelier au rang de dire son sentiment supplia la Reine de l'en dispenser, avouant qu'il était homme sujet aux mouvements des passions et qu'on pourrait imputer à haine, ce qu'il penserait dire par raison. Restait monsieur le drost qui dans la première conférence avait assez découvert son avis.

Mais voyant que toutes les voix du Sénat l'emportaient sur les trois Oxenstiernas, il pouvait s'accommoder à la necessité pour ne déplaire pas inutilement à sa maîtresse; néanmoins soit qu'il fust engagé de parole à monsieur le chancelier en l'alliance duquel il entre par le mariage de sa sœur avec le comte Jean Oxenstierna, soit qu'en effet il voulait parler selon sa pensée sans complaisance, il renouvela la difficulté sur la naissance de monsieur Salvius, et dit qu'il était étrange qu'on ne savait point qui était son père. La Reine, un peu piquée, «je vous l'apprendrai», dit elle, «c'était un homme, je n'ai point ouï dire qu'il naquît des hommes sans père»; cette raillerie un peu amère troubla M. le drost, il persista pourtant jusqu'à ce que la Reine lui dît qu'elle admirait qu'il parlât ainsi maintenant, vu qu'autrefois il lui avait proposé de mettre Salvius dans le Sénat, et l'avait jugé digne de quelque chose de plus, qu'elle dirait si on lui en donnait occasion. M. le drost encore plus touché de cette réponse n'osant ni se dédire ni persister, conclut, priant la Reine de différer jusqu'après la paix. Elle repartit que les bonnes résolutions ne se devaient pas soumettre à des conditions incertaines, que M. Salvius ne serait pas plus gentilhomme après la paix faite qu'il l'est aujourdhui, qu'elle était contente de voir que la pluralité des suffrages avaient approuvé sa résolution, et qu'elle déclarait messieurs Axel Lillie et Salvius pour sénateurs. Monsieur le chancelier au sortir du Sénat s'enferma pour le reste de la journée, depuis il a vu la Reine à l'ordinaire à la lecture des dépêches après l'arrivée du courrier.

Swedish translation (my own):

... Det har gått mer än en månad sedan Drottningen, efter att ha fått idén att belöna hennes långliga tjänster med denna ära och att sätta en lärd man i affären i hennes Råd, öppnade hon den för Rikskanslern Oxenstierna i synnerhet; detta förslag överraskade honom och utan att dölja hans känslor, efter några smädeord mot herr Salvius på hans obskyra födelse, förebråelser om hans otacksamhet mot honom och protester att han inte var så väl duglig som man trodde, eftersom dessa invändningar inte förändrades Hennes Majestäts tanke sade han slutligen att det var samma sak att sätta herr Salvius i Rådet som att jaga honom därifrån. Drottningen svarade berett att hon inte gör anspråk på att hindra honom från att göra vad han än ville och skulle veta hur han skulle behålla det som tillhörde honom! Efter en kort tystnad inledde Rikskanslern ett annat tal och drog sig strax efter, utan att sedan ha givit några tecken på missnöje. Drottningen, som såg detta starka motstånd från Rikskanslern, ville inte tala om sin idé till Rådet, som hon inte hade förelagt om det särskilt med Riksdrotsen, som hon därmed fann mycket långt ifrån att godkänna det; och jag tror till och med att Fältmarskalken, med vilken hon kommunicerade det, befann sig i de två andra.

Dessa motsättningar inte fick henne att ändra sitt beslut, hon tog sig tid på tisdagen den sista Riksdagen före högtiden, och när affären skickades var man redo att stå upp, föreslog Hennes Majestät att ta emot herr Axel Lillie och herr Salvius bland antalet rådsmännen och förklarade orsakerna som ledde henne till detta val. På den första var det ingen svårighet, men vid nämnandet av herr Salvii namn bytte Rikskanslern färg så snart Drottningen hade avslutat sitt tal. Han talade och gjorde många anklagelser mot herr Salvii födelse och person och påstod att Drottningen bröt mot statens lagar och adelns privilegier som hon var förbunden att bevara. Efter en ström av starka och animerade ord (man måste ge Rikskanslern Oxenstierna denna ära att han är en av århundradets mest vältaliga män på alla de språk han använder) började Drottningen svara honom genom att be honom att vara i denna handling vad han hade varit hela sitt liv: mästaren av sina passioner och mer knuten till allmänhetens bästa än till hans speciella känslor. Hon insåg att hon var väl medveten om att han hatade Salvius och att hon var ledsen för detta dåliga möte, för att hon med avsky gjorde något som missnöjde en av hennes ministrar, som hon hade extrem hänsyn till, och hade föreslagit att inte lyssna på hennes egna känslor där det är en fråga om det allmännas bästa. Det vore ovärdigt för henne att underordna sig andras. Sedan svarade hon på det som hade motsatts mot herr Salvii rykte, och hon var förvånad över att Rikskanslern hade en enastående uppfattning om värdet av en man som bevisats och uppskattats i Sverige efter trettio års tjänst i de viktigaste sakerna och som alla främmande nationer som har fått debattera med denna Krona har gjort ett stort omdöme.

När det gäller födseln hävdade hon att den lagstadgad påstådd av Rikskanslern, och noterade att tillståndet för personer som inte kunde tas in i Råder innebar personer som var illa födda, och att de skulle anses utgöra antingen en olaglig födelse eller av en familj besudlad av några fläckar av vanära; hon erkände att de män som lämnade de forna husen skulle vara att föredra framför andra, och att det var önskvärt att Rådet skulle fyllas med dem, men att detta skäl inte skulle utesluta de av folkets ordning, att förtjänst och tillräcklighet kommer att göra det nödvändigt för Statsråden, och att saken inte var ny, den salige Kungen, hennes far, tillåtit herr Skytte i Rådet av samma skäl. Rikskanslern återupptog lovordet av Herr Skytte och påstod att denna extraordinära kupp inte bara hade gjorts av fördelarna hos Skytte, även om de var mycket stora, utan för vad som behövdes på den tiden av män i Rådet och att han hade haft äran att vara Kungens preceptor.

Drottningen sase igen att det var skadligt för hennes fars minne att tro att han hade någon annan anledning än statens bästa för att upphöja herr Skytte till denna värdighet och att hon också hade en preceptor, men att hon skulle ställde honom aldrig på arbete som inte stod i proportion till hans tillräcklighet och som för resten minnet och huset av Skytte var mycket skyldig herr Salvius, eftersom han var anledningen till att Rikskanslern, som varit hans fiende hela livet och som aldrig talat bra om honom, började nu berömma honom. Därvid vände Drottningen blicken mot slutet av bordet för att höra rådsmännens åsikter. Gustav Oxenstierna, som stod i kö för att rösta första som han är den yngste av de närvarande männen, efter många förord ​​och ursäkter, upprepade de främsta orsakerna till Rikskanslern hans farbror och avslutade med att be Hennes Majestät att hon inte skulle ta emot herr Salvius i Rådet. Alla de andra rådsmännen, eftersom de såg att det inte fanns någon mellanväg och att det var nödvändigt att förklara antingen för Drottningen eller för Rikskanslern, gick lite överens om att ta emot herr Salvius som värdig den ära som Hennes Majestät gav honom.

Riksamiralen, som är oskiljaktig från Drottningens intressen, och en stor och god man, sade uppriktigt att han betraktade Rikskanslern och herr Salvius som de två pelarna i de offentliga Råden, och att han var förvånad över att de ville beröva Hennes Majestät och hela riket av en så duktig mans tjänst. Skattmästaren, som också är en Oxenstierna, följde sitt hus' råd och rådde sig själv efter att affären avslutats att ställa upp och offentligt be om förlåtelse från Drottningen för att hon motsatte sig hennes vilja. Rikskanslern, med risk för att uttrycka sina känslor, bad Drottningen att ursäkta honom och erkände att han var en man som ock utsättas för passionsrörelser och att man kunde tillskriva hat det som han skulle tro att säga av förnuft. Det återstod Riksdrotsen, som under den första konferensen hade upptäckt sin åsikt tillräckligt.

Men då han såg att alla Rådets röster gick över de tre Oxenstiernorna, kunde han tillgodose sig nödvändigt för att inte missnöja sin härskarinna i onödan; dock antingen var han engagerad i sitt ord till Rikskanslern i vars allians han ingick genom att gifta sig med greven Johan Oxenstiernas syster, eller att han i själva verket ville tala enligt sina tankar utan självgodhet, förnyade han svårigheten om herr Salvii födelse och sa att det var märkligt att ingen visste vem hans far var. Drottningen, lite irriterad, sade: »Jag ska säga er detta: han var en man, och jag har aldrig hört talas om någon man som är född utan en far!« Denna något bittra hån störde Riksdrotsen, men han fortsatte dock tills Drottningen berättade att hon beundrade honom för att han talade så nu, eftersom han en gång hade föreslagit att hon skulle sätta Salvius i Rådet och hade ansett honom värdig något mer, vilket skulle hon säga om hon fick möjligheten. Riksdrotsen, ännu mer berörd av detta svar och inte vågade dra sig tillbaka eller hålla ut, avslutade och bad Drottningen att skjuta upp tills fred. Hon återvände till att goda resolutioner inte skulle vara föremål för osäkra villkor, att herr Salvius inte skulle bli mer en adelsman efter att fred har slutits än han är nu, att hon var glad över att se att flertalet röster hade godkänt hennes resolution, och att det förklarade herrarna Axel Lillie och Salvius som rådsmän. Rikskanslern, efter att ha lämnat Rådet, stängde in sig för resten av dagen, eftersom han vanligtvis ser Drottningen läsa depescher efter budets ankomst.

English translation (my own):

... It has been more than a month since the Queen, having made the design to reward her long services with this honour and to place a learned man in affairs on her Council, she opened it to Chancellor Oxenstierna in particular; this proposal surprised him, and without concealing his emotion, after a few invectives against Lord Salvius on his obscure birth, reproaches for his ingratitude towards him, and protests that he was not so well able as one believed, seeing that these objections did not change the designs of Her Majesty, he finally said that putting Lord Salvius in the Senate was the same as driving him out. The Queen replied readily that she did not pretend to prevent him from doing what he wanted, and would know how to keep what belonged to him! After a short silence, the Chancellor opened another speech and withdrew shortly after, without having since given any sign of dissatisfaction. The Queen, seeing this strong resistance from the Chancellor, did not want to speak of her design to the Senate, which she had not conferred about it in particular with the Grand Steward, whom she thus found very far from approving it; and I even believe that the Constable, with whom she communicated it, found himself in the opinion of the two others.

These oppositions not having made her change her resolution, she took her time on Tuesday the last day of the Riksdag before the feast, and as the affair was dispatched one was ready to rise, Her Majesty proposed to receive Lord Axel Lillie and Lord Salvius among the number of senators and explained the reasons which led her to this choice. On the first there was no difficulty, but at the mention of the name of Lord Salvius, the Chancellor changed colour as soon as the Queen had finished her speech. He spoke and made many reproaches against the birth and the person of Lord Salvius and insisted that the Queen was violating the laws of the state and the privileges of the nobility which she was obliged by oath to preserve. After a torrent of strong and animated words (we must give this honour to Chancellor Oxenstierna that he is one of the most eloquent men of the century in all the languages ​​he uses), the Queen began to answer him by begging him to be in this action what he had been all his life: master of his passions and more attached to the public good than to his particular affections. She recognised that she was well aware that he hated Salvius and that she was sorry for this bad meeting, for that she was doing with repugnance something which displeased one of her ministers, of whom she had extreme consideration and having proposed not to listen to her own passions where it is a question of the public good. It would be unworthy for her to submit to those of others. Then she replied to what had been objected against the reputation of Lord Salvius, and she was astonished that the Chancellor had a singular opinion on the worth of a man proven and esteemed in Sweden after thirty years of service in the most important matters, and of which all the foreign nations which have had to debate with this Crown have made a great judgment.

On the subject of the birth she maintained that the term of the law alleged by the Chancellor, noting that the condition of people who could not be admitted to the Senate, meant persons ill-born, and should be understood to constitute either an illegitimate birth or of a family marked by a few stains of infamy; she confessed that the men who left the old houses should be preferred to others, and that it was desirable that the Senate should be filled with them, but that this reason should not exclude those of the order of the people, that the merit and sufficiency will make it necessary for the Councils of State, and that the thing was not new, the late King her father having admitted Lord Skytte to the Senate for these same reasons. The Chancellor resumed the praises of Lord Skytte alleging that this extraordinary coup had not been done only by the merits of Skytte, although they were very great, but for what was needed at that time of men in the Senate, and that he had had the honour of being the King's tutor.

The Queen said again that it was injurious to the memory of her father to think that he had had any other reason than that of the good of the state to elevate Lord Skytte to this dignity and that she also had a tutor, but that she would never put him in jobs that were not proportionate to his sufficiency and that, for the rest, the memory and the house of Skytte owed much to Lord Salvius, since he was the reason why the Chancellor, who had been his enemy all his life and who had never spoken well of him, was now beginning to praise him. At that the Queen turned her eyes towards the end of the table to hear the opinions of the senators. Gustav Oxenstierna, who was in line to vote the first as the youngest of the present men, after many prefaces and apologies, repeated the main reasons of the Chancellor his uncle and concluded by imploring Her Majesty that she should not receive Lord Salvius in the Council. All the other senators, seeing that there was no middle ground and that it was necessary to declare either for the Queen or for the Chancellor, agreed a little to receive Lord Salvius as worthy of the honour that Her Majesty was giving him.

The Admiral, who is inseparable from the Queen's interests, and a great and good man, said sincerely that he regarded the Chancellor and Lord Salvius as the two pillars of the public councils, and that he was astonished that they wanted to deprive Her Majesty and the whole kingdom of the service of such a capable man. The Grand Treasurer, who is also an Oxenstierna, followed the advice of his house and advised himself after the affair was concluded to stand up and publicly ask forgiveness from the Queen for opposing her will. The Chancellor, at the risk of expressing his feelings, begged the Queen to excuse him, confessing that he was a man subject to the movements of passions and that one could impute to hatred that which he would think to say by reason. There remained the Grand Steward, who in the first conference had sufficiently discovered his opinion.

But seeing that all the votes of the Senate prevailed over the three Oxenstiernas, he could accommodate himself to necessity so as not to displease his mistress unnecessarily; nevertheless, either he was committed to his word to the Chancellor in whose alliance he entered by the marriage of his sister with Count Johan Oxenstierna, or that in fact he wanted to speak according to his thoughts without complacency, he renewed the difficulty about Lord Salvius' birth, and said that it was strange that no one knew who his father was. The Queen, a little annoyed, said, "I'll give you this: he was a man, and I have never heard of any man who was born without a father!" This somewhat bitter mockery troubled the Grand Steward, he persisted, however, until the Queen told him that she admired him for speaking thus now, since he had once proposed that she put Salvius in the Senate and had deemed him worthy of something more, which she would say if given the chance. The Grand Steward, even more touched by this reply and not daring to withdraw or to persist, concluded, begging the Queen to defer until after peace. She returned that good resolutions should not be subject to uncertain conditions, that Lord Salvius would not be made more of a gentleman after peace has been made than he is now, that she was happy to see that the plurality of votes had approved her resolution, and that it declared Lords Axel Lillie and Salvius as senators. The Chancellor, after leaving the Senate, shut himself up for the rest of the day, since he usually sees the Queen read dispatches after the arrival of the courier.



Above: Johan Adler Salvius.


Above: Axel Lillie.

Note: lors = à ce temps-là (at that time).

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