Saturday, November 20, 2021

Comtesse Charlotte de Brégy's letter to Pierre Bourdelot, undated

Source:

Les lettres et poësies de madame la comtesse de B., page 39, Charlotte Saumaize de Chazan, comtesse de Brégy, 1666


The letter:

L'on me rend vostre Lettre à mon retour de Pontoise, & si j'avois eu le moindre loisir du monde de me reconnoistre, je l'aurois employé à vous demander des nouvelles de vostre incomparable Reyne, & à vous asseurer que bien qu'elle reçoive les respects & l'admiration de tout le monde; je suis certaine qu'elle tire de moy un plus fort tribut là dessus, que ne luy peut rendre aucune autre personne; jugez par là quelle est ma joye d'apprendre de vous qu'elle ferme ses yeux clair-voyans sur tous mes deffauts, de peur qu'ils ne luy devienent un obstacle à la bonté, qu'elle veut bien me faire l'honneur d'avoir pour moy, je n'aurois pas manqué de luy en aller faire mes tres-humbles remercimens à Fontaine-bleau, si comme vous dites fort bien, les destinées ne nous contraignoient souvent trop de choses, me servent de memoire locale à cét endroit de vostre Lettre, pour ne vous le pas repeter dans la mienne, & vous dire que je suis revenüe malade à Paris depuis l'accident qui arriva chez moy; soit que je m'en touche trop, ou que la fievre prist son temps de m'arriver à la mesme heure, afin d'avoir une honneste excuse vers moy à la visite qu'elle avoit envie de me faire, tant y a qu'elle vinst, & qu'elle ne s'en est pas si bien retournée, que mesme cette nuit je n'aye eu une heure de frisson, ce que j'ay peine à vous mander, m'imaginant que cela acheve de vous transir à Fontaine-bleau, où j'apprend qu'il fait dé-jà assez froid sans vous presenter rien qui le soit davantage, & je craindrois que vous ne fussiez retenuë dans les glaces, si je ne sçavois que le Soleil qui se treuve, où vous estes, assés fort pour en dissiper bien d'autres. De sorte que je ne vous plains que jusqu'au reveil de la Reyne, où dés aussi-tost commencent, pour ceux qui la voient, les plus beaux jours du monde, & si tous les Orangers y font leur devoir, je ne doute point qu'ils ne fleurissent dés qu'elle passe, afin de pouvoir jetter leurs fleurs à ses pieds, rien n'estant digne de la teste de la Couronne du monde entier; j'ay quelque honte de vous avoir dé-jà écrit une si longue Lettre sans vous auoir mandé un seul mot pour vous, mais vostre illustre Reyne me servira d'excuse, & la premiere voye de vous escrire me servira pour vous mander combien je suis Vostre, &c.

With modernised spelling:

L'on me rend votre lettre à mon retour de Pontoise, et si j'avais eu le moindre loisir du monde de me reconnaître, je l'aurais employé à vous demander des nouvelles de votre incomparable Reine, et à vous assurer que bien qu'elle reçoive les respects et l'admiration de tout le monde; je suis certaine qu'elle tire de moi un plus fort tribut là-dessus, que ne lui peut rendre aucune autre personne. Jugez par-là quelle est ma joie d'apprendre de vous qu'elle ferme ses yeux clairvoyants sur tous mes defauts, de peur qu'ils ne lui deviennent un obstacle à la bonté qu'elle veut bien me faire l'honneur d'avoir pour moi, je n'aurais pas manqué de lui en aller faire mes très humbles remerciments à Fontainebleau, si comme vous dites fort bien, les destinées ne nous contraignaient souvent trop de choses, me servent de mémoire locale à cet endroit de votre lettre, pour ne vous le pas répéter dans la mienne, et vous dire que je suis revenue malade à Paris depuis l'accident qui arriva chez moi. Soit que je m'en touche trop, ou que la fièvre prît son temps de m'arriver à la même heure, afin d'avoir une honnête excuse vers moi à la visite qu'elle avait envie de me faire, tant y a qu'elle vint, et qu'elle ne s'en est pas si bien retournée que même cette nuit je n'aie eu une heure de frisson, ce que j'ai peine à vous mander, m'imaginant que cela achève de vous transir à Fontainebleau, où j'apprends qu'il fait déjà assez froid sans vous présenter rien qui le soit davantage, et je craindrais que vous ne fussiez retenue dans les glaces, si je ne savais que le soleil qui se trouve, où vous êtes, assez fort pour en dissiper bien d'autres. De sorte que je ne vous plains que jusqu'au reveil de la Reine, où dès aussitôt commencent, pour ceux qui la voient, les plus beaux jours du monde, et si tous les orangers y font leur devoir, je ne doute point qu'ils ne fleurissent dès qu'elle passe, afin de pouvoir jetter leurs fleurs à ses pieds, rien n'étant digne de la tête de la Couronne du monde entier. J'ai quelque honte de vous avoir déjà écrit une si longue lettre sans vous avoir mandé un seul mot pour vous, mais votre illustre Reine me servira d'excuse, et la première voie de vous écrire me servira pour vous mander combien je suis votre, etc.

Swedish translation (my own):

Ert brev kommer att återlämnas till mig när jag kommer tillbaka från Pontoise, och om jag hade haft de minsta lediga stunder i världen att känna igen mig själv, skulle jag ha använt det för att fråga Er om nyheter om Er makalösa Drottning, och för att se till att även om hon får respekt och beundran från alla, jag är säker på att hon tar en större hyllning från mig för det än någon annan person kan ge henne. Döm därav hur stor min glädje är att lära av Er att hon blundar sina klarsynta ögon för alla mina fel, så att de inte skulle bli ett hinder för henne för den vänlighet som hon vill göra mig den äran att ha för mig, skulle jag inte har underlåtit att gå och tacka Fontainebleau mycket ödmjukt, om, som du mycket väl säger, öden ofta inte begränsade oss alltför mycket, tjäna mig som ett lokalt minne vid denna tidpunkt i Ert brev, för att inte upprepa det till Er i mitt, och berätta att jag har kommit tillbaka sjuk till Paris sedan olyckan som hände mig. Antingen berör jag den för mycket, eller så tog febern sin tid att nå mig samtidigt, för att få en ärlig ursäkt till mig för besöket den ville ge mig, så länge den kom, och den inte vända mig om så väl att jag inte ens den natten hade en timmes huttrande, vilket jag knappt kan säga Er, och föreställer Er att den slutar passera genom Er vid Fontainebleau, där jag får veta att det redan är tillräckligt kallt utan att presentera Er något mer kallt, och jag skulle vara rädd att Ni skulle hållas kvar i speglarna, om jag bara visste solen som är, där Ni är, stark nog att skingra många fler. Så att jag bara tycker synd om Er tills Drottningen vaknar, när de lyckligaste dagarna i världen för dem som ser henne omedelbart börjar, och om alla apelsinträd gör sin plikt där, tvivlar jag inte på att de inte blommar så snart som hon passerar, så att de kan kasta sina blommor för hennes fötter, inget är mer värdigt huvudet av hela världens krona. Jag skäms över att redan ha skrivit ett så långt brev till Er utan att ha skickat Er ett enda ord för Er, men Er berömda Drottning kommer att tjäna som en ursäkt, och första gången jag skriver till Er kommer att tjäna till att berätta för Er hur mycket jag är Er, osv.

English translation (my own):

Your letter will be returned to me on my return from Pontoise, and if I had had the slightest leisure in the world to recognise myself, I would have employed it in asking you for news of your incomparable Queen, and in making sure that although she receives respect and admiration from everyone, I am sure that she takes a greater tribute from me for that than any other person can pay her. Judge by that how great my joy is to learn from you that she closes her clear-sighted eyes to all my faults, lest they become an obstacle to her to the kindness that she wants to do me the honour of having for me, I would not have failed to go and give my very humble thanks to Fontainebleau, if, as you say very well, destinies often did not constrain us too much, serve me as a local memory at this point in your letter, so as not to repeat it to you in mine, and tell you that I have come back ill to Paris since the accident which happened to me. Either I touch on it too much, or the fever took its time to reach me at the same time, in order to have an honest apology to me for the visit it wanted to pay me, as long as it came, and it did not turn around so well that even that night I did not have an hour of shivering, which I can hardly tell you, imagining that it completes passing through you at Fontainebleau, where I learn that it is already cold enough without presenting you anything more cold, and I would be afraid that you would be retained in the mirrors, if I only knew the sun which is, where you are, strong enough to dispel many more. So that I only pity you until the Queen awakens, when the happiest days in the world for those who see her immediately begin, and if all the orange trees are doing their duty there, I have no doubt that they do not bloom as soon as she passes, so that they can throw their flowers at her feet, nothing being more worthy of the head of the Crown of the whole world. I am ashamed to have already written you such a long letter without having sent you a single word for you, but your illustrious Queen will serve as an excuse, and the first time I write to you will serve to tell you how much I am yours, etc.


Above: Kristina.


Above: Charlotte Saumaize de Chazan, comtesse de Brégy.


Above: Pierre Bourdelot.

No comments:

Post a Comment