Source:
Negociations secretes touchant la paix de Munster et d'Osnabrug, volume 4, pages 50 to 51, published by Jean Neaulme, 1726
Mémoires concernant Christine, volume 1, page 106 and footnote (3), Johan Arckenholtz, 1751
The memorandum excerpt:
... Monsieur Salvius ... me fit lecture de toute la Dépêche qu'ils ont reçuë, & me dit que le Chancelier Oxenstiern n'avoit pas épargné son fils, ayant plus de passion pour la guerre qu'il n'en a pour ses propres enfans, qu'il veut empêcher que leur Reine ne se marie, rendre le Royaume électif, donner toute l'autorité à la Noblesse, & faire d'autres choses dont il ne sauroit venir à bout que dans le trouble: qu'au contraire la Reine desire ardemment la Paix pour le bien de la Chrétienté qui en a tant de besoin, & pour son propre intérêt. Il me montra une Lettre écrite par laquelle elle lui recommande avec affection l'avancement du Traité: «vous verrez», dit elle, «par la Dépêche commune ce qui vous est mandé, & l'exécuterez le mieux qu'il vous sera possible, n'oubliant rien de ce qui se pourra obtenir pour les avantages de cette Couronne; mais les choses sont disposées ici de telle sorte que si vous concluez la Paix en quelque façon que ce soit, j'aurai bien sujet de rendre grace à Dieu & d'avoir soin de votre fortune.»
Cette Lettre particuliére de la Reine de Suéde, ce qui s'étoit passé auparavant dans le Sénat, & les ordres que l'on a envoyez ici, marquent si clairement la diversité d'avis touchant la Paix, qu'il n'y faut point de commentaire, & Monsieur Salvius croit que si on la desire effectivement de notre part, il est temps d'agir en Suéde & à Osnabrug par des ordres qui viennent immédiatement du Roi & avec Lettres de créance à ceux qui seront chargez d'expliquer les intentions de Sa Majesté. Il m'a proposé cependant d'écrire en particulier à la Reine de Suéde; mais comme ce n'est pas elle qui cause les retardemens & les variations dont il se plaint, je lui ai remontré qu'une telle Lettre seroit inutile.
Il m'a conjuré par toute notre ancienne amitié de faire ensorte auprès des Députez de Brandebourg qu'ils se relâchent un peu des termes du Traité: il avouë que cela étoit extrêmement difficile, fâcheux, & malséant; il fait bon l'ouïr sur la suffisance des Ordonnateurs qui disposent ainsi des Etats & Principautez de l'Empire & qui revoquent un ordre quand il est exécuté. Son déplaisir m'a fait considerer avec plus de respect ce que j'ai souvent remarqué de la bonté de la Reine, & de la force de son Conseil, Sa Majesté ne s'étant pas contentée de faire éclaircir abondamment notre conduite de toutes sortes d'avis, d'expédiens, & d'instructions continuelles, mais nous ayant toûjours donné des ordres si uniformes, apuyez d'un raisonnement si puissant, & si ajustez au besoin de chaque occurrence, que je n'ai pu m'empêcher de dire à Monsieur Salvius, qu'on nous a plutôt persuadé que commandé ce qu'il y avoit à faire en toute cette grande Négociation de la Paix. Je lui ai promis assistance autant que je pourrai m'employer honnêtement pour eux & pour moi dans une affaire faite; mais je n'ai pas laissé de le presser d'écrire à Stockholm avec son Collégue que cet ordre est venu à tard, & que si l'on y persiste, il sera pris de tout le monde pour une preuve certaine que la Couronne de Suede ne veut point la Paix. ...
With modernised spelling:
... Monsieur Salvius ... me fit lecture de toute la dépêche qu'ils ont reçue et me dit que le chancelier Oxenstiern n'avait pas épargné son fils, ayant plus de passion pour la guerre qu'il n'en a pour ses propres enfants, qu'il veut empêcher que leur reine ne se marie, rendre le royaume électif, donner toute l'autorité à la noblesse, et faire d'autres choses dont il ne saurait venir à bout que dans le trouble; qu'au contraire, la reine désire ardemment la paix pour le bien de la chrétienté, qui en a tant de besoin, et pour son propre intérêt.
Il me montra une lettre écrite par laquelle elle lui recommande avec affection l'avancement du traité. «Vous verrez», dit elle, «par la dépêche commune ce qui vous est mandé, et l'exécuterez le mieux qu'il vous sera possible, n'oubliant rien de ce qui se pourra obtenir pour les avantages de cette Couronne; mais les choses sont disposées ici de telle sorte que, si vous concluez la paix en quelque façon que ce soit, j'aurai bien sujet de rendre grâce à Dieu et d'avoir soin de votre fortune.»
Cette lettre particulière de la reine de Suède, ce qui s'était passé auparavant dans le Sénat, et les ordres que l'on a envoyés ici marquent si clairement la diversité d'avis touchant la paix qu'il n'y faut point de commentaire, et Monsieur Salvius croit que, si on la désire effectivement de notre part, il est temps d'agir en Suède et à Osnabrück par des ordres qui viennent immédiatement du roi et avec lettres de créance à ceux qui seront chargés d'expliquer les intentions de Sa Majesté. Il m'a proposé cependant d'écrire en particulier à la reine de Suède, mais comme ce n'est pas elle qui cause les retardements et les variations dont il se plaint, je lui ai remontré qu'une telle lettre serait inutile.
Il m'a conjuré par toute notre ancienne amitié de faire ensorte auprès des députés de Brandebourg qu'ils se relâchent un peu des termes du traité. Il avoue que cela était extrêmement difficile, fâcheux et malséant; il fait bon l'ouïr sur la suffisance des prdonnateurs qui disposent ainsi des états et principautés de l'Empire et qui révoquent un ordre quand il est exécuté.
Son déplaisir m'a fait considérer avec plus de respect ce que j'ai souvent remarqué de la bonté de la reine et de la force de son Conseil, Sa Majesté ne s'étant pas contentée de faire éclaircir abondamment notre conduite de toutes sortes d'avis, d'expédients et d'instructions continuelles; mais, nous ayant toujours donné des ordres si uniformes, appuyés d'un raisonnement si puissant et si ajustés au besoin de chaque occurrence que je n'ai pu m'empêcher de dire à Monsieur Salvius qu'on nous a plutôt persuadé que commandé ce qu'il y avait à faire en toute cette grande négociation de la paix.
Je lui ai promis assistance autant que je pourrai m'employer honnêtement pour eux et pour moi dans une affaire faite, mais je n'ai pas laissé de le presser d'écrire à Stockholm avec son collègue que cet ordre est venu à tard et, que si l'on y persiste, il sera pris de tout le monde pour une preuve certaine que la Couronne de Suède ne veut point la paix. ...
Swedish translation (my own):
... Herr Salvius ... läste mig hela depeschen de fått, och berättade för mig, att kansler Oxenstierna inte hade skonat sin son, ty han har större krigslystnad än han har passion för sina egna barn, att han vill hindra deras drottning från att gifta sig, göra riket valbart, ge all auktoritet åt adeln och göra andra ting, som han bara kunde åstadkomma i svåra tider; att drottningen tvärtom ivrigt önskar fred för kristenhetens bästa, som har så mycket behov av det, och för sitt eget intresse.
Han visade mig ett brev skrivet genom vilket hon kärleksfullt rekommenderar honom att främja fördraget. »Ni skall se«, säger hon, »genom den gemensamma sändningen, vad som sänts till Er och skall utföra det så gott Ni kan, utan att glömma ingenting som kan erhållas till förmån för denna Krona; men här är det så ordnat att jag, om Ni sluter fred på något sätt, får god anledning att tacka Gud och ta hand om Er lycka.«
Detta privata brev från Sveriges drottning, vad som tidigare hänt i senaten och de befallningar som har skickats hit markerar så tydligt mångfalden av åsikter om freden att det inte är nödvändigt att kommentera dem, och herr Salvius anser att det, om det verkligen är önskvärt från vår sida, är dags att agera i Sverige och i Osnabrück genom order som omedelbart kommer från konungen och med förklaringar av de som kommer att stå till hans majestät. Han har föreslagit mig att under tiden skriva en particulier till Sveriges drottning, men eftersom det inte är hon som orsakar de förseningar och variationer som han klagar på, har jag påpekat för honom att ett sådant brev skulle vara värdelöst.
Han har vädjat till mig i all vår gamla vänskaps namn att se till att de deputerade i Brandenburg slappnar av något från fördragets villkor. Han medger att detta var extremt svårt, irriterande och opassande; det är bra att höra honom om arrogansen hos de beskyddare som på så sätt disponerar Imperiets stater och furstendömen och som återkallar en befallning när den verkställs.
Hans missnöje har fått mig att med större respekt anse vad jag ofta märkt av drottningens godhet och hennes råds styrka. Hennes Majestät har inte nöjt sig med att vårt uppförande rikligt har klargjorts genom alla möjliga råd, hjälpmedel och ständiga instruktioner; men efter att alltid ha givit oss sådana enhetliga order, understödda av så kraftfulla resonemang som är så anpassade till behovet av varje händelse att jag inte kunde låta bli att säga till herr Salvius att vi snarare var övertygade än befallde vad som fanns att göra i hela denna stora fredsförhandling.
Jag har lovat honom bistånd så mycket jag ärligt kunnat anställa mig för dem och för mig själv i en avslutad affär, men jag har inte försummat att uppmana honom att skriva till Stockholm med sin kollega, att denna befallning kom sent och att den, om den vidhålls, av alla kommer att uppfattas som ett säkert bevis på att Sveriges Krona inte vill ha fred. ...
English translation (my own):
... Lord Salvius ... read me the whole dispatch they had received, and told me that Chancellor Oxenstierna had not spared his son, having more passion for war than he has for his own children, that he wants to prevent their Queen from marrying, to make the kingdom elective, to give all authority to the nobility, and to do other things which he could only achieve in times of trouble; that, on the contrary, the Queen ardently desires peace for the good of Christendom, which has so much need of it, and for her own interest.
He showed me a letter written by which she affectionately recommends to him the advancement of the treaty. "You will see", she says, "by the common dispatch what is sent to you and will execute it as best you can, forgetting nothing that can be obtained for the advantages of this Crown; but things are arranged here in such a way that, if you conclude peace in any way, I will have good reason to give thanks to God and to take care of your fortune."
This private letter from the Queen of Sweden, what had previously happened in the Senate, and the orders which have been sent here so clearly mark the diversity of opinions concerning peace that no comment is necessary on them, and Lord Salvius believes that, if it is really desired on our part, it is time to act in Sweden and at Osnabrück by orders which come immediately from the King and with letters of credence to those who will be charged with explaining the intentions of His Majesty. He has proposed to me, in the meantime, to write en particulier to the Queen of Sweden, but because it is not she who causes the delays and variations of which he complains, I have pointed out to him that such a letter would be useless.
He has implored me by all our old friendship to see to it that the deputies of Brandenburg relax a little from the terms of the treaty. He admits that this was extremely difficult, annoying and unseemly; it is good to hear him on the arrogance of the patrons who thus dispose of the states and principalities of the Empire and who revoke an order when it is executed.
His displeasure has made me consider with more respect what I have often noticed of the kindness of the Queen and the strength of her Council, Her Majesty not having been contented with having our conduct abundantly clarified by all sorts of advice, expedients and continual instructions; but, having always given us such uniform orders, supported by such powerful reasoning which is so adjusted to the need of each occurrence that I could not help saying to Lord Salvius that we were rather persuaded than commanded what there was to do in all this great peace negotiation.
I have promised him assistance as much as I could honestly employ myself for them and for myself in a concluded affair, but I have not neglected to urge him to write to Stockholm with his colleague that this order came late and that, if it is persisted in, it will be taken by everyone as certain proof that the Crown of Sweden does not want peace. ...
Above: Kristina.
Above: Johan Adler Salvius.
Above: Axel Oxenstierna.
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