Tuesday, March 4, 2025

Excerpt of a minister's letter to Claude de Salle, Baron de Rorté, dated March 8/18 (New Style), 1645

Source:

Negociations secretes touchant la paix de Munster et d'Osnabrug, volume 2, part 2, page 67, published by Jean Neaulme, 1725


The letter excerpt:

MONSIEUR,
... Je vous envoye la Lettre pour la Reine de Suede; telle que vous l'avez déja euë, à la difference de ce que vous avez désiré en être retranché; à quoi je me suis résolu pour vous faire voir l'estime que je fais de vos avis.

Il n'a pas été possible de vous éclaircir distinctement sur les deux mariages dont votre Lettre fait mention. La fille a une dot de grand prix, sa personne est aimable, ce sont des conditions pour la faire désirer; & l'un & l'autre des deux Princes en ont de leur côté beaucoup pour se faire accepter. Lequel des deux nous seroit plus avantageux, n'est pas une question aisée à résoudre; ce qui seroit utile à l'avenir est peu pour le present, & ce que nous aurions à souhaiter en la conjoncture presente des affaires se trouve choqué par ce qui est à craindre pour l'avenir. En cet état notre conduite doit être fort mesurée, ne pas témoigner de rien craindre ni de rien désirer, mais suivre le vent & le vaisseau de celui qui sera le mieux voulu. C'est à vous, étant sur les lieux, d'agir en cette affaire avec votre prudence ordinaire, découvrir les mouvemens du cœur de la Reine pour y applaudir, ou du moins pour ne les pas condamner, si tant étoit que ceux de son Conseil fussent d'un autre sentiment & nommément le Chancelier, jusqu'au moment que vous découvrirez que sa volonté est la régle qu'elle suir [sic] & qui est reçuë par les autres. Pour lors il faut agir comme font les Courtisans qui louent, & qui applaudissent à ce qui leur déplait. J'aprens que le Chancelier, quoiqu'il soit en grande autorité, ne se tient pas assuré des affections de la Reine, le don semble y avoir plus de part, mais vous le jugerez sur les lieux, & jusques à ce que vous y voyiez clair, vous feindrez & insinuerez au Chancelier, que notre suffisance & notre affection est toute pour lui.

Il y a en cette Ville [Paris] un nommé Cerisantes qui se dit Resident; mandez-moi si l'on s'y fie & s'il a leur secret au prejudice de l'Ambassadeur Grotius. Je tiens celui-là comme celui-ci attachez au Chancelier. Ledit Cerisantes dit ici qu'il avoit reçu le pacquet de revocation du dit Grotius. Je ne vous envoye point de Lettre pour le Roi de Dannemarck, c'est l'offenser de lui dire que l'on envoye un Ambassadeur en Suede, mais lorsqu'ils auront conclu leur Paix, l'on pourra faire traiter qu'il consente, qu'on établisse une forme de Poste ou de Messagerie par son Païs pour recevoir des nouvelles de la Suede, & Sa Majesté ayant consenti de laisser un Secretaire auprès de lui, il pourra traiter cette affaire. ...

With modernised spelling:

Monsieur,
... Je vous envoie la lettre pour la reine de Suède, telle que vous l'avez déjà eue, à la différence de ce que vous avez désiré en être retranché, à quoi je me suis résolu pour vous faire voir l'estime que je fais de vos avis.

Il n'a pas été possible de vous éclaircir distinctement sur les deux mariages dont votre lettre fait mention. La fille a une dot de grand prix, sa personne est aimable, ce sont des conditions pour la faire désirer, et l'un et l'autre des deux princes en ont de leur côté beaucoup pour se faire accepter. Lequel des deux nous serait plus avantageux n'est pas une question aisée à résoudre, ce qui serait utile à l'avenir est peu pour le présent, et ce que nous aurions à souhaiter en la conjoncture présente des affaires se trouve choqué par ce qui est à craindre pour l'avenir.

En cet état, notre conduite doit être fort mesurée, ne pas témoigner de rien craindre, ni de rien désirer, mais suivre le vent et le vaisseau de celui qui sera le mieux voulu. C'est à vous, étant sur les lieux, d'agir en cette affaire avec votre prudence ordinaire, découvrir les mouvements du cœur de la reine pour y applaudir, ou du moins pour ne les pas condamner, si tant était que ceux de son Conseil fussent d'un autre sentiment — et nommément le chancelier, — jusqu'au moment que vous découvrirez que sa volonté est la règle qu'elle suit et qui est reçue par les autres.

Pour lors, il faut agir comme font les courtisans qui louent et qui applaudissent à ce qui leur déplaît. J'apprens que le chancelier, quoiqu'il soit en grande autorité, ne se tient pas assuré des affections de la reine. Le don semble y avoir plus de part, mais vous le jugerez sur les lieux; et, jusqu'à ce que vous y voyiez clair, vous feindrez et insinuerez au chancelier que notre suffisance et notre affection est toute pour lui.

Il y a en cette ville [Paris] un nommé Cérisantes, qui se dit résident; mandez-moi si l'on s'y fie et s'il a leur secret au préjudice de l'ambassadeur Grotius. Je tiens celui-là comme celui-ci attachés au chancelier. Ledit Cérisantes dit ici qu'il avait reçu le paquet de révocation dudit Grotius. Je ne vous envoie point de lettre pour le roi de Danemark, c'est l'offenser de lui dire que l'on envoie un ambassadeur en Suède; mais lorsqu'ils auront conclu leur paix, l'on pourra faire traiter qu'il consente, qu'on établisse une forme de poste ou de messagerie par son pays pour recevoir des nouvelles de la Suède, et Sa Majesté, ayant consenti de laisser un secrétaire auprès de lui, il pourra traiter cette affaire. ...

Swedish translation (my own):

Monsieur,
... Jag sänder Er brevet för Sveriges drottning, som Ni redan har haft det, till skillnad från vad Ni önskat borttagas från det, vilket jag har beslutat att göra för att visa Er den aktning jag har för Er åsikt.

Det har inte varit möjligt att tydligt upplysa Er om de två äktenskap som nämns i Ert brev. Flickan har en hemgift av stort värde, hennes person är älskvärd, detta är villkor för att göra henne önskvärd, och var och en av de två furstarna har många på sin sida för att göra sig accepterade. Vilken av de två som skulle vara mer fördelaktig för oss är inte en lätt fråga att lösa, vad som skulle vara användbart i framtiden är lite för nuet, och vad vi skulle behöva önska oss i den nuvarande konjunkturen av angelägenheter är chockerad av vad som är att frukta för framtiden.

I detta tillstånd måste vårt uppträdande vara mycket mätt för att inte betyga att vi fruktar något eller önskar något, utan för att följa vinden och skeppet till den som är bäst efterlyst. Det är upp till Er, då Ni är på plats, att agera i denna fråga med Er vanliga försiktighet, att upptäcka drottningens hjärtas rörelser för att applådera dem, eller åtminstone inte att fördöma dem, om så mycket var att de i hennes Råd var av en annan känsla — och nämligen kanslern — tills det ögonblick då Ni upptäcker att hennes vilja är den regel som hon följer och som tas emot av de andra.

För nu måste vi agera som hovmän gör, som berömmer och applåderar det som misshagar dem. Jag får veta att kanslern, även om han har stor auktoritet, inte håller sig säker på drottningens tillgivenhet. Gåvan verkar ha mer del i det, men Ni kommer att bedöma den på plats; och tills Ni ser klart, kommer Ni att låtsas och insinuera för kanslern att vår tillräcklighet och vår tillgivenhet är allt för honom.

Det finns i denna stad [Paris] en man som heter Cérisantes, som kallar sig invånare; låt mig veta om han är att lita på och om han har deras hemlighet till nackdel för ambassadören Grotius. Jag håller både den förra och den senare knuten till kanslern. Nämnde Cérisantes säger här att han mottagit paketet med återkallelse av nämnde Grotius. Jag sänder Er inget brev till konungen av Danmark, det är för att förolämpa honom att berätta att en ambassadör skickas till Sverige; men när de slutit sin fred, kommer det att vara möjligt att få ett fördrag, som han samtycker till, att en form av post- eller budtjänst upprättas av hans land för att mottaga nyheter från Sverige, och Hans Majestät, efter att ha medgivit att lämna en sekreterare hos sig, kommer att kunna traktera denna sak. ...

English translation (my own):

Monsieur,
... I am sending you the letter for the Queen of Sweden, as you have already had it, unlike what you have desired to be removed from it, which I have resolved to do in order to show you the esteem I have for your opinion.

It has not been possible to enlighten you distinctly on the two marriages mentioned in your letter. The girl has a dowry of great value, her person is amiable, these are conditions to make her desired, and each of the two princes has on their side many to make themselves accepted. Which of the two would be more advantageous to us is not an easy question to resolve, what would be useful in the future is little for the present, and what we would have to wish for in the present conjuncture of affairs is shocked by what is to be feared for the future.

In this state, our conduct must be very measured so as not to testify that we fear anything or desire anything, but to follow the wind and the ship of the one who will be best wanted. It is up to you, being on the spot, to act in this matter with your usual prudence, to discover the movements of the Queen's heart to applaud them, or at least not to condemn them, if so much were that those of her Council were of another sentiment — and namely the Chancellor, — until the moment when you discover that her will is the rule which she follows and which is received by the others.

For now, we must act as courtiers do, who praise and applaud what displeases them. I learn that the Chancellor, although he is in great authority, does not hold himself assured of the Queen's affections. The gift seems to have more part in it, but you will judge it on the spot; and, until you see clearly, you will feign and insinuate to the Chancellor that our sufficiency and our affection is all for him.

There is in this city [Paris] a man named Cérisantes, who calls himself a resident; let me know if he is to be trusted and if he has their secret to the detriment of the ambassador Grotius. I hold both the former and the latter attached to the Chancellor. The said Cérisantes says here that he had received the packet of revocation of the said Grotius. I am not sending you a letter for the King of Denmark, it is to offend him to tell him that an ambassador is being sent to Sweden; but when they have concluded their peace, it will be possible to have a treaty that he consents to, that a form of post or messenger service be established by his country to receive news from Sweden, and His Majesty, having consented to leave a secretary with him, will be able to treat this matter. ...


Above: Kristina.

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