Source:
Histoire de la Vie de la Reyne Christine de Suede, avec un veritable recit du Sejour de la Reyne à Rome, et la Defense du Marquis Monaldeschi contre la Reyne de Suede, pages 105 to 133, published by Jean Plein-de-Courage, 1678
Above: Kristina.
The account:
LETTRE
OU
RECIT VERITABLE
Du Sejour de
CHRISTINE
Reine de Suede
à ROME.
Monsieur,
Vostre curiosité est trop raisonnable pour n'y pas satisfaire, & vous vous connoissez trop bien en trophées, pour ne vous faire juge d'un fait concernant le ceremonial des Cesars, des Pompèes, & de tous ces Illustres conquerants, dont les vertus en ont prescrit les loix.
Vous apprendriez les particularitez de cette magnifique ceremonie par la relation Italienne, que je vous envoye, de la quelle, sans ramener tous les points vous me permettrez de remonter à la source, & de considerer cette premiere action, qui donne l'eclat à toutes les autres.
La grace se fait connoistre par des coups trop extraordinaires pour douter de sa puissance: celle qui d'une abandonnée fit un miroir de penitence, qui tira un larron du precipice au dernier moment de sa vie, & qui fit enfin descendre du Cheval un saint dans la chaleur de son crime, pour le mettre dans le veritable chemin, peut bien inspirer à une femme des sentiments genereux persuader une heretique de quitter l'erreur de ses opinions, & faire descendre une Reine d'un Trône perissable, pour luy mettre sur la teste une Couronne immortelle.
Mais comment il n'est pas permis d'entrer dans les abîmes de la connoissance de Dieu, du quelle sacré cantique, nous disant, que les cheveux sont noirs, comme le plumage d'un corbeau, nous declare misterieusement l'obscurité de la profondeur de ses conseils sur la conduite des hommes. Et ainsi je n'entreprendray pas sur la jurisdiction, qui s'etend à connoître le moindre reply de nos ames: mais je me contenteray seulement de considerer les dehors au travers le voile des apparences que la raison ne pourroit bien approuver. Car vous m'avoüerez, que la grace ne se communique jamais si liberalement, en même temps elle ne donne tous ses attraits & tous ses avantages. elle ne sçait pas faire des presents a demy, & lors qu'elle entre dans un cœur, elle y porte avec la devotion l'humilité, la modestie, & toutes le[s] autres vertus, qui sont les appanages de sa gloire.
Nous voyons la Reine de Suede si fort éloignée de ces ornemens, que si nous jugeons de la cause par l'effet nous dirons, que l'un & l'autre est également corrompû. son impieté a fait taire les plus Athées: ses juremens, qu'elle appelle la grace de son discours, ont fait faire de processions publiques, pour ôter de la main de Dieu le foudre vengeur, dont les lieux, qui la portoient, estoient menacez, & les extravagances qu'elle a fait à Bruxelles aux jeux d'une Cour, qui n'a rien de prophane, ont fait dire avec justice, qu'elle estoit composée de deux natures, ce ne peut estre que de celle d'un homme & d'une femme, c'est á dire, de la malice & de la foiblesse. quel aveugle pouroit croire, qu'elle est humble, voyant qu'elle affecte les honneurs d'une Reine mème ne l'estant plus? & que s'avoüant estre touchèe par la force du St. Esprit, elle! elle triomphe dans sa ville capitale, & fait travailler le dispensateur de ses tresors à sa vanitè, comme si elle mesme luy donnoit des loix? une connoissance legere en chaque chose, ou plustost un bouleversement general de son cerveau l'enorgueillit si fort qu'elle pretẽd s'eriger de la paix entre les Maistres de la terre, & croit que les sept sages grecs sont des noms inconnus, depuis qu'elle dit son Signor ci, en renonçant à la Couronne, elle a abandonné le plus beau brillant de celle des premiers chrétiens, & le dernier arrest qu'elle a prononcé sous le dais a esté un bannissement sans retour a l'humilitè.
Si je voulois parcourir tous les outrages qu'elle a faits a la modestie, je compterois plutost les vagues de la mer: elle ne s'est pas contentée de fouler aux pieds celle de son sexe, elle s'est moquée méme de celle, que les loix diuines & humaines nous ordonnent. Elle a traversé le Royaume entier de Suede.
Elle est arrivée a Anvers sans estre accompagnée d'aucune femme, au milieu de 25 gardes, moins a guerris au combat de Mars, que dressées au jeu de Cypris. La grande vertu de ces Heros, que la renommée traitte avec justice de demi Dieux, enflame son ame d'un desir d'éprouver, si les gens de l'autre monde ont quelque chose de plus vigoureux, que ceux d'icy-bas, quand la Nature de l'homme participe à celle des Dieux.
Le bruit des hautes qualitez du Prince de Condé ne luy donna pas moins de curiosité, que celuy de celles d'Alexandre à la Reine des Amazones, qui violant les loix de son Royaume essuya mille dangers pour arriver a la route de ce Prince, au quel sarage eschauffée la contragnit de demander audience particuliere, afin d'obtenir de luy une vivante copie de sa personne, pour la porter en son païs.
Toute la terre sçait les folies, que la Reine de Suede fit en approchant le lieu, ou estoit Monsr. le Prince: ses impatiences, ses transports & ses fievres eurẽt des miliers de témoins: toute la Bruxelle sçait, avec quelle assiduité elle le courtisoit; si la fievre, qui le maltraitoit alors l'empeschoit de sortir, l'Escuyer de la Reyne luy rendoit plus de visites de sa part, que son medicin mesme, & reglement Cincq ou six fois tous les jours elle envoyoit sçavoir des nouvelles de sa santé, sans qu'elle s'informoit de ceux, qu'elle croyoit luy en pouvoir apprendre quelque chose; si son Altesse prenoit l'air, sa Majeste n'estoit pas loing: elle ne l'abandonnoit jamais au mail, aux assemblées, aux Comedies, enfin par tout elle le suivoit, comme l'ombre suit le corps[.]
Neantmoins elle se declara à ce Prince dans un temps, ou la foiblesse que luy causoit son mal, ferma la bouche à la medisance. Mais comme dans le plus fort de sa disgrace il n'a pas manqué de gens de cœur, agent executé en tour ses volontez; il en a trouvé aussi en cette occasion, qui supplerent à son impuissance: il n'y en eut pas un de ceux, qui se sont satisfaict a sa fortune, qui dans cette rencontre ne luy témoignat, qu'il n'y auroit point d'exception dans l'asseurance des services, qu'ils luy avoient voüé. Vous avez sçeu tous ces autres emportemens desquels l'exact recit demanderoit des voulumes entiers.
Vos yeux ont esté en partie temoins de ce que je viens de dire, & vous sçavez tres bien, que ce ne fust pas seulement la necessité, de la quelle je parleray apres, qui l'obligea de sortir de Bruxelles pour venir icy: mais encore la honte, qu'elle eust de voir sa passion rebutée.
Monsr. le Prince, qui est depuis long temps en possession de mèpriser les conquestes, que sa vertu luy donna, & qui a toujours affermy les trônes, dont les débris estoient preste de tomber, changea l'estime qu'il avoit pour la Reyne de Suede, suivant l'èclat de sa fausse vertu, en haine, & s'estant apres apperçeu de ce brillant trompeur, il la traitta comme on fait ceux, qui affectent d'avoir, ce qu'ils sont hors d'esperance de pouvoir jamais obtenir, d'abord son amour se changea en fureur; elle courut a la vengeance, ou plutost a l'achevement de sa honte, & sa passion l'aveugla si fort, qu'elle mème fut l'ouvrier de sa porte; son peu de pouvoir fit avorter tous ses desseins, au lieu que si un rayon de raison l'eut èclairèe, elle auroit passè sous silence ce qui ne pouvoit reüssir qu'a son desavantage: elle devoit chercher sa satisfaction dans la compagnie de quelque semblable, qu'un mème amour & qu'un mème mepris auroient aussi renduë enragée.
Elle n'avoit qu'une petite traite a faire de Bruxelles a Paris, on luy avoit montré les cicatrices des playes, qu'avoit fait le cœur de diamant par le refus, qu'il fit de vouloir èteindre le feu qu'il avoit allumé. Mais entre nous, l'amour qui est prevojant, & jaloux l'auroit bien empeché d'ouvrir le passage a Christine, qui suivant si bien ses traces, auroit voulu avoir pension sur ses revenus. La Reine de Suede n'ayant point toutes ces considerations, s'est d'abord venüe jetter entre les bras du Pere commun pour luy demander justice. Et voyla une des raisons, que vous voulez sçavoir du dessein que luy à fait entreprendre son voyage en cette ville.
Les plus rafinez politiques en donnent celle cy: si tost qu'elle se fût demise de ses Etats, son but principal estoit d'aller en France, mais elle trouva, que nous n'estions pas des Duppes, & que dans un pays de si grande êtenduë, il ne s'en trouva pas un, qui eût la curiosité de donner de l'argent pour la voir. Elle se presenta aux Espagnols, qui receurent à bras oùverts ce que la France ne voulut pas, dans la pensée qu'ils avoient, qu'elle seule estoit capable de restablir leurs affaires presque des-esperées: mais la suite du temps leur ayant fait connoître, que ce n'estoit qu'une femme, plûtost propre à ménager l'intrigue de la ruelle, que celle du cabinet à faire servir sa personne, à qui en eût voulu, sans aucune ressource de luy pouvoir faire du bien, on luy fit sçavoir secretement, que l'honneur de son absence seroit tres cher a la Flandre. Elle ne ce le fait pas dire deux fois, elle prend la resolution de venir a Rome, & a fin de paroistre selon les formes dans le sanctuaire de la foy Catholique, elle se voulut revestir de cette robbe d'innocence, qu'elle a prise de méme façon, que ceux de la friperie, qui louent des habits, & les rendent incontinent apres que la visite est achevée.
Sa Sainteté, qu'on peut raisonnablement comparer au plus sage de tous les Princes, reçeut avec le zele de sa charité cette Reine de Seba, qui l'abordoit en si bel equipage & luy fit connoistre, que la foy n'est moins l'aliment du corps, que de l'esprit. Neantmoins comme elle ne peut se démentir long temps, saint Pierre se lassera bientost de voir manger son patrimoine par une infidelle déguissée; il se vanger a d'elle des maux, que ceux de son païs, & de son sang luy ont fait outrefois, & commandera a son successeur, de se défaire de ce vipere, qu'il nourrit dans ses entrailles.
Ainsy les gens speculatifs croyent, qu'elle arborera bientost le croissant, pour supplanter le grand Seigneur, qui est trop bien adverty de ses bonnes qualitez, pour ne la pas faire passer par charge d'Eunuques, avant que l'enrooler dans son Serrail; pour moy, la connoissant, comme je fais, de complexion amoureuse & affamée, je croy, qu'elle ne hazardera pas le tout: je ne desespere de voir le nom de Signora Christina dans un roole de nos sœurs Romaines, d'aller avec mon ecu frapper a sa porte, de m'exposer a entẽdre una signora impedita, ou bien un, sote padrono. si vous n'attendez que cela pour partir, vous ne devez pas tarder; car je connois le menuisier, qui a ordre de faire la jalousie, par ou elle commandera les courtisans de la place d'Espagne. Neantmoins, comme il est du devoir de celuy, qui entreprend de partager la gloire sans passion, de ne distribuer le mirthe ou le laurier selon son caprice, il faut que je vous die, qu'il est peu de prudence, qui aille ou la Reine de Suede a porté la sienne: Elle previent adroitement le piege qu'on dressoit a son sceptre; elle sçeut, que les Estats deson Royaume vouloient se servir du droit, qu'ils ont de faire leurs Rois, en l'obligeant de leur en donner un qui fut son mary. ou bien de se defaire de sa pourpre. La repugnance qu[']elle avoit pour le premier, je l[']a laissè a examiner au curieux: la raison luy fit accepter le dernier elle quitta avec gloire ce qu'elle n'avoit pû conserver sans honte, & elle abandonna genereusemẽt ce qu'elle ne pouvoit se laisser aracher qu'avec lâcheté.
Mais avoüez qu'une méme action n'a jamais eu tant de motifs, & qu'il a estè necessaire d'une addresse tout a fait extraordinaire, pour donner autant de faste a la renonciation de son Royaume, & de son heresie, qu'elle luy en a donné: Elle a voulu faire voir à toute la terre, que si la fortune luy à donné des Royaumes, sa vertu ne sçait pas moins les refuser; que si elle eût sçeu vaincre ce qui s'opposoient au bonheur de ses peuples, avec la méme facilité, elle à triomphé des ennemis de sa gloire propre. Elle a voulu mettre à l'épreuve la foy des Siecles a venir, qui ne croiront jamais, qu'une femme se soit si fort depoüille d'ambition qu'elle ait pû persuader a une Reine de quitter son Royaume, & en mesme temps ternir les actions du passè, qui n'a jamais veû que des Rois abandonner leur vie avec leur[s] Estats: ou s'ils survivoient a une perte si considerable, on voyoit bien, qu'ils cedoient en politiques, & non pas en genereux. Si elle a tourné les yeux du côté de l'Eglise on luy a dit, qu'elle seule estoit l'objet de toutes ses actions, qu'elle sçavoit bien que si les loix de nôtre salut nous commandent de passer sur le ventre de nos peres, & meres, lors qu'ils servent d'obstacle à nôtre felicité eternelle, qu'à Plus forte raison une couronne estoit un poids trop leger, pour retarder ce genereux dessein: qu'elle n'ignoroit point, que le chemin, qui conduit a la parfaite beatitude n'estoit pas semè de roses: que le Royaume des Cieux s'emportoit par force, & que ceux qui se faisoient le plus de violence y arrivoient les premiers, & qu'ainsi secouant le joug, auquel son education & son inclination propre la sous mettoient, elle venoit demander protection a cette bonne Mere, qui partage ses enfans avec tant de liberalité. ce n'estoit, pas assez de satisfaire au general, il failloit encor contenter le particulier la generosité & la foy estoient deja partagées: l'Amour qui a droit sur toutes les belles actions, ne vouloit pas ceder les pretentions, qu'il avoit sur celle cy; vous etendez bien ce que je veux dire, vous ne doutez pas, que la Reine de Suede n'ait bien fait valoir cette abjuration volontaire a son cher Pimentel: vous n'estes pas de ceux, qui ouïrent cette longue conversation avec le Royal Ambassadeur, lors que lassé de faire les affaires du Roy d'Espagne & de la Riene [sic] de Suede, il la prioit, de luy permettre de partir, s'excusant sur sa foiblesse, qui luy defendoit, de continuer plus dans une charge, qui demandoit des qualitez plus avantageuses, que celles que la nature luy avoit données, & qu'enfin il s'estimoit autant impuissant à reconnoistre les bontez que sa Majesté avoit pour luy, qu[']elle estoit prompte a luy en donner a tous momens des témoignages,
«Aquesto la mitissima Isabella
Declinando la faccia lagrimosa
Econgiungendo la sua boca à quella
d'Urbin lucidetta come la rosa,
Disse: non vipensate già, mia vita,
Far senza me questa ultima partita.
Di ciò, cor mio, nessun timor vitorchi,
Ch'io vo seguerui in ciel oue in inferno,
Convien che l'uno e l'altro spirto corchi
Insieme & sempre insieme stia in eterno.»
Puisque le Ciel m'a destiné à vous, se méprise tous les autres avantages pour faire valoir son present: Les Trophées de l'amour ne sont faits que de trônes renversez, & de couronnes brisées; je me moque d'un qu'en dira ton; je dis nargue des sacrifices qu'on fait aux raisons d'Estat: & puis quand on ne jugeroit pas selon la pareté de mon intẽtion.
«Facilmente ogni scusa qui s'ammette
Quando in Amor la colpa si riflette.»
Elle dit apres mille autres choses, qui firent bien connoistre, qu'elle parloit avec veritè: & jugez vous méme, si je m'en éloigne; puisque toute la terre à veu qu'elle à renoncé à sa pourpre. Les fidelles se sont toujours rejoüis, de voir une conqueste de cette importance prendre place dans la congregation, & Pimentel s'est tenu assiduement dans le service.
Apres vous avoir parlé d'un Esprit si bien tourné, jè prevois, que vous me demandez si le corps y répond, & si la cage est faite pour cette ciseau tous les peintres on[t] essayé de faire une copie; mais l'art n'a rien moins imité que la nature, connoissez la par ce leger crayon, qui ne farde point: Elle à le front large en son contour se ...... insensiblement entre les deux yeux, desquels elle a le fond bleu, couverts d'une dague blanche, pour la seureté de ceux, qui ont la hardiesse de les regarder fixement: leur mouvement est vagabonde, & peu asseuré: ses soureils sont châtains, gros, grand[s], tresbien fournis & se joignans l'un a l'autre: son nez est de juste mesure: sa bouche confine ses oreilles, qui par une prerogative toute particuliere elle reconnue, comme elle veut: ses dents sont tres-blanches & bien rangées: son menton est un peu fourchu, s'élargissant pourtant par les extremitez en deux machoires de raisonnable étendue: ses cheveux qu'elle a naturellement blonds, feroyent honte aux rayons de Phebus, sans une peruque noire, qui les couvre: les curieux s'y peuvent satisfaire, car elle est a tout poil: son col est gros & court: l'empatement de sa gorge (ne me faites pas un procés sur ce mot, car il trouveroit des partisans dans l'Academie) est extremement maigre: deux os, qui descendent des omphates, ont la commission de porter ses tetons, dont l'un suivant la situation des ...... est haut & l'autre bas, & tous deux par une admirable symmetrie font une garde d'espée à l'Espagnole.
Voyez comme elle est dans ce party jusqu'au go.... Mais pour revenir aux tetons, ils sont d'une figure quarrèe oblongue, outre le mol, & le dur, leur petit bout est sec & long, comme celuy d'une nourrice: ses bras sont en méme devation que ses coussinets, souvent couvert d'une peau d'Espagne: la gauche avance extraordinairement & laisse entre les deux épaules un si grand vuide, qu'un zelé pour le bien publie pourroit y courir, comme Curtius monté sur son cheval: ses mains sont courtes & maigres; le ressort de son poignet est tres aisé: ses côtes sont fort efflanquez: son ventre à quelques vides, signe d'une terre bien cultivée pour sa felicite, son nombril est plus haut qu'à l'ordinaire des femmes: le bas de l'os pubis est escarpe comme les rochers de la grand[e] Chartreuse, couvert d'un bois, du quel le Soleil ne penetra jamais la hauteur ny l'épaisseur, à l'orèe duquel est un cipres d'une extraordinaire grandeur, qui renaist à toutes lumes, malgré les soins, que le medicin à de faire abbatu; il est bordé d'un precipice, de mème figure que la place Navonne: la comparaison n'en est pas defectueuse: car le milieu de l'un & de l'autre est également orné d'une aiguille, de la quelle vous ne pouvez expliquer les hieroglises [sic].
Mais permettez moy, de ne m'abandonner pas d'avantage, crainte d'estre ensevely comme les autres dans cet abisme. Deux grosses cuisses, assez longues & de couleur de porphyre, soûtiennent cet Edifice, les quelles sont attachèes à deux jambes courtes: & le tout repose sur deux picès nerveux, larges & plats. je laisse à ceux, qui travaillent à present apres sa partie posterieure, d'en mettre au jour les beautez. Tout son corps est entierement velu. La relige de sa physionomie veut, que peloso sia generose, forte ò lussurioso. Elle avoüe publiquement, qu'elle n'a pas de part premier: elle contre fait le second; pour le dernier elle autorise entieremẽt l'axiomd. Sa taille est entre la grande & la mediocre, son geste est frequent: son mouvement dru: sa parole forte; ne vous en estonnez pas, car elle sort d'une voûte. Elle vole plûtost qu'elle me marche. enfin son temperament est chaud, & humide, & par consequent elle est colerique & retient facilement le[s] premieres idées. elle est un peu rude a l'abord; mais pour veu que Bucephale ne voye son ombre, Alexandre le dompte facilement.
Voila une ébauche de ce que vous souhaittez. Puisque je me suis degagé insensiblement du raisonnement politique, pour me jetter dans l'histoire, apprenez celle de ses occupations: Incontinent qu'elle fut entrée dans les terres de l'Eglise, elle fut reçeüe par quatre Nonces, qui sa Sainteté y avoit envoyez, pour rendre par tout les honneurs deûs á sa Majesté. Vous avez sçeu les fanfares des Polonnois, & le bruit descris de joye de tous les endroits, ou elle à passé, est arrivé jusques à vos oreilles. Estant arrivé a Fano, les Dames la regalerent du bal, ou les trois Deesses, qui reconnurent un Berger pour juge de leur beauté n'etalerent jamais tant de graces, & d'attraits, qu'on avoient les yeux d'une des belles, qui aidoit a composer cette aimable assemblèe. La Reine touchée de ses appas, luy donna le prix, & apres luy avoir débité fleurettes, elle appella un des Nonces, qu'elle pria d'exprimer á cette belle une partie des sentiments, que luy inspiroit la veüe d'un si beau visage. Il s'en excusa, priant sa Majesté de donner cette commission à un autre de ses Collegues, qu'il nomma, la quel s'en a[c]quitteroit mieux, que luy. Ce substitut est de race tres-ancienne: le chef de sa famille estoit déja sacrificateur á Sodome au temps qu'elle perit par les flames; il se trouva du party des sedicieux, & par consequent il fût brulé, comme les autres: il renâquit de ses cendres d'autres Phenix Sodomites, desquels est descendu en ligne directe celuy, duquel je vous parle. La Reine sçavante dans sa geneaologie respond au compliment du premier: «Mon Sigr. Giou. caraccioli si contenta Solaminente di dar contento à suoi paggi».
Et de là elle vient icy, ou elle n'entra que de nuict dans l'appartement que sa Sainteté luy avoit fait preparer dans le vatican ...... laquelle elle alla baiser les pieds quelque temps apres, qu'elle fut arrivèe. Cette entreveüe se passa avec beaucoup de joye de part & d'autre. le lendemain sa Majesté affriandie de benedictions, traversa deux galeries longues de 300. pas chacune, une file de 40. chambres, & 3. grandes sales toute seule, sans autre compagnie que de son esprit follet, & alla surprendre le Pape, qui pour éviter un plus grand accident, la pria d'aller loger dans le Palais Farnese, sans rien apprehender que la vertu severe de la .... sa Cour est composée de ceux que vous sçavez qui partirent avec elle de Bruxelles. quelques Italiens y ont pris place. Dieu sçait, comme les Dames, Romaines ne luy rendent aucunes visites: & les Princes, qui sont icy naturellement morfondus, évitent tant qu'ils peuvent de-la voir, pour èviter de demeurer nües testes faisants le pied de grüe. Son humeur conquerante n'a pû demeurer long temps sans se donner de la pratique: Mon Seignor Collonne est le premier, qui à cedé a ses coups; est Archevêque inpartibus crût d'abord a l'arrivée de la Reine, que c'destoit le revenu de son Evesché qu'on luy apportoit, & se disposoit d'en joüir en bon pere de famille: Mais trouvant plus d'aigreur, qu'il n'en esperoit pas, il s'apperçeut qu'il avoit encore a faire aux infidelles.
Neantmoins comme par touts chemins on arrive au tendre de Christine, il ne desespera pas: son extréme frequentation, son assiduité, & ses presents reiterez luy en payerent un, duquel il nè pourra s'egarer; car il est .....
Il fit confident de ses amours un page de sa Majesté, auquel il demanda il y a quelque temps, si la poudre, qu'il avoit mise sur trois cheueux, qui bordent sa couronne sacerdotale, avoit plû a la Reine. Le Page luy respondit, que s'il vouloit se faire admirer jusqu'à l'estonnement par une galanterie acheuée, qu'il devoit poudre sa moustache de cheveux legers & large comme une queüe d'hirondelle, enfin taillèe a la colonne. Il quitta ce page pour aller profiter de son avis, & se retira dans une chambre particuliere, ou êlargissant sa barbe plus qu'à ordinaire, il la cire, la peigne, & la poudre à confusion, & en cet equipage de Jean fariné va trouver la Reine dans sa chambre, qui avertie de ce beau spectacle, reçeut si plaisamment cet amy, que Marmetre & Scaramouche n'ont jamais rien fait d'egal.
Si l'amour naist de la simpatie, les affaires de nostre Majesté sont en bon estat: puisque il trouve un esprit aussy ridicule, que le sien. Ceux qui pourtant excusent toutes choses, croient que la Reine se divertira de cette Comedie, que Mon Sigr. Colonne serà berné, & que le Page intrigant payera la gabelle imposée sur le commerce, que les beaux Ganimedes, comme luy, ont avec les Italiens. Le Pape averty de cette mommerie, a defendu a l'Archevêque d'entrer au Palais de la Reine. malgré tous les gardes, qui en bordent toutes les avenues, il ne laisse pas d'aller tous les soir[s] sonner sur la guittare une pasquille sous la fenestre de sa Majesté, & tâcher par quelques soupirs entrecoupez d'emouvoir sa pitiè veritablement Royale. Ce feu contagieux s'est aussi attaché a son secretaire, qui a dèja foulè aux pieds le respect, qu'il doit a son Maître. Pour user de droit de rival il envoye déja de baisers a pleines mains a la Reine; mais son dessein ne reüssira pas, car une certaine barrette rouge, qui vient a la traverse, fait taire bien des gens, qui avoient la méme envie que luy.
Ce Cardinal estoit au Regne passé Legat en Olimpie, ville fameuse, par d'avoir été longh temps le Siegè d'un Pape, & pour le trafic qu'elle entretenoit avec toutes sortes de nations, d'une certaine marchandise, qu'on appelle benefice; la quelle ruinèe apres la mort de son gouvernement particulier, a esté reduite dans un petit village sous la forme d'une Republique mal policée, ce qui fait que cet Eminentissime personnage retirer. Il s'est toutesfois si bien acquitté le de sa charge, qu'il a acquis une grande estime, & on croit que le port de Christine, quoyque tres-bien sortifiè [sic] par la nature, selon le plan que je vous ay fait, ne resistera pas long temps: car les habitans sont de bonne composition.
Je ne finirois jamais, si je vous disois tout le desord[r]e que fait cette victorieuse Amazone: on ne void qu'elle par la ville: elle roule tous les Convents des Moines. & Moinesses. cet article me donneroit bien matiere de parler, mais ce ne seroit que repeter ce que tant de sçavante[s] plumes ont écrit: tantost elle dit sage des Espagnols en General, quand elle est dans sa colere amoureuse contre le particulier en quelque estat que ce soit: Elle traitte les François des fous, & d'estourdis, pour diminüer la gloire qu'Anne d'Austriche a de commander une nation si accomplie: car vous sçavez, qu'il y a tousjours de la jalousie entre les gens. Et enfin elle conclud, que toute la terre doit servir de marchepied aux Italiens, & qu'avec joye elle se soûmet à cette puissante Nation, qu'elle reconnoit par dessus les autres avoir un air tout particulier de regner.
Mais je ne m'apperçois pas, que c'est trop abuser de vostre patience. Les paroles ne manquent jamais sur un mèchant sujet, que j'ay rendu bon, autant que le peut permettre la fidelité de l'Histoire. Je vous déroberay quelques uns de vos moments, pour vous en donner la continuation. & vous faire connoître par la zele, que j[']ay de vous satisfaire, celuy qui me sera toûjours rechercher avec empressement l'occasion de vous témoigner, &c.
With modernised spelling:
Lettre, ou récit véritable, du séjour de Christine, reine de Suède, à Rome.
Monsieur,
Votre curiosité est trop raisonnable pour n'y pas satisfaire, et vous vous connaissez trop bien en trophées pour ne vous faire juge d'un fait concernant le cérémonial des Césars, des Pompées et de tous ces illustres conquérants dont les vertus en ont prescrit les lois.
Vous apprendriez les particularités de cette magnifique cérémonie par la relation italienne que je vous envoie, de laquelle, sans ramener tous les points vous me permettrez de remonter à la source et de considérer cette première action, qui donne l'éclat à toutes les autres.
La grâce se fait connaître par des coups trop extraordinaires pour douter de sa puissance. Celle qui d'une abandonnée fit un miroir de pénitence, qui tira un larron du précipice au dernier moment de sa vie, et qui fit enfin descendre du cheval un saint dans la chaleur de son crime pour le mettre dans le véritable chemin, peut bien inspirer à une femme des sentiments généreux, persuader une hérétique de quitter l'erreur de ses opinions, et faire descendre une reine d'un trône périssable pour lui mettre sur la tête une couronne immortelle.
Mais comment il n'est pas permis d'entrer dans les abîmes de la connaissance de Dieu, du quelle sacré cantique, nous disant que les cheveux sont noirs comme le plumage d'un corbeau, nous déclare mystèrieusement l'obscurité de la profondeur de ses conseils sur la conduite des hommes?
Et ainsi je n'entreprendrai pas sur la jurisdiction qui s'étend à connaître le moindre repli de nos âmes, mais je me contenterai seulement de considérer les dehors au travers le voile des apparences que la raison ne pourrait bien approuver.
Car vous m'avouerez que la grâce ne se communique jamais si libéralement, en même temps elle ne donne tous ses attraits et tous ses avantages. Elle ne sait pas faire des présents à demi, et lorsqu'elle entre dans un cœur, elle y porte avec la dévotion l'humilité, la modestie et toutes les autres vertus qui sont les appanages de sa gloire.
Nous voyons la reine de Suède si fort éloignée de ces ornements que, si nous jugeons de la cause par l'effet, nous dirons que l'un et l'autre est également corrompu. Son impiété a fait taire les plus athées. Ses jurements, qu'elle appelle la grâce de son discours, ont fait faire des processions publiques pour ôter de la main de Dieu le foudre vengeur dont les lieux qui la portaient étaient menacés; et les extravagances qu'elle a fait à Bruxelles aux jeux d'une cour qui n'a rien de profane ont fait dire avec justice qu'elle était composée de deux natures. Ce ne peut être que de celle d'un homme et d'une femme — c'est-à-dire, de la malice et de la faiblesse.
Quel aveugle pourrait croire qu'elle est humble, voyant qu'elle affecte les honneurs d'une reine, même ne l'étant plus, et que, s'avouant être touchée par la force du Saint Esprit — elle! — elle triomphe dans sa ville capitale et fait travailler le dispensateur de ses trésors à sa vanité, comme si elle-même lui donnait des lois?
Une connaissance légère en chaque chose, ou plutôt un bouleversement général de son cerveau, l'enorgueillit si fort qu'elle prétend s'ériger de la paix entre les maîtres de la terre et croit que les sept sages grecs sont des noms inconnus, depuis qu'elle dit son signor-ci. En renonçant à la couronne, elle a abandonné le plus beau brillant de celle des premiers chrétiens, et le dernier arrêt qu'elle a prononcé sous le dais a été un bannissement sans retour à l'humilité.
Si je voulais parcourir tous les outrages qu'elle a faits a la modestie, je compterais plutôt les vagues de la mer. Elle ne s'est pas contentée de fouler aux pieds celle de son sexe; elle s'est moquée même de celle que les lois divines et humaines nous ordonnent. Elle a traversé le royaume entier de Suède.
Elle est arrivée a Anvers sans être accompagnée d'aucune femme, au milieu de 25 gardes, moins aguerris au combat de Mars que dressées au jeu de Cypris. La grande vertu de ces héros, que la renommée traite avec justice de demi-dieux, enflamme son âme d'un désir d'éprouver si les gens de l'autre monde ont quelque chose de plus vigoureux que ceux d'ici-bas quand la nature de l'homme participe à celle des dieux.
Le bruit des hautes qualités du prince de Condé ne lui donna pas moins de curiosité que celui de celles d'Alexandre à la reine des amazones, qui, violant les lois de son royaume, essuya mille dangers pour arriver à la route de ce prince, auquel sa rage échauffée la contraignit de demander audience particulière, afin d'obtenir de lui une vivante copie de sa personne pour la porter en son pays.
Toute la terre sait les folies que la reine de Suède fit en approchant le lieu où était Monsieur le prince. Ses impatiences, ses transports et ses fièvres eurent des miliers de témoins. Toute la Bruxelle sait avec quelle assiduité elle le courtisait. Si la fièvre qui le maltraitait alors l'empêchait de sortir, l'écuyer de la reine lui rendait plus de visites de sa part que son médicin même, et réglement cinq ou six fois tous les jours, elle envoyait savoir des nouvelles de sa santé, sans qu'elle s'informait de ceux qu'elle croyait lui en pouvoir apprendre quelque chose.
Si Son Altesse prenait l'air, Sa Majesté n'était pas loin. Elle ne l'abandonnait jamais au mail, aux assemblées, aux comédies — enfin, partout elle le suivait, comme l'ombre suit le corps.
Néanmoins, elle se déclara à ce prince dans un temps où la faiblesse que lui causait son mal ferma la bouche à la médisance. Mais, comme dans le plus fort de sa disgrâce il n'a pas manqué de gens de cœur, agent exécuté entour ses volontés, il en a trouvé aussi en cette occasion, qui supplèrent à son impuissance. Il n'y en eut pas un de ceux qui se sont satisfait à sa fortune, qui dans cette rencontre ne lui témoignât qu'il n'y aurait point d'exception dans l'assurance des services qu'ils lui avaient voué. Vous avez su tous ces autres emportements desquels l'exact récit demanderait des volumes entiers.
Vos yeux ont été en partie témoins de ce que je viens de dire, et vous savez très bien que ce ne fût pas seulement la nécessité, de laquelle je parlerai après, qui l'obligea de sortir de Bruxelles pour venir ici, mais encore la honte qu'elle eut de voir sa passion rebutée.
Monsieur le Prince, qui est depuis longtemps en possession de mépriser les conquêtes que sa vertu lui donna, et qui a toujours affermi les trônes dont les débris étaient prête de tomber, changea l'estime qu'il avait pour la reine de Suède, suivant l'éclat de sa fausse vertu, en haine; et, s'étant après aperçu de ce brillant trompeur, il la traita comme on fait ceux qui affectent d'avoir ce qu'ils sont hors d'espérance de pouvoir jamais obtenir. D'abord son amour se changea en fureur.
Elle courut à la vengeance, ou plutôt a l'achèvement de sa honte, et sa passion l'aveugla si fort qu'elle même fut l'ouvrier de sa porte. Son peu de pouvoir fit avorter tous ses desseins, au lieu que si un rayon de raison l'eut éclairée, elle aurait passé sous silence ce qui ne pouvait réussir qu'à son désavantage. Elle devait chercher sa satisfaction dans la compagnie de quelque semblable qu'un même amour et qu'un mème mépris auraient aussi rendue enragée.
Elle n'avait qu'une petite traite a faire de Bruxelles à Paris. On lui avait montré les cicatrices des playes, qu'avait fait le cœur de diamant par le refus qu'il fit de vouloir éteindre le feu qu'il avait allumé. Mais, entre nous, l'amour qui est prévoyant et jaloux l'aurait bien empêché d'ouvrir le passage à Christine, qui, suivant si bien ses traces, aurait voulu avoir pension sur ses revenus.
La reine de Suède, n'ayant point toutes ces considérations, s'est d'abord venue jeter entre les bras du père commun pour lui demander justice. Et voilà une des raisons que vous voulez savoir du dessein que lui a fait entreprendre son voyage en cette ville.
Les plus raffinés politiques en donnent celle-ci. Sitôt qu'elle se fût démise de ses États, son but principal était d'aller en France; mais elle trouva que nous n'étions pas des dupes et que, dans un pays de si grande étendue, il ne s'en trouva pas un qui eut la curiosité de donner de l'argent pour la voir. Elle se présenta aux Espagnols, qui reçurent à bras ouverts ce que la France ne voulut pas, dans la pensée qu'ils avaient qu'elle seule était capable de rétablir leurs affaires presque désespérées.
Mais, la suite du temps leur ayant fait connaître que ce n'était qu'une femme, plutôt propre à ménager l'intrigue de la ruelle que celle du cabinet à faire servir sa personne, à qui en eut voulu, sans aucune ressource de lui pouvoir faire du bien, on lui fit savoir secrètement que l'honneur de son absence serait très cher à la Flandre.
Elle ne ce le fait pas dire deux fois. Elle prend la résolution de venir a Rome; et, afin de paraître selon les formes dans le sanctuaire de la foi catholique, elle se voulut révêtir de cette robe d'innocence qu'elle a prise de même façon que ceux de la fripperie, qui louent des habits et les rendent incontinent après que la visite est achevée.
Sa Sainteté, qu'on peut raisonnablement comparer au plus sage de tous les princes, reçut avec le zèle de sa charité cette reine de Saba, qui l'abordait en si bel équipage et lui fit connaître que la foi n'est moins l'aliment du corps que de l'esprit.
Néanmoins, comme elle ne peut se démentir longtemps, Saint-Pierre se lassera bientôt de voir manger son patrimoine par une infidèle déguisée; il se vanger à d'elle des maux que ceux de son pays et de son sang lui ont fait autrefois, et commandera a son successeur de se défaire de ce vipère qu'il nourrit dans ses entrailles.
Ainsi les gens spéculatifs croient qu'elle arborera bientôt le croissant pour supplanter le Grand Seigneur, qui est trop bien averti de ses bonnes qualités pour ne la pas faire passer par charge d'eunuques avant que l'enrôler dans son sérail. Pour moi, la connaissant comme je fais, de complexion amoureuse et affamée, je crois qu'elle ne hasardera pas le tout. Je ne désespère de voir le nom de signora Cristina dans un rôle de nos sœurs romaines d'aller avec mon écu frapper à sa porte, de m'exposer à entendre una signora impedita, ou bien un sote padrono.
Si vous n'attendez que cela pour partir, vous ne devez pas tarder, car je connais le menuisier qui a ordre de faire la jalousie, par où elle commandera les courtisans de la place d'Espagne. Néanmoins, comme il est du devoir de celui qui entreprend de partager la gloire sans passion de ne distribuer le myrte ou le laurier selon son caprice, il faut que je vous die qu'il est peu de prudence qui aille où la reine de Suède a porté la sienne.
Elle prévient adroitement le piège qu'on dressait a son sceptre. Elle sut que les États de son royaume voulaient se servir du droit qu'ils ont de faire leurs rois en l'obligeant de leur en donner un qui fut son mari, ou bien de se défaire de sa pourpre. La répugnance qu'elle avait pour le premier, je l'a laissé à examiner au curieux; la raison lui fit accepter le dernier. Elle quitta avec gloire ce qu'elle n'avait pu conserver sans honte, et elle abandonna généreusement ce qu'elle ne pouvait se laisser arracher qu'avec lâcheté.
Mais avouez qu'une même action n'a jamais eu tant de motifs et qu'il a été nécessaire d'une addresse tout à fait extraordinaire pour donner autant de faste à la renonciation de son royaume et de son hérésie, qu'elle lui en a donné. Elle a voulu faire voir à toute la terre que si la fortune lui à donné des royaumes, sa vertu ne sait pas moins les refuser; que si elle eut su vaincre ce qui s'opposaient au bonheur de ses peuples avec la même facilité, elle a triomphé des ennemis de sa gloire propre.
Elle a voulu mettre à l'épreuve la foi des siècles à venir, qui ne croiront jamais qu'une femme se soit si fort dépouillée d'ambition qu'elle ait pu persuader à une reine de quitter son royaume et en même temps ternir les actions du passé, qui n'a jamais vu que des rois abandonner leur vie avec leurs états; ou, s'ils survivaient à une perte si considérable, on voyait bien qu'ils cédaient en politiques, et non pas en généreux.
Si elle a tourné les yeux du côté de l'Église, on lui a dit qu'elle seule était l'objet de toutes ses actions, qu'elle savait bien que si les lois de notre salut nous commandent de passer sur le ventre de nos pères et mères lorsqu'ils servent d'obstacle à notre félicité éternelle; qu'à plus forte raison une couronne était un poids trop leger pour retarder ce généreux dessein; qu'elle n'ignorait point que le chemin qui conduit a la parfaite béatitude n'était pas semé de roses.
Que le royaume des cieux s'emportait par force, et que ceux qui se faisaient le plus de violence y arrivaient les premiers; et qu'ainsi, secouant le joug auquel son éducation et son inclination propre la soumettaient, elle venait demander protection à cette bonne mère, qui partage ses enfants avec tant de libéralité. Ce n'était pas assez de satisfaire au général; il fallait encore contenter le particulier. La générosité et la foi étaient déjà partagées. L'amour, qui a droit sur toutes les belles actions, ne voulait pas céder les prétentions qu'il avait sur celle-ci.
Vous étendez bien ce que je veux dire. Vous ne doutez pas que la reine de Suède n'ait bien fait valoir cette abjuration volontaire à son cher Pimentel. Vous n'êtes pas de ceux qui ouïrent cette longue conversation avec le royal ambassadeur lorsque, lassé de faire les affaires du roi d'Espagne et de la reine de Suède, il la priait de lui permettre de partir, s'excusant sur sa faiblesse qui lui défendait de continuer plus dans une charge qui demandait des qualités plus avantageuses que celles que la nature lui avait données; et qu'enfin il s'estimait autant impuissant à reconnaître les bontés que Sa Majesté avait pour lui, qu'elle était prompte à lui en donner à tous moments des témoignages.
«A questo la mitissima Isabella,
Declinando la faccia lagrimosa
E congiungendo la sua bocca a quella
d'Urbin, lucidetta come la rosa,
Disse: Non vi pensate già, mia vita,
Far senza me questa ultima partita.
Di ciò, cor mio, nessun timor vitorchi,
Ch'io vo seguirvi in ciel ove in inferno,
Convien che l'uno e l'altro spirito corchi
Insieme e sempre insieme stia in eterno.»
Puisque le ciel m'a destiné à vous, se méprise tous les autres avantages pour faire valoir son présent. Les trophées de l'amour ne sont faits que de trônes renversés et de couronnes brisées. Je me moque d'un qu'en dira ton, je dis nargue des sacrifices qu'on fait aux raisons d'état, et puis quand on ne jugerait pas selon la parité de mon intention.
«Facilmente ogni scusa qui s'ammette
Quando in amor la colpa si riflette.»
Elle dit, après mille autres choses qui firent bien connaître, qu'elle parlait avec vérité; et jugez vous-même si je m'en éloigne, puisque toute la terre a vu qu'elle a renoncé à sa pourpre. Les fidèles se sont toujours réjouis de voir une conquête de cette importance prendre place dans la congregation, et Pimentel s'est tenu assiduement dans le service.
Après vous avoir parlé d'un esprit si bien tourné, je prévois que vous me demandez si le corps y répond; et si la cage est faite pour cette ciseau, tous les peintres ont essayé de faire une copie, mais l'art n'a rien moins imité que la nature. Connaissez-la par ce léger crayon, qui ne farde point.
Elle a le front large en son contour, se [...] insensiblement entre les deux yeux, desquels elle a le fond bleu, couverts d'une dague blanche pour la sûreté de ceux qui ont la hardiesse de les regarder fixement. Leur mouvement est vagabonde, et peu assuré. Ses soureils sont châtains, gros, grands, très bien fournis et se joignants l'un a l'autre. Son nez est de juste mesure. Sa bouche confine ses oreilles, qui, par une prérogative toute particulière, elle reconnue comme elle veut.
Ses dents sont très blanches et bien rangées. Son menton est un peu fourchu, s'élargissant pourtant par les extrêmités en deux mâchoires de raisonnable étendue. Ses cheveux, qu'elle a naturellement blonds, feraient honte aux rayons de Phébus, sans une perruque noire, qui les couvre. Les curieux s'y peuvent satisfaire, car elle est à tout poil.
Son col est gros et court. L'empattement de sa gorge (ne me faites pas un procès sur ce mot, car il trouverait des partisans dans l'Académie) est extrêmement maigre. Deux os, qui descendent des omphates, ont la commission de porter ses tetons, dont l'un, suivant la situation des [...], est haut et l'autre bas; et tous deux, par une admirable symmetrie, font une garde d'épée à l'espagnole.
Voyez comme elle est dans ce parti jusqu'au [gorge]. Mais pour revenir aux tetons, ils sont d'une figure quarrée oblongue, outre le mol et le dur. Leur petit bout est sec et long, comme celuy d'une nourrice. Ses bras sont en même déviation que ses coussinets, souvent couvert d'une peau d'Espagne. La gauche avance extraordinairement et laisse entre les deux épaules un si grand vide qu'un zélé pour le bien publie pourrait y courir, comme Curtius monté sur son cheval.
Ses mains sont courtes et maigres. Le ressort de son poignet est tres aisé. Ses côtés sont fort efflanqués. Son ventre a quelques vides, signe d'une terre bien cultivée pour sa félicité. Son nombril est plus haut qu'à l'ordinaire des femmes. Le bas de l'os pubis est écharpe comme les rochers de la grande Chartreuse, couvert d'un bois duquel le soleil ne pénétra jamais la hauteur ni l'épaisseur, à l'orée duquel est un cyprès d'une extraordinaire grandeur, qui renaît à toutes lumes, malgré les soins que le médecin a de faire abbatu. Il est bordé d'un précipice, de même figure que la place Navonne. La comparaison n'en est pas défectueuse, car le milieu de l'un et de l'autre est également orné d'une aiguille, de laquelle vous ne pouvez expliquer les hiéroglyphes.
Mais permettez-moi de ne m'abandonner pas d'avantage, crainte d'être enseveli comme les autres dans cet abîme. Deux grosses cuisses, assez longues et de couleur de porphyre, soutiennent cet édifice, lesquelles sont attachées à deux jambes courtes; et le tout repose sur deux pisés nerveux, larges et plats. Je laisse à ceux qui travaillent à présent après sa partie postérieure d'en mettre au jour les beautés.
Tout son corps est entièrement velu. La relige de sa physionomie veut che peloso sia generose, forte o lussurioso. Elle avoue publiquement qu'elle n'a pas de part premier — elle contrefait le second. Pour le dernier, elle autorise entièrement l'axiom.
Sa taille est entre la grande et la médiocre. Son geste est fréquent, son mouvement dru, sa parole forte. Ne vous en étonnez pas, car elle sort d'une voûte. Elle vole plutôt qu'elle me marche. Enfin, son tempérament est chaud et humide, et par conséquent elle est colérique et retient facilement les premières idées. Elle est un peu rude à l'abord; mais, pourvu que Bucéphale ne voie son ombre, Alexandre le dompte facilement.
Voilà une ébauche de ce que vous souhaitez. Puisque je me suis dégagé insensiblement du raisonnement politique pour me jeter dans l'histoire, apprenez celle de ses occupations.
Incontinent qu'elle fut entrée dans les terres de l'Église, elle fut reçue par quatre nonces qui Sa Sainteté y avait envoyés pour rendre partout les honneurs dus à sa majesté. Vous avez su les fanfares des Polonais, et le bruit décrit de joie de tous les endroits où elle a passé est arrivé jusqu'à vos oreilles.
Étant arrivé à Fano, les dames la régalèrent du bal, où les trois déesses qui reconnurent un berger pour juge de leur beauté n'étalèrent jamais tant de grâces et d'attraits qu'on avaient les yeux d'une des belles, qui aidait à composer cette aimable assemblée. La reine, touchée de ses appas, lui donna le prix et, après lui avoir débité fleurettes, elle appela un des nonces, qu'elle pria d'exprimer à cette belle une partie des sentiments que lui inspirait la vue d'un si beau visage. Il s'en excusa, priant Sa Majesté de donner cette commission à un autre de ses collègues qu'il nomma, lequel s'en acquitterait mieux que lui.
Ce substitut est de race très ancienne. Le chef de sa famille était déja sacrificateur à Sodome au temps qu'elle périt par les flammes. Il se trouva du parti des sédicieux, et par conséquent il fut brûlé, comme les autres. Il renâquit de ses cendres d'autres phénix sodomites, desquels est descendu en ligne directe celui duquel je vous parle. La reine, savante dans sa généalogie, répond au compliment du premier: «Monsignor Giovanni Caraccioli si contenta solamente di dar contento a suoi paggi».
Et delà elle vient ici, où elle n'entra que de nuit dans l'appartement que Sa Sainteté lui avait fait préparer dans le Vatican [...], laquelle elle alla baiser les pieds quelque temps après qu'elle fut arrivée. Cette entrevue se passa avec beaucoup de joie de part et d'autre.
Le lendemain Sa Majesté, affriandie de bénédictions, traversa deux galeries longues de 300 pas chacune, une file de 40 chambres et 3 grandes salles toute seule — sans autre compagnie que de son esprit follet, — et alla surprendre le pape, qui, pour éviter un plus grand accident, la pria d'aller loger dans le palais Farnèse, sans rien apprehender que la vertu sévère de la [...].
Sa cour est composée de ceux, que vous savez, qui partirent avec elle de Bruxelles. Quelques Italiens y ont pris place. Dieu sait comme les dames romaines ne lui rendent aucunes visites; et les princes, qui sont ici naturellement morfondus, évitent tant qu'ils peuvent de la voir pour éviter de demeurer nues têtes faisants le pied de grue. Son humeur conquérante n'a pu demeurer longtemps sans se donner de la pratique.
Monseigneur Colonne est le premier qui a cédé a ses coups, est archevêque in partibus, crut d'abord a l'arrivée de la reine que c'était le revenu de son évêché qu'on lui apportait, et se disposait d'en jouir en bon père de famille. Mais, trouvant plus d'aigreur qu'il n'en espérait pas, il s'aperçut qu'il avait encore à faire aux infidèles.
Néanmoins, comme par tous chemins on arrive au tendre de Christine, il ne désespéra pas. Son extrême fréquentation, son assiduité et ses présents réitérés lui en payèrent un, duquel il ne pourra s'égarer, car il est [...].
Il fit confident de ses amours un page de Sa Majesté, auquel il demanda il y a quelque temps si la poudre qu'il avait mise sur trois cheveux qui bordent sa couronne sacerdotale avait plu à la reine. Le page lui répondit que s'il voulait se faire admirer jusqu'à l'étonnement par une galanterie achevée, qu'il devait poudre sa moustache de cheveux légers et large comme une queue de hirondelle, enfin taillée à la colonne.
Il quitta ce page pour aller profiter de son avis et se retira dans une chambre particulière, où, élargissant sa barbe plus qu'à ordinaire, il la cire, la peigne et la poudre à confusion; et en cet équipage de Jean, fariné, va trouver la reine dans sa chambre, qui, avertie de ce beau spectacle, reçut si plaisamment cet ami que Marmetre et Scaramouche n'ont jamais rien fait d'égal.
Si l'amour naît de la sympathie, les affaires de notre Majesté sont en bon état, puisque il trouve un esprit aussi ridicule que le sien. Ceux qui pourtant excusent toutes choses croient que la reine se divertira de cette comédie que Monseigneur Colonne sera berné et que le page intrigant paiera la gabelle imposée sur le commerce que les beaux Ganymède, comme lui, ont avec les Italiens.
Le pape, averti de cette mommerie, a defendu a l'archevêque d'entrer au palais de la reine. Malgré tous les gardes qui en bordent toutes les avenues, il ne laisse pas d'aller tous les soirs sonner sur la guitare une pasquille sous la fenêtre de Sa Majesté et tâcher par quelques soupirs entrecoupés d'émouvoir sa pitié véritablement royale. Ce feu contagieux s'est aussi attaché a son secrétaire, qui a déjà foulé aux pieds le respect qu'il doit à son maître.
Pour user de droit de rival, il envoie déjà de baisers à pleines mains à la reine, mais son dessein ne réussira pas, car une certaine barrette rouge qui vient à la traverse fait taire bien des gens qui avaient la même envie que lui.
Ce cardinal était au règne passé légat en Olympie, ville fameuse par d'avoir été longtemps le siège d'un pape et pour le trafic qu'elle entretenait avec toutes sortes de nations d'une certaine marchandise qu'on appelle bénéfice — laquelle, ruinée apres la mort de son gouvernement particulier, a été réduite dans un petit village sous la forme d'une république mal policée, ce qui fait que cet éminentissime personnage retirer. Il s'est toutesfois si bien acquitté le de sa charge qu'il a acquis une grande estime, — et, on croit que le port de Christine, — quoique très bien fortifié par la nature, selon le plan que je vous ai fait, ne résistera pas longtemps, car les habitants sont de bonne composition.
Je ne finirais jamais si je vous disais tout le désordre que fait cette victorieuse amazone. On ne voit qu'elle par la ville; elle roule tous les couvents des moines et moinesses. Cet article me donnerait bien matière de parler, mais ce ne serait que répéter ce que tant de savantes plumes ont écrit. Tantôt elle dit sage des Espagnols en général quand elle est dans sa colère amoureuse contre le particulier, en quelque état que ce soit.
Elle traite les Français des fous et d'étourdis pour diminuer la gloire qu'Anne d'Autriche a de commander une nation si accomplie, car vous savez qu'il y a toujours de la jalousie entre les gens. Et enfin elle conclut que toute la terre doit servir de marche-pied aux Italiens, et qu'avec joie elle se soumet à cette puissante nation, qu'elle reconnaît par-dessus les autres avoir un air tout particulier de régner.
Mais je ne m'aperçois pas que c'est trop abuser de votre patience. Les paroles ne manquent jamais sur un méchant sujet que j'ai rendu bon, autant que le peut permettre la fidélité de l'histoire. Je vous déroberai quelques-uns de vos moments pour vous en donner la continuation et vous faire connaître par la zèle que j'ai de vous satisfaire, celui qui me sera toujours rechercher avec empressement l'occasion de vous témoigner, etc.
Swedish translation (my own):
Brev, eller en sann recit, om Kristinas, Sveriges drottnings, vistelse i Rom.
Monsieur,
Er nyfikenhet är för rimlig för att inte tillfredsställa den, och Ni känner ju alltför väl till troféer för att inte göra Er själv bedömd av ett faktum angående ceremonin för Caesar, Pompejus och alla de illustra erövrare vars dygder föreskrev lagarna.
Ni kommer att förnimma särdragen av denna magnifika ceremoni från den italienska relation som jag skickar Er, från vilken Ni, utan att gå in på alla punkter, kommer att tillåta mig att gå tillbaka till källan och överväga denna första handling, som ger glans åt alla de andra.
Gracen gör sig känd genom slag för extraordinära för att tvivla på hennes makt. Hon som gjorde en botens spegel av en abandonnerad kvinna, som drog en tjuv från stupet i sista stund av sitt liv och som till sist fick ett helgon att stiga av hästen i värmen av sitt brott för att sätta på honom den sanna vägen, kan mycket väl inspirera generösa känslor hos en kvinna, övertala en kättare att överge sina åsikters fel och få en drottning att stiga ned från en förgänglig tron för att placera en odödlig krona på hennes huvud.
Men hur är det inte tillåtet att gå in i avgrunden av kunskapen om Gud, från vilken heliga högsång, som säger oss att håret är svart som fjäderdräkten på en korp, på ett mystiskt sätt förkunnar för oss dunklet i djupet av hans råd om människornas beteende?
Och så jag kommer inte att åta mig den jurisdiktion som sträcker sig till att känna till den minsta delen av våra själar, utan jag kommer bara att nöja mig med att betrakta det yttre genom slöjan av apparenserna som förnuftet inte riktigt kunde godkänna.
Ty Ni kommer att erkänna för mig att nåden aldrig kommunicerar sig själv så frikostigt, samtidigt som den inte ger alla sina attraktioner och alla sina fördelar. Den vet inte hur den skall ge gåvor halvvägs, och när den kommer in i ett hjärta, för den dit tillsammans med hängivenhet ödmjukhet, blygsamhet och alla andra dygder som är attributen för dess härlighet.
Vi ser Sveriges drottning så långt borta från dessa prydnader att vi, om vi bedömer orsaken efter verkan, kommer att säga att båda är lika korrumperade. Hennes ogudaktighet har tystat de mest ateistiska kvinnorna. Hennes eder, som hon kallar sina diskursers grace, har gjort att offentliga processioner gjorts för att från Guds hand avlägsna det hämnande åskslag med vilket de platser som förde henne hotades; och de utsvävningar som hon begick i Bryssel vid spelen vid ett hov som inte har något profant har gjort att det med rättvisa har sagts att hon var sammansatt av två naturer. Det kan bara vara den för en man och en kvinna — det vill säga av illvilja och svaghet.
Vilken blind man kunde tro att hon är ödmjuk, när han ser att hon påverkar en drottnings heder trots att hon inte längre är det, och att hon, som bekänner sig berörd av den Helige Andes kraft — hon! — hon segrar i sin huvudstad och låter utmataren av sina skatter arbeta för sin fåfänga, som om hon själv gav honom lagar?
En lätt kunskap i allt, eller snarare en allmän omvälvning av hennes hjärna, gör henne så stolt att hon säger sig resa sig från fred mellan jordens herrar och tror att de sju visa grekerna är okända namn, sedan hon berättade för sin signor här. Genom att avsäga sig kronan har hon övergivit den vackraste glansen av de första kristnas, och den sista meningen hon uttalade under läktaren var en förvisning utan återgång till ödmjukhet.
Om jag ville gå igenom alla de övergrepp hon gjort mot blygsamhet, skulle jag förr räkna havets vågor. Hon har inte nöjt sig med att trampa sitt köns; hon har till och med hånat det som gudomliga och mänskliga lagar befaller oss. Hon har korsat hela Sveriges rike.
Hon anlände till Antwerpen utan att ha sällskap av någon kvinna som helst, mitt bland 25 vakter, mindre härdad i striden mot Mars än tränad i Kypris' spel. Den stora dygden hos dessa hjältar, som berömmelse med rätta behandlar som halvgudar, uppflammar hennes själ med en önskan att pröva om människorna i den andra världen har något mer kraftfullt än den här världens när människans natur deltar i gudarnas.
Ljudet från prinsen de Condés höga egenskaper väckte inte mindre nyfikenhet hos henne än hos Alexanders till amasonernas drottning, som i strid med sitt rikes lagar utstod tusen faror för att nå denne furstes väg, till vilken hennes upphetsade raseri tvingade henne att begära en privat audiens för att få från honom en levande kopia av hans person att ta med till sitt land.
Hela världen känner till de dårskap som Sveriges drottning begick när hon närmade sig platsen där monsieur prinsen befann sig. Hennes otålighet, hennes transporter och hennes feber hade tusentals vittnen. Hela Bryssel vet med vilken envishet hon uppvaktade honom. Om febern som misshandlade honom vid den tiden hindrade honom från att gå ut, besökte drottningens equery honom fler besök för hennes räkning än till och med hennes läkare, och som regel skickade hon fem eller sex gånger om dagen för att få veta nyheter om hans hälsa, utan att informera sig om dem som hon trodde kunde lära henne något om den.
Om Hans Höghet tog luften, var Hennes Majestät inte långt borta. Hon övergav honom aldrig på maljen, på sammankomsterna, på komedierna — kort sagt, hon följde honom överallt, medan skuggan följer kroppen.
Ändå förklarade hon sig själv för denne prins vid en tidpunkt då den svaghet som orsakades av hans sjukdom stängde hans mun för att förtala henne. Men eftersom han i den värsta av sin skam inte saknade mod, agenter avrättade kring hans önskningar, fann han också vid detta tillfälle några, som kompenserade för sin impotens. Det fanns inte en av dem som var nöjda med hans lycka, som i detta möte inte betygade för honom att det inte skulle finnas något undantag i försäkran om de tjänster som de hade ägnat honom. Ni har ju känt till alla dessa andra utbrott, av vilka det exakta kontot skulle kräva hela volymer.
Era ögon har ju delvis bevittnat vad jag rättnu har sagt, och Ni vet mycket väl att det inte bara var nödvändigheten, som jag skall tala om senare, som tvingade henne att lämna Bryssel för att komma hit, utan också den skam hon kände över att se sin passion avvisad.
Monsieur prinsen, som länge varit i besittning av att förakta de erövringar som hans dygd gav honom, och som alltid har stärkt de troner vars skräp var redo att falla, förändrade den aktning han hade för drottningen av Sverige, efter hennes glans av falsk dygd, in i hat; och efter att ha uppfattat denna briljanta bedragare, behandlade han henne som man behandlar de som påverkar att ha vad de är bortom hopp om att någonsin kunna få. Hennes kärlek förändrades genast till raseri.
Hon sprang till hämnd, eller snarare till fullbordandet av sin skam, och hennes passion förblindade henne så mycket att hon själv var snickaren på hennes dörr. Hennes lilla kraft fick alla hennes dessänger att avbryta, medan, om en stråle av förnuft hade upplyst henne, skulle hon i tysthet ha gått förbi vad som bara kunde lyckas till hennes nackdel. Hon var tvungen att söka sin tillfredsställelse i sällskap med någon medskapelse som samma kärlek och samma förakt också skulle ha gjort rasande.
Hon hade bara en kort resa att göra från Bryssel till Paris. Hon hade visat sig ärren efter såren som diamanthjärtat hade gjort genom att vägra släcka elden som det hade tänt. Men mellan oss skulle kärleken, som är försynt och svartsjuk, ha hindrat den från att öppna vägen för Kristina, som så väl gått i dess fotspår, skulle ha velat ha pension på sina inkomster.
Drottningen av Sverige, som inte hade alla dessa överväganden, kom först att kasta sig i den gemensamme faderns armar för att be honom om rättvisa. Och detta är en av anledningarna till att Ni vill veta om dessängen som ledde henne till sin resa till denna stad.
De mest raffinerade politikerna ger denna. Så snart hon hade avgått från sina Stater, var hennes främsta mål att resa till Frankrike; men hon fann att vi inte var duper och att det i ett land av så stor omfattning inte fanns någon som var nyfiken att ge pengar för att träffa henne. Hon presenterade sig för spanjorerna, som med öppna armar tog emot vad Frankrike inte ville, i tanken de hade att hon ensam var kapabel att återupprätta deras nästan desperata angelägenheter.
Men efter att tidens gång fått dem att veta att hon bara var en kvinna, mer sannolikt att ordna grändens intriger än kabinettets, för att få hennes person att tjäna vem som helst ville ha henne, utan någon resurs för att kunna göra henne något bra, blev hon i hemlighet informerad om att äran av hennes frånvaro skulle vara Flandern mycket kär.
Hon behövde inte berättas två gånger. Hon beslöt sig för att komma till Rom; och för att framträda enligt formerna i den katolska trons helgedom, ville hon sätta på sig denna oskuldsmantel, som hon tagit på sig på samma sätt som de i en second hand klädaffär, som hyr kläder och återvänder dem direkt efter att besöket är förbi.
Hans Helighet, som rimligen kan jämföras med den viseste av alla furstar, tog med sin välgörenhets iver denna drottning av Saba, som han närmade sig i så fin klädsel och fick henne att förstå att tron är mindre kroppens föda än för anda.
Ändå, eftersom hon inte kan förneka sig själv länge, kommer Sankt Peter snart att tröttna på att se sitt arv ätas upp av en förklädd otrogen; han skall hämnas på henne för det onda som de i hennes land och hennes blod tidigare har gjort honom, och han kommer att beordra sin efterträdare att göra sig av med denna huggorm som han ger näring åt i sina inälvor.
Så spekulativa människor tror att hon snart kommer att bära halvmånen för att ersätta grand seigneur, som är alltför väl medveten om sina goda egenskaper för att inte låta henne gå igenom en anklagelse om eunucker innan hon skrev in henne i hans seralj. För min del, eftersom jag vet att hon, som jag gör, är av en amorös och hungrig hy, tror jag att hon inte kommer att riskera allt. Jag misströstar inte över att se namnet signora Cristina i rollen som våra romerska systrar att gå med min sköld för att knacka på hennes dörr, för att utsätta mig för att höra una signora impedita, eller till och med un sote padrono.
Om Ni bara väntar på detta så att Ni kan gå, får Ni inte dröja, ty jag känner snickaren som har order att göra den avundsjuka med vilken hon kommer att befalla hovmännen på Piazza di Spagna. Ändå, då det är en plikt för den som åtar sig att dela äran utan passion att inte fördela myrten eller lagerbladen efter hans infall, så måste jag säga Er att det finns lite försiktighet som går dit Sveriges drottning har burit sin.
Hon förhindrade skickligt fällan som sattes för hennes spira. Hon visste att ständerna i hennes rike ville använda den rätt de hade att göra sina konungar genom att tvinga henne att ge dem en som var hennes man, eller att göra sig av med hennes purpur. Den motvilja hon hade för den förra, har jag lämnat åt de nyfikna att undersöka; resonen fick henne att acceptera det senare. Hon lämnade med ära det hon inte kunnat behålla utan skam, och hon övergav generöst det som hon bara med feghet kunde låta slitas ifrån sig.
Men erkänn att samma handling aldrig har haft så många motiv och att det var nödvändigt att ha ett alldeles extraordinärt tilltal för att ge så mycket pompa och ståt åt avsägandet av sitt rike och hennes kätteri, som hon har givit det. Hon ville visa för hela jorden, att om lyckan har givit henne riken, så är hennes dygd inte mindre i stånd att vägra dem; att om hon hade vetat hur man med samma lätthet skulle kunna besegra dem som motsatte sig hennes folks lycka, så har hon segrat över sin egen härlighets fiender.
Hon ville pröva tron på framtida sekler, som aldrig kommer att tro att en kvinna så mycket har berövat sig själv ambitioner att hon har kunnat övertala en drottning att lämna sitt rike och samtidigt smutskasta det förflutnas handlingar, som aldrig har sett någon annan än konungar överge sina liv med sina stater; eller, om de överlevde en så stor förlust, var det tydligt att de gav vika i politiken och inte i generositet.
Om hon har riktat blicken mot Kyrkan, fick hon höra att det enbart var föremålet för alla hennes handlingar, att hon visste väl att om vår frälsnings lagar befaller oss att gå över våra fäders och mödrars magar när de tjänar som ett hinder för vår eviga lycka; att, med desto större reson, en krona var en för lätt vikt för att fördröja denna generösa design; att hon inte var omedveten om att vägen som leder till perfekt salighet inte var beströdd med rosor.
Att himmelriket fördes bort med våld och att de som gjorde mest våld mot sig själva kom dit först; och att hon sålunda skakade av sig det ok som hennes utbildning och hennes egen böjelse utsatte henne för och kom att begära skydd från denna goda moder som delar sina barn med sådan frikostighet. Det räckte inte för att tillfredsställa generalen; det var fortfarande nödvändigt att tillfredsställa det särskilda. Generositet och tro var redan delade. Kärleken, som har rätt till alla goda handlingar, ville inte avstå från de anspråk den hade på denna dam.
Ni förstår väl vad jag menar. Ni tvivlar inte på att Sveriges drottning har utnyttjat detta frivilliga avbön till sin käre Pimentel. Ni är inte en av dem som hörde detta långa samtal med den kunglige ambassadören när han, trött på att sköta konungen av Spaniens och drottningen av Sveriges affärer, bad henne att tillåta honom att lämna och ursäktade sig själv på grund av sin svaghet som förbjöd honom att längre fortsätta i en laddning som krävde förmånligare egenskaper än de som naturen hade givit honom; och att han slutligen ansåg sig vara maktlös att erkänna den vänlighet som Hennes Majestät hade mot honom, ty hon var skyndsam att alltid ge honom betygelser därav.
»A questo la mitissima Isabella,
Declinando la faccia lagrimosa
E congiungendo la sua bocca a quella
d'Urbin, lucidetta come la rosa,
Disse: Non vi pensate già, mia vita,
Far senza me questa ultima partita.
Di ciò, cor mio, nessun timor vitorchi,
Ch'io vo seguirvi in ciel ove in inferno,
Convien che l'uno e l'altro spirito corchi
Insieme e sempre insieme stia in eterno.«
Eftersom himlen har bestämt mig för Er, föraktar den alla andra fördelar att hävda sin nuvarande. Kärlekens troféer är bara gjorda av välta troner och trasiga kronor. Jag hånar vad folk kommer att säga, jag säger häckla de uppoffringar som görs av statliga skäl, och sedan när man inte skulle döma efter jämlikheten i min avsikt.
»Facilmente ogni scusa qui s'ammette
Quando in amor la colpa si riflette.«
Hon sade, efter tusen andra saker, som gjorde det väl känt, att hon talade med sanning; och döm själv om jag avviker från det, eftersom hela jorden har sett att hon har avstått från sin purpur. De troende har alltid glatts åt att se en erövring av denna betydelse ske i församlingen, och Pimentel har stått ihärdigt i gudstjänsten.
Efter att ha talat till Er om ett så välvänt sinne, förutser jag att Ni kommer att fråga mig om kroppen responderar på det; och om buren är gjord för denna mejsel, har alla målare försökt göra en kopia, men konsten har imiterat inget mindre än naturen. Känn den av denna lätta kräjong, som inte sminkar.
Hon har en panna som är bred i sin kontur, [...] omärkligt mellan de två ögonen, av vilka hon har en blå bakgrund, täckt med en vit dolk för säkerheten för dem som har djärvheten att se fast på dem. Deras rörelse är vandrande och inte särskilt säker. Hennes ögonbryn är bruna, stora, mycket väl försedda och sammanfogar varandra. Hennes näsa är av rätt mått. Hennes mun begränsar hennes öron, vilket hon, av ett mycket speciellt prerogativ, känner igen som hon vill.
Hennes tänder är mycket vita och väl riktade. Hennes haka är en liten hakgrop, men den vidgar sig i ändarna till två käftar av lagom bredd. Hennes hår, som är naturligt blont, skulle göra Febus' strålar på skam utan att en svart peruk täckte det. Den nyfikna kan bli nöjd, för hon har hår överallt på sig.
Hennes hals är tjock och kort. Basen på hennes gorge (gör mig inte en process för detta ord, ty det skulle hitta anhängare i Akademin) är extremt tunn. Två ben, som går ner från naveln [?], har uppdraget att stödja hennes tuttar, av vilka det ena, enligt situationen för [...], är högt och det andra lågt; och båda, genom en beundransvärd symmetri, gör ett svärdgarde à l'espagnole.
Se hur hon är i den här delen upp till [gorgen]. Men för att återgå till hennes bröst är de avlång kvadratisk figur, förutom de mjuka och hårda. Deras lilla ände är torr och lång, som en ammas. Hennes armar är i samma avvikelse som hennes kusinetter, ofta täckta med peau d'Espagne. Den vänstra avancerar extraordinärt och lämnar mellan de två axlarna ett så stort gap att någon nitisk för det allmännas bästa kunde springa dit, som Curtius klättrad på sin häst.
Hennes händer är korta och smala. Kraften hos hennes handled är mycket lätt. Hennes sidor är väldigt magra. Hennes mage har några luckor, ett tecken på jorden väl odlad för dess lycka. Hennes navel är högre än vad som är vanligt för kvinnor. Botten av hennes blygdben är skarp som klipporna i Grande Chartreuse, täckt av en skog vars höjd eller tjocklek solen aldrig tränger igenom, vid kanten av vilken finns ett cypressträd av extraordinär storhet, som återföds hela tiden trots vård läkaren tar för att få det avskuret. Den kantas av ett stup, av samma form som Piazza Navona. Jämförelsen är inte felaktig, eftersom mitten av båda är lika dekorerad med en nål, av vilken Ni inte kan beskriva hieroglyferna.
Men låt mig inte överge mig själv längre, av rädsla för att bli begravd som de andra i denna avgrund. Två stora lår, ganska långa och av porfyrfärg, stödja denna byggnad, som är fästa vid två korta ben; och det hela vilar på två nervösa, breda och platta piséer. Jag överlåter åt dem som nu arbetar efter hennes bakre del att lyfta fram dess skönheter.
Hela hennes kropp är helt luden. Resten av hennes fysionomi vill che peloso sia generose, forte o lussurioso [att en hårig person skall vara generös, stark eller lustfull]. Hon erkänner offentligt att hon inte har någon första del — hon konterfejar den andra. När det gäller den sista auktoriserar hon axiomet fullt ut.
Hennes längd är mellan lång och medelstor. Hennes gest är frekvent, hennes rörelser tjocka, hennes tal starkt. Bli inte förvånad, för hon kommer från ett valv. Hon flyger snarare än går. Slutligen är hennes temperament varmt och fuktigt, och följaktligen är hon kolerisk och behåller lätt de första idéerna. Hon är lite grov till en början; men, förutsatt att Bukefalos inte ser sin skugga, tämjer Alexander honom lätt.
Här är en skiss på vad Ni vill ha. Eftersom jag gradvis har frigjort mig från politiska resonemang för att kasta mig in i historien, lär Er nu om hennes sysselsättningar.
Så snart hon kom in i Kyrkans länder, togs hon emot av fyra nuntier som Hans Helighet hade sänt dit för att överallt dela ut den ära som hänför sig till hennes majestät. Ni har hört talas om polackernas fanfarer, och bruset som beskrivs med glädje från alla platser där hon passerade har nått Era öron.
Efter att ha anlänt till Fano, regalerade damerna henne med en bal, där de tre gudinnorna, som kände igen en herde som domare över sin skönhet, aldrig visade så mycket nåd och charm som ögonen hos en av skönheterna som hjälpte till att sammansätta denna älskvärda församling. Drottningen, berörd av hennes charm, gav henne priset och, efter att ha erbjudit henne några blommor, kallade hon en av nuntierna till sig, som hon bad att uttrycka för denna skönhet några av de känslor som åsynen av ett så vackert ansikte inspirerade i hennes. Han ursäktade sig och bad Hennes Majestät att ge detta uppdrag till en annan av hans kollegor som han namngav, som skulle ackvittera sig av den bättre än han.
Detta substitut är av en mycket gammal ras. Hans familjs överhuvud var redan präst i Sodom när det omkom av lågorna. Han befann sig på det seditiösas sida, och följaktligen brändes han, liksom de andra. Ur hans aska uppstod andra sodomitiska fenixar, från vilka den jag talar till Er om härstammar i rak linje. Drottningen, lärd i sin härkomst, svarar på komplimangen från den förste: »Monsignor Giovanni Caraccioli si contenta solamente di dar contento a suoi paggi« — »Monsignor Giovanni Caraccioli nöjer sig bara med att behaga sina pager«.
Och därifrån kom hon hit, där hon först på natten gick in i appartemanget som Hans Helighet hade iordningställt åt henne i Vatikanen [...], som hon gick för att kyssa fötterna på en tid efter att hon hade kommit. Denna intervju ägde rum med stor glädje på båda sidor.
Nästa dag korsade Hennes Majestät, mätt på välsignelser, två gallerier vardera 300 steg långa, en rad med 40 rum och 3 stora salar helt ensam — utan annat sällskap än hennes ensidiga och fixerad sinne — och gick för att överraska påven, som, för att undvika en större olycka, bad henne att gå och logera i palazzo Farnese, utan att gripa något annat än den svåra dygden hos [...].
Hennes hov består av dem som lämnade Bryssel med henne, som Ni vet. Några italienare har tagit plats där. Gud vet hur de romerska damerna inte gör henne några besök; och furstarna, som naturligtvis är sura här, undviker att se henne så mycket de kan för att slippa förbli barhuvade och vänta. Hennes erövrande humör kunde inte ha varit kvar länge utan att ge sig övning.
Monsignor Colonna var den förste som gav efter för hennes slag. Han är ärkebiskop in partibus. Han trodde till en början vid drottningens ankomst att det var inkomsten från hans biskopsråd som tillfördes honom, och han beredde sig att njuta av det som en god familjefar. Men när han fann mer bitterhet än han hade hoppats på, insåg han att han fortfarande hade att göra med de otrogna.
Likväl, som på alla vägar man kommer fram till Kristinas anbud, misströstade han inte. Hans extrema frekventering, hans ihärdighet och hans upprepade presenter gav honom en som han inte kunde avvika från, ty han är [...].
Han gjorde Hennes Majestäts page till en säker på sina kärlekar, som han frågade för en tid sedan om pudret han hade satt på tre hårstrån som gränsar till hans prästerliga krona hade behagat drottningen. Pagen svarade honom att om han ville bli beundrad till häpnad av ett fullbordat galanteri, så skulle han pudra sin mustasch av ljust hår och bred som en svalstjärt, slutligen trimmad à la colonne.
Han lämnade denna sida för att gå och dra nytta av hans råd och drog sig tillbaka till ett privat rum, där han vidgade skägget mer än vanligt, vaxade det, kammade det och pudrade det till förvirring; och i denna équipage de Jean, mjölad, för att finna drottningen i hennes kammare, som, underrättad om detta vackra skådespel, tog emot denna vän så trevligt att Marmetre och Scaramuccia aldrig har gjort något lika.
Om kärlek föds av sympati, är vår Majestäts angelägenheter i god ordning, ty hon finner ett sinne lika löjligt som hennes eget. De som likväl ursäktar allt tror att drottningen kommer att bli road av denna komedi, att monsignor Colonna kommer att bli lurad och att den spännande sidan kommer att betala den skatt som påförs den handel som den stilige Ganymedes, liksom han, har med italienarna.
Påven, varnad för detta mummeri, har förbjudit ärkebiskopen att gå in i drottningens palats. Trots alla vakter som kantar alla avenyer slutar han inte gå varje kväll för att låta en paskill på gitarren under Hennes Majestäts fönster och för att med några avbrutna suckar försöka röra hennes verkligt kungliga medlidande. Denna smittsamma eld har också fäst sig vid hennes sekreterare, som redan har trampat under fötterna den respekt han är skyldig sin herre.
För att använda sin rivalrättighet skickar han redan kyssar med båda händerna till drottningen, men hans plan kommer inte att lyckas, ty en viss röd barett som kommer till traversen tystar många människor som hade samma önskan som han.
Denna kardinal var under den sista regeringstidens legat i Olympia, en stad känd för att under lång tid ha varit säte för en påve och för den trafik som den upprätthöll med alla möjliga nationer av en viss handelsvara som kallas beneficium — som, förstört efter dess särskilda regerings död, reducerades till en liten by i form av en dåligt poliserad republik, som fick denna person att dras till största delen. Han ackvitterade sig likväl så väl av sitt ämbete att han fick stor aktning, — och, man tror, att Kristinas dörr, — ehuru mycket väl befäst av naturen, enligt den plan som jag har gjort för Er, inte kommer att stå emot länge, emedan invånarna äro av god sammansättning.
Jag skulle aldrig sluta om jag berättade för Er all oordningen som denna segerrika amason skapar. L Hon är den enda som ses i staden; hon rullar över alla munkars och nunnors kloster. Den här artikeln skulle ge mig massor av material att prata om, men det skulle bara vara att upprepa vad så många lärda pennor har skrivit. Ibland talar hon klokt om spanjorerna i allmänhet när hon är i sin amorösa ilska mot det särskilda, i vilket tillstånd som helst.
Hon kallar fransmännen galna och tanklösa för att förminska den ära som Anna av Österrike har i att befalla en så fulländad nation, för Ni vet att det alltid finns avundsjuka bland människorna. Och slutligen drar hon slutsatsen att hela jorden måste tjäna som en språngbräda för italienarna, och att hon med glädje underkastar sig denna mäktiga nation, som hon framför allt erkänner att den har en mycket partikulär air av att regera.
Men jag uppfattar inte att detta är för mycket missbruk av Ert tålamod. Ord saknas aldrig om ett dåligt ämne som jag har gjort gott, så långt historiens trohet tillåter. Jag kommer att beröva Er några av Era stunder för att ge Er fortsättningen på det och för att låta Er veta genom iver att jag har att tillfredsställa Er, ty jag är han som alltid ivrigt kommer att söka tillfället att betyga Er osv.
English translation (my own):
Letter, or a true recit, of the stay of Kristina, Queen of Sweden, in Rome.
Monsieur,
Your curiosity is too reasonable not to satisfy it, and you know too well about trophies not to make yourself judge of a fact concerning the ceremonial of the Caesars, the Pompeys and all those illustrious conquerors whose virtues prescribed the laws.
You will learn the particularities of this magnificent ceremony from the Italian relation that I send you, from which, without going into all the points, you will allow me to go back to the source and consider this first action, which gives brilliance to all the others.
Grace makes herself known by blows too extraordinary to doubt her power. She who made a mirror of penance out of an abandoned woman, who pulled a thief from the precipice at the last moment of his life, and who finally made a saint dismount from his horse in the heat of his crime so as to put him on the true path, can well inspire generous feelings in a woman, persuade a heretic to abandon the error of his opinions, and make a queen descend from a perishable throne to place an immortal crown on her head.
But how is it not permitted to enter into the abysses of the knowledge of God, from the which sacred canticle, telling us that the hair is black as the plumage of a raven, mysteriously declares to us the obscurity of the depth of His counsels on the conduct of men?
And so I will not undertake the jurisdiction which extends to knowing the least fold of our souls, but I will only be content to consider the exterior through the veil of appearances which reason could not well approve.
For you will admit to me that grace never communicates itself so liberally, at the same time it does not give all its attractions and all its advantages. It does not know how to give gifts halfway, and when it enters a heart, it brings there along with devotion humility, modesty and all the other virtues which are the attributes of its glory.
We see the Queen of Sweden so far removed from these ornaments that, if we judge the cause by the effect, we will say that both are equally corrupt. Her impiety has silenced the most atheistic women. Her oaths, which she calls the grace of her discours, have caused public processions to be made to remove from the hand of God the avenging thunderbolt with which the places which carried her were threatened; and the extravagances which she committed in Brussels at the games of a court which has nothing profane have caused it to be said with justice that she was composed of two natures. It can only be that of a man and a woman — that is, of malice and weakness.
What blind man could believe that she is humble, seeing that she affects the honours of a queen even though she is no longer one, and that, confessing to be touched by the power of the Holy Spirit — she! — she triumphs in her capital city and makes the dispenser of her treasures work for her vanity, as if she herself gave him laws?
A light knowledge in every thing, or rather a general upheaval of her brain, makes her so proud that she claims to erect herself from peace between the masters of the earth and believes that the seven wise Greeks are unknown names, since she told her signor here. In renouncing the crown, she has abandoned the most beautiful brilliance of that of the first Christians, and the last sentence she pronounced under the dais was a banishment without return to humility.
If I wanted to go through all the outrages she has committed against modesty, I would sooner count the waves of the sea. She has not been content to trample underfoot that of her sex; she has even mocked that which divine and human laws command us. She has traversed the entire kingdom of Sweden.
She arrived in Antwerp without being accompanied by any woman, in the midst of 25 guards, less hardened in the combat of Mars than trained in the game of Cypris. The great virtue of these heroes, whom fame rightly treats as demigods, inflames her soul with a desire to test whether the people of the other world have something more vigorous than those of this world when the nature of man participates in that of the gods.
The noise of the high qualities of the Prince de Condé aroused no less curiosity in her than that of those of Alexander to the Queen of the Amazons, who, violating the laws of her kingdom, endured a thousand dangers to reach the road of this prince, to whom her heated rage forced her to request a private audience in order to obtain from him a living copy of his person to take to her country.
The whole world knows the follies that the Queen of Sweden committed when she approached the place where Monsieur the Prince was. Her impatience, her transports and her fevers had thousands of witnesses. All of Brussels knows with what assiduity she courted him. If the fever that was mistreating him at that time prevented him from going out, the Queen's equerry paid him more visits on her behalf than even her doctor, and as a rule, five or six times a day, she sent to know news of his health, without informing herself of those whom she believed could teach her something about it.
If His Highness took the air, Her Majesty was not far away. She never abandoned him on the mall, at the assemblies, at the comedies — in short, she followed him everywhere, as the shadow follows the body.
Nevertheless, she declared herself to this prince at a time when the weakness caused by his illness shut his mouth to slander. But, as in the worst of his disgrace he did not lack people of courage, agents executed around his wishes, he found some also on this occasion, who made up for his impotence. There was not one of those who were satisfied with his fortune, who in this encounter did not testify to him that there would be no exception in the assurance of the services they had devoted to him. You have known all these other outbursts, of which the exact account would require entire volumes.
Your eyes have partly witnessed what I have just said, and you know very well that it was not only necessity, of which I will speak later, which obliged her to leave Brussels to come here, but also the shame she felt at seeing her passion rebuffed.
Monsieur the Prince, who has long been in possession of despising the conquests that his virtue gave him, and who has always strengthened the thrones whose debris were ready to fall, changed the esteem he had for the Queen of Sweden, following the brilliance of her false virtue, into hatred; and, having afterwards perceived this brilliant deceiver, he treated her as one treats those who affect to have what they are beyond hope of ever being able to obtain. Immediately her love changed into fury.
She ran to vengeance, or rather to the completion of her shame, and her passion blinded her so much that she herself was the carpenter of her door. Her little power caused all her designs to abort, whereas, if a ray of reason had enlightened her, she would have passed over in silence what could only succeed to her disadvantage. She had to seek her satisfaction in the company of some fellow creature whom the same love and the same contempt would have also made enraged.
She had only a short journey to make from Brussels to Paris. She had been shown the scars of the wounds that the diamond heart had made by refusing to put out the fire it had lit. But, between us, love, which is provident and jealous, would have prevented it from opening the way for Kristina, who, following so well in its footsteps, would have wanted to have a pension on her revenues.
The Queen of Sweden, not having all these considerations, first came to throw herself into the arms of the common father to ask him for justice. And this is one of the reasons that you want to know of the design that led her to undertake her journey to this city.
The most refined politicians give this one. As soon as she had resigned her States, her principal aim was to go to France; but she found that we were not dupes and that, in a country of so great an extent, there was no one who had the curiosity to give money to see her. She presented herself to the Spaniards, who received with open arms what France did not want, in the thought they had that she alone was capable of restoring their almost desperate affairs.
But, the course of time having made them know that she was only a woman, more likely to arrange the intrigue of the alley than that of the cabinet, to make her person serve whoever wanted her, without any resource of being able to do her any good, she was secretly informed that the honour of her absence would be very dear to Flanders.
She did not need to be told twice. She resolved to come to Rome; and, in order to appear according to the forms in the sanctuary of the Catholic faith, she wanted to put on this robe of innocence which she had taken in the same way as those in a second-hand clothes shop, who rent clothes and return them immediately after the visit is over.
His Holiness, who can reasonably be compared to the wisest of all princes, received with the zeal of his charity this Queen of Sheba, whom he approached in such fine attire and made her understand that faith is less the food of the body than of the spirit.
Nevertheless, as she cannot deny herself for long, Saint Peter will soon tire of seeing his patrimony eaten by a disguised infidel; he will take revenge on her for the evils that those of her country and her blood have formerly done to him, and he will order his successor to rid himself of this viper that he nourishes in his entrails.
So speculative people believe that she will soon wear the crescent to supplant the Grand Seigneur, who is too well aware of her good qualities not to have her go through a charge of eunuchs before enrolling her in his seraglio. For my part, knowing her, as I do, to be of an amorous and hungry complexion, I believe that she will not risk it all. I do not despair of seeing the name of Signora Cristina in a role of our Roman sisters to go with my shield to knock at her door, to expose myself to hearing una signora impedita, or even un sote padrono.
If you are only waiting for this so you can leave, you must not delay, for I know the carpenter who has orders to make the jealousy with which she will command the courtiers of the Piazza di Spagna. Nevertheless, as it is the duty of one who undertakes to share glory without passion not to distribute the myrtle or the laurel according to his whim, I must tell you that there is little prudence that goes where the Queen of Sweden has carried hers.
She cleverly prevented the trap that was being set for her scepter. She knew that the Estates of her kingdom wanted to use the right they had to make their kings by obliging her to give them one who was her husband, or else to get rid of her purple. The repugnance she had for the former, I have left to the curious to examine; reason made her accept the latter. She left with glory what she had not been able to keep without shame, and she generously abandoned what she could only let be torn from her with cowardice.
But admit that the same action has never had so many motives and that it was necessary to have a quite extraordinary address to give as much pomp to the renunciation of her kingdom and her heresy, as she has given it. She wanted to show to the whole earth that if fortune has given her kingdoms, her virtue is no less able to refuse them; that if she had known how to vanquish those who opposed the happiness of her people with the same ease, she has triumphed over the enemies of her own glory.
She wanted to test the faith of future centuries, which will never believe that a woman has so greatly despoiled herself of ambition as to have been able to persuade a queen to leave her kingdom and at the same time to tarnish the actions of the past, which has never seen anyone but kings abandon their lives with their states; or, if they survived so considerable a loss, it was clear that they gave way in politics, and not in generosity.
If she has turned her eyes towards the Church, she was told that it alone was the object of all her actions, that she knew well that if the laws of our salvation command us to pass over the bellies of our fathers and mothers when they serve as an obstacle to our eternal happiness; that, with all the more reason, a crown was too light a weight to delay this generous design; that she was not unaware that the path which leads to perfect beatitude was not strewn with roses.
That the Kingdom of Heaven was being carried away by force, and that those who did the most violence to themselves arrived there first; and that thus, shaking off the yoke to which her education and her own inclination subjected her, she came to ask protection from this good mother, who shares her children with such liberality. It was not enough to satisfy the general; it was still necessary to satisfy the particular. Generosity and faith were already shared. Love, which has a right to all good actions, did not want to cede the pretensions it had on this lady.
You understand well what I mean. You do not doubt that the Queen of Sweden has made good use of this voluntary abjuration to her dear Pimentel. You are not one of those who heard this long conversation with the royal ambassador when, tired of doing the affairs of the King of Spain and the Queen of Sweden, he begged her to allow him to leave, excusing himself on the grounds of his weakness which forbade him from continuing any longer in a charge which required more advantageous qualities than those which nature had given him; and that finally he considered himself as powerless to recognise the kindness which Her Majesty had for him, as she was prompt to give him testimonies of it at all times.
"A questo la mitissima Isabella,
Declinando la faccia lagrimosa
E congiungendo la sua bocca a quella
d'Urbin, lucidetta come la rosa,
Disse: Non vi pensate già, mia vita,
Far senza me questa ultima partita.
Di ciò, cor mio, nessun timor vitorchi,
Ch'io vo seguirvi in ciel ove in inferno,
Convien che l'uno e l'altro spirito corchi
Insieme e sempre insieme stia in eterno."
Because Heaven has destined me for you, it scorns all other advantages to assert its present. The trophies of love are made only of overturned thrones and broken crowns. I mock what people will say, I say taunt the sacrifices that are made for reasons of state, and then when one would not judge according to the parity of my intention.
"Facilmente ogni scusa qui s'ammette
Quando in amor la colpa si riflette."
She said, after a thousand other things which made it well known, that she spoke with truth; and judge for yourself if I depart from it, as the whole earth has seen that she has renounced her purple. The faithful have always rejoiced to see a conquest of this importance take place in the congregation, and Pimentel has stood assiduously in the service.
After having spoken to you of such a well-turned mind, I foresee that you will ask me if the body responds to it; and if the cage is made for this chisel, all painters have tried to make a copy, but art has imitated nothing less than nature. Know it by this light crayon, which does not fard.
She has a forehead that is broad in its outline, [...] imperceptibly between the two eyes, of which she has a blue background, covered with a white dagger for the safety of those who have the boldness to look at them fixedly. Their movement is wandering and not very assured. Her eyebrows are brown, large, big, very well provided and joining one to the other. Her nose is of just measure. Her mouth confines her ears, which, by a very particular prerogative, she recognises as she wants.
Her teeth are very white and well aligned. Her chin is a bit dimpled, but it widens at the ends into two jaws of reasonable width. Her hair, which is naturally blond, would put Phoebus' rays to shame without a black wig covering it. The curious can be satisfied, for she has hair all over her.
Her neck is thick and short. The base of her gorge (don't do me a trial for this word, because it would find supporters in the Academy) is extremely thin. Two bones, which descend from the navel [?], have the commission of supporting her bubbies, one of which, according to the situation of the [...], is high and the other low; and both, by an admirable symmetry, make a sword guard à l'espagnole.
See how she is in this part up to the [gorge]. But to return to her bubbies, they are of an oblong square figure, besides the soft and the hard. Their small end is dry and long, like that of a wetnurse. Her arms are in the same deviation as her coussinets, often covered with peau d'Espagne. The left one advances extraordinarily and leaves between the two shoulders such a large gap that someone zealous for the public good could run there, like Curtius mounted on his horse.
Her hands are short and thin. The resilience of her wrist is very easy. Her sides are very skinny. Her belly has some gaps, a sign of earth well cultivated for its felicity. Her navel is higher than is usual for women. The bottom of her pubic bone is sharp like the rocks of the Grande Chartreuse, covered with a forest whose height or thickness the sun never penetrates, at the edge of which is a cypress tree of extraordinary greatness, which is reborn at all times despite the care the doctor takes to have it cut down. It is bordered by a precipice, of the same shape as the Piazza Navona. The comparison is not faulty, because the middle of both is equally decorated with a needle, of which you cannot explain the hieroglyphs.
But allow me not to abandon myself any further, for fear of being buried like the others in this abyss. Two large thighs, quite long and of the colour of porphyry, support this edifice, which are attached to two short legs; and the whole thing rests on two nervous, wide and flat pisés. I leave it to those who are now working after her posterior part to bring to light its beauties.
Her whole body is entirely hairy. The rest of her physiognomy wants che peloso sia generose, forte o lussurioso [that a hairy person be generous, strong or lustful]. She publicly admits that she has no first part — she counterfeits the second. As for the last one, she fully authorises the axiom.
Her height is between tall and medium. Her gesture is frequent, her movement thick, her speech strong. Do not be surprised, for she comes from a vault. She flies rather than walks. Finally, her temperament is hot and humid, and consequently she is choleric and easily retains the first ideas. She is a little bit of a diamond in the rough at first; but, provided that Bucephalus does not see his shadow, Alexander easily tames him.
Here is a sketch of what you want. Since I have gradually freed myself from political reasoning to throw myself into history, learn about her occupations.
As soon as she entered the lands of the Church, she was received by four nuncios whom His Holiness had sent there to render everywhere the honours due to her majesty. You have heard of the fanfares of the Poles, and the noise described with joy from all the places where she passed has reached your ears.
Having arrived at Fano, the ladies regaled her with a ball, where the three goddesses, who recognised a shepherd as judge of their beauty, never displayed so much grace and charm as the eyes of one of the beauties who helped to compose this amiable assembly. The Queen, touched by her charms, gave her the prize and, after having offered her some flowers, she called one of the nuncios, whom she asked to express to this beauty some of the feelings which the sight of so beautiful a face inspired in her. He excused himself, asking Her Majesty to give this commission to another of his colleagues whom he named, who would acquit himself of it better than he.
This substitute is of a very ancient race. The head of his family was already a priest in Sodom at the time it perished by the flames. He found himself on the side of the sedicious, and consequently he was burned, like the others. From his ashes other Sodomite phoenixes arose, from which the one I am speaking to you of is descended in a direct line. The Queen, learned in his genealogy, replies to the compliment of the first: "Monsignor Giovanni Caraccioli si contenta solamente di dar contento a suoi paggi" — "Monsignor Giovanni Caraccioli is content only to please his pageboys".
And from there she came here, where she entered only at night into the apartment that His Holiness had prepared for her in the Vatican [...], whom she went to kiss the feet of some time after she had arrived. This interview took place with much joy on both sides.
The next day, Her Majesty, smitten with benedictions, crossed two galleries each 300 paces long, a row of 40 rooms and 3 great halls all alone — with no other company than her manic mind — and went to surprise the Pope, who, to avoid a greater accident, asked her to go and lodge in the Palazzo Farnese, without apprehending anything but the severe virtue of the [...].
Her court is composed of those who left Brussels with her, as you know. Some Italians have taken their places there. God knows how the Roman ladies do not pay her any visits; and the princes, who are naturally morose here, avoid seeing her as much as they can so as to avoid remaining bareheaded and waiting. Her conquering humour could not have remained long without giving itself practice.
Monsignor Colonna was the first to yield to her blows. He is archbishop in partibus. He believed at first on the Queen's arrival that it was the income of his bishopric that was brought to him, and he prepared to enjoy it as a good family father. But, finding more bitterness than he had hoped for, he realised that he still had to deal with the infidels.
Nevertheless, as by all paths one arrives at Kristina's tender, he did not despair. His extreme frequentation, his assiduity and his repeated presents paid him one from which he could not stray, because he is [...].
He made Her Majesty's page a confident of his loves, whom he asked some time ago if the powder he had put on three hairs that border his priestly crown had pleased the Queen. The page answered him that if he wanted to be admired to the point of astonishment by a completed gallantry, he should powder his mustache of light hair and wide as a swallow's tail, finally trimmed à la colonne.
He left this page to go and take advantage of his advice and retired to a private room, where, widening his beard more than usual, he waxed it, combed it and powdered it to confusion; and in this équipage de Jean, floured, went to find the Queen in her chamber, who, informed of this beautiful spectacle, received this friend so pleasantly that Marmetre and Scaramouche have never done anything equal.
If love is born of sympathy, our Majesty's affairs are in good order, as she finds a mind as ridiculous as her own. Those who nevertheless excuse all things believe that the Queen will be amused by this comedy, that Monsignor Colonna will be fooled, and that the intriguing page will pay the tax imposed on the trade that the handsome Ganymedes, like him, have with the Italians.
The Pope, warned of this mummery, has forbidden the Archbishop to enter the Queen's palazzo. Despite all the guards who line all the avenues, he does not stop going every evening to sound a pasquille on the guitar under Her Majesty's window and to try by a few interrupted sighs to move her truly royal pity. This contagious fire has also attached itself to her secretary, who has already trampled underfoot the respect he owes to his master.
To use his right of rival, he already sends kisses with both hands to the Queen, but his plan will not succeed, because a certain red barrette which comes to the crossbar silences many people who had the same desire as him.
This cardinal was in the last reign legate in Olympia, a city famous for having been for a long time the seat of a pope and for the traffic it maintained with all sorts of nations of a certain merchandise called benefice — which, ruined after the death of its particular government, was reduced to a small village in the form of a badly policed republic, which made this most eminent personage withdraw. He nevertheless acquitted himself so well of his office that he acquired great esteem, — and, it is believed that Kristina's door, — although very well fortified by nature, according to the plan that I have made to you, will not resist for long, because the inhabitants are of good composition.
I would never finish if I told you all the disorder that this victorious Amazon makes. She is the only one seen in the city; she rolls over all the convents of monks and nuns. This article would give me plenty of material to talk about, but it would only be repeating what so many learned pens have written. Sometimes she speaks wisely of the Spaniards in general when she is in her amorous anger against the particular, in whatever state.
She calls the French mad and thoughtless to diminish the glory that Anne of Austria has in commanding such an accomplished nation, for you know that there is always jealousy among people. And finally she concludes that the whole earth must serve as a stepping stone for the Italians, and that with joy she submits to this powerful nation, which she recognises above all others as having a very particular air of reigning.
But I do not perceive that this is too much an abuse of your patience. Words are never lacking on a bad subject that I have made good, as far as the fidelity of the history allows. I will rob you of some of your moments so as to give you the continuation of it and to make you know by the zeal that I have to satisfy you, I being him who will always eagerly seek the opportunity to testify to you, etc.
Notes: the mall = pall mall, a 17th century game in which a ball was driven along an alley and through a hoop using a mallet.
"A questo la mitissima Isabella, Declinando la faccia lagrimosa, E congiungendo la sua bocca a quella, d'Urbin, lucidetta come la rosa, Disse: Non vi pensate già, mia vita, Far senza me questa ultima partita. Di ciò, cor mio, nessun timor vitorchi, Ch'io vo seguirvi in ciel ove in inferno, Convien che l'uno e l'altro spirito corchi, Insieme e sempre insieme stia in eterno." = "At this the most gentle Isabella, Lowering her teary face, And joining her mouth to that of Urbino, bright as the rose, Said: Do not think, my life, To make this last departure without me. Of this, my heart, let no fear prevail, That I will follow you to Heaven or to Hell, Both spirits must run, Together and always together for eternity." — «Alors la très douce Isabelle, baissant son visage en larmes, Et joignant sa bouche à celle d'Urbino, brillante comme la rose, Lui dit: Ne pensez pas, ma vie, A faire ce dernier départ sans moi. De ceci, mon cœur, ne craignez rien, Que je vous suive au ciel ou en enfer, Les deux esprits doivent courir, Ensemble et toujours ensemble pour l'éternité.» — »Vid detta den sötaste Isabella, sänkte sitt tårfyllda ansikte, Och förenade sin mun med Urbinos, ljus som rosen, sade: Tänk inte, mitt liv, Att göra denna sista avgång utan mig. Av detta, mitt hjärta, låt ingen fruktan råda, Att jag skall följa Er till himlen eller till helvetet, Båda andarna måste springa, Tillsammans och alltid tillsammans i evighet.«
"Facilmente ogni scusa qui s'ammette, Quando in amor la colpa si riflette." = "Easily any excuse is admitted here, When in love the fault is reflected." — «Ici, n'importe quelle excuse est facilement admise, Quand en amour la faute est reflétée.» — »Lätt alla ursäkter medges här, När felet återspeglas i kärlek.«
Scaramouche (Scaramuccia; "little skirmisher") is a stock clown character of the 16th century commedia dell'arte (comic theatrical arts of Italian literature). The role combined characteristics of the Zanni (servant) and il Capitano (masked henchman), with some assortment of villainous traits. Usually attired in black Spanish dress and burlesquing a don, he was often beaten by Harlequin for his boasting and cowardice.
Ganymede is a divine hero and an adolescent Trojan boy in Ancient Greek mythology. Homer describes him as the most handsome of mortals and tells the story of how he was abducted by the gods to serve as Zeus's cupbearer (cue unfortunate etc.) on Mount Olympus.
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