Sunday, March 16, 2025

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, August 1647

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 159 to 171, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675


Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 166 to 178, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826


Mémoires concernant Christine, volume 1, page 106 and footnote (2), Johan Arckenholtz, 1751



Above: Kristina.

The excerpts:

Nous avons déja dit qu'un des artifices qui donnoit le plus de peine à vuider pour la conclusion de la Paix, estoit la satisfaction de la Milice, on trouva à propos d'en arrêter la somme dans le Traité de Paix, le Conseil de Suede n'y voulut pas toucher, & en laissa la limitation à la prudence des Plenipotentiaires, estimant qu'ils estoient trop avisez pour ne pas regler cét article dans le Traité general: car on ne doutoit pas qu'encore que la somme fust arrêtée, il n'y restast toûjours de grandes difficultez à la levée, & au payement.

Mais le sieur Chanut se trouvoit fort empêché pour le payement des Vaisseaux, qu'il avoit achetez pour la France, le premier payement estant écheu, & le second approchant, la Reine le sollicitoit doucement non pas comme en demandant, mais comme par forme d'avertissement, & luy disoit, qu'elle ne doutoit pas que leurs Majestez n'y donnassent ordre: Et en ce mesme temps le sieur Chanut recut une lettre, portant pouvoir, aprés quoy il prit du sieur de Geer une promesse de fournir à la Reine de Suede au jour y nommé les sommes qui manquoient pour faire l'entier payement de tout ce que leurs Majestez devoient de reste, de quoy la Reine se tint fort satisfaite.

Vers le milieu du mois d'Aoust le General Quinck Escossois, qui avoit autrefois servi le feu Roy Gustave, & depuis le Roy d'Angleterre, arriva en Suede pour y chercher de l'employ: car le Parlement d'Escosse l'avoit dépoüillé de tous ses biens; Il se presenta à la Reine, & luy dit, que si elle ne luy faisoit la grace de le recevoir à son service, qu'il n'avoit point d'autre retraite que l'Hospital. On disoit neantmoins qu'il luy avoit fait voir une lettre du Roy d'Angleterre, où il témoignoit la satisfaction qu'il avoit de ses services, & le déplaisir de ne les pouvoir reconnoître; mais ceux qui le connoissoient disoient que cette demande d'employ n'estoit qu'un pretexte, & qu'il avoit quelque chose à proposer, ou de la part du Roy, ou du Parlement avec lequel on disoit qu'il s'estoit bien remis.

Sur les instances continuelles que le sieur Chanut faisoit à la Reine de Suede, & à ses Ministres, pour les porter à appuyer la France dans la demande qu'elle faisoit, que l'Empereur ne put secourir l'Espagne apres la Paix, mesme en qualité d'Archiduc, le Conseil s'assembla, & on mit en déliberation, si sur cette seule difficulté on devoit differer de conclure la Paix, la Reine en donna avis au sieur Chanut, & l'ayant appellé à l'Audience, elle luy dit que le sentiment de la pluspart, estoit que l'on se contentât des premiers offres pour appuyer cette demande, & que si l'Empereur ne se relâchoit, la Suede pouvoit & devoit conclure; sur quoy elle leur avoit dit qu'il ne faloit plus deliberer sur ce point, puisqu'elle l'avoit resolu par les ordres qu'elle avoit donnez à ses Ministres, d'appuyer la France jusques à l'extremité; ce qui avoit fort surpris la Compagnie, quand elle apprist que sa Majesté s'estoit determinée sans en avoir parlé au Senat, qu'ils s'estoient tous élevez contre le refus que la France faisoit de payer le subside qu'elle devoit jusques à la paix, & qu'ils disoient que la France estoit fort liberale à faire des offres extraordinaires aux Hollandois, qui la trompoient, pendant qu'elle refusoit à ses amis, qui l'assistoient, le payement de ce qu'elle leur devoit; que ses Ministres avoient toûjours regardé le subside comme la baze de l'Alliance, pour elle qu'elle n'avoit jamais eu une pensée si basse, qu'elle rougissoit de honte de presser leurs Majestez Tres-Chrestiennes sur une affaire d'argent, que bien qu'il n'y eut rien de plus juste que cette demande, elle estimoit un peu au dessous de sa generosité, & de son affection, d'en faire une si forte instance; mais qu'elle prevoyoit que si leurs Majestez ne contribuoient à ses bonnes intentions elles l'exposeroient aux plaintes, & aux dégoûts des siens, qui pourroient à la fin produire de mauvais effets; mais que payant le subside on la laissast agir, qu'elle sçauroit bien réduire ceux qui contredisoient les demandes de la France, & qu'elle donneroit enfin des preuves à leurs Majestez, qu'elles n'avoient point au monde de plus fidelle amitié que la sienne, en suite de quoy elle pria le sieur Chanut d'écrire aux Plenipotentiaires de France de ne point s'étonner d'entendre les siens crier fort haut, & de les asseurer au fond de son affection, afin qu'ils ne conceussent point de mauvaise opinion de leurs paroles, & que puisqu'elle s'ouvroit si facilement à luy, elle prioit les Ministres du Roy qui estoient à Munster de tenir cette confidence secrette, & que mesme les siens ne la connussent point.

Parmi toutes ces contradictions la France ne perdoit point le desir de la possession de Benfeld, & l'on en écrivoit sans cesse au sieur Chanut, qui espioit l'occasion pour cela, & mesme il esperoit que la Reine la voulant donner pour récompense au Comte Magnus, la France la pouvoit avoir tres-aisément de luy, mais il fut obligé de détromper la Cour sur l'opinion qu'elle avoit que ce Comte eût un tres-grand credit sur l'esprit de la Reine, il estoit vray qu'elle luy vouloit beaucoup de bien, mais c'estoit avec une retenuë si sage, qu'elle ne luy pouvoit donner l'audace de s'eslever, & il estoit sans doute à prejuger dans la conduite de la Reine, que si cette Place ne tomboit en ses mains, & de là en celles de la France par les voyes ordinaires, elle ne voudroit pas qu'on fist des efforts extraordinaires à la veuë de toute l'assemblée, pour une chose dont elle vouloit faire un present à ce Comte.

Sur l'avis que l'on eût en France que la Reine de Suede, & son Chancelier avoient esté en quelque froideur, & que l'accommodement s'estoit fait par l'entremise du Connétable, le Comte Drost present; encore qu'on n'en sçeût pas le détail, on presuma bien de l'esprit de la Reine, qu'elle luy avoit témoigné de l'estime & de l'affection pour sa personne, sans ployer, jusques à luy dire, qu'il fût necessaire à son Estat, ni qu'elle se trouveroit embarrassée s'il se retiroit, on croyoit que la froideur du Chancelier venoit de sa haute suffisance, & des grands services qu'il avoit rendus: car la Reine craignoit que si elle s'abandonnoit à ses conseils, ce qu'elle avoit de lumiere, & d'autorité, ne fut comme noyé dans la reputation de ce grand homme, & que quoy qu'elle y contribuât, tout seroit attribué à la sagesse de son Ministre; c'est pourquoy elle se passoit de luy en plusieurs rencontres, ne le consultant que comme les autres Ministres, sans marquer la difference tres-grande qu'il y avoit de son experience à celle de ses autres Conseillers, ainsi il estoit impossible qu'un homme de son âge, & d'un profond sçavoir dans les affaires, qui seul avoit soûtenu le faix de l'Estat pendant tant d'années, qui l'avoit remis à la Reine si florissant à la fin de sa Tutelle, qui sentoit encore les forces de son esprit entieres, & qui sçavoit combien il pouvoit contribuer au bien de sa Patrie, fust traité comme une personne du commun par une Princesse de vingt ans; Il estoit dis-je impossible qu'il fust sans ressentiment, & l'on ne doit point trouver étrange qu'il en eut témoigné, en se voyant traiter de la sorte.

Les Suedois alors pressoient fort la France pour la liberté de conscience en Allemagne, ils la proposoient comme une condition reciproque, mais on trouva que cette maxime estoit trop generale, & l'effet trop inégal, parce qu'elle favorisoit entierement les Protestans, à cause du naturel extrémement libre de ses peuples, & de la condition austere de la Religion Romaine; c'est pourquoy on écrivit au sieur Chanut de tâcher à découvrir les desseins de la Suede dans les propositions qui se feroient pour favoriser les Estats Protestans. Les Suedois, qui avoient une ancienne aversion contre le Duc de Bavieres, & qui ne pouvoient prendre une entiere confiance en ce Prince, à cause de l'interest de la Religion, furent éclaircis par la perfidie de Jean de Wert, & les Estats Protestans, qui estoient dans la mesme deffiance, s'efforcerent de persuader aux Ministres de cette Princesse de ne faire aucun fondement de durée sur la neutralité de ce Prince, ni sur l'Alliance des Païs-bas, qui la tromperoient infailliblement, mais qu'elle devoit engager la France dans une tres-étroite union, comme le seul moyen de conserver ses interests dans l'Allemagne.

Mais un jour que le sieur Chanut estoit en conference avec le Connétable de la Garde, ce Ministre Suedois luy dit, qu'il y avoit beaucoup de plaintes au Senat sur le delay, que la France apportoit au payement du subside, & qu'aussi-tost que l'Evesque d'Osnabrug desiroit quelque chose les Ministres François avoient un zele si extraordinaire pour la Religion, qu'ils ne parloient que de retrancher le subside; Que l'on avoit trouvé la Loy que la France vouloit imposer à l'Empereur, de ne secourir point l'Espagne comme Archiduc, trop dure, veu que c'estoit heritier presomptif si le Roy d'Espagne venoit à mourir sans enfans; qu'ainsi il ne faloit pas trouver étrange s'il ne le vouloit pas abandonner, mais il ne consideroit pas que la Reine Regente estoit plus proche heritiere de la Couronne que la branche d'Allemagne: Par ce discours le sieur Chanut connut que si la Reine de Suede n'avoit appuyé fortement cette demande de la France, les suffrages du Senat ne l'auroient pas beaucoup favorisée.

La Reine de Suede eut en ce temps apprehension que la France ne soupçonnât les Suedois d'avoir fomenté la sedition des Allemands de l'armée du Marechal de Turenne, à dessein d'en grossir leurs troupes; parce qu'ils vouloient prendre parti avec le Maréchal Wrangel, elle pria le sieur Chanut d'asseurer leurs Majestez qu'elle n'estoit pas capable d'une si lâche pensée, luy demanda ce qu'il jugeoit à propos de faire en cette occasion pour le service de leurs Majestez, afin d'en écrire au Maréchal Wrangel aux termes qu'il souhaiteroit, & qu'on ne la put pas soupçonner d'avoir blessé en aucune maniere les interests de ses Alliez; mais il luy répondit que sa Majesté ne devoit point apprehender que ses resolutions fussent suspectes à la France, qu'il ne voyoit pas qu'il y eut lieu de changer les premiers ordres qu'elle avoit donnez à ce Maréchal, & qu'il valoit mieux qu'il receut parmi ses troupes ces mutins, & qu'il en formât un Corps séparé, que de les laisser prendre party avec l'ennemy, «mais en ce cas», repartit-elle, «qui les payera?» Le sieur Chanut, qui n'avoit nul ordre, luy dit, qu'aussi-tost que leurs Majestez avoient appris la defection de Jean de Wert, elles avoient écrit au Maréchal de Turenne de ne point repasser le Rhein, & de tâcher de ramener ces mutins par le payement de deux Monstres, & par le pardon de leur faute.

Mais ce qui allarmoit bien plus la Reine de Suede, estoit l'avis qu'on luy avoit donné que dans les conditions du Traité de Garentie entre la France & les Estats, la France estoit obligée de les assister de ces forces Maritimes contre ses Alliez mesmes; car comme les Hollandois ne luy estoient pas trop affectionnez, & qu'ils pretendoient que les impositions qu'elle avoit mises sur les Marchandises dans ses Estats, préjudicioient à la liberté du Commerce de la Mer Baltique, qu'elle jugeoit aussi que le Dannemark, & la Pologne seroient toûjours prests à faire ligue contre elle, & que si en mesme temps elle avoit à combattre les forces Navalles de tous ces Estats, elle ne voyoit point de secours plus present que celuy de la France; Elle pria le sieur Chanut de faire à leurs Majestez ses Remontrances là-dessus, pour les porter à rayer cette condition, & de restraindre par un escrit authentique ce terme d'Alliez au seul Portugal, ou du moins en excepter la Suede, par le discours pressant qu'elle luy fit, il paroissoit que cette Princesse attendoit en cette rencontre des preuves de l'amitié de la France qui répondissent à celles qu'elle leur avoit données. Aussi le sieur Chanut luy ayant soustenu que ce discours qu'on luy avoit fait estoit une malice des Ennemis de la France, & que quand bien on auroit passée cette clause, elle se devoit entendre que la France n'assisteroit point ses Alliez, au cas que lesdits Alliez fussent aggresseurs, elle en demeura tres-satisfaite.

Il arriva ensuite une grande nouvelle dans une Gazette, qui vint d'Amsterdam, & qui tomba entre les mains du Prince Charles Palatin, elle disoit que le Mareschal de Gassion ayant deffait l'Armée Espagnole, dont il estoit demeuré six mille hommes sur la place, avoit pris la Bassée, que l'Archiduc estoit blessé, le Duc Charles tué, & le General Lamboy, & plusieurs autres prisonniers; Ce Prince porta aussi-tost avec empressement cette Gazette à la Reine, & luy dit en l'abordant qu'il avoit les meilleures nouvelles du monde à luy apprendre touchant la France, cette Princesse qui prenoit un interest tres-particulier aux prosperitez de cet Estat témoigna beaucoup d'impatience, de sçavoir ce que c'estoit. Le Prince d'un air enjoüé, luy dit, qu'il les luy diroit, pourveu que sa Majesté voulust luy donner le cheval qu'elle luy avoit refusé. «Fort volontiers», repartit la Reine, «si la chose le merite, & lors qu'elle l'eut appris, je vous le donne de bon cœur», luy dit-elle, «& si vous aviez bien sceu faire valoir cette bonne nouvelle, vous en eussiez pû obtenir une douzaine.»

Mais comme toutes les bonnes choses sont ordinairement traversées des mauvaises, ces bonnes nouvelles furent suivies de tres-fascheuses, & qui donnerent beaucoup d'inquietude à son Conseil, on disoit que le Mareschal Wrangel avoit esté obligé de donner Bataille à l'Empereur en personne, mais on ne parloit pas clairement du succés, les esprits en estoient fort émeus, & sa Majesté ne feignoit point de dire qu'elle ne dormiroit point de bon sommeil jusques à ce qu'elle en eut un avis certain, il y avoit apparence que si les Suedois eussent eu l'avantage, on auroit fait porter à l'Empereur la peine du peril, où il s'estoit exposé, & il estoit à croire que de quelque costé que la fortune eust incliné, l'on ne s'en fust pas tenu aux termes des conventions qui avoient esté accordées.

Il y eut aussi nouvelle que le Baron Oxenstiern s'estoit retiré d'Osnabrug, sans avoir arresté les affaires du Duc de Bavieres, le sieur Chanut en ayant fait plainte à la Reine, & luy ayant representé combien il importoit aux deux Couronnes de donner contentement à ce Prince, Sa Majesté qui n'en estoit point advertie, le remercia de son advis, & luy dit, qu'elle feroit écrire à ses Ministres de ne point hesiter sur la satisfaction du Duc de Bavieres. Cependant le Baron Oxenstiern, pour rendre suspect le sieur Salvius auprés de la Reine, écrivit à sa Majesté une Lettre qui portoit en substance qu'il ne luy écrivoit point en particulier l'estat des Traitez, parce qu'il sçavoit que le sieur Salvius ne manquoit pas de l'en informer; qu'il estoit neantmoins obligé de luy dire qu'il travailloit de sa part tout autant qu'il pouvoit pour conclure promptement, ainsi que sa Majesté le luy avoit ordonné; mais qu'il n'avançoit rien, parce que les François, & le sieur Salvius tiroient tout en longueur, ce qui luy donnoit sujet de croire que peut-estre il avoit des ordres secrets de sa Majesté, qui ne luy estoient pas communiquez, ou qu'il adheroit par quelque motif particulier aux pretentions de la France; Cette lettre bien loin de nuire au sieur Salvius ne servit qu'à rendre le Baron encor plus odieux à la Reine, qui s'offensa de ce qu'il sembloit se plaindre, & luy reprocher tacitement qu'elle ne se fioit pas en luy de son secret.

On disoit que l'empressement que tesmoignoit ce Baron estoit un artifice du Chancelier, qui luy avoit ordonné d'en user ainsi. En effet les Sages doutoient fort que cela si fist de bonne foy, & par un desir de la Paix: car on disoit que quoy que fist le Chancelier, il ne croyoit pas que la France voulust la Paix, & qu'il pretendoit de gaigner deux choses par ce procedé, l'une de se laver hautement du reproche de l'avoir retardée, l'autre de reduire la France à la necessité de declarer ouvertement à la Suede qu'elle ne vouloit pas la Paix, & en ce cas tirer de nouveaux avantages pour continuer la Guerre.

Enfin il arriva des nouvelles de l'Armée Suedoise qui estoit en Allemagne, ce qui fit cesser les apprehensions que l'on avoit, & donna de bonnes esperances que celle de l'Empereur se ruineroit par la necessité; C'est pourquoy dans l'attente de quelque grand avantage le Conseil ne prenoit aucune resolution, mais asseurément s'il fut arrivé quelque bon succés à la Suede, elle auroit augmenté ses demandes: C'est pourquoy le sieur Chanut s'efforçoit de penetrer l'intention de cette Cour pour la Paix, ou la Guerre; Car il paroissoit par le procedé des Plenipotentiaires à Osnabrug, qu'elle eut mieux aymé pousser ses Conquestes plus avant, que de s'en tenir à de qu'on luy laissoit en partage par les Traitez. Pour venir à bout de ce dessein un jour qu'il parloit à la Reine, il luy dit, qu'on luy mandoit d'Osnabrug, que le sentiment de toute l'Assemblée estoit que ses Plenipotentiaires pensoient plustost à la continuation de la Guerre, qu'à la conclusion du Traité de Paix; «En verité», luy répondit-elle, «mes Ambassadeurs m'escrivent la mesme chose de mes Voisins, & ne croyent pas que la France veüille la Paix, je l'ay desirée, & la souhaitte encore, mais si les Ennemis nous obligent à passer outre, je me resoudray sans peine à recevoir ce que le sort des Armes nous donnera dans la suite.»

With modernised spelling:

Nous avons déjà dit qu'un des artifices qui donnait le plus de peine à vider pour la conclusion de la paix était la satisfaction de la milice. On trouva à propos d'en arrêter la somme dans le traité de paix. Le Conseil de Suède n'y voulut pas toucher et en laissa la limitation à la prudence des plénipotentiaires, estimant qu'ils étaient trop avisés pour ne pas régler cet article dans le traité général, car on ne doutait pas qu'encore que la somme fût arrêtée, il n'y restât toujours de grandes difficultés à la levée et au paiement.

Mais le sieur Chanut se trouvait fort empêché pour le paiement des vaisseaux qu'il avait achetés pour la France, le premier paiement étant échu et le second approchant. La reine le sollicitait doucement non pas comme en demandant, mais comme par forme d'avertissement, et lui disait qu'elle ne doutait pas que Leurs Majestés n'y donnassent ordre.

Et en ce même temps le sieur Chanut reçut une lettre portant pouvoir, après quoi il prit du sieur de Geer une promesse de fournir à la reine de Suède au jour y nommé les sommes qui manquaient pour faire l'entier paiement de tout ce que Leurs Majestés devaient de reste, de quoi la reine se tint fort satisfaite.

Vers le milieu du mois d'août, le général Quinck, écossais, qui avait autrefois servi le feu roi Gustave et depuis le roi d'Angleterre, arriva en Suède pour y chercher de l'emploi, car le Parlement d'Écosse l'avait dépouillé de tous ses biens. Il se presenta à la reine et lui dit que si elle ne lui faisait la grâce de le recevoir à son service, qu'il n'avait point d'autre retraite que l'hôpital.

On disait néanmoins qu'il lui avait fait voir une lettre du roi d'Angleterre, où il témoignait la satisfaction qu'il avait de ses services, et le déplaisir de ne les pouvoir reconnaître; mais ceux qui le connaissaient disaient que cette demande d'emploi n'était qu'un prétexte et qu'il avait quelque chose à proposer, ou de la part du roi, ou du Parlement, avec lequel on disait qu'il s'était bien remis.

Sur les instances continuelles que le sieur Chanut faisait à la reine de Suède et à ses ministres pour les porter à appuyer la France dans la demande qu'elle faisait que l'empereur ne put secourir l'Espagne apres la paix, même en qualité d'archiduc, le Conseil s'assembla, et on mit en déliberation si sur cette seule difficulté on devait différer de conclure la paix.

La reine en donna avis au sieur Chanut, et, l'ayant appelé à l'audience, elle lui dit que le sentiment de la plupart était que l'on se contentât des premiers offres pour appuyer cette demande, et que si l'empereur ne se relâchait, la Suède pouvait et devait conclure, sur quoi elle leur avait dit qu'il ne fallait plus délibérer sur ce point puisqu'elle l'avait résolu par les ordres qu'elle avait donnés à ses ministres d'appuyer la France jusqu'à l'extrêmité.

Ce qui avait fort surpris la compagnie quand elle apprit que Sa Majesté s'était déterminée sans en avoir parlé au Sénat qu'ils s'étaient tous élevés contre le refus que la France faisait de payer le subside qu'elle devait jusqu'à la paix, et qu'ils disaient que la France était fort libérale à faire des offres extraordinaires aux Hollandais, qui la trompaient, pendant qu'elle refusait à ses amis, qui l'assistaient, le paiement de ce qu'elle leur devait.

Que ses ministres avaient toujours regardé le subside comme la base de l'alliance, pour elle qu'elle n'avait jamais eu une pensée si basse qu'elle rougissait de honte de presser Leurs Majestés Très Chrétiennes sur une affaire d'argent, que bien qu'il n'y eut rien de plus juste que cette demande, elle estimait un peu au-dessous de sa générosité et de son affection d'en faire une si forte instance; mais qu'elle prévoyait que si Leurs Majestés ne contribuaient à ses bonnes intentions, elles l'exposeraient aux plaintes et aux dégoûts des siens, qui pourraient à la fin produire de mauvais effets, mais que, payant le subside, on la laissât agir, qu'elle saurait bien réduire ceux qui contredisaient les demandes de la France, et qu'elle donnerait enfin des preuves à Leurs Majestés qu'elles n'avaient point au monde de plus fidèle amitié que la sienne.

Ensuite de quoi elle pria le sieur Chanut d'écrire aux plénipotentiaires de France de ne point s'étonner d'entendre les siens crier fort haut et de les assurer au fond de son affection, afin qu'ils ne conçussent point de mauvaise opinion de leurs paroles, et que, puisqu'elle s'ouvrait si facilement à lui, elle priait les ministres du roi, qui étaient à Münster, de tenir cette confidence secrète, et que même les siens ne la connussent point.

Parmi toutes ces contradictions, la France ne perdait point le désir de la possession de Benfeld, et l'on en écrivait sans cesse au sieur Chanut, qui épiait l'occasion pour cela, et même il espérait que la reine, la voulant donner pour récompense au comte Magnus, la France la pouvait avoir très aisément de lui, mais il fut obligé de détromper la cour sur l'opinion qu'elle avait que ce comte eût un très grand crédit sur l'esprit de la reine.

Il était vrai qu'elle lui voulait beaucoup de bien, mais c'était avec une retenue si sage qu'elle ne lui pouvait donner l'audace de s'élever, et il était sans doute à préjuger dans la conduite de la reine que si cette place ne tombait en ses mains, et de-là en celles de la France par les voies ordinaires, elle ne voudrait pas qu'on fît des efforts extraordinaires à la vue de toute l'assemblée pour une chose dont elle voulait faire un présent à ce comte.

Sur l'avis que l'on eût en France que la reine de Suède et son chancelier avaient été en quelque froideur et que l'accommodement s'était fait par l'entremise du connétable, le comte-drost présent — encore qu'on n'en sût pas le détail, — on présuma bien de l'esprit de la reine qu'elle lui avait témoigné de l'estime et de l'affection pour sa personne, sans ployer jusqu'à lui dire qu'il fût nécessaire à son État, ni qu'elle se trouverait embarrassée s'il se retirait.

On croyait que la froideur du chancelier venait de sa haute suffisance et des grands services qu'il avait rendus, car la reine craignait que si elle s'abandonnait à ses conseils, ce qu'elle avait de lumière et d'autorité ne fut comme noyé dans la réputation de ce grand homme, et que, quoi qu'elle y contribuât, tout serait attribué à la sagesse de son ministre.

C'est pourquoi elle se passait de lui en plusieurs rencontres, ne le consultant que comme les autres ministres, sans marquer la différence très grande qu'il y avait de son expérience à celle de ses autres conseillers. Ainsi il était impossible qu'un homme de son âge et d'un profond savoir dans les affaires, qui seul avait soutenu le faix de l'État pendant tant d'années, qui l'avait remis à la reine si florissant à la fin de sa tutelle, qui sentait encore les forces de son esprit entières, et qui savait combien il pouvait contribuer au bien de sa Patrie, fût traité comme une personne du commun par une princesse de vingt ans. Il était, dis-je, impossible qu'il fût sans ressentiment, et l'on ne doit point trouver étrange qu'il en eût témoigné en se voyant traiter de la sorte.

Les Suédois alors pressaient fort la France pour la liberté de conscience en Allemagne. Ils la proposaient comme une condition réciproque, mais on trouva que cette maxime était trop générale et l'effet trop inégal, parce qu'elle favorisait entièrement les protestants, à cause du naturel extrêmement libre de ses peuples et de la condition austère de la religion romaine; c'est pourquoi on écrivit au sieur Chanut de tâcher à découvrir les desseins de la Suède dans les propositions qui se feraient pour favoriser les États protestants.

Les Suédois, qui avaient une ancienne aversion contre le duc de Bavière et qui ne pouvaient prendre une entière confiance en ce prince, à cause de l'intérêt de la religion, furent éclaircis par la perfidie de Jean de Werth, et les États protestants, qui étaient dans la même défiance, s'efforcèrent de persuader aux ministres de cette princesse de ne faire aucun fondement de durée sur la neutralité de ce prince, ni sur l'alliance des Pays-Bas, qui la tromperaient infailliblement, mais qu'elle devait engager la France dans une très étroite union, comme le seul moyen de conserver ses intérêts dans l'Allemagne.

Mais un jour que le sieur Chanut était en conférence avec le connétable de la Garde, ce ministre suédois lui dit qu'il y avait beaucoup de plaintes au Sénat sur le délai que la France apportait au paiement du subside, et qu'aussitôt que l'évêque d'Osnabrück désirait quelque chose, les ministres français avaient un zèle si extraordinaire pour la religion qu'ils ne parlaient que de retrancher le subside; que l'on avait trouvé la loi que la France voulait imposer à l'empereur de ne secourir point l'Espagne comme archiduc trop dure, vu que c'était héritier présomptif si le roi d'Espagne venait à mourir sans enfants; qu'ainsi il ne fallait pas trouver étrange s'il ne le voulait pas abandonner, mais il ne considérait pas que la reine-régente était plus proche héritière de la Couronne que la branche d'Allemagne.

Par ce discours le sieur Chanut connut que si la reine de Suède n'avait appuyé fortement cette demande de la France, les suffrages du Sénat ne l'auraient pas beaucoup favorisée.

La reine de Suède eut en ce temps appréhension que la France ne soupçonnât les Suédois d'avoir fomenté la sédition des Allemands de l'armée du maréchal de Turenne, à dessein d'en grossir leurs troupes, parce qu'ils voulaient prendre parti avec le maréchal Wrangel. Elle pria le sieur Chanut d'assurer Leurs Majestés qu'elle n'était pas capable d'une si lâche pensée, lui demanda ce qu'il jugeait à propos de faire en cette occasion pour le service de Leurs Majestés, afin d'en écrire au maréchal Wrangel aux termes qu'il souhaiterait, et qu'on ne la pût pas soupçonner d'avoir blessé en aucune manière les intérêts de ses alliés.

Mais il lui répondit que Sa Majesté ne devait point appréhender que ses résolutions fussent suspectes à la France, qu'il ne voyait pas qu'il y eut lieu de changer les premiers ordres qu'elle avait donnés à ce maréchal, et qu'il valait mieux qu'il reçut parmi ses troupes ces mutins, et qu'il en formât un corps séparé que de les laisser prendre parti avec l'ennemi.

«Mais en ce cas», répartit-elle, «qui les payera?»

Le sieur Chanut, qui n'avait nul ordre, lui dit qu'aussitôt que Leurs Majestés avaient appris la défection de Jean de Werth, elles avaient écrit au maréchal de Turenne de ne point repasser le Rhin et de tâcher de ramener ces mutins par le paiement de deux montres et par le pardon de leur faute.

Mais ce qui alarmait bien plus la reine de Suède était l'avis qu'on lui avait donné que, dans les conditions du traité de garantie entre la France et les États, la France était obligée de les assister de ces forces maritimes contre ses alliés mêmes, car comme les Hollandais ne lui étaient pas trop affectionnés et qu'ils prétendaient que les impositions qu'elle avait mises sur les marchandises dans ses états préjudiciaient à la liberté du commerce de la mer Baltique — qu'elle jugeait aussi que le Danemark et la Pologne seraient toujours prêts à faire ligue contre elle, et que, si en même temps elle avait à combattre les forces navales de tous ces États, elle ne voyait point de secours plus présent que celui de la France.

Elle pria le sieur Chanut de faire à Leurs Majestés ses remontrances là-dessus pour les porter à rayer cette condition et de restreindre par un écrit authentique ce terme d'alliés au seul Portugal, ou du moins en excepter la Suède. Par le discours pressant qu'elle lui fit, il paraissait que cette princesse attendait en cette rencontre des preuves de l'amitié de la France, qui répondissent à celles qu'elle leur avait données.

Aussi, le sieur Chanut lui ayant soutenu que ce discours qu'on lui avait fait était une malice des ennemis de la France et que, quand bien on aurait passée cette clause, elle se devait entendre que la France n'assisterait point ses alliés, au cas que lesdits alliés fussent agresseurs, elle en demeura très satisfaite.

Il arriva ensuite une grande nouvelle dans une gazette qui vint d'Amsterdam et qui tomba entre les mains du prince Charles palatin. Elle disait que le maréchal de Gassion, ayant défait l'armée espagnole (dont il était demeuré six mille hommes sur la place), avait pris La Bassée, que l'archiduc était blessé, le duc Charles tué, et le général Lamboy et plusieurs autres prisonniers.

Ce prince porta aussitôt avec empressement cette gazette à la reine et lui dit en l'abordant qu'il avait les meilleures nouvelles du monde à lui apprendre touchant la France. Cette princesse, qui prenait un intérêt très particulier aux prospérités de cet État, témoigna beaucoup d'impatience de savoir ce que c'était. Le prince, d'un air enjoué, lui dit qu'il les lui dirait, pourvu que Sa Majesté voulût lui donner le cheval qu'elle lui avait refusé.

«Fort volontiers», repartit la reine.

«Si la chose le mérite, et lorsqu'elle l'eut appris, je vous le donne de bon cœur», lui dit-elle; «et, si vous aviez bien su faire valoir cette bonne nouvelle, vous en eussiez pu obtenir une douzaine.»

Mais, comme toutes les bonnes choses sont ordinairement traversées des mauvaises, ces bonnes nouvelles furent suivies de très fâcheuses, et qui donnèrent beaucoup d'inquiétude à son Conseil. On disait que le maréchal Wrangel avait été obligé de donner bataille à l'empereur en personne, mais on ne parlait pas clairement du succès. Les esprits en étaient fort émus, et Sa Majesté ne feignait point de dire qu'elle ne dormirait point de bon sommeil jusqu'à ce qu'elle en eut un avis certain.

Il y avait apparence que si les Suédois eussent eu l'avantage, on aurait fait porter à l'empereur la peine du péril où il s'était exposé, et il était à croire que, de quelque côté que la fortune eût incliné, l'on ne s'en fût pas tenu aux termes des conventions qui avaient été accordées.

Il y eut aussi nouvelle que le baron Oxenstiern s'était retiré d'Osnabrück sans avoir arrêté les affaires du duc de Bavière. Le sieur Chanut en ayant fait plainte à la reine et lui ayant représenté combien il importait aux deux Couronnes de donner contentement à ce prince, Sa Majesté (qui n'en était point avertie) le remercia de son avis et lui dit qu'elle ferait écrire à ses ministres de ne point hésiter sur la satisfaction du duc de Bavière.

Cependant le baron Oxenstiern, pour rendre suspect le sieur Salvius auprès de la reine, écrivit à Sa Majesté une lettre qui portait en substance qu'il ne lui écrivait point en particulier l'état des traités, parce qu'il savait que le sieur Salvius ne manquait pas de l'en informer; qu'il était néanmoins obligé de lui dire qu'il travaillait de sa part tout autant qu'il pouvait pour conclure promptement, ainsi que Sa Majesté le lui avait ordonné. Mais qu'il n'avançait rien, parce que les Français et le sieur Salvius tiraient tout en longueur, ce qui lui donnait sujet de croire que peut-être il avait des ordres secrets de Sa Majesté qui ne lui étaient pas communiqués, ou qu'il adhérait par quelque motif particulier aux prétentions de la France.

Cette lettre, bien loin de nuire au sieur Salvius, ne servit qu'à rendre le baron encore plus odieux à la reine, qui s'offensa de ce qu'il semblait se plaindre et lui reprocher tacitement qu'elle ne se fiait pas en lui de son secret.

On disait que l'empressement que témoignait ce baron était un artifice du chancelier, qui lui avait ordonné d'en user ainsi. En effet, les sages doutaient fort que cela si fît de bonne foi et par un désir de la paix, car on disait que, quoi que fît le chancelier, il ne croyait pas que la France voulût la paix et qu'il prétendait de gagner deux choses par ce procédé: l'une de se laver hautement du reproche de l'avoir retardée; l'autre de réduire la France à la nécessité de déclarer ouvertement à la Suède qu'elle ne voulait pas la paix, et en ce cas tirer de nouveaux avantages pour continuer la guerre.

Enfin il arriva des nouvelles de l'armée suédoise qui était en Allemagne, ce qui fit cesser les appréhensions que l'on avait et donna de bonnes espérances que celle de l'empereur se ruinerait par la nécessité. C'est pourquoi, dans l'attente de quelque grand avantage, le Conseil ne prenait aucune résolution; mais assurément, s'il fut arrivé quelque bon succès à la Suède, elle aurait augmenté ses demandes. C'est pourquoi le sieur Chanut s'efforçait de pénétrer l'intention de cette cour pour la paix, ou la guerre, car il paraissait par le procédé des plénipotentiaires à Osnabrück qu'elle eut mieux aimé pousser ses conquêtes plus avant que de s'en tenir à de qu'on lui laissait en partage par les traités.

Pour venir à bout de ce dessein, un jour qu'il parlait à la reine, il lui dit qu'on lui mandait d'Osnabrück que le sentiment de toute l'assemblée était que ses plénipotentiaires pensaient plutôt à la continuation de la guerre qu'à la conclusion du traité de paix.

«En vérité», lui répondit-elle, «mes ambassadeurs m'écrivent la même chose de mes voisins et ne croient pas que la France veuille la paix. Je l'ai désirée et la souhaite encore, mais si les ennemis nous obligent à passer outre, je me résoudrai sans peine à recevoir ce que le sort des armes nous donnera dans la suite.»

Swedish translation (by anonymous translator):

Vi ha redan sagt att en af de svåraste artiklar vid fredens afslutande var milisens satisfaktion. Då man fann lämpligt att bestämma summan i FredsTraktaten, ville Svenska Rådet icke röra dervid, men lämnade det åt Plenipotentiairernes försigtighet, anseende dem nog kloke att anordna detta vid en allmän fred. Man tviflade ej att ju summan var bestämd och att endast vid indrifvandet af betalningen stora svårigheter skulle uppkomma.

Herr Chanut fann sig mycket hindrad i betalningen för de köpta skeppen. Första termin var förbi och den andra nallkades. Drottningen yrkade den fogligt och ej såsom en fordran, men i form af underrättelse samt hoppades att Deras Majestäter härom skulle utfärda befallning. Herr Chanut erhöll ett bref innehållande Fullmakten och bad då Herr de Geer lofva Drottningen på bestämd dag den ännu felande summan af det Deras Majestäter voro skyldige, hvarigenom hon blef nöjd.

General Quinck, en Skotte som förut tjent Salig Konung Gustaf och sedan Konungen af England, ankom till Sverige i medlet af Augusti för att der söka tjenst. Skotska Parlamentet hade fråntagit honom all hans egendom. Han uppvaktade Drottningen och sade att om hon ej gjorde den nåden och antog honom hade han ingen annan tillflygt än Hospitalet. Man sade likväl att han framvisade ett bref från Konungen af England hvaruti denne Prins uttryckte sitt nöje öfver hans tjenster och missnöje att icke kunna belöna dem, men de som kände honom sade att detta tjenstsökande endast var en förevänning och att han hade något att föreslå på Parlamentets eller Konungens vägnar.

På Herr Chanuts beständiga anhållan hos Drottningen af Sverige och dess Ministrar om understödjandet af Frankrikes påstående att Kejsaren ej kunde efter freden hjelpa Spanien, icke en gång såsom Ärkehertig, församlades Rådet att öfverlägga om för denna svårighet man borde uppskjuta eller afsluta freden. Drottningen underrättade härom Herr Chanut, kallade honom till Audiens och sade att de flestes tankan varit att man skulle åtnöja sig med de första tillbuden för att understödja detta påstående samt att om Kejsaren icke gaf efter kunde och borde Sverige afsluta fred. Hon hade bett dem att ej längre rådslå om den punkten, då hon redan beslutit den genom de befallningar hon gifvit sina Ministrar att i det yttersta understödja Frankrike; detta hade väckt stor förundran hos hela sällskapet att Hennes Majestät fattat sitt beslut utan att tala vid Rådet: alla voro uppbragte öfver Frankrikes afslag att betala subsidierne som det var skyldigt till fredens afslutande, yttrande att det var nog frikostigt i sina tillbud emot Holland, som bedrog, det och vägrade sina vänner skyldig betalning, som bistodo det; dess Ministrar hade alltid ansedt Subsisiderne såsom grund för förbundet; hon för sin del hade aldrig haft en så låg tanka; hon rodnade af skam att ha påskyndat Deras Allra-Christeligaste Majestäter uti en penningesak; ehuru intet var mer rättvist än denna fordran, ansåg hon dess utkräfvande under sitt ädelmod och sin tillgifvenhet för Deras Majestäter, men hon föresåg att om Deras Majestäter ej bidrogo till dess goda tänkesätt skulle de blottställa hennes för dess undersåtares klagan och afsmak som skulle sluteligen medföra elak verkan; om man betalte Subsidierne, skulle man låta henne handla och hon nog veta kufva dem som motsade Frankrikes påstående; hon skulle sluteligen gifva Deras Majestäter prof att de ej ägde i verlden någon trognare vän än hon. I följd deraf, bad hon Herr Chanut skrifva till Franska Plenipotentiairerne att de ej skulle förundra sig, om hennes Ministrar skreko högt samt försäkra dem om hennes verkeliga tillgifvenhet, så att de ej fattade elak tanka om deras ord. Då hon var så förtrolig med honom, bad hon Konungens Ministrar i Münster hålla detta hemligt, äfven för hennes egna.

Under dessa motsägelser förlorade Frankrike ej begäret att äga Benfeld; man skref oupphörligt derom till Herr Chanut, som forskade efter tillfälle dertill och hoppades att om Drottningen gaf Grefve Magnus det till belöning, skulle Frankrike få det ganska lätt af honom; men han var tvungen att taga Hofvet ur den tanken att Grefven hade ett stort anseende hos Drottningen; det är sannt att hon ville honom mycket väl, men det var med en så vis återhållsamhet att hon ej ingaf honom djerfheten att upphöja sig; Det var utan tvifvel att förmoda af Drottningens uppförande, att om denna ort ej kom i dess händer och sedan i Frankrikes genom vanliga vägar, ville hon icke att man skulle göra ett så utomordentligt bemödande i hela församlingens åsyn endast för en skänk åt Grefven.

Man hade underrättelse i Frankrike att köld uppkommit emellan Drottningen och dess Riks-Kansler samt att förlikningen skedt genom Fältherrens bemedling i närvaro af Drottset; ehuru man ännu intet visste de särskilta omständigheterna, förmodandes att Drottningen visat honom personlig aktning och tillgifvenhet utan medgifvande att han var nödvändig för Staten eller att hon var förlägen, om han drog sig undan. Man trodde att Riks-Kanslerens köld kom ifrån dess högdragenhet och stora tjenster, ty Drottningen fruktade om hon öfverlemnade sig åt hans råd, att det hon ägde af upplysning och makt likasom skulle dränkas i denna stora mans anseende samt att, ehuru han bidrog dertill, skulle allt tillskrifvas hennes Ministers vishet. Det är derföre hon ofta undvek och endast rådfrågade honom, såsom de andre Ministrarne, utan att utmärka den stora åtskillnad som var dem emellan, i anseende till erfarenheten. Det var således omöjligt, att en man af hans ålder och djupa erfarenhet af ärenderna, som ensam underhållit i så många år Statens börda och öfverlemnat den, åt Drottningen, så blomstrande, vid slutet af hennes minderårighet; som kände styrkan af sitt förstånd, och visste huru han kunde bidraga till fäderneslandets väl, då han behandlades såsom en vanlig menniska af en tjugoårig Prinsessa; det var, säger jag, omöjligt för honom, att då vara utan ovilja, och man bör ej undra att han visade den då han behandlades på detta sätt.

Svenskarne yrkade samvetsfriheten i Tyskland, och föreslog den såsom ett ömsesidigt vilkor: man fann att denna sats var nog allmän och verkan deraf olika, ty den gynnade fullkomligt Protestanterna i anseende till deras ytterst fria natur och Romerska religionens stränghet. Man skref derföre till Herr Chanut, att upptäcka Sveriges afsigt i de gjorda förslagen till Protestanternes gynnande. Svenskarne, som hyste en gammal ovilja mot Hertigen af Bayern, och ej kunde fatta till honom fullkomligt förtroende i anseende till religionens fördelar, blefvo upplyste genom Johan de Werts trolöshet; de Protestantiska Staterna, som hyste samma misstroende, bemödade sig öfvertala denna Prinsessas Ministrar, att ej lita för mycket på varaktigheten af Hertigens neutralitet eller förbundet med Nederländarna, hvilka ofelbart skulle bedraga henne, men att hon borde binda Frankrike genom en ganska fast allians såsom det enda medlet att bevara Tysklands bästa.

En dag då Herr Chanut hade öfverläggning med Fältherren de la Gardie sade denna Minister att stora klagomål i Rådet uppstådt öfver Frankrikes dröjsmål att betala Subsidierne och att så snart Biskoppen af Osnabrüg åstundade något, hade de Franska Ministrarna en så utomordentlig nit för Religionen att de blott talade om Subsidiernes förminskande, man hade funnit den lag Frankrike ville pålägga Kejsaren, att ej såsom Ärkehertig hjelpa Spanien nog hård då det var samma Hus och Ärkehertigen förmodad arfvinge, om Konungen af Spanien dog barnlös; man borde således ej finna besynnerligt om han icke ville öfvergifva honom, men han betänkte ej att Drottningen Regentinnan var närmare arfvinge till kronan än den Tyska grenen. Herr Chanut fann af detta tal att om Drottningen af Sverige icke kraftigt understödt Frankrikes påstående, skulle det ej heller mycket gynnas i Rådet.

Drottningen af Sverige fruktade då att Frankrike misstänkte Svenskarna att ha befrämjat Tyskarnes uppror i Marskalken Turennes armé i afsigt att föröka sina egna troppar; ty de ville taga parti med FältMarskalken Wrangel. Hon bad Herr Chanut fördenskull försäkra Deras Majestäter, att hon ej var i stånd till en så låg tanka och frågade honom hvad han ansåg bäst vid detta tillfälle för Deras Majestäters tjenst så att man kunde skrifva derom till Fältmarskalken Wrangel i det ordalag han önskade, samt icke misstänka henne att skada på något sätt dess Bundsförvanters fördelar; han svarade att Hennes Majestät borde ej frukta att dess beslut blefvo misstänkta af Frankrike; han såg ingen anledning att förändra den första befalning hon gifvit Fältmarskalken Wrangel, att det var bättre taga emot dessa upproriska ibland sina troppar och bilda deraf en särskilt tropp, än att låta dem öfvergå till fienden; »men« frågade hon, »i detta fall, hvem skall betala dem?« Herr Chanut, som härom hade ingen befallning, svarade, att Deras Majestäter, så snart de blifvit underrättade om Jean de Werts affall, skrifvit till Marskalken Turenne att ej åter gå öfver Rhen; men söka återföra de upproriska genom betalning af deras sold och förlåtelse för deras brott,

Det som än mer oroade Drottningen af Sverige, var den underrättelse man gifvit henne att i vilkoren för Garanti-Traktaten emellan Frankrike och Staterne, var Frankrike förbundet att biträda med sin sjömakt emot sjelfva dess bundsförvanter: Holländarna, som ej voro henne mycket bevågna, påstodo att de afgifter hon lagt på varorna i dess rike skadade Handelns frihet på Östersjön; hon ansåg äfven Dannemark och Pohlen alltid färdiga att förena sig emot henne, på samma tid hon hade att strida mot alla dessa Rikens sjömakt samt fann ej någon hjelp mer nödvändig än Frankrikes. Hon bad Herr Chanut häröfver göra Deras Majestäter föreställningar för att förmå dem utstryka detta villkor, och att genom en authentique skrift inskränka ordet Bundsförvant endast till Portugal eller åtminstone undantaga Sverige. Det syntes af hennes ifver att hon i detta fall väntade af Frankrike vänskapsprof svarande emot dem hon gifvit. Herr Chanut påstod att denna underrättelse kommit ifrån Frankrikes fienders illvilja och om man bifallit artikeln, borde hon förstå att Frankrike ej lämnade sina Bundsförvanter bistånd så framt de icke voro Angripare; Hon blef dermed ganska nöjd.

En stor nyhet ankom uti en Tidning från Amsterdam, och föll i Pfalz-Grefven Prins Carls händer; den innehöll att Marskalken Gassion slagit Spaniorerna och tagit la Bassée, att Ärkehertigen vore sårad, Hertig Carl död, General Lamboy och flere officerare fångne; Prinsen bar Tidningen genast till Drottningen och yttrade att han hade de bästa nyheter i verlden att meddela henne angående Frankrike. Hon, som deltog särdeles i detta lands lycka, visade den yttersta otålighet att få veta dem. Prinsen med munter mine svarade att han skulle berätta dem om hon gaf honom nu den häst hon vägrat honom. Ganska gerna svarade Drottningen om saken förtjenar det; då hon fått veta den sade hon »jag gifver er hästen af godt hjerta; om ni visste huru mycket denna goda nyhet är värd, så hade ni kunnat få ett dussin«.

Som allt godt vanligtvis motväges af något ondt, följde ganska elaka nyheter på de goda och oroade mycket Rådet; man sade, att Fältmarskalken Wrangel blifvit tvungen att lemna Kejsaren i egen person batalj, men man talade ej nog tydligt om framgången; sinnena voro i gäsning och Hennes Majestät sade, att hon ej skulle sofva godt förrän hon härom erhållit säker underrättelse. Det var troligt att om Svenskarna haft fördelar, hade man beskrifvit den fara för hvi[l]ken Kejsaren blottställt sig och på hvilken sida lyckan vändt sig, så skulle man ej hållit sig vid det hvarom man öfverenskommit.

Det berättades äfven att Baron Oxenstjerna rest ifrån Osnabrüg utan att afsluta sakerna med Hertigen af Bayern. Herr Chanut klagade häröfver hos Drottningen och föreställde huru angeläget det var för de begge kronorna att förnöja denna Prins; Hennes Majestät, som ej derom var underrättad, tackade honom derföre och sade att hon skulle skrifva till sina Ministrar att de ej borde tveka vid Hertigens af Bayern satisfaktion. Baron Oxenstjerna, för att göra Herr Salvius misstänkt hos Drottningen, skref till henne ett bref, innehållande att han ej berättade henne underhandlingens tillstånd emedan han visste att Herr Salvius icke uraktlät att härom underrätta; han var likväl skyldig att säga, att han för sin del arbetade så mycket han kunde för att strax sluta såsom Hennes Majestät befallt; men att han ej nalkades målet då Fransmännen och Herr Salvius voro så tröge; han trodde i anledning deraf, att kanhända Hennes Majestäts hemliga befallning var honom meddelad eller att Herr Salvius för någon särskild omständighets skull fästade sig vid Frankrikes anspråk. Detta bref, långt ifrån att skada Herr Salvius, gjorde Baronen ännu mer förhatlig hos Drottningen, som blef förtörnad att han syntes beklaga sig och oförmärkt förebrå henne att hon ej anförtrodde honom sin hemlighet.

Man sade att den ifver Baronen visade var en list af Riks-Kansleren, som befallte honom att så uppföra sig. De kloke tviflade om han dermed mente ärligt och af begär till fred; ty man sade att, ehvad Riks-Kansleren än gjorde, trodde han ej att Frankrike ville ha fred samt att han genom detta förfarande ville vinna tvenne saker: först befria sig ifrån förebråelsen att ha uppskjutit freden, sedan tvinga Frankrike till nödvändigheten att öppet förklara detta för Sverige och i det fallet erhålla nya fördelar för att fortsätta kriget.

Nyheter ankommo sluteligen från Svenska arméen i Tyskland, hvarigenom den fruktan man hyste upphörde och hopp blef ingifvet att Kejsarens skulle förstöras af bris[t]; det var derföre och uti väntan på någon stor fördel som Rådet ej tog något beslut, men om Sverige erhållit någon framgång skulle det säkert ökat sina påståenden: Herr Chanut sökte att genomtränga detta Hofs afsigt för krig eller fred; ty det syntes af Plenipotentiairernes uppförande i Osnabrüg som det hälldre tyckte om att utvidga sina eröfringar, än dela dem genom Traktater. För att lyckas i denna afsigt sade han Drottningen att man underrättade honom ifrån Osnabrüg, att hela församlingen trodde, det Hennes Plenipotentiairer häldre ärnade fortsätta kriget än afsluta freden. I sanning svarade hon, »mina Ambassadörer tillskrifva mig samma sak om mina grannar, och de tro ej att Frankrike vill ha fred: Jag har åstundat den och önskar den ännu, men om fienderna tvinga oss, har jag beslutit att utan svårighet emottaga allt hvad vapenlyckan sluteligen skall gifva oss.«

English translation (my own):

We have already said that one of the artifices which gave the most difficulty to empty for the conclusion of peace was the satisfaction of the militia. It was thought appropriate to fix the sum in the peace treaty. The Council of Sweden did not want to touch it and left the limitation to the prudence of the plenipotentiaries, considering that they were too wise not to regulate this article in the general treaty because there was no doubt that even if the sum was fixed, there would still remain great difficulties in the raising and payment.

But Monsieur Chanut found himself very much hindered in paying for the ships he had bought for France, the first payment having fallen due and the second approaching. The Queen gently solicited him, not as if demanding, but as if by way of warning, and told him that she had no doubt that Their Majesties would give orders for it.

And at that same time Monsieur Chanut received a letter bearing power, after which he obtained from Monsieur de Geer a promise to provide the Queen of Sweden on the day named the sums lacking to make full payment of all that Their Majesties owed in remainder, with which the Queen was very satisfied.

About the middle of August, General Quinck, a Scot, who had formerly served the late King Gustav, and since then the King of England, arrived in Sweden to seek employment, for the Parliament of Scotland had stripped him of all his property. He presented himself to the Queen and told her that if she did not do him the favour of receiving him into her service, he had no other retreat than the hospital.

It was said, however, that he had shown her a letter from the King of England, in which he expressed the satisfaction he had with his services, and the displeasure of not being able to acknowledge them; but those who knew him said that this request for employment was only a pretext, and that he had something to propose, either from the King, or from the Parliament, with which it was said he had remitted himself well.

On the continual requests that Monsieur Chanut made to the Queen of Sweden and her ministers to induce them to support France in the request that she made that the Emperor could not help Spain after the peace, even in his capacity as Archduke, the Council assembled, and it was deliberated whether on this difficulty alone they should postpone concluding peace.

The Queen notified Monsieur Chanut of this, and, having called him to the audience, she told him that the feeling of the majority was that they should be satisfied with the first offers to support this request, and that if the Emperor did not relax, Sweden could and should conclude, whereupon she told them that they should no longer deliberate on this point, as she had resolved by the orders she had given to her ministers to support France to the bitter end.

This had greatly surprised the company when it learned that Her Majesty had decided without having spoken to the Senate that they had all risen up against the refusal that France made to pay the subsidy that it owed until peace, and that they said that France was very liberal in making extraordinary offers to the Dutch, who were deceiving it, while it refused to pay its friends, who assisted it, what it owed them.

That her ministers had always regarded the subsidy as the basis of the alliance, for her that she had never had such a base thought that she blushed with shame to press Their Most Christian Majesties on a matter of money, that although there was nothing more just than this request, she considered it a little below her generosity and affection to make such a strong request; but that she foresaw that if Their Majesties did not contribute to her good intentions, they would expose her to the complaints and disgust of her own, which could in the end produce bad effects, but that, paying the subsidy, she would be allowed to act, that she would know well how to reduce those who contradicted the requests of France, and that she would finally give proof to Their Majesties that they had no more faithful friendship in the world than hers.

After this, she asked Monsieur Chanut to write to the plenipotentiaries of France not to be astonished to hear her people cry out so loudly and to assure them of her deep affection so that they would not form a bad opinion of their words, and that, because she opened up so easily to him, she would ask the King's ministers, who were in Münster, to keep this confidence secret, and that even hers would not know about it.

Among all these contradictions, France did not lose the desire for the possession of Benfeld, and one wrote about it constantly to Monsieur Chanut, who was watching for the opportunity to do so, and he even hoped that, as the Queen wanted to give it as a reward to Count Magnus, France could have it very easily from him, but he was obliged to disabuse the court of the opinion it had that this Count had a very great influence on the Queen's mind.

It was true that she wished him much good, but it was with such wise restraint that she could not give him the audacity to rise, and it was doubtless to be prejudged in the Queen's conduct that if this place did not fall into her hands, and from there into those of France by the ordinary channels, she would not want extraordinary efforts to be made in the sight of the whole assembly for something of which she wanted to make a present to this Count.

On the advice that was received in France that the Queen of Sweden and her Chancellor had been somewhat cold and that the accommodation had been made through the Constable, the Count-Steward being present — although the details were not known, — it was well presumed from the Queen's mind that she had shown him esteem and affection for his person, without bending so far as to tell him that he was necessary for her State, nor that she would find herself embarrassed if he withdrew.

The Chancellor's coldness was thought to come from his high self-importance and the great services he had rendered, for the Queen feared that if she abandoned herself to his advice, what light and authority she had would be drowned in the reputation of this great man, and that, whatever she contributed to it, everything would be attributed to the wisdom of her minister.

This is why she did without him in several meetings, consulting him only as the other ministers, without marking the very great difference that there was between his experience and that of her other advisors. Thus it was impossible that a man of his age and of profound knowledge in affairs, who alone had borne the burden of the State for so many years, who had handed it over to the Queen so flourishing at the end of her guardianship, who still felt the strength of his mind intact, and who knew how much he could contribute to the good of his Fatherland, should be treated like an ordinary person by a twenty year old princess. It was, I say, impossible that he should be without resentment, and one should not find it strange that he should have shown it by seeing himself treated in this way.

The Swedes then pressed France hard for freedom of conscience in Germany. They proposed it as a reciprocal condition, but it was found that this maxim was too general and the effect too unequal because it entirely favoured the Protestants because of the extremely free nature of its peoples and the austere condition of the Roman religion; this is why one wrote to Monsieur Chanut to try to discover the designs of Sweden in the propositions which would be made to favour the Protestant states.

The Swedes, who had an old aversion to the Duke of Bavaria, and who could not take entire confidence in this prince because of the interest of religion, were enlightened by the perfidy of Johann von Werth, and the Protestant states, who were in the same distrust, endeavoured to persuade the ministers of this princess to make no lasting foundation on the neutrality of this prince, nor on the alliance of the Netherlands, which would infallibly deceive her, but that she must engage France in a very close union as the only means of preserving her interests in Germany.

But one day when Monsieur Chanut was in conference with the Constable de la Gardie, this Swedish minister told him that there were many complaints in the Senate about the delay that France was bringing to the payment of the subsidy, and that as soon as the Bishop of Osnabrück wanted something, the French ministers had such an extraordinary zeal for religion that they spoke only of cutting the subsidy; that the law that France wanted to impose on the Emperor not to help Spain as Archduke had been found too harsh, seeing that he was heir presumptive if the King of Spain happened to die without children; that thus it should not be found strange if he did not want to abandon it, but he did not consider that the Queen Regent was closer heiress to the Crown than the branch of Germany.

From this discourse Monsieur Chanut learned that if the Queen of Sweden had not strongly supported this demand from France, the suffrages of the Senate would not have greatly favoured it.

The Queen of Sweden was at this time apprehensive that France might suspect the Swedes of having fomented the sedition of the Germans of Maréchal Turenne's army, with the intention of increasing their troops, because they wanted to take sides with Marshal Wrangel. She asked Monsieur Chanut to assure Their Majesties that she was not capable of such a cowardly thought, asked him what he thought it appropriate to do on this occasion for the service of Their Majesties in order to write to Marshal Wrangel in the terms he wished, and that she could not be suspected of having in any way injured the interests of her allies.

But he answered her that Her Majesty should not apprehend that her resolutions were suspect to France, that he did not see that there was reason to change the first orders that he had given to this marshal, and that it was better that he received these mutineers among his troops, and that he formed a separate corps of them than to let them take sides with the enemy.

"But in this case", she replied, "who will pay them?"

Monsieur Chanut, who had no orders, told him that as soon as Their Majesties had learned of the defection of Johann von Werth, they had written to Maréchal Turenne not to recross the Rhine and to try to bring back these mutineers by the payment of two watches and by the pardon of their fault.

But what alarmed the Queen of Sweden much more was the advice she had been given that, under the conditions of the treaty of guarantee between France and the States, France was obliged to assist them with these maritime forces against its own allies, because as the Dutch were not very fond of her and claimed that the taxes she had placed on merchandise in her States were prejudicial to the freedom of trade in the Baltic Sea — she also judged that Denmark and Poland would always be ready to form an alliance against her, and that, if at the same time she had to combat the naval forces of all these States, she saw no more present help than that of France.

She asked Monsieur Chanut to make his remonstrances to Their Majesties on this subject to induce them to strike out this condition and to restrict by an authentic writing this term of allies to Portugal alone, or at least to exclude Sweden. By the pressing discourse that she made to him, it appeared that this princess expected in this rencontre proofs of the friendship of France, which would correspond to those that she had given them.

Also, when Monsieur Chanut had maintained to her that this discourse which had been made to her was a malice of the enemies of France and that, even if this clause had been passed, she should understand that France would not assist her allies in the event that the said allies were aggressors, she remained very satisfied.

Then came great news in a gazette which came from Amsterdam and fell into the hands of Prince Palatine Karl. It said that Maréchal Gassion, having defeated the Spanish army (of which six thousand men remained at the place), had taken La Bassée, that the Archduke was wounded, Duke Charles killed, and General Lamboy and several others prisoners.

This Prince immediately and eagerly carried this gazette to the Queen and told her, as he approached her, that he had the best news in the world to tell her concerning France. This princess, who took a very particular interest in the prosperity of that State, showed great impatience to know what it was. The Prince, with a cheerful air, told her that he would tell her, provided that Her Majesty would want to give him the horse that she had refused him.

"Very willingly", the Queen replied.

"If the thing deserves it, and when it has learned of it, I will give it to you with all my heart," she said to him; "and, if you had known how to make good use of this good news, you could have obtained a dozen of them."

But, as all good things are usually punctuated by bad, this good news was followed by very upsetting news, which caused great worry to her Council. It was said that Marshal Wrangel had been forced to give battle to the Emperor himself, but there was no clear indication of success. Minds were greatly moved by this, and Her Majesty did not feign saying that she would not sleep well until she had a certain notification of the outcome.

It appeared that if the Swedes had had the advantage, the Emperor would have been made to bear the penalty for the peril to which he had exposed himself, and it was likely that, whichever way fortune had swung, the terms of the agreements that had been agreed upon would not have been adhered to.

There was also news that Baron Oxenstierna had withdrawn from Osnabrück without having settled the affairs of the Duke of Bavaria. Monsieur Chanut having complained to the Queen and having represented to her how important it was for both Crowns to give satisfaction to this prince, Her Majesty (who was not informed of this) thanked him for his advice and told him that she would write to her ministers not to hesitate over the satisfaction of the Duke of Bavaria.

However, Baron Oxenstierna, in order to make Lord Salvius suspicious in the eyes of the Queen, wrote a letter to Her Majesty, stating in substance that he was not writing to her in private about the status of the treaties, because he knew that Lord Salvius had not failed to inform him of them; that he was nevertheless obliged to tell her that he was working on his part as hard as he could to conclude them promptly, as Her Majesty had ordered. But that he was making no progress because the French and Lord Salvius were dragging their feet, which gave him reason to believe that perhaps he had secret orders from Her Majesty that had not been communicated to him, or that he adhered for some particular reason to the pretensions of France.

This letter, far from harming Lord Salvius, only served to make the Baron even more odious to the Queen, who was offended that he seemed to complain and tacitly reproach her for not trusting him with her secret.

It was said that the eagerness that this Baron testified was a trick from the Chancellor, who had ordered him to act in this way. Indeed, wise men doubted very much that this was done in good faith and out of a desire for peace, for it was said that, whatever the Chancellor did, he did not believe that France wanted peace and that he intended to gain two things by this procedure: one, to clear himself of the reproach of having delayed it; the other, to reduce France to the necessity of openly declaring to Sweden that it did not want peace, and in this case to gain new advantages to continue the war.

Finally, news arrived of the Swedish army in Germany, which put an end to the apprehensions that had been held and gave good hope that the Emperor's army would be ruined by necessity. This is why, in expectation of some great advantage, the Council made no resolution; but assuredly, if some good success had come to Sweden, it would have increased its demands. This is why Monsieur Chanut tried to penetrate the intention of this court for peace or for war, because it appeared from the procedure of the plenipotentiaries at Osnabrück that it would have preferred to push its conquests further than to stick to what was left to it by the treaties.

To accomplish this design, one day while speaking to the Queen, he told her that he had received word from Osnabrück that the sentiment of the entire assembly was that her plenipotentiaries were thinking more about continuing the war than concluding the peace treaty.

"In truth", she replied, "my ambassadors write to me the same thing from my neighbours and do not believe that France wants peace. I have desired it and still do wish it, but if the enemies oblige us to carry on, I will readily resolve to receive whatever the fate of arms will give us in future."

Note: Marshal Gassion = Jean de Gassion (1609-1647), a Gascon military commander for France, who served with distinction under Gustav Adolf. He was prominent at the Battle of Rocroi in 1643 and reached the rank of Marshal of France at age 34. He served the kings Louis XIII and Louis XIV and died of wounds sustained during the Siege of Lens in 1647.

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