Source:
Histoire des princes de Condé pendant les XVIe et XVIIe siècles, volume 6, pages 474 to 475, published by Henri d'Orléans, duc d'Aumale, 1892
The letter excerpt:
19 novembre 1650.
Voicy le discours que tint la reine de Suède: «Vous savez que j'ay toujours beaucoup estimé les vertus de Monsieur le prince de Condé, et que j'ay eu desplaisir que le bien de l'Estat de France ait obligé la Reine de s'assurer de sa personne. Elle me fit l'honneur de m'escrire comme à son amie les motifs qui l'avoient portée à cette résolution; ce n'estoit point à moy à en prendre connoissance; je les jugeay très justes puisqu'il luy avoient paru tels, et, ma première affection estant pour la Reine et le Roy son fils, j'eus seulement compassion que la condition du prince fust telle que la raison d'Estat lui otast la liberté. Maintenant que Dieu a béni la condition de la Reine, que le dedans du royaume est en paix et que les approches de la majorité du Roy peuvent donner d'autres pensées, je voudrois savoir si Leurs Majestés, se trouvant disposées par les raisons solides de l'intérest public à user de grâce envers les Princes, trouveroient à propos d'en estre priées par une personne à l'entremise de laquelle on croira qu'elles auront déféré quelque chose, et qui puisse leur répondre de l'exécution de ce que Monsieur le Prince leur promettra; car si j'apprends que les choses soient à ce point de maturité et que la Reine agrée que je rende cet office, j'emploieray très volontiers mon crédit auprès d'elle, et je me tiens assurée que, le prince de Condé m'ayant engagé sa parole, je pourray sûrement entrer sa caution; mais si cette intercession n'est pas encore de saison, ou que Leurs Majestés veuillent que la grâce qu'elles feront soit ménagée par quelque autre voie, je ne voudrois pas les solliciter contre leur intérest ny m'exposer à une prière sans succès. Pour cela je souhaite que, faisant connoistre mon intention à la Reine, vous soyez assez informé de la sienne pour me dire si ma médiation sera bien reçue.»
Voicy le discours que tint la reine de Suède: «Vous savez que j'ay toujours beaucoup estimé les vertus de Monsieur le prince de Condé, et que j'ay eu desplaisir que le bien de l'Estat de France ait obligé la Reine de s'assurer de sa personne. Elle me fit l'honneur de m'escrire comme à son amie les motifs qui l'avoient portée à cette résolution; ce n'estoit point à moy à en prendre connoissance; je les jugeay très justes puisqu'il luy avoient paru tels, et, ma première affection estant pour la Reine et le Roy son fils, j'eus seulement compassion que la condition du prince fust telle que la raison d'Estat lui otast la liberté. Maintenant que Dieu a béni la condition de la Reine, que le dedans du royaume est en paix et que les approches de la majorité du Roy peuvent donner d'autres pensées, je voudrois savoir si Leurs Majestés, se trouvant disposées par les raisons solides de l'intérest public à user de grâce envers les Princes, trouveroient à propos d'en estre priées par une personne à l'entremise de laquelle on croira qu'elles auront déféré quelque chose, et qui puisse leur répondre de l'exécution de ce que Monsieur le Prince leur promettra; car si j'apprends que les choses soient à ce point de maturité et que la Reine agrée que je rende cet office, j'emploieray très volontiers mon crédit auprès d'elle, et je me tiens assurée que, le prince de Condé m'ayant engagé sa parole, je pourray sûrement entrer sa caution; mais si cette intercession n'est pas encore de saison, ou que Leurs Majestés veuillent que la grâce qu'elles feront soit ménagée par quelque autre voie, je ne voudrois pas les solliciter contre leur intérest ny m'exposer à une prière sans succès. Pour cela je souhaite que, faisant connoistre mon intention à la Reine, vous soyez assez informé de la sienne pour me dire si ma médiation sera bien reçue.»
La reine de Suède ajouta à ce discours de longues protestations d'amitié et de respect pour les personnes de Leurs Majestés, et de l'intérest qu'elle prenoit en la paix intérieure de la France; et, sans attendre ma réponse, comme ne jugeant pas que j'en eusse aucune à luy faire, elle me dit qu'estant délivrée des affaires de la diète, elle auroit plus grand loisir de me parler sur ce sujet.
With modernised spelling:
19 novembre 1650.
Voici le discours que tint la reine de Suède: «Vous savez que j'ai toujours beaucoup estimé les vertus de Monsieur le prince de Condé, et que j'ai eu déplaisir que le bien de l'État de France ait obligé la Reine de s'assurer de sa personne. Elle me fit l'honneur de m'écrire comme à son amie les motifs qui l'avaient portée à cette résolution; ce n'était point à moi à en prendre connaissance. Je les jugeai très justes puisqu'il[s] lui avaient paru tels, et, ma première affection étant pour la Reine et le Roi son fils, j'eus seulement compassion que la condition du prince fût telle que la raison d'État lui ôtât la liberté. Maintenant que Dieu a béni la condition de la Reine, que le dedans du royaume est en paix et que les approches de la majorité du Roi peuvent donner d'autres pensées, je voudrais savoir si Leurs Majestés, se trouvant disposées par les raisons solides de l'intérêt public à user de grâce envers les princes, trouveraient à propos d'en être priées par une personne à l'entremise de laquelle on croira qu'elles auront déféré quelque chose, et qui puisse leur répondre de l'exécution de ce que Monsieur le prince leur promettra. Car, si j'apprends que les choses soient à ce point de maturité et que la Reine agrée que je rende cet office, j'emploierai très volontiers mon crédit auprès d'elle, et je me tiens assurée que, le prince de Condé m'ayant engagé sa parole, je pourrai sûrement entrer sa caution. Mais si cette intercession n'est pas encore de saison, ou que Leurs Majestés veuillent que la grâce qu'elles feront soit ménagée par quelque autre voie, je ne voudrais pas les solliciter contre leur intérêt ni m'exposer à une prière sans succès. Pour cela je souhaite que, faisant connaître mon intention à la Reine, vous soyez assez informé de la sienne pour me dire si ma médiation sera bien reçue.»
Voici le discours que tint la reine de Suède: «Vous savez que j'ai toujours beaucoup estimé les vertus de Monsieur le prince de Condé, et que j'ai eu déplaisir que le bien de l'État de France ait obligé la Reine de s'assurer de sa personne. Elle me fit l'honneur de m'écrire comme à son amie les motifs qui l'avaient portée à cette résolution; ce n'était point à moi à en prendre connaissance. Je les jugeai très justes puisqu'il[s] lui avaient paru tels, et, ma première affection étant pour la Reine et le Roi son fils, j'eus seulement compassion que la condition du prince fût telle que la raison d'État lui ôtât la liberté. Maintenant que Dieu a béni la condition de la Reine, que le dedans du royaume est en paix et que les approches de la majorité du Roi peuvent donner d'autres pensées, je voudrais savoir si Leurs Majestés, se trouvant disposées par les raisons solides de l'intérêt public à user de grâce envers les princes, trouveraient à propos d'en être priées par une personne à l'entremise de laquelle on croira qu'elles auront déféré quelque chose, et qui puisse leur répondre de l'exécution de ce que Monsieur le prince leur promettra. Car, si j'apprends que les choses soient à ce point de maturité et que la Reine agrée que je rende cet office, j'emploierai très volontiers mon crédit auprès d'elle, et je me tiens assurée que, le prince de Condé m'ayant engagé sa parole, je pourrai sûrement entrer sa caution. Mais si cette intercession n'est pas encore de saison, ou que Leurs Majestés veuillent que la grâce qu'elles feront soit ménagée par quelque autre voie, je ne voudrais pas les solliciter contre leur intérêt ni m'exposer à une prière sans succès. Pour cela je souhaite que, faisant connaître mon intention à la Reine, vous soyez assez informé de la sienne pour me dire si ma médiation sera bien reçue.»
La reine de Suède ajouta à ce discours de longues protestations d'amitié et de respect pour les personnes de Leurs Majestés, et de l'intérêt qu'elle prenait en la paix intérieure de la France; et, sans attendre ma réponse, comme ne jugeant pas que j'en eusse aucune à lui faire, elle me dit qu'étant délivrée des affaires de la Diète, elle aurait plus grand loisir de me parler sur ce sujet.
Swedish translation (my own):
Den 19 november 1650.
Här är diskursen som drottningen av Sverige höll: »Ni vet att jag ju alltid har uppskattat monsieur prinsen de Condés dygder och att jag var missnöjd över att Staten Frankrikes bästa har tvingat drottningen att säkerställa hans person. Hon gjort mig den äran att skriva till mig angående sin vän skälen som hade lett henne till denna resolution, det var inte upp till mig att ta konnässans därav. Jag bedömde dem mycket rättvist eftersom de hade förefallit henne så, och min första tillgivenhet var för drottningen och konungen hennes son, jag hade bara medlidande med att prinsens tillstånd var sådant att statsskäl berövade honom hans frihet. Nu när Gud har välsignat drottningens tillstånd, att det inre av riket är i fred och att konungens majoritets tillvägagångssätt kan ge andra tankar, skulle jag gärna vilja veta om Deras Majestäter, som finner sig disponerade av det allmänna intressets solida skäl att använda nåd mot furstar, skulle finna det lämpligt att begäras att göra det av en person genom vilken man tror att de kommer att ha hänvisat något, och som kan svara dem för verkställandet av detta som Monsieur prinsen kommer att lova dem. För om jag får reda på att saker och ting är vid denna mognad och att drottningen går med på att jag utför denna tjänst, skall jag mycket villigt använda min kredit med henne, och jag är säker på att prinsen de Condé kommer att ha lovat sitt ord till mig, jag kommer säkert att kunna säkra hans insättning. Men om denna förbön ännu inte är i tid, eller om Deras Majestäter vill att den nåd som de kommer att bevilja skall ordnas på annat sätt, så skulle jag inte vilja be dem mot deras intresse eller utsätta mig för en bön utan framgång. För detta hoppas jag att Ni, genom att göra min avsikt känd för drottningen, kommer att bli tillräckligt informerad om hennes för att tala om för mig om min medling kommer att tas emot väl.«
Här är diskursen som drottningen av Sverige höll: »Ni vet att jag ju alltid har uppskattat monsieur prinsen de Condés dygder och att jag var missnöjd över att Staten Frankrikes bästa har tvingat drottningen att säkerställa hans person. Hon gjort mig den äran att skriva till mig angående sin vän skälen som hade lett henne till denna resolution, det var inte upp till mig att ta konnässans därav. Jag bedömde dem mycket rättvist eftersom de hade förefallit henne så, och min första tillgivenhet var för drottningen och konungen hennes son, jag hade bara medlidande med att prinsens tillstånd var sådant att statsskäl berövade honom hans frihet. Nu när Gud har välsignat drottningens tillstånd, att det inre av riket är i fred och att konungens majoritets tillvägagångssätt kan ge andra tankar, skulle jag gärna vilja veta om Deras Majestäter, som finner sig disponerade av det allmänna intressets solida skäl att använda nåd mot furstar, skulle finna det lämpligt att begäras att göra det av en person genom vilken man tror att de kommer att ha hänvisat något, och som kan svara dem för verkställandet av detta som Monsieur prinsen kommer att lova dem. För om jag får reda på att saker och ting är vid denna mognad och att drottningen går med på att jag utför denna tjänst, skall jag mycket villigt använda min kredit med henne, och jag är säker på att prinsen de Condé kommer att ha lovat sitt ord till mig, jag kommer säkert att kunna säkra hans insättning. Men om denna förbön ännu inte är i tid, eller om Deras Majestäter vill att den nåd som de kommer att bevilja skall ordnas på annat sätt, så skulle jag inte vilja be dem mot deras intresse eller utsätta mig för en bön utan framgång. För detta hoppas jag att Ni, genom att göra min avsikt känd för drottningen, kommer att bli tillräckligt informerad om hennes för att tala om för mig om min medling kommer att tas emot väl.«
Drottningen av Sverige lade till detta tal långa protester om vänskap och respekt för Deras Majestäters personer och om det intresse hon hade för Frankrikes inre fred; och utan att invänta mitt svar, då hon inte bedömde att jag hade något med henne att göra, berättade hon för mig, att när hon väl blivit befriad från Riksdagens angelägenheter, skulle hon få mera lediga stunder vari hon kunde tala med mig i detta ämne.
English translation (my own):
November 19, 1650.
Here is the discourse that the Queen of Sweden held: "You know that I have always greatly esteemed the virtues of Monsieur the Prince de Condé, and that I was displeased that the good of the State of France has obliged the Queen to assure his person. She has done me the honour of writing to me as to her friend the reasons which had led her to this resolution; it was not up to me to take note of it. I judged them very just since they had seemed such to her, and, my first affection being for the Queen and the King her son, I only had compassion that the Prince's condition was such that reasons of State deprived him of his freedom. Now that God has blessed the condition of the Queen, that the interior of the kingdom is at peace and that the approach of the King's majority can give other thoughts, I would like to know if Their Majesties, finding themselves disposed by the solid reasons of the public interest in using grace towards princes, would find it appropriate to be requested to do so by a person through whom it is believed that they will have referred something, and who can answer to them for the execution of this that Monsieur the prince will promise them. Because, if I learn that things are at this point of maturity and that the Queen agrees that I perform this service, I will very willingly use my credit with her, and I am assured that, the Prince de Condé will having pledged his word to me, I will surely be able to secure his deposit. But if this intercession is not yet in season, or if Their Majesties want the grace they will grant to be arranged by some other means, I would not want to solicit them against their interest nor expose myself to a prayer without success. For this I hope that, by making my intention known to the Queen, you will be sufficiently informed of hers to tell me whether my mediation will be well received."
Here is the discourse that the Queen of Sweden held: "You know that I have always greatly esteemed the virtues of Monsieur the Prince de Condé, and that I was displeased that the good of the State of France has obliged the Queen to assure his person. She has done me the honour of writing to me as to her friend the reasons which had led her to this resolution; it was not up to me to take note of it. I judged them very just since they had seemed such to her, and, my first affection being for the Queen and the King her son, I only had compassion that the Prince's condition was such that reasons of State deprived him of his freedom. Now that God has blessed the condition of the Queen, that the interior of the kingdom is at peace and that the approach of the King's majority can give other thoughts, I would like to know if Their Majesties, finding themselves disposed by the solid reasons of the public interest in using grace towards princes, would find it appropriate to be requested to do so by a person through whom it is believed that they will have referred something, and who can answer to them for the execution of this that Monsieur the prince will promise them. Because, if I learn that things are at this point of maturity and that the Queen agrees that I perform this service, I will very willingly use my credit with her, and I am assured that, the Prince de Condé will having pledged his word to me, I will surely be able to secure his deposit. But if this intercession is not yet in season, or if Their Majesties want the grace they will grant to be arranged by some other means, I would not want to solicit them against their interest nor expose myself to a prayer without success. For this I hope that, by making my intention known to the Queen, you will be sufficiently informed of hers to tell me whether my mediation will be well received."
The Queen of Sweden added to this speech long protestations of friendship and respect for the persons of Their Majesties and of the interest she took in the internal peace of France; and, without waiting for my response, as she did not judge that I had anything to do to her, she told me that once she was delivered from the affairs of the Riksdag, she would have greater leisure to speak to me on this subject.
Above: Kristina.
Above: Anne of Austria, the Queen Regent of France.
Above: King Louis XIV of France.
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