Sunday, October 1, 2023

Jean-Scholastique Pitton's account of Kristina's visit to Aix-en-Provence on July 22/August 1 (New Style), 1656

Source:

Histoire de la ville d'Aix, capitale de la Provence, pages 463 to 465, by Jean-Scholastique Pitton, 1666
The account:

La Reyne de Suede à Aix, le premier Aoust 1656.
Quiter vn Royaume pour se décharger seulement du poids d'vne Couronne, c'est foiblesse; le quitter pour estre plus libre dans ses caprices, & dans ses passions, c'est vn emportement ridicule; mais y renoncer pour s'vnir plus parfaitement à Dieu, c'est le dernier effet de la vertu heroïque Chrestienne, qui a ob[l]igê plusieurs Princes à preferer vn Cloître à vn Louure, la Tonsure à vne Co[u]ronne, & le Froc à la pourpre. Nous voyons dans nos iours des Miracles de cette nature en la personne de Christine Marine Alexandre Reyne de Suede, Fille de l'incomparable Gustaue; la memoire duquel sera eternelle dans l'Histoire.

Cette Princesse remplie de tres-belles qualités, & sur tout tres-sçauante, considerant qu'elle estoit née dans vn Estat auquel elle commandoit, remply de toute sorte d'erreurs, opposées à la veritable Religion, & voyant qu'elle n'y pouuoit pas remedier, ayma mieux abandonner le Sceptre & tout vn peuple qui luy estoit soûmis, que manquer à la grace, qui l'appelloit dans le giron de la Sainte Eglise, hors de laquelle il n'y a point de salut, même pour les plus Grands de la terre.

Dans ce dessein elle remit ses Estats à son Cousin le Prince Palatin du Rhin, aprés quoy elle fut à Rome pour embrasser la Religion des Catholiques. Quelque temps aprés elle eut enuie de voir la France, les Galeres de Sa Sainteté la porterent jusques à Marseille, où elle fut receuë par le Comte de Carces, & salüée par deux Presidens, six Conseillers, & deux des Gens du Roy, deputés de la Cour, par deliberation du 20. Iuillet, suiuant les ordres exprés qu'elle auoit receus du Roy, qui ordonna qu'on luy rendit les mêmes honneurs qui sont deûs à sa Personne sacrée.

Elle arriua à Aix le premier du mois d'Aoust sur les vnze heures du soir, les rues furent tapissées, les Quartiers sortirent en armes, nos Consuls la receurent à la porte, & luy presenterent le Dais, sous lequel elle fut portée dans vne Chaise de Velours cramoisi & jaune, parée de passemens d'or, que deux Porteurs habillés de Tafetas rouge & jaune, auec vne Toque sur la teste de même étoffe & de la même couleur, déchargerent à l'Archeuéché, où elle fut logée & regalée pendant dix à douze iours par S. E. le Cardinal Grimaldi, auec vne dépense & magnificence tout à fait extraordinaire, & qui répondoit à la generosité que nostre Prelat fait toûjours paroître en toute sorte de rencontres, & où le Parlement la fut salüer en Robe rouge, & les Presidens auec l'Hermine & le Mortier, tous les Corps de la Ville luy firent leurs complimens.

Le lendemain elle assista à la Messe dans l'Eglise de S. Sauueur sur vn Trône dressé au milieu du Cœur. Son Eminence le Cardinal Grimaldi luy presenta à baiser le Liure des Euangiles, auquel employ n'ayant, pour ses indispositions, pû vaquer pendant tout le sejour de cette Reine dans la Ville, le Preuost de Chaselles succeda à luy rendre cét office. Son départ fut aprés quelques iours, & son retour de Paris le premier Auril de 1658. & pour lors elle ne voulut ny Harangues, ny Ceremonies, seulement elle fut visitée par les Compagnies Souueraines.

Iean de Ponteués Comte de Carces, grand Senéchal, & Lieutenant de Gouuerneur en Prouence, qui auoit receu ordre du Roy de l'accompagner jusques à Lyon, cessa de la suiure dans la Ville d'Auignon, où il finit ses iours; & auec luy la branche de la Maison de Ponteués, auec ses Charges, au Marquis de Gordes de la Maison de Simiane, fils de sa sœur.

With modernised spelling:

La reine de Suède à Aix, le premier août 1656.
Quitter un royaume pour se décharger seulement du poids d'une couronne, c'est faiblesse; le quitter pour être plus libre dans ses caprices et dans ses passions, c'est un emportement ridicule; mais y renoncer pour s'unir plus parfaitement à Dieu, c'est le dernier effet de la vertu héroïque chrétienne, qui a obligé plusieurs princes à préférer un cloître à un Louvre, la tonsure à une couronne, et le froc à la pourpre. Nous voyons dans nos jours des miracles de cette nature en la personne de Christine Marine Alexandre, reine de Suède, fille de l'incomparable Gustave, la mémoire duquel sera éternelle dans l'histoire.

Cette princesse, remplie de très belles qualités, et surtout très savante, considérant qu'elle était née dans un état auquel elle commandait, rempli de toute sorte d'erreurs opposées à la véritable religion, et voyant qu'elle n'y pouvait pas remédier, aima mieux abandonner le sceptre et tout un peuple qui lui était soumis que manquer à la grâce qui l'appelait dans le giron de la Sainte Église, hors de laquelle il n'y a point de salut, même pour les plus grands de la terre.

Dans ce dessein elle remit ses états à son cousin le prince palatin du Rhin, après quoi elle fut à Rome pour embrasser la religion des catholiques. Quelque temps après, elle eut envie de voir la France. Les galères de Sa Sainteté la portèrent jusqu'à Marseille, où elle fut reçue par le comte de Carcès et saluée par deux présidents, six conseillers, et deux des gens du Roi, députés de la Cour, par déliberation du 20 juillet, suivant les ordres exprès qu'elle avait reçus du Roi, qui ordonna qu'on lui rendît les mêmes honneurs qui sont dus à sa personne sacrée.

Elle arriva à Aix le premier du mois d'août sur les onze heures du soir. Les rues furent tapissées, les quartiers sortirent en armes, nos consuls la recevrent à la porte et lui présentèrent le dais, sous lequel elle fut portée dans une chaise de velours cramoisi et jaune, parée de passements d'or, que deux porteurs, habillés de taffetas rouge et jaune avec une toque sur la tête, de même étoffe et de la même couleur, déchargèrent à l'archevêché, où elle fut logée et régalée pendant dix à douze jours par Son Éminence le cardinal Grimaldi, avec une dépense et magnificence tout à fait extraordinaire, et qui répondait à la générosité que notre prélat fait toujours paraître en toute sorte de rencontres, et où le Parlement la fut saluer en robe rouge, et les présidents avec l'hermine et le mortier, tous les corps de la ville lui firent leurs compliments.

Le lendemain elle assista à la messe dans l'Église de Saint Sauveur sur un trône dressé au milieu du cœur. Son Éminence le cardinal Grimaldi lui présenta à baiser le Livre des Évangiles, auquel emploi n'ayant, pour ses indispositions, pu vaquer pendant tout le séjour de cette reine dans la ville, le prévost de Chaselles succeda à lui rendre cet office.

Son départ fut après quelques jours, et son retour de Paris le premier avril de 1658, et pour lors elle ne voulut ni harangues, ni cérémonies, seulement elle fut visitée par les compagnies souveraines.

Jean de Pontevès, comte de Carcès, grand sénéchal et lieutenant de gouverneur en Provence, qui avait reçu ordre du roi de l'accompagner jusqu'à Lyon, cessa de la suivre dans la ville d'Avignon, où il finit ses jours, et avec lui la branche de la maison de Pontevès, avec ses charges, au marquis de Gordes, de la maison de Simiane, fils de sa sœur.

Swedish translation (my own):

Drottningen av Sverige i Aix, 1 augusti 1656.
Att lämna ett konungarike bara för att lossa vikten av en krona är svaghet; att lämna det för att vara friare i sina infall och sina passioner är ett löjligt utbrott; men att avsäga sig det för att mer fullkomligt förena sig med Gud är den största verkan av kristen heroisk dygd, som har tvingat flera furstar att föredra ett kloster framför ett Louvren, tonsuren framför en krona, och kragen framför den purpurn. Vi ser mirakel av denna karaktär i våra dagar i gestalten av Kristina Marina Alexandra, Sveriges drottning, dotter till den makalöse Gustav, vars minne kommer att vara evigt i historien.

Denna prinsessa, full av mycket vackra egenskaper, och framför allt mycket lärd, med tanke på att hon föddes i ett tillstånd som hon befallde, fylld av alla slags fel som stod emot den sanna religionen, och eftersom hon såg att hon inte kunde råda bot på det, föredrog hon  att överge spiran och ett helt folk som var underordnat henne än att misslyckas i den nåd som kallade henne i den Heliga Kyrkans sköte, utanför vilken det inte finns någon frälsning, inte ens för de största på jorden.

För detta ändamål överlämnade hon sina domäner till sin kusin, pfalzgreven vid Rhen, varefter hon begav sig till Rom för att anamma katolikernas religion. En tid senare ville hon gärna se Frankrike. Hans Helighets galärer förde henne till Marseille, där hon togs emot av greven av Carcès och hälsades av två presidenter, sex rådsmedlemmar och två av konungens folk, deputerade för hovet, genom överläggning den 20 juli, efter uttryckliga order som de hade fått av konungen, som befallde att samma heder skulle tilldelas henne som tillkommer hans heliga person.

Hon anlände till Aix den första augusti vid klockan elva på kvällen. Gatorna var mattbelagda, kvarteren kom ut i vapen, våra konsuler tog emot henne vid porten och förlänade henne baldakinen, under vilken hon bars på en stol av röd och gul sammet, prydd med guldbeslag, som två bärare, klädde i röd och gul taft med en hatt på huvudet, av samma tyg och samma färg, avlastad på ärkebiskopsdömet, där hon under tio till tolv dagar logerades och underhölls av Hans Eminens kardinalen Grimaldi, med stor kostnad och alldeles extraordinär storhet, och som svarade på den generositet som vår prelat alltid visar i alla slags rencontres, och där Parlamentet hälsade henne i röda dräkter och presidenterna med hermelin och murbruk, alla stadens organ gav henne sina komplimanger.

Nästa dag deltog hon i mässan i den Helige Frälsarens Kyrka på en tron ​​som satts upp mitt i hjärtat. Hans Eminens kardinalen Grimaldi gav henne Evangeliernas bok att kyssa; på grund av sina opassligheter kunde han inte utföra detta under hela denna drottnings vistelse i staden; prosten av Chaselles lyckades ge henne detta ämbete.

Hennes avresa skedde efter några dagar, och hennes återkomst från Paris var den 1 april 1658, och sedan dess ville hon varken ha haranger eller ceremonier, hon fick bara besök av de suveräna kompanierna.

Jean de Pontevès, greve av Carcès, storseneschal och guvernörlöjtnant i Provence, som hade fått order från konungen att följa med henne till Lyon, slutade följa henne till staden Avignon, där han slutade sina dagar, och med honom grenen av huset Pontevès, med hans charger, till markisen av Gordes, av huset av Simiane, son till hans syster.

English translation (my own):

The Queen of Sweden in Aix, August 1, 1656.
To leave a kingdom only to unload the weight of a crown is weakness; to leave it to be freer in one's whims and one's passions is a ridiculous outburst; but to renounce it in order to unite oneself more perfectly with God is the greatest effect of Christian heroic virtue, which has obliged several princes to prefer a cloister to a Louvre, the tonsure to a crown, and the frock to the purple. We see miracles of this nature in our days in the person of Kristina Marina Alexandra, Queen of Sweden, daughter of the incomparable Gustav, whose memory will be eternal in history.

This princess, full of very beautiful qualities, and above all very learned, considering that she was born in a state over which she commanded, filled with all kinds of errors opposed to the true religion, and seeing that she could not remedy it, preferred to abandon the scepter and an entire people who were subject to her than to fail in the grace which called her into the bosom of the Holy Church, outside of which there is no salvation, even for the greatest men on Earth.

For this purpose she handed over her dominions to her cousin, the Prince Palatine of the Rhine, after which she went to Rome to embrace the religion of the Catholics. Some time later, she wanted to see France. The galleys of His Holiness carried her to Marseille, where she was received by the Count of Carcès and greeted by two presidents, six councilors, and two of the King's people, deputies of the Court, by deliberation of July 20, following the express orders which they had received from the King, who ordered that the same honours be rendered to her which are due to his sacred person.

She arrived in Aix on the first of August at eleven o'clock in the evening. The streets were carpeted, the quarters came out in arms, our consuls received her at the gate and presented her with the canopy, under which she was carried on a chair of crimson and yellow velvet, adorned with gold trimmings, which two bearers, dressed in red and yellow taffeta with a hat on their heads, of the same fabric and the same colour, unloaded at the archbishopric, where she was lodged and entertained for ten to twelve days by His Eminence Cardinal Grimaldi, with great expense and quite extraordinary magnificence, and which responded to the generosity that our prelate always shows in all kinds of rencontres, and where the Parliament greeted her in red robes, and the presidents with ermine and mortar, all the bodies of the town paid her their compliments.

The next day she attended Mass in the Church of the Holy Saviour on a throne set up in the middle of the heart. His Eminence Cardinal Grimaldi presented her with the Book of the Gospels to kiss; due to his indispositions, he was not able to carry this out during the entire stay of this queen in the city; the Provost of Chaselles succeeded in rendering this office to her.

Her departure was after a few days, and her return from Paris was on April 1, 1658, and since then she wanted neither harangues nor ceremonies, she was only visited by the sovereign companies.

Jean de Pontevès, Count of Carcès, grand seneschal and lieutenant of governor in Provence, who had received orders from the King to accompany her to Lyons, stopped following her to the city of Avignon, where he ended his days, and with him the branch of the House of Pontevès, with his charges, to the Marquis of Gordes, of the House of Simiane, son of his sister.


Above: Kristina.

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