Thursday, November 5, 2020

Description of Kristina, year 1656

Sources:

Recüeil des harangues qui ont esté faites à la reyne de Suede, page 245, published by Claude Bardin, 1660


Mémoires concernant Christine, volume 1, page 553, Johan Arckenholtz, 1751


The description:

MONSIEVR,
Ce n'est pas icy tout à fait vne Peinture de la Reyne de Suede. Ie ne veux rien entreprendre sur Monsieur de Botru, mais ie vous diray en gros que c'est la plus extraordinaire personne que i'aye iamais veuë, son habit, sa coiffure diferente de la nostre, & son petit equipage sont vn peu surprenants, & font bien connoistre qu'elle tient l'vsage & les bien-sceances fort au dessous d'elle. En l'estat que ie vous la despeins, elle se trouue si peu embarassée qu'apparemment, elle se croit estre la Maistresse par tout, & c'est vne merueille qu'ayãt quitté son Royaume, elle sçache si bien faire la Reyne dans celuy des autres; au reste rien ne luy est inconnu, sa curiosité est si grande qu'elle est informée de l'esprit, des meurs & des interests de tous les honnestes gens. Elle entre aussi gallamment en conuersation que pourroit faire M. le Mareschal de Clerembault, & parle auec tant de iustesse, qu'on diroit qu'elle a pratiqué M. le Marquis toute sa vie. Beaucoup de lumieres & de viuacité auec les beaux naturels, de connoissance auec les sçauans, d'vn esprit facile & vniuersel auec tout le monde, enfin qui peut separer son merite de son sexe, & la iuger cõme vn honneste homme, ne sçauroit s'empescher de l'admirer. Pour vous dire mon sentiment, ie m'estonne qu'elle sçait tant de Langues & tant de choses; mais que dans sa Cour la plus polie & la plus delicate du monde, vne Suedoise n'ayt pas moins de délicatesse que nous, c'est ce qui passe mon imagination. Pour ses deffauts ils sont quasi tous sur la bien-sceance de son Sexe, & doiuent plustost estre attribuez à son education qu'à son Esprit, d'ailleurs il y auroit de la rigueur à ne pardonner pas quelques irregularitez aux personnes tout à fait extraordinaires, ce qu'elle perd auec peu d'interests d'vn costé, elle le gagne auec de grands aduantages de l'autre, & peut estre que si elle estoit d'vn temperamment fort reglé, elle n'auroit qu'vn genie commun, & seroit d'vn merite fort mediocre. Pour les sentimẽs de la Religion ie ne vous en diray rien, il faudroit l'auoir obseruée plus long-temps que ie n'ay fait pour en parler, & si l'on en a dit qu'elle iure quelque fois par habitude, & sans y penser, ie vous puis asseurer que ie ne l'ay pas ouy, & ie croy qu'il faut imputer ce reproche à ses ennemis. En voila assez, encore ay-ie poussé la chose plus loin que ie ne m'estois proposé, ie demande pardon à Monsieur Botru de mon entreprise.

With modernised spelling:

Monsieur,
Ce n'est pas ici tout à fait une peinture de la reine de Suède. Je ne veux rien entreprendre sur Monsieur de Botru, mais je vous dirai en gros que c'est la plus extraordinaire personne que j'aie jamais vue: son habit, sa coiffure différente de la nôtre, et son petit équipage sont un peu surprenants, et font bien connaître qu'elle tient l'usage et les bienséances fort au-dessous d'elle. En l'état que je vous la dépeins, elle se trouve si peu embarrassée qu'apparemment elle se croit être la maîtresse par tout; et c'est une merveille qu'ayant quitté son royaume, elle sache si bien faire la Reine dans celui des autres. Au reste, rien ne lui est inconnu. Sa curiosité est si grande qu'elle est informée de l'esprit, des mœurs et des intérêts de tous les honnêtes gens. Elle entre aussi galamment en conversation que pourrait faire M. le maréchal de Clérembault, et parle avec tant de justesse qu'on dirait qu'elle a pratiqué M. le marquis toute sa vie. Beaucoup de lumières et de vivacité avec les beaux naturels, de connaissance avec les savants, d'un esprit facile et universel avec tout le monde, enfin qui peut séparer son mérite de son sexe, et la juger comme un honnête homme, ne saurait s'empêcher de l'admirer.

Pour vous dire mon sentiment, je m'étonne qu'elle sait tant de langues et tant de choses; mais que dans sa cour la plus polie et la plus délicate du monde, une Suédoise n'ait pas moins de délicatesse que nous, c'est ce qui passe mon imagination. Pour ses défauts, ils sont quasi tous sur la bienséance de son sexe et doivent plutôt être attribués à son éducation qu'à son esprit, d'ailleurs il y aurait de la rigueur à ne pardonner pas quelques irregularités aux personnes tout-à-fait extraordinaires, ce qu'elle perd avec peu d'intérêts d'un côté, elle le gagne avec de grands avantages de l'autre, et peut-être que si elle était d'un tempérament fort réglé, elle n'aurait qu'un génie commun, et serait d'un mérite fort médiocre. Pour les sentiments de la religion, je ne vous en dirai rien. Il faudrait l'avoir observée plus longtemps que je n'ai fait pour en parler, et si l'on en a dit qu'elle jure quelque fois par habitude, et sans y penser, je vous puis assurer que je ne l'ai pas ouï; et je crois qu'il faut imputer ce reproche à ses ennemis. En voilà assez, encore ai-je poussé la chose plus loin que je ne m'étais proposé; je demande pardon à Monsieur Botru de mon entreprise.

Arckenholtz's transcript of the description:

Monsieur,
Ce n'est pas ici tout à fait une peinture de la Reine de Suède. Je ne veux rien entreprendre sur Monsieur de Botru, mais je vous dirai en gros que c'est la plus extraordinaire personne que j'aïe jamais vûë, son habit, sa coëffure différente de la notre, & son petit équipage sont un peu surprénants, & font bien connoitre qu'elle tient l'usage & les bienséances fort au dessous d'elle. En l'état que je vous la dépeins, elle se trouve si peu embarassée qu'apparemment elle se croit être Maitresse par tout, & c'est une merveille qu'aïant quitté son Roïaume, elle sache si bien faire la Reine dans celui des autres; au reste rien ne lui est inconnu; sa curiosité est si grande qu'elle est informée de l'esprit, des mœurs, & de l'intérêt de tous les honnêtes gens. Elle entre aussi galamment en conversation, que pourroit faire Mr. le Maréchal de Clerembault, & parle avec tant de justesse, qu'on diroit qu'elle a pratiqué Mr. le Marquis toute sa vie. Beaucoup de lumiéres & de vivacité avec les beaux naturels, de connoissance avec les savans, d'un esprit facile & universel avec tout le monde; enfin qui peut séparer son mérite de son sexe, & la juger comme un honnête homme, ne sauroit s'empêcher de l'admirer. Pour vous dire mon sentiment, je m'étonne qu'elle sait tant de langues & tant de choses; mais que dans sa Cour la plus polie & la plus délicate du monde, une Suédoise n'ait pas moins de délicatesse que nous, c'est ce qui passe mon imagination. Pour ses défauts, ils sont quasi touts sur la bienséance de son sexe, & doivent plûtôt être attribués à son éducation, qu'à son esprit, d'ailleurs il y auroit de la rigueur à ne pardonner pas quelques irrégularités aux personnes tout-à-fait extraordinaires: ce qu'elle perd avec peu d'intérêt d'un côté, elle le gagne avec de grands avantages de l'autre, & peut-être qui si elle étoit d'un tempérament fort réglé, elle n'auroit qu'un génie commun, & seroit d'un mérite fort médiocre. Pour les sentimens de la Religion, je ne vous en dirai rien, il faudroit l'avoir observée plus longtems que je n'ai fait pour en parler; & si l'on en a dit qu'elle jure quelque fois par habitude, & sans y penser, je vous puis assurer que je ne l'ai pas ouï, & je crois qu'il faut imputer ce reproche à ses ennemis. En voilà assez, encore ai-je poussé la chose plus loin que je ne m'étois proposé, je demande pardon à Monsieur Botru de mon entreprise.

English translation (my own):

Monsieur,
This is not quite a painting of the Queen of Sweden here. I do not want to undertake anything on Monsieur de Botru, but I will tell you basically that she is the most extraordinary person I have ever seen; her clothing and her hairstyle are different from ours, and her small equipage is a little surprising, and it is well known that she holds custom and decorum much below her. As I describe her to you, she finds herself so little embarrassed that apparently she believes herself to be mistress of everything, and it is a wonder that, having left her kingdom, she knows how to be the Queen so well in other kingdoms; besides, nothing is unknown to her. Her curiosity is so great that she is informed of the spirit, manners, and interests of all honest people. She enters into conversation as gallantly as Monsieur le Maréchal de Clérembault could do, and speaks with such accuracy that one would say that she has practiced Monsieur le Marquis all her life. Lots of light and liveliness with the beautiful natures, of knowledge with scholars, of an easy and universal spirit with everyone; in short, one who can separate her merit from her sex and judge her as an honest man cannot help admiring her. To tell you my sentiment, I am astonished that she knows so many languages ​​and so many things; but in her most polite and delicate court in the world, a Swedish woman has no less delicacy than us, that is what passes my imagination. As for her faults, they are almost all on the decorum of her sex, and should rather be attributed to her education than to her mind; moreover there would be rigour not to forgive some irregularities to people who are completely extraordinary; what she loses with little interest on the one hand, she gains with great advantages on the other, and perhaps if she were of a very regulated temperament, she would have only one common genius, and would be of very mediocre merit. As for the feelings of religion, I won't tell you anything about it, you would have to have observed her longer than I did to talk about it; and if it has been said that she swears sometimes out of habit, and without thinking about it, I can assure you that I have not heard her, and I believe that this reproach must be imputed to her enemies. Enough, still I pushed the this further than I had proposed to myself, I ask forgiveness of Monsieur Botru.

Swedish translation of the original (my own):

Monsieur,
Det här är inte riktigt en målning av Sveriges drottning. Jag vill inte göra något på monsieur de Botru, men jag skall säga Er att hon är den mest extraordinära person jag någonsin sett: hennes kläder, hennes frisyr som skiljer sig från vår, och hennes lilla utrustning är lite överraskande, och hon gör det är väl känt att hon håller sed och anständighet långt under sig. I det tillstånd som jag avbildar henne för Er, finner hon sig själv så lite generad att hon tydligen tror sig vara alltings härskarinna; och det är ett under att hon, efter att ha lämnat sitt rike, så väl vet hur hon skall agera som drottning i andras rike. För övrigt är ingenting okänt för henne. Hennes nyfikenhet är så stor att hon är informerad om alla ärliga människors sinnen, uppförande och intressen. Hon går i samtal så galant som monsieur le maréchal de Clérembault kunde göra, och hon talar med sådan noggrannhet att man skulle kunna säga att hon har utövat monsieur le marquis hela sitt liv. Mycket ljus och livlighet med de vackra naturliga, av bekantskap med de lärda, av en lättsam och universell anda med alla; enfin, den som kan skilja hennes förtjänst från hennes kön och döma henne som en ärlig person skulle inte kunna sluta beundra henne.

För att berätta hur jag känner är jag förvånad över att hon kan så många språk och så många saker; men att en svenska i sitt hov, den artigaste och ömtåligaste i världen, inte har mindre delikatess än vi, det är det som går över min fantasi. Vad hennes fel beträffar, så beror de nästan alla på hennes köns anständighet och måste hellre tillskrivas hennes uppväxt än till hennes sinne; dessutom skulle det vara strängt att inte förlåta helt extraordinära människor vissa irreguljäriteter. Det hon förlorar med ringa intresse å ena sidan, vinner hon med stora fördelar å andra sidan, och kanske om hon vore av ett starkt och fast temperament, skulle hon bara ha ett gemensamt geni och skulle vara av mycket medelmåttig förtjänst. När det gäller hennes religionskänslor vill jag inte säga något till Er. Man skulle ha sett henne längre än jag för att tala om henne, och om det har sagts att hon ibland svär av vana, och utan att tänka på det, kan jag försäkra Er om att jag inte hörde det; och jag tror att denna förebråelse måste tillskrivas hennes fiender. Det räcker, jag gick längre än jag hade tänkt mig; jag ber monsieur Botru om ursäkt för mitt företagande.

English translation of the original (my own):

Monsieur,
This is not quite a painting of the Queen of Sweden. I do not want to undertake anything on Monsieur de Botru, but I will tell you that she is the most extraordinary person I have ever seen: her clothes, her hairstyle different from ours, and her small equipage are a bit surprising, and she makes it well known that she holds custom and propriety far below her. In the state that I am depicting her to you, she finds herself so little embarrassed that apparently she believes herself to be the mistress of everything; and it is a marvel that, having left her kingdom, she knows so well how to act as Queen in the kingdoms of others. For the rest, nothing is unknown to her. Her curiosity is so great that she is informed of the minds, manners and interests of all honest people. She enters into conversation as gallantly as Monsieur le Maréchal de Clérembault could do, and she speaks with such accuracy that one would say that she has practiced Monsieur le Marquis all her life. A lot of light and vivacity with the beautiful naturals, of acquaintance with the scholars, of an easy and universal spirit with everyone; enfin, anyone who can separate her merit from her sex and judge her like an honest person, would not be able to stop admiring her.

To tell you how I feel, I am astonished that she knows so many languages ​​and so many things; but that in her court, the most polite and the most delicate in the world, a Swede has no less delicacy than us, that is what passes my imagination. As for her faults, they are almost all on the propriety of her sex and must rather be attributed to her upbringing than to her mind; moreover, it would be rigour not to forgive completely extraordinary people of some irregularities. What she loses with little interest on the one hand, she gains with great advantages on the other, and perhaps if she were of a strong and settled temperament, she would only have a common genius, and would be of very mediocre merit. As for her feelings of religion, I will say nothing to you. One would have to have watched her longer than I did to talk about her, and if it has been said that she sometimes swears out of habit, and without thinking about it, I can assure you that I did not hear it; and I believe that this reproach must be imputed to her enemies. That is enough, I went further than I had intended; I apologise to Monsieur Botru for my entreprise.


Above: Kristina.

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