Friday, November 6, 2020

Kristina's letter to Claude Sarrau, dated November 13/23 (New Style), 1650

Sources:

Marquardi Gudii et doctorum virorum ad eum epistolæ, quibus ex Bibliotheca Gudiana clarissimorum et doctissimorum virorum, qui superiore & nostro sæculo floruerunt; et Claudii Sarravii Senatoris Parisiensis epistolæ ex eadem Bibliotheca auctiores, page 240 (Sarrau's part of the book), published by Franciscus Halma and Willem van de Water, 1697


Mémoires concernant Christine, volume 1, page 264, Johan Arckenholtz, 1751


The letter:

MONSIEUR, Je vous demande pardon, de ce que je ne vous ay pas plustost remercié de cét excellent present, que vous m'avés envoyé par le Sieur Vossius, & de ce que je n'ay pas plustost fait response à la lettre, que vous avés pris la peine de m'escrire. Ne croyés pas, Monsieur, que je sois méconoissante envers une personne, qui m'a voulu donner part d'un si precieux thresor, qu'est celuy que j'ay receu de vous: Ny que je sois insensible envers les offres d'affection, qu'un homme de vostre merite m'a faites par une lettre si civile. Je vous conjure de croire, que je sçay estimer & l'un & l'autre comme je dois: & que je ne me rendray jamais indigne ny par ingratitude, ny par insensibilité, de l'estime que vous temoignés avoir pour moy. Et puisque vostre civilité s'est servie de ces termes pour m'assurer de vostre affection, par lesquels vous me voulés faire accroire que vous vous estes donné à moy. Je vous diray que c'est avec joye que je vous accepte au nombre des miens. Et ce sera d'oresnavant avec vostre permission, que je me vanteray de cette acquisition. Je vous prie de croire que j'useray du droit, que vous m'avés donné sur vous, avec la reserve & la discretion que je dois avoir pour un homme de vostre merite. Et je ne vous feray jamais sentir, combien je suis absolue, qu'en vous commandant de changer la qualité de serviteur en celle d'amy. C'est en cette qualité que je vous accepte entre les miens: & c'est en ce seul regard que je pretens d'exercer le pouvoir que vous m'avés donné. Si apres cela il me reste encore quelque autorité: Je vous diray, que je desire de vous la conservation du bien, que vous m'avés accordé. Ne me refusés pas la continuation de vostre amitié apres me l'avoir donnée si genereusement. Il est vray je ne la merite pas. Aussi n'est-ce pas par merite que j'y pretens. C'est vostre generosité & non pas mon merite, qui a justifié ma pretention. Neantmoins je vous puis assurer en revange, que vous avés entierement acquis l'estime & l'amitié de
CHRISTINE.
De Stocholme le XXIII. Novemb. CIϽ IϽC L.

With modernised spelling:

Monsieur,
Je vous demande pardon de ce que je ne vous ai pas plutôt remercié de cet excellent present que vous m'avez envoyé par le sieur Vossius, et de ce que je n'ai pas plutôt fait réponse à la lettre que vous avez pris la peine de m'écrire. Ne croyez pas, Monsieur, que je sois méconnaissante envers une personne qui m'a voulu donner part d'un si précieux trésor qu'est celui que j'ai reçu de vous, ni que je sois insensible envers les offres d'affection qu'un homme de votre mérite m'a faites par une lettre si civile. Je vous conjure de croire que je sais estimer et l'un et l'autre comme je dois et que je ne me rendrai jamais indigne ni par ingratitude, ni par insensibilité de l'estime que vous témoignez avoir pour moi. Et puisque votre civilité s'est servie de ces termes pour m'assurer de votre affection, par lesquels vous me voulez faire accroire que vous vous êtes donné à moi, je vous dirai que c'est avec joie que je vous accepte au nombre des miens, et ce sera dorénavant avec votre permission que je me vanterai de cette acquisition. Je vous prie de croire que j'userai du droit que vous m'avez donné sur vous avec la réserve et la discretion que je dois avoir pour un homme de votre mérite. Et je ne vous ferai jamais sentir combien je suis absolue qu'en vous commandant de changer la qualité de serviteur en celle d'ami. C'est en cette qualité que je vous accepte entre les miens; et c'est en ce seul regard que je prétends d'exercer le pouvoir que vous m'avez donné. Si, après cela, il me reste encore quelque autorité, je vous dirai que je désire de vous la conservation du bien que vous m'avez accordé. Ne me refusez pas la continuation de votre amitié après me l'avoir donnée si généreusement. Il est vrai: je ne la mérite pas. Aussi n'est-ce pas par mérite que j'y prétends? C'est votre générosité et non pas mon mérite qui a justifié ma pretention. Néanmoins, je vous puis assurer en revange que vous avez entièrement acquis l'estime et l'amitié de
Christine.
De Stockholm, le 23 novembre 1650.

Arckenholtz's transcript of the letter (he corrected Kristina's grammar and spelling):

Monsieur. Je vous demande pardon de ce que je ne vous ai pas plûtôt remercié de cet excellent présent que vous m'avez envoïé par le Sr. Vossius, & de ce que je n'ai pas plûtôt fait réponse à la lettre que vous avez pris la peine de m'écrire. Ne croïez pas, Monsieur, que je sois méconnoissante envers une personne qui m'a voulu donner part d'un si précieux trésor, qu'est celui que j'ai reçu de vous: ni que je sois insensible envers les offres d'affection qu'un homme de votre mérite en a faites par une lettre si civile. Je vous conjure de croire, que je sai estimer l'un & l'autre comme je dois, & que je ne me rendrai jamais indigne ni par ingratitude, ni par insensibilité, de l'estime que vous témoignez avoir pour moi. Et puisque votre civilité s'est servi de ces termes pour m'assurer de votre affection, par lesquels, vous me voulez faire accroire que vous vous êtes donné à moi; je vous dirai que c'est avec joïe que je vous accepte au nombre des miens, & ce sera dorénavant avec votre permission que je me vanterai de cette acquisition. Je vous prie de croire que j'userai du droit que vous m'avez donné sur vous, avec la reserve & la discrétion que je dois avoir pour un homme de votre mérite: & je ne vous ferai jamais sentir, combien je suis absoluë, qu'en vous commandant de changer la qualité de serviteur en celle d'ami. C'est en cette qualité que je vous accepte entre les miens, & c'est à ce seul égard que je prétens d'éxercer le pouvoir que vous m'avez donné. Si après cela il me reste encore quelque autorité, je vous dirai, que je desire de vous la conservation de votre amitié après me l'avoir donnée si généreusement. Il est vrai que je ne la mérite pas. Aussi n'est-ce pas par mérite que j'y prétens. C'est votre générosité, & non pas mon mérite, qui a justifié ma prétention. Néanmoins je vous puis assurer en revange, que vous avez entiérement acquis l'estime & l'amitié de
Christine.
à Stockholm le 23 Nov. 1650.

English translation (my own):

Monsieur,
I beg your pardon for not thanking you rather for this excellent present that you sent me by Sir Vossius, and for not responding to the letter that you took the trouble to write to me. Do not think, Monsieur, that I am disrespectful to a person who wanted to give me part of such a precious treasure that is the one I received from you, nor that I am insensitive to offers of affection which a man of your merit made of it by such a civil letter. I beg you to believe that I know how to esteem both as I should, and that I will never make myself unworthy, either by ingratitude or by insensibility, of the esteem you show for me. And since your civility has used these terms to assure me of your affection, by which you want me to believe that you have given yourself to me, I will tell you that it is with joy that I accept you among my own, and it will be with your permission from now on that I will brag about this acquisition. I beg you to believe that I will use the right you have given me over yourself, with the reserve and discretion I should have for a man of your merit; and I will never make you feel how absolute I am except by commanding you to change the quality of servant to that of friend. It is in this capacity that I accept you among my own, and it is in this respect alone that I claim to exercise the power that you have given me. If after that I still have some authority, I will tell you that I desire from you the preservation of your friendship after having given it to me so generously. It is true that I do not deserve it. So it is not by merit that I claim it. It is your generosity, and not my merit, that justified my claim. However, I can assure you in return that you have fully acquired the esteem and friendship of
Kristina.
Stockholm, November 23, 1650.

Swedish translation of the original (my own):

Monsieur,
Jag ber om ursäkt för att jag inte tidigare har tackat Er för denna utmärkta present som Ni skickat mig av herr Vossius, och för att jag inte snarare har svarat på det brev som Ni tog Er besväret att skriva till mig. Tro inte, monsieur, att jag är okunnig om en person som ville dela med mig en sådan dyrbar skatt som den jag fick av Er, och inte heller att jag är okänslig för de erbjudanden om tillgivenhet som en man av Er förtjänst gav mig av ett så civilt brev. Jag ber Er att tro att jag vet hur jag skall uppskatta både som jag borde och att jag aldrig kommer att göra mig ovärdig vare sig genom otacksamhet eller genom okänslighet för den aktning Ni visar att ha för mig. Och eftersom Er artighet har använt sig av dessa termer för att försäkra mig om Er tillgivenhet, genom vilka Ni vill att jag skall tro att Ni har givit Er själv till mig, skall jag säga Er att det är med glädje jag accepterar Er bland mina egna, och  det kommer hädanefter att vara med Er tillåtelse som jag kommer att skryta med detta förvärv. Jag ber Er att tro att jag kommer att använda den rätt Ni har givit mig över Er med den reserv och diskretion som jag måste ha för en man av Er förtjänst. Och jag kommer aldrig att få Er att känna hur absolut jag är utom genom att beordra Er att ändra kvaliteten på tjänare till att vara vän. Det är i denna egenskap som jag accepterar er bland mina egna; och det är enbart med detta avseende som jag gör anspråk på att utöva den makt Ni har givit mig. Om jag efter det fortfarande har någon auktoritet kvar, så skall jag säga Er att jag vill att Ni skall bevara den godhet som Ni har givit mig. Förneka mig inte att Er vänskap fortsätter efter att ha givit mig den så generöst. Det är sant: jag förtjänar den inte. Så är det inte av förtjänst jag pretenderar den? Det är Er generositet och inte min förtjänst som har motiverat min pretension. Ändå kan jag försäkra Er däremot att Ni till fullo har förvärvat den aktning och vänskap som
Kristina.
Från Stockholm, den 23 november 1650.

English translation of the original (my own):

Monsieur,
I beg your pardon for not having thanked you sooner for this excellent present which you sent me by Mr. Vossius, and for not having rather replied to the letter which you took the trouble of writing to me. Do not believe, Monsieur, that I am ignorant of a person who wanted to share with me such a precious treasure as the one I received from you, nor that I am insensitive towards the offers of affection that a man of your merit made me by such a civil letter. I beg you to believe that I know how to esteem both as I ought and that I will never make myself unworthy either through ingratitude or through insensitivity to the esteem you show to have for me. And as your civility has made use of these terms to assure me of your affection, by which you want me to believe that you have given yourself to me, I will tell you that it is with joy that I accept you among my own, and it will henceforth be with your permission that I will boast of this acquisition. I beg you to believe that I will use the right you have given me over you with the reserve and discretion that I must have for a man of your merit. And I will never make you feel how absolute I am except by ordering you to change the quality of servant to that of friend. It is in this quality that I accept you among my own; and it is with this regard alone that I claim to exercise the power you have given me. If, after that, I still have some authority left, I will tell you that I want you to preserve the good that you have granted me. Do not deny me the continuation of your friendship after having given it to me so generously. It is true: I do not deserve it. So is it not by merit that I claim it? It is your generosity and not my merit that have justified my claim. Nevertheless, I can assure you in return that you have fully acquired the esteem and friendship of
Kristina.
From Stockholm, November 23, 1650.


Above: Kristina.

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