Wednesday, July 15, 2020

Kristina's letter to Renée du Bec-Crespin, Madame la Maréchale de Guébriant, year 1653

Sources:

Lettres de la Reyne de Suède et de quelques autres personnes, page 17, published by Pierre Colomiés, 1680


Mémoires concernant Christine, volume 1, page 357, Johan Arckenholtz, 1751


The letter:

MADAME, J'ay sujet de me louer de ma bonne fortune, qui m'a procuré le bien d'estre aimée de vous. Je puis dire qu'elle m'a procuré plusieurs avantages dont je luy suis moins redevable que de celuy de vostre estime. Estre aimée d'une personne si estimable comme vous, c'est une satisfaction dont on ne se peut passer aprés que l'on est entré en sa possession, & il est doresnavant nécessaire pour mon contentement de conserver aupres de vous les sentimens dont vous m'avez donné des protestations si amples. Je ne puis avoir de l'indiférence pour une personne qui posséde l'amitié de la Reine de Pologne; & puis que la tendresse avec laquelle j'aime cette Princesse, m'engage d'épouser ses passions avec ardeur, jugez quelles pourrons estre vos prétentions auprés de moy. Ces mesmes sentimens m'obligent d'accepter sans repugnance le beau present que vous m'envoyez; & je change de sentimens en cette occasion sans m'efforcer, puis que j'ay apris que les personnes de ma condition peuvent sans rougir estre redevables aux personnes illustres comme vous estes. Je vous remercie de tout mon cœur de ce que vous m'avez voulu obliger de si bonne grace, & vous proteste que je n'accepte vostre libéralité, qu'à condition de n'oublier jamais les offices auxquels la reconnoissance m'engage. J'auray toûjours le soin de ne me rendre jamais indigne de vostre estime par ingratitude
CHRISTINE.

With modernised spelling:

Madame,
J'ai sujet de me louer de ma bonne fortune qui m'a procuré le bien d'être aimée de vous. Je puis dire qu'elle m'a procuré plusieurs avantages dont je lui suis moins redevable que de celui de votre estime. Être aimée d'une personne si estimable comme vous, c'est une satisfaction dont on ne se peut passer après que l'on est entré en sa possession, et il est dorénavant nécessaire pour mon contentement de conserver auprès de vous les sentiments dont vous m'avez donné des protestations si amples. Je ne puis avoir de l'indifférence pour une personne qui possède l'amitié de la reine de Pologne, et puisque la tendresse avec laquelle j'aime cette princesse m'engage d'épouser ses passions avec ardeur, jugez quelles pourront être vos prétentions auprès de moi. Ces mêmes sentiments m'obligent d'accepter sans répugnance le beau présent que vous n'envoyez, et je change de sentiments en cette occasion sans m'efforcer, puisque j'ai appris que les personnes de ma condition peuvent sans rougir être redevables aux personnes illustres comme vous êtes. Je vous remercie de tout mon cœur de ce que vous m'avez voulu obliger de si bonne grâce, et [je] vous proteste que je n'accepte votre libéralité qu'à condition de n'oublier jamais les offices auxquels la reconnaissance m'engage. J'aurai toujours le soin de ne me rendre jamais indigne de votre estime par ingratitude
Christine.

Arckenholtz's transcript of the letter:

Madame. J'ai sujèt de me louer de ma bonne fortune qui m'a procuré le bien d'être aimée de vous. Je puis dire qu'elle m'a procuré plusieurs avantages, dont je lui suis moins redevable que de celui de votre estime. Etre aimée d'une personne si estimable comme vous, c'est une satisfaction dont on ne se peut passer, après que l'on est entré en sa possession, & il est dorénavant nécessaire pour mon contentement de conserver auprès de vous les sentimens dont vous m'avez donné des protestations si amples. Je ne puis avoir de l'indifférence pour une personne qui possède l'amitié de la Reine de Pologne, & puisque la tendresse avec laquelle j'aime cette Princesse, m'engage d'épouser ses passions avec ardeur, jugez quelles pourrons être vos prétentions auprès de moi. Ces mêmes sentimens m'obligent d'accepter, sans répugnance le beau présent que vous m'envoïez; & je change de sentimens en cette occasion, sans m'efforcer, puisque j'ai apris que les personnes illustres comme vous êtes. Je vous remercie de tout mon cœur de ce que vous m'avez voulu obliger de si bonne grace, & vous proteste que je n'accepte votre libéralité qu'à condition de n'oublier jamais les offices aux quels la reconnoissance m'engage. J'aurai toûjours le soin de ne me rendre jamais indigne de votre estime par ingratitude.
CHRISTINE.

Swedish translation (my own):

Madam,
Jag har anledning att berömma mig själv för min lycka som har givit mig den lyckan att bli älskad av Er. Jag kan säga att det har givit mig flera fördelar, som jag är skyldig det mindre än Er aktning. Att bli älskad av en så uppskattad person som Ni är en tillfredsställelse som man inte kan vara utan, sedan man kommit i dess ägo, och det är nu nödvändigt för min tillfredsställelse att behålla de känslor med vilka Ni gav mig så rikliga försäkringar. Jag kan inte vara likgiltig för en person som har vänskapen med drottningen av Polen, och eftersom den ömhet med vilken jag älskar denna prinsessa förbinder mig att värna om hennes passioner med iver, bedöm vad Era anspråk på mig kan vara. Dessa samma känslor förpliktar mig att utan avsky acceptera den vackra present som Ni skickar mig; och jag ändrar mina känslor vid detta tillfälle utan att försöka, eftersom jag lärde mig att det finns berömda människor som Ni. Jag tackar Er av hela mitt hjärta för vad Ni ville att jag skulle förplikta mig med så god nåd, och jag försäkrar Er att jag accepterar Er frikostighet endast under förutsättning att jag aldrig glömmer de tjänster som erkännande ger mig erkännande av. Jag skall alltid vara noga med att inte göra mig ovärdig Er aktning genom otacksamhet.
Kristina.

English translation (my own):

Madame,
I have reason to praise myself for my good fortune which has given me the good of being loved by you. I can say that it has given me several advantages, which I owe it less than that of your esteem. To be loved by such an esteemed person like you is a satisfaction that one cannot do without, after one has come into its possession, and it is now necessary for my satisfaction to keep the feelings with which you gave me such ample assurances. I cannot be indifferent to a person who has the friendship of the Queen of Poland, and since the tenderness with which I love this princess commits me to espouse her passions with ardour, judge what could be your claims to me. These same feelings compel me to accept, without repugnance, the beautiful present that you send me; and I change my feelings on this occasion without trying, since I learned that illustrious people like you exist. I thank you with all my heart for what you wanted me to oblige with such good grace, and I assure you that I accept your liberality only on condition of never forgetting the services to which recognition acknowledges me. I will always be careful not to make myself unworthy of your esteem out of ingratitude.
Kristina.


Above: Kristina.


Above: Renée du Bec-Crespin, Madame la Maréchale de Guébriant.

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