Monday, October 11, 2021

Pierre Hector Chanut's letter to Kristina, dated December 25, 1654/January 4, 1655 (New Style)

Sources:

Pages 25 to 27 in November 1654 (HHStAW Fonds 170 III No 842); 1651-1675; Korrespondenzen; Nassau-Oranien; Nassauische Territorien; Hessisches Hauptstaatsarchiv; Archives in Hessen


Mémoires concernant Christine, volume 1, pages 458 to 460, Johan Arckenholtz, 1751



The letter (copy; Hessisches Staatsarchiv Darmstadt):

Madame
J'ay grand Sujét en mon particulier de remercier tres humblem:t V. M. de ce que, par la response qu'il Luy a plû me donner, elle a détruit l'opinion, dont les Ennemis du Roy mon Maistre avoyent voulu persüader le monde Sur la cause du voyage, que i'ay fait à Anvers, pour avoir l'honneur d'ÿ Salüer V. M. et d[']ẏ recevoir Ses commandemens. Mais Si j'avois pensé, que ce, que ie Luy écrivois pour l'interest du Roy & pour iustifier ma conduitte, eût excité en elle cétte indignation qui paroit en toute Sa response, le profond respect, que ie luy porte, & qui ne diminuëra jamais, m'auroit empêché de Luy donner lieu de S'expliquer de la maniere qu'elle a fait et de Ses jugements, et de Ses inclinations entre la France et l'Espagne. Je diray mesme Sans crainte d'estre desâvoüé: qu'il y auroit eu moins d'inconvénient de laisser croire au monde vne recherche de paix de la part du Roy, que d'estre occasion à V. M. de traitter ces Choses en termes si âpres, que l'on n'a point de coustume de S'en Servir entre les Ennemis mesmes. Je Souhaite Madame, que tous ceux, qui verront cétte Lettre de V. M. Soyent autant informéz, que ie le Suis des lumieres incomparables de Son esprit, afin qu'ils connoissent, comme moy, que Si la France Luy paroit autre, qu'elle n'est en effect, et qu'elle ne Luy a paru autre fois, c'est qu'elle La voit de Brusselles au travers d'un nüage fort espais; qu'il nous Soit permis, Madame, d'appeller des Sentiments que vous avez pris en Brabant, à ceux, que vous avéz eu en Suëde, pendant tant d'années d'un Regne glorieux, et à ceux, que vous avéz herité du grand Gustave, qui a donné tant de lustre à V:re Maison aux despens de celle dont vous recevéz aujourdhuy les applaudissements. V. M:té veut que ie r'appelle la memoire des choses passées à ma connoissance, pour l'âvouër que nous Sommes coulpables, d'une trop grande aversion à la paix. J'avois l'honneur de Servir aupres d'elle à Stockholm pendant qu'on la traittoit à Munster, et ie ne puis respondre, que d'une Seule rencontre, dont ie Supplie aussi V:tre M. de Se vouloir Souvenir. Le travail de Mess:rs les Mediateurs avoit porté le Traicté de Paix entre la France et l'Espagne à cinq articles prés de la conclusion; Sur lesquels ne Se trouvant aucun temperament, qui plût aux deux parties, il Sembloit ne rester autre moyen, d'accommodement, que de les Soûmettre à l'arbitrage d'un Prince Ami commun. Mess:rs les Ambassadeurs de V. M. pressant ce grand ouvrage, par leurs offices, il fut proposé par les Ministres d'Espagne de remettre la decision de ces 5. poincts au jugement de V:re Majesté. Mons:r de Servient Ambassadeur Plenipotentiaire du Roy receût la proposition; et ne doûtant point de la response, qu'il en auroit de la Reine Regente Sur cétte ouverture, il m'envoẏa à Stockholm tous les memoires et toutes les instructions necessaires pour me preparer à informer V:re M:té de nos raisons, Et elle Se peut Souvenir, que ie Luy rendis compte alors, de tout ce qui Se passoit en cela, et de l'Esperance que nous avions, que Son jugement feroit la paix des deux Couronnes. Mons:r de Servient ayant incontinent reçeû les ordres de la Reine declara Solennellement à Mess:rs les Mediateurs, que la France acceptoit l'arbitrage de V:re M:té. Jls le denonçerent aux Ministres d'Espagne & Mons:r Brun respondit peu Serieusement pour un[e] affaire de cétte importance; que l'offre, qu'ils avoyent faite de la part du Roy leur Maistre de Soûmettre ses interéts à l'arbitrage de V. M. n'avoit esté qu'un compliment, qui ne portoit point d'obligation. V:re M:té connût lors quelle des deux Couronnes la respectoit davantage: quelle des deux desiroit en effect la Paix, et Si ce n'estoit pas l'Espagne, qui feignoit Seulem:t de la desirer. De nôtre part il n'ÿ a rien de changé. Le Roy suit les mesmes maximes. Jl Se Sert du mesme Conseil, il a le mesme Premier Ministre que V. M. honnoroit lors, par des marques publiques de Vôtre bienveillance; et qui ne Luy a donné aucune cause de Suspendre Ses graces envers Luy; Mais comme en ce temps les faiseurs de Libelles Luy imputoyent malicieusement l'esloignement de la paix, ainsi nos Ennemis tâchent de donner encore cette fausse impression à V. M. pendant qu'elle est chez Eux: où n'entendant q[u]'une des parties, il est impossible, qu'elle iuge Sainement, comme elle a fait, quand le Soin de Son propre Estat l'obligeoit d'examiner de plus prés la conduite des autres Souverains, et comme elle fera toûjours quand elle Sera bien informée. Ce n'est point de V:re M:té mais de la bouche des Espagnols, que nous recevons le reproche, qu'elle nous a fait en la lettre, de n'estre pas modestes. Jl le faut confesser, Madame. — Nôtre Nation est brusque et audacieuse l'espée à la main, cela est incommode et desplaisant à ceux, dont le temperament a plus de flegme, et qui gardent la gravité iusques dans le combat. Nous tenons la modestie pour vne vertu de cabinet, qui ne Siéd pas bien au Soldat: c'est pourquoy nous gardons toute la modestie pour nos conseils, qui ne Sont ni Vastes, ni Violens; & à la campagne nous Suivons la ferveur de nostre genie: de Sorte, que les Espagnols ne pouvoyent mieux découvrir, qu'ils ne veulent point la paix qu'en ce, qu'ils ont fait entendre à V. M. qu'ils n'ÿ consentiront point, que nous ne Soyons devenûs plus modestes: C'est à dire Selon leur Sens, moins braves et vaillans: Car nous ne changerons point; Et il n'est pas croyable, que les François degenerent de la vertu de leurs Peres Sous un Roy, qui Seroit capable de leur inspirer de la generosité, Si la Nature ne l'avoit point fait. Aussi V. M. expliquant les Sentimens d'Espagne, ne nous a point menacé de Ses armes, auxquelles nous resistons graces à Dieu, Sans nous espouvanter: Mais Seulement de l'inconstance de la Fortune et de celle de nostre Nation. Pour la premiere Si elle est à craindre cette crainte est égale pour tous. Les autres n[']en Sont non plus Maistres que nous. Mais pour l'humeur de la Nation, il Se peut dire, qu'il n'ÿ a personne au monde, qui ait moins de Sujét de l'accuser d'inconstance que V. M., qui en a épreuvé la fermeté pendant 15. années d'alliance constamment observée en la bonne & mauvaise fortune de la guerre avec vne fidelité, dont aucune histoire des Siecles passéz ne peut fournir d'exemple. La gloire nous en est commune avec V. M., Son Senat et ses Sujéts; & comme nous ne retranchons rien de la part, qui est deüe à la Suëde, en la noble perseverance d'une foy inébranlable, nous pouvons avec justice demander à V. M. qu'elle [ne] veuille point oster au Roy, à Son premier Ministre, & à Ses peuples la part, qui leur revient au merite d'une Si rare constance. Vous éprouveréz, Madame à la Suitte du temps, que la France n'est point inconstante, et le respéct, que nous continûerons de vous rendre, déstruisant les opinions, que l'on vous en a donné, vous verréz un jour nos affaires d'un œil plus favorable. Pour moy, je ne dois pas attendre de loüange de ce, que ie demeureray toute ma vie ferme dans mon dévoir auprés de V:re M:té puis que Ses bontéz m'ont fait vne necessité d'estre tant, que ie respireray, &c

With modernised spelling:

Madame,
J'ai grand sujet en mon particulier de remercier très humblement Votre Majesté de ce que, par la réponse qu'il lui a plu me donner, elle a détruit l'opinion, dont les ennemis du Roi mon maître avaient voulu persuader le monde sur la cause du voyage que j'ai fait à Anvers pour avoir l'honneur d'y saluer Votre Majesté et d'y recevoir ses commandements. Mais, si j'avais pensé que ce que je lui écrivais pour l'intérêt du Roi et pour justifier ma conduite eut excité en elle cette indignation, qui paraît en toute sa réponse, le profond respect que je lui porte, et qui ne diminuera jamais, m'aurait empêché de lui donner lieu de s'expliquer de la manière qu'elle a fait et de ses jugements et de ses inclinations entre la France et l'Espagne.

Je dirai même, sans crainte d'être désavoué, qu'il y aurait eu moins d'inconvénient de laisser croire au monde une recherche de paix de la part du Roi que d'être occasion à Votre Majesté de traiter ces choses en termes si âpres que l'on n'a point de coutume de s'en servir entre les ennemis-mêmes. Je souhaite, Madame, que tous ceux qui verront cette lettre de Votre Majesté soient autant informés que je le suis des lumières incomparables de son esprit, afin qu'ils connaissent, comme moi, que si la France lui paraît autre qu'elle n'est en effet et qu'elle ne lui a paru autrefois, c'est qu'elle la voit de Bruxelles au travers d'un nuage fort épais; qu'il nous soit permis, Madame, d'appeler des sentiments que vous avez pris en Brabant à ceux que vous avez eu en Suède pendant tant d'années d'un règne glorieux, et à ceux que vous avez hérité du grand Gustave, qui a donné tant de lustre à votre Maison aux dépens de celle dont vous recevez aujourd'hui les applaudissements.

Votre Majesté veut que je rappelle la mémoire des choses passées à ma connaissance pour l'avouer que nous sommes coupables d'une trop grande aversion à la paix. J'avais l'honneur de servir auprès d'elle à Stockholm pendant qu'on la traitait à Münster, et je ne puis répondre que d'une seule rencontre, dont je supplie aussi Votre Majesté de se vouloir souvenir. Le travail de Messieurs les médiateurs avait porté le traité de paix entre la France et l'Espagne à cinq articles près de la conclusion, sur lesquels ne se trouvant aucun tempérament qui plut aux deux parties, il semblait ne rester autre moyen d'accommodement que de les soumettre à l'arbitrage d'un prince ami commun.

Messieurs les ambassadeurs de Votre Majesté pressant ce grand ouvrage par leurs offices, il fut proposé par les ministres d'Espagne de remettre la décision de ces 5 points au jugement de Votre Majesté. Monsieur de Servien, ambassadeur plénipotentiaire du Roi, reçut la proposition et, ne doutant point de la réponse qu'il en aurait de la reine-régente sur cette ouverture, il m'envoya à Stockholm tous les mémoires et toutes les instructions nécessaires pour me preparer à informer Votre Majesté de nos raisons; et elle se peut souvenir que je lui rendis compte alors de tout ce qui se passait en cela et de l'espérance que nous avions que son jugement ferait la paix des deux Couronnes.

Monsieur de Servien, ayant incontinent reçu les ordres de la reine, déclara solennellement à Messieurs les médiateurs que la France acceptait l'arbitrage de Votre Majesté. Ils le dénoncèrent aux ministres d'Espagne, et Monsieur Brun répondit peu sérieusement pour un[e] affaire de cette importance, que l'offre qu'ils avaient faite de la part du Roi leur maître de soumettre ses intérêts à l'arbitrage de Votre Majesté n'avait été qu'un compliment qui ne portait point d'obligation. Votre Majesté connut lors quelle des deux Couronnes la respectait davantage, quelle des deux désirait en effet la paix, et si ce n'était pas l'Espagne qui feignait seulement de la désirer.

De notre part, il n'y a rien de changé. Le roi suit les mêmes maximes. Il se sert du même Conseil, il a le même premier ministre que Votre Majesté honorait lors par des marques publiques de votre bienveillance et qui ne lui a donné aucune cause de suspendre ses grâces envers lui. Mais, comme en ce temps les faiseurs de libelles lui imputaient malicieusement l'éloignement de la paix, ainsi nos ennemis tâchent de donner encore cette fausse impression à Votre Majesté, pendant qu'elle est chez eux, où n'entendant qu'une des parties, il est impossible qu'elle juge sainement, comme elle a fait, quand le soin de son propre État l'obligeait d'examiner de plus près la conduite des autres souverains et comme elle fera toujours quand elle sera bien informée.

Ce n'est point de Votre Majesté, mais de la bouche des Espagnols, que nous recevons le reproche qu'elle nous a fait en la lettre de n'être pas modestes. Il le faut confesser, Madame: notre nation est brusque et audacieuse, l'épée à la main. Cela est incommode et déplaisant à ceux, dont le tempérament a plus de flegme, et qui gardent la gravité jusque dans le combat. Nous tenons la modestie pour une vertu de cabinet qui ne sied pas bien au soldat.

C'est pourquoi nous gardons toute la modestie pour nos conseils qui ne sont ni vastes, ni violents; et à la campagne nous suivons la ferveur de notre génie, de sorte que les Espagnols ne pouvaient mieux découvrir qu'ils ne veulent point la paix qu'en ce qu'ils ont fait entendre à Votre Majesté qu'ils n'y consentiront point que nous ne soyons devenus plus modestes. C'est-à-dire, selon leur sens, moins braves et vaillants, car nous ne changerons point; et il n'est pas croyable que les Français dégénèrent de la vertu de leurs pères sous un roi qui serait capable de leur inspirer de la générosité, si la nature ne l'avait point fait.

Aussi Votre Majesté expliquant les sentiments d'Espagne ne nous a point menacé de ses armes, auxquelles nous resistons, grâce à Dieu, sans nous épouvanter; mais seulement de l'inconstance de la fortune et de celle de notre nation. Pour la première, si elle est à craindre, cette crainte est égale pour tous. Les autres n'en sont non plus maîtres que nous. Mais, pour l'humeur de la nation, il se peut dire qu'il n'y a personne au monde qui ait moins de sujet de l'accuser d'inconstance que Votre Majesté, qui en a éprouvé la fermeté pendant 15 années d'alliance constamment observée en la bonne et mauvaise fortune de la guerre avec une fidélité, dont aucune histoire des siècles passés ne peut fournir d'exemple.

La gloire nous en est commune avec Votre Majesté, son Sénat et ses sujets, et comme nous ne retranchons rien de la part qui est due à la Suède en la noble persévérance d'une foi inébranlable, nous pouvons avec justice demander à Votre Majesté qu'elle [ne] veuille point ôter au Roi, à son premier ministre, et à ses peuples la part qui leur revient au mérite d'une si rare constance. Vous éprouverez, Madame, à la suite du temps, que la France n'est point inconstante, et le respect que nous continuerons de vous rendre, déstruisant les opinions que l'on vous en a donné, vous verrez un jour nos affaires d'un œil plus favorable. Pour moi, je ne dois pas attendre de louange de ce que je demeurerai toute ma vie ferme dans mon devoir auprès de Votre Majesté puis que ses bontés m'ont fait une nécessité d'être tant que je respirerai, etc.

Arckenholtz's transcript of the letter:

MADAME
J'ai grand sujèt en mon particulier de remercier très-humblement V. M. de ce que par la réponse qu'il lui a plû de me donner, elle a détruit l'opinion, dont les ennemis du Roi mon Maitre avoient voulu persuader le monde, sur la cause du voïage que j'ai fait à Anvers, pour avoir l'honneur d'y saluer Votre Majesté & d'y recevoir ses commandemens: mais si j'avois pensé, que ce que je lui écrivois pour l'intérêt du Roi & pour justifier ma conduite, eut pû exciter en elle cette indignation qui paroit en toute sa réponse; le profond respect que je lui porte, & qui ne diminuera jamais, m'auroit empêché de lui donner lieu de s'expliquer de la manière qu'elle a fait de ses jugemens, & de ses inclinations entre la France & l'Espagne. Je dirai même sans crainte d'être désavoué, qu'il y auroit eu moins d'inconvénient de laisser croire au monde une recherche du paix de la part du Roi, que d'être occasion à V. M. de traiter ces choses en termes si âpres, que l'on n'a point de coûtume de s'en servir entre les ennemis même. Je souhaite, Madame, que tous ceux qui verront cette lettre de V. M., soient autant informés que je le suis des lumiéres incomparables de son esprit, afin qu'ils connoissent, comme moi, que si la France lui paroit autre qu'elle n'est en effèt, & qu'elle ne lui a paru autrefois, c'est qu'elle la voit de Bruxelles & au travers d'un nuage fort épais. Qu'il nous soit permis, Madame, d'appeller des sentimens que vous avez pris en Brabant, à ceux que vous aviez en Suède, pendant tant d'années d'un règne glorieux, & à ceux que vous avez hérités du Grand Gustave, qui a donné tant de lustre à Votre Maison, aux dépens de celle, dont vous recevez aujourd'hui les applaudissemens. Votre Majesté veut que je rappelle la mémoire des choses passées à ma connoissance, pour avouer que nous sommes coupables d'une trop grande aversion à la paix; j'avois l'honneur de servir auprès d'elle à Stockholm, pendant qu'on la traitoit à Munster, & je ne puis répondre que d'une seule rencontre, dont je supplie aussi V. M. de se vouloir souvenir. Le travail de Messieurs ses Médiateurs avoit porté le Traité de paix entre la France & Espagne à cinq articles près de la conclusion, sur lesquels ne se trouvant aucun tempérament, qui plût aux deux parties, il sembloit ne rester autre moïen d'accommodement, que de les soumettre à l'arbitrage d'un Prince ami commun; Messieurs les Ambassadeurs de V. M. pressant ce grand ouvrage par leurs offices, il fut proposé par les Ministres d'Espagne, de remettre la décision de ces cinq points au jugement de V. M. Monsieur de Servien, Ambassadeur Plénipotentiaire du Roi, reçut la proposition, & ne doutant point de la réponse qu'il auroit de la Reine Régente sur cette ouverture, m'envoïa à Stockholm tous les mémoires; & toutes les instructions nécessaires pour me préparer à informer V. M. de nos raisons & elle se peut souvenir que je lui rendis compte alors de tout ce qui se passoit en cela, & de l'espérance que nous avions, que son jugement feroit la paix des deux Couronnes. Monsieur de Servien, aïant incontinent reçu les ordres de la Reine, déclara solemnellement à Messieurs les Médiateurs, que la France acceptoit l'arbitrage de Votre Majesté; ils le dénoncérent aux Ministres d'Espagne, & Monsieur Brun répondit peu sérieusement pour une affaire de cette importance, que l'offre qu'ils avoient faite de la part du Roi leur Maitre, de soumettre ses intérêts à l'arbitrage de V. M. n'avoit été qu'un Compliment, qui ne portoit point d'obligation. V. M. connut alors laquelle des deux Couronnes la respectoit davantage, qui d'elles desiroit en effèt la paix, & si ce n'étoit pas l'Espagne, qui seignoit seulement de la desirer; de notre part, il n'y a rien de changé; le Roi suit les mêmes maximes, il se sert du même Conseil, il a le même prémier Ministre, que Votre Majesté honnoroit alors par des marques de sa bienveillance, & qui ne lui a donné aucune cause de suspendre ses graces envers lui; mais comme en ce tems-là les faiseurs de Libelles qui imputoient malicieusement l'éloignement de la Paix, ainsi nos Ennemis tâchent de donner encore cette fausse impression à V. M., pendant qu'elle est chez eux, où n'entendant qu'une des parties, il est impossible qu'elle juge sainement, comme elle a fait, quand le soin de son propre Etat l'obligeoit d'éxaminer de plus près la conduite des autres Souverains, & comme elle sera toûjours quand elle sera bien informée. Ce n'est point de V. M., mais de la bouche des Espagnols, que nous recevons le reproche, qu'elle nous a fait, en sa lettre, de n'être pas modestes, il le faut confesser, Madame, notre Nation est brusque & audacieuse, l'épée à la main, cela est incommode & déplaisant à ceux, dont le tempérament a plus de flègme & qui gardent la gravité jusques dans les combats. Nous tenons la modestie pour une vertu de Cabinèt, qui ne sièd pas bien au Soldat, c'est pourquoi nous gardons toute la modération pour nos Conseils, qui ne sont ni vastes, ni violens, & à la Campagne nous suivons la ferveur de notre génie, desorte que les Espagnols ne pouvoient mieux découvrir qu'ils ne veulent point la paix qu'en ce qu'ils ont fait entendre à V. M. qu'ils n'y consentiront point, que nous ne soïons devenus plus modestes, c'est à dire, selon leur sens, moins braves & vaillans: car nous ne changerons point, & il n'est pas croïable, que les François dégénèrent de la vertu de leurs Péres, sous un Roi qui seroit capable de leur inspirer de la Générosité, si la nature ne l'avoit point fait. Aussi V. M. expliquant les sentimens d'Espagne ne nous a point menacés de ses armes, auxquelles nous résistons, graces à Dieu, sans nous épouvanter, mais seulement de l'inconstance de la fortune & de celle de notre nation. Pour la prémière, si elle est à craindre, cette crainte est égale pour tous, les autres n'en sont pas plus maitres que nous; mais pour l'humeur de la Nation, il se peut dire, qu'il n'y a personne au monde, qui ait moins de sujèt de l'accuser d'inconstance que V. M. qui en a éprouvé la fermeté pendant dix huit années d'alliance, constamment, en la bonne & mauvaise fortune de la guerre, avec une fidélité, dont aucune Histoire des Siécles passés ne peut fournir d'éxemple. La gloire nous en est commune avec V. M., son Sénat, & ses Sujèts, & comme nous ne retranchons rien de la part qui est dûë à la Suéde en la noble persévérance d'une foi inébranlable, nous pouvons avec justice demander à Votre Majesté qu'elle ne veuille point ôter aussi, à son prémier Ministre & à ses peuples, la part qui leur revient au mérite d'une si rare constance. Vous éprouverez, Madame, à la suite du tems, que la France n'est point inconstante, & le respect que nous continuerons de vous rendre, détruisant les opinions que l'on vous a données, vous verrez un jour nos affaires d'un œil plus favorable. Pour moi, je ne dois pas attendre des louanges de ce que je demeurerai toute ma vie ferme dans mon devoir, auprès de Votre Majesté, puisque ses bontés m'ont fait une nécessité d'être autant que je respirerai.
De Votre Majesté.
le très-humble, très-obéïssant & très-obligé Serviteur
CHANUT.
de la Haye, ce 4
Janvier 1655.

English translation (my own):

Madame,
I have great cause in my particular to thank Your Majesty very humbly for what by the answer which it pleased you to give me, it destroyed the opinion, of which the enemies of the King my master had wanted to persuade the world, on the cause of the trip I made to Antwerp to have the honour to greet Your Majesty there and to receive your commandments there; but if I had thought that what I wrote to you for the interest of the King and to justify my conduct could have excited in you that indignation which appears in all your response, the deep respect which I have for you, and which will never diminish, would have prevented me from giving you cause to explain yourself in the manner you made of your judgments, and of your inclinations between France and Spain. I will even say, without fear of being disowned, that there would have been less inconvenience in letting the world believe a search for peace on the part of the King than to be an opportunity for Your Majesty to treat these things in such bitter terms that it is not customary to use it even between enemies. I hope, Madame, that all those who will see this letter from Your Majesty will be as informed as I am of the incomparable enlightenment of your mind, so that they will know, like me, that if France appears to you to be other than she is indeed, and which it did not appear to you formerly, is that you see it from Brussels and through a very thick cloud. May it be permitted for us, Madame, to refer to the sentiments which you took in Brabant, to those which you had in Sweden, during so many years of a glorious reign, and to those which you have inherited from the great Gustav, which has given so much luster to your House, at the expense of that whose applause you are receiving today. Your Majesty wishes me to recall the memory of things passed to my knowledge, to confess that we are guilty of too great an aversion to peace; I had the honour of serving with you in Stockholm, while you were being treated at Münster, and I can only answer for one meeting, which I also beg Your Majesty to remember.

The work of the mediators had brought the peace treaty between France and Spain to five articles near its conclusion, on which there was no finding to be found, which pleased both parties, there seemed to remain no other means of accommodation, than to submit them to the arbitration of a common friendly prince; Your Majesty's ambassadors urging this great work by their offices, it was proposed by the ministers of Spain, to postpone the decision of these five points to the judgment of Your Majesty. Lord Servien, Ambassador Plenipotentiary of the King, received the proposal, and not doubting the answer he would have from the Queen Regent on this opening, sent me all the memoranda to Stockholm; and all the instructions necessary to prepare me to inform Your Majesty of our reasons and you may remember that I then gave you an account of all that was going on in this, and of the hope that we had that your judgment would bring peace to the two Crowns. Lord Servien, having immediately received the Queen's orders, solemnly declared to the mediators that France accepts your Majesty's arbitration; they denounced it to the ministers of Spain, and Monsieur Brun replied little seriously for a matter of this importance that the offer they had made on behalf of the King their Master to submit his interests to the arbitration of Your Majesty had only been a compliment which bore no obligation. Your Majesty then knew which of the two Crowns respected you more, which of them indeed desired peace, and if it was not Spain who only knew herself to desire it; on our part, nothing has changed; the King follows the same maxims, he uses the same advice, he has the same Prime Minister, whom Your Majesty then honoured by marks of your benevolence, and who gave him no cause to suspend his graces towards you; but as at that time the libel-makers who mischievously imput the estrangement from peace, so our enemies are still trying to give this false impression to Your Majesty, while it is with them, where hearing only one of the parties, it is impossible for you to judge soundly, as you have done, when the care of your own state obliges you to examine more closely the conduct of other sovereigns, and as you always will be when you are well-informed.

It is not from Your Majesty, but from the mouths of the Spaniards, that we receive the reproach, which you made us, in your letter, for not being modest; it must be confessed, Madame, our nation is brusque and daring, sword in hand, that is inconvenient and unpleasant to those whose temperament is more limp and who retain gravity even in combat. We hold modesty for a virtue of Cabinet, which does not sit well with the soldier; that is why we keep all moderation for our advice, which is neither vast nor violent, and in the countryside we follow the fervour of our genius, so that the Spaniards could not have discovered better that they do not want peace than by making Your Majesty understand that they will not consent to it, that we have become more modest, that is to say, according to their sense, less brave and valiant, because we will not change, and it is unbelievable that the French degenerate from the virtue of their fathers, under a King who would be able to inspire them with generosity if nature had not done so. Also Your Majesty, explaining the feelings of Spain, has not threatened us with your arms, which we resist, thank God, without being terrified, but only with the inconstancy of fortune and that of our nation. For the first, if it is to be feared, this fear is equal for all, the others are not more masters of it than us; but for the humour of the nation, it may be said that there is no one in the world who has less reason to accuse it of inconstancy than Your Majesty, who has tested its firmness for eighteen years of alliance, constantly, in the good and bad fortune of the war, with a fidelity, of which no history of the past centuries can furnish an example. The glory is common to us with Your Majesty, your Senate, and your subjects, and as we do not take away from the part which is due to Sweden in the noble perseverance of an unshakeable faith, we can with justice ask Your Majesty that you do not wish to deprive also in your Prime Minister and your people the part which returns to them to the merit of so rare constancy. You will experience, Madame, in the wake of time, that France is not inconstant, and the respect that we will continue to pay you, destroying the opinions that you have been given, you will one day see our affairs with a more favourable eye. For myself, I must not expect praise that I will remain steadfast in my duty all my life, with Your Majesty, since your kindness has made it necessary for me to be as much as I will breathe,
Your Majesty's
most humble, most obedient and most obliged servant
Chanut.
From The Hague, January 4, 1655.

Swedish translation of the HSAD transcript (my own):

Madam,
Jag har särskilt stor anledning att mycket ödmjukt tacka Ers Majestät för vad Ni genom det gensvar det behagade Er att ge mig förstörde den åsikt om vilken Konungens, min herres, fiender hade velat övertyga världen om saken hos resan jag gjorde till Antwerpen för att ha äran att hälsa Ers Majestät där och ta emot Era befallningar. Men om jag hade trott att det jag skrev till Er för Konungens intresse och för att rättfärdiga mitt uppträdande skulle ha väckt inom Er denna indignation som framträder i allt Ert svar, den djupa respekt som jag har för Er och som aldrig kommer att minska, skulle ha hindrat mig från att ge Er anledning att förklara hur Ni gjorde och Era bedömningar och Era böjelser mellan Frankrike och Spanien.

Jag kommer till och med säga, utan rädsla för att bli avvisad, att det skulle ha varit mindre besvär att låta världen tro på ett sökande efter fred från Konungens sida än att ge Ers Majestät möjlighet att behandla dessa saker i sådana ordalag, ty det är inte brukligt att använda det bland fiender själva. Jag hoppas, madam, att alla de som ser detta brev från Ers Majestät är lika informerade som jag om ert sinnes ojämförliga ljus, så att de vet, liksom jag, att om Frankrike förefaller Er annorlunda än det i själva verket är och vad det inte föreföll Er tidigare är att Ni ser det från Bryssel genom ett mycket tjockt moln; att vi må, fru, att jämföra de känslor som Ni fick i Brabant med dem som Ni hade i Sverige under så många år av en härlig regering, och med dem som Ni ärvt av den store Gustav, som gav så mycket lyster åt Er hus på bekostnad av den som Ni idag får applåderna från.

Ers Majestät vill att jag skall minnas minnet av tidigare saker såvitt jag vet för att erkänna att vi är skyldiga till en alltför stor motvilja mot fred. Jag hade äran att tjäna hos Er i Stockholm medan Ni trakterades i Münster, och jag kan bara svara för ett möte, vilket jag också ber Ers Majestät att minnas. Medlarnas arbete hade fört fredsavtalet mellan Frankrike och Spanien till fem artiklar nära slutet, på vilka det, eftersom det inte fanns något temperament som behagade båda parter, det inte verkade finnas någon annan ackommodation än att underkasta dem skiljedomen av en prins, en gemensam vän.

Ers Majestäts ambassadörer, som pressade detta stora arbete genom sina tjänster, föreslogs av Spaniens ministrar att skjuta upp beslutet av dessa 5 punkter till Ers Majestäts dom. Monsieur de Servien, Konungens befullmäktigade ambassadör, mottog förslaget och utan att tvivla på det svar han skulle få från drottningregenten på denna ouvertyr, sände han mig till Stockholm alla memorialen och alla nödvändiga instruktioner för mig att förbereda mig för att informera Ers Majestät av våra skäl; och Ni kan komma ihåg att jag då gav Er en redogörelse för allt som skedde i denna sak och om det hopp vi hade att Er dom skulle bringa fred för de båda Kronorna.

Monsieur de Servien, efter att ha omedelbart mottagit drottningens order, förklarade högtidligt för medlarna att Frankrike accepterade Ers Majestäts skiljedom. De fördömde honom för Spaniens ministrar, och Monsieur Brun svarade inte särskilt allvarligt för en fråga av denna betydelse, att det erbjudande de hade gjort på vägnar av konungen, deras herre, att underkasta Ers Majestäts skiljedom sina intressen, det hade bara varit en komplimang som inte innebar någon skyldighet. Ers Majestät visste då vilken av de två kronorna som respekterade Er mest, vilken av de två som faktiskt önskade fred och om det inte var Spanien som bara låtsades önska det.

Från vår sida har ingenting förändrats. Konungen följer samma maximer. Han använder samma råd, han har samma premiärminister som Ers Majestät hedrade vid den tiden med offentliga tecken på Er välvilja och som inte gav Er någon anledning att avbryta Era nåder mot honom. Men som på den tiden skaparna av förtal illvilligt tillskrev det avståndet från fred, så försöker våra fiender ge detta falska intryck till Ers Majestät, medan Ni är hos dem, där det är omöjligt att höra en av parterna för att Ni skall döma sunt, som Ni gjorde, när Er egen Stats vård tvingade Er att närmare granska andra suveräners uppförande, och som Ni alltid kommer att göra när Ni är välinformerad.

Det är inte från Ers Majestät, utan från spanjorernas mun, som vi får den förebråelse som Ni framförde oss i brevet att inte vara blygsamma. Det måste erkännas, madam: vår nation är brysk och djärv, svärd i hand. Detta är obekvämt och obehagligt för dem vars temperament är mer flegmatisk och som upprätthåller gravitet även i strid. Vi anser blygsamhet vara en dygd av kabinettet som inte passar soldaten väl.

Det är därför vi upprätthåller all blygsamhet för våra råd som varken är omfattande eller våldsamma; och på landsbygden följa vi vårt genialitets glöd, så att spanjorerna inte bättre kunde upptäcka att de inte vill ha fred än genom att få Ers Majestät att förstå att de inte kommer att samtycka till att vi blivit mer blygsamma. Det vill säga, enligt deras mening, mindre modig och tapper, eftersom vi inte kommer att förändras; och det är otroligt att fransmännen skulle urarta från sina fäders dygd under en konung som skulle kunna inspirera dem med generositet om naturen inte hade gjort det.

Ers Majestät, som förklarar Spaniens känslor, har inte heller hotat oss med dess vapen, som vi tack och lov motsätter oss utan att bli rädda; men bara från lyckans och vår nations inkonsekvens. För det första, om det är att frukta, är denna rädsla lika för alla. Andra är inte mer mästare på det än vi. Men beträffande stämningen i nationen kan man säga, att det inte finns någon i världen, som har mindre anledning att anklaga den för inkonstans, än Ers Majestät, som i 15 år upplevt dess fasthet, som ständigt ständigt iakttagit den allians i krigets goda och onda lycka med en trohet som ingen historia från tidigare sekler kan ge ett exempel på.

Äran av detta delas av oss med Ers Majestät, Ers Råd och Era undersåtar, och då vi intet tar ifrån Sveriges del i en orubblig tros ädla uthållighet, kan vi med rättvisa be Ers Majestät att Ni inte vill att beröva Konungen, hans premiärminister och hans folk den andel som tillhör dem i förtjänsten av en sådan sällsynt ståndaktighet. Ni kommer att uppleva, madam, med tiden, att Frankrike inte är inkonstant, och den respekt som vi kommer att fortsätta att ge Er och förstöra de åsikter som har givits till Er, Ni kommer en dag att se våra angelägenheter med ett mer gynnsamt öga. För mig själv får jag inte vänta beröm av det faktum att jag hela mitt liv kommer att stå fast i min plikt mot Ers Majestät, som Er vänlighet gjort det till en nödvändighet för mig att vara, så länge jag andas, osv.

English translation of the HSAD transcript (my own):

Madame,
I have great reason in particular to thank Your Majesty very humbly for what, through the response it pleased you to give me, you destroyed the opinion of which the enemies of the King, my master, had wanted to persuade the world on the cause of the journey I made to Antwerp to have the honour of greeting Your Majesty there and receiving your commands. But, if I had thought that what I wrote to you for the interest of the King and to justify my conduct would have aroused within you this indignation which appears in all your response, the deep respect that I have for you, and which will never diminish, would have prevented me from giving you reason to explain the way you did and your judgments and your inclinations between France and Spain.

I will even say, without fear of being disavowed, that there would have been less inconvenience in letting the world believe in a search for peace on the part of the King than in giving Your Majesty the opportunity to treat these things in such terms, since it is not customary to use it among enemies themselves. I hope, Madame, that all those who see this letter from Your Majesty are as informed as I am of the incomparable lights of your mind, so that they know, like me, that if France seems different to you than it is in fact and what it did not appear to you before is that you see it from Brussels through a very thick cloud; that we be permitted, Madame, to compare the sentiments that you acquired in Brabant to those that you had in Sweden during so many years of a glorious reign, and to those that you inherited from the great Gustav,  who gave so much luster to your house at the expense of the one from whom you receive today the applause.

Your Majesty wants me to recall the memory of past things to my knowledge to confess that we are guilty of too great an aversion to peace. I had the honour of serving with you in Stockholm while you were being treated in Münster, and I can only answer for one meeting, which I also beg Your Majesty to remember. The work of the mediators had brought the peace treaty between France and Spain to five articles near the conclusion, on which, there being no temperament which pleased both parties, there seemed to remain no other means of accommodation than to submit them to the arbitration of a prince, a mutual friend.

Your Majesty's ambassadors, pressing this great work through their offices, it was proposed by the ministers of Spain to postpone the decision of these 5 points to the judgment of Your Majesty. Monsieur de Servien, ambassador plenipotentiary of the King, received the proposal and, not doubting the response he would receive from the Queen Regent on this overture, he sent me to Stockholm all the memoranda and all the necessary instructions for me to prepare to inform Your Majesty of our reasons; and you may remember that I then gave you an account of all that was happening in this matter and of the hope we had that your judgment would bring peace to the two Crowns.

Monsieur de Servien, having immediately received the Queen's orders, solemnly declared to the mediators that France accepted Your Majesty's arbitration. They denounced him to the ministers of Spain, and Monsieur Brun replied not very seriously for a matter of this importance, that the offer they had made on behalf of the King, their master, to submit his interests to the arbitration of Your Majesty, it had only been a compliment which carried no obligation. Your Majesty knew then which of the two Crowns respected you more, which of the two in fact desired peace, and whether it was not Spain which only pretended to desire it.

On our part, nothing has changed. The King follows the same maxims. He uses the same Council, he has the same Prime Minister whom Your Majesty honoured at the time with public marks of your benevolence and who gave you no reason to suspend your graces towards him. But, as at that time the makers of libels maliciously attributed to it the distance from peace, so our enemies try to give this false impression to Your Majesty, while you are with them, where, hearing only one of the parties, it is impossible for you to judge soundly, as you did, when the care of your own State obliged you to examine more closely the conduct of other sovereigns, and as you will always do when you are well-informed.

It is not from Your Majesty, but from the mouths of the Spaniards, that we receive the reproach that you made to us in the letter of not being modest. It must be confessed, Madame: our nation is brusque and audacious, sword in hand. This is inconvenient and unpleasant to those whose temperament is more phlegmatic and who maintain gravity even in combat. We consider modesty to be a virtue of the cabinet which does not suit the soldier well.

This is why we maintain all modesty for our advice which is neither vast nor violent; and in the countryside we follow the fervour of our genius, so that the Spaniards could not better discover that they do not want peace than by making Your Majesty understand that they will not consent to it that we have become more modest. That is to say, according to their meaning, less brave and valiant, because we will not change; and it is unbelievable that the French would degenerate from the virtue of their fathers under a king who would be capable of inspiring them with generosity if nature had not done so.

Also, Your Majesty, explaining the sentiments of Spain, has not threatened us with its weapons, which we resist, thank God, without being frightened; but only from the inconstancy of fortune and that of our nation. For the first, if it is to be feared, this fear is equal for all. Others are no more masters of it than we are. But, as for the mood of the nation, it can be said that there is no one in the world who has less reason to accuse it of inconstancy than Your Majesty, who has experienced its firmness for 15 years, who has constantly constantly observed the alliance in the good and bad fortune of war with a fidelity of which no history of past centuries can provide an example.

The glory of this is shared by us with Your Majesty, your Senate and your subjects, and as we take nothing away from the share due to Sweden in the noble perseverance of an unshakeable faith, we can with justice ask Your Majesty that you not want to deprive the King, his prime minister, and his people of the share that belongs to them in the merit of such rare constancy. You will experience, Madame, over time, that France is not inconstant, and the respect that we will continue to give you, destroying the opinions that have been given to you, you will one day see our affairs with a more favourable eye. For myself, I must not expect praise from the fact that I will remain firm throughout my life in my duty to Your Majesty, as your kindness has made it a necessity for me to be, as long as I breathe, etc.


Above: Kristina.

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