Sources:
Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 137 to 147, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675
Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 142 to 153, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826
Above: Kristina.
The excerpts:
La Reine de Suede estant obligée d'aller à Upsale pour son couronnement, elle témoigna au sieur Chanut avant son départ, qu'elle partoit à regret auparavant l'arrivée du Courrier, de qui elle attendoit un grand effet pour l'avancement de la Paix, qu'elle tenoit pour toute certaine, & luy dit, que si on la manquoit en ce temps-là, que l'on en estoit si prés, il faudroit attendre de grandes revolutions dans les affaires; le sieur Chanut resolut d'accompagner la Reine jusques hors de la Ville; par le chemin le Comte Brahe Drost l'ayant joint, il luy dit, que la France n'avoit plus d'ennemis en Allemagne; ce discours luy fit juger que le Conseil de Suede avoit déja travaillé sur les declarations que la France avoit faites luy-mesme à la Reine, pour aviser aux moyens de subsister en tout cas dans l'Allemagne, & conserver leurs conquestes par leurs propres forces, ou avec l'aide des Protestans, si la France retiroit son secours ordinaire; mais il n'estoit pas probable que la Reine se laissast engager librement en ce party: car bien que l'autorité de ceux à qui il pouvoit plaire fut fort grande, cette Princesse estoit si puissante dans le Senat, qu'on n'y pouvoit former aucune resolution contre son avis, & il ne restoit qu'à luy bien faire comprendre, que pour les avantages de sa personne, & de son Regne, elle devoit tenir pour tres suspectes toutes les propositions qui tendoient à diviser ses interests d'avec ceux de la France.
Cependant le sieur du Quesne estant prest de mettre à la voile dépêcha à Dantzic la Fregate de Dunkerke pour avertir le sieur de Bregy, que les Vaisseaux alloient partir, afin qu'il tint les troupes prestes pour les embarquer, pour ne point perdre de temps, on prepara la Fregate du Havre, tandis que celle de Dunkerke alloit à Dantzic, on fit le repartiment de l'équipage, & l'embarquement des victuailles en chaque Vaisseau, on songeoit à dresser les inventaires, apressiations, & décharges avec les Officiers de l'Admirauté, qui se rendoient si difficiles, que l'on fut contraint d'aller chez le Chancelier pour les vuider, quoy qu'il ne se portast pas encore bien. Il prit le party du sieur Chanut contre l'Admiral Runing, qui n'étoit pas honteux de demander opiniâtrement pour les cordages, affuts, & anchres, mille Richedales plus qu'ils ne valoient.
Mais tout à coup le Connestable de la Garde estant tombé dangereusement malade, on commença de songer à son successeur; les uns souhaittoient que ce fust son fils, mais il estoit bien difficile, qu'il put remplir une si haute place; d'autres regardoient le Maréchal Horn, qui en estoit plus proche par l'ancienneté de ses services. Il est vray qu'il avoit grande reputation, mais il estoit plus estimé parmy les estrangers, que parmy les siens, & n'estoit gueres aimé de la Milice; parce qu'estant gendre du Chancelier & personne fort moderée, il avoit toûjours deferé à son beau-pere, & s'estoit laissé conduire à la plume des Secretaires pendant son Commandement, sans rien entreprendre en faveur des Officiers, comme avoient fait depuis les autres Generaux; outre qu'il y avoit une secrette opposition entre le Chancelier, & les Officiers de la Milice, qui souffroient impatiemment qu'il s'attribuât la meilleure partie de l'autorité dans les affaires.
Il estoit aussi important à la France, que le Chancelier ne fust pas le Maistre des conseils, parce qu'il n'avoit point d'inclination à la Paix, & ne pouvoit se départir de ce premier plan qu'il avoit concerté avec le feu Roy Gustave dans le cours de ses prosperitez. D'ailleurs, il n'y avoit pas apparence que ce Ministre r'entrât dans son ancienne autorité, à cause que sa Maistresse l'apprehendoit, & qu'il n'estoit appuyé dans le Senat d'aucune personne de consideration, pour avoir affecté pendant la regence de tenir tous les Senateurs dans une grande soûmission, qui ne luy estoit pas alors fort utile; parce que les Senateurs s'estant accoûtumez à plier sous les volontez d'autruy, cela rendoit la Reine fort puissante; car les trouvant foibles, elle les attiroit aisément à elle par ses bien-faits.
Enfin la Reine de Suede retourna d'Upsale, & le sieur Chanut prenant occasion de la visite, qu'il estoit obligé de luy rendre à son retour, luy expliqua l'ordre qu'il avoit receu des Plenipotentiaires de France, de la supplier au nom du Roy, de vouloir envoyer des ordres précis à ses Ministres d'abandonner entierement l'instance de l'Evesché d'Osnabrug contre les Catholiques. La Reine l'interrompit d'abord, & luy dit qu'il sçavoit bien les bonnes dispositions qu'elle avoit pour la paix, & qu'elle estoit seule à soûtenir l'evenement de ce conseil, auquel les Principaux des siens ne témoignoient pas de disposition; qu'ils luy avoient fait paroître un grand déplaisir de ce qu'elle avoit écrit à Osnabrug pour presser ses Ministres de marcher promptement à la conclusion, & qu'usant ainsi de toute son autorité pour avancer le principal de l'affaire, la France la devoit soulager en quelques circonstances pour luy aider à vaincre la resistance des siens, & ne la pas charger du reproche d'avoir aveuglement relâché toutes choses contre les conseils de ses Ministres pour complaire à ses Alliez; qu'il ne faloit point pour cela engager l'honneur des Couronnes, mais aller à un accommodement, afin qu'elle n'eût pas la honte d'avoir tout cedé; qu'il faloit faire une composition de ce differend, & partager cét Evesché entre les Catholiques, & les Protestans, & que la joüissance commenceroit par les Catholiques; qu'elle prioit les Ministres du Roy de ne porter pas plus avant cette contestation, afin de ne la pas commettre si souvent avec son Conseil. Mais le sieur Chanut tenant ferme contre toutes ses raisons, elle luy parut un peu triste, & dit qu'elle esperoit que les Ministres du Roy feroient quelque consideration sur sa personne.
En ce temps le sieur du Quesne estoit prest de mettre à la viole; mais il trouvoit tant de contradiction dans l'esprit de l'Admiral Runing pour les cinquante Matelots qu'on luy devoit fournir pour servir dans les Vaisseaux qu'il avoit achettez, nonobstant le commandement qu'elle luy en avoit fait elle-mesme, il resolut de n'en prendre que douze, à condition de les garder pendant la campagne, ce qu'on luy accorda; & pour supléer au reste qui luy estoit necessaire, il ramassa quelques Matelots, & quelques soldats qui estoient déja licenciez, avec lesquels il se crût assez fort pour conduire les Vaisseaux; & on luy accorda deux Pilotes pour le mener jusques au Sund, à condition de les renvoyer de là à Stokolm.
On écrivit ensuite de la Cour au sieur Chanut d'envoyer en France les Inventaires, & les Comptes de ce qu'il avoit acheté en Suede; afin que l'on sceust comment les Vaisseaux estoient armez, ce qu'il fit. Et en mesme temps il donna avis que le Navire, que la Reine avoit fait bâtir pour en faire un present au Cardinal Mazarini, seroit prest de mettre à la voile au commencement de l'Automne, afin que si la Cour avoit dessein de tirer quelques Marchandises de ce païs, elles les pût faire charger sur ce Vaisseau.
On soupçonna le sieur Chanut à la Cour de Suede d'avoir prevenu la Reine, que les Catholiques avoient le droit de leur côté en l'affaire de la question d'Osnabrug, que la France estoit obligée à leur protection, & que cela n'importoit pas à la Suede; le sieur Salvius Plenipotentiaire de Suede l'écrivit ainsi au Du-rier Medecin de la Reine & François, & rejettoit sur cette difficulté tout le reste de la conclusion de la Paix; car les Plenipotentiaires de Suede en faisoient comme un point d'honneur, & le pria de faire voir sa lettre à la Reine, & la détromper, & il luy disoit aussi de persuader à la Reine de tenir ferme sur ce point, mais il n'y avoit rien de plus incertain, sinon qu'elle ne romproit pas pour cette affaire, & qu'elle souffriroit plûtost un peu de violence en cedant.
Mais la satisfaction de la Milice sembloit bien d'un plus difficile accommodement, & la Reine mesme apprehendoit qu'il n'y eut de la peine à la contenter, & comme elle ne sçavoit pas à quoy raisonnablement cette satisfaction pouvoit monter, elle s'en informoit à tous ceux qui l'abordoient, & qu'elle croyoit le luy pouvoit apprendre.
Parmy tous ces doutes la Reine resolut d'envoyer en France pour Ministre auprés de leurs Majestez le sieur de Rosenhan, qui estoit son Resident à Munster, c'estoit un homme de merite, d'un esprit sage & moderé, & qui avoit son attachement particulier au Comte Magnus, bien qu'il eut quelque alliance avec la Maison d'Oxenstiern.
On apprit par des lettres qui arriverent en Suede le 12 de Juin, que les Espagnols faisoient de grands preparatifs en Flandre, & qu'asseurement ils y feroient des progrés considerables: cette nouvelle donna de l'inquietude à la Reine de Suede, qui prenoit interests aux prosperitez de leurs Majestez, & elle blâmoit le procedé des Estats, & leur abandonnement comme la plus haute de toute[s] les infidelitez.
En ce temps-là le sieur Soop estant sur le point de partir pour aller en France, acheter les choses necessaires pour le couronnement de la Reine, le sieur Chanut l'ayant appris, & mesme que le grand Escuyer le devoit suivre, demanda à la Reine, puisqu'elle avoit besoin d'argent en France, si elle voudroit bien y faire recevoir ce qu'on luy devoit pour ses Vaisseaux, puisque ce seroit de l'argent tout porté, elle luy dit que non, & qu'elle avoit promis de laisser cét argent à Hambourg.
Cependant les Plenipotentiaires de Suede avertirent la Reine qu'ils ne se trouveroient point à Munster, quoy qu'ils l'eussent promis aux Plenipotentiaires de France, jusques à ce que le Comte Transmansdorf les eut asseuré que l'Empereur donneroit liberté de conscience aux Lutheriens, & aux Calvinistes dans ses païs hereditaires, & qu'ils sçavoient de bonne part qu'il avoit ordre de ne point s'arrêter sur le refus de cette condition.
Alors le Connestable de la Garde voyant que le Chancelier n'alloit point au Conseil depuis la tenuë des Estats, il apprehenda que cette froideur n'apportât quelque division, aussi-tost que la Reine fut retournée d'Upsale, il s'entremit pour y remedier, & au mesme temps son fils le Comte de la Garde partit avec sa femme pour aller en Westrogothie visiter une Terre, dont la Reine luy avoit fait present en faveur de son Marriage.
Sur ces entrefaites il arriva aux environs de Stokolm une recruë de sept cens hommes du côté du Nord pour l'armée d'Allemagne, la Reine alla leur voir faire montre, où le Chancelier se trouva, & la suivit à cheval tout le reste du jour, comme auroit fait un jeune homme en une promenade hors la ville; il auroit esté à souhaitter pour le succés des affaires de la France, que ce Chancelier fût party, comme il le disoit, il y avoit déja long-temps: encore qu'il n'eût pas tout le credit, qu'il eut bien desiré sur l'esprit de la Reine, les raisonnemens qu'il faisoit au desavantage de la France, la luy rendoient moins favorable: car il luy estoit échappé de dire que l'alliance des François estoit fort prejudiciable aux interests de la Suede, & que sans doute elle auroit fait ses conditions incomparablement meilleures, on auroit porté ses prosperitez plus avant, & qu'il n'estoit point d'avis que la Suede s'engageât en des considerations si estroites, qu'elle n'eût pas la liberté d'user de sa bonne fortune. Toutesfois il y avoit grande raison de ne rien hazarder contre la conduite de ce Ministre, qui estoit colorée des avantages de l'Estat, & soûtenuë du credit, & de l'autorité que ses grands services luy avoient acquise; c'est pourquoy l'on ne devoit pas la choquer de droit fil sans une grande necessité.
On s'étonnoit alors qu'il se rendoit si assidu auprés de la Reine, & plusieurs crurent que c'estoit pour luy porter l'avis de l'accommodement en l'Evêché d'Osnabrug, comme un petit triomphe de la perseverance de son fils contre les oppositions des Plenipotentiaires de France, & luy faire voir que les Ministres de France se rendroient moins faciles aux interests de la Suede, que les Imperiaux mesmes.
Il sembloit alors que le Comte Magnus avoit fort affermy son credit par son Mariage, & plusieurs disoient que la Reine s'estoit engagée de paroles formelles envers le Prince Charles Palatin; il est vray qu'il y avoit tout sujet de croire que si la Reine prenoit resolution de se marier; son choix s'arrêteroit plûtost sur ce Prince que sur un autre; mais on ne pouvoit en juger avec certitude, rien n'estant asseuré dans les affaires de cette qualité qu'aprés l'accomplissement, & celle-là n'estoit pas encore preste à terminer, parce que selon toutes les apparences la Reine ne resoudroit aucune chose touchant son mariage qu'aprés son couronnement.
Mais le General Major Douglas estant arrivé en Suede le 25 du mois de Juin pour la ratification du Traité de Bavieres, les Plenipotentiaires de France qui estoient à Munster en ayant avis, apprehendant qu'il ne proposât quelque modification, écrivirent au sieur Chanut de remontrer en ce cas combien il importoit aux Couronnes de ne donner aucun dégoût à ce Prince, qui estoit continuellement sollicité par la Maison d'Austriche, mais il n'eût pas besoin de faire ces remontrances: car le Traité fut entierement agreé, & la Reine commanda d'en expedier la ratification sans aucunes nouvelles restrictions.
La France, qui apprehendoit qu'aprés la Paix d'Allemagne, l'Empereur ne donnât ses troupes aux Espagnols pour luy faire la guerre, ses Plenipotentiaires qui estoient à Munster écrivirent au sieur Chanut de supplier la Reine de Suede, que ses Ministres à Osnabrug demandassent avec instance, que l'Empereur ne pût aider le Roy d'Espagne contre la France des forces de l'Empire ni des siennes, en aucune qualité, ni sous quelque pretexte que ce fût. D'abord qu'il en parla à la Reine, elle luy témoigna qu'elle estoit déja informée de cette affaire, & luy promît d'ordonner à ses Ministres d'appuyer cette demande de la France. Mais sur ce que le sieur Chanut luy voulut faire comprendre, que la Paix ne pouvoit estre ferme pour la France, ni par consequent pour la Suede, si la France demeuroit seule exposée aux forces de la Maison d'Austriche, & de l'Empire; «Pourquoy donc», luy-dit elle, «voulez-vous vous reserver la liberté de servir le Portugal, sans rompre la Paix d'Espagne, si la France refuse la mesme faculté à l'Empereur pour sa propre Maison?» Le sieur Chanut ne voulut pas s'engager en cette question, & il tâcha de s'en échapper adroitement, s'arrêtant à distinguer un Traité de Paix d'avec les questions communes, où l'on ne recherche autre chose que le point d'équité, & d'un mutuel avantage; parce que dans une juste guerre, le plus fort donne la loy au plus foible, & les conditions de la Paix suivent l'estat des armes.
With modernised spelling:
La reine de Suède, étant obligée d'aller à Upsal pour son couronnement, elle témoigna au sieur Chanut avant son départ qu'elle partait à regret auparavant l'arrivée du courrier, de qui elle attendait un grand effet pour l'avancement de la paix (qu'elle tenait pour toute certaine) et lui dit que si on la manquait en ce temps-là, que l'on en était si près, il faudrait attendre de grandes révolutions dans les affaires.
Le sieur Chanut résolut d'accompagner la reine jusqu'hors de la ville. Par le chemin, le comte Brahe, drost, l'ayant joint, il lui dit que la France n'avait plus d'ennemis en Allemagne. Ce discours lui fit juger que le Conseil de Suède avait déjà travaillé sur les déclarations que la France avait faites lui-même à la reine pour aviser aux moyens de subsister en tout cas dans l'Allemagne et conserver leurs conquêtes par leurs propres forces ou avec l'aide des protestants si la France retirait son secours ordinaire.
Mais il n'était pas probable que la reine se laissât engager librement en ce parti, car, bien que l'autorité de ceux à qui il pouvait plaire fut fort grande, cette princesse était si puissante dans le Sénat qu'on n'y pouvait former aucune résolution contre son avis, et il ne restait qu'à lui bien faire comprendre que, pour les avantages de sa personne et de son règne, elle devait tenir pour tres suspectes toutes les propositions qui tendaient à diviser ses intérêts d'avec ceux de la France.
Cependant le sieur du Quesne, étant prêt de mettre à la voile, dépêcha à Dantzig la frégate de Dunkerque pour avertir le sieur de Brégy que les vaisseaux allaient partir, afin qu'il tint les troupes prêtes pour les embarquer. Pour ne point perdre de temps, on prépara la frégate du Havre tandis que celle de Dunkerque allait à Dantzig. On fit le repartiment de l'équipage et l'embarquement des victuailles en chaque vaisseau. On songeait à dresser les inventaires, appressiations et décharges avec les officiers de l'amirauté, qui se rendaient si difficiles que l'on fut contraint d'aller chez le chancelier pour les vider, quoiqu'il ne se portast pas encore bien. Il prit le parti du sieur Chanut contre l'amiral Ryning, qui n'était pas honteux de demander opiniâtrement pour les cordages, affûts et ancres mille richedales plus qu'ils ne valaient.
Mais tout à coup, le connétable de la Garde étant tombé dangereusement malade, on commença de songer à son successeur. Les uns souhaitaient que ce fût son fils, mais il était bien difficile qu'il pût remplir une si haute place. D'autres regardaient le maréchal Horn, qui en était plus proche par l'ancienneté de ses services.
Il est vrai qu'il avait grande réputation, mais il était plus estimé parmi les étrangers que parmi les siens et n'était guère aimé de la milice, parce qu'étant gendre du chancelier et personne fort modérée, il avait toujours déféré à son beau-père et s'était laissé conduire à la plume des secrétaires pendant son commandement, sans rien entreprendre en faveur des officiers, comme avaient fait depuis les autres généraux; outre qu'il y avait une secrète opposition entre le chancelier et les officiers de la milice, qui souffraient impatiemment qu'il s'attribuât la meilleure partie de l'autorité dans les affaires.
Il était aussi important à la France que le chancelier ne fût pas le maître des conseils parce qu'il n'avait point d'inclination à la paix et ne pouvait se départir de ce premier plan qu'il avait concerté avec le feu roi Gustave dans le cours de ses prospérités. D'ailleurs, il n'y avait pas apparence que ce ministre rentrât dans son ancienne autorité, à cause que sa maîtresse l'appréhendait et qu'il n'était appuyé dans le Sénat d'aucune personne de considération pour avoir affecté pendant la régence de tenir tous les sénateurs dans une grande soumission, qui ne lui était pas alors fort utile parce que les sénateurs s'étant accoutumés à plier sous les volontés d'autrui. Cela rendait la reine fort puissante, car, les trouvant faibles, elle les attirait aisément à elle par ses bienfaits.
Enfin la reine de Suède retourna d'Upsal, et le sieur Chanut prenant occasion de la visite (qu'il était obligé de lui rendre à son retour), lui expliqua l'ordre qu'il avait reçu des plénipotentiaires de France de la supplier au nom du Roi de vouloir envoyer des ordres précis à ses ministres d'abandonner entièrement l'instance de l'évêché d'Osnabrück contre les catholiques.
La reine l'interrompit d'abord et lui dit qu'il savait bien les bonnes dispositions qu'elle avait pour la paix et qu'elle était seule à soutenir l'événement de ce conseil, auquel les principaux des siens ne témoignaient pas de disposition; qu'ils lui avaient fait paraître un grand déplaisir de ce qu'elle avait écrit à Osnabrück pour presser ses ministres de marcher promptement à la conclusion, et qu'usant ainsi de toute son autorité pour avancer le principal de l'affaire, la France la devait soulager en quelques circonstances pour lui aider à vaincre la résistance des siens et ne la pas charger du reproche d'avoir aveuglément relâché toutes choses contre les conseils de ses ministres pour complaire à ses alliés.
Qu'il ne fallait point pour cela engager l'honneur des Couronnes, mais aller à un accommodement, afin qu'elle n'eût pas la honte d'avoir tout cédé; qu'il fallait faire une composition de ce différend et partager cet évêché entre les catholiques et les protestants, et que la jouissance commencerait par les catholiques; qu'elle priait les ministres du roi de ne porter pas plus avant cette contestation, afin de ne la pas commettre si souvent avec son Conseil.
Mais le sieur Chanut tenant ferme contre toutes ses raisons, elle lui parut un peu triste et dit qu'elle espérait que les ministres du roi feraient quelque considération sur sa personne.
En ce temps le sieur du Quesne était prêt de mettre à la viole, mais il trouvait tant de contradiction dans l'esprit de l'amiral Ryning pour les cinquante matelots qu'on lui devait fournir pour servir dans les vaisseaux qu'il avait achetés. Nonobstant le commandement qu'elle lui en avait fait elle-même, il résolut de n'en prendre que douze, à condition de les garder pendant la campagne, ce qu'on lui accorda; et, pour suppléer au reste qui lui était nécessaire, il ramassa quelques matelots et quelques soldats qui étaient déjà licenciés, avec lesquels il se crut assez fort pour conduire les vaisseaux; et on lui accorda deux pilotes pour le mener jusqu'au Sund, à condition de les renvoyer delà à Stockholm.
On écrivit ensuite de la cour au sieur Chanut d'envoyer en France les inventaires et les comptes de ce qu'il avait acheté en Suède, afin que l'on sût comment les vaisseaux étaient armés, ce qu'il fit. Et en même temps il donna avis que le navire que la reine avait fait bâtir pour en faire un présent au cardinal Mazarini serait prêt de mettre à la voile au commencement de l'automne, afin que, si la cour avait dessein de tirer quelques marchandises de ce pays, elles les pût faire charger sur ce vaisseau.
On soupçonna le sieur Chanut à la cour de Suède d'avoir prévenu la reine que les catholiques avaient le droit de leur côté en l'affaire de la question d'Osnabrück, que la France était obligée à leur protection, et que cela n'importait pas à la Suède. Le sieur Salvius, plénipotentiaire de Suède, l'écrivit ainsi au Du Rietz, médecin de la reine et Français, et rejetait sur cette difficulté tout le reste de la conclusion de la paix, car les plénipotentiaires de Suède en faisaient comme un point d'honneur, et le pria de faire voir sa lettre à la reine et la détromper; et il lui disait aussi de persuader à la reine de tenir ferme sur ce point, mais il n'y avait rien de plus incertain, sinon qu'elle ne romprait pas pour cette affaire et qu'elle souffrirait plutôt un peu de violence en cédant.
Mais la satisfaction de la milice semblait bien d'un plus difficile accommodement, et la reine même appréhendait qu'il n'y eût de la peine à la contenter; et, comme elle ne savait pas à quoi raisonnablement cette satisfaction pouvait monter, elle s'en informait à tous ceux qui l'abordaient et qu'elle croyait le lui pouvait apprendre.
Parmi tous ces doutes la reine résolut d'envoyer en France pour ministre auprès de Leurs Majestés le sieur de Rosenhane, qui était son résident à Münster. C'était un homme de mérite, d'un esprit sage et modéré, et qui avait son attachement particulier au comte Magnus, bien qu'il eût quelque alliance avec la Maison d'Oxenstiern.
On apprit par des lettres, qui arrivèrent en Suède le 12 de juin, que les Espagnols faisaient de grands préparatifs en Flandre et qu'assurément ils y feraient des progrès considérables. Cette nouvelle donna de l'inquiétude à la reine de Suède, qui prenait intérêts aux prospérités de Leurs Majestés, et elle blâmait le procédé des États et leur abandonnement comme la plus haute de toutes les infidélités.
En ce temps-là le sieur Soop, étant sur le point de partir pour aller en France, acheter les choses nécessaires pour le couronnement de la reine, le sieur Chanut l'ayant appris, et même que le grand écuyer le devait suivre, demanda à la reine, puisqu'elle avait besoin d'argent en France, si elle voudrait bien y faire recevoir ce qu'on lui devait pour ses vaisseaux, puisque ce serait de l'argent tout porté. Elle lui dit que non et qu'elle avait promis de laisser cet argent à Hambourg.
Cependant, les plénipotentiaires de Suède avertirent la reine qu'ils ne se trouveraient point à Münster, quoiqu'ils l'eussent promis aux plénipotentiaires de France jusqu'à ce que le comte Trauttmansdorff les eut assuré que l'empereur donnerait liberté de conscience aux luthériens et aux calvinistes dans ses pays héréditaires et qu'ils savaient de bonne part qu'il avait ordre de ne point s'arrêter sur le refus de cette condition.
Alors, le connétable de la Garde voyant que le chancelier n'allait point au Conseil depuis la tenue des États, il appréhenda que cette froideur n'apportât quelque division. Aussitôt que la reine fut retournée d'Upsal, il s'entremit pour y remedier, et au même temps son fils le comte de la Garde partit avec sa femme pour aller en Westrogothie, visiter une terre, dont la reine lui avait fait présent en faveur de son marriage.
Sur ces entrefaites il arriva aux environs de Stockholm une recrue de sept cent hommes du côté du Nord pour l'armée d'Allemagne. La reine alla leur voir faire montre, où le chancelier se trouva et la suivit à cheval tout le reste du jour, comme aurait fait un jeune homme en une promenade hors la ville. Il aurait été à souhaiter pour le succès des affaires de la France que ce chancelier fût parti, comme il le disait il y avait déjà longtemps; encore qu'il n'eût pas tout le crédit qu'il eut bien désiré sur l'esprit de la reine, les raisonnements qu'il faisait au désavantage de la France la lui rendaient moins favorable, car il lui était échappé de dire que l'alliance des Français était fort préjudiciable aux intérêts de la Suède, et que sans doute elle aurait fait ses conditions incomparablement meilleures.
On aurait porté ses prosperités plus avant et qu'il n'était point d'avis que la Suède s'engageât en des considérations si étroites qu'elle n'eût pas la liberté d'user de sa bonne fortune. Toutefois il y avait grande raison de ne rien hasarder contre la conduite de ce ministre, qui était colorée des avantages de l'État, et soutenue du crédit et de l'autorité que ses grands services lui avaient acquise. C'est pourquoi l'on ne devait pas la choquer de droit fil sans une grande nécessité.
On s'étonnait alors qu'il se rendait si assidu auprès de la reine, et plusieurs crurent que c'était pour lui porter l'avis de l'accommodement en l'évêché d'Osnabrück comme un petit triomphe de la persévérance de son fils contre les oppositions des plénipotentiaires de France et lui faire voir que les ministres de France se rendraient moins faciles aux intérêts de la Suède que les Impériaux mêmes.
Il semblait alors que le comte Magnus avait fort affermi son crédit par son mariage, et plusieurs disaient que la reine s'était engagée de paroles formelles envers le prince Charles palatin. Il est vrai qu'il y avait tout sujet de croire que si la reine prenait résolution de se marier, son choix s'arrêterait plutôt sur ce prince que sur un autre, mais on ne pouvait en juger avec certitude, rien n'étant assuré dans les affaires de cette qualité qu'après l'accomplissement; et celle-là n'était pas encore prête à terminer, parce que, selon toutes les apparences, la reine ne résoudrait aucune chose touchant son mariage qu'après son couronnement.
Mais le général-major Douglas étant arrivé en Suède le 25 du mois de juin pour la ratification du traité de Bavière, les plénipotentiaires de France qui étaient à Münster en ayant avis appréhendant qu'il ne proposât quelque modification, écrivirent au sieur Chanut de remontrer en ce cas combien il importait aux Couronnes de ne donner aucun dégoût à ce prince, qui était continuellement sollicité par la Maison d'Autriche, mais il n'eût pas besoin de faire ces remontrances, car le traité fut entièrement agréé, et la reine commanda d'en expedier la ratification sans aucunes nouvelles restrictions.
La France, qui appréhendait qu'après la paix d'Allemagne l'empereur ne donnât ses troupes aux Espagnols pour lui faire la guerre, ses plénipotentiaires qui étaient à Münster écrivirent au sieur Chanut de supplier la reine de Suède que ses ministres à Osnabrück demandassent avec instance que l'empereur ne pût aider le roi d'Espagne contre la France des forces de l'empire ni des siennes en aucune qualité, ni sous quelque prétexte que ce fût.
D'abord qu'il en parla à la reine, elle lui témoigna qu'elle était déja informée de cette affaire et lui promit d'ordonner à ses ministres d'appuyer cette demande de la France. Mais sur ce que le sieur Chanut lui voulut faire comprendre, que la paix ne pouvait être ferme pour la France, ni par consequent pour la Suède, si la France demeurait seule exposée aux forces de la Maison d'Autriche et de l'empire:
«Pourquoi donc», lui-dit elle, «voulez-vous vous reserver la liberté de servir le Portugal sans rompre la paix d'Espagne si la France refuse la même faculté à l'empereur pour sa propre maison?»
Le sieur Chanut ne voulut pas s'engager en cette question, et il tâcha de s'en échapper adroitement, s'arrêtant à distinguer un traité de paix d'avec les questions communes, où l'on ne recherche autre chose que le point d'équité et d'un mutuel avantage, parce que, dans une juste guerre, le plus fort donne la loi au plus faible, et les conditions de la paix suivent l'état des armes.
Swedish translation (by anonymous translator; with some typos corrected):
Drottningen af Sverige var tvungen att resa till Upsala för sin kröning skull, yttrande till Herr Chanut att hon for ogerna innan Kurirens ankomst, af hvilken hon väntade underrättelse om Fredens annalkande som hon ansåg säker, och om den ej då afslöts, skulle stora förändringar inträffa. Herr Chanut följde Drottningen utom staden; Riks-Drottset Grefve Brahe råkade henne under vägen och sade att Frankrike ej mer ägde några fiender i Tyskland. Herr Chanut dömde af detta yttrande att Svenska Rådet redan öfverlagt Frankrikes förklaring i Osnabrüg och den som blifvit Drottningen gjord för att finna medel till bibehållande af Sveriges eröfringar i Tyskland genom egna och Protestanternas krafter, i fall Frankrike tog tillbaka sin vanliga hjelp; men det var ej troligt att Drottningen godvilligt ingick i detta parti, ehuru deras makt, som detta kunde behaga, var ganska stor, var denna Prinsessa så mäktig i Rådet att man ej der kunde fatta något beslut emot hennes tanka. Det återstod endast att låta förstå, att hon för dess persons och Rikets bästa borde anse ganska misstänkte alla förslag, hvilka gingo ut på att skilja dess fördelar ifrån Frankriket.
Då Herr du Quesne var segelfärdig, skickade han till Danzig Fregatten Dunkerken för att underrätta Herr de Bregy, och för att ej förlora tid, utrustades Fregatten Havre, besättningen fördelades samt lifsmedel inskeppades; man tänkte äfven upprätta inventarier, värderings-instrumenter och gifva qvittenser åt Amiralitets-Officerarna, hvilka voro så ogene. Riks-Kansleren måste således anlitas för att sluta tvisten, ehuru han ännu ej var vid god helsa. Han tog Herr Chanuts parti emot Amiral Ryning, hvilken intet skämdes att med envishet begära för tågverke, lavetter och ankare 1000 R:dr mer än värdet.
Fältherren de la Gardie sjuknade hastigt och man började tänka på dess efterträdare; några önskade hans son, som hade svårt att uppfylla en så hög plats; andra ansågo Fältmarskalken Horn vara närmast dertill genom sina åldriga tjenster. Han hade väl stort anseende, men var mer aktad hos utlänningarna än hos sina egna, ej heller mycket älskad af Milisen; ty han var Riks Kanslerens måg, en foglig man lämpande sig alltid efter sin svärfar; samt lät Sekreterarens penna styra sig under sitt befäl; utan att företaga något till Officerarnas förmån, såsom de andra Generalerna sedan gjorde: dessutom var hemlig opposition emellan Riks-Kansleren och Milicens-Officerar hvilka ej tålde att han tog till sig största makten uti ärenderna.
Det var äfven vigtigt för Frankrike att Riks-Kansleren icke blef Herre uti Rådet, ty han hade ingen böjelse till fred och kunde ej skilja sig ifrån den första plan han uppgjort med Salig Konung Gustaf under loppet af dess segrar. Något hopp var eljest icke att denna Minister åter inträdde i sin fordna makt derföre att hans Drottning fruktade honom och han ej var understödd i Rådet af någon person med anseende; emedan han under minderårigheten sökt hålla alla Riks-Råden uti en stor undergifvenhet, hvilken ej var honom då mycket nyttig. De hade vant sig att gifva efter för en annans vilja; detta skulle göra Drottningen ganska mäktig och då hon kände deras svaghet, draga dem lätt till henne genom välgerningar.
Drottningen återkom från Upsala, och Herr Chanut nyttjade tillfället att enligt skyldigheten uppvakta henne, förklarande den befallning han erhållit af de Franska Plenipotentiairerna, att i sin Konungs namn be henne bestämdt befalla sina Ministrar att alldeles öfvergifva påståendet om Biskops-Stiftet Osnabrüg. Drottningen afbröt i början hans tal med yttrande, att han för väl kände hennes goda anlag för fred, och att hon ensamt fogade sig efter detta råd, hvartill hennes förnämsta Ministrar visade ingen håg: de hade yttrat stort misstroende då hon skrifvit till Osnabrüg, att hennes Plenipotentiairer skulle påskynda fredens afslutande; när hon således använde all makt för att befordra denna vigtiga sak, borde Frankrike lindra henne i några omständigheter, hjelpa henne öfvervinna egna undersåtares motstånd och ej blottställa henne för förebråelsen att blindt eftergifva för hennes Ministrars råd för att behaga Bundsförvanterna; man borde icke derföre blottställa de begge kronornas heder, men skrida till förlikning, på det hon ej måtte äga skammen att eftergifva allt: man måste söka en öfverenskommelse och dela detta Biskopps-Stift emellan Katholiker och Protestanter samt besittningen börjas af Katholiker; hon bad Konungens Ministrar icke gå längre i denna tvist på det hon ej skulle blottställas så ofta med sitt Råd. Men Herr Chanut gaf ej vika för alla dess skäl; hon syntes honom något ledsen, yttrande sin förhoppning att Konungens Ministrar skulle göra något afseende på hennes person.
Herr du Quesne, nu färdig att afsegla, fann sådan ovilja hos Ammiral Rynning i anseende till de 50 Matroserna att han, oaktadt Drottningens befallning, beslöt endast taga 12 med villkor att behålla dem under sjötåget, hvilket beviljades; för att ersätta de öfriga, samlade han tillhopa några afskedade matroser och soldater, med hvilka han trodde sig kunna sköta skeppen. Man beviljade honom tvenne styrmän, hvilka skulle föra honom till sundet, men sedan återsändas.
Man skref sluteligen till Herr Chanut att han skulle skicka till Frankrike Inventarier och Räkningar angående de köpte skeppen. Han gaf då tillkänna, att det skepp Drottningen låtit bygga för att skänka Kardinal Mazarini, var färdigt att afsegla i början af hösten så att om Hofvet önskade några varor ifrån detta land, kunde de deruti inlastas.
Man misstänkte Herr Chanut vid Svenska Hofvet att han sagt Drottningen att Katholikerna hade rätt i frågan om Osnabrüg, att Frankrike var tvunget beskydda dem och att detta ej betydde något för Sverige; Herr Salvius skref till Herr Du Rier, Fransman, Drottningens Lifmedikus, och skyllde på denna svårighet hela det öfriga af Fredsslutet; ty de Svenska Plenipotentiairerna gjorde deraf en hederssak, bad honom visa brefvet för Drottningen och taga henne ur sin villfarelse; han sade äfven att han skulle öfvertala Drottningen, att vara ståndaktig i den punkten, men detta var mer än ovisst, så framt hon icke skulle bryta för den saken och helldre tåla något våld i det hon gaf efter.
Milisens satisfaktion syntes något svårare och Drottningen fruktade att den ej var så lätt att förnöja. Som hon intet visste huru högt denna satisfaktion billigtvis kunde stiga, underrättade hon sig af alla som nalkades henne, och som hon trodde vara i stånd att derom lemna upplysning.
Under denna villrådighet beslöt Drottningen skicka till Frankrike såsom Minister Herr Rosenhane, hennes Resident i Münster, en man af förtjenst, klok och foglig, och som hade en synnerlig tillgifvenhet för Grefve Magnus, ehuruväl han hade någon förbindelse med Oxenstjernska huset.
Den 12 Juni erhöll man underrättelse om Spaniorernas stora tillrustningar i Flandern, hvilka säkert skulle få framgång: denna nyhet oroade Drottningen, som deltog i Deras Majestäters lycka, och tadlade Staternes uppförande såsom ett bevis på den största trolöshet.
Herr Soop skulle nu resa till Frankrike och köpa nödvändiga saker till kröningen; Herr Chanut, underrättad att äfven Riks-Stallmästaren torde medfölja, frågade derföre om Drottningen, som der behöfde penningar ville låta honom emottaga det man var skyldig för skeppen; hon svarade dertill nej och att hon lofvat lemna dessa penningar i Hamburg.
Emedlertid underrättade de Svenska Plenipotentiairerna Drottningen, att de ej skulle infinna sig i Münster, som de lofvat de Franska förrän Grefve Trautmansdorff försäkrat att Kejsaren skulle gifva Lutheraner och Calvinister samvets-frihet uti sina arfländer; de visste med säkerhet, det han ej hade befallning att stanna vid afslaget af detta villkor.
Då Fältherren de la Gardie såg att Riks-Kansleren ej gick i Rådet efter Riksdagen, fruktade han att denna köld åstadkom någon söndring och sökte afhjelpa den så snart Drottningen kom ifrån Upsala; Hans son Grefve de la Gardie reste vid samma tid med sin fru till Westergöthland till ett gods Drottningen gifvit honom vid hans giftermål.
I nejden af Stockholm ankommo nu 700 rekryter för Tyska arméen, och Drottningen for att bese dem. Riks-Kansleren följde henne till häst hela dagen, likasom en ung man på en spasserfart. Det hade varit önskligt för Frankrike att Riks Kansleren rest som han redan sagt; ehuru ej ägande hos Drottningen allt det anseende han önskade, gjorde han likväl genom sina uttryck henne mindre gynnande för Frankrike; det hade undfallit honom, att Franska förbundet var ganska menligt för Sveriges fördelar; att utan tvifvel Sverige ensamt erhållit ojemförligt bättre fredsvillkor och längre sträckt sina segrar: han hade ej rådt dertill att Sverige så nära förbundit sig så att det icke ägde frihet att nyttja sin lycka. Det var emedlertid stora skäl att ej våga något emot denna Ministers uppförande, färgadt med Statens fördelar, upprätthållandet af anseende och myndighet, förvärfvade genom hans stora tjenster; det är derföre man ej borde rakt stöta honom utan en stor nödvändighet.
Man förundrade sig öfver hans enträgenhet hos Drottningen; flere trodde att det var för att underrätta henne om öfverenskommelsen i anseende till Biskopps-Stiftet Osnabrüg, såsom en liten seger af hans sons ihärdighet emot de Franska Fullmäktiga och visa att Frankrikes Ministrar mindre lämpade sig efter Sveriges fördelar än de Kejserliga sjelfva.
Det syntes som Grefve Magnus stadgat sitt anseende genom sitt giftermål, man sade att Drottningen uttryckligen gifvit sitt löfte åt Pfalz-Grefven Prins Carl; All anledning var likväl, att tro, om Drottningen fattade beslutet att gifta sig, skulle dess val häldre stanna vid denna Prins än någon annan, men man kunde ej dömma med visshet i dylika saker, förrän efter deras fullbordan, och denna var ej ännu slut, ty efter all sannolikhet beslöt Drottningen intet giftermålet förrän efter kröningen.
General-Major Douglas ankom till Sverige den 25 Juni för bekräftelsen af Traktaten med Hertigen af Bayern. De Franska Plenipotentiairerna i Münster, härom underrättade, fruktande att han ej föreslog någon eftergift, skrefvo till Herr Chanut att han skulle framställa i detta fall huru nödigt det var för de begge Kronorna att ej ingifva denna Furste någon afsmak, emedan han var beständigt sökt af Österrikiska Huset; men det behöfdes intet, ty Traktaten blef af Drottningen utan någon ny inskränkning.
Frankrike fruktade att efter Tysklands fred Kejsaren skulle lemna Spaniorerna sina troppar för att bekriga detta Rike. Dess Fullmäktiga i Münster skrefvo derföre till Herr Chanut, att han skulle anhålla hos Drottningen, det dess Ministrar i Osnabrüg ifrigt måtte påstå, att Kejsaren icke kunde hjelpa Konungen af Spanien emot Frankrike, hvarken med sina egna eller Tyska Rikets troppar under hvad förevänning som hälst. I början visade hon sig redan härom underrättad och lofvade understödja Frankrikes påstående genom sina Ministrar; då Herr Chanut föreställde att freden hvarken var säker för Frankrike eller Sverige; om Frankrike ensamt blottställdes för Österrikiska Huset och Tyska Rikets styrka, yttrade hon: »hvarföre vill ni förbehålla er friheten att tjena Portugal utan att bryta fred med Spanien om Frankrike vägrar Kejsaren denna förmågan för hans eget hus?« Herr Chanut ville intet inlåta sig i besvarande af denna fråga, sökte skickligt undvika den och skilja en Freds-Traktat från vanliga frågor då man endast sökte billighet och inbördes fördel; ty uti ett rättvist krig gifver den starkare den svaga lag och fredsvillkoren följa vapenlyckan.
English translation (my own):
The Queen of Sweden, being obliged to go to Uppsala for her coronation, testified to Monsieur Chanut before her departure that she was leaving with regret before the arrival of the courier, from whom she expected a great effect for the advancement of peace (which she held to be quite certain) and told him that if it was missed at that time, when it was so close, one would have to expect great revolutions in affairs.
Monsieur Chanut resolved to accompany the Queen out of the city. On the way, Count Brahe, Steward, having joined him, he told him that France no longer had any enemies in Germany. This discourse made him judge that the Council of Sweden had already worked on the declarations that France had made itself to the Queen to advise on the means of subsisting in any case in Germany and preserving their conquests by their own forces or with the help of the Protestants if France withdrew its ordinary succour.
But it was not likely that the Queen would allow herself to be freely engaged in this party, because, although the authority of those who could be pleased to do it was very great, this princess was so powerful in the Senate that no resolution could be formed there without her opinion, and it only remained to make her understand that, for the advantages of her person and her reign, she must hold very suspect all the propositions which tended to divide her interests from those of France.
In the meantime, the Monsieur du Quesne, being ready to set sail, dispatched the frigate of Dunkirk to Danzig to warn Monsieur de Brégy that the ships were going to leave, so that he could keep the troops ready to embark them. In order not to lose time, the frigate of Le Havre was prepared while that of Dunkirk went to Danzig. The crew was divided up and the provisions were loaded onto each ship. One thought of drawing up inventories, appreciations and discharges with the officers of the Admiralty, who were making themselves so difficult that they were forced to go to the Chancellor to empty them, although he was not yet well. He took the side of Monsieur Chanut against Admiral Ryning, who was not ashamed to stubbornly demand a thousand riksdalers more than they were worth for the ropes, gun carriages and anchors.
But suddenly, the Constable de la Gardie having fallen dangerously ill, one began to think about his successor. Some hoped that it would be his son, but it was very difficult for him to fill such a high position. Others looked to Marshal Horn, who was closer to him by the seniority of his services.
It is true that he had a great reputation, but he was more esteemed among foreigners than among his own people and was not much loved by the militia, because, being the son-in-law of the Chancellor and a very moderate person, he had always deferred to his father-in-law and had allowed himself to be led by the pen of the secretaries during his command, without undertaking anything in favour of the officers, as the other generals had since done. Besides that, there was a secret opposition between the Chancellor and the officers of the militia, who impatiently suffered him to attribute to himself the best part of the authority in affairs.
It was also important to France that the Chancellor should not be the master of the counsels because he had no inclination towards peace and could not depart from this first plan which he had concerted with the late King Gustav in the course of his prosperities. Besides this, there was no appearance that this minister would return to his former authority, because his mistress apprehended him and he was not supported in the Senate by any person of consideration for having affected during the regency to hold all the senators in a great submission, which was not then very useful to him because the senators had become accustomed to bending to the will of others. This made the Queen very powerful, because, finding them weak, she easily attracted them to her by her benefits.
Finally the Queen of Sweden returned from Uppsala, and Monsieur Chanut, taking the occasion of a visit (which he was obliged to render to her on her return), explained to her the order he had received from the plenipotentiaries of France to beg her in the name of the King to send precise orders to her ministers to completely abandon the instance of the bishopric of Osnabrück against the Catholics.
The Queen interrupted him at once and told him that he knew well the good dispositions she had for peace and that she was the only one to support the event of this counsel, to which the principal ones of her own ministers did not show any disposition; that they had made her appear very displeased by what she had written to Osnabrück to urge her ministers to march promptly to the conclusion, and that, using thus all its authority to advance the principal of the affair, France should relieve her in some circumstances to help her to overcome the resistance of her ministers and not burden her with the reproach of having blindly relaxed all things, against the advice of her ministers, to please her allies.
That it was not necessary to compromise the honour of the Crowns, but to reach an accommodation, so that she would not have the shame of having given up everything; that it was necessary to make a compromise of this dispute and share this bishopric between the Catholics and the Protestants, and that the enjoyment would begin with the Catholics; that she begged the ministers of the King not to take this dispute further, so as not to commit it so often with her Council.
But Monsieur Chanut holding firm against all her reasons, she seemed a little sad to him and said that she hoped that the King's ministers would show some consideration for her person.
At that time, Monsieur du Quesne was ready to set sail, but he found so much contradiction in the mind of Admiral Ryning for the fifty sailors that he was to be provided to serve in the ships that he had purchased. Notwithstanding the command that she [the Queen] herself had given him, he resolved to take only twelve, on condition that he keep them during the campaign, which was granted to him; and, to make up for the rest that he needed, he collected some sailors and some soldiers who were already disbanded, with whom he believed himself strong enough to lead the ships; and he was granted two pilots to take him to the Sound, on condition that he send them back from there to Stockholm.
Then the court wrote to Monsieur Chanut to send to France the inventories and accounts of what he had bought in Sweden so that they might know how the ships were armed, which he did. And at the same time he gave notice that the ship that the Queen had built as a present to Cardinal Mazarin would be ready to set sail at the beginning of the autumn, so that, if the court intended to take some merchandise from that country, they could have it loaded on this ship.
Monsieur Chanut was suspected at the court of Sweden of having warned the Queen that the Catholics had the right on their side in the matter of the question of Osnabrück, that France was obliged to protect them, and that this did not matter to Sweden. Lord Salvius, plenipotentiary of Sweden, wrote it thus to Du Rietz, the Queen's physician and a Frenchman, and threw all the rest of the conclusion of peace on this difficulty, because the plenipotentiaries of Sweden made it a point of honour, and asked him to show his letter to the Queen and undeceive her; and he also told him to persuade the Queen to hold firm on this point, but there was nothing more uncertain except that she would not break over this matter and that she would rather suffer a little violence by yielding.
But the satisfaction of the militia seemed much more difficult to accommodate, and the Queen herself feared that there would be difficulty in satisfying it; and, as she did not know to what this satisfaction could reasonably amount, she informed herself from all those who approached her and whom she believed could teach her.
Among all these doubts, the Queen resolved to send to France as minister to Their Majesties the Lord Rosenhane, who was her resident at Münster. He was a man of merit, of a wise and moderate mind, and who had his particular attachment to Count Magnus, although he had some alliance with the House of Oxenstierna.
It was learned by letters, which arrived in Sweden on June 12, that the Spaniards were making great preparations in Flanders and that they would certainly make considerable progress there. This news gave anxiety to the Queen of Sweden, who took an interest in the prosperity of Their Majesties, and she blamed the procedure of the Estates and their abandonment as the highest of all infidelities.
At that time, Lord Soop, being about to leave to go to France, to buy the things necessary for the Queen's coronation, Monsieur Chanut having learned of it, and even that the grand equerry was to follow him, asked the Queen, as she needed money in France, if she would be willing to have what was owed to her for her ships received there, as it would be money all carried. She told him no and that she had promised to leave this money in Hamburg.
In the meantime, the Swedish plenipotentiaries informed the Queen that they would not be in Münster, although they had promised the French plenipotentiaries that they would, until Count Trauttmansdorff had assured them that the Emperor would grant freedom of conscience to the Lutherans and Calvinists in his hereditary lands, and that they knew on good authority that he had orders not to stop at the refusal of this condition.
Then, the Constable de la Gardie seeing that the Chancellor had not gone to the Council since the holding of the Estates, he feared that this coldness would bring about some division. As soon as the Queen had returned from Uppsala, he intervened to remedy the situation, and at the same time his son the Count de la Gardie left with his wife to go to Västergötland to visit a land which the Queen had given him as a present in favour of his marriage.
In the meantime there arrived in the vicinity of Stockholm a recruit of seven hundred men from the north for the army of Germany. The Queen went to see them, where the Chancellor was, and he followed her on horseback the rest of the day, as a young man would have done on a ride out of the city. It would have been desirable for the success of the affairs of France that this Chancellor had left, as he had said long ago; although he did not have all the credit he had desired with the Queen's mind, the reasonings he made to the disadvantage of France made him less favourable to her, for it had escaped him to say that the alliance of the French was very prejudicial to the interests of Sweden, and that without a doubt it would have made its conditions incomparably better.
His prosperity would have been taken further, and he was not of the opinion that Sweden should engage in such narrow considerations that it would not have the freedom to use its good fortune. However, there was great reason not to risk anything against the conduct of this minister, which was coloured with the advantages of the State, and supported by the credit and authority that his great services had acquired for him. This is why it should not be directly shocked without great necessity.
People were then surprised that he had rendered himself so assiduous with the Queen, and many believed that it was to bring her the notice of the accommodation in the bishopric of Osnabrück as a small triumph of the perseverance of his son against the opposition of the plenipotentiaries of France and to make her see that the ministers of France would be less easy to the interests of Sweden than the Imperials themselves.
It seemed then that Count Magnus had greatly strengthened his credit by his marriage, and many said that the Queen had formally engaged herself to Prince Palatine Karl. It is true that there was every reason to believe that if the Queen resolved to marry, her choice would rather fall on this prince than on another, but it could not be judged with certainty, nothing being assured in affairs of this quality until after the accomplishment; and this one was not yet ready to conclude, because, according to all appearances, the Queen would not resolve anything touching her marriage until after her coronation.
But Major General Douglas having arrived in Sweden on June 25 for the ratification of the Treaty of Bavaria, the plenipotentiaries of France who were in Münster having received notice of it, apprehending that he would propose some modification, wrote to Monsieur Chanut to show in this case how important it was for the Crowns not to give any disgust to this prince, who was continually solicited by the House of Austria, but he did not need to make these remonstrances because the treaty was entirely accepted, and the Queen ordered its ratification to be expedited without any new restrictions.
France, which feared that after the peace of Germany the Emperor would give his troops to the Spanish to wage war against him, her plenipotentiaries who were in Münster wrote to Monsieur Chanut to implore the Queen of Sweden that her ministers in Osnabrück should urgently request that the Emperor could not help the King of Spain against France with the forces of the Empire or his own in any capacity, nor under any pretext whatsoever.
As soon as he spoke to the Queen, she testified to him that she was already informed of this affair and promised to order her ministers to support this request of France. But on what Monsieur Chanut wanted to make her understand, that peace could not be firm for France, nor consequently for Sweden, if France remained alone exposed to the forces of the House of Austria and the Empire:
"Why then", she asked him, "do you wish to reserve for yourself the liberty of serving Portugal without breaking the peace of Spain if France refuses the same faculty to the Emperor for his own House?"
Monsieur Chanut did not want to engage himself in this question, and he tried to escape from it cleverly, stopping to distinguish a peace treaty from common questions, where one seeks nothing other than the point of equity and mutual advantage because, in a just war, the strongest gives the law to the weakest, and the conditions of peace follow the state of arms.
Notes: Danzig is the old German name for the Polish city of Gdańsk.
Count Gustaf Horn of Kankas was married in 1620 to Axel Oxenstierna's sister Christina, and after her passing he remarried in 1643 to Sigrid Bielke.
The estate that Kristina gave to Marie Euphrosyne (her/his/their cousin and former foster sister) was Höjentorp, in Äggeby parish.
Kristina writes in one of her/his/their many marginal notes (written in the third person, this one on the part saying that she/he/they had decided to marry; in translation): "The Queen's marriage had long been decided, but she never wanted to hear about it."
Major General Douglas = Count Robert Douglas (1611-1662; the Swedish translation's footnotes give his death year as 1677).
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