Source:
Christine de Suède, article written by Arvède Barine for Revue des deux mondes, pages 805 to 809, 1888
The account:
Elle débarqua en Danemark, prit un faux nom, monta à cheval à la manière des hommes et piqua sur Hambourg, accompagnée de quatre gentilshommes et de quelques valets faisant l'office de femmes de chambre. «Elle alla comme une vagabonde», dit encore Monglat, «de province en province, voyant toutes les cours de l'Europe.» On croirait assister à la tournée d'un cirque ambulant. Christine donnait çà et là une représentation. Elle improvisait pour ces occasions une suite royale, ramassée on ne sait où, revêtait un costume de gala et faisait une entrée solennelle dans une ville, recevant les honneurs dus à son rang avec une fierté qui charmait la foule. La population accourait, car elle était une des curiosités de la chrétienté. Elle répondait aux harangues officielles avec aisance et à-propos, à chacun dans sa langue, présidait en grande souveraine les fêtes qu'on lui offrait et entretenait les savans en confrère. «Elle parle de toutes les choses humaines», écrivait un auditeur [Whitelocke], «non en princesse, mais en philosophe e Porticu.»
Elle coupait la pièce noble d'intermèdes comiques de sa façon. Tantôt elle se mettait à faire «diverses grimaces à la multitude qui la suivait pour la voir.» Tantôt elle changeait de costume dans le carrosse même, avec l'adresse d'un clown, ou bien elle changeait la place, afin de troubler les badauds, qui ne s'y reconnaissaient plus. Tantôt elle lâchait quelque juron au moment le plus solennel, ou quelque plaisanterie graveleuse, digne d'une jeune personne qui savait Partial [sic] par cœur à vingt-trois ans. Tantôt elle prenait soudain une posture de cabaret et éclatait de rire au nez du grand personnage qui lui parlait. A Bruxelles, où elle s'attarda plusieurs mois, elle mena un tel carnaval, que la «puissante main» qui la retirait, à l'en croire, de tous les précipices, eut fort à faire. On n'ôta jamais de la tête de beaucoup de contemporains qu'à Bruxelles au moins Dieu, occupé ailleurs, l'avait quelquefois laissée rouler au fond de l'abîme. Quoi qu'il en soit, la sottise faite, elle reprenait ses grands airs de reine. Le parterre riait; les loges commençaient à siffler.
La pièce jouée et la toile baissée, le costume de gala rentrait dans son coffre, la suit de rencontre s'évanouissait, et il restait un jeune cavalier assez râpé, qui semait les joyaux de la couronne de Suède chez tous les usurieurs du chemin, courait les hôtelleries en tapageur et se divertissait à dépister les curieux. On l'attendait à droite, il tournait à gauche. On croyait le tenir, il se dérobait pendant la nuit. Il paraissait, disparaissait, reparaissait, jusqu'au jour où il lui prenait fantaisie de remettre des jupes, de redevenir la reine de Suède et de donner une autre représentation.
Elle en donna à Hambourg, à Anvers, à Bruxelles, à Inspruck, où elle renouvela brillamment l'affiche en abjurant le protestantisme. Elle l'avait déjà abjuré secrètement à Bruxelles, dans la nuit de Noël 1654. C'est à Insprück, le 3 novembre 1655, qu'elle fit profession publique de catholicisme.
On a discuté à perte de vue, et non sans aigreur, sur les motifs de sa conversion. L'événement était d'une extrême importance pour l'église romaine. De tous les néophytes que l'église pouvait convoiter, il n'en était pas alors de plus enviable que la propre fille de Gustave-Adolphe. Il est naturel que Rome ait poursuivi la conversion de Christine avec un zèle particulier et toute l'habileté dont elle était capable. Il l'est également qu'ayant réussi, elle ait attribué son triomphe à la puissance de la vérité et présenté l'abjuration d'Inspruck comme un effet de la grâce divine, qui avait révélé la vraie foi à une hérétique. Il est encore naturel qu'après une victoire dont le bruit avait retenti dans toute l'Europe, remplissant d'allégresse le cœur des fidèles, le saint-siège ait jeté le manteau de Noé sur les faiblesses de sa néophyte et feint de croire à la sincérité de ses convictions. Il se fiait aux années, à l'habitude, à mille circonstances qu'il se chargeait de faire naître, pour achever l'œuvre ébauchée, et il obtint en effet, avec le temps, un langage auquel on ne pourrait reprocher que d'être hyperbolique dans ses glorifications de l'église et de la foi catholique. Ce que Christine pensait au fond était chose secondaire, et il semble bien que le pape l'ait compris ainsi.
On conçoit également que les protestans irrités aient accusé Christine d'hypocrisie, plutôt que d'admettre la sincérité de sa conversion. Ils publièrent partout que, loin d'avoir été attirée dès sa première jeunesse par la religion romaine, ainsi que le prétendaient les catholiques, et d'avoir déposé la couronne pour être libre d'aller où la grâce l'appelait, Christine ne croyait à rien et n'avait abjuré que par calcul. A les entendre, la pompe d'Inspruck n'avait d'autre but que d'intéresser le pape et les rois catholiques à la reine de Suède, afin d'en tirer de l'argent aux heures de gêne.
A présent qu'on en juge sans passion, il faut convenir que les apparences donnent raison aux protestans. Christine changea de religion de l'air dont elle changeait d'habit, pour ébahir la foule. Après l'abjuration secrète de Bruxelles, elle écrivit en Suède, où l'on avait depuis longtemps des soupçons: «Mes occupations sont de bien manger et de bien dormir, étudier un peu, causer, rire et voir les Comédies française, italienne et espagnole, et passer le temps agréablement. Enfin, je n'écoute plus des sermons...» Elle déclare ailleurs qu'elle s'est convertie pour ne plus entendre les pasteurs, qui l'ennuyaient trop. Les sermons étaient sa grosse objection théologique à la religion réformée. A Inspruck, on remarqua son indifférence pendant la cérémonie de l'abjuration. Le même jour, dans l'après-midi, on lui offrit la comédie. On prétend qu'elle s'écria: «— Messieurs, il est bien juste que vous me donniez la comédie, après vous avoir donné la farce.» Le pape fut, sans aucun doute, très bien renseigné sur le prix de sa conquête au point de vue spirituel, mais il ne s'occupait pour l'instant que du point de vue terrestre. Au sortir d'Inspruck, Christine se dirigea vers Rome, où on lui préparait une entrée triomphale.
On voulait marquer par une réception éclatante que sa conversion était un grand événement politique et religieux. La Congrégation des rites régla jusqu'aux derniers détails de la fête. Elle arrêta que les carrosses des cardinaux, prélats, ambassadeurs, nobles romains, iraient au-devant de la reine de Suède, attelés de six chevaux et accompagnés de suites nombreuses, en riches livrées; que le carrosse du gouverneur de Rome serait doublé d'or et d'argent, pour une valeur de 3,000 écus, et entouré de quarante personnes magnifiquement habillées; que chaque dame romaine aurait une suite de trente-six personnes, dont les costumes coûteraient de 500 à 600 écus chaque, et que l'habit de la dame voudrait de 500,000 à 600,000 écus. Notons, en passant, que les dames romaines surpassèrent les vœux de la Congrégation des rites; l'une d'elles portait un habit de 700,000 écus. La part de dépense du saint-père se monta à 1,300,000 écus. A l'arrivée de la reine de Suède, les tailleurs de Rome travaillaient depuis six mois à habiller le cortège.
Le 21 décembre 1655, Christine fut affermie à jamais dans la pensée qu'elle était le premier personnage de la chrétienté et la femme unique entre tous les femmes. Le canon tonnait, les trompettes sonnaient, les troupes faisaient la haie, les boutiques étaient fermées, Rome en fête, l'air rempli d'acclamations. Un cortège d'une richesse inouïe se déroulait de la porte *del Popolo* à Saint-Pierre, et en tête de ce cortège, le point de mire de tous les regards, l'objet de tous les empressemens, une petite demi-bossue en «culotte chamarrée», montée à califourchon sur un cheval blanc et piaffant entre deux cardinaux. Elle remercia le saint-père. «Il répondit que sa conversion était d'un si grand prix, que dans le ciel il se célébrait là-dessus de plus grandes fêtes qu'elle n'en voyait sur la terre.» Le compliment était galant; il y avait de quoi tourner la tête de la plus humble, et Christine n'était pas humble.
Rome devint dès lors son séjour de prédilection. Elle y réunit ses collections, l'habita de plus en plus, et sur la fin n'en bougea plus, protégée des papes, qui étaient résolus à ne pas s'en dédire et à se parer jusqu'au bout de la fille de Gustave-Adolphe. Elle exerça leur patience. Sa tenue était décidément déplorable. Le pape avait cru bien faire d'ordonner aux cardinaux de l'accompagner. Les cardinaux ne la retenaient pas, et elle entraînait les cardinaux. Il ne se faisait pas de bruit dans Rome, il n'y avait pas un scandale, à la messe ou à la comédie, dans la rue ou sur la promenade, qu'on ne fût sûr d'apercevoir la reine Christine et son escadron de robes rouges. Les frasques se succédaient, et les jeunes favoris. En même temps, elle était insolente avec la noblesse romaine, insatiable d'honneurs, toujours brouillée avec quelqu'un et oubliant alors qu'elle ne régnait plus. Un jour que le cardinal de Médicis lui avait déplu, elle braqua des canons sur la porte de son palais et tira elle-même à boulet. Les traces des boulets se voyaient encore au siècle dernier. «La patience», disait-elle, «est une vertu de ceux qui manquent de courage et de force.» Elle se faisait un point d'honneur d'être sans patience.
Le saint-siège n'avait pas plus de satisfaction du côté de la religion. Elle criait sur les toits son aversion pour les entretiens pieux et les livres de dévotion. Le premier qui lui avait parlé de macérations avait été reçu de façon à n'oser jamais y revenir. Elle allait peu aux offices, et y passait le temps à rire aux éclats avec ses cardinaux, en la présence même du pape. C'était intolérable. A l'issue d'une scène de ce genre, le pape lui remit un chapelet, en manière de doux reproche, et l'exhorta à s'en servir dans ses prières. Le dos à peine tourné, elle s'écria: «— Je ne veux pas être une cafarde!» Le saint-père se rabattit à solliciter de légères démonstrations de piété, pour la foule. On alla dire de sa part à Christine: «— Un Ave Maria en public est plus méritoire qu'un chapelet dans le particulier.» Il ne la réduisit que lorsqu'elle n'eut plus le sol.
Les finances de Christine était encore un autre souci pour la cour de Rome. La Suède, outrée de l'abjuration, engagée d'ailleurs dans les guerres ou des difficultés intérieures, payait mal, et Christine dépensait sans compter, sous prétexte «qu'il y a une manière de profusion qui est économie.» Elle avait un train royal. Elle rétablissait ses collections, fort entamées au départ de Suède par ses savans étrangers. La bibliothèque avait été honteusement pillée; sur plus de 8,000 manuscrits, il n'en arriva que le quart à Rome. Nous possédons une lettre où Vossius mande à Heinsius, avec une désinvolture admirable, qu'il est en train de s'approprier «non paucos libellos rariores» de la bibliothèque de la serenissimæ reginæ. Il fallait de grosses sommes pour réparer ces pertes. Il en fallait d'infinies pour fournir à un désordre dont rien ne peut donner l'idée. Six mois après son entrée à Rome, Christine était harcelée par ses créanciers. Elle s'adressa au pape, qui paya et crut l'heure venue de la mâter. Il lui offrit 2,000 écus par mois, à condition d'être sage. C'était trop tôt. Christine s'emporta, tempêta, envoya le reste de ses pierreries chez un prêteur sur gages, qui en donna 10,000 ducats, et s'embarqua pour Marseille. Elle se savait attendue avec impatience en France. Chacun était curieux de voir cette personne singulière, surnommée jadis la Sibylle du Septentrion et la Dixième Muse, et qu'on appelait à présent, tout uniment, la «reine ambulante.» Le voyage de France fut le dernier grand succès de Christine.
Swedish translation (my own):
Hon gick i land i Danmark, tog ett falskt namn, satte sig på en häst på mäns vis och begav sig till Hamburg, åtföljd av fyra herrar och några kammartjänare som kammarpigor.
»Hon gick som en vagabonde«, säger Montglat, »från provins till provins och såg alla Europas hov.«
Man skulle kunna tro att man var med på en rundtur på en kringresande cirkus. Kristina gjorde en föreställning här och där. Hon improviserade för dessa tillfällen ett kungligt följe, samlade ingen som vet var, tog på sig en galadräkt och gjorde ett högtidligt intåg i en stad och tog emot utmärkelserna för sin rang med en stolthet som charmerade publiken. Befolkningen kom springande, för hon var en av kristenhetens kuriosa. Hon svarade på officiella haranger med lätthet och relevans, för var och en på sitt eget språk, presiderade som en stor suverän över de högtider som erbjöds henne och underhöll de lärda männen som en kollega.
»Hon talar om alla mänskliga ting«, skrev en lyssnare [Whitelocke], »inte som en prinsessa, utan som en filosof e porticu.«
Hon avbröt den ädla pjäsen med komiska mellanspel på sitt sätt. Ibland började hon göra »olika grimaser mot den skara som följde henne för att se henne.« Ibland bytte hon kostym i själva vagnen, med en clowns skicklighet, eller så bytte hon plats, för att störa åskådarna, som inte längre kände igen sig. Ibland lät hon ut något förbannelseord i det högtidligaste ögonblicket, eller något fräckt skämt, värdigt en unge som kunde Martial utantill vid tjugotre års ålder. Ibland intog hon plötsligt en kabaréhållning och brast ut i skratt inför den stora personage som talade till henne.
I Bryssel, där hon dröjde sig kvar i flera månader, ledde hon en sådan karneval att den »kraftiga handen« som enligt henne drog henne tillbaka från alla stup hade mycket att göra. Det glömdes aldrig av många av hennes samtida att åtminstone i Bryssel hade Gud, upptagen någon annanstans, ibland låtit henne rulla till botten av avgrunden. Hur det än må vara, när dårskapen väl var över, återupptog hon sin storslagna drottning. Parterren skrattade; logerna började bua.
När pjäsen hade spelats och ridån sänkts, gick galadräkten tillbaka i sin bål, dräkten de rencontre försvann, och det återstod en ganska nedsuttad ung kavaljer som sådde Sveriges Kronas juveler bland alla ockrare på vägen, sprang stökigt från värdshus till värdshus och roade sig med att spåra nyfikna. De väntade på honom till höger, han svängde till vänster. De trodde att de hade honom, han smet undan under natten. Han dök upp, försvann, dök upp igen, tills den dag då fantasin tog honom att sätta på sig kjolar igen, att bli Sveriges drottning igen och ge en ny föreställning.
Hon gav dem i Hamburg, Antwerpen, Bryssel och Innsbruck, där hon på ett briljant sätt förnyade affischen genom att avvärja protestantismen. Hon hade redan avvärjat den i hemlighet i Bryssel, på julafton 1654. Det var i Innsbruck, den 3 november 1655, som hon gjorde en offentlig bekännelse av katolicism.
Motiven till hennes omvändelse har diskuterats i oändlighet, och inte utan bitterhet. Händelsen var av yttersta vikt för den romerska Kyrkan. Av alla neofyterna som Kyrkan kunde eftertrakta fanns det ingen mer avundsvärd än Gustav Adolfs egen dotter. Det är naturligt att Rom med särskild iver och all den skicklighet den kunde ha fullföljt Kristinas omvändelse. Det är också naturligt att den, efter att ha lyckats, skulle ha tillskrivit sanningens makt sin triumf och framställt abjurationen i Innsbruck som en effekt av gudomlig nåd, som hade uppenbarat den sanna tron för en kättare. Det är också naturligt att Heliga Stolen, efter en seger vars brus hade genljudat i hela Europa och fyllt de troendes hjärtan med glädje, skulle ha kastat Noas mantel över svagheterna hos sin neofyt och låtsades tro på hennes trosbekännelsers uppriktighet. Den litade under åren, i vana, under tusen omständigheter som den tog på sig att skapa, för att slutföra det arbete den hade påbörjat, och den fick verkligen med tiden ett språk som bara kunde kritiseras för att vara hyperboliskt i dess förhärligande av Kyrkan och den katolska tron. Vad Kristina innerst inne tänkte var en sekundär sak, och det verkar som att påven förstod det så.
Det är också förståeligt att de irriterade protestanterna anklagade Kristina för hyckleri snarare än att erkänna uppriktigheten i hennes omvändelse. De publicerade överallt att Kristina, långt ifrån att ha lockats sedan sin tidiga ungdom av den romerska religionen, som katolikerna hävdade, och från att ha lagt ner kronan för att vara fri att gå dit gracen kallade henne, trodde inte på någonting som helst och hade bara avsvurit av beräkning. Enligt dem hade pompa och ståt i Innsbruck inget annat syfte än att intressera påven och de katolska konungarna för Sveriges drottning, för att tjäna pengar på henne i svåra tider.
Nu när man dömer det passionerat måste man erkänna att skenet visar att protestanterna har rätt. Kristina bytte religion med airen som hon bytte kläder med: för att förvåna folkmassan. Efter den hemliga avvärjningen i Bryssel skrev hon till Sverige, där misstankar länge hade väckts: »Mina sysselsättningar är att äta gott och sova gott, studera lite, prata, skratta och se de franska, italienska och spanska komedierna och tillbringa tiden bra. Äntligen, jag lyssnar inte längre på predikningar...«
Hon förklarar på annat håll att hon konverterade för att inte längre lyssna på pastorerna, som tråkade ut henne för mycket. Predikningarna var hennes stora teologiska invändning mot den reformerta religionen. I Innsbruck noterades hennes likgiltighet under avvärjningsceremonin. Samma dag, på eftermiddagen, erbjöds hon komedin. Det sägs att hon ropade: »Mina herrar, det är helt rätt att ni ger mig komedin, efter att jag har gett er farsen.«
Påven var utan tvekan mycket väl informerad om priset för hans erövring ur andlig synvinkel, men han var för tillfället bara upptagen av den jordiska synvinkeln. När Kristina lämnade Innsbruck, begav sig Kristina till Rom, där ett triumftinträde förbereddes för henne.
Det var tänkt att markera genom ett bländande mottagande att hennes omvändelse var en stor politisk och religiös händelse. Kongregation för riterna reglerade in i de sista detaljerna av firandet. Den förordnade att kardinalernas, prelaternas, ambassadörernas och romerska adelsmännens vagnar skulle gå Sveriges drottning till mötes, dragna av sex hästar och åtföljda av talrika följe, i rikt liv; att Roms guvernörs vagn skulle fodras med guld och silver, till ett värde av 3,000 scudi, och omges av fyrtio praktfullt klädda personer; att varje romersk dam skulle ha ett följe på trettiosex personer, vars kostymer skulle kosta från 500 till 600 scudi vardera, och att damens dräkt skulle kosta från 500,000 till 600,000 scudi. Låt oss i förbigående notera att de romerska damerna överträffade Kongregations för riterna; en av dem bar en klänning värd 700 000 scudi. Den Helige Faderns andel av kostnaden uppgick till 1,300,000 scudi. När Sveriges drottning kom hade Roms skräddare arbetat i ett halvår med att klä kortegen.
Den 21 december 1655 blev Kristina för alltid bekräftad i tanken att hon var kristenhetens första person och den unika kvinnan bland alla kvinnor. Kanonen dånade, trumpeterna ljöd, trupperna stod längs linjen, affärerna stängdes, Rom firade, luften var fylld av jubel. En kortege av oerhörd rikedom ägde rum från Porta del Popolo till Peterskyrkan, och i spetsen för denna kortege, fokuspunkten för alla ögon, föremålet för all iver, en liten halvpuckelrygg i »trimmad ridbyxor«, klättrade på en vit häst och piafferade mellan två kardinaler. Hon tackade den Helige Fadern. »Han svarade att hennes omvändelse var av så stort pris att i himlen firades större högtider över den än hon hade sett på jorden.« Komplimangen var galant; det räckte med att vända huvudet på den ödmjukaste, och Kristina var inte ödmjuk.
Rom blev sedan hennes favoritställe att bo på. Hon samlade sina samlingar där, bodde där mer och mer och flyttade till sist aldrig, skyddad av påvarna, som var fast beslutna att inte gå tillbaka på sitt ord och att smycka sig in i det sista med Gustav Adolfs dotter. Hon prövade deras tålamod. Hennes uppförande var avgjort bedrövligt. Påven hade ansett att det var rätt att beordra kardinalerna att följa med henne. Kardinalerna kvarhöll henne inte, och hon ledde kardinalerna med. Det var inget oväsen i Rom, det var ingen skandal, i mässan eller vid komedin, på gatan eller på promenaden, där man inte var säker på att se drottning Kristina och hennes skvadron av röda dräkter. Eskapaderna följde på varandra, och de unga gunstlingarna.
Samtidigt var hon fräck mot den romerska adeln, omättlig för heder, grälade alltid med någon och glömde att hon inte längre regerade. En dag när kardinal de Medici hade missnöjt henne riktade hon kanoner mot porten till hans palats och sköt själv kanonkulorna. Märken från kanonkulorna kunde fortfarande ses under förra seklet. »Tålamodet«, sade hon, »är en dygd för dem som saknar mod och styrka.« Hon gjorde det till en ära att vara utan tålamod.
Heliga Stolen var inte längre nöjd med hennes religion. Hon ropade från hustaken sin motvilja mot fromma samtal och andaktsböcker. Den första som hade pratat med henne om macerationer hade tagits emot på ett sådant sätt att han aldrig skulle våga återvända till dem. Hon besökte sällan gudstjänster och tillbringade tiden med att skratta högt med sina kardinaler, även i påvens närvaro. Detta var outhärdligt. I slutet av en scen av detta slag gav påven henne ett radband som en mild förebråelse och uppmanade henne att använda den i sina böner. Med ryggen knappt vänd ropade hon: »Jag vill inte vara en hycklare!«
Den Helige Fadern föll tillbaka på att begära små demonstrationer av fromhet för publiken. En gick för att säga till Kristina å hans vägnar: »En Ave Maria offentligt är mer förtjänstfull än en rosenkransbön privat.«
Han reducerade henne bara när hon inte längre hade marken.
Kristinas ekonomi var ännu ett bekymmer för hovet i Rom. Sverige, upprört över avvärjande, engagerade på annat håll i krig eller interna svårigheter, betalade dåligt, och Kristina spenderade utan att räkna, under förevändning »att det finns ett slags överflöd som är ekonomi.« Hon hade ett kungligt träng. Hon restaurerade sina samlingar, mycket skadad när hon lämnade Sverige av sina utländska forskare. Biblioteket hade skamligt plundrats; av mer än 8,000 manuskript kom bara en fjärdedel till Rom. Vi besitter ett brev där Vossius med beundransvärd nonchalans informerar Heinsius om att han håller på att tillägna sig »non paucos libellos rariores« från serenissimæ reginæ bibliotek. Det behövdes stora summor för att reparera dessa förluster. Oändliga summor behövdes för att tillhandahålla en störning som ingenting kan ge en uppfattning om.
Sex månader efter hennes intåg i Rom blev Kristina trakasserad av sina kreditorer. Hon vände sig till påven, som betalade och trodde att det var dags att underkuva henne. Han erbjöd henne 2,000 scudi i månaden, under förutsättning att hon skulle veta hut. Det var för tidigt. Kristina rasade till, stormade, skickade resten av sina juveler till en pantbank som gav 10,000 dukater för dem och gick ombord till Marseille. Hon visste att hon var efterlängtad i Frankrike. Alla var nyfikna på att se denna enastående person, som tidigare kallades Nordens Sibylla och den tionde Musen, och som nu helt enkelt kallades »den ambulerande drottningen«. Resan till Frankrike var Kristinas sista stora framgång.
English translation (my own):
She landed in Denmark, took a false name, mounted a horse in the manner of men, and headed for Hamburg, accompanied by four gentlemen and a few valets acting as chambermaids.
"She went like a vagabonde", says Montglat, "from province to province, seeing all the courts of Europe."
One would think one was attending the tour of a traveling circus. Kristina gave a performance here and there. She improvised for these occasions a royal retinue, gathered no one knows where, put on a gala costume and made a solemn entry into a city, receiving the honours due to her rank with a pride that charmed the crowd. The population came running, for she was one of the curiosities of Christendom. She responded to official harangues with ease and relevance, to each in its own language, presided as a great sovereign over the festivals that were offered to her and entertained the learned men as a colleague.
"She speaks of all human things", wrote one listener [Whitelocke], "not as a princess, but as a philosopher e porticu."
She interrupted the noble play with comic interludes in her own way. Sometimes she would start making "various grimaces at the multitude who followed her to see her." Sometimes she would change her costume in the carriage itself, with the skill of a clown, or else she would change her place, in order to disturb the onlookers, who no longer recognised themselves. Sometimes she would let out some curse word at the most solemn moment, or some crude joke, worthy of a young person who knew Martial by heart at the age of twenty-three. Sometimes she would suddenly assume a cabaret posture and burst out laughing in the face of the great personage who was speaking to her.
In Brussels, where she lingered for several months, she led such a carnival that the "powerful hand" which, according to her, pulled her back from all precipices, had a lot to do. It was never forgotten by many of her contemporaries that at least in in Brussels, God, busy elsewhere, had sometimes let her roll to the bottom of the abyss. However that may be, once the foolishness was done, she resumed her grand airs of a queen. The parterre laughed; the boxes began to boo.
When the play had been performed and the curtain lowered, the gala costume went back into its trunk, the suit de rencontre vanished, and there remained a rather threadbare young cavalier who sowed the jewels of the Crown of Sweden among all the usurers along the way, ran rowdily from inn to inn and amused himself by tracking down the curious. They waited for him on the right, he turned left. They thought they had him, he slipped away during the night. He appeared, disappeared, reappeared, until the day when the fancy took him to put on skirts again, to become the Queen of Sweden again and to give another performance.
She gave them in Hamburg, Antwerp, Brussels and Innsbruck, where she brilliantly renewed the poster by abjuring Protestantism. She had already abjured it secretly in Brussels, on Christmas Eve 1654. It was in Innsbruck, on November 3, 1655, that she made a public profession of Catholicism.
The motives of her conversion have been discussed endlessly, and not without bitterness. The event was of extreme importance to the Roman Church. Of all the neophytes that the Church could covet, there was none more enviable than Gustav Adolf's own daughter. It is natural that Rome should have pursued Kristina's conversion with particular zeal and all the skill of which it was capable. It is also natural that, having succeeded, it should have attributed its triumph to the power of truth and presented the abjuration at Innsbruck as an effect of divine grace, which had revealed the true faith to a heretic. It is also natural that after a victory whose noise had resounded throughout all Europe, filling the hearts of the faithful with joy, the Holy See should have thrown the mantle of Noah over the weaknesses of its neophyte and pretended to believe in the sincerity of her convictions. It trusted in the years, in habit, in a thousand circumstances that it took it upon itself to create, to complete the work it had begun, and it did indeed obtain, with time, a language that could only be criticised for being hyperbolic in its glorifications of the Church and the Catholic faith. What Kristina thought deep down was a secondary matter, and it seems that the Pope understood it that way.
It is also understandable that the irritated Protestants accused Kristina of hypocrisy, rather than admitting the sincerity of her conversion. They published everywhere that, far from having been attracted since her early youth by the Roman religion, as the Catholics claimed, and from having laid down the crown to be free to go where grace called her, Kristina believed in nothing and had only abjured out of calculation. According to them, the pomp at Innsbruck had no other aim than to interest the Pope and the Catholic kings in the Queen of Sweden, in order to make money off of her in times of difficulty.
Now that one judges it dispassionately, one must admit that appearances prove the Protestants right. Kristina changed her religion with the air with which she changed her clothes: to astonish the crowd. After the secret abjuration in Brussels, she wrote to Sweden, where suspicions had long been raised: "My occupations are to eat well and sleep well, study a little, talk, laugh and see the French, Italian and Spanish Comedies, and pass the time pleasantly. Finally, I no longer listen to sermons..."
She declares elsewhere that she converted so as to no longer listen to the pastors, who bored her too much. The sermons were her great theological objection to the Reformed religion. In Innsbruck, her indifference during the abjuration ceremony was noted. The same day, in the afternoon, she was offered the comedy. It is said that she cried out: "Gentlemen, it is quite right that you should give me the comedy, after having given you the farce."
The Pope was, without doubt, very well informed about the price of his conquest from the spiritual point of view, but he was for the moment only concerned with the earthly point of view. On leaving Innsbruck, Kristina headed for Rome, where a triumphal entry was being prepared for her.
It was intended to mark by a dazzling reception that her conversion was a great political and religious event. The Congregation of Rites regulated down to the last details of the celebration. It decreed that the carriages of the cardinals, prelates, ambassadors, and Roman nobles should go to meet the Queen of Sweden, drawn by six horses and accompanied by numerous retinues, in rich livery; that the carriage of the governor of Rome should be lined with gold and silver, to a value of 3,000 scudi, and surrounded by forty magnificently dressed persons; that each Roman lady should have a retinue of thirty-six persons, whose costumes should cost from 500 to 600 scudi each, and that the lady's outfit should cost from 500,000 to 600,000 scudi. Let us note, in passing, that the Roman ladies surpassed the wishes of the Congregation of Rites; one of them wore a dress worth 700,000 scudi. The Holy Father's share of the expense came to 1,300,000 scudi. When the Queen of Sweden arrived, the tailors of Rome had been working for six months to dress the cortège.
On December 21, 1655, Kristina was forever confirmed in the thought that she was the first personage of Christendom and the unique woman among all women. The cannon thundered, the trumpets sounded, the troops lined the line, the shops were closed, Rome was celebrating, the air was filled with cheers. A cortège of unheard-of richness took place from the Porta del Popolo to St. Peter's, and at the head of this cortège, the focal point of all eyes, the object of all eagerness, a little half-hunchback in "trimmed breeches", mounted astride a white horse and piaffing between two cardinals. She thanked the Holy Father. "He replied that her conversion was of such great price that in Heaven greater feasts were celebrated over it than she had seen on Earth." The compliment was gallant; it was enough to turn the head of the humblest person, and Kristina was not humble.
Rome then became her favourite place to stay. She gathered her collections there, lived there more and more, and in the end never moved, protected by the popes, who were determined not to go back on their word and to adorn themselves to the end with the daughter of Gustav Adolf. She tested their patience. Her manners were decidedly deplorable. The Pope had thought it right to order the cardinals to accompany her. The cardinals did not detain her, and she led the cardinals along. There was no noise in Rome, there was not a scandal, at Mass or at the comedy, in the street or on the promenade, where one was not sure to see Queen Kristina and her squadron of red robes. The escapades followed one another, and the young favourites.
At the same time, she was insolent with the Roman nobility, insatiable for honours, always quarrelling with someone and forgetting that she no longer reigned. One day when Cardinal de Medici had displeased her, she aimed cannons at the gate of his palazzo and fired the cannonballs herself. The marks of the cannonballs could still be seen in the last century. "Patience", she said, "is a virtue of those who lack courage and strength." She made it a point of honour to be without patience.
The Holy See was no more satisfied with her religion. She shouted from the rooftops her aversion to pious conversations and devotional books. The first person who had spoken to her about macerations had been received in such a way that he would never dare to return to them. She rarely attended services and spent the time laughing out loud with her cardinals, even in the presence of the Pope. This was intolerable. At the end of one scene of this kind, the Pope gave her a rosary, as a gentle reproach, and exhorted her to use it in her prayers. With her back barely turned, she cried out: "I don't want to be a hypocrite!"
The Holy Father fell back on soliciting slight demonstrations of piety for the crowd. One went to tell Kristina on his behalf: "One Ave Maria in public is more meritorious than one rosary in private."
He only reduced her when she no longer had the ground.
Kristina's finances were yet another worry for the court of Rome. Sweden, outraged by the abjuration, engaged elsewhere in wars or internal difficulties, paid poorly, and Kristina spent without counting, under the pretext "that there is a kind of profusion which is economy." She had a royal train. She restored her collections, much damaged on leaving Sweden by her foreign scholars. The library had been shamefully pillaged; out of more than 8,000 manuscripts, only a quarter arrived in Rome. We possess a letter in which Vossius informs Heinsius, with admirable nonchalance, that he is in the process of appropriating "non paucos libellos rariores" from the library of the serenissimæ reginæ. Large sums were needed to repair these losses. Infinite sums were needed to supply a disorder of which nothing can give an idea.
Six months after her entry into Rome, Kristina was harassed by her creditors. She addressed herself to the Pope, who paid and believed the time had come to subdue her. He offered her 2,000 scudi a month, on condition that she behaved herself. It was too soon. Kristina lost her temper, stormed, sent the rest of her jewels to a pawnbroker who gave 10,000 ducats for them, and embarked for Marseilles. She knew that she was eagerly awaited in France. Everyone was curious to see this singular person, formerly nicknamed the Sibyl of the North and the Tenth Muse, and who was now called, quite simply, the "itinerant queen." The journey to France was Kristina's last great success.
Above: Kristina.
Above: Arvède Barine.
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