Wednesday, August 23, 2023

Pierre Hector Chanut's letter to Henri Auguste Loménie de Brienne, containing his famous description of Kristina, and with Kristina's handwritten marginal notes, dated January 22/February 1 (Old Style), 1648

Source:

Om »Mémoires de Chanut», article written by Martin Weibull for Historisk tidskrift, volume 7, pages 67 to 76, published by the Swedish Historical Union through Emil Hildebrand, 1887



Above: Kristina.

"In order to give an insight into the way in which Linage de Vauciennes proceeded when he turned the correspondence into memoirs, we choose to give a detailed account of the passage in them, which contains Chanut's famous portrait of Queen Kristina. The choice of this place offers, apart from the interest it has in and of itself, also the advantage that, in connection with it, Queen Kristina's handwritten marginal notes in their original form can be communicated for the first time in print. The text from Mémoires de Chanut is placed here as the main text and next to it the text of his letter to Brienne of February 1, 1648, which contains the portrait. Only those parts of the text of the letter are communicated where this — and not only in the external form — presents major deviations. What is denoted by italics are the places the Queen underlined in her copy, partly to add her marginal notes and partly also to denote a tacit approval in general."

Important note: Because of the way Weibull's comparison is structured, I have combined the letter with the excerpts from the memoirs and changed some of the tenses in the parts from the memoirs to the present tense to fit with the letter. After the first paragraphs, I have put the parts from the letter in square brackets to distinguish them from the parts from the memoirs.

The letter (Kristina's comments on parts from the book are added here in parentheses and italics, and I have underlined the parts she commented on):

Voici la premiere fois que je vous obeis avec repugna[n]ce. Quoique vous puissiez tout sur moy, je doute si je suis excusable. Je me pouvois degager d'un commandement perilleux en vous protestant selon la verité que vous serez trompé, si vous pensez connoistre les qualités et les inclinations de la Reine de Suède sur mon rapport; mais j'aime mieux manquer à tout autre respect qu'à mon obeissance que je vous rends, neansmoins à cette condition que l'image de cette Princesse que je vous presente ne sorte point de vostre cabinet, afin que les defauts de ma main et de mon jugement ne puissent nuire à Sa Majesté auprès de ceux qui ne sçauront pas comme vous, Monseigneur, que cette piece est faite par un trés-mauvais ouvrier. Je laisse aux peintres de vous representer le visage de la Reine de Suede, qui est maintenant sur la vingt-unième année. Ils y ont assez bien reussi particulierement dans un grand portrait qu'elle veut envoyer en France à ce printemps en present à la Reine.

Vous y verez, Monseigneur, que je connois moins que personne; mes yeux n'ont jamais pris la liberté de regarder à loisir la beauté de cette Princesse. Ce que j'en peux dire par le jugement d'autruy, est qu'à l'ordinaire ceux qui la voyent la premiere fois, n'y trouvent pas d'abord tant d'éclat qu'ils en decouvrent par après.

... Un seul portrait ne suffit pas pour representer son visage et ... il change si subitement selon les divers mouvemens de son esprit, que d'un moment à l'autre elle n'est plus connoissable (ordinairement elle paroist un peu pensive), ... elle passe fort aisement, et fort souvent à d'autres mouvemens; ... son visage, quelque revolution qui se fasse en son esprit, conserve toujours quelque chose de serein, et d'agreable; ... il est vray que si quelques fois elle desapprouve ce qu'on luy dit, ce qui luy arrive tres-rarement, on voit son visage se couvrir comme d'un certain nuage, qui sans le defigurer donne de la terreur à ceux qui la regardent; ... elle a pour l'ordinaire le son de la voix fort doux, et de quelque fermeté dont elle prononce ses mots, on juge bien clairement que c'est le langage d'une fille; quelquefois neantmoins elle change ce son, mais sans affectation ou cause apparente, pour en prendre un plus robuste et plus fort que celuy de son sexe, qui revient petit à petit et insensiblement à sa mesure ordinaire. Sa taille est un peu au dessous de la mediocre, ce qui auroit peu paru, si cette Princesse eust voulu se servir de la chaussure dont les Dames se servent ordinairement, mais pour estre plus commodement dans son palais, marcher à pied ou à cheval à la campagne, elle ne porte que des souliers à simple semelle d'un petit marroquin noir semblables à ceux des hommes.

S'il est permis de juger de l'interieur, par les signes qui nous paroissent au dehors, elle a de grands sentimens de la Divinité, et un attachement fidelle au Christianisme. Elle n'approuve pas que dans les entretiens ordinaires des sciences, on quitte la doctrine de la grace pour philosopher à la payenne; ... ce qui n'est pas conforme à l'Evangile passe auprès d'elle pour resverie. Elle n'a nulle aigreur parmy la dispute qu'elle fait sur les differens qui sont entre les Evangeliques et les Catholiques Romains (Elle ne fut jamais lutherienne.). Il semble qu'elle prenne moins de soin de s'informer de ces difficultés que de celles que nous font en general les philosophes, les gentils et les Juifs.

[... Les philosophes, les gentils et les juifs, sur lesquels son raisonnement clair et present fait voir qu'elle a pris soin de s'en instruire et s'affermir un fondement pour le reste de sa vie et de ses actions avec cette esprit equitable dont elle traite toutes les questions de religion. Il est à croire qu'elle connoistroit aisement la vérité dans nos controverses avec les lutheriens, si elle voyoit nostre creance dans sa pureté. Elle est quelquefois surprise, quand me reprochant les erreurs dont les protestans nous accusent je demeure d'accord de les condamner pour ce qu'en effect, ils ne sont pas nostres. Pour les Calvinistes elle ne les peut pas souffrir sur leur doctrine de predestination et leur a dit souvent en ma presence, que les evangeliques estoient au fond moins eloignés des catholiques que des reformés.]

Sa devotion envers Dieu paroisse en la confiance qu'elle témoigne avoir en sa protection, plus qu'en toutes autres choses: au reste elle n'est point scrupuleuse et elle n'affecte point les demonstrations d'une devotion ceremonieuse (Elle n'a jamais este atteinte de cette maladie-là.).

Elle n'a rien de plus present en l'esprit que l'amour incroyable d'une haute vertu, dont elle fait toute sa joye et les delices, à quoy elle joint une passion extreme pour la gloire, et à ce qu'on en peut juger, elle souhaitte la vertu accompagnée de l'honneur (Cela est vray.). Elle se plaist quelquefois de parler comme les stoiciens de cette éminence de la vertu, qui fait nostre souverain bien en cette vie.

[Ensuite de la pieté elle n'a rien de plus present dans l'esprit que l'amour incroyable d'une haute vertu. Elle fait ses joyes et ses delices et se nourrit en la meditation des moyens d'y parvenir. Je ne croy pas pourtant qu'elle en separe entierement le desir de la gloire et jusques à present, autant que je le peux juger, elle souhaitte la vertu accompagnée de l'honneur qui la suit. C'est, Monseigneur, une chose rare de l'entendre quelque fois parler avec ardeur à la stoicisme de cette éminence de la vertu qui fait nostre souverain bonheur en cette vie.]

Elle est merveilleusement forte sur ce sujet, et quand elle en parle avec des personnes, qui luy sont familieres, et qu'elle entre sur l'estime veritable que l'on doit faire des choses humaines (Elle n'en a jamais fait grand cas.): c'est un plaisir extreme de luy voir mettre sa Couronne sous les pieds (Ausi faise elle gloire d'avoir mis sous ses pieds ce que le res[te] des rois porte sur leurs testes.) et publier que la vertu est l'unique bien où tous les hommes doivent s'attacher indispensablement sans tirer avantage de leur conditions (Ce sont ses veritables sentiments.); mais parmy cet adveu elle n'oublie pas longtemps qu'elle est Reine (Elle ne l'oublia jamais.), elle reprend incontinent sa couronne, elle en reconnoist le poids et met le premier degré pour aller à la vertu, à bien s'acquiter de sa profession; aussi a-t-elle de grands avantages de la nature pour y reussir dignement: car elle a une facilité merveilleuse à comprendre et à penetrer les affaires, une memoire qui la sert si fidellement, qu'on peut dire que souvent elle en abuse.

Elle parle Latin, François, Allemand, Flamand, Suédois et elle estudie à la Langue Grecque; elle a des personnes sçavantes qui l'entretiennent à ses heures perdues de tout ce qu'il y a de plus curieux dans les sciences (Cela est vray.); et cet esprit avide de connoistre toutes choses, s'informe de tout; il ne se passe jour qu'elle ne lise quelque chose de l'Histoire de Tacite, qu'elle appelle un jeu d'échecs (Cela n'est pas vray. Elle n'a jamais eu d'attachement particulier pour cet auteur ayant leus tous bons auteurs.). Cet auteur qui donne à penser aux sçavans, luy est tres-intelligible dans les endroits les plus difficiles, et où les plus doctes s'arrestent, comme hesitans sur le sens des paroles, elle les exprime mesme en nostre langue avec une facilité merveilleuse, mais elle fuit, ou du moins elle neglige de paroistre avoir leu et scavoir; elle prend une extreme plaisir à ouir traiter des questions problematiques particulierement parmy des personnes sçavantes qui sont de sentimens differends, sur lesquelles elle ne dit jamais son sentiment que tout le monde n'ait parlé, et encore en peu de paroles et le tout si bien raisonné qu'il peut passer pour une decision formelle et positive; cela vient de ce qu'elle penetre les choses à fond, avec lumiere et sans precipitation, et quand elle parle de quelque chose, elle y reflechit plusieurs fois avant que de dire son avis. Sa retenue paroist plus dans les affaires que dans les entretiens des sciences; ses ministres, quand elle est dans son conseil, ont peine à decouvrir de quel coté elle panche; elle se garde à elle-mesme le secret avec fidelité (Très vray.) et comme elle ne se laisse pas prevenir sur les rapports qu'on luy fait, elle paroist deffiante ou difficile à persuader à ceux qui l'abordent avec quelque proposition qu'ils affectionnent, parce qu'ils ne trouvent pas qu'elle acquiesse à ce qu'ils veulent aussi promptement qu'ils souhaittent; il est vray qu'elle panche un peu vers l'humeur soupçonneuse et que parfois elle est un peu trop lente à s'éclaircir de la verité et trop facile à presumer de la finesse en autruy (Elle ne s'en est jamais repenty de ce défaut.). Cette reserve à former ce qu'elle veut croire et resoudre, n'empesche pas qu'elle ne soit raisonnable principalement dans l'expedition des affaires. Elle ne fait part à personne de celles de sa Maison, ni de celle qui dépendent privativement de son autorité absolue; mais elle delibere dans son Senat de toutes celles qui concernent le gouvernement de l'Estat. Il est incroyable, combien elle est puissante dans son Conseil (Qu'il est ridicule ce mal informé.) car elle ajoute à la qualité de Reine, la graçe, le credit, les bien-faits et la force de persuader, jusques là que souvent les Sénateurs mesmes s'étonnent du pouvoir, qu'elle a sur leurs sentimens, lorsqu'ils sont assemblez (On seroit estonné du contraire.).

[Monseigneur, je ne peux approuver, s'il m'est permis de parler ainsi, que cette Princesse qui parle parfaitement Latin, François, Flamand, Allemand et Suedois se charge encore de la Langue Grecque, où Elle avance à grands pas, faisant ses recreations de cet estude tres difficile. C'estoit assez à mon advis qu'elle se fait entretenir aux heures de son loisir par des personnes sçavantes de ce qu'il y a de plus curieux dans les sciences et que son esprit avide de connoissances s'informe de tout, mais quand j'ai osé luy en dire quelque chose, elle m'a reparti qu'Elle prenoit cette langue pour un divertissement aux heures perdues, comme si elle apprenoit les échecs et que cela ne troubloit point ses lectures serieuses. Elle appelle ainsi l'histoire de Tacite dont il ne se passe jour qu'Elle ne lise quelques pages. Cet auteur qui donne a penser aux plus sçavans luy est tres familier. A peine l'aurois-je creu sur le recit d'autruy ou sur quelques passages qu'elle en auroit cité à propos, mais en son dernier voyage à Upsal, de lassant de lire par le chemin dans son carosse, elle me commanda d'y entrer et me faisant ouvrir ce livre au hazard, j'eprouvait dans les endroits difficiles, où je m'arrestois comme hesitant sur le sens des paroles, que rien ne l'arrestoit, et j'admirois que dans nostre langue, qui luy est estrangere, elle se peut expliquer des interpretations des profondes pensées de cet auteur. Cela, Monseigneur, m'estonna d'autant plus que peu souvent je luy avois oui parler de cet historien. J'ay connu en cette occasion et en quelques autres semblables qu'elle feint ou au moins qu'elle neglige de paroistre avoir leu et scavoir, lorsque les personnes d'estude traitent en sa presence quelque question ou ils se trouvent de differends sentimens qui est un de ses plaisirs. —]

Quelques-uns attribuent cette grande soumission que ses Ministres ont pour elle à sa qualité de fille, s'imaginant que la secrette inclination de la nature et la defferance que l'on a pour ce sexe, les fait plier insensiblement (La qualité de fillie n'est pas trop propre à se faire obéir.); mais à en parler veritablement cette grande autorité qu'elle a naist de bonnes qualitéz qui sont en sa personne, et on dit qu'un Roy qui auroit les mesmes vertus, seroit aussi absolu dans son Senat; cela toutes fois seroit moins surprenant, que de voir une fille tourner comme il luy plaist les esprits de tant de vieux et de sages Conseillers. Ce n'est pas merveille qu'elle fasse paroistre une prudence masle dans les actions exterieures, qui semblent plus attachez à la difference du sexe, que celle de l'esprit, la nature ne luy refuse aucune des qualitez dont un jeune Cavalier feroit gloire. Elle est infatigable au travail de la campagne, jusques à demeurer à cheval dix heures à la chasse. Le froid ni le chaud ne l'incommodent point. Son manger est simple, negligé, et sans delices. Il n'y a personne en Suede, qui sçache mieux qu'elle arrester un liévre en courant d'un coup de fusil avec une balle seule.

[Je tremble encore quand il me souvient qu'un jour dans les plaines d'Upsal Sa Majesté estant montée sur un cheval d'Italie, blanc comme de la neige, que Son Eminence lui a donné, qu'elle aime extrêmement et qui semble connoistre sa Maistresse, nous ayant fait prendre quatre des plus vites chevaux de son escurie, nous mist avec elle de front pour une course de cinq cents pas et arriva la premiere au bout de la carriere.]

Elle fait faire à un cheval toutes sortes de maneges sans aucune affectation, bien loin d'en vouloir tirer de la gloire; elle parle rarement aux Dames de sa Cour, parce que les exercises qu'elle pratique à la campagne, où les soins des affaires de son Estat la retiennent leur ostent sa conversation et elles ne la frequentent point, si ce n'est en quelque sorte de visite, et encore les laisse-t-elle en un costé de la chambre apres la civilité, pour s'entretenir avec les hommes.

Quand elle est avec des personnes de qui Elle ne croit pas pouvoir apprendre quelque chose, elle tranche court et ne s'etend en discours qu'autant que la necessité le demande.

[Elle sait tirer d'un cheval tout ce qu'il sait, et cela se fait sans affectation en sorte qu'il paroist bien qu'elle est fort esloignée d'en vouloir tirer de la gloire. Les exercises à la campagne et les affaires en sa maison la separent tellement de la conversation des femmes que rarement Elle leur parle, si ce n'est qu'en quelque occasion extra-ordinaire. Elles luy en viennent au chasteau et lors mesme après la civilité, Elle les laisse en un costé de sa chambre et se vient entretenir avec les hommes, tant elle est accoustumée à des discours plus serieux, dans lesquels Elle a une complaisance benigne pour ceux qui l'abordent, quand elle desire tirer quelque utilité de la conversation, mais communement avec ceux dont elle connoist la portée et de qui elle ne croit pas apprendre quelque chose elle tranche court et ne s'etend point en discours plus avant que la necessité le demande.]

Aussi tous ses domestiques luy parlent peu, mais ils ne laissent pas de l'aimer, parce que pour peu qu'elle leur parle c'est avec douceur, et elle leur est tres-bonne Maistresse, liberale mesme au de-là de la puissance de son Estat. Elle se divertist quelquefois à railler avec eux, et elle le fait de fort bonne grace et sans aigreur. Il serait peut-estre mieux qu'elle s'en abstint, parce qu'il reste toujours quelque apprehension de mépris en ceux qui ont esté raillez (Il a rayson. La ralierie luy a fait bien des ennemis.); mais cela ne luy arrive que rarement, parce que les affaires et l'estude ne luy laissent presque aucun temps. Elle le menage aussi avec avarice, car elle dort peu et ne demeure ordinairement au lict que cinq heures (3 heures.). Ainsi ce temps n'estant pas suffisant pour retablir ses forces, elle est quelquefois obligée, principalement en esté, de dormir pendant une heure apres qu'elle a disné (Cela est faux.). Elle s'attache peu à son habillement ni à sa parure, il n'en faut pas faire estat dans la distribution de sa journée. En un quart d'heure (Ce quart d'heure estoit pour les jours solonels.) de temps elle est habillée et si vous en exceptez les jours des grands solemnitez, le peigne seule, et un bout de ruban fait toute sa coëffure. Cependant ses cheveux ainsi negligez accompagnent fort bien son visage, mais elle en a si peu de soin, que ni au soleil, ni au vent, ni à la pluye, ni dans la ville, ni à la campagne, elle ne porte ni coeffe ni masque. Lorsqu'elle marche à cheval elle n'a pour toute defence contre les injures de l'air qu'un chapeau avec des plumes; de sorte qu'un estranger qui l'a veüe à la chasse avec sa hongreline et un petit collet à la maniere des hommes ne la prendroit jamais pour la Reine. Il y a sans doutes de l'excés dans cette negligence qu'elle a pour sa personne, principalement qu'il s'y peut rencontrer des occasions où il est à apprehender que cela ne fasse tort à sa santé; mais toutes choses ne luy sont rien auprès de cette amour ardent qu'elle a pour l'honneur et pour la vertu et l'on peut dire que son ambition est plus à rendre son nom éclatant par une merite extraordinaire que par des conquestes et qu'elle aime mieux devoir sa reputation à elle-mesme, qu'à la valeur de ses sujets.

With modernised spelling:

Voici la première fois que je vous obéis avec répugnance. Quoique vous puissiez tout sur moi, je doute si je suis excusable. Je me pouvais dégager d'un commandement périlleux en vous protestant selon la vérité que vous serez trompé si vous pensez connaître les qualités et les inclinations de la reine de Suède sur mon rapport; mais j'aime mieux manquer à tout autre respect qu'à mon obéissance que je vous rends; néanmoins, à cette condition: que l'image de cette princesse que je vous présente ne sorte point de votre cabinet, afin que les défauts de ma main et de mon jugement ne puissent nuire à Sa Majesté auprès de ceux qui ne sauront pas comme vous, Monseigneur, que cette pièce est faite par un très mauvais ouvrier. Je laisse aux peintres de vous représenter le visage de la reine de Suède, qui est maintenant sur la vingt-unième année. Ils y ont assez bien réussi particulièrement dans un grand portrait qu'elle veut envoyer en France à ce printemps en présent à la reine.

Vous y verrez, Monseigneur, que je connais moins que personne; mes yeux n'ont jamais pris la liberté de regarder à loisir la beauté de cette princesse. Ce que j'en peux dire par le jugement d'autrui est qu'à l'ordinaire ceux qui la voyent la première fois n'y trouvent pas d'abord tant d'éclat qu'ils en découvrent par après.

... Un seul portrait ne suffit pas pour représenter son visage, et ... il change si subitement selon les divers mouvements de son esprit que d'un moment à l'autre elle n'est plus connaissable (ordinairement elle paraît un peu pensive). ... Elle passe fort aisement, et fort souvent, à d'autres mouvements; ... son visage, quelque révolution qui se fasse en son esprit, conserve toujours quelque chose de serein et d'agréable.

... Il est vrai que si quelquefois elle désapprouve ce qu'on lui dit, ce qui lui arrive très rarement, on voit son visage se couvrir comme d'un certain nuage, qui, sans le défigurer, donne de la terreur à ceux qui la regardent. ... Elle a pour l'ordinaire le son de la voix fort doux, et, de quelque fermeté dont elle prononce ses mots, on juge bien clairement que c'est le langage d'une fille. Quelquefois, néanmoins, elle change ce son, mais sans affectation ou cause apparente, pour en prendre un plus robuste et plus fort que celui de son sexe, qui revient petit à petit et insensiblement à sa mesure ordinaire.

Sa taille est un peu au-dessous de la médiocre, ce qui aurait peu paru si cette princesse eût voulu se servir de la chaussure dont les dames se servent ordinairement; mais, pour être plus commodement dans son palais, marcher à pied ou à cheval à la campagne, elle ne porte que des souliers à simple semelle d'un petit marroquin noir, semblables à ceux des hommes.

S'il est permis de juger de l'intérieur, par les signes qui nous paraissent au dehors, elle a des grands sentiments de la Divinité et un attachement fidèle au christianisme. Elle n'approuve pas que, dans les entretiens ordinaires des sciences, on quitte la doctrine de la grâce pour philosopher à la payenne; ... ce qui n'est pas conforme à l'Évangile passe auprès d'elle pour resverie. Elle n'a nulle aigreur parmi la dispute qu'elle fait sur les différents qui sont entre les évangéliques et les catholiques romains (Elle ne fut jamais luthérienne.). Il semble qu'elle prenne moins de soin de s'informer de ces difficultés que de celles que nous font en général les philosophes, les gentils et les juifs.

[... Les philosophes, les gentils et les juifs, sur lesquels son raisonnement clair et present fait voir qu'elle a pris soin de s'en instruire et s'affermir un fondement pour le reste de sa vie et de ses actions avec cette esprit équitable dont elle traite toutes les questions de religion. Il est à croire qu'elle connaîtrait aisement la vérité dans nos controverses avec les luthériens si elle voyait notre créance dans sa pureté. Elle est quelquefois surprise quand, me reprochant les erreurs dont les protestants nous accusent, je demeure d'accord de les condamner pour ce qu'en effet ils ne sont pas nôtres. Pour les calvinistes, elle ne les peut pas souffrir sur leur doctrine de prédestination et leur a dit souvent en ma présence que les évangéliques étaient au fond moins éloignés des catholiques que des réformés.]

Sa dévotion envers Dieu paraisse en la confiance qu'elle témoigne avoir en sa protection, plus qu'en toutes autres choses; au reste, elle n'est point scrupuleuse et elle n'affecte point les démonstrations d'une dévotion cérémonieuse (Elle n'a jamais été atteinte de cette maladie-là.).

Elle n'a rien de plus présent en l'esprit que l'amour incroyable d'une haute vertu, dont elle fait toute sa joie et les délices, à quoi elle joint une passion extrême pour la gloire; et, à ce qu'on en peut juger, elle souhaite la vertu accompagnée de l'honneur (Cela est vrai.). Elle se plaît quelquefois de parler comme les stoïciens de cette éminence de la vertu, qui fait notre souverain bien en cette vie.

[Ensuite de la piété, elle n'a rien de plus présent dans l'esprit que l'amour incroyable d'une haute vertu. Elle fait ses joies et ses délices et se nourrit en la méditation des moyens d'y parvenir. Je ne crois pas pourtant qu'elle en sépare entièrement le désir de la gloire, et jusqu'à présent, autant que je le peux juger, elle souhaite la vertu accompagnée de l'honneur qui la suit. C'est, Monseigneur, une chose rare de l'entendre quelquefois parler avec ardeur à la stoïcisme de cette éminence de la vertu qui fait notre souverain bonheur en cette vie.]

Elle est merveilleusement forte sur ce sujet, et quand elle en parle avec des personnes qui lui sont familières et qu'elle entre sur l'estime véritable que l'on doit faire des choses humaines (Elle n'en a jamais fait grand cas.), c'est un plaisir extrême de lui voir mettre sa couronne sous les pieds (Aussi faise-elle [sic] gloire d'avoir mis sous ses pieds ce que le res[te] des rois porte sur leurs têtes.) et publier que la vertu est l'unique bien où tous les hommes doivent s'attacher indispensablement sans tirer avantage de leur conditions (Ce sont ses véritables sentiments.).

Mais, parmi cet aveu, elle n'oublie pas longtemps qu'elle est reine (Elle ne l'oublia jamais.); elle reprend incontinent sa couronne, elle en reconnaît le poids et met le premier degré pour aller à la vertu, à bien s'acquitter de sa profession. Aussi a-t-elle de grands avantages de la nature pour y réussir dignement, car elle a une facilité merveilleuse à comprendre et à pénétrer les affaires, une mémoire qui la sert si fidèlement qu'on peut dire que souvent elle en abuse.

Elle parle latin, français, allemand, flamand, suédois, et elle étudie à langue grecque. Elle a des personnes savantes qui l'entretiennent à ses heures perdues de tout ce qu'il y a de plus curieux dans les sciences (Cela est vrai.); et cet esprit avide de connaître toutes choses s'informe de tout.

Il ne se passe jour qu'elle ne lise quelque chose de l'histoire de Tacite, qu'elle appelle un jeu d'échecs (Cela n'est pas vrai. Elle n'a jamais eu d'attachement particulier pour cet auteur, ayant lus tous bons auteurs.). Cet auteur, qui donne à penser aux savants, lui est très intelligible dans les endroits les plus difficiles, et où les plus doctes s'arrêtent, comme hésitants sur le sens des paroles, elle les exprime même en notre langue avec une facilité merveilleuse; mais elle fuit, ou du moins elle néglige, de paraître avoir lu et savoir.

Elle prend une extrême plaisir à ouïr traiter des questions problématiques, particulièrement parmi des personnes savantes qui sont de sentiments différents, sur lesquelles elle ne dit jamais son sentiment que tout le monde n'ait parlé, et encore en peu de paroles et le tout si bien raisonné qu'il peut passer pour une decision formelle et positive. Cela vient de ce qu'elle pénètre les choses à fond, avec lumière et sans précipitation; et quand elle parle de quelque chose, elle y réfléchit plusieurs fois avant que de dire son avis.

Sa retenue paraît plus dans les affaires que dans les entretiens des sciences. Ses ministres, quand elle est dans son Conseil, ont peine à découvrir de quel côté elle penche; elle se garde à elle-même le secret avec fidélité (Très vrai.); et, comme elle ne se laisse pas prévenir sur les rapports qu'on lui fait, elle paraît défiante ou difficile à persuader à ceux qui l'abordent avec quelque proposition qu'ils affectionnent, parce qu'ils ne trouvent pas qu'elle acquiesse à ce qu'ils veulent aussi promptement qu'ils souhaitent. Il est vrai qu'elle penche un peu vers l'humeur soupçonneuse et que parfois elle est un peu trop lente à s'éclaircir de la vérité et trop facile à presumer de la finesse en autrui (Elle ne s'en est jamais repentie de ce défaut.).

Cette réserve à former ce qu'elle veut croire et résoudre n'empêche pas qu'elle ne soit raisonnable, principalement dans l'expédition des affaires. Elle ne fait part à personne de celles de sa maison, ni de celle qui dépendent privativement de son autorité absolue; mais elle délibère dans son Sénat de toutes celles qui concernent le gouvernement de l'État. Il est incroyable combien elle est puissante dans son Conseil (Qu'il est ridicule, ce mal informé!), car elle ajoute à la qualité de reine la grâce, le crédit, les bienfaits et la force de persuader, jusque-là que souvent les sénateurs-mêmes s'étonnent du pouvoir qu'elle a sur leurs sentiments lorsqu'ils sont assemblés (On serait étonné du contraire.).

[Monseigneur, je ne peux approuver, s'il m'est permis de parler ainsi, que cette princesse, qui parle parfaitement latin, français, flamand, allemand et suédois, se charge encore de la langue grecque, où elle avance à grands pas, faisant ses récréations de cet étude très difficile. C'était assez à mon avis qu'elle se fait entretenir aux heures de son loisir par des personnes savantes de ce qu'il y a de plus curieux dans les sciences et que son esprit, avide de connaissances, s'informe de tout; mais quand j'ai osé lui en dire quelque chose, elle m'a reparti qu'elle prenait cette langue pour un divertissement aux heures perdues, comme si elle apprenait les échecs, et que cela ne troublait point ses lectures serieuses.

Elle appelle ainsi l'histoire de Tacite, dont il ne se passe jour qu'elle ne lise quelques pages. Cet auteur, qui donne à penser aux plus savants, lui est très familier. A peine l'aurais-je cru sur le récit d'autrui ou sur quelques passages qu'elle en aurait cité à propos; mais en son dernier voyage à Upsal, de lassant de lire par le chemin dans son carosse, elle me commanda d'y entrer et, me faisant ouvrir ce livre au hasard, j'éprouvait dans les endroits difficiles, où je m'arrêtais comme hésitant sur le sens des paroles, que rien ne l'arrêtait; et j'admirais que dans notre langue, qui lui est étrangère, elle se peut expliquer des interpretations des profondes pensées de cet auteur.

Cela, Monseigneur, m'étonna d'autant plus que peu souvent je lui avais ouï parler de cet historien. J'ai connu en cette occasion, et en quelques autres semblables, qu'elle feint, ou au moins qu'elle néglige, de paraître avoir lu et savoir, lorsque les personnes d'étude traitent en sa présence quelque question où ils se trouvent de différents sentiments, qui est un de ses plaisirs. —]

Quelques-uns attribuent cette grande soumission que ses ministres ont pour elle à sa qualité de fille, s'imaginant que la secrète inclination de la nature et la déférence que l'on a pour ce sexe les fait plier insensiblement (La qualité de fillie [sic] n'est pas trop propre à se faire obéir.); mais, à en parler véritablement, cette grande autorité qu'elle a naît de bonnes qualités qui sont en sa personne, et on dit qu'un roi qui aurait les mêmes vertus serait aussi absolu dans son Sénat. Cela toutefois serait moins surprenant que de voir une fille tourner, comme il lui plaît, les esprits de tant de vieux et de sages conseillers.

Ce n'est pas merveille qu'elle fasse paraître une prudence mâle dans les actions extérieures, qui semblent plus attachés à la différence du sexe que celle de l'esprit, la nature ne lui réfuse aucune des qualités dont un jeune cavalier ferait gloire.

Elle est infatigable au travail de la campagne, jusqu'à demeurer à cheval dix heures à la chasse. Le froid ni le chaud ne l'incommodent point. Son manger est simple, négligé, et sans délices. Il n'y a personne en Suède qui sache mieux qu'elle arrêter un lièvre en courant d'un coup de fusil avec une balle seule.

[Je tremble encore quand il me souvient qu'un jour dans les plaines d'Upsal, Sa Majesté, étant montée sur un cheval d'Italie, blanc comme de la neige, que Son Éminence lui a donné, qu'elle aime extrêmement et qui semble connaître sa maîtresse, nous ayant fait prendre quatre des plus vites chevaux de son écurie, nous mît avec elle de front pour une course de cinq cents pas et arriva la première au bout de la carrière.]

Elle fait faire à un cheval toutes sortes de manèges sans aucune affectation, bien loin d'en vouloir tirer de la gloire.

Elle parle rarement aux dames de sa Cour, parce que les exercises qu'elle pratique à la campagne, où les soins des affaires de son État la retiennent, leur ôtent sa conversation, et elles ne la frequentent point si ce n'est en quelque sorte de visite; et encore les laisse-t-elle en un côté de la chambre, après la civilité, pour s'entretenir avec les hommes.

Quand elle est avec des personnes de qui elle ne croit pas pouvoir apprendre quelque chose, elle tranche court et ne s'étend en discours qu'autant que la nécessité le demande.

[Elle sait tirer d'un cheval tout ce qu'il sait, et cela se fait sans affectation en sorte qu'il paraît bien qu'elle est fort éloignée d'en vouloir tirer de la gloire.

Les exercises à la campagne et les affaires en sa maison la séparent tellement de la conversation des femmes que rarement elle leur parle, si ce n'est qu'en quelque occasion extraordinaire. Elles lui en viennent au château, et lors même après la civilité, elle les laisse en un côté de sa chambre et se vient entretenir avec les hommes, tant elle est accoutumée à des discours plus sérieux, dans lesquels elle a une complaisance bénigne pour ceux qui l'abordent quand elle désire tirer quelque utilité de la conversation; mais, communement avec ceux dont elle connaît la portée et de qui elle ne croit pas apprendre quelque chose, elle tranche court et ne s'étend point en discours plus avant que la nécessité le demande.]

Aussi tous ses domestiques lui parlent peu, mais ils ne laissent pas de l'aimer, parce que pour peu qu'elle leur parle c'est avec douceur, et elle leur est très bonne maîtresse, libérale même au delà de la puissance de son État. Elle se divertit quelquefois à railler avec eux, et elle le fait de fort bonne grâce et sans aigreur. Il serait peut-être mieux qu'elle s'en abstint, parce qu'il reste toujours quelque appréhension de mépris en ceux qui ont été raillés (Il a raison. La rallierie [sic] lui a fait bien des ennemis.); mais cela ne lui arrive que rarement, parce que les affaires et l'étude ne lui laissent presque aucun temps.

Elle le ménage aussi avec avarice, car elle dort peu et ne demeure ordinairement au lit que cinq heures (3 heures.). Ainsi ce temps n'étant pas suffisant pour retablir ses forces, elle est quelquefois obligée, principalement en été, de dormir pendant une heure après qu'elle a dîné (Cela est faux.). Elle s'attache peu à son habillement ni à sa parure, il n'en faut pas faire état dans la distribution de sa journée. En un quart d'heure (Ce quart d'heure était pour les jours solonnels [sic].) de temps elle est habillée; et, si vous en exceptés les jours des grands solemnités, le peigne seule, et un bout de ruban fait toute sa coiffure. Cependant ses cheveux ainsi négligés accompagnent fort bien son visage, mais elle en a si peu de soin que ni au soleil, ni au vent, ni à la pluie, ni dans la ville, ni à la campagne, elle ne porte ni coiffe ni masque.

Lorsqu'elle marche à cheval, elle n'a pour toute défence contre les injures de l'air qu'un chapeau avec des plumes, de sorte qu'un étranger qui l'a vue à la chasse avec sa hongreline et un petit collet à la manière des hommes ne la prendrait jamais pour la reine.

Il y a sans doutes de l'excès dans cette négligence qu'elle a pour sa personne, principalement qu'il s'y peut rencontrer des occasions où il est à appréhender que cela ne fasse tort à sa santé; mais toutes choses ne lui sont rien auprès de cette amour ardent qu'elle a pour l'honneur et pour la vertu, et l'on peut dire que son ambition est plus à rendre son nom éclatant par une mérite extraordinaire que par des conquêtes et qu'elle aime mieux devoir sa réputation à elle-même qu'à la valeur de ses sujets.

Swedish translation (my own):

Det här är första gången jag lyder Er med motvilja. Även om Ni kan göra allt med mig, tvivlar jag på om jag är ursäktlig. Jag skulle kunna befria mig från en farlig befallning genom att enligt sanningen protestera inför Er att Ni kommer att bli lurad, om Ni tror att Ni känner till Sveriges drottnings egenskaper och böjelser på min rapport; men jag vill hellre misslyckas i något annat avseende än i min lydnad som jag återvänder till Er; ändå, på detta villkor: att bilden av denna prinsessa som jag presenterar för Er inte lämnar Ert kabinett, så att defekterna i min hand och mitt omdöme inte kan skada Hennes Majestät med dem som inte vet som Ni, monseigneur, att detta pjäsen är gjord av en mycket dålig arbetare. Jag överlåter åt målarna att för Er representera ansiktet på Sveriges drottning, som nu är i sitt tjugoförsta år. De har lyckats ganska bra, särskilt med ett stort porträtt som hon vill skicka till Frankrike i vår som present till drottningen.

Ni kommer att se där, monseigneur, att jag känner henne mindre än någon annan; mina ögon har aldrig tagit sig friheten att titta på skönheten hos denna prinsessa på lediga stunder. Vad jag kan säga från andras bedömning är att de som ser henne för första gången vanligtvis inte först finner så mycket briljans i henne som de upptäcker efteråt.

... Ett enda porträtt räcker inte för att representera hennes ansikte, och det förändras så plötsligt, enligt hennes sinnes olika rörelser, att hon från ett ögonblick till ett annat inte längre känns igen (vanligtvis verkar hon lite fundersam). Hon övergår mycket lätt, och mycket ofta, till andra rörelser; hennes ansikte, oavsett vilken revolution som äger rum i hennes sinne, har alltid något fridfullt och behagligt.

Det är sant att om hon ibland ogillar vad man säger till henne, vilket mycket sällan händer henne, så ser man hennes ansikte täckt som av ett visst moln, som utan att vanställa det ger skräck åt dem som ser på henne. Hon har vanligtvis en väldigt mjuk ton, och trots all fasthet som hon uttalar sina ord med är det ganska tydligt att det är en flickas språk. Ibland ändrar hon dock denna ton, men utan uppenbar tillgivenhet eller orsak, för att anta en mer robust och högljudd ton än hennes kön, som gradvis och omärkligt återgår till sitt vanliga mått.

Hennes längd är något under det medelmåttiga, som kanske hade synts föga om denna prinsessa hade velat bära de skor som damer brukar bära; men för att ta sig bekvämare fram i sitt slott, för att gå till fots eller rida på häst på landet, bär hon bara skor med ensula av litet svart marockanskt läder, liknande dem som män bär.

Om det är tillåtet att bedöma utifrån det inre, efter de tecken som visar sig för oss på utsidan, har hon stora känslor för det gudomliga och en trogen anknytning till kristendomen.  Hon godkänner det inte när man i vetenskapernas vanliga diskussioner överger nådläran för att filosofera som en hedning; allt som inte är i överensstämmelse med evangeliet passerar för henne som en dagdröm. Hon har ingen bitterhet i det argument hon för om skillnaderna mellan de evangelikala och de romerska katolikerna (Hon var aldrig luthersk.). Det verkar som om hon bryr sig mindre om att informera sig om dessa svårigheter än om de som orsakas oss filosofer, hedningar och judar i allmänhet.

[... Filosoferna, hedningarna och judarna, om vilka hennes tydliga och nuvarande resonemang visar att hon har varit mån om att undervisa sig i dem och skapa en grund för resten av sitt liv och sina handlingar med den rättvisa anda som hon sysslar med alla frågor om religion. Det är att tro att hon lätt skulle få veta sanningen i våra kontroverser med lutheranerna om hon såg vår trosbekännelse i dess renhet. Hon blir ibland förvånad när jag, samtidigt som jag förebrår mig för de misstag som protestanterna anklagar oss för, går med på att fördöma dem för att de verkligen inte är våra. När det gäller kalvinisterna kan hon inte uthärda dem på grund av deras förutbestämmelseslära, och har hon ofta sagt i min närvaro att evangelikalerna var mindre avlägsna från katolikerna än från de reformerta.]

Hennes hängivenhet till Gud visar sig i den tillit hon vittnar om att ha i hans beskydd, mer än i allt annat; dessutom är hon inte skrupulös, och hon affekterar inte betygelserna av en ceremoniell hängivenhet (Hon har aldrig drabbats av denna sjukdom.).

Hon har inget mer närvarande i sitt sinne än den otroliga kärleken till hög dygd, av vilken hon gör all sin glädje och förtjusning, till vilken hon lägger en extrem passion för ära; och, som man kan bedöma, önskar hon dygd åtföljd av heder (Detta är sant.). Hon njuter ibland av att som stoikerna tala om denna dygds eminens, vilket är vår suveräna godhet i detta liv.

[Då, vad gäller fromhet, har hon inget mer närvarande i sitt sinne än den otroliga kärleken till en hög dygd. Det är hennes glädje och hennes förtjusning, och hon ger näring åt sig själv genom meditation på medlen för att uppnå den. Jag tror dock inte att hon helt skiljer begäret från äran, och så långt jag kan bedöma, önskar hon dygd åtföljd av den ära som följer därpå. Det är sällsynt, monseigneur, att ibland höra henne tala med stoicismens glöd om denna dygds eminens som är vår suveräna lycka i detta liv.]

Hon är underbart stark i det här ämnet, och när hon talar om det med människor som är bekanta för henne och hon kommer in på den sanna aktning som man måste ha för mänskliga saker (Hon gjorde aldrig så mycket av det.) är det ett extremt nöje att se henne lägga sin krona under sina fötter (Hon ger därför ära åt att ha lagt under sina fötter vad de andra kungarna bär på sina huvuden.) och publicerar att dygden är den enda godheten som alla människor måste fästa sig vid utan att dra fördel av deras förhållanden (Dessa är hennes sanna känslor.).

Men trots denna bekännelse glömmer hon inte länge att hon är drottningen (Hon glömde det aldrig, aldrig); hon sätter genast på sig sin krona igen, hon erkänner dess tyngd och tar det första steget att gå till dygden för att väl ackvittera sig av sitt yrke. Hon har också naturens stora fördelar för att värdigt lyckas däri, ty hon har en underbara förmåga att förstå och intränga angelägenheter, ett minne som tjänar henne så troget att man kan säga att hon ofta missbrukar det.

Hon talar latin, franska, tyska, flamska och svenska, och hon studerar det grekiska språket. Hon har lärt sig människor som talar med henne på lediga stunder om alla de mest kuriösa sakerna inom vetenskapen (Detta är sant.); och detta sinne, ivrigt att veta allt, undersöker allt.

Det går inte en dag förbi när hon inte läser något ur Tacitus' historia, som hon kallar ett parti schack (Detta är inte sant. Hon har aldrig haft någon speciell anknytning till denne författare, efter att ha läst alla bra författare.). Denne författare, som får även lärda män att tänka, är mycket begriplig för henne på de svåraste ställen, och där de mest lärda stannar, som om hon tvekar om ordens betydelse, uttrycker hon dem till och med på vårt språk med förunderlig lätthet; men hon undviker, eller åtminstone försummar hon, att framstå som beläst och lärd.

Hon tycker mycket om att höra problematiska frågor behandlas, särskilt bland lärda människor som har olika känslor, varom uttrycker hon aldrig sin åsikt förrän alla har talat, och även då säger hon det med några få ord, och det allt är så bra resonerat att det kan gå igenom för ett formellt och positivt beslut. Detta kommer av att hon penetrerar saker grundligt, med ljus och utan nederbörd; och när hon talar om något tänker hon på det flera gånger innan hon säger sin åsikt.

Hennes återhållsamhet framträder mer i affärer än i samtal om vetenskaper. Hennes ministrar, när hon är i sitt Råd, har svårt att upptäcka vilken sida hon lutar mot; hon håller troget hemligheten för sig själv (Mycket sant.), och eftersom hon inte låter sig informeras om de rapporter som gjorts till henne framstår hon som misstroende eller svår att övertala för dem som vänder sig till henne med något förslag de vill, eftersom de finner inte att hon accepterar vad de vill så snabbt som de önskar. Det är sant att hon lutar lite mot det misstänksamma humöret och att hon ibland är lite för långsam med att klargöra sanningen och för lätt att anta finess hos andra (Hon har aldrig ångrat sig från denna defekt.).

Denna reserv i att utforma vad hon vill tro och lösa hindrar henne inte från att vara rimlig, särskilt när det gäller utskick av ärenden. Hon informerar inte någon om angelägenheterna i hennes hushållning, och inte heller om angelägenheter för dem som är privata beroende av hennes absoluta auktoritet; men hon överlägger i sin Senat om alla de angelägenheter som rör Statens regering. Det är otroligt hur mäktig hon är i sitt Råd (Hur löjlig denna felinformerade man är!), för hon bidrar till drottningdömet nåd, kredit, förmåner och kraften att övertala, vilket rådsmännan själva ofta är förvånade över makten hon har över deras känslor när de är samlade (Man skulle bli förvånad om motsatsen vore sann.).

[Monseigneur, jag kan inte godkänna, om jag får lov att tala så, att denna prinsessa, som talar perfekt latin, franska, flamska, tyska och svenska, fortfarande anklagar sig för det grekiska språket, i vilket hon gör stora framsteg, gör henne  rekreationer i denna studie mycket svårt. Det räckte, enligt min mening, att hon hade lärt sig att man talade med henne om det mest märkliga inom vetenskaperna på lediga stunder, och att hennes kunskapsivriga sinne frågade om allt; men när jag vågade berätta något om det för henne, berättade hon att hon tog detta språk till underhållning på fritiden, som om hon skulle lära sig att spela schack, och att det inte störde hennes allvarliga läsningar.

Det säger hon också om Tacitus historia, som hon bara råkar läsa några sidor av. Denne författare, som får även de mest lärda män att tänka, är henne mycket bekant. Jag skulle knappast ha trott henne på någon annans berättelse eller på några stycken som hon skulle ha citerat från den; men på sin sista resa till Uppsala, trött på att läsa på vägen i sin karross, beordrade hon mig att gå in i den och fick mig att öppna den här boken på måfå, jag kände mig på de svåra platserna, där jag stannade som om jag tvekade över ordens betydelse, att ingenting hindrade henne; och jag beundrade att hon på vårt språk, som är främmande för henne, kan förklara sina tolkningar av denne författares djupa tankar.

Detta, monseigneur, förvånade mig desto mer eftersom jag sällan hade hört henne tala om denna historiker. Jag har vid detta tillfälle och vid några andra liknande vetat att hon låtsas, eller åtminstone försummar, för att framstå som beläst och lärd när de studiemänniskor i hennes närvaro behandlar någon fråga varöver de har olika känslor, vilket är ett av hennes nöjen. —]

Vissa tillskriver denna stora underkastelse som hennes ministrar har för henne hennes kvalitet av att vara en flicka, och föreställer sig att naturens hemliga benägenhet och den vördnad som man har för detta kön får dem att böjas omärkligt (Kvaliteten av att vara en flicka är inte alltför lämplig att lydas.); men för att tala om det med sanning, denna stora auktoritet som hon har är född av de goda egenskaper som finns i hennes person, och det sägs att en kung som hade samma dygder också skulle vara absolut i sin Senat. Det vore dock mindre förvånande än att se en flicka vända tankarna på så många gamla och kloka rådmän som hon vill.

Det är inte märkligt att hon visar en manlig försiktighet i sina yttre handlingar, som tycks mer fästa vid könsskillnaden än sinnets, naturen vägrar henne inte någon av de egenskaper som en ung kavaljer skulle göra ära av.

Hon är outtröttlig vid travalj i landsbygden, till och med till den grad att hon förblir ridande på häst i tio timmar under jakt. Varken kyla eller värme stör henne. Hennes mat är enkel, försummad och utan läckerheter. Det finns ingen i Sverige som vet bättre än hon att stoppa en springande hare med ett hagelgevär med en enda kula.

[Jag darrar fortfarande när jag minns att Hennes Majestät en dag på Uppsalas slätter, efter att ha rest på en häst från Italien, vit som snö, som Hans Eminens hade givit henne, som hon älskade oerhört och som tycks känna hans mästarinna, fick oss att ta fyra av de snabbaste hästarna från hennes stall, satte oss jämsides med henne för ett lopp på femhundra steg, och hon kom först vid slutet av karriären.]

Hon kan få en häst att göra alla möjliga manèges utan någon affektation, långt ifrån att vilja dra ära av det.

Hon talar sällan till damerna i hennes hov, eftersom de övningar hon utövar på landsbygden, där omsorgen om hennes stats angelägenheter håller henne kvar, berövar dem hennes samtal, och de frekventerar henne inte annat än i något slags besök; och även då lämnar hon dem på ena sidan av rummet, efter en artighetsbetygelse, för att samtala med männen.

När hon är med människor som hon inte tror att hon kan lära sig något av, avbryter hon samtalet och utvidgar samtalet bara om nödvändigheten kräver det.

[Hon vet hur hon skall få ut allt hon vet ur en häst, och detta görs utan affektation så att det verkar som att hon är väldigt långt ifrån att vilja dra ära av det.

Övningar på landsbygden och affärerna i hennes hushållning skiljer henne så mycket från kvinnors samtal att hon sällan talar med dem utom vid något extraordinärt tillfälle. De kommer till henne på slottet, och sedan, även efter en artighetsbetygelse, lämnar hon dem på ena sidan av sitt rum och kommer för att samtala med männen, så van är hon vid allvarligare diskurser, där hon har en godartad självbelåtenhet för de som närmar sig henne när hon vill få nytta av samtalet; men när hon talar med dem vars betydelse hon känner till och av vilka hon inte tror sig kunna lära sig något, kortar hon samtalet och sträcker sig inte längre i samtalet än vad nödvändigheten kräver.]

Också alla hennes tjänare talar till henne lite, men de misslyckas inte med att älska henne, för hur lite hon än talar till dem, så är det med mildhet, och hon är en mycket god härskarinna över dem, liberal även bortom makten i hennes Stat. Hon roar sig ibland med att skämta med dem, och hon gör det med stor elegans och utan bitterhet. Det vore kanske bättre för henne att avstå från det, ty det alltid finns en viss oro för förakt hos dem som blivit hånade (Han har rätt. Hån har gjort henne till många fiender.); men detta händer henne sällan eftersom affärer och studier lämnar henne nästan ingen tid.

Hon skonar det också med girighet, för hon sover lite och brukar ligga i sängen bara fem timmar (3 timmar). Eftersom den här tiden inte räcker till för att återställa sin styrka, är hon ibland tvungen, främst på sommaren, att sova en timme efter att hon har ätit (Detta är falskt.). Hon bryr sig föga om sina kläder eller sin utsmyckning, och man bör inte fästa någon vikt vid det i fördelningen av hennes dag. På en kvart (Den kvarten var för högtidliga dagar.) klär hon på sig; och, förutom under de stora högtidligheternas dagar, gör kammen ensam och en bit band hela hennes frisyr. Emellertid följer håret hennes ansikte mycket väl när det sålunda försummas, men hon tar så lite hand om det att varken i solen eller i vinden eller i regnet, varken i staden eller på landsbygden bär hon vare sig en huvudbonad eller en mask.

När hon rider på häst är hennes enda försvar mot skadorna från luften en hatt med fjädrar, så att en främling som sett henne jaga med sin hongreline och en liten krage som de som män bär aldrig skulle ta henne för drottningen.

Det finns utan tvivel överflöd i denna försummelse hon har för sin person, huvudsakligen att det kan finnas tillfällen då man kan inse att det kommer att skada hennes hälsa; men allt är ingenting för henne jämfört med den brinnande kärlek hon har till heder och dygd, och det kan sägas att hennes ambition är mer att göra sitt namn briljant genom extraordinära förtjänster än genom erövringar och att hon hellre vill ha sitt rykte att tacka sig själv än till sina undersåtars tapperhet.

English translation (my own):

This is the first time I obey you with reluctance. Although you can do everything with me, I doubt if I am excusable. I could release myself from a perilous command by protesting to you, according to the truth, that you will be deceived if you think you know the qualities and inclinations of the Queen of Sweden on my report; but I would rather fail in any other respect than in my obedience which I return to you; nevertheless, on this condition: that the image of this princess that I present to you does not leave your cabinet, so that the defects of my hand and my judgment cannot harm Her Majesty with those who will not know like you, Monseigneur, that this piece is made by a very bad workman. I leave it to the painters to represent for you the face of the Queen of Sweden, who is now in her twenty-first year. They have succeeded quite well, particularly in a large portrait which she wants to send to France this spring as a present to the Queen.

You will see there, Monseigneur, that I know her less than anyone; my eyes have never taken the liberty of looking at the beauty of this princess at leisure. What I can say from the judgment of others is that ordinarily those who see her for the first time do not first find as much brilliance in her as they discover afterwards.

... A single portrait is not enough to represent her face, and it changes so suddenly, according to the various movements of her mind, that from one moment to the next she is no longer recognisable (ordinarily she seems a little pensive). She passes very easily, and very often, to other movements; her face, whatever revolution takes place in her mind, always retains something serene and agreeable.

It is true that if she sometimes disapproves of what one says to her, which very rarely happens to her, one sees her face covered as if by a certain cloud, which, without disfiguring it, gives terror to those  who look at her. She usually has a very soft tone of voice, and despite any firmness with which she utters her words, it is quite clear that it is the language of a girl. Sometimes, however, she changes this tone, but without apparent affectation or cause, to take on a more robust and louder one than that of her sex, which gradually and imperceptibly returns to its ordinary measure.

Her height is a little below the mediocre, which might have appeared little if this princess had wanted to wear the shoes which ladies usually wear; but, in order to get around more conveniently in her castle, to walk on foot or ride on horseback in the country, she only wears single-soled shoes of small black Moroccan leather, similar to those worn by men.

If it is permissible to judge from the interior, by the signs which appear to us on the outside, she has great feelings for the Divinity and a faithful attachment to Christianity. She does not approve of it when, in the ordinary discussions of the sciences, one abandons the doctrine of grace in order to philosophise like a pagan; anything that is not in conformity with the Gospel passes for her as a reverie. She has no bitterness in the argument she makes about the differences which exist between the Evangelicals and the Roman Catholics (She was never a Lutheran.). It seems that she takes less care to inform herself of these difficulties than of those which are caused to us philosophers, Gentiles and Jews in general.

[... The philosophers, the Gentiles and the Jews, on whom her clear and present reasoning shows that she has taken care to instruct herself in them and to establish a foundation for the rest of her life and her actions with that equitable spirit of which she deals with all questions of religion. It is to be believed that she would easily know the truth in our controversies with the Lutherans if she saw our creed in its purity. She is sometimes surprised when, while reproaching me for the errors of which the Protestants accuse us, I agree to condemn them for their indeed not being ours. As for the Calvinists, she cannot bear them because of their doctrine of predestination, and has often said in my presence that, au fond, the Evangelicals were less distant from the Catholics than from the Reformed.]

Her devotion to God appears in the confidence she testifies to have in His protection, more than in all other things; moreover, she is not scrupulous, and she does not affect the demonstrations of a ceremonial devotion (She has never been affected by this disease.).

She has nothing more present in her mind than the incredible love of high virtue, of which she makes all her joy and delight, to which she adds an extreme passion for glory; and, as one can judge, she wishes for virtue accompanied by honour (This is true.). She sometimes takes pleasure in speaking like the Stoics of this eminence of virtue, which is our sovereign good in this life.

[Then of piety, she has nothing more present in her mind than the incredible love of a high virtue. It her joy and her delight, and she nourishes herself in meditation on the means to achieve it. I do not believe, however, that she entirely separates the desire from the glory, and so far, as far as I can judge, she desires virtue accompanied by the honour which follows it. It is, Monseigneur, a rare thing to hear her sometimes speak with the ardour of stoicism about this eminence of virtue which is our sovereign happiness in this life.]

She is wonderfully strong on this subject, and when she talks about it with people who are familiar to her and she enters on the true esteem that one must have for human things (She never made much of it.), it is an extreme pleasure to see her put her crown under her feet (She therefore gives glory to having put under her feet what the other kings wear on their heads.) and publishes that virtue is the only good to which all men must attach themselves without taking advantage of their conditions (These are her true feelings.).

But, despite this confession, she does not forget for long that she is Queen (She never, ever forgot it.); she immediately puts her crown back on, she recognises its weight and takes the first step to go to virtue, so as to acquit herself of her profession well. She also has great advantages of nature to succeed in it worthily, for she has a marvelous facility for understanding and penetrating affairs, a memory which serves her so faithfully that one can say that she often abuses it.

She speaks Latin, French, German, Flemish and Swedish, and she is studying the Greek language. She has learned people who talk to her in her spare time about all the most curious things in the sciences (This is true.); and this mind, eager to know all things, inquires into everything.

There is not a day that passes that she does not read something from the history of Tacitus, which she calls a game of chess (This is not true. She never had any particular attachment to this author, having read all good authors.). This author, who makes learned men think, is very intelligible to her in the most difficult places, and where the most learned stop, as if hesitating about the meaning of the words, she even expresses them in our language with marvellous facility; but she avoids, or at least she neglects, to appear to be well-read and learned.

She takes great pleasure in hearing problematic questions be dealt with, particularly among learned people who are of different sentiments, on which she never expresses her sentiment until everyone has spoken, and even then, she says it in a few words, and all so well-reasoned that it can pass for a formal and positive decision. This comes from the fact that she penetrates things thoroughly, with light and without precipitation; and when she talks about something, she thinks about it several times before saying her opinion.

Her restraint appears more in affairs than in talks about the sciences. Her ministers, when she is in her Council, find it difficult to discover which side she leans to; she faithfully keeps the secret to herself (Very true.), and, as she does not allow herself to be informed about the reports made to her, she appears distrustful or difficult to persuade to those who approach her with any proposition they like, because they do not find that she acquiesces in what they want as quickly as they wish. It is true that she leans a little towards the suspicious humour and that sometimes she is a little too slow to clarify the truth and too easy to presume finesse in others (She has never repented of this defect.).

This reserve in forming what she wants to believe and resolve does not prevent her from being reasonable, especially in the dispatch of affairs. She does not inform anyone of those affairs of her household, nor of the affairs of those who depend privately on her absolute authority; but she deliberates in her Senate on all those affairs which concern the government of the State. It is incredible how powerful she is in her Council (How ridiculous this misinformed man is!), for she adds to the quality of queen grace, credit, benefits and the power to persuade, at which the senators themselves are often astonished at the power she has over their sentiments when they are assembled (One would be astonished if the contrary were true.).

[Monseigneur, I cannot approve, if I may be permitted to speak thus, that this princess, who speaks perfect Latin, French, Flemish, German and Swedish, still charges herself of the Greek language, in which she is making great strides, making her recreations in this study very difficult. It was enough, in my opinion, that she had learned people talk to her about the most curious things in the sciences in her spare time, and that her mind, eager for knowledge, inquired about everything; but when I dared to tell her something about it, she told me that she took this language for entertainment in her spare time, as if she were learning to play chess, and that it did not disturb her serious readings.

She also says this about the history of Tacitus, of which she only happens to read a few pages. This author, who makes the most learned men think, is very familiar to her. I would hardly have believed her on someone else's story or on a few passages that she would have quoted from it; but on her last trip to Uppsala, tired of reading on the road in her carriage, she ordered me to enter it and, making me open this book at random, I felt in the difficult places, where I stopped as though hesitating over the meaning of the words, that nothing stopped her; and I admired that in our language, which is foreign to her, she can explain her interpretations of the deep thoughts of this author.

This, Monseigneur, surprised me all the more because I had rarely heard her speak of this historian. I have known on this occasion, and on a few others like it, that she pretends, or at least neglects, to appear to be well-read and learned when the persons of study deal in her presence with some question about which they find themselves of different sentiments, which is one of her pleasures. —]

Some attribute this great submission that her ministers have for her to her quality of being a girl, imagining that the secret inclination of nature and the deference that one has for this sex makes them bend imperceptibly (The quality of being a girl is not too suited to being obeyed.); but, to speak of it truly, this great authority which she has is born of the good qualities which are in her person, and it is said that a king who had the same virtues would also be absolute in his Senate. That, however, would be less surprising than to see a girl turn the minds of so many old and wise councilmen as she pleases.

It is no wonder that she displays a male prudence in her outward actions, which seem more attached to the difference of sex than that of the mind, nature does not refuse her any of the qualities of which a young cavalier would make glory.

She is indefatigable at travail in the countryside, even to the point that she remains on horseback for ten hours while hunting. Neither cold nor heat bother her. Her food is simple, neglected, and without delights. There is no one in Sweden who knows better than she to stop a running hare with a shotgun blast with a single bullet.

[I still tremble when I remember that one day in the plains of Uppsala, Her Majesty, having mounted on a horse from Italy, white as snow, which His Eminence had given her, which she loved extremely and which seems to know his mistress, having made us take four of the fastest horses from her stable, put us abreast with her for a race of five hundred paces, and she arrived first at the end of the career.]

She can make a horse do all sorts of manèges without any affectation, far from wanting to draw glory from it.

She rarely speaks to the ladies of her court because the exercises she practices in the countryside, where the cares of the affairs of her state detain her, deprive them of her conversation, and they do not frequent her except in some kind of visit; and even then she leaves them on one side of the room, after a civility, to converse with the men.

When she is with people from whom she does not believe she can learn anything, she cuts the conversation short and only expands in discourse if necessity demands it.

[She knows how to get everything she knows out of a horse, and this is done without affectation so that it seems that she is very far from wanting to draw glory from it.

Exercises in the countryside and the affairs in her household separate her so much from the conversation of women that she seldom speaks to them except on some extraordinary occasion. They come to her at the castle, and then, even after a civility, she leaves them in one side of her room and comes to converse with the men, so accustomed is she to more serious discourses, in which she has a benign complacency for those who approach her when she wants to get some use out of the conversation; but, when talking with those whose significance she knows and from whom she does not think she can learn anything, she cuts the conversation short and does not extend in discourse further than necessity demands.]

Also, all her servants speak to her little, but they do not fail to love her, because, however little she speaks to them, it is with gentleness, and she is a very good mistress to them, liberal even beyond the power of her State. She sometimes amuses herself by joking with them, and she does it with great grace and without bitterness. It would perhaps be better for her to abstain from it, because there always remains some apprehension of contempt in those who have been mocked (He is right. Mockery has made her many enemies.); but this rarely happens to her because affairs and study leave her almost no time.

She also spares it with avarice, for she sleeps little and usually stays in bed only five hours (3 hours.). Thus, this time not being sufficient to restore her strength, she is sometimes obliged, mainly in summer, to sleep for an hour after she has dined (This is false.). She cares little for her clothing or her adornment, and one should not attach any importance to it in the distribution of her day. In a quarter of an hour (That quarter of an hour was for solemn days.) of time she gets dressed; and, except for on the days of great solemnities, the comb alone and a piece of ribbon make all her hairstyle. However, her hair accompanies her face very well when it is thus neglected, but she takes so little care of it that neither in the sun, nor in the wind, nor in the rain, neither in the city, nor in the countryside, does she wear either a headdress or a mask.

When she rides on horseback, her only defense against the injuries from the air is a hat with feathers, so that a stranger who has seen her hunting with her hongreline and a little collar like those that men wear would never take her for the Queen.

There is doubtless excess in this neglect she has for her person, principally that there may be occasions when it is to be apprehended that it will do harm to her health; but all things are nothing to her compared to that ardent love she has for honour and for virtue, and it may be said that her ambition is more to make her name brilliant by extraordinary merit than by conquests and that she would rather owe her reputation to herself than to the valour of her subjects.

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