Saturday, January 11, 2025

Dedication to Kristina in Georges de Scudéry's "Alaric, ou Rome vaincuë", year 1654

Sources:

Alaric, ou Rome vaincuë: poëme heroïque, by Georges de Scudéry, 1654


Mémoires concernant Christine, volume 1, pages 259 to 260, by Johan Arckenholtz, 1751


The dedication:

A LA SERENISSIME REYNE DE SVEDE.
MADAME,
Le Vainqueur de Rome va mettre aux pieds de V. M. les trophées qu'il s'esleua sur le Capitole: & presenter à la plus grande Reyne du Monde, les glorieuses despoüilles de la Reyne de l'Vniuers. Mais comme il a sceu tout ce que le Grand Gustaue a fait, & quelle est vostre haute reputation parmy toutes les Nations de la Terre; il craint que le Heros ne soit pas digne de l'Heroïne, & que l'Offrande soit trop basse pour vn Autel si esleué. En effet, MADAME, quand il mettroit au pied de vostre Thrône, plus de Couronnes que vous n'en portez à vos Armes, cét hommage, quoy que fort illustre, le seroit bien moins que vostre vertu: & s'il faloit proportionner à cette vertu les choses qu'on vous presente; à peine les Sceptres de tous les Roys y pourroient suffire. Certainement, MADAME, iamais Panegyrique ne fut si aysé à faire que celuy de V. M. car en disant qu'estre Fille du plus grand Conquerant des derniers siecles, est la moindre de vos qualitez; i'auray plus dit qu'on n'a iamais dit, & plus qu'on ne pourra iamais dire: mais i'y adjousteray toutesfois encore, que la grandeur de vostre ame, & celle de vostre esprit, mettent V. M. autant au dessus des Reines, que les Reines sont au dessus des autres Dames. Aussi est-ce par là seulement, que la gloire d'estre connu d'elle, tenteroit vne ame moins ambitieuse que la mienne: & les Muses montent si peu souuent sur le Trône, auec ceux que la Fortune y fait monter; que pour voir vne chose si extraordinaire, ie n'irois pas seulement iusques au Thule, où Virgile met les dernieres bornes du vieux Monde; mais i'irois, s'il le faloit, au delà de ce nouueau, que l'on a depuis decouuert. L'on dit qu'il faut connoistre pour aymer: & cependant i'ayme sans connoistre; si l'inesgalité des conditions ne permet ce mot, & si le respect le souffre. Mais pourquoy ne souffriroit-il pas d'aymer les Roys, qui ne sont que les images de Dieu, puis que Dieu luy mesme non seulement souffre d'estre aymé, non seulement le commande; mais en fait le premier de tous ces Cõmandemens? Aussi lors que i'apris que V. M. estoit tombée dans la mer, ie me sentis battre le cœur à cette funeste nouuelle: & au milieu du mesme peril où elle se trouua, i'aurois esté moins pasle que ie ne le deuins alors. Si cette terrible auanture estoit telle qu'on la disoit, le cyseau, les pinceaux & les couleurs me fussent tombez des mains: l'Arc de triomphe que i'ay esleué à vostre gloire, fust demeuré imparfait: & on ne l'eust veu que comme on voit les illustres ruines de Rome: où par la grandeur de quelques colomnes brisées, on iuge de celle du bastiment. Dieu par qui les Roys regnent, soit eternellement loüé, pour nous auoir conserué la plus Grande Reyne du monde, & la Princesse de toute la terre, la plus digne des vœux que ie fais au Ciel, & des graces que ie luy rends. Ie vous proteste, MADAME, que ie n'ay pas moins de veneration pour V. M. que si i'estois nay au bord de la mer Balthique: & que ie doute mesme, si elle rencontre parmy les Goths, autant d'admiration & de respect, qu'elle en peut trouuer dãs mon cœur. Veritablement ceux qui nous ont voulu faire passer pour les Merueilles de l'Vniuers, des Piramides, des Tombeaux, & des Colosses, nous ont bien dit par là tacitement, qu'ils n'auoient pas des CHRISTINES dans leur siecle: car ils ne se seroient pas amusez à nous descrire ces prodiges de l'Art, s'ils eussent eu à nous parler d'vn aussi grand Miracle de la Nature. Oseray-je vous le dire, MADAME? Herodote & Plutarque m'auoient toujours esté suspects, lors qu'ils m'auoient entretenu d'vn Philosophe Scythe: & ie vous auoüe que i'auois toujours regardé leur Anacharsis, comme le Cyrus de Xenophon; c'est à dire comme vne belle idée, qui n'auoit rien de veritable. Mais aprés auoir entendu tout ce que la Renommée dit de V. M. i'abjure à la fin mon erreur: & malgré l'orgueil des Romains, qui traittoient toutes les Natiõs de barbares; ie suis obligé d'auoüer, que le Nord a maintenant sa Minerue dans Stokolm, comme il eut autrefois vne Diane dans Thauris: que l'esprit & la vertu n'ont point de Climat affecté; & qu'ils sont aussi bien à Stokolm & à Vpsale, que dans Rome, ou que dans Athenes. Depuis la mort du Grand Cardinal de Richelieu mon Maistre, i'ay loüé fort peu de chose loüable: mais il n'y a pas moyen de se taire d'vne main Royale, qui daigne souuent quitter le Sceptre pour prendre nos Liures: & qui ramene ces heureux Temps, où l'on nous a dit que les Philosophes regnoient, & que les Roys philosophoient. C'est, MADAME, ce qui m'a fait resoudre de parler de V. M. & d'en parler comme ie dois. Ie ne sçay si la grandeur de mon sujet m'aura fait conceuoir quelque chose de grand: & ie sçay que ce n'est pas à vn Broyeur d'Ocre à oser entreprendre de vous peindre: mais si ma force a respondu à mon courage & à mon zele, vne belle Reine Amazone aura peut-estre son Apelles, comme Alexandre auoit le sien; & la gloire des Thomyris & des Amalasonthes vos Deuancieres, sera absolument obscurcie par l'incomparable esclat de celle de V. M. Certes, MADAME, vous deuez tenir pour assuré, que ie suis infiniment persuadé de vostre merite, puis que ie le loüe infiniment: car si cela n'estoit pas, toutes vos Couronnes n'auroient pointassez de splendeur pour m'esbloüir, ny assez d'or pour me faire parler contre mes propres sentimens. Ie fais profession d'vne vertu trop delicate pour estre flateur: & ma Naissance est trop noble pour prendre l'employ d'vn Esclaue. Ce n'est point assez pour moy, de se nõmer Porphyrogenete: & si le Sceptre des Roys n'est accompagné des vertus Royales, ie le considere aussi peu qu'vne Houlette: & ie regarde ceux qui le portent, comme des Roys de Comedie, qui ne sont point ce qu'ils paroissent: & comme de mauuais Acteurs, que la Fortune fait ioüer. Il y a long-temps que l'on m'a voulu persuader, que mon style estoit propre au Poëme Heroïque: mais ie n'en aurois pourtant iamais fait, si ie n'eusse trouué vne Heroïne en la Personne de V. M. Aussi quand ie serois son Ambassadeur dans la Cour de France, ie ne tesmoignerois pas plus de zele que i'en témoigne: & ie m'asseure, MADAME, que Monsieur le Comte de Tot, vn des principaux ornemens de vostre Cour, & qui a laissé vne si haute reputation de son merite dans la nostre; luy à qui i'ay si souuent descouuert les sentimens de mon cœur, ne me refusera pas d'attester à V. M. les veritez dont ie luy parle. Ce que ie vous dis de luy, MADAME, ie vous le dis de Monsieur le Baron de Spar vostre Resident, l'vn des plus accomplis Gentilshommes du Monde: estant certain que l'estroite amitié dont il m'honore, vient principalement de ce qu'il connoist la passion que i'ay pour vostre seruice. Enfin, MADAME, i'auray manqué d'Art, ou vous aurez ce qu'Alexandre ne pût avoir, & ce qu'il enuioit tant à Achille: car i'ay l'esprit si plein de l'esclat de vostre gloire, qu'il est comme impossible qu'il n'en ait rejailly quelque rayon sur ce que i'ay escrit. I'ay sceu que mon Poëme de Salomon n'a pas despleu à V. M. mais si malgré la contrainte de la Paraphrase, elle y a trouué le caractere Epique; il est difficile que ie ne me sois esleué, lors que i'ay eu toute la liberté de mon Genie, & toute vostre Grandeur pour objet. V. M. connoist les Muses Greques & les Latines; les Italiennes & les Espagnoles: Mais elle me permettra de luy dire, qu'elle ne connoist pas encore absolument les Françoises: car pour connoistre ce qu'elles peuuent, il faut leur voir composer vn grand Ouurage; & que cét Ouurage ait vos vertus pour son sujet. Tous ceux qui ont eu l'honneur de voir V. M. & qui m'en parlent ou m'en escriuent, me comblent de ioye, en m'aprenant que vostre ame est aussi grande que ie l'ay creuë: & i'ay vn plaisir extreme, de voir que l'Idée que ie me suis formée de vostre vertu, est le veritable Portrait de V. M. Elle est si haute, cette grande Idée, qu'elle voit toute la Nature au dessous d'elle: estant certain que ie ne mets que Dieu au dessus de vous, & que ie ne mets personne en mesme rang. Aprés cela, MADAME, i'auoüe qu'il faut estre bien hardy pour oser vous peindre: mais ie suis d'vne profession qui m'oblige à l'estre, & la temerité n'est pas le plus grand deffaut d'vn Soldat. Au reste, MADAME, si cette grande Peinture a le bonheur de vous plaire, comme i'ay le cœur assez esleué, ie ne m'en propose pas vne petite recompense. En effet quand tout le cuivre & tout le fer de la Suede seroient de l'or, & que V. M. m'en donneroit les minieres; mon ambition ne seroit pas satisfaite, si elle me les donnoit seules. Il faut, MADAME, que vous me donniez plus que tout cela, si vous voulez que ie sois content de vostre liberalité, c'est à dire qu'il faut que V. M. m'accorde l'honneur de sa bien-veillance. Ie crois qu'il est honnorable d'estre interessé de cette sorte; qu'il est permis d'estre auare d'vne si noble façon; & qu'il est glorieux d'aspirer à des tresors, que tous ceus de Crœsus n'esgaloient pas. Aussi, quoy que ie tienne à grand auantage que V. M. aprouue ce que i'ay fait pour elle; à vous parler sincerement, l'estime que l'on doit à ses propres ennemis quand ils la meritent, ne suffiroit pas à contenter vne aussi ardente passion, qu'est celle que i'ay pour vostre seruice. Ie regarde sans enuie les marques de vostre liberalité dans les mains d'autruy: mais ie n'y sçaurois voir sans douleur celles de vostre bien-veillance, à moins que ie les partage, auec ces heureux qui les reçoiuent. Ce noble sentiment qui esgale les Sceptres & les Houlettes, est l'vnique objet que ie me propose, & le seul qui peut remplir mon ambition: & si V. M. ne me deuoit iamais honorer de cette glorieuse bien-veillance, ie me seruirois du mot d'vn Empereur, «Plût à Dieu que ie ne sceusse point escrire». Mais V. M. est trop bonne, pour me reduire à la dure necessité de faire vn si mauuais souhait: & ie connoistrois mal vostre vertu, si i'en pouuois conceuoit cette criminelle pensée. Il est vray que c'est vn souhait que ie pourrois faire par vn autre sentiment: Car, MADAME, ce que vous escriuez en nostre Langue, nous fait tomber la plume de la main: & les belles Lettres que i'ay veuës de V. M. sont l'objet de l'admiration de tous nos beaux Esprits, & peut-estre aussi de leur enuie. En effet, peu s'en faut, MADAME, que comme Philipe de Macedoine demandoit à son Fils Alexandre, s'il n'auoit point de honte de sçauoir si bien ioüer de la lire, & si bien chanter? ie ne demande à mon tout à V. M. à quoy elle songe, de sçauoir si bien escrire? Mais comme les victoires d'vn Capitaine en reueilloient vn autre; ces diuines Lettres m'ont fait trauailler auec plus de soin: & souuent, MADAME

«Tout dort en l'Vniuers, lors que ie veille encore:»

& souuent elles m'ont fait dire à nos Muses, en parlant de V. M.

«Fournissez à mon Art, l'or, le iæspe, & l'yuoire,
Pour le grand monument que i'esleue à sa gloire:
Partagez auec moy ce trauail precieux,
Qui doit porter son nom aussi haut que les Cieux:
Et faisons par nos soins, malgré les destinées,
Vn Ouurage immortel qui resiste aux années;
Qui triomphe du temps par sa solidité;
Et qui porte sa gloire à la Posterité.»

Ie ne sçay, MADAME, si elles m'auront accordé ce que ie leur demandois: mais ie sçay bien que si mon Ouurage dure autant que cette gloire, les derniers siecles le verront: & que mes Liures ne seront bruslez que par l'embrasement vniuersel, qui doit consumer toute la Terre. Mais ie ne veux pas dire en prose, ce que ie pretends dire en vers: & comme pour vne si noble matiere, c'est trop peu que le langage des hommes, i'y veux employer le langage des Dieux: & ne vous dire plus rien en cette Lettre, sinon que ie suis auec autant de respect que de passion, & plus que personne ne le fut iamais,
MADAME,
De V. M.
Le tres-humble, & tres-
obeïssant Seruiteur,
DE SCVDERY.

With modernised spelling:

A la sérénissime reine de Suède.
Madame,
Le vainqueur de Rome va mettre aux pieds de Votre Majesté les trophées qu'il s'éleva sur le capitole et présenter à la plus grande reine du monde les glorieuses dépouilles de la reine de l'univers. Mais, comme il a su tout ce que le grand Gustave a fait, et quelle est votre haute réputation parmi toutes les nations de la terre, il craint que le héros ne soit pas digne de l'héroïne et que l'offrande soit trop basse pour un autel si élevé.

En effet, Madame, quand il mettrait au pied de votre trône plus de couronnes que vous n'en portez à vos armes, cet hommage, quoique fort illustre, le serait bien moins que votre vertu; et s'il fallait proportionner à cette vertu les choses qu'on vous présente, à peine les sceptres de tous les rois y pourraient suffire. Certainement, Madame, jamais panégyrique ne fut si aisé à faire que celui de Votre Majesté, car en disant qu'être fille du plus grand conquérant des derniers siècles est la moindre de vos qualités, j'aurai plus dit qu'on n'a jamais dit et plus qu'on ne pourra jamais dire. Mais j'y ajouterai toutefois encore que la grandeur de votre âme et celle de votre esprit mettent Votre Majesté autant au-dessus des reines, que les reines sont au-dessus des autres dames.

Aussi est-ce par là seulement que la gloire d'être connu d'elle tenterait une ame moins ambitieuse que la mienne, et les Muses montent si peu souvent sur le trône avec ceux que la fortune y fait monter que, pour voir une chose si extraordinaire, je n'irais pas seulement jusqu'au Thule, où Virgile met les dernières bornes du Vieux monde. Mais j'irais, s'il le fallait, au delà de ce nouveau que l'on a depuis découvert.

L'on dit qu'il faut connaître pour aimer, et cependant j'aime sans connaître, si l'inégalité des conditions ne permet ce mot, et si le respect le souffre. Mais pourquoi ne souffrirait-il pas d'aimer les rois, qui ne sont que les images de Dieu, puisque Dieu lui-même non seulement souffre d'être aimé, non seulement le commande, mais en fait le premier de tous ces commandements?

Aussi, lorsque j'appris que Votre Majesté était tombée dans la mer, je me sentis battre le cœur à cette funeste nouuvelle; et au milieu du même péril où elle se trouva, j'aurais été moins pâle que je ne le deuins alors. Si cette terrible avanture était telle qu'on la disait, le ciseau, les pinceaux et les couleurs me fussent tombés des mains; l'arc de triomphe que j'ai élevé à votre gloire fût demeuré imparfait; et on ne l'eût vu que comme on voit les illustres ruines de Rome, où, par la grandeur de quelques colonnes brisées, on juge de celle du bâtiment. Dieu, par qui les rois régnent, soit éternellement loué pour nous avoir conservé la plus grande reine du monde et la Princesse de toute la terre la plus digne des vœux que je fais au ciel et des grâces que je lui rends!

Je vous proteste, Madame, que je n'ai pas moins de vénération pour Votre Majesté que si j'étais né au bord de la mer Baltique, et que je doute même si elle rencontre parmi les Goths autant d'admiration et de respect qu'elle en peut trouver dans mon cœur. Véritablement, ceux qui nous ont voulu faire passer pour les merveilles de l'univers, des pyramides, des tombeaux et des colosses nous ont bien dit par-là tacitement qu'ils n'avaient pas des Christines dans leur siècle, car ils ne se seraient pas amusés à nous décrire ces prodiges de l'art s'ils eussent eu à nous parler d'un aussi grand miracle de la nature.

Oserai-je vous le dire, Madame? Hérodote et Plutarque m'avaient toujours été suspects lorsqu'ils m'avaient entretenu d'un philosophe scythe, et je vous avoue que j'avais toujours regardé leur Anacharsis, comme le Cyrus de Xénophon; c'est à dire comme une belle idée qui n'avait rien de véritable. Mais, après avoir entendu tout ce que la renommée dit de Votre Majesté, j'abjure à la fin mon erreur; et malgré l'orgueil des Romains, qui traittaient toutes les nations de barbares, je suis obligé d'avouer que le Nord a maintenant sa Minerve dans Stockholm, comme il eut autrefois une Diane dans [Tauride], que l'esprit et la vertu n'ont point de climat affecté, et qu'ils sont aussi bien à Stockholm et à Upsal que dans Rome, ou que dans Athènes.

Depuis la mort du grand cardinal de Richelieu, mon maître, j'ai loué fort peu de chose louable; mais il n'y a pas moyen de se taire d'une main royale qui daigne souvent quitter le sceptre pour prendre nos livres et qui ramène ces heureux temps, où l'on nous a dit que les philosophes régnaient et que les rois philosophaient.

C'est, Madame, ce qui m'a fait résoudre de parler de Votre Majesté et d'en parler comme je dois. Je ne sais si la grandeur de mon sujet m'aura fait concevoir quelque chose de grand, et je sais que ce n'est pas à un broyeur d'ocre à oser entreprendre de vous peindre. Mais, si ma force a répondu à mon courage et à mon zèle, une belle reine amazone aura peut-être son Apelles, comme Alexandre avait le sien; et la gloire des Thomyris et des Amalasontes, vos devancières, sera absolument obscurcie par l'incomparable éclat de celle de Votre Majesté.

Certes, Madame, vous devez tenir pour assuré que je suis infiniment persuadé de votre merite, puisque je le loue infiniment, car si cela n'était pas, toutes vos couronnes n'auraient pointassez de splendeur pour m'éblouir, ni assez d'or pour me faire parler contre mes propres sentiments. Je fais profession d'une vertu trop délicate pour être flatteur, et ma naissance est trop noble pour prendre l'emploi d'un esclave. Ce n'est point assez pour moi de se nommer porphyrogénète, et si le sceptre des rois n'est accompagné des vertus royales, je le considère aussi peu qu'une houlette; et je regarde ceux qui le portent comme des rois de comédie, qui ne sont point ce qu'ils paraissent, et comme de mauvais acteurs que la fortune fait jouer.

Il y a longtemps que l'on m'a voulu persuader que mon style était propre au poème héroïque, mais je n'en aurais pourtant jamais fait si je n'eusse trouvé une héroïne en la personne de Votre Majesté. Aussi quand je serais son ambassadeur dans la cour de France, je ne témoignerais pas plus de zèle que j'en témoigne; et je m'assure, Madame, que Monsieur le comte de Tott, un des principaux ornements de votre cour, et qui a laissé une si haute réputation de son mérite dans la nôtre — lui à qui j'ai si souvent découvert les sentiments de mon cœur, — ne me refusera pas d'attester à Votre Majesté les vérités dont je lui parle.

Ce que je vous dis de lui, Madame, je vous le dis de Monsieur le baron de Sparre, votre résident, l'un des plus accomplis gentilhommes du monde, étant certain que l'étroite amitié dont il m'honore vient principalement de ce qu'il connaît la passion que j'ai pour votre service.

Enfin, Madame, j'aurai manqué d'art, ou vous aurez ce qu'Alexandre ne pût avoir, et ce qu'il enviait tant à Achille, car j'ai l'esprit si plein de l'éclat de votre gloire qu'il est comme impossible qu'il n'en ait rejailli quelque rayon sur ce que j'ai écrit. J'ai su que mon poème de Salomon n'a pas déplu à Votre Majesté, mais si malgré la contrainte de la paraphrase elle y a trouvé le caractère épique, il est difficile que je ne me sois élevé lorsque j'ai eu toute la liberté de mon génie et toute votre grandeur pour objet.

Votre Majesté connaît les muses grecques et les latines, les italiennes et les espagnoles; mais elle me permettra de lui dire qu'elle ne connaît pas encore absolument les françaises, car, pour connaître ce qu'elles peuvent, il faut leur voir composer un grand ouvrage et que cet ouvrage ait vos vertus pour son sujet. Tous ceux qui ont eu l'honneur de voir Votre Majesté et qui m'en parlent ou m'en écrivent me comblent de joie en m'apprenant que votre âme est aussi grande que je l'ai crue; et j'ai un plaisir extrême de voir que l'idée que je me suis formée de votre vertu est le véritable portrait de Votre Majesté. Elle est si haute, cette grande idée, qu'elle voit toute la nature au-dessous d'elle, étant certain que je ne mets que Dieu au-dessus de vous et que je ne mets personne en même rang.

Après cela, Madame, j'avoue qu'il faut être bien hardi pour oser vous peindre, mais je suis d'une profession qui m'oblige à l'être, et la témérité n'est pas le plus grand défaut d'un soldat.

Au reste, Madame, si cette grande peinture a le bonheur de vous plaire, comme j'ai le cœur assez élevé, je ne m'en propose pas une petite récompense. En effet, quand tout le cuivre et tout le fer de la Suède seraient de l'or, et que Votre Majesté m'en donnerait les minières, mon ambition ne serait pas satisfaite si elle me les donnait seules. Il faut, Madame, que vous me donniez plus que tout cela si vous voulez que je sois content de votre libéralité, c'est-à-dire qu'il faut que Votre Majesté m'accorde l'honneur de sa bienveillance. Je crois qu'il est honorable d'être intéressé de cette sorte, qu'il est permis d'être avare d'une si noble façon, et qu'il est glorieux d'aspirer à des trésors que tous ceux de Crésus n'égalaient pas.

Aussi, quoique je tienne à grand avantage que Votre Majesté approuve ce que j'ai fait pour elle, à vous parler sincèrement, l'estime que l'on doit à ses propres ennemis quand ils la méritent ne suffirait pas à contenter une aussi ardente passion qu'est celle que j'ai pour votre service. Je regarde sans envie les marques de votre libéralité dans les mains d'autrui, mais je n'y saurais voir sans douleur celles de votre bienveillance, à moins que je les partage avec ces heureux qui les reçoivent.

Ce noble sentiment, qui égale les sceptres et les houlettes, est l'unique objet que je me propose et le seul qui peut remplir mon ambition; et si Votre Majesté ne me devait jamais honorer de cette glorieuse bienveillance, je me servirais du mot d'un empereur: «Plût à Dieu que je ne susse point écrire!».

Mais Votre Majesté est trop bonne pour me réduire à la dure nécessité de faire un si mauvais souhait, et je connaîtrais mal votre vertu si j'en pouvais concevait cette criminelle pensée. Il est vrai que c'est un souhait que je pourrais faire par un autre sentiment, car, Madame, ce que vous écrivez en notre langue nous fait tomber la plume de la main, et les belles lettres que j'ai vues de Votre Majesté sont l'objet de l'admiration de tous nos beaux esprits — et peut-être aussi de leur envie.

En effet, peu s'en faut, Madame, que, comme Philippe de Macédoine demandait à son fils Alexandre s'il n'avait point de honte de savoir si bien jouer de la lire et si bien chanter, je ne demande à mon tout à Votre Majesté à quoi elle songe de savoir si bien écrire. Mais, comme les victoires d'un capitaine en réveillaient un autre, ces divines lettres m'ont fait travailler avec plus de soin; et souvent, Madame, «tout dort en l'univers lorsque je veille encore», et souvent elles m'ont fait dire à nos Muses, en parlant de Votre Majesté:

«Fournissez à mon art l'or, le jaspe et l'ivoire
Pour le grand monument que j'élève à sa gloire.
Partagez avec moi ce travail précieux
Qui doit porter son nom aussi haut que les cieux;
Et faisons par nos soins, malgré les destinées,
Un ouvrage immortel qui résiste aux années,
Qui triomphe du temps par sa solidité,
Et qui porte sa gloire à la postérité.»

Je ne sais, Madame, si elles m'auront accordé ce que je leur demandais, mais je sais bien que si mon ouvrage dure autant que cette gloire, les derniers siècles le verront, et que mes livres ne seront brûlés que par l'embrasement universel qui doit consumer toute la terre. Mais je ne veux pas dire en prose ce que je prétends dire en vers, et comme, pour une si noble matière, c'est trop peu que le langage des hommes, j'y veux employer le langage des dieux et ne vous dire plus rien en cette lettre sinon que je suis avec autant de respect que de passion et plus que personne ne le fût jamais,
Madame,
de Votre Majesté
le très humble et très obéissant serviteur
De Scudéry.

Swedish translation (my own):

Till Sveriges durchlauchtigste drottning.
Madame,
Erövraren av Rom går för att placera vid Ers Majestäts fötter troféerna som han höjde på Capitolium och överlämna till den största drottningen i världen det härliga bytet från universums drottning. Men eftersom han har vetat allt vad den store Gustav har gjort, och vad är ditt höga rykte bland alla jordens nationer, fruktar han att hjälten inte är värdig hjältinnan och att offeret är för lågt för en så hög altare.

Visserligen, madame, om han skulle placera vid foten av Er tron fler kronor än Ni bär på Ert vapen, skulle denna hyllning, ehuru mycket lysande, vara mycket mindre än Er dygd; och om det vore nödvändigt att proportionera till denna dygd de saker som presenteras för Er, så kunde knappast alla konungars spiror räcka till. Visst, madame, har aldrig varit en panegyrik så lätt att göra som Ers Majestät, för när jag säger att att vara dotter till de senaste seklernas största erövrare är den minsta av era egenskaper, kommer jag att ha sagt mer än någonsin sagt och mer än någonsin kan sägas. Men jag skall likväl tillägga att Er själs och Ert sinnes storhet ställer Ers Majestät lika mycket över drottningar som drottningar är över andra damer.

Så det är bara genom detta som härligheten av att vara känd av Er skulle fresta en själ som är mindre ambitiös än min, och muserna går så sällan upp på tronen med dem som lyckan gör att jag, för att se något så ovanligt, inte skulle gå bara så långt som till Thule, där Vergilius placerar den gamla världens sista gränser. Men jag skulle om nödvändigt gå bortom denna nya som sedan har upptäckts.

Det sägs att man måste känna någon för att älska honom, och ändå älskar jag utan att känna, om villkorens ojämlikhet inte tillåter detta ord, och om respekten tolererar det. Men varför skulle det inte vara tillåtet att älska konungar, som bara är Guds bilder, eftersom Gud själv inte bara låter sig älskas, inte bara befaller det, utan gör det till det första av alla dessa bud?

Så när jag fick veta att Ers Majestät hade fallit i havet, kände jag mitt hjärta bulta vid denna ödesdigra nyhet; och mitt i samma fara som Ni befann Er i, skulle jag ha varit mindre blek än jag kände mig då. Om detta fruktansvärda äventyr hade varit sådant som det sades, skulle mejseln, penslarna och färgerna ha fallit ur mina händer; triumfbågen som jag höjde till Er ära skulle ha förblivit ofullkomlig; och det skulle ha setts endast när man ser de berömda ruinerna av Rom, där man av storheten av några trasiga kolonner bedömer byggnadens. Gud, av vilken konungar regerar, vare evigt prisad för att ha bevarat för oss den största drottningen i världen och prinsessan av hela jorden som är mest värdig de löften som jag avlägger till Himlen och det tack som jag ger den!

Jag protesterar till Er, madame, att jag inte har mindre vördnad för Ers Majestät än om jag hade fötts vid Östersjöns strand, och att jag tvivlar på att även om Ni möter bland goterna så mycket beundran och respekt som Ni kan finna i mitt hjärta. Sannerligen, de som har velat framställa pyramider, gravar och kolosser som universums underverk har verkligen tyst sagt till oss att de inte hade någon Kristina under sitt sekel, för de skulle inte ha roat sig med att beskriva för oss dessa konstens underbarn om de hade varit tvungna att tala till oss om ett sådant stort naturunder.

Vågar jag säga det till Er, Madame? Herodotos och Plutarchus hade alltid varit misstänkta för mig när de hade talat till mig om en skytisk filosof, och jag erkänner för Er att jag alltid hade betraktat deras Anacharsis som Xenofons Kyros; det vill säga som en vacker idé som inte hade något sant i sig. Men efter att ha hört allt vad berömmelse säger om Ers Majestät, avfärdar jag slutligen mitt misstag; och trots romarnas stolthet, som behandlade alla folk som barbarer, är jag skyldig att erkänna, att Norden nu har sin Minerva i Stockholm, eftersom det förut hade en Diana i Tauride, att kvickhet och dygd inte har något påverkat klimat, och att de är lika väl i Stockholm och Uppsala som i Rom eller som i Aten.

Sedan den store kardinal de Richelieus, min herres, död, har jag prisat mycket lite av något berömvärt; men det finns inget sätt att tiga om en kunglig hand som ofta värdiges lämna spiran för att ta våra böcker och som för tillbaka de där lyckliga tiderna när vi fick höra att filosofer styrde och konungar filosoferade.

Detta, madame, är vad som har fått mig att besluta att tala om Ers Majestät och att tala om Er som jag borde. Jag vet inte om mitt ämnes storhet kommer att ha fått mig att tänka mig något stort, och jag vet att det inte är för en ockraslipare att våga åta sig att måla Er. Men, om min styrka har svarat på mitt mod och min iver, kommer kanske en vacker amasonerdrottning att få sina Apelles, som Alexander hade sina; och Tomyris och Amalasunthas ära, Era föregångerinnor, kommer absolut att skymmas av den ojämförliga glansen hos Ers Majestäts ära.

Visst, madame, Ni måste ta det för givet att jag är oändligt övertygad om Er förtjänst, eftersom jag prisar den oändligt, ty om så inte vore fallet, skulle alla Era kronor inte ha tillräckligt med prakt för att blända mig, inte heller tillräckligt med guld för att få mig att tala emot mina egna känslor. Jag bekänner mig till en dygd som är för ömtålig för att vara en smickerare, och min börd är för ädel för att ta en slavs emploj. Det räcker inte för mig att kalla mig porfyrogenit, och om konungarnas spira inte åtföljs av kungliga dygder, anser jag det som en herdestav; och jag betraktar dem som bär det som konungar från en komedi, som inte är vad de ser ut, och som dåliga skådespelare som lyckan får spela.

Länge har man övertygat mig om att min stil passade hjältedikten, men jag skulle aldrig ha skrivit en om jag inte hade hittat en hjältinna i Ers Majestäts person. Även om jag vore Er ambassadör vid Frankrikes hov, skulle jag inte visa mer iver än jag visar; och jag försäkrar mig, madame, att herr greve Tott, en av Ert hovs främsta prydnadsföremål, och som har lämnat ett så högt rykte för sina förtjänster i vår — han för vilken jag så ofta har uppenbarat mitt hjärtas känslor — kommer inte att vägra att intyga för Ers Majestät de sanningar om vilka jag talar till Er.

Vad jag berättar om honom, madame, berättar jag om herr friherre Sparre, Er resident, en av de mest fulländade herrarna i världen, ty jag är säker på att den nära vänskap med vilken han hedrar mig huvudsakligen kommer från det att han känner den passionen jag har för Er tjänst.

Slutligen, madame, jag kommer att ha saknat konst, eller Ni kommer att få vad Alexander inte kunde ha, och vad han avundades så mycket i Akilles, ty mitt sinne är så fullt av Er härlighets glans att det är nästan omöjligt att någon stråle av den borde inte ha reflekterat över det jag har skrivit. Jag vet att min dikt om Salomo inte har misshagat Ers Majestät, men om Ni, trots omskrivningens tvång, funnit den episka karaktären i den, är det svårt att jag inte skulle ha rest mig när jag hade all frihet av mitt geni och all Er storhet som mitt objekt.

Ers Majestät kan ju de grekiska och latinska muserna, de italienska och de spanska; men Ni kommer att tillåta mig att säga Er att Ni ännu inte kan de franska absolut, ty för att veta vad de kan göra, är det nödvändigt att se dem komponera ett stort verk och att detta verk har Era dygder som ämne. Alla de som har haft äran att träffa Ers Majestät och som talar till mig eller skriver till mig om Er fyller mig med glädje i att berätta att Er själ är så stor som jag har trott att den är; och jag har ytterst nöje att se att den idé som jag har skapat om Er dygd är Ers Majestäts sanna porträtt. Den är så hög, denna stora idé, att den ser hela naturen som under Er, och jag är säker på att jag bara sätter Gud över Er och att jag inte placerar någon i samma rang.

Efter det, madame, erkänner jag att man måste vara mycket djärv för att våga måla Er, men jag är av ett yrke som förpliktar mig att vara det, och temeritet är inte en soldats största fel.

För övrigt, madame, om denna stora målning har turen att behaga Er, eftersom jag har ett ganska högt hjärta, föreslår jag ingen liten belöning för den. Ja, om all koppar och allt järn i Sverige vore guld, och om Ers Majestät gav mig malmarna, skulle min ambition inte bli tillfredsställd om Ni gav mig dem ensam. Ni måste, madame, ge mig mer än allt det om Ni vill att jag skall nöja mig med Er frikostighet, det vill säga, Ers Majestät måste ge mig äran av Er välvilja. Jag tror att det är hedervärt att intressera sig på detta sätt, att det är tillåtet att vara njugg på ett så ädelt sätt, och att det är härligt att sträva efter skatter som alla Krösus' inte liknade.

Även om jag anser det som en stor fördel att Ers Majestät godkänner vad jag har gjort för Er, att tala till Er uppriktigt, skulle den aktning man har för sina egna fiender när de förtjänar det inte vara tillräckligt för att tillfredsställa en så ivrig passion som den jag har för Er tjänst. Jag ser utan avundsjuka på märkena av Er frikostighet i andras händer, men jag kan inte utan smärta se de av Er välvilja om jag inte delar dem med de lyckliga som tar emot dem.

Denna ädla känsla, som är lika med sceptrar och herdestavar, är det enda föremål som jag föreslår för mig själv och det enda som kan uppfylla min ambition; och om Ers Majestät aldrig skulle hedra mig med denna härliga välvilja, så skulle jag använda en kejsares ord: »Gud give att jag inte kunde skriva!«

Men Ers Majestät är ju alltför god för att reducera mig till den hårda nödvändigheten att göra en sådan ond önskan, och jag skulle känna Er dygd dåligt om jag kunde tänka mig denna brottsliga tanke. Det är sant att det är en önskan som jag kunde göra genom en annan känsla, ty, madame, vad Ni skriver på vårt språk får pennan att falla ur vår hand, och de vackra brev som jag har sett från Ers Majestät är föremål för beundran hos alla våra vackra sinnen — och kanske också av deras avund.

Ja, det är nästan så, madame, att, eftersom Filip av Makedonien frågade sin son Alexander om han inte skämdes över att veta hur han skulle spela lyran så bra och sjunga så bra, jag frågar inte Ers Majestät vad Ni tänker på, när Ni vet hur Ni skriver så bra. Men när en kaptens segrar väckte en annan, har dessa gudomliga brev fått mig att arbeta med mer omsorg; och ofta, madame, »sover allting i universum medan jag ännu är vaken«, och ofta har de fått mig att säga till våra muser när jag talar om Ers Majestät:

»Förse min konst med guld, jaspis och elfenben
För det stora monument som jag reser till hennes ära.
Dela med mig av detta värdefulla verk
Som måste bära upp hennes namn så högt som himlen;
Och låt oss göra genom vår omsorg, trots öden,
Ett odödligt verk som står emot åren,
Som segrar över tid genom sin soliditet,
Och som bär hennes ära till eftervärlden.«

Jag vet inte, madame, om de kommer att ha beviljat mig vad jag har bett dem, men jag vet väl att om mitt arbete varar så länge som denna härlighet, kommer de senaste seklerna att se det, och att mina böcker bara kommer att brännas av den universella eldsvådan som måste förtära hela jorden. Men jag vill inte på prosa säga vad jag säger mig säga på vers, och eftersom människors språk är för lågt för ett så ädelt ämne, vill jag använda gudarnas språk och inte säga Er något mer i detta brev förutom att jag är, med lika mycket respekt som passion och mer än någon annan någonsin var,
madam,
Ers Majestäts
ödmjukaste och lydigaste tjänare
De Scudéry.

English translation (my own):

To the Most Serene Queen of Sweden.
Madame,
The conqueror of Rome goes to place at the feet of Your Majesty the trophies that he raised on the Capitol and present to the greatest queen in the world the glorious spoils of the Queen of the Universe. But, as he has known all that the great Gustav has done, and what is your high reputation among all the nations of the earth, he fears that the hero is not worthy of the heroine and that the offering is too low for such a high altar.

Indeed, Madame, if he were to place at the foot of your throne more crowns than you wear on your coat of arms, this homage, although very illustrious, would be much less so than your virtue; and if it were necessary to proportion to this virtue the things that are presented to you, the scepters of all the kings could hardly suffice. Certainly, Madame, never was a panegyric so easy to make as that of Your Majesty, for in saying that being the daughter of the greatest conqueror of recent centuries is the least of your qualities, I will have said more than has ever been said and more than can ever be said. But I will nevertheless add that the greatness of your soul and that of your mind place Your Majesty as much above queens as queens are above other ladies.

So it is only by this that the glory of being known by you would tempt a soul less ambitious than mine, and the Muses so rarely ascend the throne with those whom fortune makes ascend there that, to see such an extraordinary thing, I would not only go as far as Thule, where Virgil places the last limits of the Old World. But I would go, if necessary, beyond this new one that has since been discovered.

It is said that one must know someone in order to love them, and yet I love without knowing, if the inequality of conditions does not permit this word, and if respect tolerates it. But why should it not be allowed to love kings, who are only the images of God, since God Himself not only allows Himself to be loved, not only commands it, but makes it the first of all these commandments?

So, when I learned that Your Majesty had fallen into the sea, I felt my heart throb at this fatal news; and in the midst of the same peril in which you found yourself, I would have been less pale than I felt then. If this terrible adventure had been such as it was said, the chisel, the brushes and the colours would have fallen from my hands; the triumphal arch that I raised to your glory would have remained imperfect; and it would have been seen only as one sees the illustrious ruins of Rome, where, by the grandeur of a few broken columns, one judges that of the building. God, by whom kings reign, be eternally praised for having preserved for us the greatest queen in the world and the princess of all the Earth who is most worthy of the vows that I make to Heaven and the thanks that I render to it!

I protest to you, Madame, that I have no less veneration for Your Majesty than if I had been born on the shores of the Baltic Sea, and that I doubt even if you meet among the Goths as much admiration and respect as you can find in my heart. Truly, those who have wanted to pass off pyramids, tombs and colossi as the wonders of the universe have indeed told us tacitly that they had no Kristinas in their century, for they would not have amused themselves by describing to us these prodigies of art if they had had to speak to us of such a great miracle of nature.

Dare I tell you so, Madame? Herodotus and Plutarch had always been suspect to me when they had spoken to me of a Scythian philosopher, and I confess to you that I had always regarded their Anacharsis as Xenophon's Cyrus; that is to say, as a beautiful idea which had nothing true in it. But, after having heard all that fame says of Your Majesty, I finally abjure my error; and in spite of the pride of the Romans, who treated all nations as barbarians, I am obliged to admit that the North has now its Minerva in Stockholm, as it formerly had a Diana in Tauride, that wit and virtue have no affected climate, and that they are as well in Stockholm and Uppsala as in Rome or as in Athens.

Since the death of the great Cardinal de Richelieu, my master, I have praised very little of anything praiseworthy; but there is no way to be silent about a royal hand which often deigns to leave the scepter to take our books and which brings back those happy times when we were told that philosophers ruled and kings philosophised.

This, Madame, is what has made me resolve to speak of Your Majesty and to speak of you as I should. I do not know if the greatness of my subject will have made me conceive of something great, and I know that it is not for an ochre grinder to dare to undertake to paint you. But, if my strength has responded to my courage and my zeal, a beautiful Amazon queen will perhaps have her Apelles, as Alexander had his; and the glory of Tomyris and Amalasuintha, your predecessors, will be absolutely obscured by the incomparable brilliance of that of Your Majesty.

Certainly, Madame, you must take it for granted that I am infinitely persuaded of your merit, as I praise it infinitely, for, if that were not the case, all your crowns would not have enough splendour to dazzle me, nor enough gold to make me speak against my own feelings. I profess a virtue too delicate to be a flatterer, and my birth is too noble to take the employ of a slave. It is not enough for me to call myself a porphyrogenite, and if the scepter of kings is not accompanied by royal virtues, I consider it as little as a crook; and I regard those who carry it as kings from a comedy, who are not what they appear, and as bad actors whom fortune makes play.

For a long time one has persuaded me that my style was proper to the heroic poem, but I would never have written one if I had not found a heroine in the person of Your Majesty. Also, even if I were your ambassador at the court of France, I would not show more zeal than I show; and I assure myself, Madame, that the Lord Count Tott, one of the principal ornaments of your court, and who has left such a high reputation for his merit in ours — he to whom I have so often revealed the feelings of my heart — will not refuse to attest to Your Majesty the truths of which I speak to you.

What I tell you about him, Madame, I tell you about the Lord Baron Sparre, your resident, one of the most accomplished gentlemen in the world, being certain that the close friendship with which he honours me comes principally from the fact that he knows the passion I have for your service.

Finally, Madame, I will have lacked art, or you will have what Alexander could not have, and what he envied so much in Achilles, for my mind is so full of the brilliance of your glory that it is almost impossible that some ray of it should not have reflected on what I have written. I know that my poem of Solomon has not displeased Your Majesty, but if, in spite of the constraint of the paraphrase, you have found the epic character in it, it is difficult that I should not have risen when I had all the freedom of my genius and all your greatness as my object.

Your Majesty knows the Greek and Latin muses, the Italian and the Spanish ones; but you will allow me to tell you that you do not yet know the French ones absolutely, because, in order to know what they can do, it is necessary to see them compose a great work and that this work has your virtues as its subject. All those who have had the honour of seeing Your Majesty and who speak to me or write to me about you fill me with joy in telling me that your soul is as great as I have believed it to be; and I have extreme pleasure in seeing that the idea that I have formed of your virtue is Your Majesty's true portrait. It is so high, this great idea, that it sees all nature as beneath you, being certain that I place only God above you and that I place no one in the same rank.

After that, Madame, I admit that one must be very bold to dare to paint you, but I am of a profession which obliges me to be so, and temerity is not a soldier's greatest fault.

For the rest, Madame, if this great painting has the good fortune of pleasing you, as I have a rather lofty heart, I do not propose a small reward for it. Indeed, if all the copper and all the iron in Sweden were gold, and if Your Majesty gave me the ores, my ambition would not be satisfied if you gave me them alone. You must, Madame, give me more than all that if you want me to be content with your liberality, that is to say, Your Majesty must grant me the honour of your benevolence. I believe that it is honourable to be interested in this way, that it is permissible to be miserly in such a noble way, and that it is glorious to aspire to treasures that all those of Croesus did not equal.

Also, although I hold it as a great advantage that Your Majesty approves of what I have done for you, in speaking to you sincerely, the esteem that one owes to one's own enemies when they deserve it would not be enough to satisfy so ardent a passion as that which I have for your service. I look without envy at the marks of your liberality in the hands of others, but I cannot see without pain those of your benevolence unless I share them with those happy men who receive them.

This noble sentiment, which equals scepters and crooks, is the only object that I propose to myself and the only one that can fulfill my ambition; and if Your Majesty were never to honour me with this glorious benevolence, I would use the words of an emperor: "Would to God that I did not know how to write!"

But Your Majesty is too good to reduce me to the harsh necessity of making such an evil wish, and I would know your virtue badly if I could conceive of this criminal thought. It is true that it is a wish that I could make by another feeling, for, Madame, what you write in our language makes the pen fall from our hand, and the beautiful letters that I have seen from Your Majesty are the object of the admiration of all our beautiful minds — and perhaps also of their envy.

Indeed, it is almost the case, Madame, that, as Philip of Macedon asked his son Alexander if he was not ashamed of knowing how to play the lyre so well and sing so well, I do not ask Your Majesty what you are thinking of, knowing how to write so well. But, as the victories of one captain awakened another, these divine letters have made me work with more care; and often, Madame, "everything sleeps in the universe while I am still awake," and often they have made me say to our Muses, in speaking of Your Majesty:

"Furnish my art with gold, jasper and ivory
For the great monument that I raise to her glory.
Share with me this precious work
Which must bear up her name as high as the heavens;
And let us make by our care, despite the destinies,
An immortal work that resists the years,
Which triumphs over time by its solidity,
And which carries her glory to posterity."

I do not know, Madame, if they will have granted me what I have asked of them, but I know well that if my work lasts as long as this glory, the last centuries will see it, and that my books will only be burned by the universal conflagration which must consume the whole Earth. But I do not want to say in prose what I claim to say in verse, and because, for such a noble subject, the language of men is too lowly, I want to use the language of the gods and to tell you nothing more in this letter except that I am, with as much respect as passion and more than anyone else ever was,
Madame,
Your Majesty's
most humble and most obedient servant
De Scudéry.


Above: Kristina.


Above: Georges de Scudéry.

No comments:

Post a Comment