Monday, October 31, 2022

Letter from Anne Doni d'Attichy, Comtesse de Maure, to Madeleine de Souvré, Madame de Sablé, year 1662

Source:

Madame la comtesse de Maure: sa vie et sa correspondance, suivies maximes de Madame de Sablé et d'une étude sur la vie de Mademoiselle de Vandy, page 181, published by Edouard de Barthélemy, 1863


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The letter:

Voilà la lettre de la Reine de Suède pour Mme la marquise. Je m'en vas voir Mme de Longueville que je n'ay point veue depuis le changement sy terrible. Je fus hier au Val de Grâce après avoir esté chez M. Lecogneux et M. de Bailleuil, et le soir je fus au Luxembourg voir le pauvre prince François; ainsy vous voyez que je fis bien des choses. J'avois à parler à la Reine de quelque chose que je vous diray qui ne me regardoit point. J'y trouvay encore Mme de Chevreuze toujours en grande faveur. Elle est fâchée de l'affaire de Lorraine, plaignant les princes qui font une sy grande perte, ou du moins qui sont exposés à une vie sy dure pour essayer de se deffendre de la faire, et je trouvay le prince François dans des sentimens sy généreux que, s'il fait ce qu'il dit, ils se deffendront jusques au bout. Mlle de Scudéry recommande qu'on ne prenne point de copie de la lettre.

With modernised spelling:

Voilà la lettre de la reine de Suède pour Madame la marquise. Je m'en vas voir Madame de Longueville, que je n'ai point vue depuis le changement si terrible. Je fus hier au Val de Grâce après avoir été chez M. Lecogneux et M. de Bailleuil, et le soir je fus au Luxembourg voir le pauvre prince François; ainsi vous voyez que je fis bien des choses. J'avais à parler à la Reine de quelque chose que je vous dirai qui ne me regardait point. J'y trouvai encore Madame de Chevreuse toujours en grande faveur. Elle est fâchée de l'affaire de Lorraine, plaignant les princes qui font une si grande perte, ou du moins qui sont exposés à une vie si dure pour essayer de se défendre de la faire, et je trouvai le prince François dans des sentiments si généreux que, s'il fait ce qu'il dit, ils se défendront jusqu'au bout. Mademoiselle de Scudéry recommande qu'on ne prenne point de copie de la lettre.

Swedish translation (my own):

Här är brevet från Sveriges drottning till madame la Marquise. Jag skall träffa madame de Longueville, som jag inte har sett sedan den fruktansvärda förändringen. Igår var jag i Val de Grâce efter att ha varit hos monsieur Lecogneux och monsieur de Bailleuil, och på kvällen reste jag till Luxemburg för att träffa den stackars prins François; så Ni ser att jag gjorde många saker. Jag måste tala med drottningen om något som jag skall berätta för Er inte berörde mig. Jag fann att madame de Chevreuse fortfarande var i stor favör. Hon är arg på affären med Lothringen och tycker synd om furstarna som lider en så stor förlust, eller åtminstone som utsätts för ett så hårt liv för att försöka försvara sig från att lida det, och jag fann prins François i så generösa känslor att, om han gör som han säger kommer de att försvara sig till slutet. Mademoiselle de Scudéry rekommenderar att ingen kopia av brevet tas.

English translation (my own):

Here is the letter from the Queen of Sweden to Madame la Marquise. I am going to see Madame de Longueville, whom I have not seen since the terrible change. Yesterday I was at Val de Grâce after having been with Monsieur Lecogneux and Monsieur de Bailleuil, and in the evening I went to Luxembourg to see poor Prince François; so you see that I did many things. I had to speak to the Queen about something which I will tell you which did not concern me. I again found Madame de Chevreuse still in great favour. She is angry at the affair of Lorraine, pitying the princes who suffer such a great loss, or at least who are exposed to such a hard life to try to defend themselves from suffering it, and I found Prince François in such generous feelings that, if he does what he says, they will defend themselves to the end. Mademoiselle de Scudéry recommends that no copy of the letter be taken.


Above: Kristina.

Letter to Kristina from Mademoiselle de Scudéry, undated

Source:

Mademoiselle de Scudéry: sa vie et sa correspondance, page 408, published by Edme Jacques Benoît Rathéry, 1873


The letter:

Madame,
Comme la santé est un bien si précieux qu'on ne sent presque plus la possession de tous les autres biens quand on a perdu celui-là, il m'est impossible d'apprendre que la santé de V. M. a été altérée, sans prendre la liberté de lui dire que personne ne peut avoir senti son mal plus vivement que moi; car, encore qu'en me l'apprenant on m'ait assuré que je n'avois rien à craindre pour sa vie, mon cœur en a été sensiblement touché, et j'attends l'ordinaire prochain avec la dernière impatience. J'ai même fait convenir M. de Pellisson, qui partage mes sentiments pour V. M., que les maux des personnes pour qui on a un attachement sincère, et s'il est permis de parler ainsi, une passion de respect, laissent une impression de douleur qui ne s'efface pas dès que le mal est passé, et qu'il faut que le temps ôte la crainte du retour du mal dont on a été alarmé, pour en être tout à fait en repos. Cependant lui et moi faisons des vœux pour l'affermissement de la santé de V. M. qui doit être précieuse pour tout le monde puisqu'elle en est un des plus grands ornements.

En mon particulier, Madame, si V. M. pouvoit savoir de quelle manière je suis sensible à tout ce qui la regarde, elle verroit bien que son mérite m'est toujours présent, et que le temps et l'éloignement ne peuvent m'empêcher d'être toute ma vie, avec la même admiration, le même zèle et le même respect, Madame, de V. M. la très-humble, très-passionnée et très-obéissante servante.
MADELEINE DE SCUDÉRY.

Swedish translation (my own):

Madam,
Eftersom hälsan är en så dyrbar ägodel att man knappt känner ägandet av någon annan godhet som helst när man har förlorat denna, är det omöjligt för mig att lära mig att Ers Majestäts hälsa har förändrats utan att ta mig friheten att säga Er att ingen kunde ha kände Er smärta starkare än jag; ty fastän jag, när jag fick detta höra, försäkrades om att jag inte hade något att frukta för Ert liv, blev mitt hjärta djupt berört av det, och jag väntar nästa vanliga med största otålighet. Jag har till och med fått monsieur de Pellisson, som delar mina känslor för Ers Majestät, att instämma i att sjukdomar hos personer som man har en uppriktig anknytning till, och om det är tillåtet att tala så, en passion för respekt, lämnar ett intryck av smärta som försvinner inte så fort smärtan gått över, och den tiden måste ta bort rädslan för att den smärta som man blivit rädd för att återkomma för att vara helt i vila. Emellertid ställer han och jag önskningar om att stärka Ers Majestäts hälsa, som måste vara dyrbar för hela världen, ty Ni är ju en av dess största prydnader.

I min synnerhet, madam, om Ers Majestät kunde veta på vilket sätt jag är känslig för allt som rör Er, skulle Ni tydligt se att Era förtjänster alltid är närvarande för mig, och att tid och avstånd inte kan hindra mig från att vara hela mitt liv, med samma beundran, samma iver och samma respekt, madam, Ers Majestäts ödmjukaste, mest passionerade och lydigaste tjänarinna.
Madeleine de Scudéry.

English translation (my own):

Madame,
As health is such a precious possession that one hardly feels the possession of any other goods when one has lost this one, it is impossible for me to learn that Your Majesty's health has been altered without taking the freedom to tell you that no one could have felt your pain more keenly than I; for, although when I was told this I was assured that I had nothing to fear for your life, my heart was sensibly touched by it, and I await the next ordinary with the greatest impatience. I have even made Monsieur de Pellisson, who shares my feelings for Your Majesty, agree that the ills of persons for whom one has a sincere attachment, and if it is permissible to speak thus, a passion for respect, leave an impression of pain which does not disappear as soon as the pain has passed, and that time must take away the fear of the return of the pain of which one has been alarmed, in order to be completely at rest. However, he and I make wishes for the strengthening of Your Majesty's health, which must be precious to all the world, as you are one of its greatest ornaments.

In my particular, Madame, if Your Majesty could know in what way I am sensitive to all that concerns you, you would clearly see that your merit is always present to me, and that time and distance cannot prevent me from being all my life, with the same admiration, the same zeal and the same respect, Madame, Your Majesty's most humble, most passionate and most obedient servant.
Madeleine de Scudéry.


Above: Kristina.


Above: Madeleine, Mademoiselle de Scudéry.

Mademoiselle de Scudéry's letter to Anne Doni d'Attichy, Comtesse de Maure, dated October 1655

Source:

Mademoiselle de Scudéry: sa vie et sa correspondance, page 254, published by Edme Jacques Benoît Rathéry, 1873


The letter:

Octobre 1655.
Foi de demoiselle, votre lettre est une des plus agréables lettres du monde. Mais, Madame, n'admirez-vous point qu'à l'exemple de M. de Bouillon qui disoit: «Foi de prince», je n'ai pu m'empêcher de jurer, pour me donner un titre de noblesse, comme il le faisoit pour s'en donner un de principauté? Je sens même que j'ai quelque envie de dire que mon serment est peut-être mieux fondé que le sien. Mais, quoiqu'il en soit, l'histoire de votre lettre est une plaisante histoire, et la manière dont vous l'avez écrite est si ingénieuse, et fait si bien voir tous les personnages de cette aventure, que qui verroit un Tableau du Monde, de votre main, verroit une chose merveilleuse. Au reste, Madame, ceux qui s'imaginent qu'il faut du marbre et du jaspe pour faire un très-beau palais, n'y entendent rien. Du moins, êtes-vous bien plus adroite qu'eux, puisqu'avec un enchaînement de toutes les folies que la vanité peut faire dire et penser, vous faites une des plus belles lettres que je vis jamais. Sincèrement, Madame, je crois la chose comme je la dis, et la flatterie n'y ajoute rien. Je vous en dirois davantage; mais j'ai l'imagination si remplie de cette princesse qui se baigne, de celle qui se couche, de cette dame qui s'assied et se relève, et de ce capucin qui se fourre là, comme diable à miracle, que je ne puis même penser sérieusement à ce que je vous écris. Il paroît bien, Madame, que cela est ainsi, car je vous écris les plus terribles mots du monde; et quand j'aurois été à la cour de la reine de Suède, je ne dirois guère pis. Mais, pour finir plus sagement, je vous en demande pardon, et je vous proteste avec vérité que je suis absolument à vous.

Swedish translation (my own):

Oktober 1655.
Foi de demoiselle, Ert brev är ett av de trevligaste breven i världen. Men, madam, beundrar Ni inte bara exemplet av monsieur de Bouillon, som sade: »Foi de prince«, jag kunde inte låta bli att svära, att ge mig själv en adelstitel, som han gjorde för att ge sig själv en av furstligheten? Jag känner till och med att jag har en viss lust att säga att min ed kanske är bättre grundad än hans. Men hur som helst, berättelsen i Ert brev är trevlig, och sättet som Ni har skrivit det på är så genialiskt och tar fram alla karaktärerna i detta äventyr så bra att den som vill se en tablå av världen, från Er hand, skulle se en underbar sak. Dessutom, madam, de som inbillar sig att marmor och jaspis är nödvändiga för att göra ett mycket vackert palats förstår inte det. Ni är åtminstone mycket skickligare än dem, ty Ni med en rad av alla dårskaper som fåfänga kan få folk att säga och tänka, skriver ett av de vackraste brev jag någonsin sett. Med vänliga hälsningar, madam, jag tror på saken som jag säger den, och smicker tillför ingenting till det. Jag skulle väl berätta mer; men min fantasi är så full av denna prinsessa som badar, av den som går och lägger sig, av denna dam som sätter sig och reser sig och av denne kapuciner som stoppar in sig där, som en djävul med ett mirakel, att jag inte ens kan tänk allvarligt på vad jag skriver till Er. Det tycks verkligen, madam, att det är så, ty jag skriver till Er de mest fruktansvärda ord i världen; och hade jag varit vid Sveriges drottningens hov, skulle jag knappast säga värre. Men för att avsluta mer klokt ber jag Er om ursäkt för det, och jag försäkrar Er med sanning att jag absolut tillhör Er.

English translation (my own):

October 1655.
Foi de demoiselle, your letter is one of the most pleasant letters in the world. But, Madame, do you not admire only the example of Monsieur de Bouillon, who said: "Foi de prince", I could not help but swear, to give myself a title of nobility, as he did to give himself one of principality? I even feel that I have some desire to say that my oath is perhaps better founded than his. But, be that as it may, the story of your letter is a pleasant one, and the manner in which you have written it is so ingenious, and brings out all the characters in this adventure so well, that whoever would see a tableau of the world, from your hand, would see a marvelous thing. Besides, Madame, those who imagine that marble and jasper are necessary to make a very beautiful palace do not understand it. At least, you are much more skillful than them, since with a series of all the follies that vanity can make people say and think, you write one of the most beautiful letters I have ever seen. Sincerely, Madame, I believe the thing as I say it, and flattery adds nothing to it. I would tell you more; but my imagination is so full of this princess who bathes, of the one who goes to bed, of this lady who sits down and gets up, and of this Capuchin who stuffs himself there, like a devil with a miracle, that I cannot even seriously think of what I am writing to you. It certainly appears, Madame, that this is so, for I am writing to you the most terrible words in the world; and had I been at the court of the Queen of Sweden, I would hardly say worse. But, to finish more wisely, I beg your pardon for it, and I assure you with truth that I am absolutely yours.


Above: Kristina.


Above: Madeleine, Mademoiselle de Scudéry.

Electress Sophia of Hannover's account of how she almost met Kristina during a visit to Rome, October-November 1664

Source:

Memoiren der Herzogin Sophie, nachmals Kurfürstin von Hannover, in Publicationen aus den Preussischen Staatsarchiven, volume 4, pages 80 to 82, published by Dr. Adolf Köcher, 1879


The account:

J'entray à Rome incognito le soir avec un train de près de 200 personnes. Le grand-duc de Toscane nous presta un de ses palais, où nous estions très-bien logés. ...

Un jour il luy [Marie Mancini] venoit dans l'esprit de vouloir sauver mon âme. Elle me mena pour ce sujet al Gjesu dans l'église des jésuites, où elle fit venir le prédicateur du pape pour me convertir. Cet homme ne se servit d'autre argument que du grand nombre des jésuites qu'il y avoit au monde, et qui estoient tous sçavans, qu'on pouvoit conclure par là, si la religion romaine n'estoit pas la meilleure, que tant de gens d'esprit n'en voudroient pas estre. Mad. Colonne se trouva estonnée qu'il ne disoit rien de meilleur, et me dit tout bas: «je croiois qu'il auroit dit des meilleures choses, mais je crois qu'il ne devoit pas se conter parmy le grand nombre des sçavans dont il prônoit le sçavoir.» Son général, le père Oliva, pouvoit passer pour estre de ceux-là: il me venoit voir assez souvent et me fit beaucoup de civilité. Il me reçut à la porte de son église le jour de la feste du patron des jésuites, où il m'avoit fait prier de venir pour entendre la musique.

La reine Christine de Suède croioit que j'y reviendrois aussi le lendemain, et s'y rendit pour me voir. Mais par malheur pour moy la fiévre me prit ce jour-là, si bien que je ne la vis point du tout le temps que j'estois à Rome. Car S. M:té ne vouloit pas me traiter chez elle, comme cela m'appartenoit, et le cardinal Azzolini empêcha le rendevous qu'elle avoit voulu me donner dans son jardin, où j'aurois esté ravie de luy faire la révérence. ...

With modernised spelling:

J'entrai à Rome incognito le soir avec un train de près de 200 personnes. Le grand-duc de Toscane nous prêta un de ses palais, où nous étions très bien logés. ...

Un jour il lui [Marie Mancini] venait dans l'esprit de vouloir sauver mon âme. Elle me mena pour ce sujet al Gesù dans l'église des jésuites, où elle fit venir le prédicateur du Pape pour me convertir. Cet homme ne se servit d'autre argument que du grand nombre des jésuites qu'il y avait au monde, et qui étaient tous savants, qu'on pouvait conclure par-là, si la religion romaine n'était pas la meilleure, que tant de gens d'esprit n'en voudraient pas être. Madame Colonne se trouva étonnée qu'il ne disait rien de meilleur, et me dit tout bas: «Je croyais qu'il aurait dit des meilleures choses, mais je crois qu'il ne devait pas se compter parmi le grand nombre des savants dont il prônait le savoir.» Son général, le père Oliva, pouvait passer pour être de ceux-là: il me venait voir assez souvent et me fit beaucoup de civilité. Il me reçut à la porte de son église le jour de la fête du patron des jésuites, où il m'avait fait prier de venir pour entendre la musique.

La reine Christine de Suède croyait que j'y reviendrais aussi le lendemain, et s'y rendit pour me voir. Mais par malheur pour moi la fièvre me prit ce jour-là, si bien que je ne la vis point du tout le temps que j'étais à Rome. Car Sa Majesté ne voulait pas me traiter chez elle, comme cela m'appartenait, et le cardinal Azzolini empêcha le rendezvous qu'elle avait voulu me donner dans son jardin, où j'aurais été ravie de lui faire la révérence. ...

Swedish translation (my own):

Jag gick in i Rom inkognito på kvällen med ett tåg på nästan 200 personer. Storhertigen av Toscana lånade oss ett av sina palats, där vi var mycket väl inkvarterade. ...

En dag kom det i hennes sinne [Marie Mancini] att vilja rädda min själ. Hon tog mig om detta ämne al Gesù i jesuitkyrkan, dit hon skickade efter påvens predikant för att omvända mig. Denne man använde inget annat argument än det stora antal jesuiter som fanns i världen, och som alla var lärda, att man därav kunde dra slutsatsen, om den romerska religionen inte var den bästa, att så många smarta människor inte skulle vilja vara ett. Madama Colonna blev förvånad över att han inte sa något bättre och sade till mig med låg röst: »Jag trodde att han skulle ha sagt bättre saker, men jag tror att han inte borde räknas till det stora antal forskare vars kunskap han förespråkade.« Hans general, fader Oliva, kunde passera för att vara en av dem: han kom för att träffa mig ganska ofta och visade mig en hel del artighet. Han tog emot mig vid dörren till sin kyrka på festdagen för jesuiternas skyddshelgon, dit han hade bett mig komma för att höra musiken.

Drottning Kristina av Sverige trodde att jag också skulle återvända dit nästa dag, och åkte dit för att träffa mig. Men olyckligtvis för mig tog febern tag i mig den dagen, så att jag inte såg henne alls medan jag var i Rom. Ty Hennes Majestät ville inte traktera mig i hennes hus, som det tillkom mig, och kardinal Azzolini förhindrade den rendezvous, som hon hade velat ge mig i sin trädgård, där jag skulle ha varit glad att göra reverens för henne. ...

English translation (my own):

I entered Rome incognito in the evening with a train of nearly 200 people. The Grand Duke of Tuscany lent us one of his palaces, where we were very well lodged. ...

One day it came into her mind [Marie Mancini] to want to save my soul. She took me on this subject al Gesù in the Jesuit church, where she sent for the Pope's preacher to convert me. This man used no other argument than the large number of Jesuits there were in the world, and who were all learned, that one could conclude from this, if the Roman religion was not the best, that so many clever people would not like to be one. Madama Colonna found herself surprised that he said nothing better, and said to me in a low voice: "I thought he would have said better things, but I think he should not be counted among the great number of scholars whose knowledge he advocated." His general, Father Oliva, could pass for being one of them: he came to see me quite often and showed me a great deal of civility. He received me at the door of his church on the feast day of the patron saint of the Jesuits, where he had asked me to come to hear the music.

Queen Kristina of Sweden believed that I would also return there the next day, and went there to see me. But, unfortunately for me, the fever seized me that day, so that I did not see her at all while I was in Rome. For Her Majesty did not wish to treat me at her house, as that appertained to me, and Cardinal Azzolini prevented the appointment which she had wished to give me in her garden, where I would have been delighted make my reverence to her. ...


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.


Above: Anna Maria "Marie" Mancini, Madama Colonna.


Above: Electress Sophia of Hanover.

Kristina's letter to King Karl XI, in favour of Lady Anna Stiernefält, dated May 14/24 (Old Style), 1661

Source:

Samlingar och anteckningar till en beskrifning öfver Ydre Härad i Östergöthland, volume 3, page 127, by Leonard Fredrik Rääf, 1861


The letter:

Stormächtigaste Konungh Elskelige Kiäre Her Son.
Dhen sidsta böön som iagh för dhenna gångh hooss Eders Kongl. Maij:tt har att inläggia, ähr dhenna för Fru Anna Stiernefält, som ödmiukeligen åstundar Eders Kongl. Maij:ttz confirmation på hennes ringa godz, så her i Östergiöthlandh, som Sudermanlandh belägne, hwilke henne elliest aff min Salige Fru Modher ähre gifne och aff migh i varande Min Regemäntztijdh confirmerade wordne. Edhers Kongl. Maij:tt bewijsar migh herigenom, een serdeles wänskap och henne en incomparabel Kongl. Nådh, helst om henne i lijka måtto dhen fiärdeparten måtte blifwa efftergifwen, hwar om Eders Kongl. Maij:tt iagh på dhet kiärligaste will hafwa ombidit, såsom dhen dher intett hellre åstundar ähn att wara och blifwa
Edhers Kongl. Maij:ts
Affectionerade Modher
Christina Alexandra.
Joachim Stropp.
Linkööpingh dhen
14 Maij 1661.

With modernised spelling:

Stormäktigste Konung, Älsklige Käre Herr Son,
Den sista bön som jag för denna gång hos Eders Kungliga Majestät har att inlägga är denna för fru Anna Stiernefält, som ödmjukligen åstundar Eders Kungliga Majestäts konfirmation på hennes ringa gods, såhär i Östergötland som Södermanland belägna, vilka henne eljest av min saliga frumoder äro givna och av mig i varande min regementstid konfirmerade vordna. Eders Kungliga Majestät bevisar mig härigenom en särdeles vänskap och henne en inkomparabel kungliga nåd, helst om henne i lika måtto den fjärdeparten måtte bliva eftergiven, varom Eders Kungliga Majestät jag på det kärligaste vill hava ombedit, såsom den där intet hellre åstundar än att vara och bliva
Eders Kungliga Majestäts
affektionerade moder
Kristina Alexandra.
Joakim Stropp.
Linköping, den 14 maj 1661.

French translation (my own):

Très Puissant Roi, monsieur mon très cher Fils,
La dernière prière que j'ai pour cette fois avec Votre Majesté Royale est celle-ci pour madame Anne Stiernefält, qui demande humblement la confirmation de Votre Majesté Royale sur ses petits domaines, à la fois dans l'Ostrogothie et la Sudermanie, qui lui ont été autrement donnés par madame ma feu mère et confirmés par moi pendant mon règne. Votre Majesté Royale me prouve par la présente une amitié particulière et une grâce royale incomparable, de préférence si la quatrième partie peut lui être remise à parts égales, ce pour quoi je prie très affectueusement Votre Majesté Royale, car elle qui ne désire rien de mieux que être et rester
de Votre Majesté
l'affectionnée mère
Christine Alexandra.
Joachim Stropp.
Linköping, le 14 mai 1661.

English translation (my own):

Most Powerful King, my beloved lord Son,
The last prayer that I have for this time with Your Royal Majesty is this one for Lady Anna Stiernefält, who humbly requests Your Royal Majesty's confirmation on her small estates, both in Östergötland and Södermanland, which were otherwise given to her by my late Lady Mother and confirmed by me during my reign. Your Royal Majesty hereby proves to me a special friendship and to her an incomparable royal grace, preferably if the fourth part may be remitted to her in equal measure, for which I would most lovingly request Your Royal Majesty, as she who desires nothing better than to be and remain
Your Majesty's
affectionate mother
Kristina Alexandra.
Joakim Stropp.
Linköping, May 14, 1661.


Above: Kristina.


Above: King Karl XI of Sweden.

Note: In French Kristina addressed Karl as her/his/their brother and nephew, whereas in Swedish she/he/they addressed him as her/his/their son. In accordance with the nobility's ideals of friendship in the early modern era, kings and queens saw themselves as siblings; and because Kristina had adopted her cousin Karl Gustav, Karl's father, as her/his/their son in order to make him her/his/their heir, he inherited that title upon his father's death.

Kristina's letter to Prince Karl, the future King Karl XII, dated June 20/30 (Old Style), 1688

Source:

Drottning Kristinas bref till Karl XII, article written for Svea: folk-kalender för 1889, volume 45, pages 160 and 161, published by Albert Bonniers Förlag, 1889


Kristina's letter of the same day to Prince Karl's grandmother, Queen Hedvig Eleonora, is here:



The letter:

Mon cher Nepueu; J'ay ordonné a mon Gentilhomme de Chambre et Enuoyé Extraordinaire le Jeune Marquis de Bourbon del Monte de Vous faire bien Sa Cour pendant Son Sejour en Suede, et de Vous asseurer de la tendresse de mon affection pour Vous. Je vous prie de croire tout ce qu'il vous en dira de ma part et d'estre persuadé que Je Suis
Mon cher Nepueu
Vostre bonne Tante
Christine Alessandre.
Rome ce 20. Juin 1688.

With modernised spelling:

Mon cher neveu,
J'ai ordonné a mon gentilhomme de Chambre et envoyé extraordinaire, le jeune marquis de Bourbon del Monte, de vous faire bien sa cour pendant son séjour en Suède et de vous assurer de la tendresse de mon affection pour vous. Je vous prie de croire tout ce qu'il vous en dira de ma part et d'être persuadé que je suis,
Mon cher neveu,
Votre bonne tante
Christine Alessandre.
Rome, ce 20 juin 1688.

Swedish translation (by anonymous):

Min kära Nevö, jag har befalt min kammarherre och utomordentliga sändebud, den unge markisen de Bourbon del Monte, att under sin vistelse i Sverige göra Eder sin uppvaktning och försäkra Er om ömheten af den tillgifvenhet jag för Eder hyser. Jag ber Er tro allt hvad han å mina vägnar derom säger Er och ber Er vara öfvertygad att jag är, Min kära Nevö, Eder goda tante Christina Alessandra. Rom 20 juni 1688.

English translation (my own):

My dear nephew,
I have ordered my chamberlain and Envoy Extraordinary, the young Marquis de Bourbon del Monte, to pay his court to you during his stay in Sweden and to assure you of the tenderness of my affection for you. I beg you to believe everything he tells you about me and to be persuaded that I am,
My dear nephew,
Your good aunt
Kristina Alessandre.
Rome, June 20, 1688.


Above: Kristina.


Above: Prince Karl with his sisters the princesses Hedvig Sofia and Ulrika Eleonora the Younger.

Excerpt from Elisabeth Charlotte of Orléans's letter to Electress Sophia of Hanover, dated May 12/22 (New Style), 1707

Sources:

Briefe der Herzogin Elisabeth Charlotte von Orleans, page 268, published by Hans Ferdinand Helmolt, 1924


Die Briefe der Liselotte von der Pfalz, Herzogin von Orleans, page 239, published by C. Künzel, 1923


The letter excerpt:

Marly den 22. May 1707
... Jch weiß nicht, was man princes Elisabeth hatt zu Bamberg in ihrer abjuration leßen machen; mir ließ man nur etwaß vor, wozu ich ja oder nein sagen mußte, welches ich auch recht nach meinem sinn gethan undt ein par mahl "nein" gesagt, wo man wolte, daß ich "ja" sagen sollte, es ging aber noch durch, muste in mich selber drüber lachen. Gegen der eltern verdammung habe ich so hoch protestirt, daß nichts davon bey mir ist gesprochen worden. Jch hörte genaw zu undt andtwortte gantz nach meinem sinn; das hatt aber princes Elisabeth nicht thun können, weillen sie leßen muste. Ohne hertzklopffen können solche spectaclen nicht vorgehen. Die Königin Christine war effrontirt, drumb kam ihr dießes wie eine farce vor. ...

With modernised spelling:

Marly, den 22. Mai 1707
... Ich weiß nicht, was man Prinzess Elisabeth hat zu Bamberg in ihrer Abjuration lesen machen; mir ließ man nur etwas vor, wozu ich ja oder nein sagen musste, welches ich auch recht nach meinem Sinn getan und ein paar Mal »nein« gesagt, wo man wollte, dass ich »ja« sagen sollte, es ging aber noch durch, musste in mich selber drüber lachen. Gegen der Eltern Verdammung habe ich so hoch protestiert, dass nichts davon bei mir ist gesprochen worden. Ich hörte genau zu und antwortete ganz nach meinem Sinn; das hat aber Prinzess Elisabeth nicht tun können, weil sie lesen musste. Ohne Herzklopfen können solche Spektakeln nicht vorgehen. Die Königin Christine war effrontiert, drum kam ihr dieses wie eine Farce vor. ...

French translation (my own):

Marly, le 22 mai 1707.
... Je ne sais ce qu'on a fait lire à la princesse Elisabeth dans son abjuration à Bamberg; on m'a seulement lu quelque chose auquel je devais dire oui ou non, ce que j'ai fait selon mon sens et j'ai dit «non» quelques fois où l'on voulait que je dise «oui», mais j'ai quand même réussi, j'ai dû rire pour moi-même à ce sujet. J'ai tellement protesté contre la condamnation de mes parents qu'on ne m'en a rien dit. J'ai écouté attentivement et j'ai répondu comme je le sentais; mais la princesse Elisabeth ne pouvait pas faire cela parce qu'elle devait lire. De tels spectacles ne peuvent se produire sans palpitations cardiaques. La reine Christine fut effrontée, donc cela lui a semblé être une farce.

Swedish translation (my own; using some archaic language):

Marly, den 22 maj 1707.
... Jag vet inte vad de fick prinsessan Elisabeth att läsa i sin abjuration på Bamberg; man läste mig bara något före vartill jag måste säga ja eller nej, vilket jag gjort ock rätt efter mitt sinne och sade »nej« några gånger var man ville att jag skulle säga »ja«, men det gick ändå igenom, jag måste le vid mig själv därom. Jag har protesterat mot föräldrarnas fördömande så högt att inget därav är vordna talat till mig. Jag hörte noga till och svarade ganska efter mitt sinne; men prinsessan Elisabeth har inte kunnat göra det som hon måste läsa. Sådana spektakler kan inte föregå utan hjärtklappande. Drottning Kristina var effronterad, därom detta kom henne före som en fars.

English translation (my own):

Marly, May 22, 1707.
... I don't know what they made Princess Elisabeth read in her abjuration at Bamberg; I was only read something to which I had to say yes or no, which I did according to my sense and said "no" a few times where they wanted me to say "yes", but still got through, I had to laugh to myself about it. I have protested against the condemnation of my parents so much that none of it has been spoken to me. I listened carefully and answered as I felt; but Princess Elisabeth could not do that because she had to read. Such spectacles cannot happen without heart palpitations. Queen Kristina was affronted, so this seemed like a farce to her. ...


Above: Kristina.


Above: Elisabeth Charlotte of Orléans, Princess of Pfalz-Simmern.


Above: Electress Sophia of Hanover.


Above: Princess Elisabeth Christine of Braunschweig-Wolfenbüttel.

Notes: Abjuration = Abschwörung.

ließ = las.

effrontiert = frech.

Farce = Posse.

René Descartes' letter to Pierre Hector Chanut, dated November 10/20 (New Style), 1647

Source:

Œuvres de Descartes, correspondance V: mai 1647-février 1650, page 87, published by Charles Adam and Paul Tannery, 1903


The letter:

Monsieur,
Il est vray que i'ay coûtume de refuser d'écrire mes pensées touchant la Morale, & cela pour deux raisons: l'vne, qu'il n'y a point de matiere d'où les malins puissent plus aysement tirer des pretextes pour calomnier; l'autre, que ie croy qu'il n'appartient qu'aux Souuerains, ou à ceux qui sont authorisez par eux, de se méler de regler les mœurs des autres. Mais ces deux raisons cessent en l'occasion que vous m'auez fait l'honneur de me donner, en m'écriuant, de la part de l'incomparable Reyne auprés de laquelle vous estes, qu'il luy plaist que ie luy écriue mon opinion touchant le souuerain bien; car ce commandement m'autorise assez, & i'espere que ce que i'écris ne sera vû que d'elle & de vous. C'est pourquoy ie souhaite auec tant de passion de luy obeïr, que, tant s'en faut que ie me reserue, ie voudrois pouuoir entasser en vne lettre tout ce que i'ay iamais pensé sur ce suiet. En effet, i'ay voulu mettre tant de choses en celle que ie me suis hazardé de luy écrire, que i'ay peur de n'y auoir rien assez expliqué. Mais, pour suppléer à ce défaut, ie vous enuoye vn recueil de quelques autres lettres, où i'ay deduit plus au long les mesmes choses. Et i'y ay ioint vn petit traitté des Passions, qui n'en est pas la moindre partie; car ce sont principalement elles qu'il faut tascher de connoistre, pour obtenir le souuerain bien que i'ay décrit. Si i'auois aussi osé y ioindre les réponses que i'ay eu l'honneur de receuoir de la Princesse à qui ces lettres sont adressées, ce recueil auroit esté plus accomply, & i'en eusse encore pû adjoûter deux ou trois des miennes, qui ne sont pas intelligibles sans cela; mais i'aurois dû luy en demander permission, & elle est maintenant bien loin d'icy.

Au reste, ie ne vous prie point de presenter d'abord ce recueil à la Reyne; car i'aurois peur de ne pas garder assez le respect & la veneration que ie dois à sa Maiesté, si ie luy enuoyois des lettres que i'ay faites pour vne autre personne, plustost que de luy écrire à elle-mesme ce que ie pourray iuger luy estre agreable; mais, si vous trouuez bon de luy en parler, disant que c'est à vous que ie les ay enuoyées, & qu'apres cela elle desire de les voir, ie seray libre de ce scrupule. Et ie me suis persuadé qu'il luy sera peut-estre plus agreable, de voir ce que i'ay ainsi écrit à vne autre, que s'il luy auoit esté adressé; pource qu'elle pourra s'assurer dauantage que ie n'ay rien changé ou déguisé en sa consideration. Mais ie vous prie que ces écrits ne tombent point, s'il est possible, en d'autres mains, & de vous assurer que ie suis, autant que ie puis estre,
Monsieur,
Vostre tres-humble & tres-obligé
seruiteur, DESCARTES.
D'Egmond, ce 20 Nouembre 1647.

With modernised spelling:

Monsieur,
Il est vrai que j'ai coutume de refuser d'écrire mes pensées touchant la morale, et cela pour deux raisons: l'une, qu'il n'y a point de matière d'où les malins puissent plus aisément tirer des prétextes pour calomnier; l'autre, que je crois qu'il n'appartient qu'aux souverains, ou à ceux qui sont autorisés par eux, de se mêler de régler les mœurs des autres. Mais ces deux raisons cessent en l'occasion que vous m'avez fait l'honneur de me donner, en m'écrivant, de la part de l'incomparable Reine auprès de laquelle vous êtes, qu'il lui plaît que je lui écrive mon opinion touchant le souverain bien; car ce commandement m'autorise assez, et j'espère que ce que j'écris ne sera vu que d'elle et de vous. C'est pourquoi je souhaite avec tant de passion de lui obéir que, tant s'en faut que je me réserve, je voudrais pouvoir entasser en une lettre tout ce que j'ai jamais pensé sur ce sujet. En effet, j'ai voulu mettre tant de choses en celle que je me suis hazardé de lui écrire, que j'ai peur de n'y avoir rien assez expliqué. Mais, pour suppléer à ce défaut, je vous envoie un recueil de quelques autres lettres, où j'ai déduit plus au long les mêmes choses. Et j'y ai joint un petit traité des passions, qui n'en est pas la moindre partie; car ce sont principalement elles qu'il faut tâcher de connaître pour obtenir le souverain bien que j'ai décrit. Si j'avais aussi osé y joindre les réponses que j'ai eu l'honneur de recevoir de la princesse à qui ces lettres sont adressées, ce recueil aurait été plus accompli, et j'en eusse encore pu ajouter deux ou trois des miennes, qui ne sont pas intelligibles sans cela; mais j'aurais dû lui en demander permission, et elle est maintenant bien loin d'ici.

Au reste, je ne vous prie point de présenter d'abord ce recueil à la Reine; car j'aurais peur de ne pas garder assez le respect et la vénération que je dois à Sa Majesté, si je lui envoyais des lettres que j'ai faites pour une autre personne, plutôt que de lui écrire à elle-même ce que je pourrai juger lui être agréable; mais, si vous trouvez bon de lui en parler, disant que c'est à vous que je les ai envoyées, et qu'après cela elle désire de les voir, je serai libre de ce scrupule. Et je me suis persuadé qu'il lui sera peut-être plus agréable de voir ce que j'ai ainsi écrit à une autre, que s'il lui avait été adressé; pource qu'elle pourra s'assurer davantage que je n'ai rien changé ou déguisé en sa considération. Mais je vous prie que ces écrits ne tombent point, s'il est possible, en d'autres mains, et de vous assurer que je suis, autant que je puis être,
Monsieur,
Votre très humble et très obligé
serviteur, Descartes.
d'Egmond, ce 20 novembre 1647.

Swedish translation (my own):

Monsieur,
Det är sant att jag har för vana att vägra skriva ner mina tankar som rör moral, och det av två anledningar: en, att det inte finns något ämne från vilket de smarta lättare kan dra förevändningar för att förtala; den andra, att jag tror att det endast tillhör suveräner, eller till dem som är auktoriserade av dem, att blanda sig i att reglera andras moral. Men dessa två skäl upphöra vid det tillfälle som Ni har gjort mig den äran att ge mig genom att skriva till mig på uppdrag av den oförlikneliga drottningen hos vilken Ni är, att det behagar henne att jag skriver till henne min åsikt rörande den suveräna godheten; ty detta befallning bemyndigar mig nog, och jag hoppas, att det jag skriver endast skall ses av henne och av Er. Det är därför jag så passionerat vill lyda henne att jag, långt ifrån att hålla mig själv i reserv, skulle vilja kunna stoppa i ett brev allt jag någonsin har tänkt på detta ämne. Jag ville faktiskt lägga så många saker i den att jag tog risken att skriva till henne, att jag är rädd att jag inte har förklarat något tillräckligt. Men för att kompensera för denna defekt, sänder jag Er en samling av några andra brev, av vilka jag har utläst samma saker i större utsträckning. Och jag har lagt till en liten avhandling om passionerna, som inte är den minsta delen av den; ty det är i huvudsak dessa man måste försöka känna till för att erhålla den suveräna godheten som jag har beskrivit. Om jag även därtill hade vågat tillägga de svar som jag hade äran att erhålla från prinsessan till vilken dessa brev är riktade, så skulle denna samling varit mera fullständig, och jag skulle fortfarande kunnat lägga två eller tre av mina egna, som annars är obegripliga; men jag borde ha bett henne om lov, och hon är nu långt härifrån.

För övrigt ber jag Er inte att först presentera denna samling för drottningen; ty jag vore rädd för att inte behålla tillräckligt med den respekt och vördnad som jag är skyldig Hennes Majestät om jag skickade henne de brev som jag skrev för en annan person, hellre än att skriva till henne själv vad jag kan bedöma vara henne behaglig; men om Ni finner det lämpligt att tala med henne om det och säga att jag har sänt dem till Er och att hon efter det vill se dem, så blir jag fri från denna skruppel. Och jag har övertygat mig själv om att det kanske kommer att vara henne angenämare att se vad jag sålunda har skrivit till en annan än om det hade varit riktat till henne; så hon kan vara mer säker på att jag inte har ändrat eller förtäckt något för hennes hänsyn. Men jag ber Er att dessa skrifter inte faller, om möjligt, i andra händer, och för att försäkra Er om att jag är, så mycket jag kan vara,
Monsieur,
Er ödmjukaste och förbundnaste
tjänare, Descartes.
Egmond, den 20 november 1647.

English translation (my own):

Monsieur,
It is true that I have a habit of refusing to write down my thoughts touching morality, and that for two reasons: one, that there is no subject from which the clever can more easily draw pretexts to calumniate; the other, that I believe that it belongs only to sovereigns, or to those who are authorised by them, to interfere in regulating the morals of others. But these two reasons cease on the occasion that you have done me the honour to give me, by writing to me on behalf of the incomparable Queen with whom you are, that it pleases her that I write to her my opinion touching the sovereign good; for this command authorises me enough, and I hope that what I write will be seen only by her and by you. This is why I desire so passionately to obey her that, far from keeping myself in reserve, I would like to be able to cram into a letter everything that I have ever thought on this subject. In fact, I wanted to put so many things in the one that I took the risk of writing to her, that I am afraid I have not explained anything sufficiently. But, to make up for this defect, I am sending you a collection of some other letters, from which I have deduced the same things at greater length. And I have added to it a little treatise on the passions, which is not the least part of it; for it is principally these that one must try to know in order to obtain the sovereign good which I have described. If I had also dared to add to it the replies which I had the honour of receiving from the princess to whom these letters are addressed, this collection would have been more complete, and I would still have been able to add two or three of my own, which are otherwise unintelligible; but I should have asked her permission, and she is now a long way from here.

For the rest, I do not ask you to first present this collection to the Queen; for I would be afraid of not retaining enough of the respect and veneration which I owe to Her Majesty if I sent her the letters which I wrote for another person, rather than writing to her herself what I may judge to be pleasing to her; but if you see fit to speak to her about it, saying that I sent them to you, and that after that she wishes to see them, I will be free from this scruple. And I have persuaded myself that it will perhaps be more agreeable to her to see what I have thus written to another than if it had been addressed to her; so she may be more certain that I have not altered or disguised anything for her consideration. But I beg you that these writings do not fall, if possible, into other hands, and to assure you that I am, as much as I can be,
Monsieur,
Your most humble and most obliged
servant, Descartes.
Egmond, November 20, 1647.


Above: Kristina.


Above: René Descartes.

Letter to Kristina from René Descartes, dated November 10/20 (New Style), 1647

Source:

Œuvres de Descartes, correspondance V: mai 1647-février 1650, page 81, published by Charles Adam and Paul Tannery, 1903


The letter:

Madame,
I'ay apris de Monsieur Chanut qu'il plaist à vostre Maiesté que i'aye l'honneur de luy exposer l'opinion que i'ay touchant le Souuerain Bien, consideré au sens que les Philosophes anciens en ont parlé; et ie tiens ce commandement pour vne si grande faueur, que le desir que i'ay d'y obeïr me détourne de toute autre pensée, & fait que, sans excuser mon insuffisance, ie mettray icy, en peu de mots, tout ce que ie pourray sçauoir sur cette matiere.

On peut considerer la bonté de chaque chose en elle-mesme, sans la rapporter à autruy, auquel sens il est euident que c'est Dieu qui est le souuerain bien, pource qu'il est incomparablement plus parfait que les creatures; mais on peut aussi la rapporter à nous, & en ce sens, ie ne voy rien que nous deuions estimer bien, sinon ce qui nous appartient en quelque façon, & qui est tel, que c'est perfection pour nous de l'auoir. Ainsi les Philosophes anciens, qui, n'estant point éclairez de la lumiere de la Foy, ne sçauoient rien de la beatitude surnaturelle, ne consideroient que les biens que nous pouuons posseder en cette vie; & c'estoit entre ceux-là qu'ils cherchoient lequel estoit le souuerain, c'est à dire le principal & le plus grand.

Mais, afin que ie le puisse déterminer, ie considere que nous ne deuons estimer biens, a nostre égard, que ceux que nous possedons, ou bien que nous auons pouuoir d'acquerir. Et cela posé, il me semble que le souuerain bien de tous les hommes ensemble est vn amas ou vn assemblage de tous les biens, tant de l'ame que du corps & de la fortune, qui peuuent estre en quelques hommes; mais que celuy d'vn chacun en particulier est toute autre chose, & qu'il ne consiste qu'en vne ferme volonté de bien faire, & au contentement qu'elle produit. Dont la raison est que ie ne remarque aucun autre bien qui me semble si grand, ny qui soit entierement au pouuoir d'vn chacun. Car, pour les biens du corps & de la fortune, ils ne dependent point absolument de nous; & ceux de l'ame se raportent tous à deux chefs, qui sont, l'vn de connoistre, & l'autre de vouloir ce qui est bon; mais la connoissance est souuent au delà de nos forces; c'est pourquoy il ne reste que nostre volonté, dont nous puissions absolument disposer. Et ie ne voy point qu'il soit possible d'en disposer mieux, que si l'on a tousiours vne ferme & constante resolution de faire exactement toutes les choses que l'on iugera estre les meilleures, & d'employer toutes les forces de son esprit à les bien connoistre. C'est en cela seul que resulte tousiours le plus grand & le plus solide contentement de la vie. Ainsi i'estime que c'est en cela que consiste le souuerain bien.

Et par ce moyen ie pense accorder les deux plus contraires & plus celebres opinions des anciens, à sçauoir celle de Zenon, qui l'a mis en la vertu ou en l'honneur, & celle d'Epicure, qui l'a mis au contentement, auquel il a donné le nom de volupté. Car, comme tous les vices ne viennent que de l'incertitude & de la foiblesse qui suit l'ignorance, & qui fait naistre les repentirs; ainsi la vertu ne consiste qu'en la resolution & la vigueur auec laquelle on se porte à faire les choses qu'on croit estre bonnes, pouruû que cette vigueur ne vienne pas d'opiniastreté, mais de ce qu'on sçait les auoir examinées, qu'on en a moralement de pouuoir. Et bien que ce qu'on fait alors puisse estre mauuais, on est assuré neantmoins qu'on fait son deuoir; au lieu que, si on execute quelque action de vertu, & que cependant on pense mal faire, ou bien qu'on neglige de sçauoir ce qui en est, on n'agit pas en homme vertueux. Pour ce qui est de l'honneur & de la loüange, on les attribuë souuent aux autres biens de la fortune; mais, pource que ie m'assure que vostre Maiesté fait plus d'estat de sa vertu que de sa couronne, ie ne craindray point icy de dire qu'il ne me semble pas qu'il y ait rien que cette vertu qu'on ait iuste raison de loüer. Tous les autres biens meritent seulement d'estre estimez, & non point d'estre honorez ou loüez, si ce n'est en tant qu'on presuppose qu'ils sont acquis ou obtenus de Dieu par le bon vsage du libre arbitre. Car l'honneur & la loüange est vne espece de recompense, & il n'y a rien que ce qui depend de la volonté, qu'on ait suiet de recompenser ou de punir.

Il me reste encore icy à prouuer que c'est de ce bon vsage de libre arbitre, que vient le plus grand & le plus solide contentement de la vie; ce qui me semble n'estre pas difficile, pource que, considerant auec soin en quoy consiste la volupté ou le plaisir, & generalement toutes les sortes de contentemens qu'on peut auoir, ie remarque, en premier lieu, qu'il n'y en a aucun qui ne soit entierement en l'ame, bien que plusieurs dependent du corps; de mesme que c'est aussi l'ame qui voit, bien que ce soit par l'entremise des yeux. Puis ie remarque qu'il n'y a rien qui puisse donner du contentement à l'ame, sinon l'opinion qu'elle a de posseder quelque bien, & que souuent cette opinion n'est en elle qu'vne representation fort confuse, & mesme que son vnion auec le corps est cause qu'elle se represente ordinairement certains biens incomparablement plus grands qu'ils ne sont; mais que, si elle connoissoit distinctement leur iuste valeur, son contentement seroit tousiours proportionné à la grandeur du bien dont il procederoit. Ie remarque aussi que la grandeur d'vn bien, à nostre égard, ne doit pas seulement estre mesurée par la valeur de la chose en quoy il consiste, mais principalement aussi par la façon dont il se raporte à nous; & qu'outre que le libre arbitre est de soy la chose la plus noble qui puisse estre en nous, d'autant qu'il nous rend en quelque façon pareils à Dieu & semble nous exemter de luy estre suiets, & que, par consequent, son bon vsage est le plus grand de tous nos biens, il est aussi celuy qui est le plus proprement nostre & qui nous importe le plus, d'où il suit que ce n'est que de luy que nos plus grands contentemens peuuent proceder. Aussi voit-on, par exemple, que le repos d'esprit & la satisfaction interieure que sentent en eux-mesmes ceux qui sçauent qu'ils ne manquent iamais à faire leur mieux, tant pour connoistre le bien que pour l'acquerir, est vn plaisir sans comparaison plus doux, plus durable & plus solide que tous ceux qui viennent d'ailleurs.

I'obmets encore icy beaucoup d'autres choses, pource que, me representant le nombre des affaires qui se rencontrent en la conduitte d'vn grand Royaume, & dont vostre Maiesté prend elle-mesme les soins, ie n'ose luy demander plus longue audience. Mais i'enuoye à M. Chanut quelques écrits, où i'ay mis mes sentimens plus au long touchant la mesme matiere, afin que, s'il plaist à vostre Maiesté de les voir, il m'oblige de les luy presenter, & que cela ayde à témoigner auec combien de zele & de deuotion, ie suis,
Madame,
De V[ostre] Maiesté
Le tres-humble & tres-obeïssant
seruiteur, DESCARTES.
D'Egmond, ce 20 Nouembre 1647.

With modernised spelling:

Madame,
J'ai appris de Monsieur Chanut qu'il plaît à Votre Majesté que j'aie l'honneur de lui exposer l'opinion que j'ai touchant le souverain bien, considéré au sens que les philosophes anciens en ont parlé; et je tiens ce commandement pour une si grande faveur que le désir que j'ai d'y obéir me détourne de toute autre pensée, et fait que, sans excuser mon insuffisance, je mettrai ici, en peu de mots, tout ce que je pourrai savoir sur cette matière.

On peut considérer la bonté de chaque chose en elle-même, sans la rapporter à autrui, auquel sens il est évident que c'est Dieu qui est le souverain bien, pource qu'il est incomparablement plus parfait que les créatures; mais on peut aussi la rapporter à nous, et en ce sens, je ne vois rien que nous devions estimer bien, sinon ce qui nous appartient en quelque façon, et qui est tel que c'est perfection pour nous de l'avoir. Ainsi les philosophes anciens, qui, n'étant point éclairés de la lumière de la foi, ne savaient rien de la béatitude surnaturelle, ne considéraient que les biens que nous pouvons posséder en cette vie; et c'était entre ceux-là qu'ils cherchaient lequel était le souverain, c'est-à-dire le principal et le plus grand.

Mais, afin que je le puisse déterminer, je considère que nous ne devons estimer biens, à notre égard, que ceux que nous possédons, ou bien que nous avons pouvoir d'acquérir. Et cela posé, il me semble que le souverain bien de tous les hommes ensemble est un amas ou un assemblage de tous les biens, tant de l'âme que du corps et de la fortune, qui peuvent être en quelques hommes; mais que celui d'un chacun en particulier est toute autre chose, et qu'il ne consiste qu'en une ferme volonté de bien faire, et au contentement qu'elle produit. Dont la raison est que je ne remarque aucun autre bien qui me semble si grand, ni qui soit entièrement au pouvoir d'un chacun. Car, pour les biens du corps et de la fortune, ils ne dependent point absolument de nous; et ceux de l'âme se rapportent tous à deux chefs, qui sont, l'un de connaître, et l'autre de vouloir ce qui est bon; mais la connaissance est souvent au delà de nos forces; c'est pourquoi il ne reste que notre volonté, dont nous puissions absolument disposer. Et je ne vois point qu'il soit possible d'en disposer mieux que si l'on a toujours une ferme et constante résolution de faire exactement toutes les choses que l'on jugera être les meilleures, et d'emploier toutes les forces de son esprit à les bien connaître. C'est en cela seul que résulte toujours le plus grand et le plus solide contentement de la vie. Ainsi j'estime que c'est en cela que consiste le souverain bien.

Et par ce moyen, je pense accorder les deux plus contraires et plus célèbres opinions des anciens, à savoir celle de Zénon, qui l'a mis en la vertu ou en l'honneur, et celle d'Épicure, qui l'a mis au contentement, auquel il a donné le nom de volupté. Car, comme tous les vices ne viennent que de l'incertitude et de la faiblesse qui suit l'ignorance, et qui fait naître les repentirs, ainsi la vertu ne consiste qu'en la résolution et la vigueur avec laquelle on se porte à faire les choses qu'on croit être bonnes, pourvu que cette vigueur ne vienne pas d'opiniâtreté, mais de ce qu'on sait les avoir examinées, qu'on en a moralement de pouvoir. Et bien que ce qu'on fait alors puisse être mauvais, on est assuré néanmoins qu'on fait son devoir; au lieu que, si on exécute quelque action de vertu, et que cependant on pense mal faire, ou bien qu'on néglige de savoir ce qui en est, on n'agit pas en homme vertueux. Pour ce qui est de l'honneur et de la louange, on les attribue souvent aux autres biens de la fortune; mais, pource que je m'assure que Votre Majesté fait plus d'état de sa vertu que de sa couronne, je ne craindrai point ici de dire qu'il ne me semble pas qu'il y ait rien que cette vertu qu'on ait juste raison de louer. Tous les autres biens meritent seulement d'être estimés, et non point d'être honorés ou loués, si ce n'est en tant qu'on présuppose qu'ils sont acquis ou obtenus de Dieu par le bon usage du libre arbitre. Car l'honneur et la louange est une espèce de récompense, et il n'y a rien que ce qui dépend de la volonté qu'on ait sujet de récompenser ou de punir.

Il me reste encore ici à prouver que c'est de ce bon usage de libre arbitre que vient le plus grand et le plus solide contentement de la vie; ce qui me semble n'être pas difficile, pource que, considérant avec soin en quoi consiste la volupté ou le plaisir, et généralement toutes les sortes de contentements qu'on peut avoir, je remarque, en premier lieu, qu'il n'y en a aucun qui ne soit entièrement en l'âme, bien que plusieurs dependent du corps; de même que c'est aussi l'âme qui voit, bien que ce soit par l'entremise des yeux. Puis je remarque qu'il n'y a rien qui puisse donner du contentement à l'âme, sinon l'opinion qu'elle a de posséder quelque bien, et que souvent cette opinion n'est en elle qu'une représentation fort confuse, et même que son vnion avec le corps est cause qu'elle se représente ordinairement certains biens incomparablement plus grands qu'ils ne sont; mais que, si elle connaissait distinctement leur juste valeur, son contentement serait toujours proportionné à la grandeur du bien dont il procéderait. Je remarque aussi que la grandeur d'un bien, à notre égard, ne doit pas seulement être mesurée par la valeur de la chose en quoi il consiste, mais principalement aussi par la façon dont il se rapporte à nous; et qu'outre que le libre arbitre est de soi la chose la plus noble qui puisse être en nous, d'autant qu'il nous rend en quelque façon pareils à Dieu et semble nous exempter de lui être sujets, et que, par conséquent, son bon usage est le plus grand de tous nos biens, il est aussi celui qui est le plus proprement nôtre et qui nous importe le plus, d'où il suit que ce n'est que de lui que nos plus grands contentements peuvent procéder. Aussi voit-on, par exemple, que le repos d'esprit et la satisfaction intérieure que sentent en eux-mêmes ceux qui savent qu'ils ne manquent jamais à faire leur mieux, tant pour connaître le bien que pour l'acquérir, est un plaisir sans comparaison plus doux, plus durable et plus solide que tous ceux qui viennent d'ailleurs.

J'omets encore ici beaucoup d'autres choses, pource que, me représentant le nombre des affaires qui se rencontrent en la conduite d'un grand royaume, et dont Votre Majesté prend elle-même les soins, je n'ose lui demander plus longue audience. Mais j'envoie à M. Chanut quelques écrits où j'ai mis mes sentiments plus au long touchant la même matière, afin que, s'il plaît à Votre Majesté de les voir, il m'oblige de les lui présenter, et que cela aide à témoigner avec combien de zèle et de dévotion, je suis,
Madame,
De Votre Majesté
Le très humble et très obéissant
serviteur, Descartes.
d'Egmond, ce 20 novembre 1647.

Swedish translation (my own):

Madam,
Jag har fått veta av monsieur Chanut att Ers Majestät är glad över att jag har äran att förklara för Er den åsikt som jag har angående det suveräna goda, betraktat i den meningen att de gamla filosoferna har talat om det; och jag ser detta befallning som en så stor ynnest att den önskan jag har att lyda det avleder mig från alla andra tankar och får mig att, utan att ursäkta min otillräcklighet, här med några få ord lägga upp allt jag kan veta om den här sak.

Man kan betrakta godheten av varje sak i sig, utan att relatera den till andra, i vilken mening det är uppenbart att det är Gud som är den suveräna godheten, eftersom han är ojämförligt mer fullkomlig än varelser; men det kan också vara relaterat till oss, och i denna mening ser jag ingenting som vi borde värdera väl, förutom det som tillhör oss på något sätt och som är sådant att det är perfekt för oss att ha det. Sålunda betraktade de forntida filosoferna, som inte var upplysta av trons ljus, ingenting om övernaturlig salighet, endast den godheten som vi kan äga i detta liv; och det var mellan dessa som de sökte vem som var suveränen, det vill säga den främste och den störste.

Men för att jag skall kunna bestämma det, anser jag att vi böra anse den godheten, med avseende på oss själva, endast den som vi äger eller som vi har makt att förvärva. Och detta givet, det förefaller mig som om den suveräna godheten för alla människor tillsammans är en hopp eller en samling av alla varor, lika mycket av själen som av kroppen och av fortun, som kan finnas i ett fåtal människor; men att det för var och en i synnerhet är en helt annan sak, och att den endast består i en fast vilja att göra gott och i den belåtenhet som detta frambringar. Anledningen till det är att jag inte märker någon annan godhet som förefaller mig så stort, och inte heller helt inom var och ens makt. Ty, för kroppens och fortunens bästa, är de inte absolut beroende av oss; och själens alla hänför sig till två huvuden, som är, det ena att veta och det andra att vilja det som är gott; men kunskap är ofta bortom vår styrka; det är därför bara vår vilja finns kvar, som vi absolut kan förfoga över. Och jag ser inte att det är möjligt att disponera det bättre än om man alltid har en fast och konstant beslutsamhet att göra exakt alla de saker som man kommer att bedöma vara bäst, och att använda alla krafter i sitt sinne för att veta dem väl. Det är bara i detta som alltid resulterar i den största och mest solida förnöjsamheten i livet. Jag tror därför att det är vad den suveräna godheten består av.

Och på detta sätt tror jag att de forntidens två mest motstridiga och mest berömda åsikter, nämligen Zenons, som satte den till dygd eller ära, och Epikuros, som satte den till belåtenhet, vartill han gav vällustens namn. Ty eftersom alla laster endast kommer från den osäkerhet och svaghet som följer på okunnighet och som ger upphov till omvändelse, så består dygden endast av beslutsamheten och kraften med vilken vi gör det som vi tror är bra, förutsatt att att denna kraft inte kommer från envishet, utan från vad vi vet har undersökt dem, att vi har moralisk makt. Och även om det vi gör då kan vara fel, är vi ändå säkra på att vi gör vår plikt; om man utför någon dygdshandling och ändå tror att man gör fel, eller annars försummar att veta vad som är fel, agerar man inte som en dygdig man. När det gäller ära och beröm tillskrivas de ofta de andra lyckogodheterna; men emedan jag försäkrar mig att Ers Majestät värderar Er dygd mer än Er krona, så kommer jag inte att vara rädd att här säga att det inte förefaller mig att det inte finns annat än denna dygd som vi har just anledning att prisa. Alla andra godheter förtjänar endast att uppskattas, och inte att hedras eller prisas, utom i den mån de förutsätts förvärvas eller erhållas från Gud genom korrekt användning av fri vilja. För ära och beröm är ett slags belöning, och det finns inget annat än det som beror på viljan som vi har någon anledning att belöna eller straffa.

Det återstår för mig här att bevisa att det är från denna goda användning av den fria viljan som livets största och mest fasta belåtenhet kommer, vilket mig inte tycks vara svårt, eftersom jag noga överväger vad vällust eller njutning består av, och i allmänhet alla slags förnöjsamhet man kan ha, märker jag i första hand att det inte finns några som är helt i själen, fastän många är beroende av kroppen; precis som det också är själen som ser, fast det är genom ögonen. Då märker jag att det inte finns något som kan ge själen tillfredsställelse, om inte den åsikt den har att äga något gott, och att denna åsikt ofta i den bara är en mycket förvirrad representation, och även att dess förening med kroppen är orsaka att den vanligtvis representerar för sig själv vissa varor ojämförligt större än de är; men att, om den tydligt kände till deras rättvisa värde, dess belåtenhet alltid skulle stå i proportion till storheten av det goda från vilket det utgick. Jag anmärker också att en varas storhet i vårt hänseende inte bara måste mätas med värdet av den sak som den består av, utan i princip också genom hur den relaterar till oss; och det förutom det faktum att den fria viljan i sig är det ädlaste som kan finnas i oss, eftersom den gör oss på något sätt lika Gud och tycks befria oss från att vara underordnade honom, och att det följaktligen är dess gott nytta det största av allt vår godhet, det är också det som är mest riktigt vårt och som betyder mest för oss, därav följer att det är endast därav som våra största förnöjelser kan utgå. Så ser vi till exempel att den sinnesfrid och den inre tillfredsställelse som de som vet att de aldrig misslyckas med att göra sitt bästa, både för att känna det goda och att förvärva det, känner i sig själva, är en njutning utan jämförelse mjukare, mer hållbara och mer solida än alla de som kommer från annat håll.

Jag utelämnar ännu mycket annat här, emedan jag föreställer mig det antal affärer som förekomma i ett stort rikes uppförande, och som Ers Majestät själv tar hand om, vågar jag inte be Er om en längre audiens. Men jag sänder monsieur Chanut några skrifter i vilka jag har uttryckt mina känslor i större utsträckning rörande samma ämne, så att, om Ers Majestät får se dem, han kommer att förplikta mig att framlägga dem för Er, och att det hjälper att betyga hur nitiskt och andäktigt jag är som,
Madam,
Ers Majestäts
ödmjukaste och lydigaste
tjänare Descartes.
Egmond, den 20 november 1647.

English translation (my own):

Madame,
I have learned from Monsieur Chanut that Your Majesty is pleased that I have the honour of explaining to you the opinion that I have concerning the sovereign good, considered in the sense that the ancient philosophers have spoken of it; and I see this commandment as such a great favour that the desire I have to obey it diverts me from all other thought, and causes me, without excusing my insufficiency, to put here, in a few words, all that I might know about this matter.

One can consider the goodness of each thing in itself without relating it to others, in which sense it is evident that it is God who is the sovereign good, because He is incomparably more perfect than creatures; but it can also be related to us, and in this sense, I see nothing that we should value well, except what belongs to us in some way, and which is such that it is perfection for us to have it. Thus the ancient philosophers, who, not being enlightened by the light of faith, knew nothing of supernatural beatitude, only considered the good that we can possess in this life; and it was between these that they sought which was the sovereign, that is to say the principal and the greatest.

But, in order that I may determine it, I consider that we ought to esteem good, with regard to ourselves, only that which we possess, or which we have the power to acquire. And this granted, it seems to me that the sovereign good of all men together is a heap or an assemblage of all goods, as much of the soul as of the body and of fortune, which can be in a few men; but that that of each one in particular is quite another thing, and that it consists only in a firm will to do good, and in the contentment which this produces. The reason for which is that I notice no other good which seems to me so great, nor which is entirely within the power of each one. Because, for the good of the body and the fortune, they do not absolutely depend on us; and those of the soul all relate to two heads, which are, one to know, and the other to will what is good; but knowledge is often beyond our strength; this is why only our will remains, which we can absolutely dispose of. And I do not see that it is possible to dispose of it better than if one always has a firm and constant resolution to do exactly all the things that one will judge to be the best, and to employ all the forces of his mind to know them well. It is in this alone that always results the greatest and most solid contentment in life. I therefore think that is what the sovereign good consists of.

And by this means, I think to accord the two most contrary and most famous opinions of the ancients, namely that of Zeno, who put it in virtue or in honour, and that of Epicurus, who put it to contentment, to which he gave the name of voluptuousness. For, as all vices come only from the uncertainty and weakness which follow ignorance, and which give rise to repentance, thus virtue consists only of the resolution and the vigour with which we carry out to do the things which we believe to be good, provided that this vigour does not come from obstinacy, but from what we know to have examined them, that we have moral power. And though what we do then may be wrong, we are nevertheless assured that we are doing our duty; whereas, if one performs some act of virtue and yet thinks one are doing wrong, or else neglects to know what is wrong, one is not acting as a virtuous man. As for honour and praise, they are often attributed to the other goods of fortune; but, because I assure myself that Your Majesty values your virtue more than your crown, I will not be afraid here to say that it does not seem to me that there is nothing but this virtue that we have just reason to praise. All other goods deserve only to be esteemed, and not to be honoured or praised, except in so far as they are presupposed to be acquired or obtained from God by the proper use of free will. For honour and praise are a kind of reward, and there is nothing but what depends on the will that we have any reason to reward or punish.

It remains for me here yet to prove that it is from this good use of free will that the greatest and most solid contentment of life comes, which seems to me not to be difficult, because, considering carefully what voluptuousness or pleasure consists of, and generally all the kinds of contentment that one can have, I notice, in the first place, that there are none which are wholly in the soul, though many depend on the body; just as it is also the soul that sees, although it is through the eyes. Then I notice that there is nothing that can give contentment to the soul, if not the opinion it has of possessing some good, and that often this opinion is in it only a very confused representation, and even that its union with the body is the cause that it ordinarily represents to itself certain goods incomparably greater than they are; but that, if it distinctly knew their just value, its contentment would always be proportionate to the greatness of the good from which it proceeded. I also remark that the greatness of a good, in our regard, must not only be measured by the value of the thing of which it consists, but principally also by the way in which it relates to us; and that besides the fact that free will is in itself the noblest thing that can be in us, inasmuch as it makes us in some way like God and seems to exempt us from being subject to Him, and that, consequently, its good use is the greatest of all our goods, it is also that which is most properly ours and which matters to us the most, whence it follows that it is only from it that our greatest contentments can proceed. So we see, for example, that the peace of mind and the inner satisfaction which those who know that they never fail to do their best, both to know the good and to acquire it, feel in themselves, is a pleasure without comparison softer, more durable and more solid than all those which come from elsewhere.

I am still omitting many other things here, because, picturing to myself the number of affairs that occur in the conduct of a great kingdom, and of which Your Majesty takes care yourself, I dare not ask you for a longer audience. But I am sending Monsieur Chanut some writings in which I have expressed my feelings at greater length touching the same subject, so that, if Your Majesty may see them, he will oblige me to present them to you, and that it helps to testify how zealously and devoutly I am,
Madame,
Your Majesty's
most humble and most obedient
servant Descartes.
Egmond, November 20, 1647.


Above: Kristina.


Above: René Descartes.

Sunday, October 30, 2022

Kristina's letter to Francisco de Moura Corte Real, Marquis of Castelo Rodrigo, in favour of Baron Gustaf Ulfsparre, dated September 22, 1667

Source:

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 4, page 70, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1760


Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere a principi d'altezza e d'eccellenza; Lettere a principi d'eccellenza: lettere al Vice-re di Napoli; Christine de Suède au marquis de Casteldrodrigo, [s. l.], 22 septembre 1667


The letter (Arckenholtz misdated it as being from July 22, 1685):

Le 22. Juillet 1685.
Monsieur mon Cousin, je ne puis pas refuser au Baron Ulfsparre cette Lettre de faveur auprès de vous, puisque c'est un Gentilhomme Suédois à qui je souhaite toute la satisfaction possible. Il desire de vous servir dans les présentes conjonctures de guerre, espérant d'obtenir de vous en ma considération quelque emploi digne de lui. C'est pourquoi je vous le recommande avec empressement, vous priant d'être persuadé de la reconnoissance que j'en aurai, si vous lui accordez pour moi cette satisfaction, & je suis, &c.
Mon Cousin
Votre bonne Cousine.

Swedish translation (my own):

Den 22 september 1667.
Min herr kusin,
Jag kan ej neka friherre Ulfsparre detta gunstbrev till Er, då han är en svensk herre som jag önskar all möjlig tillfredsställelse. Han önskar tjäna Er i de nuvarande krigskonjunkturerna, i hopp om att få av Er i min övervägande en anställning som är värdig honom. Det är därför jag rekommenderar honom till Er med iver och ber Er vara övertygad om den tacksamhet som jag kommer att ha för honom om Ni ger honom denna tillfredsställelse för mig, och jag är, osv.
Min kusin,
Er goda kusine.

English translation (my own):

September 22, 1667.
My lord cousin,
I cannot refuse Baron Ulfsparre this letter of favour to you, as he is a Swedish gentleman to whom I wish every possible satisfaction. He desires to serve you in the present conjunctures of war, hoping to obtain from you in my consideration some employment worthy of him. This is why I recommend him to you with eagerness, begging you to be persuaded of the gratitude that I will have for him if you grant him this satisfaction for me, and I am, etc.
My cousin,
Your good cousin.


Above: Kristina.


Above: Francisco de Moura Corte Real, Marquis of Castelo Rodrigo.

Note: In accordance with the nobility's ideals in the early modern era, kings and queens considered themselves siblings; when talking to someone of a lower rank than their own, they would refer to that person as "my cousin", regardless of whether or not they were related.