Saturday, April 15, 2023

Urbain Chevreau's letter to Valentin Conrart, dated August 5/15 (New Style), 1654

Source:

Œuvres meslées de Monsieur Chevreau, volume 1, pages 15 to 16, published by Adrian Moetjens, 1697


The letter:

Vos lettres, Monsieur, sont toutes belles, toutes obligeantes: & l'on y remarque depuis le commencement jusqu'à la fin, le caractere de l'honnête homme & du Bel Esprit. Mais comme j'estime plus une belle ame que des mots choisis & des syllables mises en ordre, j'avoüe que la bonté de vos mœurs me touche plus que la delicatesse de vôtre langage. Etant spirituel & genereux au point, que vous l'êtes, vous pouviez bien croire que deux qualitez si peu communes ne vous seroient pas inutiles en ce Royaume, & que la Reine vous devoit au moins quelques marques de sa bienveillance. Plût à Dieu! qu'Elle eut écrit au Grand Balzac de la maniere qu'Elle m'a parlé de vous: Elle qui sait bien qu'il a engendré chez nous l'Eloquence, pour me servir d'un mot de la vieille Rome. Le tombeau que vous allez élever à la memoire de cet homme incomparable, est digne sans doute, de vôtre amitié & de son merite, & je suis trompé s'il ne dure plus que tous les tombeaux des anciens, sans en excepter leurs Mausolées, & leurs Pyramides. Cependant, Monsieur,

«Ne craignons point ou que sa gloire meure;
Ou qu'il en manque aucune à sa felicité:
Avec nous, la France le pleure;
Et CHRISTINE l'a regretté.»
A Stockholm le 15.
d'Aoust 1654.

With modernised spelling:

Vos lettres, Monsieur, sont toutes belles, toutes obligeantes; et l'on y remarque, depuis le commencement jusqu'à la fin, le caractère de l'honnête homme et du bel esprit. Mais, comme j'estime plus une belle âme que des mots choisis et des syllables mises en ordre, j'avoue que la bonté de vos mœurs me touche plus que la délicatesse de votre langage. Étant spirituel et généreux au point que vous l'êtes, vous pouviez bien croire que deux qualités si peu communes ne vous seraient pas inutiles en ce royaume, et que la reine vous devait au moins quelques marques de sa bienveillance. Plût à Dieu qu'elle eut écrit au grand Balzac de la manière qu'elle m'a parlé de vous, elle qui sait bien qu'il a engendré chez nous l'éloquence pour me servir d'un mot de la vieille Rome. Le tombeau que vous allez éléver à la mémoire de cet homme incomparable est digne sans doute de votre amitié et de son mérite, et je suis trompé s'il ne dure plus que tous les tombeaux des anciens, sans en excepter leurs mausolées et leurs pyramides. Cependant, Monsieur:

«Ne craignons point ou que sa gloire meure,
ou qu'il en manque aucune à sa felicité:
Avec nous, la France le pleure,
Et Christine l'a regretté.»
A Stockholm, le 15 d'août 1654.

Swedish translation (my own):

Era brev, monsieur, är alla vackra, alla tillmötesgående; och man märker i dem, från början till slut, den ärlige mannens karaktär och esprien. Men eftersom jag värdesätter en vacker själ mer än utvalda ord och stavelser i ordning, erkänner jag att Er morals godhet berör mig mer än Ert språks finhet. Eftersom Ni är ju lika andlig och generös till den punkt som Ni är, kan Ni mycket väl tro att två egenskaper så ovanliga inte skulle vara värdelösa för Er i detta rike, och att drottningen var skyldig Er åtminstone några tecken på sin välvilja. Gud ville att hon hade skrivit till den store Balzac på det sätt som hon talade till mig om Er, hon som mycket väl vet att han har framkallat vältalighet hos oss, för att använda ett ord från det gamla Rom. Tombeaun som Ni kommer att resa till minne av denna makalöse man är utan tvivel värd Er vänskap och hans förtjänst, och jag har fel om den håller längre än alla de gamlas tombeauer, utan att undanta deras mausoleer och deras pyramider. Emellertid, monsieur:

»Låtom oss ej frukta att hans härlighet dör,
eller att den ej saknar något av sin glädje:
Hos oss sörjer Frankrike honom,
Och Kristina regretterade honom.«
Stockholm, den 15 augusti 1654.

English translation (my own):

Your letters, Monsieur, are all beautiful, all obliging; and one notices in it, from beginning to end, the character of the honest man and the esprit. But, as I value a beautiful soul more than chosen words and syllables put in order, I confess that the goodness of your morals touches me more than the delicacy of your language. You being as spiritual and generous to the point as you are, you could well believe that two qualities so uncommon would not be useless to you in this kingdom, and that the Queen owed you at least some marks of her benevolence. Would to God she had written to the great Balzac in the way she spoke to me about you, she who knows very well that he has engendered in us eloquence, to use a word from old Rome. The tomb that you are going to erect in memory of this incomparable man is undoubtedly worthy of your friendship and of his merit, and I am mistaken if it lasts longer than all the tombs of the ancients, without excepting their mausoleums and their pyramids. In the meantime, Monsieur:

"Let us not fear that his glory dies,
or that it lacks none of its felicity:
With us, France mourns him,
And Kristina regretted him."
Stockholm, August 15, 1654.


Above: Kristina.


Above: Urbain Chevreau.


Above: Valentin Conrart.

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