Monday, November 22, 2021

Kristina's letter to Bernhard von Rosenbach, dated July 31/August 10 (New Style), 1668

Source:

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, page 315, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759


The letter:

Le 10 d'Août, 1668.
Mes précédentes Lettres vous auront fait connoître que je suis satisfaite de vous, & vous devez croire que celles que je vous ai envoyées, sont plus pour votre information, & pour vous instruire mieux de ce qui se passe, & de ce qu'on dit, que pour vous reprocher votre conduite; mais votre réponse du 28 du passé m'a tiré entiérement d'inquiétude, & je puis vous assurer que je suis jusqu'ici très-satisfaite de vous. J'attends avec impatience la réponse du Roi à vos propositions, & alors je vous donnerai mes ordres. Cependant sachez que touchant le nombre des Prêtres, je serai satisfaite de tout ce qui vous pourrez obtenir. Pour l'Echange travaillez-y de toutes vos forces. Je vous ai donné des raisons convainquantes pour vous en servir à persuader les gens d'y consentir. Servez-vous-en en tems & lieu, & sachez encore une fois sur le sujet des Prêtres & leur nombre, que tout ce qui est au-dessus de quatre est trop pour moi. Au-reste je m'en remets à mes précédentes, priant Dieu qu'il vous conserve.
Christine Alessandra.

English translation (my own):

August 10, 1668.
My previous letters will have let you know that I am satisfied with you, and you must believe that the ones I sent you are more for your information and to better inform you of what is going on, and what is being said, than to reproach you for your behavior; but your reply of the 28th of last month has made me completely uneasy, and I can assure you that I have so far been very satisfied with you. I look forward to the King's response to your proposals, and then I will give you my orders. In the meantime, know that, touching the number of priests, I will be satisfied with all that you can obtain. For the exchange, work at it with all your might. I have given you compelling reasons for using it to persuade people to consent. Use it in due course, and know once again on the subject of priests and their number that anything above four is too much for me. In the meantime, I leave it to my previous letters, praying to God that He will preserve you.
Kristina Alessandra.


Above: Kristina.

Kristina's handwritten letter to the Chevalier de Terlon, dated February 15/25 (New Style), 1668

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere della regina ai suoi ministri; Lettere al signore Terlon; 55: Christine de Suède au chevalier de Terlon, Hambourg, 25 février 1668 (digitisation page 72v-73r)


Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Manuscrits de la reine Christine: Lettere della regina ai suoi ministri, : , 1601-1700.

The Foli@ online digital heritage library is here:


Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258).

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, page 299, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759



The letter (with Santini's handwriting in italics):

Pour Mr. de Terlon 25 feu[rie]r 68
Je Vous Suis obligèe de l'affection que Vous tesmoinges pour mes interest[s] et apres Vous avoir rimercie par la presente Je Vous diray sur le suiet dAppelMan et son memoire que Voiant qui[l] ne me demande que iustice Vous pouves lasseurer quelle luy sera rendue Tost ou tardt telle quil la merite et Cela est tout ce que iay a Vous dire sur son suiet. si Vous aves des Nouvelles de Suede Vous mobligeres de men faire part Car on en a icy des estranges quon ne sait que Croire la di[e]tte esclairsira bien des douttes et Je prie dieu [etc]

With modernised spelling (with Kristina's spelling mistakes preserved as much as possible):

Pour Monsieur de Terlon, 25 février '68.
Je vous suis obligée de l'affection que vous témoingez [sic] pour mes intérêt[s], et, après vous avoir rimercié [sic] par la présente, je vous dirai sur le sujet d'Appelman et son mémoire que, voyant qu'i[l] ne me demande que justice, vous pouvez l'assurer qu'elle lui sera rendue tôt ou tard telle qu'il la mérite; et cela est tout ce que j'ai à vous dire sur son sujet. Si vous avez des nouvelles de Suède, vous m'obligerez de m'en faire part, car on en a ici des étranges qu'on ne sait que croire. La Di[è]te éclaircira bien des doutes, et je prie Dieu, [etc].

With modernised spelling:

Pour Monsieur de Terlon, 25 février '68.
Je vous suis obligée de l'affection que vous témoignez pour mes intérêts, et, après vous avoir remercié par la présente, je vous dirai sur le sujet d'Appelman et son mémoire que, voyant qu'il ne me demande que justice, vous pouvez l'assurer qu'elle lui sera rendue tôt ou tard telle qu'il la mérite; et cela est tout ce que j'ai à vous dire sur son sujet. Si vous avez des nouvelles de Suède, vous m'obligerez de m'en faire part, car on en a ici des étranges qu'on ne sait que croire. La Diète éclaircira bien des doutes, et je prie Dieu, [etc].

Arckenholtz's transcript of the letter:

Le 25. Février, 1668.
Je vous suis obligée de l'affection que vous témoignez pour mes intérêts, & après vous avoir remercié par la présente, je vous dirai au sujet d'Appelman & de son Mémoire, que voyant qu'il ne me demande que justice, vous pouvez l'assurer qu'elle lui sera rendue tôt ou tard, puisqu'il la mérite, & cela est tout ce que j'ai à vous dire à son sujet. Si vous avez des nouvelles de Suède, vous m'obligerez de m'en faire part, car on en a ici de si étranges, qu'on ne sait que croire; la Diette éclaircira bien des doutes, & je prie Dieu &c.

English translation (my own):

February 25, 1668.
I am obliged to you for the affection you show for my interests, and after having thanked you hereby, I will tell you about Appelman and his memoir, that, seeing that he only asks me for justice, you can assure him that it will be returned to him sooner or later, since he deserves it; and that is all I have to tell you about him. If you have any news from Sweden, you will oblige me to tell it to me, for one has such strange news here that one does not know what to believe; the Riksdag will clear up many doubts, and I pray to God, etc.

Swedish translation of the original (my own):

För monsieur de Terlon, den 25 februari '68.
Jag är skyldig Er för den tillgivenhet Ni visar för mina intressen, och efter att ha tackat Er härmed, kommer jag att berätta för Er angående Appelman och hans memorial att, eftersom han bara ber mig om rättvisa, kan Ni försäkra honom att den kommer att återlämnas till honom förr eller senare som han förtjänar; och det är allt jag har att säga till Er i ämnet. Har Ni nyheter från Sverige, så förpliktar Ni mig genom att meddela mig om dem, ty man har några konstiga här som man inte vet vad man skall tro. Riksdagen kommer att klargöra många tvivel, och jag ber till Gud, [osv].

English translation of the original (my own):

For Monsieur de Terlon, February 25, '68.
I am obliged to you for the affection you show for my interests, and, after having thanked you hereby, I will tell you on the subject of Appelman and his memorandum that, seeing that he only asks me for justice, you can assure him that it will be returned to him sooner or later as he deserves; and that is all I have to say to you on the subject. If you have news from Sweden, you will oblige me to let me know about them, because one has some strange ones here that one does not know what to believe. The Riksdag will clarify many doubts, and I pray to God, [etc].


Above: Kristina.

Kristina's letters to Pierre Bourdelot, dated August 31/September 10 and October 19/29 (New Style), 1667

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere della regina ai suoi ministri; Lettere al signore Bourdelot; Christine de Suède à Bourdelot, Hambourg, 10 septembre 1667 (digitisation page 94v-95r to 95r-117v)


Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere della regina ai suoi ministri; Lettere al signore Bourdelot; Lettre manquante 1  Christine de Suède à Bourdelot, Hambourg, 29 octobre 1661 (located at H 258 bis 1; digitisation pages 103v-104r to 104v-105r)


Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Papiers de Christine de Suède, complément; Papiers de Christine de Suède, complément I (digitisation pages 103v-104r to 104v-105r)


Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Manuscrits de la reine Christine: Lettere della regina ai suoi ministri, : , 1601-1700.

Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Papiers de Christine de Suède, complément I, : , 1601-1700.

The Foli@ online digital heritage library is here:


Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258 and shelfmark H 258 bis 1).

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, pages 295 and 296, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759


Christina: Brev från sex decennier, page 60, edited and translated by Sven Stolpe, 1960

A link to the book Kristina mentions here, Les essais physiques (1667), by Gilles de Launay:







The letters (with Kristina's handwriting in italics):

Au monsieur Bourdelot               Hambourg 10e Sept[embr]e 1667
J'accuse plusieurs de Vos Lettres, aux quelles Je n'ay rien à Vous dire. La derniere est pleine de nouuelles, et de doctrine. Vous parlèz de liures nouueaux, et il y en a tant de faits de bons; et de mauuais; dont Je ne connois seullement pas le tiltre, que Je Vous promets de lire ceux, dont Vous me parlèz quand Je n'auraÿs plus rien à lire, et c'est à dire que Je ne les Verray iamais. Vous m'auèz envoye quelques fueilles du liure intitulé Les Essays fisiques, de Je ne sçay qui, qui est fort à mon grè. Vous me ferèz plaisir de me le faire auoir. Pour le Cheu[alie]r Bernin il n'est pas si sot que de se tuer et c'est le prendre pour un autre de toutes les façons que de le penser capable de cela. Jl se porte bien, et le Pape Se connoist trop aux gens pour ne l'estimer pas, c'est un grand homme n'en deplaise a Messieurs les Architectes de france, et il est bien heureux de Seruir le plus grand Prince du Monde qui est le Pape d'à present, qui est un Prince incomparable, et le temps ferà demeurer tout le Monde d'accord de cette Veritè. ditez à Benserade qu'il se prepare à le louer plus dignement qu'il n'a fait, car quoy que Sa S[ainte]tè aye fait autrefois admirablem[en]t bien des Vers, il a d'autres talents, et qualitèz plus importantes, et solides dont on ne peut ny l'admirer, ny l'estimer assèz

...

a Bourdelot mà n[on] fù mandata
J'ay receù uostre Lettre, et Vous tiens conte des Offres de seruices que Vous auèz fait à Mons[ieu]r le Card[ina]l [Azzolino]. Jl merite les respects des toutes les honnestes gens et ne refuse iamais sa protection à ceux, qui en Sont dignes, comme Vous. J'aurois voulù que Vous Vous fussièz abstenù, de ce que Vous ditez de ma Lettre, car peut estre croiroit on que Je pretends rendre les gens obligèz en les loüant, et Je Suis fort esloignèe d'une telle bassesse; mais ma consolation est que le Card[ina]l me connoist; Vous me faites plaisir de ne m'enuoyer tout le fatras qu'on fait sur la Campagne passèe en flandre. Je m'imagine à peu pres ce que s'est, et J'ay tant de pitie des pauures Cyrus, Alexandres et Cesars, qu'à peine les crois Jé plus bons à estre Mousquetaires; J'aime les belles actions autant qu'un autre, mais Je n'aime pas les Panegiriques, et mon amitie pour les Satires, est telle, que J'aime iusques a lire celles qui sont faites contre moy mesme, dont le nombre est raisonnablem[en]t grand Diéu mercy, pour mé divertir aux despens de moy mésme apres m'estre long temps diuertye aux despens des autres. Je dis à mes despens par ce que tout ce que J'ay encore Veù est si Sot, et si impertinent, qu'il m'auroit estè impossible de lé lire s'ils n'eussent parlè mal de moy.

Pour ce qui est de Benserade Vous auèz raison de croiré que tout ce qui Vient de luy me plairà, car Soit qu'il loüe, ou qu'il blasme les gens il a tant d'esprit, et de iugement qu'il plaist tousiours, et sa delicatesse, me charme; Jl me tarde d'auoir Son Elegie. Vous m'enuoyèz les Essays phisiques de La[u]noy pour m'en faire venir l'enuie; mais Vous m'obligerèz, Si Vous m'enuoyèz tout Son ouurage entier; ne craignèz pas les frais, car Je Vous satisfairay. Mon malheur m'arreste encore pour cet hyuer icy, et la seule consolation qu'on y peut auoir sont les Lettres de Rome, et les Liures de france.

Pour la transfusion du Sang Je trouue l'Jnuention belle; mais Jé ne Voudrois pas m'en séruir, de peur de deuenir pécore car en cas de metamorphose J'aimerois mieux deVenir Lionne pour m'empescher d'estre deuorèe. Je me porte assèz bien, et me mocque des medecins, et de la medecine; mais pour ioüir d'vne parfaite Santè mon Souuérain remede Séroit de respirer l'air de Rome, toutefois én cas de besoin pour Vous fairé Voir que J'entends plus que Vous autres bouts à la transfusion du Sang, Je suis resolüe de me seruir de celuy de quelque Alleman[d], qui est la béste qui ressemble le moins à l'homme des toutes les bestes de ma connoissance. Je doute pourtant si on luy feroit verser du Sang, ou du Vin, et Je crains qu'on en deviendroit plus beste. Vous Voyèz qu'on trouue de quoy Se diuertir par tout et Je pense que depuis qu'on a parlè de la transfusion du Sang on ne s'est iamais aduisè de cette proposition. Dieu Vous conserue sans en auoir à faire. Hambourg le 29e Octob. 1667

With modernised spelling:

Au Monsieur Bourdelot.
Hambourg, 10 septembre 1667.
J'accuse plusieurs de vos lettres, auxquelles je n'ai rien à vous dire. La dernière est pleine de nouvelles et de doctrine. Vous parlez de livres nouveaux, et il y en a tant de faits de bons et de mauvais, dont je ne connais seulement pas le titre, que je vous promets de lire ceux, dont vous me parlez quand je n'aurai plus rien à lire — et c'est à dire que je ne les verrai jamais. Vous m'avez envoyé quelques feuilles du livre intitulé Les essais physiques, de je ne sais qui, qui est fort à mon gré. Vous me ferez plaisir de me le faire avoir.

Pour le chevalier Bernin, il n'est pas si sot que de se tuer, et c'est le prendre pour un autre de toutes les façons que de le penser capable de cela. Il se porte bien, et le pape se connaît trop aux gens pour ne l'estimer pas. C'est un grand homme, n'en deplaise à Messieurs les architectes de France, et il est bienheureux de servir le plus grand prince du monde, qui est le pape d'à présent, qui est un prince incomparable; et le temps fera demeurer tout le monde d'accord de cette vérité.

Dites à Benserade qu'il se prépare à le louer plus dignement qu'il n'a fait, car quoique Sa Sainteté ait fait autrefois admirablement bien des vers, il a d'autres talents et qualités plus importantes et solides, dont on ne peut ni l'admirer, ni l'estimer assez.

...

A Bourdelot, ma non fu mandata.
J'ai reçu votre lettre et vous tiens compte des offres de services que vous avez fait à Monsieur le cardinal [Azzolino]. Il mérite les respects de toutes les honnêtes gens et ne refuse jamais sa protection à ceux qui en sont dignes, comme vous. J'aurais voulu que vous vous fussiez abstenu de ce que vous dites de ma lettre, car peut-être croirait-on que je prétends rendre les gens obligés en les louant, et je suis fort éloignée d'une telle bassesse; mais ma consolation est que le cardinal me connaît.

Vous me faites plaisir de ne m'envoyer tout le fatras qu'on fait sur la campagne passée en Flandre. Je m'imagine à peu près ce que c'est, et j'ai tant de pitié des pauvres Cyrus, Alexandres et Césars qu'à peine les crois-je plus bons à être mousquetaires. J'aime les belles actions autant qu'un autre, mais je n'aime pas les panégyriques, et mon amitié pour les satires est telle que j'aime jusqu'à lire celles qui sont faites contre moi-même, dont le nombre est raisonnablement grand, Dieu merci, pour me divertir aux dépens de moi-même après m'être longtemps divertie aux dépens des autres. Je dis à mes dépens parce que tout ce que j'ai encore vu est si sot et si impertinent qu'il m'aurait été impossible de le lire s'ils n'eussent parlé mal de moi.

Pour ce qui est de Benserade, vous avez raison de croire que tout ce qui vient de lui me plaira, car soit qu'il loue ou qu'il blâme les gens, il a tant d'esprit et de jugement qu'il plaît toujours, et sa delicatesse me charme. Il me tarde d'avoir son Élégie. Vous m'envoyez les Essais physiques de Launay pour m'en faire venir l'envie; mais vous m'obligerez si vous m'envoyez tout son ouvrage entier. Ne craignez pas les frais, car je vous satisferai. Mon malheur m'arrête encore pour cet hiver ici, et la seule consolation qu'on y peut avoir sont les lettres de Rome et les livres de France.

Pour la transfusion du sang, je trouve l'invention belle, mais je ne voudrais pas m'en servir, de peur de devenir pécore, car, en cas de métamorphose, j'aimerais mieux devenir lionne pour m'empêcher d'être dévorée. Je me porte assez bien et me moque des médecins, et de la médecine; mais, pour jouir d'une parfaite santé, mon souverain remède serait de respirer l'air de Rome. Toutefois, en cas de besoin pour vous faire voir que j'entends plus que vous autres bouts à la transfusion du sang, je suis résolue de me servir de celui de quelque Allemand, qui est la bête qui ressemble le moins à l'homme de toutes les bêtes de ma connaissance. Je doute pourtant si on lui ferait verser du sang, ou du vin, et je crains qu'on en deviendrait plus bête.

Vous voyez qu'on trouve de quoi se divertir partout, et je pense que depuis qu'on a parlé de la transfusion du sang, on ne s'est jamais avisé de cette proposition. Dieu vous conserve sans en avoir à faire. Hambourg, le 29 octobre 1667.

Arckenholtz's transcript of the letters:

Hambourg, le 10. Septembre 1667.
J'accuse plusieurs de vos Lettres, auxquelles je n'ai rien à vous dire. La derniére est pleine de nouvelles, & de doctrine. Vous parlez de Livres nouveaux, & il y en a tant, bons & mauvais, dont je ne connois pas seulement le titre, que je vous promets de lire ceux dont vous me parlez quand je n'aurai plus rien à lire, c'est-à-dire, que je ne les verrai jamais. Vous m'avez envoyé quelques feuilles du Livre intitulé, Les Essais Physiques, de je ne sai qui, qui est fort à mon gré; vous me ferez plaisir de me le faire avoir. Pour le Chevalier Bernini il n'est pas si sot que de se tuer, & c'est le prendre pour un autre, que de l'en juger capable. Il se porte bien, & le Pape se connoît trop en gens pour ne l'estimer pas. C'est un grand homme, n'en déplaise à Messieurs les Architectes de France; & il est bien heureux de servir le plus grand Prince du Monde, qui est le Pape d'à-présent, qui est un Prince incomparable; le tems fera demeurer tout le monde d'accord de cette vérité. Dites à Benserade, qu'il se prépare à le louer plus dignement qu'il n'a fait; car quoique Sa Sainteté ait fait autrefois admirablement bien des vers, il a d'autres talens & qualités plus importantes & solides, dont on ne peut ni l'admirer, ni l'estimer assez.

...

Et le 29. Octobre E. A.
J'ai reçu votre Lettre, & vous tiens compte des offres de services que vous avez fait à Monsieur le Cardinal [Azzolino]. Il mérite les respects de tous les honnêtes gens, & ne refuse jamais sa protection à ceux qui en sont dignes comme vous. J'aurois voulu que vous vous fussiez abstenu de ce que vous dites de ma Lettre, car peut-être croira-t-on que je prétends rendre les gens obligés en les louant, & je suis fort éloignée d'une telle bassesse; mais ma consolation est, que le Cardinal me connoît. Vous me faites plaisir de ne me pas envoyer tout le fatras qu'on fait sur la Campagne de Flandre. Je m'imagine à peu près ce que c'est, & j'ai tant de pitié des pauvres Cyrus, Alexandres & Césars, qu'à peine les crois-je valoir plus qu'à être Mousquetaires. J'aime les belles actions autant qu'un autre, mais je n'aime pas les panégyriques, & mon amitié pour les satires est telle, que j'aime à lire jusqu'à celles qui sont faites contre moi-même, dont le nombre est raisonnablement grand. Dieu merci, pour me divertir aux dépens de moi-même, après m'être long-tems divertie aux dépens des autres. Je dis à mes dépens, parce que tout ce que j'ai encore vu est si sot, & si impertinent, qu'il m'auroit été impossible de le lire s'ils n'eussent parlé mal de moi.

Pour ce qui est de Benserade, vous avez raison de croire que tout ce qui vient de lui me plaîra; car soit qu'il loue, on qu'il blâme les gens, il a tant d'esprit & de jugement, qu'il plaît toujours, & sa délicatesse me charme. Il me tarde d'avoir son Elégie. Vous m'envoyez les Essais Physiques de Launoy pour m'en faire venir l'envie; vous m'obligerez, si vous m'envoyez son Ouvrage entier: ne craignez pas les fraix, car je vous satisferai. Mon malheur m'arrête encore ici cet hiver, & la seule consolation qu'on y peut avoir, sont les Lettres de Rome & les Livres de France.

Pour la transfusion du sang, je trouve l'invention belle; mais je ne voudrois pas m'en servir, de peur de devenir pécore; car en cas de métamorphose, j'aimerois mieux devenir Lionne pour m'empêcher d'être dévorée. Je me porte assez bien, & me moque des Médecins & de la Médecine; mais pour jouir d'une parfaite santé, mon souverain reméde est de respirer l'air de Rome. Toutefois, en cas de besoin, pour vous faire voir que je m'entends plus que vous autres bêtes à la transfusion du sang, je suis résolue à me servir de celui de quelque Allemand, qui est la bête qui ressemble le moins à l'homme de toutes les bêtes de ma connoissance. Je doute pourtant qu'on lui fît verser du sang, ou du vin, & je crains qu'on en deviendroit plus bête. Vous voyez qu'on trouve dequoi se divertir par-tout, & je pense que depuis qu'on a parlé de la transfusion du sang, on ne s'est jamais avisé de cette proposition. Dieu vous conserve sans en avoir à faire.

Swedish translation of the second letter (by Stolpe; somewhat abridged):

Vad beträffar Benserade, har Ni rätt när Ni tror att allt som kommer från honom tilltalar mig; vare sig han prisar eller klandrar folk, har han en sådan esprit och ett sådant säkert omdöme, att han alltid behagar; hans finess charmerar mig. Jag längtar att få se hans Elegi. Ni sänder mig Launoys Essais physiques för att jag skall bli avundsjuk; Ni vinner min tacksamhet, om Ni sänder mig hela hans verk. Frukta inte kostnaderna, Ni skall bli tillfredsställd. Till min olycka måste jag stanna här även denna vinter; den enda trösten man här kan ha är brev från Rom och böcker från Frankrike.

Vad beträffar blodtransfusionen, tycker jag påhittet är bra, men jag tänker inte begagna mig av det av rädsla för att förvandlas till ett fäkreatur; skall det vara nödvändigt med en metamorfos, föredrar jag att bli ett lejon — så jag slipper bli uppslukad. Jag mår ganska bra och struntar i läkarna och deras medeciner; för att nå full hälsa är mitt överlägsna botemedel detta: att få inandas Roms luft. Emellertid, om så skulle krävas och för att visa Er, att jag förstår mig bättre på blodtransfusion än alla ni andra kräk, så har jag beslutat att begagna mig av någon tysks blod, ty tysken är det djur som minst påminner om människan av alla djur jag känner till.

English translations (my own):

Hamburg, September 10, 1667.
I accuse several of your letters, to which I have nothing to say to you. The last one is full of news, and doctrine. You speak of new books, and there are so many, good and bad, whose titles I don't know, only that I promise to read the ones you tell me about when I have nothing more to read: that is to say, I will never see them. You have sent me a few sheets of the book entitled Les essais physiques, by I do not know who, which is very much to my liking; you will please me to let me have it. For the knight Bernini, it is not so stupid to kill oneself, and it is to take him for another, to judge him capable. He is doing well, and the Pope knows himself too well among people not to esteem him. He is a great man — no offense to the architects of France; — and he is very happy to serve the greatest prince in the world, who is the Pope, an incomparable prince; time will keep everyone in agreement with this truth. Tell Benserade that he is preparing to praise him with more dignity than he has done; for although His Holiness once wrote admirably well in verse, he has other, more important and solid talents and qualities, of which he can neither be admired nor esteemed enough.

...

And October 29...
I have received your letter, and you take into account the offers of service you have made to the Cardinal [Azzolino]. He deserves the respect of all decent people, and he never denies his protection to those who are worthy like you. I would have liked you to have abstained from what you say about my letter, for perhaps people will believe that I claim to make people obligated by praising them, and I am very far from such baseness; but my consolation is that the Cardinal knows me. You give me pleasure not to send me all the rubbish that is being done on the Flanders countryside. I can imagine what it is, and I have so much pity for the poor Cyruses, Alexanders and Caesars that I hardly believe they are worth more than being musketeers. I like beautiful actions as much as any other, but I don't like panegyrics, and my friendship for satires is such that I like to read even those made against myself, as the number is reasonably large. Thank God for entertaining myself at my own expense, after having entertained myself for a long time at the expense of others. I say at my expense because everything I have yet seen is so stupid and so impertinent that it would have been impossible for me to read it if they had not spoken badly of me.

As for Benserade, you are right to believe that everything that comes from him will please me; because, whether he praises or blames people, he has so much wit and judgment that he always pleases, and his delicacy charms me. I can't wait to have his Elegy. You send me Launay's Les essais physiques to make me feel like it; you will oblige me if you send me his entire work; do not fear the costs, because I will satisfy you. My misfortune still stops me here this winter, and the only consolation that can be had here are the letters from Rome and the books from France.

For the transfusion of blood, I find the invention beautiful; but I would not want to use it, for fear of becoming pecourous; because in the event of metamorphosis, I would rather become a lioness, so as to prevent myself from being devoured. I am doing rather well, and I don't care about doctors and medicine; but to enjoy perfect health, my sovereign remedy is to breathe the air of Rome. However, if need be, to make you see that I can understand myself better than you other beasts in the transfusion of blood, I am resolved to use that of some German, who, of all the beasts I know of, is the beast that least resembles man. I doubt, however, that he would be made to spill blood or wine, and I fear that he would just become more stupid. You can see that one finds something to be entertained by everywhere, and I think that since we have talked about blood transfusion, we have never considered this proposal. God keep you without having to.

Swedish translation of the originals (my own):

Till Monsieur Bourdelot.
Hamburg, den 10 september 1667.
Jag anklagar flera av Era brev, som jag inte har något att säga Er till. Det sista är full av nyheter och doktriner. Ni talar om nya böcker, och det finns så många bra och dåliga, som jag bara inte vet titeln på, att jag lovar att läsa de Ni har berättat om när jag inte har något kvar att läsa — och det betyder att jag kommer aldrig att se dem. Ni skickade mig några ark av boken med titeln Les essais physiques, av jag vet inte vem, som jag gillar väldigt mycket. Ni kommer att göra mig glad när jag får den.

När det gäller kavaljeren Bernini är han inte så dum att ta livet av sig, och det tar honom för någon annan på alla sätt att tro att han är kapabel till det. Han mår bra, och påven känner folk för väl för att inte uppskatta honom. Han är en stor man, med all respekt för Frankrikes arkitekter, och han är välsignad att tjäna den störste fursten i världen, som är den nuvarande påven, som är en makalös furste; och tiden kommer att få alla att hålla med om denna sanning.

Säg till Benserade att han förbereder sig att prisa honom värdigare än han gjorde, ty fastän Hans Helighet en gång skrev många verser beundransvärt, har han andra talanger och viktigare och solida egenskaper, för vilka man varken kan beundra eller akta honom tillräckligt.

...

Till Bourdelot, men detta skickades inte.
Jag har mottagit Ert brev, och jag tar hänsyn till de erbjudanden om tjänster Ni gjort till kardinalen [Azzolino]. Han förtjänar respekten från alla ärliga människor och vägrar aldrig sitt skydd till dem som är värda det, som Ni. Jag hade velat att Ni hade avstått från vad Ni säger om mitt brev, ty man kanske skulle tro att jag ämnar förplikta folk genom att prisa dem, och jag är mycket långt ifrån en sådan elakhet; men min tröst är att kardinalen känner mig.

Ni gör mig glad över att inte skicka mig all det sammelsurium som görs om den tidigare kampanjen i Flandern. Jag föreställer mig ungefär hur det är, och jag har så synd om de stackars Cyrus, Alexander och Caesar att jag knappt tror att de är bättre på att vara musketörer. Jag gillar storslagna handlingar lika mycket som alla andra, men jag gillar inte panegyrik, och min vänskap för satirer är sådan att jag till och med gillar att läsa de som är gjorda mot mig själv, vars antal är ganska stort, Gudi lov, för att underhålla mig själv med på min egen bekostnad efter att ha underhållit mig själv länge på andras bekostnad. Jag säger på min bekostnad eftersom allt jag ännu har sett är så dumt och så oförskämt att det hade varit omöjligt för mig att läsa det om de inte hade talat illa om mig.

När det gäller Benserade, så har Ni rätt i att tro att allt som kommer från honom kommer att glädja mig, för vare sig han berömmer eller skyller på folk, så har han så mycket kvickhet och omdöme som han alltid behagar, och hans delikatess charmerar mig. Jag kan inte vänta på att få hans Élégie. Mi har skickat mig Launays Essais physiques för att fresta mig att göra det; men Ni kommer att förplikta mig om Ni skickar mig hela hans arbete. Oroa Er inte för kostnaderna, för jag kommer att tillfredsställa Er. Min olycka stoppar mig igen för denna vinter här, och den enda tröst man kan få är brev från Rom och böcker från Frankrike.

När det gäller blodtransfusion, tycker jag att uppfinningen är vacker, men jag skulle inte vilja använda den, av rädsla för att bli en träskalle, ty jag i händelse av metamorfos skulle föredra att bli en lejoninna för att förhindra att jag slukas. Jag mår ganska bra och jag gör mig narr av läkare och medicin; men för att njuta av perfekt hälsa skulle mitt suveräna botemedel vara att andas luften i Rom. Men om det behövs för att visa Er att jag förstår de andra punkterna med blodtransfusion mer än Ni, är jag fast besluten att använda någon tysks, som är det odjur som minst liknar människan av alla djur jag känner till. Jag tvivlar dock på om man skulle få honom att utgjuta blod eller vin, och jag fruktar att man skulle bli mer av en odjur för det.

Ni ser att man hittar något att roa sig med överallt, och jag tror att sedan man talade om blodtransfusion har man aldrig tänkt på detta förslag. Gud bevare Er utan att ha att göra det. Hamburg, den 29 oktober 1667.

English translation of the originals (my own):

To Monsieur Bourdelot.
Hamburg, September 10, 1667.
I accuse several of your letters, to which I have nothing to say to you. The last one is full of news and doctrine. You speak of new books, and there are so many good and bad ones, of which I only don't know the title, that I promise to read the ones you have told me about when I have nothing left to read — and that means I will never see them. You sent me a few sheets of the book entitled Les essais physiques, by I don't know who, which I like very much. You will make me happy to make me have it.

As for the cavaliere Bernini, he is not so stupid as to kill himself, and it is taking him for someone else in every way to think him capable of that. He is doing well, and the Pope knows people too well not to esteem him. He is a great man, with all due respect to the architects of France, and he is blessed to serve the greatest prince in the world, who is the current Pope, who is an incomparable prince; and time will make everyone agree on this truth.

Tell Benserade that he prepares to praise him more worthily than he did, because although His Holiness once wrote many verses admirably, he has other talents and more important and solid qualities, for which one can neither admire nor esteem him enough.

...

To Bourdelot, but this was not sent.
I have received your letter, and I take into account the offers of services you made to the Cardinal [Azzolino]. He deserves the respect of all honest people and never refuses his protection to those who are worthy of it, like you. I would have liked you to have refrained from what you say about my letter, because perhaps one would believe that I intend to oblige people by praising them, and I am very far from such baseness; but my consolation is that the Cardinal knows me.

You make me happy not to send me all the hodgepodge that is being made about the past campaign in Flanders. I imagine roughly what it is like, and I have so much pity for the poor Cyruses, Alexanders and Caesars that I hardly believe they are any better at being musketeers. I like great actions as much as anyone else, but I don't like panegyrics, and my friendship for satires is such that I even like reading those which are made against myself, the number of which is reasonably large, thank God, to entertain myself with at the expense of myself after having entertained myself for a long time at the expense of others. I say at my expense because everything I have yet seen is so stupid and so impertinent that it would have been impossible for me to read it if they had not spoken ill of me.

As for Benserade, you are right to believe that everything that comes from him will please me, because whether he praises or blames people, he has so much wit and judgment that he always pleases, and his delicacy charms me. I can't wait to have his Élégie. You have sent me Launay's Essais physiques to tempt me to do so; but you will oblige me if you send me all his work entire. Don't worry about the costs, because I will satisfy you. My misfortune stops me again for this winter here, and the only consolation one can have are letters from Rome and books from France.

As for blood transfusion, I find the invention beautiful, but I would not want to use it, for fear of becoming a blockhead, because, in the event of metamorphosis, I would prefer to become a lioness to prevent myself from being devoured. I am doing quite well and I make fun of doctors and medicine; but, to enjoy perfect health, my sovereign remedy would be to breathe the air of Rome. However, if necessary to show you that I understand the other points of blood transfusion more than you, I am resolved to use that of some German, who is the beast that least resembles man out of all the animals I know of. However, I doubt whether one would make him shed blood or wine, and I fear that one would become more of a beast for it.

You see that one finds something to entertain oneself with everywhere, and I think that since one talked about blood transfusion, one has never thought about this proposition. May God preserve you without having it to do it. Hamburg, October 29, 1667.


Above: Kristina.


Above: Pierre Bourdelot.

Account of the Hamburg riot incident on July 25, 1667

Source:

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, page 290, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759


CONTENT WARNING: VIOLENCE AND DEATH.

The account:

Véritable Relation de l'insulte faite par la Populace au Palais de la Reine à Hambourg le 25. Juillet, 1667.

Le jour destiné pour célébrer la glorieuse Elevation au Pontificat de notre Saint Pére le Pape CLEMENT NEUVIEME, étant arrivé, la Reine avec toute sa Cour quitta le deuil qu'on portoit alors pour la Reine de Pologne. Elle assista à la Messe Pontificale qu'elle fit chanter en musique dans la plus grande Salle de sa Maison, qu'elle avoit fait accommoder en Chapelle, ayant jugé la Chapelle ordinaire trop petite pour la fonction de ce jour, qui se fit avec toutes les cérémonies & la magnificence accoutumées de l'Eglise Romaine, & avec un concours de tout ce qu'il y avoit de gens de qualité de l'un & de l'autre sexe dans la Ville. On fit la salve de deux coups de Canon, qui est la salve de Suède, lorsque le Prêtre entonna le Gloria in excelsis, & à l'élevation on donna la salve double de quatre coups de Canon; mais au Te Deum on tira deux fois neuf coups, en distinguant les premiers neuf coups par un intervalle. La Reine avoit ordonné & choisi ce nombre, pour signifier & marquer celui du glorieux nom de notre présent Pape.

La Messe achevée, plusieurs personnes de qualité restérent au diner qu'on leur avoit préparé, d'autres se retirérent, le tout se passa avec ordre, & avec le plus grand respect du monde: & quoique la foule fût excessive & que la rue & les environs de la Maison fussent remplis de peuple, toute cette foule ne donnoit encore que des marques de respect & d'admiration, témoignant d'attendre avec impatience l'heure où le vin devoit couler de la fontaine; ce qui ayant eu lieu, elle se mit à en boire en attendant d'autres Spectacles. Pendant le diner on guinda la machine où étoit le nom de Sa Sainteté, & on l'attacha au frontispice du Palais, au lieu le plus élevé, comme il étoit ordonné. Cette machine passa parmi tout ce peuple, elle étoit couverte d'une toile, au travers de laquelle on pouvoit lire les lettres qui formoient ces mots en caracteres d'or

CLEMENS
IX.
PONT. MAX.
VIVAT.

au dessous de la Thiare avec les clefs, marques de son autorité & de son pouvoir suprême. Tout le monde la pouvoit voir & toucher, & plus de deux cens hommes prononcérent diverses fois ces mots, pendant qu'on travailloit à y attacher les cordages, qui devoient servir à la tirer en haut.

La Reine, qui appréhendoit qu'on insultât cette machine, avoit donné tous les ordres nécessaires pour l'empêcher; & non contente de cela, elle quitta son diner, qui étoit à peine commencé, & se mit à la fenêtre pour observer elle-même la contenance du peuple, & pour le tenir dans le respect, à quoi elle réussit sans peine, & entendit prononcer avec un plaisir extrême de la bouche de tout le peuple, ce nom glorieux & le VIVAT d'une Canaille hérétique. Dès que la machine fut arrivée à son lieu, on donna ordre de faire jouer la fontaine, qui fit l'effet pour lequel elle avoit été ordonnée, & jetta le vin avec abondance par neuf endroits. Cette profusion de vin augmenta la confusion & la foule, tout le monde s'enivra durant six heures, toutes les Dames de qualité étoient venues aux fenêtres pour voir ce spectacle, & tout ce qu'il y avoit de gens de condition dans la Ville se trouvérent auprès de la Reine. Jusques-là le tout s'étoit passé avec joie & magnificence, & la confusion du peuple n'avoit encore fait naître aucun inconvénient.

La fontaine cessa, après avoir fait son office durant six heures, & l'heure commençoit d'approcher où chacun se devoit retirer. La Reine étant restée seule avec tous ses Domestiques, donna tous les ordres qu'elle jugea nécessaires pour la sûreté de sa Maison. Elle avoit fait faire provision d'armes, de poudre et de plomb, pour avoir dequoi se défendre en cas de besoin, & les suites ont fait connoître que sa prévoyance & ses soins n'ont pas perdus. Après donc avoir ordonné tout ce qu'elle jugea à propos dans les circonstances où elle se trouvoit alors, on donna la salve de deux fois neufs coups de Canon, & l'on alluma les flambeaux de cire, qui étoient soutenus par des bras dorés & rangés en trois ordres sur la façade du dehors. Ces flambeaux étoient à une distance considérable au-dessous de la machine où étoit le nom de Sa Sainteté, afin que leur lumiére ne nuisît pas à la clarté des six cens lampes qui devoient former les caractéres de ce nom sacré. Sitôt qu'elles furent allumées, on découvrit la machine, & l'on fit voir à toute la Ville un spectacle qu'elle n'avoit jamais vu. Cette agréable vision inspira de l'admiration à tout le monde, mais selon toutes les apparences elle suscita aussi la rage & la fureur dans le peuple, dont il donna peu après des marques. Tout étoit encore calme, & l'illumination avoit duré environ deux heures, lorsque quelques Etrangers vinrent dire à la Reine, que la façade étoit la plus belle chose du monde, & qu'elle faisoit le plus agréable & le plus surprenant spectacle qu'on eût jamais vu, cela donna envie à la Reine de la voir avant que de la faire éteindre; & quoiqu'elle fût résolue à ne pas sortir de sa Maison ce jour-là, néanmoins, comme il n'y avoit aucune apparence de trouble, elle se résolut à contenter sa curiosité, sortit pour cet effet, & s'en retourna paisiblement dans son Palais.

L'illumination avoit déjà duré trois heures environ, & Sa Majesté se préparoit à s'aller coucher, car elle étoit fort fatiguée des fonctions du jour, lorsqu'on jetta quantité de grosses pierres aux fenêtres de sa chambre, qui donnoient avec tant de violence dans la muraille, que la Reine eut soupçon de ce qui se passoit. Ce qui l'obligea de changer de dessein. Sa premiére pensée fut de faire éteindre le nom de Sa Sainteté qui brûloit encore, afin qu'il ne fût pas exposé à l'insulte de cette barbare Canaille. Pour cet effet elle ordonna qu'on y jettât promptement de l'eau, ce qui fut exécuté d'abord. Après cela elle fit charger tous les Canons de balles de mousquet, fit prendre les armes à tout le monde, envoya les gens pour adoucir le peuple, & ordonna qu'on prît les postes & fermât les portes.

Le Prince de Hesse-Hambourg, & plusieurs autres Braves, qui par bonheur se trouvoient encore dans le Cimitiére tout proche de la Maison de la Reine, accoururent au bruit, & se mirent tous en état de servir S. M. Le peuple cria à haute voix, tuez, tuez. On ferma les portes, & on se défendit contre la fureur d'une populace qui nous saluoit avec une grêle de coups de pierres, & plusieurs coups de pistolet & de carabines. On vouloit faire une décharge sur eux, mais la Reine défendit de tirer sans son ordre exprès. Personne n'a jamais résisté à une plus juste tentation que celle-là, & personne n'avoit plus d'envie de faire tirer qu'elle; car on pouvoit tirer une terrible vengeance de cette Canaille, & assurément on en auroit peu sacrifier un si grand nombre, qu'on n'auroit jamais vu un massacre pareil; mais elle jugea très-bien qu'il ne falloit y venir qu'à l'extrémité.

La Reine ayant conservé en cette occasion tout son sang froid, agit avec beaucoup de prudence & de vigueur; mais la violence continuant toujours, elle faillit à faire perdre souvent patience à la Reine. Sa prudence néanmoins retint toujours sa colére, & quelque instance qu'on lui fît pour tirer, elle demeura inébranlable dans sa résolution: mais voyant le danger augmenter au-lieu de diminuer, elle se rendit où elle jugea sa personne nécessaire, donna ses ordres avec beaucoup de tranquillité, anima ses gens à se bien défendre, & ordonna de tenir prêts les Canons.

On lui proposa d'envoyer au Commandant de la Ville pour avoir du secours, mais elle ne voulut pas qu'on lui parlât de sa part, ni que personne des siens y allât.

Le Comte de Leiningen s'offrit d'y aller comme de lui-même, & y fut. Cependant on voulut forcer la porte, mais on y trouva tant de résistance, qu'on le tenta trois ou quatre fois envain. Le Comte de Leiningen revint, & rapporta que le Commandant lui avoit dit qu'il avoit ordre de ne s'en pas mêler, ce qui fortifia les soupçons de la Reine, & lui persuada avec beaucoup d'apparence qu'il falloit se préparer à perir. Elle commanda donc qu'on fît une décharge des mousquetons, puisqu'il n'y avoit point de secours à espérer; car elle ne croyoit pas que le Prince réussiroit dans l'entreprise dont il se chargea, se promettant de faire venir le Commandant à notre secours, elle donna alors cet ordre, parce qu'elle jugea très-bien qu'il étoit tems de donner quelque chose au hazard dans cette extrémité.

L'ordre ne fut pas plutôt donné, qu'il fut exécuté avec tant de succès, qu'on en tua un grand nombre sur la place; on en blessa plusieurs autres, on fit des sorties sur eux, & on les épouvanta de telle manière qu'il y avoit quelque apparence de se pouvoir tous sauver.

Cependant le Prince arriva avec le Commandant & des Soldats au secours de la Maison, si à propos pour nous & pour lui, que notre décharge lui donna lieu de s'approcher, & il nous fortifia de telle sorte, qu'on acheva de nettoyer la rue, & de les chasser tous, sans qu'aucun des nôtres fût tué ni blessé.

La Reine se retira chez le Résident de Suède, parce que sa Maison avoit été rendue inhabitable, jusqu'à ce qu'elle fût raccommodée, à quoi il fallut employer deux ou trois jours.

Le jour suivant, le Magistrat fit tout ce qu'il devoit, & la Reine alla le matin à neuf ou dix heures voir son Palais pour y donner les ordres nécessaires, & passa avec trois ou quatre personnes seulement par toute la Ville; elle trouva deux mille personnes devant son Palais, & passa au milieu d'eux matin & soir. Et quoique la rage fût visiblement peinte sur le visage de cette populace, personne ne branla. Tous les amis & les serviteurs de la Reine l'avoient conjurée de ne se pas hazarder, mais elle s'en moqua, & continua tous les jours d'en faire de-même.

Pour raisonner juste sur cet attendant, il est à propos de remarquer certaines particularités qui précédérent cet accident, & d'autres qui l'ont suivi. Il faut donc savoir, que lorsque le bruit courut que S. M. préparoit cette fête, les Ministres ou Prédicans firent des remontrances au Magistrat, pour le persuader qu'il devoit s'opposer à la célébration de cette solemnité, & ne la pas souffrir.

Là-dessus le Magistrat fit passer sous main jusqu'à la Reine leurs sentimens, mais S. M. leur fit passer l'envie de se compromettre, & l'on résolut de n'en plus parler, désespérant de pouvoir lui faire changer de résolution.

Il y a grande apparence que cette hauteur les irrita, & qu'à l'instigation des Prédicans ils ne firent pas tout ce qu'ils pouvoient & devoient faire pour empêcher ce désordre.

Durant huit jours avant qu'il arrivât, les Prédicans ne faisoient qu'irriter le peuple par leurs Sermons. La Reine qui savoit tout ce qui se passoit s'en moqua, & les laissoit prêcher sans en faire le moindre cas, ce qui les faisoit enrager. Il est même probable, que pour se venger ils avoient concerté cette tragédie, laquelle finit à leur plus grande honte & confusion, par la mort des principaux auteurs de la conspiration; car il est constant qu'on l'avoit préparée, puisque les mutins étoient fournis de tout ce qui étoit nécessaire pour leur entreprise, & l'on a su depuis qu'ils disoient tout haut: laissons finir le vin & les flambeaux, alors nous commencerons notre jeu, & nous tirerons vengeance de l'affront qu'on nous fait.

Les Prédicans se trouvérent sur le lieu pour animer le peuple à cette barbare action, & des gens dignes de foi de la Ville même nous ont assuré qu'il y en avoit alors deux occupés à ce bel emploi.

Depuis ils ont prêché publiquement au peuple le meurtre, le sang & la vengeance, & enfin, s'il n'arrive point de nouveaux malheurs, on n'en doit pas accuser leur zéle, ni leur éloquence, qui n'ont pas été épargnés dans cette occasion.

On chercha ceux qui avoient échappé aux Mousquetons, pour leur rendre justice; mais on doute qu'on les veuille trouver. Ce qu'il y a de remarquable en cette action, c'est que le jour d'après tout étoit si calme, que les gens de la Reine se promenoient avec ses livrées par toute la Ville avec la même tranquillité qu'auparavant. On dit néanmoins qu'il y a eu des gens assemblés avec des armes, pour recommencer, mais tout a été dissipé par les ordres qu'on a donnés.

On a vu en cette occasion les effets visibles de la Providence de Dieu, qui miraculeusement a préservé la Reine & tous ceux de son parti, & a voulu punir de mort ceux qui commettoient cet attentat. Entre autres l'un de ces malheureux étant allé chez lui pour souper, & voulant revenir, sa femme qui étoit enceinte, le voulut retenir, & le pria de vouloir rester au logis, mais il ne voulut pas, disant: il faut que j'aille visiter le Pape encore une fois: en effet il y alla, & reçut quatre balles dans le cœur.

Le Magistrat a défendu aux Prédicans leurs séditieux Sermons, & a donné si bon ordre, que le calme & le respect est rétabli par-tout. On ne sait pas le nombre des morts ni des blessés, & on ne comprend pas par quelle politique on le tient si caché. Ceux dont on convient sont huit morts, dont cinq restérent sur la place dans le Cimitiére devant le Palais, les autres sont morts le jour après, & vingt blessés. Le bruit court qu'il y en a davantage. Quoi qu'il en soit, il suffit pour notre gloire, qu'aucun de notre parti n'ait reçu le moindre égratignure. Jusqu'aux oiseaux de S. M. qui étoient pendus aux fenêtres, & qui avoient leurs cages fracassées & remplies de petites pierres & de quantité de verres, n'ont été endommagés, & se portent encore fort bien: nous avons fait voir qu'on ne nous offense pas impunément.

L'intention n'a pas été de publier cette Relation. On s'est contenté de la communiquer à ceux qu'on a cru les plus intéressés à la gloire de la Reine; mais voyant que l'envie & la calomnie ont répandu leur venin sur cet accident comme sur toutes les autres actions de la vie de S. M. on s'est résolu de faire savoir la vérité au Public, protestant qu'elle y est entiere, & soutenant que tout ce qui est différent de ce que contient cette Relation, est entiérement faux.

English translation (my own):

A Veritable Report of the Insult made by the Populace at the Queen's Palace in Hamburg on July 25, 1667.

The day destined to celebrate the glorious elevation to the Pontificate of our Holy Father, Pope Clement the Ninth, having arrived, the Queen with all her court left the mourning that was then worn for the Queen of Poland. She attended the Pontifical Mass, which she had sung to music in the largest room of her house, which she had accommodated in a chapel, having judged the ordinary chapel too small for the function of that day, which was done with all the customary ceremonies and magnificence of the Roman Church, and with the assistance of all the people of quality of both sexes in the city. They fired the salvo of two cannon shots, which is the salvo from Sweden, when the priest intoned the gloria in excelsis, and at the elevation they gave the double salvo of four cannon shots; but at the Te Deum nine shots were fired twice, distinguishing the first nine shots by an interval. The Queen had ordered and chosen this number to signify and mark that of the glorious name of our present Pope.

When Mass was over, several people of quality remained at the dinner that had been prepared for them, others withdrew, everything happened in order, and with the greatest respect in the world; and although the crowd was excessive and the street and the neighbourhood around the house were filled with people, all this crowd still gave only marks of respect and admiration, testifying to wait impatiently for the hour when the wine was due to flow from the fountain; which, having taken place, they began to drink it while waiting for other spectacles. During dinner, the machine on which was the name of His Holiness was gaited, and it was attached to the frontispiece of the palace, in the highest place, as was ordered. This machine passed among all these people, it was covered with a canvas, through which one could read the letters which formed these words in gold characters.

CLEMENS
IX.
PONT. MAX.
VIVAT.

below the tiara with the keys, marks of his authority and his supreme power. Everyone could see and touch it, and more than two hundred men pronounced these words several times, while they were working to attach the ropes to it, which were to be used to pull it up.

The Queen, who feared that this machine was being insulted, had given all the orders necessary to prevent it; and not content with this, she left her dinner, which had hardly begun, and sat at the window to observe the countenance of the people herself, and to hold them in respect, to which she succeeded without difficulty, and heard pronounced with extreme pleasure from the mouths of all the people this glorious name and the "vivat!" of a heretical scoundrel. As soon as the machine had arrived at its place, orders were given to operate the fountain, which had the effect for which it had been ordered, and the wine was poured out in abundance in nine places. This profusion of wine increased the confusion and the crowd, everyone got drunk for six hours, all the ladies of quality came to the windows to see this spectacle, and all people of condition in the city were with the Queen. Until then everything had passed with joy and magnificence, and the confusion of the people had not yet given rise to any inconvenience.

The fountain ceased after having done its office for six hours, and the hour began to approach where everyone was to retire. The Queen, having remained alone with all her servants, gave all the orders she deemed necessary for the security of her house. She had made provision for weapons, powder and lead, to have something with which to defend herself if necessary; and the consequences made it known that her foresight and her care were not lost. After therefore having ordered all that she judged advisable in the circumstances in which she then found herself, they twice gave the salute of nine cannon shots, and they lit the wax torches, which were supported by gilded arms and arranged in three orders on the exterior façade. These torches were at a considerable distance below the machine where the name of His Holiness was, so that their light would not interfere with the clarity of the six hundred lamps which were to form the characters of this sacred name. As soon as they were turned on, the machine was discovered, and the whole town was shown a spectacle it had never seen. This pleasant sight inspired admiration in everyone, but to all appearances it also aroused rage and fury in the people, which it soon after gave marks. All was still calm, and the illumination had lasted about two hours when some strangers came to tell the Queen that the facade was the most beautiful thing in the world and that it made the most pleasant and the most surprising spectacle that had never been seen, it made the Queen want to see it before having it put out; and although she was resolved not to leave her house that day, nevertheless, as there was no appearance of trouble, she resolved to satisfy her curiosity, went out for this purpose, and returned peacefully to her palace.

The illumination had already lasted about three hours, and Her Majesty was preparing to go to bed, for she was very tired of the functions of the day, when a number of large stones were thrown at the windows of her room, with violence at the wall, that the Queen had suspicion of what was happening, which forced her to change her mind. Her first thought was to have the name of His Holiness extinguished, which was still burning, so that it would not be exposed to the insult of this barbaric rabble. For this purpose she ordered that water be thrown onto it promptly, which was carried out first. After that she had all the cannons loaded with musket balls, made everyone take up arms, sent people to calm the crowd, and ordered that the posts be taken and the gates closed.

The Prince of Hesse-Hamburg, and several other brave men, who fortunately were still in the cemetery very close to the Queen's house, hastened to the noise, and all put themselves in a condition to serve Her Majesty. The people cried out loudly, "kill, kill!" The doors were closed, and they defended themselves against the fury of a mob, which greeted us with a hail of stone-blows, and several shots from pistols and rifles. They wanted to discharge them, but the Queen forbade shooting without her express order. No one has ever resisted a more just temptation than this, and no one wanted to shoot any longer, for one could derive a terrible vengeance from this scoundrel, and assuredly one would have sacrificed so little that one would never have seen such a massacre; but she thought very well that it was only necessary to come to the end.

The Queen, having kept all her blood cool on this occasion, acted with great prudence and vigour; but the violence still continuing, it often failed to cause the Queen to lose patience. Her prudence, however, always restrained her anger, and whatever instance they might take to shoot her, she remained unshakeable in her resolution; but seeing the danger increasing instead of diminishing, she went where she deemed her person necessary, gave her orders with great tranquility, encouraged her people to defend themselves well, and ordered the cannons to be kept ready.

It was suggested that she send in the city's Commandant for help, but she did not want anyone to talk to her on her behalf, nor that any of her own go [to him].

The Count of Leiningen offered to go there as on his own, and was there. In the meantime they tried to force the door open, but they found so much resistance that they tried to do so three or four times. The Count of Leiningen returned, and reported that the Commandant had told him that he had orders not to interfere, which fortified the Queen's suspicions, and persuaded him with great appearance that it was necessary to prepare oneself to perish. She therefore ordered that a discharge of the musketoons be made, since there was no help to be hoped for, for she did not believe that the Prince would succeed in the enterprise for which he undertook, promising to bring in the Commandant to our aid, she then gave this order, because she judged very well that it was time to give something to chance in this extremity.

No sooner was the order given than it was carried out with such success that a great number of them were killed in the square; several others were wounded, sorties on them, and terrified them in such a way that there was some semblance of being able to save each other.

In the meantime the Prince arrived with the Commandant and soldiers to help the house, so convenient for us and for him that our discharge gave him cause to approach, and he strengthened us in such a way that we finished cleaning the street and driving them all away, without any of our people being killed or injured.

The Queen retired to the Resident of Sweden, for her house had been rendered uninhabitable until it was repaired, for which it was necessary to spend two or three days away.

The next day the magistrate did all he had to, and the Queen went in the morning at nine or ten o'clock to see her palace to give the necessary orders there, and passed with only three or four people through the whole town; she found two thousand people in front of her palace, and passed among them morning and evening. And although rage was visibly painted on the face of this mob, no one stirred. All the Queen's friends and servants had begged her not to hazard herself, but she didn't care, and continued to do the same thing every day.

To reason correctly on this expectation, it is appropriate to note certain peculiarities which preceded this accident, and others which followed it. It should therefore be known that when the rumour circulated that Her Majesty was preparing this feast, the ministers or preachers remonstrated with the magistrate to persuade her that she should oppose the celebration of this solemnity and not allow it.

Thereupon the magistrate passed their feelings under hand to the Queen, but Her Majesty made them pass the desire to compromise themselves, and they resolved not to speak of them any more, despairing of being able to make her change her resolution.

It seems that this hauteur irritated them, and that at the instigation of the preachers they did not do all they could and should have done to prevent this disorder.

For eight days before it happened, the preachers only angered the people with their sermons. The Queen, who knew everything that was going on, did not care, and she let them preach without caring the least, which made them enraged. It is even probable that, in order to avenge themselves, they had concerted this tragedy, which ended, to their greatest shame and confusion, with the death of the principal authors of the conspiracy; for it is certain that it had been prepared, since the mutineers were provided with all that was necessary for their enterprise, and it has since been known that they said aloud: "Let the wine and the torches finish, then we will start our game, and we will take revenge for the affront we have been given."

The preachers were on the spot to animate the people to this barbaric action, and citizens worthy of faith of the city even assured us that there were then two of them occupied with this job.

Since then they have publicly preached murder, bloodshed and vengeance to the people, and finally, if no new misfortunes occur, we must accuse neither their zeal nor their eloquence, which were not spared on this occasion.

They searched for those who had escaped the musketoons so as to do them justice, but one doubts that one wants to find them. What is remarkable about this action is that the day after, everything was so calm that the Queen's people walked in her liveries through the whole town with the same tranquility as before. It is said, however, that there were people assembled with weapons to start over, but everything was dispelled by the orders that were given.

One saw on this occasion the visible effects of the Providence of God, which miraculously preserved the Queen and all those of her party, and wanted to punish with death those who committed this attack. Among others, one of these unfortunate people had gone to his house for supper, and wanted to come back; his wife, who was pregnant, wanted to detain him and begged him to stay at home, but he would not, saying: "I must go visit the Pope once again." In fact, he did go there — and received four bullets to the heart.

The magistrate has forbidden the preachers their seditious sermons, and has given such good order that calm and respect are everywhere restored. We do not know the number of dead or injured, and we do not understand by what policy it is kept so hidden. Those on whom we agree are eight dead, five of whom remained in the square in the cemetery in front of the palace, the others died the day after, and twenty wounded. There is a rumour that there are more. Either way, it is enough for our glory that none of our party has received the slightest scratch. Even Her Majesty's birds, which were hanging from the windows, and which had their cages smashed and filled with small stones and a number of glass shards, were not damaged, and are still doing very well. We have shown that we are not to be offended with impunity.

The intention was not to publish this relation. One contented oneself with communicating it to those who were believed to be most interested in the glory of the Queen; but seeing that envy and calumny have poured out their poison on this accident as on all the other actions of Her Majesty's life, we resolved to let the public know the truth, protesting that it is whole, and arguing that anything different from what this relation contains is entirely false.


Above: Kristina.

Kristina's letter to Azzolino, dated March 13/23 (New Style), 1667

Sources:

Christine de Suède et le cardinal Azzolino: Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899








Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on March 13/23 (New Style), 1667.

The letter:

Cinquante troissiesme lestre
23 Mars 1667 —
devan que de repondre a la Vostre du 26 du passe Jl faut que ie Vous Conte le disordre que les dernieres lestres dAdami mont Cause. Vous avez veu celle quil avoit escrit par lordinaire passe a Thexeira, et ie Vous envoy une seconde qui a acheve de le faire retraiter tout ce quil maoit promis iusques au Mois de Julet, et ma mis dans plus grande Confusion ou ie fus iamis en ma Vie puisquil nest pas possible de luy faire Continuer les remises a rome des trois mil escus quil avoit accoustume dy remettre touts les mois. Jl a voulu que ie luy engagasse mes Joyaux pour pour ces quattre mois de remise et ie nay pas Volu y Consentir si non a Condition quils demeurassent entre Vos mains, mais setant opiniatre de le Vouloir en celle de quel vn de ces Correspondant, Jay Creu devoir ny Consentir pas, pour plusieurs raisons, que Vous pouvez aisement immaginer. mais ie suis au desespoir de la trahison quil faut que ie Vous face de Vous laisser pour deux ou trois moy sens argent mais Comme ce nest pas par ma faute iespere que Vous ne me limputerez pas, et pourveu que Vous trouviez le moien de subsister pour deux ou trois mois, a lordinaire, Comme iespere que Vous ferez, ie Vous envoieray de Suede de largent et iespere de Vous envoyer des plus grosse sommes que ie n'ose Vous promettre. la Confience que iay en Vostre prudence et en Vostre amitie me Console en quelque facon, de ce malheur, et me fait esperer que Vous y remedierez de Vostre Coste Comme ie feray infaliblement du mien. mes affaires sont en Suede en un estat si glorieux et avantageux pour moy que iay quelque raison desperer quelque Chose de tres gran, et ie nay besoin que de temps pour me mettre tout a fait a mon aise et en estat de navoir plus besoin ny de Thexeira ny daustre personne du monde et Croiez moy quant ie Vous dis tan ie say beaucoup plus que ie ne Vous dis

ie ne saurois au reste Vous exprimer la ioye [...] que ie Vous mavez donne en achettent les tableaux du feu Carlo Jmperiali et si cette ioye neust este trouble par la traison que texeira ma fait iauroy eu de quoy estre satisfaitte de cette semaine mais quelque iours apres que ieus receu Vostre lestre Jl me fit repentir de la ioye que iavois eu par son manquement de la parole qui mavoit donne quinse iours dauparavant, neamoins quil ne iespere quil ne passera pas trois moy quil ne se repente de mavoir ioue se Jour. Jadmire au reste la pense que Vous avez eu de la division de la gallerie puisque nous lavons eu environ en mesme temps, et ie Vous envoy le desain de ma panse la desus quoy que ie face scrupule a present de Vous lenvoier puisque Vous ne ste pas en estat de lexecuter, mais sachez que iavois fait ce desain devan que de savoir des nouvelles du manquement de Thexeira et mesme devan de pouvoir immaginer. mais puisquil est fait ie Vous lenvoy du moins pour Vous donner le divertissement de mes de mes reveries. Jay fait moy mesme le desain et la description quoy quJtalienne est ausi de ma facon, et Vous pardonnerez les fautes tan de lange que dAchitecture que Vous y trouverez a qui ne sait ny litalien ny larchitecture,. Je me suis servi des mains estrangeres pour Vous rendre mes sentiments intelligibles Car en Verite Je ne say pas lire loriginal moi mesme, mon page Adamy a fait la Copie du desain et Je luy puis rendre tesmoinage quil na pas mal emploies son temps a rome Car Jl est Capable de Comprendre for bien et de bien executer tout ce quon luy ordonne ce qui nest pas peu Vous ẏ Conoistrez ausi la main de D. Matheo qui est mon Copiste ordinaire le reste de moy et Comme le tout ne Vaut rien Vous naurez pas de paine a le Croire. Je tacheray de Vous envoier de quoy excecuter ce desain sil Vous plaira et si Contre mon esperance Je ne pouray pas Vous fournir de quoy le faire, J Jauray pacience et Vous ausi et Vous logerez Comme Vous pourrez Car sincerement ie panse que tout cela servira un iour plustost pour Vous que pour moy, et au moins Vous Verrez ma bonne Volonte.

Je suis ravie dapprendre lamandement de Vostre frere le souvenir que me Conserve nos amis. ie Vous prie de me Conserver leur amitie Comme la Chose qui mest le plus a Coeur, Car ie Vous dois tout et reConois tout de Vous

Jl me tarde dapprendre que D. Stefano soit revenu de Genes Car Je suis si malheureuse en matiere de serviteurs que ie Crains de perdre un ausi bon serviteur que luy en un Voiage de mer aux quels ie suis tousiours malheureuse

Japproue tout ce que Vous avez fait avec Cicolino et suis tout a fait de Vostre sentiment, mon inquietude sur son suiet est passe Car le temps ma decouvert que tout ce quon disoit de luy nestoit que des Rodomontades allemandes mais devan que de mestre esclairsïe ie Craingois quil ne me quitta pour le Gros prince de Lunebur, mais ie suis sorty entierement de ce doutte.

Vous me menassez de me faire vn mauvais tour en faisant imprimer mes lestres, iespere que Vous ne me le ferez pas Car ie ne Vous le pardonneres iamais, et le publique auroit de quoy se plaindre de Vous si Vous augmentiez le nombre des meschants Volumes qui sont dans le monde, par les lestres de ma facon.

l'Jndisposition du pape m'afflige tout a fait et ie Crois que Vous naurez pas de paine a Croire que ie dis vray Car iay de fortes raisons pour cela.

Cepandant ie suis ravie d'apprendre les Caresse quon fait a Vous austres Vous meritez tout, et on devroit faire quelque chose de gran pour lacquitter de ce que lon Vous doit et de ce que Vous meritez et ie suis si interesse en tout ce qui Vous [...] que ies [...] part tout Comme si lon pouvoit penser a moy.

Apres cela Jl faut que ie Vous parle dune affaire qui est tres importante pour moy et cest que iay quelque raison d'esperer que ie pourois obtenir en Suede le Chapitre de cette Vile pour moy, et Cela importeroit la somme de Cent et Cinquante mil escus, que cette Vile me donneroit pour se mettre en possession du dit Chapitre. faitte moy savoir si ie puis san scrupule le posseder ou le Vendre, et sil faut quelque dispense pour cela ie Vous prie de me lobtenir Car cet une affaire qui importe fort et Vostre reponse me Viendra a temps, Car iespere de la recevoir a Stocholme ou ie me renderay ausi tost quil me sera possible de partir dycy. Je me prepare tout a fait au Voiage et nattens que pasque pour apres lavoir Celebre icy me mettre en chemain si la saison le permettera Comme Jl y a apparence. Je Vous envoy vne lestre de Creance pour le Cardl. Chigi, dont Vous pouvez Vous servir Comme Jl Vous plaira pour parler de laffaire du Chapitre.

les affaire dAngletrere de dOllande son encore en mesme tremes le roy dAgletrere sostinant sur londre ou la haye et les Ollandois ayant en fin Consenty a londre lon atten que le roy de france y donne la main lon Croit quon traittera ou plustost quon publiera la paix a londre que lon Croit Comme faitte a pary. le temps capendant nous esclaircira de la Verite. Cepandant Jl est arrive qun paysan de Nort Ollande sest fait Conoistre pour le possesseur du lapis, et a fait lespreuve de sa poudre en presance de huits deputes de Mes.r les estats genneraux dOllande Convertisant par sa Cinque Cent livre de plom en autan de livres de pur or de Vint et quattre Carat a toute espreuves, en ietant sur le plom fondu la grosseur de la teste dune espingle de sa poudre envelope dans un peu de sire. ie Vous raConte cette histoire parce quelle est tres Veritable et quelle me semble digne destre seue. elle est Confirme par plusieurs lestres dollande de des gens dignes de foix entre austre le Ministre de Suede lescrit aux gran Connestable et en parle Comme dune Verite tres Constante.

Le Roy et la Reine de polonge son tous deux a lextremites de leur Vie. les estats de polonge on refuse tout secours estranger Contre les tartares on fait la treive avec les Moscovites, et sont enrages Contres les intriges de la reine qui leur est plus en abomination que iamais. ce sont de Viellies nouvelles mais ie Vous les dis pour Vous confirmer dan lopinion que Vous avez que la mort de lubomirski na pas Change les sentiments de la republique

les lestres de Suede tardent tousiours Car les chemains son impenetrables et Comme tout est ẏvronge en ce pays le Soleil lest comme le reste, Car asseurement en entrerant en lAries Jl le a Creu entrer en Capricorne Adieu Je seray iusques a la mort la mesme adieu

With modernised spelling:

Hambourg, 23 mars 1667.
Devant que de répondre à la vôtre du 26 du passé, il faut que je vous conte les désordres que les dernières lettres d'Adami m'ont causés. Vous avez vu celle qu'il avait écrit par l'ordinaire passé à Texeira, et je vous envoie une seconde, qui a achevé de le faire retraiter tout ce qu'il m'avait promis jusqu'au mois de juillet, et m'a mis dans plus grande confusion où je fus jamais en ma vie, puisqu'il n'est pas possible de lui faire continuer les remises à Rome des trois mille écus qu'il avait accoutumé d'y remettre tous les mois. Il a voulu que je lui engageasse mes joyaux pour ces quatre mois de remise et je n'ai pas voulu y consentir, si non à condition qu'ils demeurassent entre vos mains; mais s'étant opiniâtré de les vouloir en celles de quelqu'un de ses correspondants, j'ai cru devoir n'y consentir pas, pour plusieurs raisons que vous pouvez aisément imaginer. Mais je suis au désespoir de la trahison qu'il faut que je vous fasse de vous laisser pour deux ou trois mois sans argent; mais comme ce n'est pas par ma faute, j'espère que vous ne me l'imputerez pas, et pourvu que vous trouviez le moyen de subsister pour deux ou trois mois à l'ordinaire, comme j'espère de vous envoyer de plus grosses sommes que je n'ose vous promettre. La confiance que j'ai en votre prudence et en votre amitié me console en quelque façon de ce malheur, et me fait espérer que vous y remédierez de votre côté comme je ferai infailliblement du mien.

Mes affaires sont en Suède en un état si glorieux et avantageux pour moi, que j'ai quelque raison d'espérer quelque chose de très grand, et je n'ai besoin que de temps pour me mettre tout à fait à mon aise et en état de n'avoir plus besoin ni de Texeira, ni d'autre personne du monde; et, croyez-moi, quand je vous dis tant, je sais beaucoup plus que je ne vous dis.

Je ne saurais au reste vous exprimer la joie que vous m'avez donnée en achetant les tableaux du feu Carlo Imperiali, et si cette joie n'eût été troublée par la trahison que Texeira m'a faite, j'aurais eu de quoi être satisfaite de cette semaine, mais quelques jours après que j'eus reçu votre lettre, il me fit repentir de la joie que j'avais eue, par son manquement de la parole qu'il m'avait donnée quinze jours auparavant; néanmoins j'espère qu'il ne passera pas trois mois qu'il ne se repente de m'avoir joué ce jour.

J'admire au reste la pensée que vous avez eue de la division de la galerie, puisque nous l'avons eue environ en même temps, et je vous envoie le dessin de ma pensée là-dessus, quoique je fasse scrupule à présent de vous l'envoyer, puisque vous n'êtes pas en état de l'exécuter; mais sachez que j'avais fait ce dessin devant que de savoir des nouvelles du manquement de Texeira, et même devant de pouvoir l'imaginer. Mais puisqu'il est fait, je vous l'envoie du moins pour vous donner le divertissement de mes rêveries. J'ai fait moi-même le dessin, et la description, quoiqu'italienne, est aussi de ma façon; et vous pardonnerez les fautes tant de langue que d'architecture, que vous y trouverez, à qui ne sait ni l'italien ni l'architecture.

Je me suis servie de mains étrangères pour vous rendre mes sentiments intelligibles; car, en vérité, je ne sais pas lire l'original moi-même: mon page Adami a fait la copie du dessin et je lui puis rendre témoignage qu'il n'a pas mal employé son temps à Rome; car il est capable de comprendre fort bien et de fort bien exécuter tout ce qu'on lui ordonne, ce qui n'est pas peu.

Vous y connaîtrez aussi la main de D. Matheo, qui est mon copiste ordinaire. Le reste [est] de moi, et comme le tout ne vaut rien, vous n'aurez pas de peine à le croire. Je tâcherai de vous envoyer de quoi exécuter ce dessin, s'il vous plaira et si, contre mon espérance, je ne pourrai pas vous fournir de quoi le faire, j'aurai patience et vous aussi; et vous logerez comme vous pourrez; car sincèrement je pense que tout cela servira un jour plutôt pour vous que pour moi, et au moins vous verrez ma bonne volonté.

Je suis ravie d'apprendre l'amendement de votre frère [et] le souvenir que me conservent nos amis. Je vous prie de me conserver leur amitié comme la chose qui m'est le plus à cœur; car je vous dois tout et reconnais tout de vous.

Il me tarde d'apprendre que Don Stefano soit revenu de Gènes, car je suis si malheureuse en matière de serviteurs, que je crains de perdre un aussi bon serviteur que lui en un voyage de mer, auxquels je suis toujours malheureuse.

J'approuve tout ce que vous avez fait avec Cicolino et suis tout à fait de votre sentiment: mon inquiétude sur son sujet est passée, car le temps m'a découvert que tout ce qu'on disait de lui n'était que des rodomontades allemandes, mais devant de m'être éclaircie, je craignais qu'il ne me quittât pour le gros prince de Lunebourg; mais je suis sortie entièrement de ce doute.

Vous me menacez de me faire un mauvais tour en faisant imprimer mes lettres; j'espère que vous ne me le ferez pas, car je ne vous le pardonnerais jamais, et le public aurait de quoi se plaindre de vous, si vous augmentiez le nombre des méchants volumes qui sont dans le monde par les lettres de ma façon.

L'indisposition du pape m'afflige tout à fait, et je crois que vous n'aurez pas de peine à croire que je dis vrai, car j'ai de fortes raisons pour cela.

Après cela il faut que je vous parle d'une affaire, qui est très importante pour moi, et c'est que j'ai quelque raison d'espérer que je pourrais obtenir en Suède le chapitre de cette ville pour moi, et cela importerait la somme de cent et cinquante mille écus que cette ville me donnerait pour se mettre en possession dudit chapitre. Faites-moi savoir si je puis sans scrupule le posséder ou le vendre, et s'il faut quelque dispensation pour cela, je vous prie de me l'obtenir, car c'est une affaire qui importe fort, et votre réponse me viendra à temps; car j'espère de la recevoir à Stockholm, où je me rendrai aussitôt qu'il me sera possible de partir d'ici. Je me prépare tout à fait au voyage et n'attends que Pâques, pour, après l'avoir célébrée ici, me mettre en chemin, si la saison le permettra, comme il y a apparence.

Je vous envoie une lettre de créance pour le cardinal Chigi, dont vous pouvez vous servir comme il vous plaira, pour parler de l'affaire du chapitre.

Les affaires d'Angleterre [et] d'Hollande sont encore en mêmes termes: le roi d'Angleterre s'obstinant sur Londres ou la Haye, et les Hollandais ayant enfin consenti à Londres, l'on attend que le roi de France y donne la main. L'on croit qu'on traitera ou plutôt qu'on publiera la paix à Londres que l'on croit comme faite à Paris. Le temps cependant nous éclaircira de la vérité.

Cependant il est arrivé qu'un paysan de Hollande s'est fait connaître pour le possesseur du lapis, et a fait l'épreuve de sa poudre en présence de huit députés de MM. les États Généraux de Hollande, en convertissant cinq cents livres de plomb en autant de livres de pur or de vingt et quatre carats à toute épreuve, en jetant sur le plomb fondu la grosseur de la tête d'une épingle de sa poudre enveloppée dans un peu de cire. Je vous raconte cette histoire parce qu'elle est très véritable et qu'elle me semble digne d'être sue. Elle est confirmée par plusieurs lettres de Hollande de gens dignes de foi; entre autres le ministre de Suède l'écrit au grand connêtable et en parle comme d'une vérité très constante.

Le roi et la reine de Pologne sont tous deux à l'extrémité de leur vie. Les États de Pologne ont refusé tout secours étranger contre les Tartares, ont fait la trêve avec les Moscovites, et sont enragés contres les intrigues de la Reine, qui leur est plus en abomination que jamais. Ce sont de vieilles nouvelles, mais je vous les dis pour vous confirmer dans l'opinion que vous avez que la mort de Lubomirski n'a pas changé les sentiments de la République.

Les lettres de Suède tardent toujours, car les chemins sont impénétrables, et comme tout est ivrogne en ce pays, le soleil l'est comme le reste, car assurément en entrant en l'Ariès, il a cru entrer en Capricorne.

Adieu. Je serai jusqu'à la mort la même. Adieu.

English translation (my own):

Fifty-third letter
March 23, 1667.
Before answering yours of the 26th of last month, I must tell you about the disorders that Adami's last letters caused me. You have seen the one he had written in the usual way spent at Texeira, and I am sending you a second one, which finished making him reprocess everything he had promised me until the month of July, and to me has put in the greatest confusion I have ever been in in my life, since it is not possible to make him continue the remittances to Rome of the three thousand crowns which he had accustomed to remit there every month. He wanted me to commit my jewels to him for these four months of delivery and I did not want to consent, if not on condition that they remain in your hands; but having persisted in wanting them in those of one of his correspondents, I thought I should not consent, for several reasons which you can easily imagine. But I am in despair at the betrayal I must have done you to leave you for two or three months without money; but as it is not my fault, I hope you will not blame it on me, and provided you find the means of subsisting for two or three months as usual, as I hope to send you larger sums than I dare to promise you. The confidence that I have in your prudence and in your friendship consoles me in some way for this misfortune, and makes me hope that you will remedy it on your side as I will infallibly do mine.

My affairs in Sweden are in such a glorious and advantageous state for me that I have some reason to hope for something very great, and I only need time to make myself completely at my ease and in a good state of no longer needing Texeira or any other person in the world; and, believe me, when I tell you so much, I know a lot more than I tell you.

For the rest, I cannot express to you the joy you gave me by purchasing the paintings of the late Carlo Imperiali, and if this joy had not been disturbed by the betrayal that Texeira has done me, I would have had something to be satisfied with this week, but a few days after I had received your letter, he made me repent of the joy that I had had, by his betrayal of the word he had given me fifteen days before; nevertheless I hope that he will not spend three months without repenting having played me that day.

I admire, moreover, the thought which you had of the division of the gallery, since we had it about the same time, and I send you the drawing of my thought on it, although I now have scruple with you to send it, since you are not in a position to execute it; but know that I had made this drawing before hearing news of Texeira's betrayal, and even before being able to imagine it. But since it is done, I send it to you at least to give you the entertainment of my reveries. I did the drawing myself, and the description, although Italian, is also in my style; and you will forgive the faults, as much in language as in architecture, which you will find there, to those who know neither Italian nor architecture.

I have used foreign hands to make my feelings intelligible to you; because, in truth, I do not know how to read the original myself: my page Adami made the copy of the drawing and I can testify to him that he did not misuse his time in Rome; for he is capable of understanding very well and of executing very well whatever is ordered to him, which is not a little.

You will also know the hand of Don Matteo, who is my ordinary copyist. The rest is mine, and since the whole thing is worthless, you won't have a hard time believing it. I will try to send you something to do this drawing, if you please and if, against my hope, I cannot provide you with something to do it, I will have patience and you too; and you will stay as you can, because sincerely I think that all this will be useful one day rather for you than for me, and at least you will see my good will.

I am delighted to hear of your brother's amendment and the memory of our friends. Please keep their friendship with me as the thing that is most important to me; because I owe you everything and recognise everything about you.

I look forward to hearing that Don Stefano has returned from Genoa, because I am so unhappy in matters of servants that I fear losing such a good servant as him on a sea voyage, to whom I am still unhappy.

I approve of everything you have done with Cicolino and fully agree with you: my worry about his subject has passed, because time has discovered to me that everything that was said about him was nothing but German rodomontades, but having cleared up, I feared that he would leave me for the fat Prince of Lüneburg; but I got out of this doubt entirely.

You threaten to do me a dirty trick by having my letters printed; I hope you will not do it to me, for I will never forgive you, and the public would have reason to complain about you if you increased the number of the wicked volumes which are in the world by letters in my fashion.

The Pope's indisposition afflicts me completely, and I believe that you will have no difficulty in believing that I am telling the truth, for I have strong reasons for it.

After that I must tell you about an affair which is very important to me, and that is that I have some reason to hope that I could obtain in Sweden the chapter of this city for me, and that would import the sum of one hundred and fifty thousand crowns that this city would give me to take possession of the said chapter. Let me know if I can unscrupulously own or sell it, and if any dispensation is needed for it, please obtain it for me, for it is a matter of great importance, and your answer will come to me in time; because I hope to receive it in Stockholm, where I will go as soon as it is possible for me to leave here. I am preparing myself completely for the trip and only am waiting for Easter, to, after having celebrated it here, to set out on my way if the season will allow it, as it seems.

I am sending you a letter of credentials for Cardinal Chigi, which you can use as you please, to talk about the affair of the chapter.

The affairs of England and Holland are still in the same terms: the King of England insisting on London or the Hague, and the Dutch having finally consented to London, one waits for the King of France to give in. One believes that one will treat or rather that one will publish the peace in London which one believes as made in Paris. Time, however, will enlighten us of the truth.

In the meantime, it has happened that a peasant from North Holland made himself known as the owner of lapis and tested his powder in the presence of eight deputies of the Estates General of Holland, by converting five hundred pounds of lead in as many pounds of pure gold of twenty-four carats foolproof, by throwing on the molten lead the size of the head of a pin of its powder wrapped in a little wax. I am telling you this story because it is very true and it seems to me worth knowing. It is confirmed by several letters from Holland from people worthy of faith; among others, the Swedish minister writes it to the Grand Constable and speaks of it as a very constant truth.

The King and Queen of Poland are both at the extremity of their lives. The Estates of Poland have refused all foreign aid against the Tartars, have made a truce with the Muscovites, and are enraged against the intrigues of the Queen, who is more in abomination to them than ever. This is old news, but I tell you to confirm your opinion that Lubomirski's death has not changed the feelings of the Republic.

Letters from Sweden are always late, for the roads are impenetrable, and as everything is drunk in this country, the sun is so like the rest, because certainly on entering Aries, it believed to enter Capricorn.

Farewell. I will be the same to you until death. Farewell.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.