Wednesday, January 11, 2023

Kristina's letter to the Chevalier de Terlon, dated August 31/September 10 (New Style), 1686

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere della regina ai suoi ministri; Lettere al signore Bremont; Lettre manquante 2  Christine de Suède au chevalier de Terlon, Rome, 10 septembre 1686 (located at H 258 bis 1)


Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Papiers de Christine de Suède, complément; Papiers de Christine de Suède, complément I (digitisation pages 99v-100r to 103v-104r)


Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Papiers de Christine de Suède, complément I, : , 1601-1700.

The Foli@ online digital heritage library is here:


Copyright SCDI-UPV - Collections Université de Montpellier (shelfmark H 258 and shelfmark H 258 bis 1).

Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 4, page 126, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1760







The letter (with Kristina's handwriting in italics):

Responce a Trelon.
Rome ce [...].
On vous fait perdre vos Soins et vos peines en vous employant pour me faire changer de langage et des Sentiments; Quant on vous auroit rendu plus Eloquant que Ciceron on n'y reussiroit pas. Que ce langage et ces Sentiments deplaisent ou non a vostre Cour, et a vostre Clergé, cela ne m'importe guere, On ne m'empechera pas de dire la verité. Et J'admire la peine qu'on prend de Justifier les Dragons Missionnaires; Peut estre m'auroit on persuadé Si Je connoissois moins cette generation; Mais quant on me Jureroit leur prudhomie, il n'est pas en mon pouuoir de la croire. Toutefois Si l'on ne me persuade pas, du moin[s] l'on me diuertit. On Se trompe mesme fort d'accuser les Gazettes des nocions que J'ay de l'estat present de la france; On deuroit Sçauoir que Je ne lis les imprimées et les manuscrites que pour croire rarement ce qu'ils disent; Mais on a tort de S'en plaindre, les Gazettiers Sont trop bien payez pour n'escrire pas tout ce qui plaist a la france. Ne Scait on pas bien qu'Elle a des Regiments de Proneurs comme des Regiments des Grenadiers? Le monde estant Si remply des Sots et des poltrons comme il est, ces Sortes de trouppes font par tout des merueilles en Sa faueur dans un Ciecle ou l'on est Si disposé a tout craindre et a tout croire.

Pour l'Apologie qu'on vous a dictée pour le du Clergé de france, on n'auroit pas de peine a me persuader la Sagesse de cet Jllustre Corps; Mais par malheur vous qu'on employt, Vous n'estez pas assez grand Theologien pour Soustenir les Dogmes des dernieres propositions, et moy qui Seray fachée de l'estre plus que vous, Je m'en remets aux Sentiments du Pape. Jl est encore bien difficile de me persuader l'estat presant de la france aussi fleurissant qu'on le vante; Pour en desabuser les gens, Je les renuois aux Cinq grosses fermes. Et pour ce qui est de l'infaillibilité du Roy vostre Maistre, on me dispensera de la croire, puis que Salomon qui estoit non Seulement le plus Sage des Roys, mais qui estoit ausi le plus Sage des hommes, a fait Cent Sottises. Apres cela, Je crois qu'il est bon de ne Se fier pas a nostre Sagesse, quoy que nous en puissent dire nos flatteurs, d'autant plus qu'on a eu en france l'effronterie de mettre en doutte l'infallibilité du Pape que Je tiens mieux fondeé; On Souffrira donc qu'on S'emancipe Jusqu'à doutter de celle du Roy vostre Maistre. Je ne Suis pas Surprise de voir que la temerité de ceux qui vous font escrire, les transporte Jusqu'a me reprocher de flatter l'obstination des heretiques, et Je ne me vangeray que par le mepris d'une Si ridicule proposition. Je defie a qui que ce Soit de donner a ma lettre un Sens Si peruers. J'ose mésme m'asseurer qu'elle fera, S'il plaist a Dieu, plus de veritables conuersions que la vanité, que l'interest, et que la cruauté n'en ont fait des fausses. Le temps nous esclaircira de tout, Jl fera disparoistre la fausse gloire auec les fausses vertus, Jl fera trionfer la verité et la veritable vertu par tout, d'une maniere Si esclattante et Si pompeuse, qu'elle donnera de l'admiration a toute la terre, comme a Rome ou Sa S[ainte]té vient de faire une Si digne promotion. Apres ce miracle il faut Se preparer d'en voir bien d'autres; le bon party S'y dispose auec joye, voyant destruit l'esclauage de Rome par ce Seul coup de maistre du Pape. La gloire en Soit donnée a Dieu, et a Sa S[ainte]té[.] Le mesme Dieu qui a fait ces merueilles, fera le reste, et confondera enfin tous les ennemis externes et internes de Rome.

Pendant que Je vous escrit, nous venons de receuoir avec une joye inexplicable la nouuelle de la prise de Bude; Cette action heroique est digne de la noble enuie de tous les grands Coeurs, et J'aymeray mieux l'auoir faite que de posseder le monde entier. Loué Soit dieu a qui toute la gloire en est deüe. Bude a esté attaqueé et defendüe par autant d'Heros qu'il y auoit d'hommes dans l'un et l'autre party, et cette heroique action n'efface pas Seulement tout ce qui a este fait de veritablement grand et de beau dans nostre Ciecle, mais elle approche l'Electeur de Bauiere et le Duc de Loraine du rang des grands hommes des Ciecles heroiques. Dieu conserue ces Princes pour la gloire de la Chrestienté et celle de nostre Ciecle. Enfin Bude prise, et Rome deliurée de l'esclauage dans un mesme jour, Sont des incidents Si admirables, que Je ne doutte plus de l'heureux et glorieux changement de l'Europe. Si par malheur vous vous trouuez engagé dans un party qui n'approuue pas ce qui Se passe, Je Souhaitte de tout mon Coeur que Dieu vous en console. Donnez cependant ce Salutaire auis a ceux qui vous = Vous font escrire apres trois mois de silence = apres trois mois de Silence, qu'ils me laissent en repos, Car la veine d'où Je tire tout ce qui peut desoler les gens, est inespuissable. Mais qu'ils S'en prennent a Dieu, et non pas a moy. dieu Vous prospere
recopies pour estre souscrit
10 Septembre 1686.

With modernised spelling:

Réponse à Terlon.
Rome, ce [...].
On vous fait perdre vos soins et vos peines en vous employant pour me faire changer de langage et des sentiments. Quand on vous aurait rendu plus éloquent que Cicéron, on n'y réussirait pas. Que ce langage et ces sentiments déplaisent ou non à votre Cour et a votre clergé, cela ne m'importe guère. On ne m'empêchera pas de dire la vérité, et j'admire la peine qu'on prend de justifier les dragons missionnaires. Peut-être m'aurait-on persuadé si je connaissais moins cette génération, mais quant on me jurerait leur prud'homie, il n'est pas en mon pouvoir de la croire. Toutefois, si l'on ne me persuade pas, du moins l'on me divertit.

On se trompe même fort d'accuser les gazettes des notions que j'ai de l'état présent de la France. On devrait savoir que je ne lis les imprimées et les manuscrites que pour croire rarement ce qu'ils disent, mais on a tort de s'en plaindre, les gazettiers sont trop bien payés pour n'écrire pas tout ce qui plaît à la France. Ne sait-on pas bien qu'elle a des régiments de prôneurs comme des régiments des grenadiers? Le monde étant si rempli des sots et des poltrons comme il est, ces sortes de troupes font partout des merveilles en sa faveur dans un siècle où l'on est si disposé à tout craindre et à tout croire.

Pour l'apologie qu'on vous a dictée du clergé de France, on n'aurait pas de peine à me persuader la sagesse de cet illustre corps; mais, par malheur vous qu'on emploit [sic], vous n'êtes pas assez grand théologien pour soutenir les dogmes des dernières propositions; et moi, qui serai fâchée de l'être plus que vous, je m'en remets aux sentiments du pape. Il est encore bien difficile de me persuader l'état présent de la France, aussi fleurissant qu'on le vante, pour en désabuser les gens. Je les renvoie aux cinq grosses fermes. Et, pour ce qui est de l'infaillibilité du Roi, votre maître, on me dispensera de la croire, puisque Salomon, qui était non seulement le plus sage des rois, mais qui était aussi le plus sage des hommes, a fait cent sottises.

Après cela, je crois qu'il est bon de ne se fier pas à notre sagesse, quoi que nous en puissent dire nos flatteurs, d'autant plus qu'on a eu en France l'effronterie de mettre en doute l'infaillibilité du pape, que je tiens mieux fondeé. On souffrira donc qu'on s'émancipe jusqu'à douter de celle du Roi, votre maître. Je ne suis pas surprise de voir que la témérité de ceux qui vous font écrire les transporte jusqu'à me reprocher de flatter l'obstination des hérétiques, et je ne me vengerai que par le mépris d'une si ridicule proposition. Je défie à qui que ce soit de donner à ma lettre un sens si pervers. J'ose même m'assurer qu'elle fera, s'il plaît à Dieu, plus de véritables conversions que la vanité, que l'intérêt, et que la cruauté n'en ont fait des fausses.

Le temps nous éclaircira de tout, il fera disparaître la fausse gloire avec les fausses vertus. Il fera triompher la vérité et la vertu partout d'une manière si éclatante et si pompeuse qu'elle donnera de l'admiration à toute la terre comme à Rome, où Sa Sainteté vient de faire une si digne promotion. Après ce miracle, il faut se préparer d'en voir bien d'autres; le bon parti s'y dispose avec joie, voyant détruit l'esclavage de Rome par ce seul coup de maître du pape. La gloire en soit donnée à Dieu et à Sa Sainteté! Le même Dieu, qui a fait ces merveilles, fera le reste et confondra enfin tous les ennemis externes et internes de Rome.

Pendant que je vous écris, nous venons de recevoir avec une joie inexplicable la nouvelle de la prise de Bude. Cette action héroique est digne de la noble envie de tous les grands cœurs, et j'aimerais mieux l'avoir faite que de posséder le monde entier. Loué soit Dieu, à qui toute la gloire en est due! Bude a été attaquée et défendue par autant de héros qu'il y avait d'hommes dans l'un et l'autre parti, et cette héroique action n'efface pas seulement tout ce qui a été fait de véritablement grand et de beau dans notre siècle, mais elle approche l'électeur de Bavière et le duc de Lorraine du rang des grands hommes des siècles héroiques. Dieu conserve ces princes pour la gloire de la chrétienté et celle de notre siècle!

Enfin, Bude prise et Rome délivrée de l'esclavage dans un même jour sont des incidents si admirables que je ne doute plus de l'heureux et glorieux changement de l'Europe. Si, par malheur, vous vous trouvez engagé dans un parti qui n'approuve pas ce qui se passe, je souhaite de tout mon cœur que Dieu vous en console. Donnez cependant ce salutaire avis à ceux qui vous font écrire après trois mois de silence qu'ils me laissent en repos, car la veine d'où je tire tout ce qui peut désoler les gens est inépuisable; mais qu'ils s'en prennent à Dieu et non pas à moi. Dieu vous prospère.
Recopiez pour être souscrit.
10 septembre 1686.

Arckenholtz's transcript of the letter:

Le 10. Septembre 1686.
On vous fait perdre vos soins & vos peines, en vous employant pour me faire changer de langage & de sentimens; quand on vous auroit rendu plus éloquent que Cicéron, on n'y réussiroit pas. Que ce langage & ces sentimens déplaisent ou non à votre Cour, & à votre Clergé, cela ne m'importe guére; on ne m'empêchera pas de dire la vérité, & j'admire la peine qu'on prend de justifier les Dragons-Missionnaires. Peut-être m'auroit-on persuadée, si je connoissois moins cette génération; mais quand on me jureroit leur prud'hommie, il n'est pas en mon pouvoir de la croire. Toutefois, si l'on ne me persuade pas, du-moins on me divertit. On se trompe même fort d'accuser les Gazettes des notions que j'ai de l'état présent de la France. On devroit savoir que je ne lis les Imprimés & les Manuscrits que pour croire rarement ce qu'ils disent, mais on a tort de s'en plaindre: les Gazettiers sont trop bien payés, pour n'écrire pas tout ce qui plaît à la France. Ne sait-on pas bien qu'elle a des Régimens de Prôneurs, comme des Régimens de Grenadiers? Le Monde étant aussi rempli de sots & de poltrons qu'il l'est, ces sortes de troupes font par-tout des merveilles en sa faveur, dans un siécle où l'on est si disposé à tout croire. Pour l'Apologie qu'on vous a dictée du Clergé de France, on n'auroit pas de peine à me persuader la sagesse de cet illustre Corps; mais par malheur vous-même qu'on employe, vous n'êtes pas assez grand Théologien pour soutenir les Dogmes des derniéres Propositions; & moi qui serois fâchée de l'être plus que vous, je m'en remets aux sentimens du Pape. Il est encore bien difficile de me persuader l'état présent de la France aussi florissant qu'on le vante. Pour en desabuser les gens, je les renvoie aux cinq grosses Fermes. Et pour ce qui est de l'infaillibilité du Roi votre Maître, on me dispensera de la croire, puisque Salomon, qui étoit non seulement le plus sage des Rois, mais qui étoit aussi le plus sage des Hommes, a fait cent sottises.

Après cela je crois qu'il est bon de ne se fier pas à notre sagesse, quoi que nous en puissent dire nos flatteurs, d'autant plus qu'on a eu en France l'effronterie de mettre en doute l'infaillibilité du Pape, que je tiens mieux fondée. On souffrira donc qu'on s'émancipe jusqu'à douter de celle du Roi votre Maître. Je ne suis pas surprise de voir que la témérité de ceux qui vous font écrire, les transporte jusqu'à me reprocher de flatter l'obstination des Hérétiques, & je ne me vengerai que par le mépris d'une si ridicule imputation. Je défie qui que ce soit de donner à ma Lettre un sens si pervers. J'ose même m'assurer qu'elle fera, s'il plaît à Dieu, plus de véritables conversions, que la vanité, l'intérêt & la cruauté n'en ont fait de fausses. Le tems nous éclaircira de tout, & fera disparoître la fausse gloire avec les fausses vertus; il fera triompher par-tout la vérité & la vertu d'une maniére si éclatante, qu'elle donnera de l'admiration à toute la Terre, comme à Rome, où Sa Sainteté vient de faire une si digne promotion. Après ce miracle il faut se préparer d'en voir bien d'autres; le bon parti s'y dispose avec joie, voyant l'esclavage de Rome détruit par ce seul coup de Maître du Pape. La gloire en soit donnée à Dieu, & à Sa Sainteté. Le même Dieu qui a fait ces merveilles, fera le reste, & confondra enfin tous les Ennemis extérieurs & intérieurs de Rome.

Pendant que je vous écris, nous venons de recevoir avec une joie inexprimable la nouvelle de la prise de Bude. Cette action héroïque est digne de la noble envie de tous les grands cœurs; & j'aimerois mieux l'avoir faite, que de posséder le Monde entier. Loué soit Dieu à qui toute la gloire en est dûe. Bude a été attaquée & défendue par autant de Héros qu'il y avoit d'hommes dans l'un & l'autre Parti, & cette héroïque action n'efface pas seulement tout ce qui a été fait de véritablement grand & de beau dans notre Siécle, mais elle rapproche encore l'Electeur de Baviére & le Duc de Lorraine du rang des grands hommes des Siécles héroïques. Dieu conserve ces Princes pour la gloire de la Chrétienté & celle de notre Siécle. Enfin Bude prise, Rome délivrée de l'esclavage dans un même jour, sont des événemens si admirables, que je ne doute plus de l'heureux & glorieux changement de l'Europe. Si par malheur vous vous trouvez engagé dans un Parti qui n'approuve pas ce qui se passe, je souhaitte de tout mon cœur que Dieu vous en console. Donnez cependant ce salutaire avis à ceux qui vous font écrire après trois mois de silence, qu'ils me laissent en repos; car la veine d'où je tire tout ce qui peut désoler les gens, est inépuisable; mais qu'ils s'en prennent à Dieu & non pas à moi. Dieu vous fasse prospérer, &c.

Swedish translation (my own):

Den 10 september 1686.
Man får Er att förlora Era bekymmer och Era ansträngningar genom att anställa Er för att få mig att ändra mitt språk och mina känslor; om Ni hade gjorts mer vältalig än Cicero, hade Ni inte lyckats. Huruvida detta språk och dessa känslor misshagar Ert hov och Ert prästerskap eller inte, spelar liten roll för mig; jag kommer inte att hindras från att berätta sanningen, och jag beundrar de ansträngningar som gjorts för att rättfärdiga dragonmissionärerna. Kanske skulle jag ha blivit övertygad om jag visste mindre om denna generation; men när någon svär mig sin hederlighet, står det inte i min makt att tro det. Hur som helst, om jag inte blir övertalad så blir jag åtminstone underhållen. Det är till och med mycket fel att anklaga tidningarna för de föreställningar jag har om den nuvarande tillståndet hos Frankrike. Det bör vara känt att jag läser trycksakerna och manuskripten bara för att sällan tro vad de säger, men det är fel att klaga på det; tidningsskrivarna är för bra betalt för att inte skriva allt som behagar Frankrike. Vet man inte att den har regementen av predikanter, som regementen av grenadjärer? Eftersom världen är så full av dårar och fega män som den är, gör den här typen av trupper överallt underverk till dess fördel, under ett sekel när man är så benägen att tro allt. För den ursäkt som har dikterats till Er av Frankrikes prästerskap, skulle man inte ha några svårigheter att övertyga mig om visheten i denna berömda kropp; men tyvärr är Ni själv, som är anställd, inte en tillräckligt stor teolog för att stödja de sista påståendenas dogmer; och jag, som skulle vara ledsen över att vara mer än Ni, överlåter det till påvens känslor. Det är fortfarande mycket svårt att övertyga mig om Frankrikes nuvarande tillstånd, så blomstrande som det skrytas med. För att ta människor ur villfarelsen skickar jag tillbaka dem till de fem stora gårdarna. Och vad gäller konungens, Er herres, ofelbarhet, så kommer jag att vara ursäktad från att tro det, eftersom Salomo, som inte bara var den visaste av konungarna, utan som också var den visaste bland människor, begick hundra dumheter.

Efter det tror jag att det är bra att inte lita på vår visdom, vad våra smickrare än säger, i synnerhet som vi i Frankrike hade ofrivilligheten att ifrågasätta påvens ofelbarhet, som jag anser vara bättre grundad. Vi kommer därför att lida vår frigörelse till den grad att vi tvivlar på konungens, Er herres. Jag är inte förvånad över att se att elakheten hos dem som får Er att skriva bär dem så långt att de förebrår mig för att jag smickrar kättares envishet, och jag kommer att hämnas mig endast genom förakt för en sådan löjlig tillmätning. Jag utmanar vem som helst att ge mitt brev en sådan pervers innebörd. Jag vågar till och med försäkra mig om att det, om det behagar Gud, kommer att göra mer sanna omvändelser än fåfänga, egennytta och grymhet har gjort falska sådana. Tiden kommer att upplysa oss om allt och kommer att få falsk ära att försvinna med falska dygder; den kommer att få sanning och dygd att triumfera överallt på ett så lysande sätt att det kommer att skänka beundran för hela jorden, som i Rom, där Hans Helighet just har gjort en sådan värdig befordran. Efter detta mirakel är det nödvändigt att förbereda sig för att se många andra; det rätta partiet förberedde sig för det med glädje, när han såg Roms slaveri förstörts av detta enda mästerslag från påven. Äran vare ges till Gud och till Hans Helighet. Samme Guden som gjorde dessa underverk kommer att göra resten, och slutligen kommer han att förvirra alla Roms yttre och inre fiender.

Medan jag skriver till Er har vi precis tagit emot nyheten om infångandet av Buda med outsäglig glädje. Denna heroiska handling är värd den ädla avund från alla stora hjärtan; och jag hade hellre gjort det än att äga hela världen. Prisad vare Gud, till vilken all ära tillkommer. Buda har attackerats och försvarats av lika många hjältar som det fanns män på båda sidor, och denna heroiska aktion raderar inte bara allt som har varit verkligt stort och vackert i vårt sekel, utan det för fortfarande kurfursten av Bayern och hertigen av Lorraine närmare rangen av stormännen under de heroiska seklerna. Gud bevare dessa furstar till kristendomens och vårt sekels ära. Till sist att Buda intogs och Rom befriades från slaveriet på samma dag är sådana beundransvärda händelser att jag inte längre tvivlar på Europas lyckliga och härliga förändring. Om Ni tyvärr finner Er själv engagerad i ett parti som inte godkänner det som händer, önskar jag av hela mitt hjärta att Gud tröstar Er. Ge under tiden detta välgörande råd till dem som får Er att skriva efter tre månaders tystnad, att de lämnar mig i fred; ty den ådra från vilken jag hämtar allt som kan ångra människor är outtömlig; men låt dem skylla på Gud och inte mig. Gud välsigne Er, osv.

English translation (my own):

September 10, 1686.
One makes you lose your cares and your pains by employing you to make me change my language and feelings; if you had been made more eloquent than Cicero, you would not have succeeded. Whether or not this language and these sentiments displease your court, and your clergy, matters little to me; I will not be prevented from telling the truth, and I admire the pains taken to justify the dragoon missionaries. Perhaps I would have been persuaded if I knew less of this generation; but when someone swears me their probity, it is not in my power to believe it. Anyway, if I am not persuaded, at least I am entertained. It is even very wrong to accuse the newspapers of the notions I have of the present state of France. It should be known that I read the printed matter and the manuscripts only to seldom believe what they say, but it is wrong to complain about it; the gazetteers are too well paid not to write everything that pleases France. Does one not know that it has regiments of preachers, like regiments of grenadiers? The world being as full of fools and cowards as it is, these kinds of troops everywhere work wonders in its favour, in a century when one is so disposed to believe everything. For the apology that has been dictated to you by the clergy of France, one would have no difficulty in persuading me of the wisdom of this illustrious body; but unfortunately you yourself, who are employed, you are not a great enough theologian to support the dogmas of the last propositions; and I, who would be sorry to be more so than you, leave it up to the feelings of the Pope. It is still very difficult to persuade me of the present state of France, as flourishing as it is boasted of. To disabuse people, I send them back to the five great farms. And as for the infallibility of the King, your master, I will be excused from believing it, as Solomon, who was not only the wisest of kings, but who was also the wisest of men, committed a hundred stupidities.

After that I think it is good not to trust our wisdom, whatever our flatterers may say, especially since in France they had the effrontery to question the infallibility of the Pope, which I hold better founded. We will therefore suffer our emancipation to the point of doubting that of the King, your master. I am not surprised to see that the temerity of those who make you write carries them so far as to reproach me for flattering the obstinacy of heretics, and I will avenge myself only by contempt for such a ridiculous imputation. I challenge anyone to give my letter such a perverse meaning. I even dare to assure myself that it will, if it pleases God, make more true conversions than vanity, self-interest and cruelty have made false ones. Time will enlighten us of everything and will make false glory disappear with false virtues; it will make truth and virtue triumph everywhere in such a brilliant manner that it will give admiration to the whole earth, as in Rome, where His Holiness has just made such a worthy promotion. After this miracle, it is necessary to prepare to see many others; the right party prepared for it with joy, seeing the slavery of Rome destroyed by this single master stroke from the Pope. The glory be given to God, and to His Holiness. The same God who did these wonders will do the rest, and finally He will confuse all the external and internal enemies of Rome.

While I am writing to you, we have just received with inexpressible joy the news of the capture of Buda. This heroic action is worthy of the noble envy of all great hearts; and I would rather have done it than possess the whole world. Praise be to God, to whom all the glory is due. Buda has been attacked and defended by as many heroes as there were men on either side, and this heroic action not only erases all that has been truly great and beautiful in our century, but it still brings the Elector of Bavaria and the Duke of Lorraine closer to the rank of the great men of the heroic centuries. God preserve these princes for the glory of Christianity and that of our century. Finally Buda being taken and Rome being delivered from slavery in the same day are such admirable events that I no longer doubt the happy and glorious change of Europe. If unfortunately you find yourself committed to a party that does not approve of what is happening, I wish with all my heart that God console you. In the meantime, give this salutary advice to those who make you write after three months of silence, that they leave me in peace; for the vein from which I draw everything that can distress people is inexhaustible; but let them blame God and not me. God bless you, etc.

Swedish translation of the original (my own):

Svar till Terlon.
Rom, den [...].
En är att få Er att slösa bort Er omsorg och Era sorger genom att använda Er för att få mig att ändra mitt språk och mina känslor. Även om man gjorde Er mer vältalig än Cicero, skulle man inte lyckas. Huruvida detta språk och dessa känslor misshagar Ert hov och Ert prästerskap eller inte, spelar det knappast någon roll för mig. Ingen kommer att hindra mig från att berätta sanningen, och jag beundrar besväret de gör för att rättfärdiga dragonmissionärerna. Jag kanske skulle ha blivit övertygad om jag visste mindre om den här generationen, men när någon svär för mig om sin trovärdighet, så står det inte i min makt att tro på dem. Men om man inte övertalar mig så avleder man mig åtminstone.

Det är till och med mycket fel att anklaga tidningarna för de föreställningar jag har om Frankrikes nuvarande staten. Ni skall veta att jag bara läser det tryckta och det handskrivna för att sällan tro på vad de säger, men det är fel att klaga på det, tidningarna har för bra betalt för att inte skriva allt som behagar Frankrike. Vet man inte väl att den har regementen av predikanter som regementen av grenadjärer? Världen är ju så full av dårar och fegisar som den är, det här slags trupper gör underverk överallt till dess fördel under ett sekel däri människor är så benägna att frukta och tro allt som helst.

När det gäller ursäkten som dikterades till Er av Frankrikes prästerskap, så skulle det inte vara svårt att övertyga mig om visdomen i denna illustra kropp; men tyvärr är Ni som är anställd inte en tillräckligt stor teolog för att stödja de senaste påståendenas dogmer; och jag, som skulle vara argare än Ni, remitterar mig till påvens känslor. Det är fortfarande mycket svårt att övertyga mig om den nuvarande tillståndet Frankrike, så blomstrande som man än kan skryta med, att missbruka människor i den. Jag skickar dem till de fem stora gårdarna. Och när det gäller konungens, Er herres, ofelbarhet, kommer jag att befrias från att tro det, som Salomo, som inte bara var den viseste av konungar, utan som också var den viseste bland människor, gjorde hundra dårskaper.

Efter det tror jag att det är bra att inte lita på vår visdom, vad våra smickrare än må säga, i synnerhet som man i Frankrike har haft elegansen att ifrågasätta påvens ofelbarhet, som jag anser vara bättre grundad. Man kommer därför att låta sig frigöras till den grad att man tvivlar på konungens, Er mästares. Jag är inte förvånad över att se att elakheten hos dem som fick Er att skriva bär dem till den grad att jag förebråar mig för att jag smickrar kättarnas envishet, och jag kommer bara att hämnas genom att förakta ett sådant löjligt förslag. Jag trotsar någon att ge mitt brev en sådan pervers innebörd. Jag vågar till och med försäkra mig om att det, om det behagar Gud, kommer att göra mer sanna omvändelser än fåfänga, intresse och grymhet har gjort falska sådana.

Tiden kommer att klargöra allt för oss, den kommer att få falsk ära och falska dygder att försvinna. Den kommer att få sanning och dygd att triumfera överallt på ett så lysande och pompöst sätt att det kommer att ge beundran till hela jorden såväl som till Rom, där Hans Helighet just har gjort en så värdig befordran. Efter detta mirakel måste man förbereda sig på att se många andra; det goda sällskapet gör sig av med det med glädje, när de ser Roms slaveri förstört av påvens enda mästare. Äran skall ges till Gud och Hans Helighet! Den samme Gud som gjorde dessa under kommer att göra resten och slutligen förvirra alla Roms yttre och inre fiender.

När jag skriver till Er har vi rättnu med obeskrivlig glädje tagit emot nyheten om infångandet av Buda. Denna heroiska dåd är värd den ädla önskan från alla stora hjärtan, och jag hade hellre gjort det än att äga hela världen. Prisad vare Gud, till vilken all ära tillkommer! Buda har attackerats och försvarats av lika många hjältar som det fanns män i båda partierna, och denna heroiska handling raderar inte bara ut allt som verkligen var stort och vackert i vårt århundrade, utan det för kurfursten av Bayern och hertigen av Lorraine närmare till rangen av stormännen under de heroiska seklerna. Må Gud bevara dessa furstar till kristendomens och vårt sekels ära!

Slutligen, Buda intagen och Rom befriad från slaveriet på samma dag är sådana beundransvärda händelser att jag inte längre tvivlar på den lyckliga och härliga förändringen i Europa. Om Ni tyvärr finner Er involverad i ett parti som inte godkänner det som händer, hoppas jag av hela mitt hjärta att Gud tröstar Er. Emellertid, ge detta välgörande meddelande till dem som får Er att skriva efter tre månaders tystnad att de lämnar mig i vila, ty den åder från vilken jag drar allt som kan plåga människor är outtömlig; men må de skylla på Gud och inte mig. Gud välsigne Er.
Rekopiera för att undertecknas.
Den 10 september 1686.

English translation of the original (my own):

Response to Terlon.
Rome, this [...].
One is making you waste your care and your sorrows by using you to make me change my language and my feelings. Even if one made you more eloquent than Cicero, one would not succeed. Whether or not this language and these sentiments displease your court and your clergy, it hardly matters to me. No one will stop me from telling the truth, and I admire the trouble they take to justify the dragoon missionaries. Perhaps I would have been persuaded if I knew less about this generation, but when someone swears to me about their trustworthiness, it is not in my power to believe them. However, if one does not persuade me, one at least diverts me.

It is even very wrong to accuse the gazettes of the notions I have of the present state of France. You should know that I only read the printed and the handwritten to rarely believe what they say, but it is wrong to complain about it, the gazetteers are too well paid not to write everything that pleases France. Doesn't one know well that it has regiments of preachers like regiments of grenadiers? The world being so full of fools and cowards as it is, these kinds of troops work wonders everywhere in its favour in a century where people are so disposed to fear and believe everything.

As for the apologia that was dictated to you by the clergy of France, it would not be difficult to persuade me of the wisdom of this illustrious body; but unfortunately you who are employed are not a great enough theologian to support the dogmas of the latest propositions; and I, who would be more angry than you, remit myself to the Pope's sentiments. It is still well difficult to persuade me of the present state of France, as flourishing as one boasts, to disabuse people of it. I send them to the five big farms. And, as for the infallibility of the King, your master, I will be excused from believing it, as Solomon, who was not only the wisest of kings, but who was also the wisest of men, made a hundred follies.

After that, I believe that it is good not to trust in our wisdom, whatever our flatterers may say, especially since in France one has had the effrontery to question the infallibility of the Pope, which I consider to be better founded. One will therefore allow oneself to be emancipated to the point of doubting that of the King, your master. I am not surprised to see that the temerity of those who made you write carries them to the point of reproaching me for flattering the obstinacy of the heretics, and I will only take revenge by contempt for such a ridiculous proposition. I defy anyone to give my letter such a perverse meaning. I even dare to assure myself that it will, if it pleases God, make more true conversions than vanity, interest, and cruelty have made false ones.

Time will clarify everything for us, it will make false glory and false virtues disappear. It will make truth and virtue triumph everywhere in such a brilliant and pompous manner that it will give admiration to the whole earth as well as to Rome, where His Holiness has just made such a worthy promotion. After this miracle, one must prepare to see many others; the good party disposes of it with joy, seeing the slavery of Rome destroyed by this single master stroke by the Pope. The glory be given to God and His Holiness! The same God, who did these wonders, will do the rest and finally confound all the external and internal enemies of Rome.

As I write to you, we have just received with indescribable joy the news of the capture of Buda. This heroic action is worthy of the noble desire of all great hearts, and I would rather have done it than possess the whole world. Praise be to God, to whom all the glory is due! Buda has been attacked and defended by as many heroes as there were men in both parties, and this heroic action not only erases everything that was truly great and beautiful in  our century, but it brings the Elector of Bavaria and the Duke of Lorraine closer to the rank of the great men of the heroic centuries. May God preserve these princes for the glory of Christianity and that of our century!

Finally, Buda taken and Rome delivered from slavery in the same day are such admirable incidents that I no longer doubt the happy and glorious change in Europe. If, unfortunately, you find yourself involved in a party that does not approve of what is happening, I hope with all my heart that God consoles you. In the meantime, give this salutary notice to those who make you write after three months of silence that they leave me at rest, because the vein from which I draw everything that can distress people is inexhaustible; but may they blame God and not me. God prosper you.
Recopy to be signed.
September 10, 1686.


Above: Kristina.

Note: The Siege of Buda was fought between the Holy League and the Ottoman Empire as part of the follow-up campaign in Hungary after the 1683 Battle of Vienna. The Holy League took Buda (modern day Budapest) after 78 days, ending 150 years of Ottoman rule.

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