Thursday, January 12, 2023

René Descartes' letter to Princess Elisabeth of Bohemia, concerning his arrival in Stockholm, dated September 29/October 9 (New Style), 1649

Source:

Œuvres de Descartes, correspondance V: mai 1647-février 1650, page 429, published by Charles Adam and Paul Tannery, 1903


The letter:

Madame,
Estant arriué depuis quatre ou cinq iours à Stocholm, l'vne des premieres choses que i'estime appartenir à mon deuoir est de renouueller les offres de mon tres-humble seruice à vostre Altesse, afin qu'elle puisse connoistre que le changement d'air & de païs ne peut rien changer ny diminuer de ma deuotion & de mon zele. Ie n'ay encore eu l'honneur de voir la Reine que deux fois; mais il me semble la connoistre déia assez, pour oser dire qu'elle n'a pas moins de merite & [a] plus de vertu que la renommée luy en attribuë. Auec la generosité & la maiesté qui éclattent en toutes ses actions, on y voit vne douceur & vne bonté, qui obligent tous ceux qui aiment la vertu & qui ont l'honneur d'aprocher d'elle, d'estre entierement déuoüez à son seruice. Vne des premieres choses qu'elle m'a demandées a esté si ie sçauois de vos nouuelles, & ie n'ay pas feint de luy dire d'abord ce que ie pensois de vostre Altesse; car, remarquant la force de son esprit, ie n'ay pas craint que cela luy donnast aucune ialousie, comme ie m'assure aussi que V. A. n'en sçauroit auoir, de ce que ie luy écris librement mes sentimens de cette Reine. Elle est extremement portée à l'étude des lettres; mais, pource que ie ne sçache point qu'elle ait encore rien veu de la Philosophie, ie ne puis iuger du goust qu'elle y prendra, ny si elle y pourra employer du temps, ny par consequent si ie seray capable de luy donner quelque satisfaction, & de luy estre vtile en quelque chose. Cette grande ardeur qu'elle a pour la connoissance des lettres, l'incite sur tout maintenant à cultiuer la langue Grecque, & à ramasser beaucoup de liures anciens; mais peut-estre que cela changera. Et quand il ne changeroit pas, la vertu que ie remarque en cette Princesse, m'obligera tousiours de preferer l'vtilité de son seruice au desir de luy plaire; en sorte que cela ne m'empeschera pas de luy estre agreables, ce que ie ne pense pas, i'en tireray au moins cet auantage que i'auray satisfait à mon deuoir, & que cela me donnera occasion de pouuoir d'autant plutost retourner en ma solitude, hors de laquelle il est difficile que ie puisse rien auancer en la recherche de la verité; & c'est en cela que consiste mon principal bien en cette vie. Monsieur Fr[einshemius] a fait trouuer bon à sa Maiesté que ie n'aille iamais au Chasteau, qu'aux heures qu'il luy plaira de me donner pour auoir l'honneur de luy parler; ainsi ie n'auray pas beaucoup de peine à faire ma cour, & cela s'acommode fort à mon humeur. Apres tout neantmoins, encore que i'aye vne tres-grande veneration pour sa Maiesté, ie ne croy pas que rien soit capable de me retenir en ce païs plus long-temps que iusques à l'esté prochain; mais ie ne puis absolument répondre de l'auenir. Ie puis seulement vous asseurer que ie seray toute ma vie, &c.

With modernised spelling:

Madame,
Étant arrivé depuis quatre ou cinq jours à Stockholm, l'une des premières choses que j'estime appartenir à mon devoir est de renouveler les offres de mon très humble service à Votre Altesse, afin qu'elle puisse connaître que le changement d'air et de pays ne peut rien changer ni diminuer de ma dévotion et de mon zèle. Je n'ai encore eu l'honneur de voir la Reine que deux fois; mais il me semble la connaître déjà assez, pour oser dire qu'elle n'a pas moins de mérite et a plus de vertu que la renommée lui en attribue. Avec la générosité et la majesté qui éclatent en toutes ses actions, on y voit une douceur et une bonté qui obligent tous ceux qui aiment la vertu et qui ont l'honneur d'approcher d'elle d'être entièrement dévoués à son service. Une des premières choses qu'elle m'a demandées a été si je savais de vos nouvelles, et je n'ai pas feint de lui dire d'abord ce que je pensais de Votre Altesse; car, remarquant la force de son esprit, je n'ai pas craint que cela lui donnât aucune jalousie, comme je m'assure aussi que Votre Altesse n'en saurait avoir, de ce que je lui écris librement mes sentiments de cette Reine. Elle est extrêmement portée à l'étude des lettres; mais, pource que je ne sache point qu'elle ait encore rien vu de la philosophie, je ne puis juger du goût qu'elle y prendra, ni si elle y pourra emploier du temps, ni par conséquent si je serai capable de lui donner quelque satisfaction, et de lui être utile en quelque chose. Cette grande ardeur qu'elle a pour la connaissance des lettres l'incite sur tout maintenant à cultiver la langue grecque, et à ramasser beaucoup de livres anciens; mais peut-être que cela changera. Et quand il ne changerait pas, la vertu que je remarque en cette princesse m'obligera toujours de préferer l'utilité de son service au désir de lui plaire; en sorte que cela ne m'empêchera pas de lui être agréables, ce que je ne pense pas. J'en tirerai au moins cet avantage que j'aurai satisfait à mon devoir, et que cela me donnera occasion de pouvoir d'autant plutôt retourner en ma solitude, hors de laquelle il est difficile que je puisse rien avancer en la recherche de la vérité; et c'est en cela que consiste mon principal bien en cette vie. Monsieur Freinshemius a fait trouver bon à Sa Majesté que je n'aille jamais au château qu'aux heures qu'il lui plaira de me donner pour avoir l'honneur de lui parler; ainsi je n'aurai pas beaucoup de peine à faire ma cour, et cela s'accommode fort à mon humeur. Après tout néanmoins, encore que j'aie une très grande vénération pour Sa Majesté, je ne crois pas que rien soit capable de me retenir en ce pays plus longtemps que jusqu'à l'été prochain; mais je ne puis absolument répondre de l'avenir. Je puis seulement vous assurer que je serai toute ma vie, etc.

Swedish translation (my own):

Madam,
Efter att ha anlänt till Stockholm för fyra eller fem dagar sedan, är en av de första sakerna som jag anser vara min plikt att förnya erbjudandena om min ödmjukaste tjänst till Ers Höghet, så att Ni kan veta att luft- och landbytet inte kan förändra eller minska min hängivenhet och iver. Jag har bara haft äran att träffa drottningen två gånger hittills; men det förefaller mig, som om jag redan känner henne tillräckligt väl för att våga säga, att hon inte har mindre förtjänst och har mer dygd än berömmelse tillskriver henne. Med den generositet och majestät som lyser i alla hennes handlingar, ser man däri en mildhet och en vänlighet som förpliktar alla dem som älskar dygd och som har äran att närma sig henne att vara helt hängivna hennes tjänst. En av de första sakerna hon frågade mig var om jag hade hört av Er, och jag låtsades inte först berätta för henne vad jag tyckte om Ers Höghet; ty, då jag märkte hennes sinnes styrka, fruktade jag inte att det kanske skulle ge henne någon avundsjuka, eftersom jag också är säker på att Ers Höghet inte skulle få någon, ty jag ju fritt skriver till Er mina känslor för denna drottning. Hon är oerhört angelägen om att studera brev; men eftersom jag inte vet att hon ännu har sett något av filosofin, kan jag inte bedöma vilken smak hon kommer att ha för den, inte heller om hon kommer att kunna ägna tid däråt, inte heller om jag kommer att kunna ge henne någon tillfredsställelse och att vara användbar för henne på något sätt. Denna stora iver hon har för brevkunskapen uppmuntrar henne framför allt nu att odla det grekiska språket och att samla många gamla böcker; men det kanske kommer att förändras. Och även om det inte förändras, kommer den dygd som jag märker hos denna prinsessa alltid att förplikta mig att föredra nyttan framför hennes tjänst framför önskan att behaga henne; så det hindrar mig inte från att behaga henne, vilket jag inte tänker på. Jag kommer att dra åtminstone denna fördel därav: att jag har uppfyllt min plikt och att detta ger mig möjlighet att desto mer kunna återvända till min ensamhet, utanför vilken det är svårt för mig att göra några framsteg i jakten på sanningen; och häri ligger mitt främsta goda här i livet. Herr Freinshemius har låtit Hennes Majestät tycka det är bra att jag aldrig går till slottet utom vid de tider hon behagar att ge mig för att få äran att tala med henne; så jag kommer inte ha så mycket problem med att göra min kur, och det passar mitt humör väldigt bra. Trots allt, även om jag har en mycket stor vördnad för Hennes Majestät, tror jag inte att något kan hålla mig kvar i detta land längre än till nästa sommar; men jag kan absolut inte svara för framtiden. Jag kan bara försäkra Er att jag kommer att vara hela mitt liv, osv.

English translation (my own):

Madame,
Having arrived four or five days ago in Stockholm, one of the first things which I consider it my duty is to renew the offers of my most humble service to Your Highness, so that you may know that the change of air and country cannot alter or diminish my devotion and zeal. I have only had the honour of seeing the Queen twice so far; but it seems to me that I already know her well enough to dare to say that she has no less merit and has more virtue than fame attributes to her. With the generosity and majesty which shine in all her actions, one sees therein a gentleness and a kindness which obliges all those who love virtue and who have the honour of approaching her to be entirely devoted to her service. One of the first things she asked me was if I had heard from you, and I did not feign to tell her first what I thought of Your Highness; for, noticing the strength of her mind, I did not fear that it would give her any jealousy, as I am also sure that Your Highness would not have any, because I freely write to you my feelings for this Queen. She is extremely keen on the study of letters; but, because I do not know that she has yet seen anything of philosophy, I cannot judge what taste she will take for it, nor whether she will be able to employ time there, nor consequently whether I will be capable of giving her some satisfaction and of being useful to her in some way. This great ardour she has for the knowledge of letters encourages her above all now to cultivate the Greek language, and to collect many old books; but maybe that will change. And even if it does not change, the virtue that I notice in this princess will always oblige me to prefer the usefulness to her service over the desire to please her; so that will not prevent me from pleasing her, which I do not think about. I will derive at least this advantage from it: that I will have satisfied my duty, and that this will give me the opportunity to be able to return all the more to my solitude, outside of which it is difficult for me to make any progress in the search for the truth; and in this consists my principal good in this life. Mr. Freinshemius has made Her Majesty think it good that I never go to the castle except at the times she pleases to give me in order to have the honour of speaking to her; so I shan't have much trouble paying my court, and that suits my mood very well. After all, although I have a very great veneration for Her Majesty, I do not believe that anything can keep me in this country longer than until next summer; but I cannot absolutely answer for the future. I can only assure you that I will be all my life, etc.


Above: Kristina.


Above: René Descartes.


Above: Princess Elisabeth of Bohemia.

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