Tuesday, December 17, 2024

Jean Henri Maubert de Gouvest on Kristina's character, foreign relations and policy with England and the Dutch Republic, her abdication and making Karl Gustav her successor

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Histoire politique du siécle, où se trouvent en ordre, & sous tous leurs raports diférens, les intérets, les vues, & la conduite, des principales puissances de l'Europe, depuis la Paix de Westphalie, en 1648. jusqu'à la Paix d'Aix-la-Chapelle, en 1748. inclusivement, volume 1, pages 222 to 228, by Jean Henri Maubert de Gouvest, 1757


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Christine Fille unique de Gustave Adolphe, fut reconnue pour son héritiére, nonobstant les protestations du Fils de Sigismond. Elle entra dans sa Majorité, & parut à la tête des affaires, en 1664 [sic]. Les Régens gouvernèrent sous son nom jusqu'à la Paix de Munster. L'embarras des grandes affaires que la Suède avoit alors à démêler, la rendit docile: ou plutôt elle n'avoit point encore perdu les sentimens, que prend pour ses Tuteurs, un pupille élevé sous leurs yeux. Mais quand les ennemis du Chancelier, pour diminuer son autorité, eurent inspiré à la jeune Reine le goût de l'indépendance; la lecture lui élevant l'esprit, & l'âge lui donnant des passions, elle eut honte de son respect, & de ses déférences pour le Chancelier; elle se plut à lui faire sentir son émancipation. Peutêtre qu'elle auroit moins outré son goût pour les Lettres, si cet Homme-d'état eut paru moins souhaiter qu'elle fit du Gouvernement & des affaires du Royaume, le principal objet de ses études, & de son ambition. On peut dire que l'esprit de contrariété fortifia celui de singularité. La Cour de Suède se remplit de litterateurs ètrangers de toute espéce. Les deniers de l'Epargne furent prodigués pour l'achat des Manuscrits, souvent plus rares qu'utiles. La Reine fit de son Palais un Collége, où les Commentateurs du Grec & de l'Hebreu, les Grammairiens, les Etymologistes, les Theologiens Esprits-forts, eurent le premier rang. Elle effleura les genres de litterature les plus épineux, & bientôt elle eut la présomption d'un demi-sçavant. Elle se crut élevée par ses connoissances au dessus de son Sexe, & elle tâcha de s'aprocher de l'autre. Mais elle quitta du prémier les bienséances, avec plusieurs des vertus qui le rendent aimable, sans se défaire d'aucune de ses foiblesses. Ses caprices furent continuels, & n'exceptèrent point les grands objets du Gouvernement. Sa bizarerie s'accrut avec son sçavoir; & son inconstance n'eut aucune régle. Plusieurs fois les Vossius, & les Saumaises, perdirent dans son esprit leur merite, & leur réputation. Rebutée de leurs Diatribes, Animadversions, Exercitations, elle ne vit plus dans leurs écrits que les épines, & le jargon de la Sçience; & leur érudition pédantesque lui parut une charlatanerie peu digne de l'occuper. Mais ou ces retours étoient de peu de durée, ou d'autres fantaisies profitoient de son dégoût pour celle-la. Ses passions étoient aussi peu réglées que ses goûts. Elle n'eut point de forte amitié qui n'eut les apparences de l'amour. La haine suivit toujours la rupture, & elle fut accompagnée de dépit. Les Amis qu'elle quitta semblèrent des Amans disgraciés. Le Comte Magnus de la Gardie, qui avoit eu toute sa faveur, lui devint si odieux, que pour le perdre auprés de Charles Gustave, elle lui imputa de l'avoir empéchée de donner à ce Prince sa Main, & sa Couronne. Le Médecin Bourdelot, faux sçavant, & Deïste déclaré, la gouverna quelque temps absolument; & après l'avoir congédié, elle ne se souvint de lui qu'avec dédain. A l'irréligieux François succéda le grave & bigot Espagnol Pimentel, à qui elle laissa prendre un aussi grand empire sur son esprit. Le jeune de Tot, Gentilhomme Suédois, eut le bonheur de lui plaire; & elle l'éleva au plus haut rang. Si les Etats avoient voulu l'en croire, ils auroient reconnu ce jeune Seigneur pour l'Héritier de Charles Gustave. Parvenue au libertinage d'esprit par les connoissances qui l'avoient dégagée des préjugés, elle se dégouta d'un rang qui lui imposoit la nécessité de se contraindre; pendant que charmée de la Souveraineté qui la mettoit au dessus de la censure, elle étoit jalouse de son pouvoir jusqu'à prétendre au Despotisme. De ces deux sentimens difficiles à accorder hors de la spéculation, le prémier l'emporta, parceque le dépit vint l'apuïer. Irritée des instances du Sénat pour son mariage, & de son oposition aux offices qu'elle voulut rendre à la Cour de France contre la Fronde, elle crut le punir, & se tirer de la dépendance, où son sexe la mettoit de lui, en se nommant un successeur. Quoique cet acte eut ses inconvéniens, tant par rapport à elle, que par rapport à la tranquilité du Royaume; il pouvoit cependant remplir une partie de ses vues, si elle n'avoit pas gâté ce qu'il avoit de bon, en découvrant que le dépit le lui suggéroit. Elle s'en expliqua au Sénat, de maniére à faire connoitre que sa disposition étoit moins pour assurer la paix de la Suéde, que pour ôter aux Grands l'espérance de monter sur le Trône, ou de se choisir eux mêmes un Roi aprés elle. C'en fut assés pour lui faire perdre l'affection des Senateurs; & la froideur passant aux autres Ordres de l'Etat, tout le Royaume reçut avec joye l'expectative d'un autre régne.

La politique de Christine répondit à son caractére. Le Médecin Bourdelot avoit été Domestique du Prince de Condé; & il conservoit de l'affection pour son Maitre. La Reine fit son Héros du Prince: tout ce qui avoit rapport a lui eut la préférence auprès d'elle. Van Beuningen que les Hollandois envoyoient à Stockholm, négocier une nouvelle Alliance, trouva sa Majesté prevenue en faveur de l'Angleterre, dont les Espagnols auxquels le Prince s'étoit joint, briguoient le Secours. Pimentel qui prit la place de Bourdelot, augmenta son éloignement pour la République, & l'engagea à rechercher l'alliance de Cromwel, qu'elle méprisoit auparavant. Les Hollandois étoient dans le plus grand embarras. Ils avoient donné contre l'écueil où échouent pour l'ordinaire les Puissances qui prisent plus le nombre, que la solidité de leurs Alliances. Sans faire attention que la haine & l'interêt mettoient une oposition constante entre la Suède & le Dannemarc, ils voulurent avoir les deux Couronnes pour Alliées. Ils se croïoient assurés de la prémiére, par les liaisons qu'ils avoient avec elle depuis Gustave Adolphe. Mais la Suède comprenoit le Dannemarc entre les ennemis, contre lesquels elle comptoit sur le secours de la République; & les Etats n'eurent pas plutôt conclu leur Traité avec son voisin, qu'elle jugea, qu'ils avoient opté pour lui. Van Beuningen offrit inutilement des temperamens, pour accorder les deux Puissances à l'égard de la troisiéme. Il proposa envain de restreindre à un seul objet, & à la circonstance présente, la Triple Alliance qu'il sollicitoit, ou de stipuler chacune indépendamment de l'autre; la Reine ne daignant pas même lui cacher, qu'elle donnoit plus à son inclination qu'à la raison d'Etat, obligea la République à se tourner entiérement vers le Roi de Dannemarc. Tout ce que l'Envoïé Hollandois put obtenir, ce fut que le Sénat faisant violence au panchant de sa Majesté, la Suède restat neutre entre Cromwel & la République. Le parti étoit desavantageux. Le Commerce de la Suède consistant en métaux, & en bois de construction; les cargaisons Suédoises furent jugées de contrebande par les deux Puissances belligerantes. Les Hollandois confisquoient les Navires chargés pour l'Angleterre; & les Anglois s'emparoient de ceux qui étoient chargés pour les Sept Provinces. Cromwel avoit pour lui les loix de la guerre. Mais les Hollandois s'étoient condamnés eux mêmes d'avance, en s'arrogeant, pendant la derniére guerre du Nord, la liberté de vendre des munitions aux deux Rois. Ils espéroient que cette rigueur donneroit plus d'efficace aux instances, que leur Envoyé continuoit de faire à Christine, pour qu'elle se déclarat en leur faveur. Cependant elle tint bon contre le mépris que Cromwel fit de sa Médiation. Lassée d'attendre une Ambassade qu'il ne vouloit point lui envoïer, elle députa vers lui. Elle sollicita le Roi de Dannemarc de rompre son Traité avec la République. Elle prit occasion d'un procès, entre un Suédois & un Marchand d'Amsterdam, pour arrêter tous les effets des Négocians Hollandois dans le Royaume. Enfin la magnificence de l'Ambassade, que le Protecteur d'Angleterre lui envoïa, l'avoit décidée, lorsqu'une chicane de cérémonial la mit sur le point de se tourner du côté de la République. Son dépit se calma; elle pardonna aux Ambassadeurs Anglois de n'avoir pas reconduit les Sénateurs au delá de l'Escalier; & dans le temps que les Hollandois faisoient leur Paix avec Cromwel, elle signa son Traité d'Alliance avec lui contr'eux. Après cette fausse démarche, qui irritoit inutilement une Puissance redoutable pour la Suède, Christine procéda à son Abdication. Les revenus qu'elle vouloit se reserver en firent l'unique difficulté réelle. Son successeur, que la crainte de la voir se démentir obligeoit de prendre les dehors de l'indifférence, fit agir tous ses amis pour lui obtenir satisfaction sur ses demandes. Laissant aux Etats le soin de faire les restrictions, que la plénitude de sa Souveraineté future exigeoit, il ne laissa voir que de la reconnoissance. Soit que Christine l'en crut, ou qu'elle eut pris son parti; elle parut tranquile sur l'avenir, & quitta le Trône avec joye. Chaque Historien a taché de deviner les vrais motifs de cette abdication. Quelques uns l'ont attribuée à l'inquiétude de Christine sur la dissipation des finances. D'autres avec plus de raison, croïent que plusieurs petits chagrins adroitement suscités, & ménagés par les amis du Prince Successeur, fortifièrent l'idée d'un Héroisme Romanesque qui la détermina. Pimentel connoissoit trop bien les intérêts du Roi son Maître, pour affermir cette Princesse dans un dessein qui la devoit faire mourir au Monde politique; & certainement il prisoit peu la gloire d'acquerir un Proselite à son Eglise. S'il parut aplaudir à l'abdication, c'est qu'il connut qu'il s'y opposeroit envain. Avant que de la laisser descendre du Trône, il voulut signaler son crédit, par un dernier acte de Souveraineté en faveur de l'Espagne. Christine sans égard à l'avantage que la Suède tiroit du commerce de Portugal, sans inquiétude sur le jugement que l'Europe porteroit de son caprice, fit signifier durement au Portugais, reconnu jusqu'alors à sa Cour pour le Résident du Roi Jean de Bragance, qu'elle ne connoissoit point d'autre Roi de Portugal que Philipe IV. Le Sénat, & le Prince Successeur, hazardèrent quelques remontrances. Comme elle eut répondu, qu'après l'abdication le Roi feroit ce qu'il jugeroit à propos, il fallut lui passer cette boutade, en se bornant à faire rester le Portugais à Stockholm. Un mois après, cette puissante Reine ne fut plus qu'une femme singuliére.

Charles Gustave, Fils du Prince Palatin de Deuxponts, & d'une Sœur de Gustave Adolphe, avoit commandé les Armées de Suéde sur la fin de la guerre de trente ans. La grande réputation militaire de Gustave Adolphe, pour le Militaire, l'avoit plus frapé que les autres grandes qualités de ce Monarque: il souhaitoit d'être Conquérant. Il vint en Suède avec l'espérance d'épouser Christine; & la raison d'Etat sembloit assurer ce Mariage. Christine s'y refusant, il sçut la réduire à la nécessité de le désigner son successeur. Malgré la violence de son caractére, il se contraignit pour ne point donner d'ombrage à la Reine. Mais il étoit peu fait pour la dissimulation, & il outra la feinte. Ayant été refusé pour le Gouvernement des Provinces Suédoises en Allemagne, il se confina dans l'Ile d'Oeland, où paroissant entiérement dégagé du monde, il partageoit son temps entre la dévotion, & la crapule. Lorsque la Reine notifia sa résolution d'abdiquer, il la sollicita de rester sur le Trône. Mais aussitôt que l'Acte eut toute son autenticité, il rentra dans son caractére. ...

With modernised spelling:

Christine, fille unique de Gustave-Adolphe, fut reconnue pour son héritière, nonobstant les protestations du fils de Sigismond. Elle entra dans sa majorité et parut à la tête des affaires en 1664 [sic]. Les régents gouvernèrent sous son nom jusqu'à la paix de Münster. L'embarras des grandes affaires que la Suède avait alors à démêler, la rendit docile, ou plutôt elle n'avait point encore perdu les sentiments que prend pour ses tuteurs un pupille élevé sous leurs yeux. Mais quand les ennemis du chancelier, pour diminuer son autorité, eurent inspiré à la jeune reine le goût de l'indépendance, la lecture lui élevant l'esprit et l'âge lui donnant des passions, elle eut honte de son respect et de ses déférences pour le chancelier; elle se plut à lui faire sentir son émancipation.

Peut-être qu'elle aurait moins outré son goût pour les lettres si cet homme d'état eut paru moins souhaiter qu'elle fit du gouvernement et des affaires du royaume le principal objet de ses études et de son ambition. On peut dire que l'esprit de contrariété fortifia celui de singularité. La cour de Suède se remplit de littérateurs étrangers de toute espèce. Les deniers de l'épargne furent prodigués pour l'achat des manuscrits, souvent plus rares qu'utiles. La reine fit de son palais un collège, où les commentateurs du grec et de l'hébreu, les grammairiens, les étymologistes, les théologiens esprits forts, eurent le premier rang.

Elle effleura les genres de littérature les plus épineux, et bientôt elle eut la présomption d'un demi-savant. Elle se crut élevée par ses connaissances au-dessus de son sexe, et elle tâcha de s'approcher de l'autre. Mais elle quitta du premier les bienséances avec plusieurs des vertus qui le rendent aimable, sans se défaire d'aucune de ses faiblesses. Ses caprices furent continuels et n'exceptèrent point les grands objets du gouvernement. Sa bizarrerie s'accrut avec son savoir, et son inconstance n'eut aucune règle.

Plusieurs fois les Vossius et les Saumaises perdirent dans son esprit leur mérite et leur réputation. Rebutée de leurs diatribes, animadversions, exercitations, elle ne vit plus dans leurs écrits que les épines et le jargon de la science; et leur érudition pédantesque lui parut une charlatanerie peu digne de l'occuper. Mais ou ces retours étaient de peu de durée, ou d'autres fantaisies profitaient de son dégoût pour celle-là. Ses passions étaient aussi peu réglées que ses goûts. Elle n'eut point de forte amitié qui n'eut les apparences de l'amour. La haine suivit toujours la rupture, et elle fut accompagnée de dépit. Les amis qu'elle quitta semblèrent des amants disgraciés.

Le comte Magnus de la Gardie, qui avait eu toute sa faveur, lui devint si odieux que, pour le perdre auprès de Charles-Gustave, elle lui imputa de l'avoir empêchée de donner à ce prince sa main et sa couronne. Le médecin Bourdelot, faux savant, et déïste déclaré, la gouverna quelque temps absolument; et, après l'avoir congédié, elle ne se souvint de lui qu'avec dédain.

A l'irréligieux Français succéda le grave et bigot Espagnol Pimentel, à qui elle laissa prendre un aussi grand empire sur son esprit. Le jeune de Tott, gentilhomme suédois, eut le bonheur de lui plaire, et elle l'éleva au plus haut rang. Si les États avaient voulu l'en croire, ils auraient reconnu ce jeune seigneur pour l'héritier de Charles-Gustave.

Parvenue au libertinage d'esprit par les connaissances qui l'avaient dégagée des préjugés, elle se dégoûta d'un rang qui lui imposait la nécessité de se contraindre pendant que, charmée de la souveraineté, qui la mettait au-dessus de la censure, elle était jalouse de son pouvoir jusqu'à prétendre au despotisme. De ces deux sentiments difficiles à accorder hors de la spéculation, le prémier l'emporta, parce que le dépit vint l'appuyer. Irritée des instances du Sénat pour son mariage et de son opposition aux offices qu'elle voulut rendre à la cour de France contre la Fronde, elle crut le punir et se tirer de la dépendance, où son sexe la mettait de lui, en se nommant un successeur.

Quoique cet acte eut ses inconvénients, tant par rapport à elle que par rapport à la tranquillité du royaume, il pouvait cependant remplir une partie de ses vues si elle n'avait pas gâté ce qu'il avait de bon en découvrant que le dépit le lui suggérait. Elle s'en expliqua au Sénat de manière à faire connaître que sa disposition était moins pour assurer la paix de la Suède que pour ôter aux grands l'espérance de monter sur le trône, ou de se choisir eux mêmes un roi après elle. C'en fut assez pour lui faire perdre l'affection des sénateurs, et, la froideur passant aux autres Ordres de l'État, tout le royaume reçut avec joie l'expectative d'un autre règne.

La politique de Christine répondit à son caractère. Le médecin Bourdelot avait été domestique du prince de Condé, et il conservait de l'affection pour son maître. La reine fit son héros du prince, tout ce qui avait rapport à lui eut la préférence auprès d'elle. Van Beuningen, que les Hollandais envoyaient à Stockholm, négocier une nouvelle alliance, trouva Sa Majesté prevenue en faveur de l'Angleterre, dont les Espagnols auxquels le prince s'était joint, briguaient le secours. Pimentel, qui prit la place de Bourdelot, augmenta son éloignement pour la République et l'engagea à rechercher l'alliance de Cromwell, qu'elle méprisait auparavant.

Les Hollandais étaient dans le plus grand embarras. Ils avaient donné contre l'écueil, où échouent pour l'ordinaire les puissances qui prisent plus le nombre que la solidité de leurs alliances. Sans faire attention que la haine et l'intérêt mettaient une opposition constante entre la Suède et le Danemark, ils voulurent avoir les deux Couronnes pour alliées. Ils se croyaient assurés de la première par les liaisons qu'ils avaient avec elle depuis Gustave-Adolphe.

Mais la Suède comprenait le Danemark entre les ennemis, contre lesquels elle comptait sur le secours de la République; et les États n'eurent pas plutôt conclu leur traité avec son voisin qu'elle jugea qu'ils avaient opté pour lui. Van Beuningen offrit inutilement des tempéraments pour accorder les deux puissances à l'égard de la troisième. Il proposa en vain de restreindre à un seul objet, et, à la circonstance présente, la triple alliance qu'il sollicitait, ou de stipuler chacune indépendamment de l'autre.

La reine, ne daignant pas même lui cacher qu'elle donnait plus à son inclination qu'à la raison d'état, obligea la République à se tourner entièrement vers le roi de Danemark. Tout ce que l'envoyé hollandais put obtenir, ce fut que, le Sénat faisant violence au penchant de Sa Majesté, la Suède restât neutre entre Cromwell et la République.

Le parti était désavantageux. Le commerce de la Suède consistant en métaux et en bois de construction; les cargaisons suédoises furent jugées de contrebande par les deux puissances belligérantes. Les Hollandais confisquaient les navires chargés pour l'Angleterre, et les Anglais s'emparaient de ceux qui étaient chargés pour les Sept Provinces. Cromwell avait pour lui les lois de la guerre.

Mais les Hollandais s'étaient condamnés eux-mêmes d'avance en s'arrogeant, pendant la dernière guerre du Nord, la liberté de vendre des munitions aux deux rois. Ils espéraient que cette rigueur donnerait plus d'efficace aux instances que leur envoyé continuait de faire à Christine pour qu'elle se déclarât en leur faveur. Cependant elle tint bon contre le mépris que Cromwell fit de sa médiation. Lassée d'attendre une ambassade qu'il ne vouloit point lui envoyer, elle députa vers lui. Elle sollicita le roi de Danemark de rompre son traité avec la République. Elle prit occasion d'un procès entre un Suédois et un marchand d'Amsterdam pour arrêter tous les effets des négociants hollandais dans le royaume.

Enfin, la magnificence de l'ambassade que le protecteur d'Angleterre lui envoya l'avait décidée lorsqu'une chicane de cérémonial la mit sur le point de se tourner du côté de la République. Son dépit se calma, elle pardonna aux ambassadeurs anglais de n'avoir pas reconduit les sénateurs au-delà de l'escalier, et, dans le temps que les Hollandais faisaient leur paix avec Cromwell, elle signa son traité d'alliance avec lui contre eux.

Après cette fausse démarche, qui irritait inutilement une puissance redoutable pour la Suède, Christine procéda à son abdication. Les revenus qu'elle voulait se réserver en firent l'unique difficulté réelle. Son successeur, que la crainte de la voir se démentir obligeait de prendre les dehors de l'indifférence, fit agir tous ses amis pour lui obtenir satisfaction sur ses demandes. Laissant aux États le soin de faire les restrictions que la plénitude de sa souveraineté future exigeait, il ne laissa voir que de la reconnaissance. Soit que Christine l'en crut, ou qu'elle eut pris son parti, elle parut tranquille sur l'avenir et quitta le trône avec joie.

Chaque historien a tâché de deviner les vrais motifs de cette abdication. Quelques-uns l'ont attribuée à l'inquiétude de Christine sur la dissipation des finances. D'autres, avec plus de raison, croient que plusieurs petits chagrins adroitement suscités et ménagés par les amis du prince-successeur fortifièrent l'idée d'un héroisme romanesque qui la détermina. Pimentel connaissait trop bien les intérêts du roi son maître pour affermir cette princesse dans un dessein qui la devait faire mourir au monde politique; et certainement il prisait peu la gloire d'acquérir un prosélyte à son Église.

S'il parut applaudir à l'abdication, c'est qu'il connut qu'il s'y opposerait en vain. Avant que de la laisser descendre du trône, il voulut signaler son crédit, par un dernier acte de souveraineté, en faveur de l'Espagne. Christine, sans égard à l'avantage que la Suède tirait du commerce de Portugal, sans inquiétude sur le jugement que l'Europe porterait de son caprice, fit signifier durement au Portugais, reconnu jusqu'alors à sa cour pour le résident du roi Jean de Bragance, qu'elle ne connaissait point d'autre roi de Portugal que Philipe IV. Le Sénat et le prince-successeur hasardèrent quelques remontrances. Comme elle eut répondu qu'après l'abdication le roi ferait ce qu'il jugerait à propos, il fallut lui passer cette boutade en se bornant à faire rester le Portugais à Stockholm. Un mois après, cette puissante reine ne fut plus qu'une femme singulière.

Charles-Gustave, fils du prince palatin de Deux-Ponts et d'une sœur de Gustave-Adolphe, avait commandé les armées de Suède sur la fin de la Guerre de trente ans. La grande réputation militaire de Gustave-Adolphe, pour le militaire, l'avait plus frappé que les autres grandes qualités de ce monarque; il souhaitait d'être conquérant. Il vint en Suède avec l'espérance d'épouser Christine, et la raison d'état semblait assurer ce mariage. Christine s'y refusant, il sut la réduire à la nécessité de le désigner son successeur. Malgré la violence de son caractère, il se contraignit pour ne point donner d'ombrage à la reine. Mais il était peu fait pour la dissimulation, et il outra la feinte.

Ayant été refusé pour le gouvernement des provinces suédoises en Allemagne, il se confina dans l'île d'Ölande, où, paraissant entièrement dégagé du monde, il partageait son temps entre la dévotion et la crapule. Lorsque la reine notifia sa résolution d'abdiquer, il la sollicita de rester sur le trône. Mais, aussitôt que l'acte eut toute son autenticité, il rentra dans son caractère. ...

Swedish translation (my own):

Kristina, Gustav Adolfs enda dotter, erkändes som hans arvtagerska, trots protesterna från Sigismunds son. Hon blev myndig och uppträdde i ledningen för ärendena 1664 [sic]. Förmyndarna regerade under hennes namn fram till freden i Münster. Pinsamheten över de stora affärer som Sverige då fick nysta upp gjorde henne foglig, eller snarare hade hon ännu inte tappat de känslor som en avdelning som höjts under deras ögon tar för sina väktare. Men när kanslerns fiender, för att minska hans auktoritet, hade inspirerat den unga drottningen med en smak för självständighet, genom att läsa höjde hennes sinne och ålder som gav henne passioner, skämdes hon över sin respekt och vördnad för förbundskanslern; hon njöt av att få honom att känna sin frigörelse.

Kanske skulle hon ha överdrivit sin smak för litteratur mindre om denne statsman hade tyckts mindre önska att hon skulle göra rikets styrelse och angelägenheter till huvudobjektet för sina studier och sin ambition. Man kan säga att motsatsens anda stärkte singularitetens. Sveriges hov var fyllt av utländska littérateurs av alla de slag. Pengarna från besparingarna slösades på köp av manuskript, ofta mer sällsynt än användbart. Drottningen gjorde sitt slott till ett college där kommentatorer om grekiska och hebreiska, grammatiker, etymologer och starksinnade teologer hade den första rangen.

Hon berörde litteraturens mest taggiga genrer, och snart hade hon förmodan av en halvlärd man. Hon trodde sig vara upphöjd av sin kunskap över sitt kön, och hon försökte närma sig det andra. Men hon övergav den förstas anständigheter med flera av de dygder som gör den älskvärd, utan att göra sig av med någon av dess svagheter. Hennes nyckfullheter var ständiga och inte utom regeringens stora objekt. Hennes excentricitet ökade med hennes kunskap, och hennes inkonstans hade ingen regel.

Flera gånger förlorade Vossiusarna och Saumaiserna sina förtjänster och sitt rykte i hennes sinne. Hon var äcklad av deras elände, animaversioner och övningar, och hon såg i deras skrifter ingenting annat än vetenskapens törnen och jargong; och deras pedantiska lärdom föreföll henne som ett charlataneri som knappast var värdigt att sysselsätta henne. Men antingen var dessa returer av kort varaktighet, eller så utnyttjade andra fantasier hennes avsky för den. Hennes passioner var lika oreglerade som hennes smak. Hon hade ingen stark vänskap som inte hade sken av kärlek. Hat följde alltid rupturen, och den åtföljdes av illvilja. Vännerna hon lämnade verkade som skamfilade älskare.

Greve Magnus de la Gardie, som hade fått all sin gunst, blev så avskyvärd mot henne, att hon för att förlora honom hos Karl Gustav anklagade honom för att ha hindrat henne från att räcka denne furste sin hand och sin krona. Läkaren Bourdelot, en falsk lärd och förklarad deist, styrde henne under en tid absolut; och efter att ha avfärdat honom, mindes hon honom endast med förakt.

Den irreligiöse fransmannen efterträddes av den grave och trångsynta spanjoren Pimentel, som hon lät ta lika stor makt över sitt sinne. Den unge herren Tott, en svensk herre, hade turen att behaga henne, och hon höjde honom till högsta rang. Om Ständerna hade velat tro henne, skulle de ha erkänt denna unge herre som Karl Gustavs arvinge.

Efter att ha uppnått sinnesfrihet genom den kunskap som hade befriat henne från fördomar, fick hon avsky för en rang som påtvingade henne nödvändigheten av att begränsa sig själv samtidigt som hon, charmerad av suveränitet, som satte henne över censur, var ivrig nok för sin makt att hon pretenderade till despotism. Av dessa två känslor som är svåra att förena utanför spekulationerna, segrade den första, eftersom illvilja kom att stödja den. Irriterad av Rådets instanser för hennes äktenskap och av dess motstånd mot de tjänster som hon ville ge hovet i Frankrike mot Fronde, trodde hon att hon kunde straffa det och befria sig från det beroende av det som hennes kön placerade sig i henne genom att utse en efterträdare.

Även om denna handling hade sina olägenheter, både med hänsyn till henne och för rikets lugn, kunde den likväl ha uppfyllt en del av hennes åsikter, om hon inte hade förstört det goda däri genom att upptäcka att trotsen föreslog henne det. Hon förklarade det för Rådet på ett sådant sätt, att hon gjorde det känt, att hennes läggning var mindre för att trygga Sveriges fred än att från adelsmännen ta hoppet att bestiga tronen eller att efter henne välja en konung. Detta räckte för att få henne att förlora senatorernas tillgivenhet, och när kylan övergick till de andra Rikets Ständer, mottog hela riket med glädje förväntan på ett nytt styre.

Kristinas politik motsvarade hennes karaktär. Läkaren Bourdelot hade varit prins de Condés domestik, och han behöll tillgivenhet för sin herre. Drottningen gjorde prinsen till sin hjälte, allt som hade med honom att göra hade företräde hos henne. Van Beuningen, som holländarna skickade till Stockholm för att förhandla om en ny allians, fann Hennes Majestät fördomsfull till förmån för England, vars hjälp spanjorerna, som prinsen hade anslutit sig till, sökte. Pimentel, som tog Bourdelots plats, ökade hennes främlingskap från Republiken och uppmanade henne att söka en allians med Cromwell, som hon tidigare hade föraktat.

Holländarna var i den största förlägenhet. De hade fallit mot revet, där vanligtvis misslyckas makterna som prisar siffror mer än soliditeten i deras allianser. Utan att uppmärksamma det faktum att hat och intresse satte en ständig motsättning mellan Sverige och Danmark, ville man ha de två kronorna som allierade. De trodde sig vara säkra på den första genom de förbindelser de haft med den sedan Gustav Adolf.

Men Sverige inkluderade Danmark bland fienderna, mot vilka det räknade med Republikens hjälp; och Ständerna hade inte så snart slutit sitt fördrag med sin granne, förrän hon bedömde att de hade valt honom. Van Beuningen erbjöd förgäves nykterhet att komma överens om de två makterna med avseende på den tredje. Han föreslog förgäves att begränsa den trippelallians som han begärde till ett enda föremål och till den nuvarande omständigheten, eller att bestämma var och en oberoende av den andra.

Drottningen, som inte ens var värdig att dölja för honom att hon gav mer åt sin böjelse än till statsskäl, tvingade Republiken att helt vända sig mot konungen av Danmark. Allt som det holländska sändebudet kunde erhålla var att, när Rådet utövade våld mot Hennes Majestäts böjelse, skulle Sverige förbli neutralt mellan Cromwell och Republiken.

Partiet var ofördelaktigt. Sveriges handel bestod av metaller och timmer; de svenska lasterna bedömdes som smuggelgods av båda krigförande makterna. Holländarna konfiskerade fartygen som lastades till England, och engelsmännen beslagtog de lastade för de Sju Provinserna. Cromwell hade krigets lagar på sin sida.

Men holländarna hade i förväg fördömt sig själva genom att under det sista kriget i Norden övertyga sig själva om friheten att sälja ammunition till de två konungarna. De hoppades att denna stränghet skulle ge mer effekt åt de fall som deras sändebud fortsatte att göra till Kristina så att hon skulle förklara sig till deras fördel. Hon höll dock fast mot det förakt som Cromwell visade för sin medling. Trött på att vänta på en ambassad som han inte ville skicka till henne, skickade hon en deputation till honom. Hon bad konungen av Danmark att bryta hans fördrag med Republiken. Hon utnyttjade en rättegång mellan en svensk och en köpman i Amsterdam för att stoppa alla effekter av de holländska köpmännen i konungariket.

Äntligen hade den storslagna ambassaden som Englands protektor skickade henne avgjort henne när ett ceremoniellt gräl satte henne på punkten att vända sig till Republikens sida. Hennes irritation lugnade ner sig, hon förlät de engelska ambassadörerna för att de inte hade eskorterat rådsherrarna bortom trappan, och vid den tidpunkt då holländarna slutade fred med Cromwell, undertecknade hon sitt alliansavtal med honom mot dem.

Efter detta falska steg, som onödigt irriterade en för Sverige formidabel makt, fortsatte Kristina att abdikera. De intäkter hon ville reservera för sig själv gjorde detta till den enda verkliga svårigheten. Hennes efterträdare, som var tvungen att verka likgiltig av rädslan att se henne säga emot sig själv, lät alla hans vänner agera för att få tillfredsställelse för hans krav. Han överlät till ständerna att göra de begränsningar som fullheten av hans framtida suveränitet krävde, och visade bara tacksamhet. Oavsett om Kristina trodde på honom eller om hon hade bestämt sig, verkade hon lugn inför framtiden och lämnade tronen med glädje.

Varje historiker har försökt gissa de verkliga motiven för denna abdikation. Vissa har hänfört det till Kristinas oro för att ekonomin försvinner. Andra, med mer anledning, tror att flera små sorger, skickligt väckta och hanterade av prinsefterträdares vänner, stärkte idén om en romantisk hjältemod som bestämde den. Pimentel kände alltför väl till kungens, hans herres, intressen för att stärka denna prinsessa i en dessäng som skulle få henne att dö i den politiska världen; och visst värderade han föga äran att skaffa sig en proselyt för sin Kyrka.

Om han verkade applådera abdikationen, var det för att han visste att han förgäves skulle motsätta sig den. Innan han lät henne stiga ned från tronen ville han genom en sista suveränitetshandling signalera sin kredit till Spaniens förmån. Kristina, utan hänsyn till den fördel som Sverige fick av handeln med Portugal, utan oro för den bedömning som Europa skulle göra av hennes nyckfullhet, gjorde det hårt klart för den portugisiska mannen som dittills vid hennes hov erkändes som konung João av Braganzas resident, att hon inte kände någon annan konung av Portugal än Filip IV. Rådet och prinsefterträdare vågade sig på några remonstrationer. Eftersom hon hade svarat att konungen efter abdikationen skulle göra vad han ansåg lämpligt, var det nödvändigt att låta henne få detta infall att begränsa sig till att ha den portugisiska mannen kvar i Stockholm. En månad senare var denna mäktiga drottning inget annat än en singuljär kvinna.

Karl Gustav, son till pfalzgreven av Zweibrücken och en syster till Gustav Adolf, hade befäl över Sveriges arméer i slutet av trettioåriga kriget. Gustav Adolfs stora militära rykte för militären hade slagit honom mer än denna monarks andra stora egenskaper; han ville bli en erövrare. Han kom till Sverige med hopp om att gifta sig med Kristina, och statsskäl tycktes säkra detta äktenskap. När Kristina vägrade detta, visste han hur han skulle reducera henne till nödvändigheten att utse honom till hennes efterträdare. Trots våldet i hans karaktär höll han sig för att inte förolämpa drottningen. Men han var inte gjord för dissimulation, och han gick för långt med förevändningen.

Efter att ha blivit vägrad att styra de svenska provinserna i Tyskland, inskränkte han sig till Öland, där han, framstår som helt fristående från världen, delade sin tid mellan andakt och fylleri. När drottningen meddelade honom om hennes beslut att abdikera, bad han henne att stanna kvar på tronen. Men så snart handlingen hade all sin äkthet, återvände han till sin karaktär. ...

English translation (my own):

Kristina, the only daughter of Gustav Adolf, was recognised as his heiress, notwithstanding the protests of Sigismund's son. She came of age and appeared at the head of affairs in 1664 [sic]. The regents governed under her name until the Peace of Münster. The embarrassment of the great affairs that Sweden then had to unravel, made her docile, or rather she had not yet lost the feelings that a ward raised under their eyes takes for its guardians. But when the Chancellor's enemies, to diminish his authority, had inspired the young Queen with a taste for independence, reading elevating her mind and age giving her passions, she was ashamed of her respect and deference for the Chancellor; she took pleasure in making him feel her emancipation.

Perhaps she would have exaggerated her taste for literature less if this statesman had seemed less to wish that she should make the government and affairs of the kingdom the principal object of her studies and her ambition. It may be said that the spirit of contrariety strengthened that of singularity. The court of Sweden was filled with foreign literati of all kinds. The money from the savings was lavished on the purchase of manuscripts, often more rare than useful. The Queen made her castle a college where commentators on Greek and Hebrew, grammarians, etymologists and strong-minded theologians had the first rank.

She touched upon the most thorny genres of literature, and soon she had the presumption of a half-learned man. She believed herself to be elevated by her knowledge above her sex, and she tried to approach the other sex. But she abandoned the proprieties of the first with several of the virtues which make it amiable, without getting rid of any of its weaknesses. Her caprices were continual and did not except the great objects of government. Her eccentricity increased with her knowledge, and her inconstancy had no rule.

Several times the Vossiuses and the Saumaises lost their merit and their reputation in her mind. Disgusted by their diatribes, animadversions and exercises, she saw in their writings nothing but the thorns and jargon of science; and their pedantic erudition seemed to her a charlatanry hardly worthy of occupying her. But either these returns were of short duration, or other fancies took advantage of her disgust for that one. Her passions were as unregulated as her tastes. She had no strong friendship that did not have the appearance of love. Hatred always followed the rupture, and it was accompanied by spite. The friends she left seemed like disgraced lovers.

Count Magnus de la Gardie, who had had all her favour, became so odious to her that, in order to lose him with Karl Gustav, she accused him of having prevented her from giving this prince her hand and her crown. The doctor Bourdelot, a false scholar and declared deist, governed her for some time absolutely; and, after having dismissed him, she remembered him only with disdain.

The irreligious Frenchman was succeeded by the grave and bigoted Spaniard Pimentel, whom she allowed to take just as great a sway over her mind. The young lord Tott, a Swedish gentleman, had the good fortune of pleasing her, and she raised him to the highest rank. If the Estates had wanted to believe her, they would have recognised this young lord as Karl Gustav's heir.

Having attained libertinage of mind through the knowledge which had freed her from prejudices, she became disgusted with a rank which imposed on her the necessity of constraining herself while, charmed by sovereignty, which placed her above censure, she was jealous about her power to the point of claiming despotism. Of these two feelings which are difficult to reconcile outside of speculation, the first prevailed, because spite came to support it. Irritated by the instances of the Senate for her marriage and by its opposition to the offices which she wanted to render to the court of France against the Fronde, she believed she could punish it and free herself from the dependence on it in which her sex placed her by naming a successor.

Although this act had its inconveniences, both with regard to her and to the tranquility of the kingdom, it might nevertheless have fulfilled a part of her views if she had not spoiled what was good in it by discovering that spite suggested it to her. She explained it to the Senate in such a way as to make it known that her disposition was less to secure the peace of Sweden than to take away from the nobles the hope of ascending the throne, or of choosing a king for themselves after her. This was enough to make her lose the affection of the senators, and, the coldness passing to the other Orders of the State, the whole kingdom received with joy the expectation of another reign.

Kristina's policy corresponded to her character. The physician Bourdelot had been a domestic of the Prince de Condé, and he retained affection for his master. The Queen made the Prince her hero, everything that had to do with him had preference with her. Van Beuningen, whom the Dutch sent to Stockholm to negotiate a new alliance, found Her Majesty prejudiced in favour of England, whose help the Spaniards, whom the Prince had joined, were seeking. Pimentel, who took Bourdelot's place, increased her estrangement from the Commonwealth and urged her to seek an alliance with Cromwell, whom she had previously despised.

The Dutch were in the greatest embarrassment. They had fallen against the reef, where usually fail the powers which prize numbers more than the solidity of their alliances. Without paying attention to the fact that hatred and interest put a constant opposition between Sweden and Denmark, they wanted to have the two Crowns as allies. They believed themselves assured of the first by the connections they had had with it since Gustav Adolf.

But Sweden included Denmark among the enemies, against whom it counted on the aid of the Republic; and the Estates had no sooner concluded their treaty with its neighbour than she judged that they had opted for him. Van Beuningen offered in vain temperances to agree the two powers with regard to the third. He proposed in vain to restrict to a single object, and to the present circumstance, the triple alliance which he solicited, or to stipulate each independently of the other.

The Queen, not even deigning to hide from him that she gave more to her inclination than to reasons of state, obliged the Republic to turn entirely towards the King of Denmark. All that the Dutch envoy could obtain was that, the Senate doing violence to Her Majesty's inclination, Sweden should remain neutral between Cromwell and the Republic.

The party was disadvantageous. The trade of Sweden consisted of metals and timber; the Swedish cargoes were judged contraband by both belligerent powers. The Dutch confiscated the ships loaded for England, and the English seized those loaded for the Seven Provinces. Cromwell had the laws of war on his side.

But the Dutch had condemned themselves in advance by arrogating to themselves, during the last war of the North, the liberty of selling munitions to the two kings. They hoped that this rigour would give more effect to the instances that their envoy continued to make to Kristina so that she would declare herself in their favour. However, she held firm against the contempt that Cromwell showed for her mediation. Tired of waiting for an embassy that he did not want to send to her, she sent a deputation to him. She solicited the King of Denmark to break his treaty with the Republic. She took advantage of a trial between a Swede and a merchant of Amsterdam to stop all the effects of the Dutch merchants in the kingdom.

At last, the magnificence of the embassy which the Protector of England sent her had decided her when a quarrel of ceremonial put her on the point of turning to the side of the Commonwealth. Her vexation calmed down, she forgave the English ambassadors for not having escorted the senators beyond the staircase, and, at the time when the Dutch were making their peace with Cromwell, she signed her treaty of alliance with him against them.

After this false step, which uselessly irritated a power formidable to Sweden, Kristina proceeded to abdicate. The revenues she wanted to reserve for herself made this the only real difficulty. Her successor, who was obliged to appear indifferent by the fear of seeing her contradict herself, had all his friends act to obtain satisfaction for his demands. Leaving it to the Estates to make the restrictions that the fullness of his future sovereignty required, he showed only gratitude. Whether Kristina believed him or whether she had made up her mind, she seemed tranquil about the future and quit the throne with joy.

Every historian has tried to guess the real motives for this abdication. Some have attributed it to Kristina's anxiety about the dissipation of finances. Others, with more reason, believe that several small sorrows, cleverly aroused and managed by the friends of the prince-successor, strengthened the idea of a romantic heroism which determined it. Pimentel knew too well the interests of the King, his master, to strengthen this princess in a design which was to make her die in the political world; and certainly he prized little the glory of acquiring a proselyte for his Church.

If he seemed to applaud the abdication, it was because he knew that he would oppose it in vain. Before letting her descend from the throne, he wanted to signal his credit, by a last act of sovereignty, in favour of Spain. Kristina, without regard to the advantage that Sweden derived from the trade with Portugal, without concern about the judgment that Europe would make of her caprice, harshly made it clear to the Portuguese man who was recognised until then at her court as the resident of King João of Braganza that she knew no other king of Portugal than Philip IV. The Senate and the prince-successor ventured a few remonstrances. As she had replied that after the abdication the King would do what he judged appropriate, it was necessary to let her have this whim in limiting herself to having the Portuguese man remain in Stockholm. A month later, this powerful queen was nothing more than a singular woman.

Karl Gustav, son of the Prince Palatine of Zweibrücken and a sister of Gustav Adolf, had commanded the armies of Sweden at the end of the Thirty Years' War. The great military reputation of Gustav Adolf, for the military, had struck him more than the other great qualities of this monarch; he wished to be a conqueror. He came to Sweden with the hope of marrying Kristina, and reasons of state seemed to assure this marriage. When Kristina refused this, he knew how to reduce her to the necessity of designating him her successor. In spite of the violence of his character, he restrained himself so as not to give umbrage to the Queen. But he was not made for dissimulation, and he went too far with the feint.

Having been refused the government of the Swedish provinces in Germany, he confined himself to the island of Öland, where, appearing entirely detached from the world, he divided his time between devotion and drunkenness. When the Queen notified him of her resolution to abdicate, he solicited her to remain on the throne. But, as soon as the act had all its authenticity, he returned to his character. ...


Above: Kristina.

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