Source:
Mémoires de marquis de Pomponne, ministre et secrétaire d'État au département des affaires étrangères, volume 2, pages 566 to 569, published by J. Mavidal, 1861
The account:
... Je quittai la cour où je laissai Rousseau, qui m'avoit servi de secrétaire de l'ambassade, pour y avoir soin des affaires du roy, et je partis de Stockolm le 4 d'août 1668. ...
Après avoir traversé la Suède, je donnai quelques jours à Coppenhague aux audiences que j'y eus du roy et de la reine de Danemark; et je trouvai à Hambourg la reine Christine, qui se préparoit à reprendre bientôt le chemin de Rome. C'étoit dans le tems que la paix avoit fait cesser les appréhensions de la guerre en Allemagne, et que les ducs de Lunebourg, ne tirant plus les subsides que la Hollande leur avoit payés tant qu'elle avoit eu besoin de leur assistance, avoient licencié la meilleure partie de leurs troupes. Ce fut sur leur sujet que cette princesse, me parlant un jour de la conduite qu'elle improuvoit que l'on eût tenu en Suède, me dit qu'elle ne pouvoit songer sans quelque confusion pour une couronne qu'elle avoit portée, que dans le même tems que le connétable Wrangel étoit avec son armée dans le duché de Bremen, les ducs de Lunebourg désarmassent tranquillement à sa vue; qu'ils pussent se souvenir que dans le secours qu'ils avoient donné à la ville de Bremen, ils eussent fait recevoir à la Suède le premier affront qu'elle eût souffert en Allemagne, et qu'ils n'appréhendassent pas assez sa vengeance pour croire n'avoir pas besoin de toutes leurs forces; qu'ils auroient eu et plus de crainte et plus d'égards lorsque l'on la croyoit encore unie étroitement à la France; et que l'assurance de ces princes étoit une grande marque de la considération qu'elle avoit perdue, en la perdant. Il me parut beaucoup d'esprit et beaucoup de vérité dans cette réflexion. Il est hors de doute que dans un tems que la Suède obligeoit l'Allemagne à regarder ses intérêts unis à ceux de la France, les ducs de Lunebourg auroient pris plus de précaution pour se déclarer contre elle, et se seroient crus moins assurés après avoir attiré son ressentiment.
With modernised spelling:
... Je quittai la cour où je laissai Rousseau, qui m'avait servi de secrétaire de l'ambassade, pour y avoir soin des affaires du roi, et je partis de Stockholm le 4 d'août 1668. ...
Après avoir traversé la Suède, je donnai quelques jours à Copenhague aux audiences que j'y eus du roi et de la reine de Danemark; et je trouvai à Hambourg la reine Christine, qui se préparait à reprendre bientôt le chemin de Rome.
C'était dans le temps que la paix avait fait cesser les appréhensions de la guerre en Allemagne et que les ducs de Lunebourg, ne tirant plus les subsides que la Hollande leur avait payés tant qu'elle avait eu besoin de leur assistance, avaient licencié la meilleure partie de leurs troupes.
Ce fut sur leur sujet que cette princesse, me parlant un jour de la conduite qu'elle improuvait que l'on eût tenu en Suède, me dit qu'elle ne pouvait songer sans quelque confusion pour une couronne qu'elle avait portée que dans le même temps que le connétable Wrangel était avec son armée dans le duché de Brême, les ducs de Lunebourg désarmassent tranquillement à sa vue; qu'ils pussent se souvenir que dans le secours qu'ils avaient donné à la ville de Brême, ils eussent fait recevoir à la Suède le premier affront qu'elle eût souffert en Allemagne, et qu'ils n'appréhendassent pas assez sa vengeance pour croire n'avoir pas besoin de toutes leurs forces; qu'ils auraient eu et plus de crainte et plus d'égards lorsque l'on la croyait encore unie étroitement à la France; et que l'assurance de ces princes était une grande marque de la considération qu'elle avait perdue en la perdant.
Il me parut beaucoup d'esprit et beaucoup de vérité dans cette réflexion. Il est hors de doute que dans un temps que la Suède obligeait l'Allemagne à regarder ses intérêts unis à ceux de la France, les ducs de Lunebourg auraient pris plus de précaution pour se déclarer contre elle et se seraient crus moins assurés après avoir attiré son ressentiment.
Swedish translation (my own):
... Jag lämnade hovet, där jag lämnade Rousseau, som tjänstgjort som min sekreterare vid ambassaden, för att ta hand om konungens angelägenheter, och jag lämnade Stockholm den 4 augusti 1668. ...
Efter att ha korsat Sverige tillbringade jag några dagar i Köpenhamn för att delta i audienser hos konungen och drottningen av Danmark; och jag fann drottning Kristina i Hamburg, som beredde sig att snart återvända till Rom.
Det var i en tid då freden hade satt stopp för farhågorna om krig i Tyskland, och då hertigarna av Lüneburg, som inte längre tog ut de subventioner som Holland hade betalat dem för så länge som det hade behövt deras hjälp, hade upplöst den bästa delen av deras trupper.
Det var om deras ämne som denna prinsessa, när hon en dag talade till mig om det beteende hon ogillade och som hade hållits i Sverige, sade till mig att hon inte kunde tänka utan förvirring för en krona att hon hade burit den samtidigt som Riksmarsken Wrangel var med sin här i hertigdömet Bremen, hertigarna av Lüneburg avväpnade lugnt vid åsynen av det; att de kunde komma ihåg att de i hjälpen som de hade gett till staden Bremen hade fått Sverige att ta emot den första förolämpningen som det hade lidit i Tyskland, och att de inte fattade dess hämnd tillräckligt för att tro att de inte behövde alla deras styrkor; att de skulle ha haft både mer rädsla och mer hänsyn när det fortfarande troddes vara nära förenat med Frankrike; och att dessa furstars försäkran var ett stort tecken på den hänsyn som det hade förlorat genom att förlora den.
Det föreföll mig mycket kvickhet och mycket sanning i denna reflektion. Det råder ingen tvekan om att hertigarna av Lüneburg vid en tidpunkt då Sverige tvingade Tyskland att betrakta sina intressen som förenade med Frankrikes, skulle ha vidtagit mer försiktighet när de förklarade sig emot det och skulle ha trott sig vara mindre säkra efter att ha väckt dess förbittring.
English translation (my own):
... I left the court, where I left Rousseau, who had served as my secretary to the embassy, to take care of the King's affairs, and I left Stockholm on August 4, 1668. ...
After crossing Sweden, I spent a few days in Copenhagen attending audiences with the King and Queen of Denmark; and I found Queen Kristina in Hamburg, who was preparing to return soon to Rome.
It was at a time when peace had put an end to the apprehensions of war in Germany, and when the Dukes of Lüneburg, no longer drawing the subsidies which Holland had paid them for as long as it had needed their assistance, had disbanded the best part of their troops.
It was on their subject that this princess, speaking to me one day of the conduct she disapproved of that had been held in Sweden, told me that she could not think without some confusion for a crown that she had worn that at the same time that the Constable Wrangel was with his army in the duchy of Bremen, the dukes of Lüneburg were calmly disarming at the sight of it; that they could remember that in the aid that they had given to the city of Bremen, they had made Sweden receive the first affront that it had suffered in Germany, and that they did not apprehend its vengeance enough to believe that they did not need all their forces; that they would have had both more fear and more consideration when it was still believed to be closely united with France; and that the assurance of these princes was a great mark of the consideration that it had lost by losing it.
There seemed to me much wit and much truth in this reflection. There is no doubt that at a time when Sweden was forcing Germany to regard its interests as united with those of France, the dukes of Lüneburg would have taken more precaution in declaring themselves against it and would have believed themselves less assured after having attracted its resentment.
Above: Kristina.
Above: Simon Arnauld de Pomponne.
Note: Rousseau = Louis Rousseau de Chamoy.
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