Source:
Mélanges de littérature, d'histoire et de philosophie, pages 244 to 253, by Jean-Baptiste le Rond d'Alembert, 1759
The account:
L'amour de Christine pour la liberté lui fit refuser tous les partis qui se présentoient pour elle, quoique plusieurs fussent très-avantageux, & que la Suéde la pressât de se marier. Le Roi d'Espagne Philippe IV, un de ceux qui aspiroient à épouser la Reine, s'en désista bientôt, dans la crainte de se voir obligé par cette alliance à ne plus traiter les Protestans d'hérétiques. Celui de tous les prétendans qui parut le plus empressé, étoit Charles Gustave, cousin de Christine, Prince Palatin, à qui elle avoit été destinée dès l'enfance; elle fut aussi sourde pour lui que pour ses rivaux. Cependant, soit qu'il lui inspirât moins de dégoût, soit qu'elle méditât dès lors le dessein d'abdiquer le Trône, elle réussit à le faire déclarer par les États son successeur. Par cette démarche elle vint à but, & de se conserver libre, & d'assurer le repos de la Suéde, & de prévenir aussi l'ambition de quelques Maisons Suédoises qui auroient pu après sa mort disputer la Couronne. On assigna à Charles Gustave un certain revenu pour l'entretien de sa Cour. Mais la Reine dit que c'étoit un secret de la famille royale de ne donner aucune terre à un Prince héréditaire; secret qui ne mérite guere ce nom, & que les Prince despotiques les plus bornés auront toujours pour maxime. Christine, par le même motif, éloigna toujours des affaires le Prince Charles Gustave, pendant qu'elle gouverna la Suéde: quoiqu'elle aimât peu le Trône, son génie indépendant ne vouloit rien qui la gênât, tant qu'il lui plairoit de l'occuper.
Ce fut dans ces tems-là qu'arriverent les troubles de la France, la guerre de la fronde, cette guerre plus fameuse par le ridicule qui la couvrit que par les maux qu'elle pensa entraîner après elle, l'exil de Mazarin, son retour, son nouvel exil, l'emprisonnement des Princes, les assemblées bruyantes du Parlement, qui tumultueux alors, & depuis citoyen, rendoit les Arrêts pendant qu'on donnoit des batailles, & décretoit des armées de prise de corps. L'amour de Christine pour la tranquillité, la crainte que cette guerre civile ne fût l'occasion d'une nouvelle guerre au dehors, & peut-être le goût qu'elle avoit toujours conservé pour le Prince de Condé, l'engagerent à prendre part à ces troubles; elle écrivit à la Reine Anne d'Autriche, au Duc d'Orléans, aux Princes, au Parlement même, des lettres qui n'eurent d'autre effet que d'attirer à son Résident des plaintes de la Cour de France, & des réprimandes de sa part, quoiqu'il n'eût fait que suivre ses ordres. Ces troubles, qui avoient commencé sans elle, finirent bientôt sans sa médiation. Le Parlement qui avoit été sur le point de traiter avec cette Princesse, fut exilé à Pontoise, & trop heureux d'en revenir pour complimenter, quelques années après, ce même Cardinal dont il avoit mis la tête à prix. Le Prince de Condé fugitif chez les Espagnols, perdit tout excepté sa gloire; & Mazarin resta maître, jusqu'à sa mort, de la Reine, du Roi & de l'État.
L'amour que Christine avoit ou affectoit pour les hommes illustres, lui fit souhaiter d'attirer auprès d'elle le célebre Descartes, le restaurateur de la Philosophie, ignoré en France sa patrie, pour avoir été plus occupé des Sciences que de sa fortune, mis à l'index à Rome pour avoir cru sur le mouvement de la terre les observations astronomiques plutôt que les Bulles des Papes, & persécuté en Hollande pour avoir substitué au jargon des Scholastiques la vraie méthode de philosopher. Christine, charmée de quelques écrits de ce grand homme, lui avoit fait proposer plusieurs de ces questions de morale que les Philosophes agitent depuis long-tems, sans qu'elles soient décidées, & sans que les hommes en soient meilleurs & plus heureux. Telle étoit entr'autres celle du souverain bien, que Descartes faisoit consister dans le bon usage de notre volonté; par la raison, disoit-il, que les biens du corps & de la fortune, & même nos connoissances, ne dépendent pas de nous; comme si le bon usage de notre volonté étoit moins soumis que le reste à l'Être tout-puissant. Cette solution, toute insuffisante qu'elle étoit, plut assez à Christine pour qu'elle souhaitât ardemment d'en voir l'Auteur, comme un homme qu'elle croyoit heureux & dont elle envioit la condition. M. Chanut, Ambassadeur de France en Suéde, & ami du Philosophe, fut chargé de cette négociation, dans laquelle il eut d'abord de la peine à réussir. La différence des climats étoit une des raisons principales qui détournoit Descartes de ce voyage. Il écrivit à son ami: «qu'un homme né dans les jardins de la Touraine, & retiré dans une terre où il y avoit moins de miel, à la vérité, mais peut-être plus de lait que dans la terre promise aux Israélites, ne pouvoit pas aisément se résoudre à la quitter pour aller vivre au pays des ours, entre des rochers & des glaces.» Cette raison étoit très-suffisante pour un Sage, à qui la santé ne pouvoit être trop précieuse, parce que c'est un des biens qui ne dépendent point des autres hommes. Mais ne seroit-il pas permis de croire que Descartes, ami de la solitude comme il l'étoit, & voulant chercher à son aise la vérité, redoutoit un peu l'apprôche du Trône? Un Prince a beau être Philosophe, ou affecter de l'être, la Royauté forme en lui un caractere ineffaçable, toujours à craindre pour ceux qui l'approchent, & incommode pour la Philosophie, quelque soin que le Monarque prenne de la rassurer. Le Sage respecte les Princes, les estime quelquefois, & les fuit toujours. Nous sommes l'un pour l'autre un assez grand théatre, écrivoit Descartes à un Philosophe comme lui, qu'il exhortoit à venir partager sa retraite, dans le tems où Christine vouloit l'en faire sortir.
Cependant, comme l'amour même de la liberté ne résiste guere aux Rois quand ils insistent, Descartes se rendit bientôt après à Stockholm, dans la résolution, ainsi qu'il le disoit lui-même, de ne rien déguiser à cette Princesse de ses sentimens, ou de s'en retourner philosopher dans sa solitude. On voit par ses lettres qu'il fut très-satisfait de l'accueil que lui fit la Reine; elle le dispensa de tous les assujettisemens des Courtisans; mais ce fut pour lui en imposer d'autres qui dérangerent tout-à-fait sa maniere de vivre, & qui joints à la rigueur du climat, le conduisirent au tombeau au bout de quatre mois. Descartes trouvoit à Christine beaucoup d'esprit & de sagacité, néanmoins il paroît que le goût dominant du Philosophe fut toujours pour la malheureuse Princesse Palatine sa premiere disciple; soit que les malheurs qu'il avoit éprouvés lui-même redoublassent son attachement pour elle; soit qu'il lui trouvât plus de lumieres, ou de cette docilité qui est le premier hommage pour un Chef de secte. Cette préférence qu'il laissa apparemment entrevoir, causa à Christine un peu de jalousie.
Descartes, qui en renonçant à tout autre avantage, avoit conservé l'ambition des Philosophes, le desir de voir adopter exclusivement ses opinions & ses goûts, n'approuvoit point que Christine partageât son tems entre la Philosophie & l'étude des Langues. Il se trouvoit mal à son aise au milieu de cette foule d'érudits dont Christine étoit environnée, & qui faisoient dire aux étrangers que bientôt la Suéde alloit être gouvernée par des Grammairiens. Il osa même lui faire sur ce point des représentations assez libres & assez fortes pour se brouiller sans retour avec le Maître de Grec de la Reine, le savant Isaac Vossius, ce Théologien incrédule & superstitieux, de qui Charles II. Roi d'Angleterre disoit qu'il croyoit tout excepté la Bible. Les représentations de Descartes n'empêcherent pas la Reine d'apprendre le Grec, mais elles ne changerent rien aux sentimens qu'elle avoit pour lui. Elle prenoit sur son sommeil le tems qu'elle lui donnoit; elle voulut le faire Directeur d'une Académie qu'elle songeoit à établir; enfin elle lui marqua tant de considération qu'on prétendit que les Grammairiens de Stockholm avoient avancé par le poison la mort du Philosophe. Mais cette maniere de se défaire de ses ennemis, dit Sorbiere, est un honneur que les Gens de Lettres n'envient pas aux Grands.
Néanmoins quelque passionnée que Christine se soit montrée pour la Philosophie de Descartes, il n'y a nulle apparence, comme quelques-uns l'ont cru, qu'elle l'ait consulté sur les affaires politiques. Élevée, comme elle l'étoit, à la meilleure école de l'Europe en ce genre, c'est-à-dire, dans le Sénat de Suéde, quel secours auroit-elle pu tirer d'un Philosophe, qui par sa conduite en Hollande avoit montré combien peu il savoit traiter avec les hommes, & qu'une retraite de 30 ans avoit empêché de les connoître? On a même prétendu qu'elle montra aussi peu de zele pour les opinions de Descartes, qu'elle avoit témoigné d'estime pour sa personne; & que le fruit qu'elle retira de l'étude de la Philosophie, fut de se persuader qu'en ce genre les sottises anciennes valoient bien les nouvelles.
Swedish translation (my own):
Kristinas kärlek till frihet fick henne att avvisa alla friare som bjöd sig på henne, även om flera var mycket fördelaktiga, och Sverige uppmanade henne att gifta sig. Konungen av Spanien, Filip IV, en av dem som strävade efter att gifta sig med drottningen, drog sig snart tillbaka av rädsla för att se sig tvingad av denna allians att inte längre behandla protestanterna som kättare.
Den av alla friarna, som framstod som ivrigast, var Karl Gustav, Kristinas kusin, pfalzgreve, till vilken hon varit ämnad från barndomen; hon var lika döv för honom som för hans rivaler. Men oavsett om han väckte mindre avsky hos henne, eller om hon sedan dess mediterade dessängen att abdikera tronen, lyckades hon få honom att förklaras av ständerna som sin efterträdare. Genom detta steg kom hon till målet, dels för att bevara sig fri och försäkra sig om Sveriges fred, dels för att förhindra några svenska huss ärelystnad, som kunde ha bestridit Kronan efter hennes död.
En viss inkomst anslogs till Karl Gustav för underhållet av hans hov. Men drottningen sade att det var en hemlighet för konungafamiljen att inte ge någon jord till en arvfurste — en hemlighet som knappast förtjänar namnet, och som de mest begränsade despotiska furstarna alltid kommer att ha som maxim. Kristina höll av samma anledning alltid prins Karl Gustav borta från angelägenheter medan hon styrde Sverige: fastän hon älskade tronen litet, ville hennes självständiga geni ingenting som skulle störa henne så länge det behagade henne att ockupera den.
Det var vid denna tid som Frankrikes bekymmer anlände, kriget i Fronde, detta krig mer känt för det förlöjligande som täckte det än för det onda som det tänkte föra med sig efter det. Exilen av Mazarin, hans återkomst, hans nya exil, fängslandet av prinsarna, de bullriga församlingarna i Parlamentet, som tumultartade då, och sedan en civil, utfärdade dekreten medan man gav strider och dekreterade arméer för tillfångatagande av kårer.
Kristinas kärlek till lugnet, rädslan för att detta inbördeskrig skulle bli anledningen till ett nytt krig utomlands, och kanske smaken som hon alltid hade bevarat för prinsen de Condé, engagerade henne att delta i dessa problem. Hon skrev till drottning Anne av Österrike, till hertigen av Orléans, till prinsarna, till själva Parlamentet, brev som inte hade någon annan verkan än att locka till henne invånare klagomål från Frankrikes hov och tillrättavisningar från honom, även om han endast hade följt hennes order.
Dessa problem, som hade börjat utan henne, slutade snart utan hennes medling. Parlamentet, som hade varit på väg att behandla med denna prinsessa, förvisades till Pontoise och var alltför glad för att återvända för att några år senare komplimentera samma kardinal, vars huvud det hade satt ett pris på. Prinsen de Condé, en flykting bland spanjorerna, förlorade allt utom sin ära; och Mazarin förblev herre, fram till sin död, över drottningen, konungen och Staten.
Den kärlek som Kristina hade eller affekterade till berömda män fick henne att önska att locka till sig den berömde Descartes, filosofins återställare, som ignorerades i Frankrike, hans fädernesland, för att ha varit mer upptagen av vetenskapen än av sin lycka, sattes på indexet i Rom för att ha trott på jordens rörelser på astronomiska observationer snarare än påvarnas bullor, och förföljdes i Holland för att ha ersatt skolastikernas jargong med den sanna metoden att filosofera.
Kristina, förtrollad av en del skrifter av denne store man, hade fått honom att ställa flera av dessa moralfrågor som filosoferna länge har agiterat, utan att de blivit beslutade och utan att människorna är bättre eller gladare för det. Sådan var bland annat det suveräna godheten, som Descartes gjorde att bestå i att vår vilja användes väl; av den anledningen, sade han, att kroppens och lyckans godhet, ja till och med vår kunskap, inte är beroende av oss, som om vår viljas goda bruk var mindre underkastat det allsmäktiga Väsendet än resten.
Denna lösning, hur otillräcklig den än var, behagade Kristina tillräckligt för att få henne att ivrigt önska att se dess författare, som en man hon trodde var lycklig och vars tillstånd hon avundades. Monsieur Chanut, fransk ambassadör i Sverige och en vän till filosofen, anklagades för denna förhandling, i vilken han till en början hade svårt att lyckas.
Skillnaden i klimat var en av de främsta anledningarna som avskräckte Descartes från denna resa. Han skrev till sin vän »att en man född i Touraines trädgårdar och drog sig tillbaka till ett land där det i sanning fanns mindre honung, men kanske mer mjölk än i landet som utlovats till israeliterna, inte lätt kunde bestämma sig för att lämna det att gå och bo i björnarnas land, bland stenar och is.«
Detta skäl var mycket tillräckligt för en visman, för vilken hälsan inte kunde vara alltför värdefull eftersom den är en av de godheter som inte beror på andra människor. Men skulle det inte vara tillåtet att tro att Descartes, en vän av ensamhet som han var, och som ville söka sanningen i lugn och ro, fruktade lite för att tronen skulle närma sig?
En furste kan mycket väl vara en filosof, eller affektera att vara den. Kungligheten bildar i honom en outplånlig karaktär, alltid att frukta för dem som närmar sig den, och obekväm för filosofin, hur mycket omsorg monarken än tar för att lugna den. Vismannen respekterar furstar, aktar dem ibland och flyr alltid från dem. Vi är för varandra en ganska stor teater, skrev Descartes till en filosof som han själv, som han uppmanade att komma och dela sin reträtt i en tid då Kristina ville få honom att lämna den.
Men eftersom kärleken till friheten i sig knappast står emot konungar när de insisterar, begav sig Descartes strax därefter till Stockholm, med beslutet, som han själv sade, att inte dölja sina känslor för denna prinsessa eller att återvända till att filosofera i sin ensamhet. Vi ser av hans brev att han var mycket nöjd med det mottagande som drottningen gav honom. Hon befriade honom från hovmännens alla underkutanden, men det var för att påtvinga honom andra, som helt störde hans levnadssätt och som, tillfört klimatets hårdhet, ledde honom till graven efter fyra månaders slut.
Descartes fann i Kristina mycket kvickhet och klokhet; icke desto mindre verkar det som om filosofens dominerande smak alltid var för den olyckliga pfalzgrevinnan, hans första lärjunge, antingen att de olyckor som han själv hade upplevt fördubblade hans fäste för henne, antingen att han fann henne mer upplyst, eller den foglighet som är den första hyllningen till en ledare för en sekt. Denna preferens som han tydligen lät skymta orsakade Kristina lite avundsjuka.
Descartes, som, samtidigt som han avsade sig alla andra fördelar, hade behållit filosofernas ambition, önskan att se hans åsikter och smak uteslutande anammas, godkände inte att Kristina delade sin tid mellan filosofi och språkstudier. Han befann sig illa till mods mitt i denna skara av eruditer som Kristina var omgiven av och som fick utlänningar att säga att Sverige snart skulle styras av grammatiker. Han vågade till och med göra framställningar till henne på denna punkt, fri och stark nog att orsaka ett oåterkalleligt gräl med drottningens mästare i grekiska, den lärde Isaac Vossius, denne vantro och vidskeplige teolog, om vilken Karl II, konung av England, sade att han trodde på allt utom Bibeln. Descartes' representationer hindrade inte drottningen från att lära sig grekiska, men de förändrade inte de känslor hon hade för honom.
Hon tog från sin sömn den tid hon gav honom; hon ville göra honom till direktör för en akademi som hon tänkte inrätta. Slutligen visade hon honom så mycket hänsyn att det påstods att grammatikerna i Stockholm hade fört fram filosofens död med gift. Men detta sätt att bli av med sina fiender, säger Sorbière, är en ära som människor de lettres inte avundas de stora för.
Ändå, hur passionerad Kristina än var för Descartes' filosofi, verkar det inte som några har trott att hon rådfrågade honom i politiska angelägenheter. Uppfostrad, som hon var, i den bästa skolan i Europa i denna genre, det vill säga i Sveriges Råd, vilken hjälp kunde hon ha fått av en filosof som genom sitt uppträdande i Holland visat hur lite han visste hur man handskas med män, och som en pensionering på 30 år hade förhindrat att känna dem? Det har till och med hävdats att hon visade lika lite iver för Descartes' åsikter som hon hade visat aktning för hans person, och att frukten hon drog av filosofistudiet var att övertyga sig själv om att i denna genre var det gamla struntprat lika bra som det nya.
English translation (my own):
Kristina's love of liberty made her refuse all the matches that presented themselves for her, although several were very advantageous, and Sweden urged her to marry. The King of Spain, Philip IV, one of those who aspired to marry the Queen, soon withdrew, for fear of seeing himself obliged by this alliance to no longer treat the Protestants as heretics.
The one of all the suitors who appeared the most eager was Karl Gustav, Kristina's cousin, Prince Palatine, to whom she had been destined from childhood; she was as deaf to him as to his rivals. However, whether he inspired less disgust in her, or she was from then on meditating the design of abdicating the throne, she succeeded in having him declared by the Estates as her successor. By this step she came to the goal, both to preserve herself free and to assure the peace of Sweden, and also to prevent the ambition of some Swedish houses which might have disputed the Crown after her death.
A certain income was assigned to Karl Gustav for the maintenance of his court. But the Queen said that it was a secret of the royal family not to give any land to a hereditary prince — a secret which hardly deserves the name, and which the most limited despotic princes will always have as a maxim. Kristina, for the same reason, always kept Prince Karl Gustav away from affairs while she governed Sweden: although she loved the throne little, her independent genius wanted nothing that would bother her for as long as it pleased her to occupy it.
It was at this time that the troubles of France arrived, the war of the Fronde, this war more famous for the ridicule that covered it than for the evils that it thought to bring after it. The exile of Mazarin, his return, his new exile, the imprisonment of the princes, the noisy assemblies of the Parliament, which tumultuous then, and since a citizen, rendered the decrees while one gave battles, and decreed armies of capture of corps.
Kristina's love for tranquility, the fear that this civil war would be the occasion of a new war abroad, and perhaps the taste that she had always preserved for the Prince de Condé, engaged her to take part in these troubles. She wrote to Queen Anne of Austria, to the Duke of Orléans, to the princes, to the Parliament itself, letters which had no other effect than to attract to her resident complaints from the court of France and reprimands from him, although he had only followed her orders.
These troubles, which had begun without her, soon ended without her mediation. The Parliament, which had been on the point of treating with this princess, was exiled to Pontoise, and too happy to return to compliment, a few years later, this same Cardinal, whose head it had put a price on. The Prince de Condé, a fugitive among the Spaniards, lost everything except his glory; and Mazarin remained master, until his death, of the Queen, the King and the State.
The love that Kristina had or affected for illustrious men made her wish to attract to her the famous Descartes, the restorer of philosophy, who was ignored in France, his fatherland, for having been more occupied with the sciences than with his fortune, was put on the index in Rome for having believed on the movement of the Earth the astronomical observations rather than the bulls of the popes, and was persecuted in Holland for having substituted for the jargon of the scholastics the true method of philosophising.
Kristina, charmed by some writings of this great man, had made him propose several of these questions of morality that the philosophers have been agitating for a long time, without them being decided, and without men being better or happier for it. Such was among others that of the sovereign good, which Descartes made consist in the good use of our will; for the reason, he said, that the goods of the body and of fortune, and even our knowledge, do not depend on us, as if the good use of our will were less subject than the rest to the all-powerful Being.
This solution, however insufficient it was, pleased Kristina enough to make her ardently wish to see its author, as a man she believed to be happy and whose condition she envied. Monsieur Chanut, French ambassador to Sweden, and a friend of the philosopher, was charged with this negotiation, in which he at first had difficulty succeeding.
The difference in climates was one of the principal reasons which dissuaded Descartes from this journey. He wrote to his friend "that a man born in the gardens of Touraine, and retired to a land where there was less honey, in truth, but perhaps more milk than in the land promised to the Israelites, could not easily resolve to leave it to go and live in the land of bears, among rocks and ice."
This reason was very sufficient for a sage, to whom health could not be too precious because it is one of the goods which does not depend on other men. But would it not be permissible to believe that Descartes, a friend of solitude as he was, and wishing to seek the truth at his ease, feared a little the approach of the throne?
A prince may well be a philosopher, or affect to be one. Royalty forms in him an indelible character, always to be feared for those who approach it, and inconvenient for philosophy, however much care the monarch takes to reassure it. The sage respects princes, sometimes esteems them, and always flees from them. We are for each other a rather great theatre, wrote Descartes to a philosopher like himself, whom he exhorted to come and share his retreat at a time when Kristina wanted to make him leave it.
However, as the love of liberty itself hardly resists kings when they insist, Descartes soon afterwards went to Stockholm, with the resolution, as he himself said, of hiding nothing from this princess of his feelings, or of returning to philosophise in his solitude. We see from his letters that he was very satisfied with the reception the Queen gave him. She exempted him from all the subjugations of the courtiers, but it was to impose others on him which completely disturbed his way of life and which, added to the harshness of the climate, led him to the grave at the end of four months.
Descartes found in Kristina much wit and sagacity; nevertheless, it appears that the dominant taste of the philosopher was always for the unfortunate Princess Palatine, his first disciple, either that the misfortunes which he had experienced himself redoubled his attachment for her, either that he found her more enlightened, or that docility which is the first homage for a leader of a sect. This preference which he apparently let be glimpsed caused Kristina a little jealousy.
Descartes, who, while renouncing all other advantages, had retained the ambition of the philosophers, the desire to see his opinions and tastes exclusively adopted, did not approve of Kristina dividing her time between philosophy and the study of languages. He found himself ill at ease in the midst of this crowd of erudites with whom Kristina was surrounded, and who made foreigners say that Sweden would soon be governed by grammarians. He even dared to make representations to her on this point, free and strong enough to cause an irreversible quarrel with the Queen's master of Greek, the learned Isaac Vossius, this incredulous and superstitious theologian, of whom Charles II, King of England, said that he believed everything except the Bible. Descartes' representations did not prevent the Queen from learning Greek, but they did not change the feelings she had for him.
She took from her sleep the time she gave him; she wanted to make him director of an academy that she was thinking of establishing. Finally she showed him so much consideration that it was claimed that the grammarians of Stockholm had brought forward the philosopher's death by poison. But this way of getting rid of one's enemies, says Sorbière, is an honour which men of letters do not envy the great for.
Nevertheless, however passionate Kristina may have been for the philosophy of Descartes, there is no appearance, as some have believed, that she consulted him on political affairs. Brought up, as she was, in the best school in Europe in this genre, that is to say, in the Senate of Sweden, what help could she have drawn from a philosopher who, by his conduct in Holland, had shown how little he knew how to deal with men, and whom a retirement of 30 years had prevented from knowing them? It has even been claimed that she showed as little zeal for the opinions of Descartes as she had shown esteem for his person, and that the fruit she drew from the study of philosophy was to persuade herself that in this genre the old nonsense was as good as the new.
Above: Kristina.
Above: Johan Arckenholtz.
Above: Jean-Baptiste le Rond d'Alembert.
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