Source:
Mémoires de marquis de Pomponne, ministre et secrétaire d'État au département des affaires étrangères, volume 2, pages 170 to 180, published by J. Mavidal, 1861
The account:
Cependant lorsque la parole que la Suède venoit de donner au roy, sembloit l'avoir tirée du principal embarras où la déclaration de l'engagement si peu fondé contre le Danemark l'avoit jetée, cette affaire avoit eu une suite plus éloignée, qui lui donnoit une nouvelle inquiétude. Le même bruit qui s'étoit répandu de toute part d'une guerre entre ces deux couronnes, y avoit aussi porté celui de la convocation d'une diète que la régence de Suède devoit assembler pour la résoudre. Ces deux nouvelles étoient arrivées à Rome en même temps, et la Reine Christine qui y demeuroit depuis quelques années, les avoit regardées l'une et l'autre comme d'une extrême considération pour ses intérêts. Cette princesse s'étoit réservée en quittant la couronne, mais durant sa vie seulement, les isles d'Oeland, Gotland et Oesel dans la mer Baltique, une partie de la Poméranie, et les douanes de Norkoping, en Suède. Tous ces biens pouvoient monter ensemble à cent mille écus de rente; mais à peine en avoit-elle joui durant les guerres du feu roy en Suède, en Pologne et en Danemark, et son absence qui avoit autorisé la négligence de ses officiers, ne lui en avoit à peine laissé tirer soixante mille depuis la paix. Elle travailloit toutefois à remettre ses affaires; et comme le cardinal Azzolini qui pouvoit alors toutes choses sur son esprit, en prenoit un soin particulier, elle s'étoit servie d'Adami, un de ses neveux, et l'avoit envoyé en Suède avec une entière autorité. Mais lorsqu'elle apprit par lui que cette couronne étoit sur le point de déclarer la guerre au Danemark, et que la mer Baltique ne pourroit être tranquille, lorsque toutes les nations maritimes seroient armées, elle envisagea également la perte de son revenu dans les isles et de celui qu'elle avoit en terre ferme. Ainsi elle ne délibéra pas de s'approcher pour y apporter le remède qui seroit en elle, et crut que non-seulement la France, mais le Danemark et la Hollande voudroient bien lui accorder une neutralité et une sauvegarde générale pour toutes ses terres. Outre cet intérêt qu'elle avoit dans une rupture entre ces couronnes, elle en avoit un plus particulier à une diète. Elle n'étoit pas satisfaite de la régence; et l'ayant éprouvée toujours contraire à ses intentions, elle croyoit trouver plus de faveur dans les États assemblés. Mais pour mieux faire entendre qu'elle étoit la disposition de la Suède pour cette princesse, il est nécessaire de reprendre les choses de quelques années auparavant.
Depuis qu'ayant quitté la couronne en 1654, elle avoit embrassé à Rome la religion catholique, elle n'avoit point passé en Suède qu'en 1660. Elle crut alors important d'y revenir aussitôt après la mort du feu roy Charles-Gustave; et quoiqu'elle ne fît paroître que le seul dessein d'assurer ses propres intérêts dans un changement de gouvernement, elle donna lieu de soupçonner par la suite que l'on ne descend guère du trône sans s'en repentir, et que le regret de l'avoir quitté est toujours suivi du désir d'y remonter. Elle fut reçue en Suède avec toutes sortes de démonstrations d'honneur et de respect; et quoique les lois contre la religion catholique soient plus sévères en ce royaume qu'en aucun autre État protestant, on n'apporta aucun obstacle à l'exercice de sa religion, et l'on souffrit qu'elle fît dire la messe dans le château de Stockolm, où elle était logée. Mais la manière dont elle usa de la considération que l'on avoit pour elle, l'éclat avec lequel elle affectoit de faire dire la messe en présence de tous les gens de qualité qui se trouvoient chez elle, et les mécontentements qui arrivèrent peu après, lui firent perdre et pour l'église et pour elle, un avantage considérable qui pouvoit insensiblement accoutumer la Suède à la liberté de notre religion et qui la lui auroit au moins assurée toutes les fois qu'elle auroit eu occasion d'y demeurer. La diète générale du royaume s'assembla dans ce temps à Stockolm; et comme cette princesse s'étoit conservé[e] une fort grande affection dans tous les corps qui la composent, même dans celui des prêtres, quoique catholique, elle crut pouvoir prétendre quelque part au gouvernement pendant la minorité du roy; et peut-être n'auroit-il pas été impossible qu'elle eût réussi dans ce dessein, si elle s'y fût renfermée. Mais le comte de Schlipenbak, qui avoit été en la premiére faveur auprès du feu roy, et qui feignit d'être tout à fait dans ses intérêts, la flatta de la pensée de revenir un jour à la couronne et ne porta si loin ses espérances que pour la mettre en état d'en plus avoir. Il lui fit voir que mille accidents menaçant un roy de cinq ans, et d'une complexion fort délicate, il lui importoit de sçavoir qui régneroit après lui; qu'elle avoit droit d'engager les États à ne lui point donner de successeur, qui ne confirmât les mêmes conditions qu'elle s'étoit réservées; et qu'elle pouvoit prétendre que n'ayant quitté la couronne qu'en faveur du feu roy, elle rentroit, après l'extinction de sa maison, dans des droits auxquels elle n'avoit point renoncé pour tout autre. Il lui faisoit espérer que les États se trouvant nécessités à donner une réponse sur un accident qui pouvoit aisément arriver, tourneroient peut-être les yeux sur elle pour la prier de reprendre en ce cas l'autorité qu'elle avoit quittée, et qu'ils ne pouvoient avoir cette pensée, qu'ils ne lui donnassent cependant quelque part à la régence.
Ces conseils qui secondoient d'autant plus les sentiments que cette princesse pouvoit avoir pris pour le trône, qu'ils s'accordoient avec les fausses spéculations de quelques astrologues qui assuroient que le jeune roy ne pouvoit passer sa onziéme année, la précipitèrent dans une résolution qui lui attira de grands déplaisirs et qui lui fit perdre les avantages qu'elle auroit pu tirer de son voyage. Elle dressa l'écrit dans lequel elle faisoit cette demande aux États, et le fit présenter à la diète. Schlipenbak avoit déjà donné avis de son dessein à ceux qu'il croyoit n'être pas de ses amis, et leur avoit fait voir combien ils pouvoient se prévaloir contre elle d'une proposition si odieuse. Il leur fut aisé en effet d'en profiter. Toute l'assemblée témoigna de l'indignation que l'on voulût la faire délibérer sans nécessité sur un accident dont la seule pensée étoit trop funeste à la Suède; et les premiers officiers du royaume eurent ordre de reporter à la reine un écrit sur lequel la simple délibération auroit paru un crime à la diète. L'on fit défense en même temps à tout ce qui étoit dans l'assemblée de la visiter: l'on lui ôta l'exercice de sa religion: l'on fit sortir du royaume les prêtres qu'elle avoit amenés; et quoiqu'elle ne fût pas gardée en apparence, elle se pouvoit dire en quelque sorte prisonnière dans le château. Elle fit paroître beaucoup de colère, lorsque le grand chancelier, accompagné des principaux des États, lui reporta son écrit. Mais enfin lorsqu'elle connut combien les espérances qu'elle avoit conçues avoient peu de fondement, et qu'elle vit que l'état auquel on la tenoit continuoit toujours, elle entra en négociation pour rassurer les esprits que ses prétentions avoient étonnés, et donna une déclaration publique qu'en nul cas et qu'en aucun temps elle ne prétendroit plus à la couronne. Elle partit de Stockolm peu de temps après, et attendit quelques mois dans Norkoping, qui en est environ à trente lieues de France, que les chemins se fissent meilleurs pour sortir de Suède.
Elle étoit toujours depuis demeurée à Rome; et l'occasion qu'elle prit d'en partir sur le bruit de la diète, donna d'autant plus d'appréhension aux régents, qu'ils craignoient davantage l'esprit de cette princesse. Ils connoissoient que le royaume n'étoit pas sans cette sorte de mécontents qu'il est impossible d'éviter dans les minorités des princes, où ceux qui sont éloignés des affaires les voyent toujours avec jalousie entre les mains de ceux qui gouvernent. Ils sçavoient que le souvenir de l'abondance et du bonheur qui avoient accompagné le règne de cette reine, lui conservoit, malgré le changement de religion, l'affection des prêtres et l'amour des peuples; que ce qu'il y avoit de plus grand dans le royaume lui devoit son élévation et sa fortune; et que l'on n'y pouvoit oublier, dans la fille du Grand Gustave, cette magnificence vraiment royale, avec laquelle elle avoit répandu sur toute sa cour les grâces propres de la Suède et les dépouilles de l'Allemagne. Mais surtout ils croyoient que son voyage étoit de concert avec la France; et que, pour empêcher que la Suède n'agit au dehors en faveur de l'Angleterre, elle vouloit se servir de cette princesse pour la troubler au dedans.
Rien n'avoit toutefois moins de fondement, quoique cette reine fût entrée dans les bonnes grâces du roy dont elle s'étoit éloignée, lors du démêlé de Sa Majesté avec le pape sur le sujet du duc de Crequi son ambassadeur, elle l'avoit seulement assuré en lui donnant part de son voyage, qu'elle n'oublieroit rien pour confirmer la Suède à demeurer inébranlable dans son amitié, et Sa Majesté nous avoit donné seulement ordre de contribuer en son nom, de tout ce qui seroit en nous, pour la servir dans ses intérêts. Ainsi la régence ne se trouvoit pas en une petite peine, et voyoit trop tard avec regret que la fausse convocation d'une diète, dont elle avoit voulu appuyer ses menaces contre le Danemark, lui causoit un embarras véritable.
Cependant cette reine qui étoit partie de Rome avec peu de suite dans le mois de mai, marcha avec une extrême diligence, et arriva à la fin de juin à Hambourg. Mais comme elle y trouva les affaires bien éloignées de la guerre, et le bruit de la diète évanoui, elle s'y arrêta pour s'y reposer, et commença des négociations pour son voyage en Suède, qui ne finirent que longtemps après.
With modernised spelling:
Cependant lorsque la parole que la Suède venait de donner au roi semblait l'avoir tirée du principal embarras où la déclaration de l'engagement si peu fondé contre le Danemark l'avait jetée, cette affaire avait eu une suite plus éloignée, qui lui donnait une nouvelle inquiétude. Le même bruit qui s'était répandu de toute part d'une guerre entre ces deux Couronnes y avait aussi porté celui de la convocation d'une Diète que la régence de Suède devait assembler pour la résoudre. Ces deux nouvelles étaient arrivées à Rome en même temps, et la reine Christine, qui y demeurait depuis quelques années, les avait regardées l'une et l'autre comme d'une extrême considération pour ses intérêts.
Cette princesse s'était réservée en quittant la couronne, mais durant sa vie seulement, les îles d'Ölande, Gotlande et Ösel dans la mer Baltique, une partie de la Poméranie, et les douanes de Norrköping, en Suède. Tous ces biens pouvaient monter ensemble à cent mille écus de rente, mais à peine en avait-elle joui durant les guerres du feu roi en Suède, en Pologne et en Danemark, et son absence, qui avait autorisé la négligence de ses officiers, ne lui en avait à peine laissé tirer soixante mille depuis la paix.
Elle travaillait toutefois à remettre ses affaires; et comme le cardinal Azzolini, qui pouvait alors toutes choses sur son esprit, en prenait un soin particulier, elle s'était servie d'Adami, un de ses neveux, et l'avait envoyé en Suède avec une entière autorité. Mais lorsqu'elle apprit par lui que cette Couronne était sur le point de déclarer la guerre au Danemark et que la mer Baltique ne pourrait être tranquille lorsque toutes les nations maritimes seraient armées, elle envisagea également la perte de son revenu dans les îles et de celui qu'elle avait en terre ferme.
Ainsi elle ne délibéra pas de s'approcher pour y apporter le remède qui serait en elle, et crut que non seulement la France, mais le Danemark et la Hollande voudraient bien lui accorder une neutralité et une sauvegarde générale pour toutes ses terres. Outre cet intérêt qu'elle avait dans une rupture entre ces Couronnes, elle en avait un plus particulier à une Diète. Elle n'était pas satisfaite de la régence; et, l'ayant éprouvée toujours contraire à ses intentions, elle croyait trouver plus de faveur dans les États assemblés. Mais, pour mieux faire entendre qu'elle était la disposition de la Suède pour cette princesse, il est nécessaire de reprendre les choses de quelques années auparavant.
Depuis qu'ayant quitté la couronne en 1654, elle avait embrassé à Rome la religion catholique, elle n'avait point passé en Suède qu'en 1660. Elle crut alors important d'y revenir aussitôt après la mort du feu roi Charles-Gustave; et quoiqu'elle ne fît paraître que le seul dessein d'assurer ses propres intérêts dans un changement de gouvernement, elle donna lieu de soupçonner par la suite que l'on ne descend guère du trône sans s'en repentir, et que le regret de l'avoir quitté est toujours suivi du désir d'y remonter.
Elle fut reçue en Suède avec toutes sortes de démonstrations d'honneur et de respect; et quoique les lois contre la religion catholique soient plus sévères en ce royaume qu'en aucun autre État protestant, on n'apporta aucun obstacle à l'exercice de sa religion, et l'on souffrit qu'elle fît dire la messe dans le château de Stockholm, où elle était logée.
Mais la manière dont elle usa de la considération que l'on avait pour elle, l'éclat avec lequel elle affectait de faire dire la messe en présence de tous les gens de qualité qui se trouvaient chez elle, et les mécontentements qui arrivèrent peu après, lui firent perdre et pour l'Église et pour elle, un avantage considérable qui pouvait insensiblement accoutumer la Suède à la liberté de notre religion et qui la lui aurait au moins assurée toutes les fois qu'elle aurait eu occasion d'y demeurer.
La Diète générale du royaume s'assembla dans ce temps à Stockholm; et comme cette princesse s'était conservé[e] une fort grande affection dans tous les corps qui la composent, même dans celui des prêtres, quoique catholique, elle crut pouvoir prétendre quelque part au gouvernement pendant la minorité du roi; et peut-être n'aurait-il pas été impossible qu'elle eût réussi dans ce dessein, si elle s'y fût renfermée.
Mais le comte de Schlippenbach, qui avait été en la première faveur auprès du feu roi, et qui feignit d'être tout à fait dans ses intérêts, la flatta de la pensée de revenir un jour à la Couronne et ne porta si loin ses espérances que pour la mettre en état d'en plus avoir. Il lui fit voir que mille accidents menaçant un roi de cinq ans, et d'une complexion fort délicate, il lui importait de savoir qui régnerait après lui; qu'elle avait droit d'engager les États à ne lui point donner de successeur qui ne confirmât les mêmes conditions qu'elle s'était réservées; et qu'elle pouvait prétendre que n'ayant quitté la couronne qu'en faveur du feu roi, elle rentrait, après l'extinction de sa maison, dans des droits auxquels elle n'avait point renoncé pour tout autre.
Il lui faisait espérer que les États se trouvant nécessités à donner une réponse sur un accident qui pouvait aisément arriver, tourneraient peut-être les yeux sur elle pour la prier de reprendre en ce cas l'autorité qu'elle avait quittée, et qu'ils ne pouvaient avoir cette pensée qu'ils ne lui donnassent cependant quelque part à la régence.
Ces conseils, qui secondaient d'autant plus les sentiments que cette princesse pouvait avoir pris pour le trône, qu'ils s'accordaient avec les fausses spéculations de quelques astrologues qui assuraient que le jeune roi ne pouvait passer sa onzième année, la précipitèrent dans une résolution qui lui attira de grands déplaisirs et qui lui fit perdre les avantages qu'elle aurait pu tirer de son voyage. Elle dressa l'écrit dans lequel elle faisait cette demande aux États et le fit présenter à la Diète.
Schlippenbach avait déjà donné avis de son dessein à ceux qu'il croyait n'être pas de ses amis, et leur avait fait voir combien ils pouvaient se prévaloir contre elle d'une proposition si odieuse. Il leur fut aisé en effet d'en profiter. Toute l'assemblée témoigna de l'indignation que l'on voulût la faire délibérer sans nécessité sur un accident dont la seule pensée était trop funeste à la Suède; et les premiers officiers du royaume eurent ordre de reporter à la reine un écrit sur lequel la simple délibération aurait paru un crime à la Diète.
L'on fit défense en même temps à tout ce qui était dans l'assemblée de la visiter; l'on lui ôta l'exercice de sa religion; l'on fit sortir du royaume les prêtres qu'elle avait amenés; et quoiqu'elle ne fût pas gardée en apparence, elle se pouvait dire en quelque sorte prisonnière dans le château. Elle fit paraître beaucoup de colère lorsque le grand chancelier, accompagné des principaux des États, lui reporta son écrit. Mais enfin, lorsqu'elle connut combien les espérances qu'elle avait conçues avaient peu de fondement, et qu'elle vit que l'état auquel on la tenait continuait toujours, elle entra en négociation pour rassurer les esprits que ses prétentions avaient étonnés, et donna une déclaration publique qu'en nul cas et qu'en aucun temps elle ne prétendrait plus à la Couronne.
Elle partit de Stockholm peu de temps après et attendit quelques mois dans Norrköping, qui en est environ à trente lieues de France, que les chemins se fissent meilleurs pour sortir de Suède.
Elle était toujours depuis demeurée à Rome; et l'occasion qu'elle prit d'en partir sur le bruit de la Diète donna d'autant plus d'appréhension aux régents, qu'ils craignaient davantage l'esprit de cette princesse. Ils connaissaient que le royaume n'était pas sans cette sorte de mécontents qu'il est impossible d'éviter dans les minorités des princes, où ceux qui sont éloignés des affaires les voient toujours avec jalousie entre les mains de ceux qui gouvernent.
Ils savaient que le souvenir de l'abondance et du bonheur qui avaient accompagné le règne de cette reine lui conservait, malgré le changement de religion, l'affection des prêtres et l'amour des peuples; que ce qu'il y avait de plus grand dans le royaume lui devait son élévation et sa fortune; et que l'on n'y pouvait oublier dans la fille du grand Gustave cette magnificence vraiment royale, avec laquelle elle avait répandu sur toute sa cour les grâces propres de la Suède et les dépouilles de l'Allemagne. Mais surtout ils croyaient que son voyage était de concert avec la France et que, pour empêcher que la Suède n'agit au dehors en faveur de l'Angleterre, elle voulait se servir de cette princesse pour la troubler au-dedans.
Rien n'avait toutefois moins de fondement, quoique cette reine fût entrée dans les bonnes grâces du roi dont elle s'était éloignée lors du démêlé de Sa Majesté avec le pape sur le sujet du duc de Créquy, son ambassadeur, elle l'avait seulement assuré en lui donnant part de son voyage qu'elle n'oublierait rien pour confirmer la Suède à demeurer inébranlable dans son amitié, et Sa Majesté nous avait donné seulement ordre de contribuer en son nom, de tout ce qui serait en nous, pour la servir dans ses intérêts. Ainsi la régence ne se trouvait pas en une petite peine, et voyait trop tard avec regret que la fausse convocation d'une Diète, dont elle avait voulu appuyer ses menaces contre le Danemark, lui causait un embarras véritable.
Cependant cette reine, qui était partie de Rome avec peu de suite dans le mois de mai, marcha avec une extrême diligence, et arriva à la fin de juin à Hambourg. Mais comme elle y trouva les affaires bien éloignées de la guerre, et le bruit de la Diète évanoui, elle s'y arrêta pour s'y reposer et commença des négociations pour son voyage en Suède, qui ne finirent que longtemps après.
Swedish translation (my own):
Emellertid, då det ord som Sverige nyss givit konungen tycktes ha dragit det ur den huvudsakliga förlägenhet, i vilken tillkännagivandet om den föga grundade förlovningen mot Danmark kastat det, hade denna affär fått en mera avlägsen vila, som gav det en ny ångest. Samma rykte som spritts på alla sidor om ett krig mellan dessa två Kronor hade också dit fört det om sammankallande av en Riksdag som Sveriges förmyndarregering skulle samla för att lösa det. Dessa två nyheter hade kommit till Rom samtidigt, och drottning Kristina, som bott där i några år, hade ansett båda som ytterst hänsynstagande till hennes intressen.
Denna prinsessa hade reserverat för sig själv, när hon lämnade kronan, men bara under sin livstid, öarna Öland, Gotland och Ösel i Östersjön, en del av Pommern, och sederna i Norrköping, i Sverige. Alla dessa tillgångar kunde tillsammans uppgå till ett hundra tusen écus i inkomst, men hon hade knappast åtnjutit dem under den salige konungens krig i Sverige, Polen och Danmark, och hennes frånvaro, som hade tillåtit hennes officerares försumlighet, hade knappt tillåtit henne att dra sextio tusen sedan freden.
Hon ansträngde sig dock för att få ordning på sina angelägenheter; och eftersom kardinal Azzolino, som då kunde göra allt, enligt henne, särskilt tog hand om dem, hade hon använt sig av Adami, en av hans syskonbarn, och hade skickat honom till Sverige med full auktoritet. Men när hon fick veta av honom att den Kronan var på väg att förklara krig mot Danmark och att Östersjön inte kunde vara lugn när alla sjöfartsnationer var beväpnade, tänkte hon lika på förlusten av sin inkomst på öarna och det som hon hade på fastlandet.
Så hon avsåg inte att närma sig för att komma med det botemedel som skulle finnas i henne, och hon trodde att inte bara Frankrike, utan Danmark och Holland skulle vara villiga att ge henne en neutralitet och ett allmänt skydd för alla hennes länder. Förutom detta intresse, som hon hade i en bristning mellan dessa Kronor, hade hon ett mera speciellt i en Riksdag. Hon var inte nöjd med regenten; och efter att ha upplevt det alltid i strid med hennes avsikter, trodde hon att hon skulle finna mer gunst i de församlade ständerna. Men för att bättre förstå vad Sverige hade för denna prinsessa, är det nödvändigt att gå tillbaka till några år tidigare.
Sedan hon lämnade kronan 1654 hade hon anammat den katolska religionen i Rom, hon hade inte passerat genom Sverige förrän 1660. Hon ansåg det då viktigt att återvända dit omedelbart efter den salige konungen Karl Gustavs död; och ehuru hon endast klargjorde att hon hade för avsikt att trygga sina egna intressen vid ett regeringsskifte, väckte hon sedermera misstankar om att man knappast stiger ned från tronen utan att ångra den, och att ångern över att ha lämnat den alltid följs av en önskan att återvända till det.
Hon togs emot i Sverige med alla möjliga uppvisningar av heder och respekt; och ehuru lagarna mot den katolska religionen är strängare i det riket än i någon annan protestantisk stat, lades intet hinder i vägen för hennes religions utövande, och hon fick lov att låta säga mässa i slottet i Stockholm, där hon logerades.
Men det sätt på vilket hon använde den omtanke som människor hade för henne, den briljans med vilken hon påverkade att få messa framförd i närvaro av alla de människorna av kvalitet som var hemma hos henne, och missnöjet som uppstod kort därefter, gjorde att hon förlorade, både för Kyrkan och för henne själv, en betydande fördel, som omöjligt kunde vänja Sverige vid vår religionsfrihet och som åtminstone skulle ha försäkrat det varje gång hon haft tillfälle att vistas där.
Rikets allmänna Riksdag sammanträdde vid denna tid i Stockholm; och eftersom denna prinsessa hade bevarat en mycket stor tillgivenhet i alla de kroppar, som utgöra den, även hos prästerna, även om den var katolsk, trodde hon att hon kunde göra anspråk på någon del av regeringen under konungens minoritet; och kanske hade det inte varit omöjligt att hon skulle ha lyckats med denna dessäng om hon hade låst in sig där.
Men greve von Schlippenbach, som varit i den första ynnest hos den salige konungen, och som låtsades vara helt i hans intressen, smickrade henne med tanken på att en dag återvända till kronan och bar hennes förhoppningar så långt bara för att sätta henne i stånd att ha mer. Han fick henne att se att eftersom tusen olyckor hotade en konung av fem år och med en mycket känslig komplexion, var det viktigt för henne att veta vem som skulle regera efter honom; att hon hade rätt att anlita Ständerna att inte ge henne en efterträdare som inte bekräftade samma villkor som hon förbehållit sig; och att hon kunde hävda att hon, efter att ha lämnat kronan endast till förmån för den salige konungen, återvände, efter att hennes hus hade försvunnit, till rättigheter som hon inte hade avstått för någon annan.
Han fick henne att hoppas att Ständerna, som fann sig skyldiga att ge svar på en olycka som lätt kunde inträffa, kanske skulle vända blicken mot henne för att be henne att i detta fall återuppta den myndighet som hon lämnat, och att de inte kunde ha denna tanke utan att likväl ge henne någon del i förmyndarregeringen.
Dessa råd, som desto mer stödde de känslor som denna prinsessa kunde ha tagit för tronen, eftersom de instämde i de falska spekulationerna från några astrologer som försäkrade att den unge konungen inte kunde passera sitt elfte år, föranledde henne till en resolution som förde henne stora missnöje och som gjorde att hon tappade de fördelar som hon kunde ha fått av sin resa. Hon upprättade den handling i vilken hon gjorde denna begäran till Ständerna och lät förelägga Riksdagen.
Schlippenbach hade redan underrättat dem som han trodde inte var hans vänner om sin plan och hade visat dem hur mycket de kunde använda sig av ett så vidrigt förslag mot henne. Det var lätt för dem att tjäna på det. Hela församlingen vittnade till indignation att de skulle fås att utan nödvändighet överväga en olycka, vars tankar var alltför dödlig för Sverige; och rikets övermän beordrades att till drottningen anmäla en handling, på vilken den enkla överläggningen skulle ha framstått som ett brott för Riksdagen.
Samtidigt förbjöds alla som var i församlingen att besöka henne; hon berövades utövandet av sin religion; prästerna som hon hade tagit med fick lämna riket; och fastän hon tydligen inte var bevakad, kunde hon sägas vara på något sätt en fånge i slottet. Hon visade stor ilska när Rikskanslern, åtföljd av Ständernas främsta medlemmar, rapporterade hennes skrift till henne. Men till sist, när hon visste hur litet de förhoppningar hon hade tänkt sig hade, och när hon såg att det tillstånd som hon hölls i fortfarande fortsatte, inledde hon förhandlingar för att lugna sinnena att hennes anspråk hade förvånat, och hon offentliggjorde förklaring att hon inte i något fall och inte vid något tillfälle längre skulle göra anspråk på Kronan.
Hon lämnade Stockholm kort därefter och väntade några månader i Norrköping, som ligger ett trettiotal franska lieues bort, tills vägarna blev bättre för att kunna lämna Sverige.
Hon hade sedan stannat i Rom; och tillfället, som hon tog att därifrån, på Riksdagens buller, gav förmyndarna desto mer oro, som de ännu mer fruktade denna prinsessans sinne. De visste att riket inte var utan den sortens missnöje som det är omöjligt att undvika i furstars minoriteter, där de som är långt borta från angelägenheter alltid ser dem med avundsjuka i händerna på dem som styr.
De visste att minnet av det överflöd och den lycka som åtföljt denna drottning bevarade för henne, trots religionsbytet, prästernas tillgivenhet och folkets kärlek; att det som var störst i riket hade sin höjd och dess lycka att tacka henne; och att man i den store Gustavs dotter inte kunde glömma den verkligt kungliga storhet, varmed hon över hela sitt hov hade spridit de nåder som tillhörde Sverige och Tysklands byte. Men framför allt trodde de att hennes resa var i samförstånd med Frankrike och att man, för att hindra Sverige från att agera utomlands till förmån för England, ville använda denna prinsessa för att besvära det hemma.
Ingenting hade dock mindre grund, fastän denna drottning hade trätt in i konungens goda nåder, från vilken hon tagit avstånd under Hans Majestäts dispyt med påven i fråga om hertigen de Créquy, hans ambassadör, hon hade försäkrat honom bara när hon gav honom en del av sin resa att hon inte skulle glömma något för att bekräfta att Sverige skulle förbli orubbligt i sin vänskap, och Hans Majestät hade bara givit oss order att bidra till hans namn, med allt som skulle finnas i oss, för att tjäna henne i hennes intressen. Sålunda var förmyndarregeringen inte i ett litet problem, och den såg för sent med beklagande att den falska sammankallande av en Riksdag, med vilken den hade velat stödja sina hot mot Danmark, förorsakade den en veritabel förlägenhet.
Emellertid reste denna drottning, som hade lämnat Rom med en liten svit i maj månad, med största flit och anlände till Hamburg i slutet av juni. Men då hon fann krigets angelägenheter långt borta, och då Riksdagens buller hade slocknat, stannade hon där för att vila och inledde förhandlingar om sin resa till Sverige, som inte blev färdiga förrän en lång tid därefter.
English translation (my own):
In the meantime, when the word that Sweden had just given to the King seemed to have drawn it out of the principal embarrassment into which the declaration of the little founded engagement against Denmark had thrown it, this affair had had a more distant rest, which gave it a new anxiety. The same rumour which had spread on all sides of a war between these two Crowns had also carried there that of the convocation of a Riksdag which the regency of Sweden was to assemble to resolve it. These two pieces of news had arrived at Rome at the same time, and Queen Kristina, who had been living there for some years, had regarded both as being of extreme consideration for her interests.
This princess had reserved for herself, on quitting the crown, but during her lifetime only, the islands of Öland, Gotland and Ösel in the Baltic Sea, a part of Pomerania, and the customs of Norrköping, in Sweden. All these assets could together amount to a hundred thousand écus of income, but she had hardly enjoyed them during the wars of the late King in Sweden, Poland and Denmark, and her absence, which had authorised the negligence of her officers, had barely allowed her to draw sixty thousand since the peace.
She was, however, labouring to put her affairs in order; and as Cardinal Azzolino, who could then do all things, in her mind, took particular care of them, she had made use of Adami, one of his nephews, and had sent him to Sweden with full authority. But when she learned from him that that Crown was about to declare war on Denmark, and that the Baltic Sea could not be tranquil when all the maritime nations were armed, she considered equally the loss of her income on the islands and that which she had on the mainland.
So she did not deliberate to approach to bring the remedy that would be in her, and she believed that not only France, but Denmark and Holland would be willing to grant her a neutrality and a general safeguard for all her lands. Besides this interest that she had in a rupture between these Crowns, she had a more particular one in a Riksdag. She was not satisfied with the regency; and, having experienced it always contrary to her intentions, she believed she would find more favour in the assembled Estates. But, to make better understood what was the disposition of Sweden for this princess, it is necessary to go back to the things of a few years before.
Since having quit the crown in 1654, she had embraced the Catholic religion in Rome, she had not passed through Sweden until 1660. She then believed it important to return there immediately after the death of the late king Karl Gustav; and although she only made it clear that she intended to secure her own interests in a change of government, she subsequently gave rise to suspicion that one hardly descends from the throne without repenting of it, and that regret at having left it is always followed by a desire to return to it.
She was received in Sweden with all sorts of demonstrations of honour and respect; and although the laws against the Catholic religion are more severe in that kingdom than in any other Protestant state, no obstacle was placed in the way of the exercise of her religion, and she was allowed to have Mass said in the castle at Stockholm, where she was lodged.
But the way in which she used the consideration that people had for her, the brilliance with which she affected to have Mass said in the presence of all the people of quality who were at her house, and the discontent that arose shortly afterwards, made her lose, both for the Church and for herself, a considerable advantage which could insensibly accustom Sweden to the freedom of our religion and which would have at least assured it every time she had occasion to stay there.
The general Riksdag of the Kingdom assembled at this time in Stockholm; and as this princess had preserved a very great affection in all the bodies which compose it, even in that of the priests, although Catholic, she believed she could claim some part of the government during the King's minority; and perhaps it would not have been impossible that she would have succeeded in this design if she had confined herself there.
But Count von Schlippenbach, who had been in the first favour with the late King, and who pretended to be entirely in his interests, flattered her with the thought of returning one day to the Crown, and carried her hopes so far only to put her in a position to have more. He made her see that as a thousand accidents threatened a king of five years and of a very delicate complexion, it was important to her to know who would reign after him; that she had the right to engage the Estates not to give her a successor who did not confirm the same conditions that she had reserved for herself; and that she could claim that, having left the crown only in favour of the late King, she returned, after the extinction of her house, to rights which she had not renounced for any other.
He made her hope that the Estates, finding themselves obliged to give an answer to an accident which could easily happen, would perhaps turn their eyes to her to ask her to resume in this case the authority which she had left, and that they could not have this thought without, nevertheless, giving her some part in the regency.
These counsels, which supported all the more the feelings that this princess could have taken for the throne, as they agreed with the false speculations of some astrologers who assured that the young King could not pass his eleventh year, precipitated her into a resolution which brought her great displeasure and which made her lose the advantages that she could have drawn from her journey. She drew up the document in which she made this request to the Estates and had it presented to the Riksdag.
Schlippenbach had already given notice of his design to those whom he believed not to be his friends, and had shown them how much they could avail themselves against her of so odious a proposition. It was easy for them to profit by it. The whole assembly testified to indignation that they were to be made to deliberate without necessity on an accident the very thought of which was too fatal to Sweden; and the chief officers of the Realm were ordered to report to the Queen a document on which the simple deliberation would have appeared a crime to the Riksdag.
At the same time, all who were in the assembly were forbidden to visit her; she was deprived of the exercise of her religion; the priests she had brought were made to leave the kingdom; and although she was not apparently guarded, she could be said to be in some way a prisoner in the castle. She showed great anger when the Grand Chancellor, accompanied by the principal members of the Estates, reported her writing to her. But finally, when she knew how little foundation the hopes she had conceived had, and when she saw that the state in which she was held still continued, she entered into negotiations to reassure the minds that her pretensions had astonished, and she made a public declaration that in no case and at no time would she claim the Crown any more.
She left Stockholm shortly afterwards and waited a few months in Norrköping, which is about thirty French lieues away, until the roads became better for leaving Sweden.
She had since remained at Rome; and the opportunity she took to leave from thence on the noise of the Riksdag gave the regents all the more apprehension, as they feared the mind of this princess even more. They knew that the kingdom was not without that sort of malcontents which it is impossible to avoid in the minorities of princes, where those who are far removed from affairs always see them with jealousy in the hands of those who govern.
They knew that the memory of the abundance and happiness which had accompanied the reign of this Queen preserved for her, in spite of the change of religion, the priests' affection and people's love; that what was greatest in the kingdom owed its elevation and its fortune to her; and that one could not forget in the daughter of the great Gustav that truly royal magnificence with which she had spread over all her court the graces proper to Sweden and the spoils of Germany. But above all, they believed that her journey was in concert with France and that, to prevent Sweden from acting abroad in favour of England, it wanted to use this princess to trouble it at home.
Nothing, however, had less foundation, although this queen had entered into the good graces of the King, from whom she had distanced herself during the dispute of His Majesty with the Pope on the subject of the Duke de Créquy, his ambassador, she had only assured him when giving him part of her journey that she would forget nothing to confirm Sweden to remain unshakeable in her friendship, and His Majesty had only given us orders to contribute in his name, with all that would be in us, to serve her in her interests. Thus the regency was not in a small trouble, and it saw too late, with regret, that the false convocation of a Riksdag, with which it had wanted to support its threats against Denmark, caused it a veritable embarrassment.
In the meantime, this queen, who had left Rome with a small suite in the month of May, travelled with the utmost diligence and arrived at Hamburg at the end of June. But as she found the affairs of the war far removed, and as the noise of the Riksdag had died away, she stopped there to rest and began negotiations for her journey to Sweden, which were not finished until a long time afterwards.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Above: Lorenzo Adami.
Above: Simon Arnauld de Pomponne.
Notes: Ösel is the old German and Swedish name for the Estonian island of Saaremaa.
Lorenzo Adami was not Cardinal Azzolino's nephew, but his cousin.
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