Saturday, December 28, 2024

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, July 1647 (New Style dates used)

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 147 to 159, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675


Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 153 to 166, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826


Kristina's letter of July 6/16 (Old Style), 1647 to Johan Adler Salvius, mentioning the affairs of Benfeld and Strasbourg, is here:



Above: Kristina.

The excerpts:

Alors le Baron Oxenstiern Plenipotentiaire de Suede écrivit au Chancelier son pere, qu'il ne croyoit pas que les François voulussent faire la Paix cette année-là; cette nouvelle fut receuë avec applaudissement dans le Senat, & plusieurs ne feignirent point de dire, qu'ils ne pouvoient se persuader que le Ministre de France desirât desarmer; On délibera dans le Conseil de ce qu'il y avoit à faire si la France declaroit franchement qu'elle ne pouvoit consentir à la Paix pour cette année, & si l'on s'engageroit avec elle contre la Maison d'Austriche: On ne faisoit pas grande difficulté en la continuation de la guerre, mais on résolut de demander à leurs Majestez la mesme somme qu'elle auroit fournie aux Estats s'ils avoient voulu mettre en Campagne.

Mais le Roy de Portugal ayant ensuite fait presser par son Résident en Suede de conclure une alliance formée; la Reine, & le Senat y consentirent, & on en dressa des articles où il n'y avoit rien de particulier, ensuite de quoy on proposa ou serieusement, ou par forme d'entretien le Mariage de la Reine avec le Prince de Portugal; mais on répondit pour toutes raisons qu'il estoit Catholique.

Quelque temps auparavant le sieur Chanut avoit declaré à la Reine de Suede, par ordre des Plenipotentiaires à Munster, le besoin que leurs Majestez avoient de retirer toutes leurs troupes d'Allemagne pour les mettre sur leurs frontieres, attendu le Traité des Estats des Provinces-Unies avec l'Espagne; & on apprehendoit que cette ouverture n'eût déplû à cette Princesse, & n'eût aliené sa bonne volonté envers la France, mais il luy en avoit parlé de sorte que la Reine, au lieu de s'en aigrir, luy dit qu'elle ne prenoit pas cette declaration pour un crime de desunion, mais comme un dernier effort des Ministres de France pour la convertir à la Paix, & qu'en tout cas elle ne croyoit point qu'on voulust retrancher le subside, qui devoit durer jusques à la Paix, à laquelle doresnavant de son côté elle n'apportoit aucun empeschement, & il sceut par l'entremise du General Major Douglas, que l'armée de Suede avoit extrémement besoin d'argent, & que son voyage estoit plus pour cela, que pour les recruës; Une des plus grandes difficultez, qui se re[n]controient alors, estoit d'obtenir que l'Empereur ne put assister le Roy d'Espagne sous aucun titre, ou pretexte contre la France; c'est pourquoy les Ministres de France en écrivirent, comme nous avons dit, au sieur Chanut, & il en parla de sorte à la Reine de Suede, & au Chancelier, que ce dernier luy dit, qu'il ne croyoit pas que les Plenipotentiaires de Suede eussent fait la moindre difficulté d'assister la France en cette pretention, encore qu'ils n'en eussent point d'ordre, qu'ils devoient en cela tenir bon avec elle jusques à l'extremité, & faire croire aux Imperiaux qu'ils ne s'en départiroient point, qu'il reconnoissoit bien que la Paix n'avoit aucune seureté pour la France sans cette condition, mais qu'il sembloit estre contre le droit des Nations, qu'une Paix nouvelle ôtast à un Prince la liberté d'assister ses anciens amis, & alliez, & que c'estoit une grande question de sçavoir si la Suede devoit rompre sur ce point, & si elle y estoit obligée, qu'il apprehendoit que si la Suede s'opiniâtroit à cette clause extraordinaire, elle ne perdît l'affection des Protestans, & des Catholiques, & ne s'exposât au hazard de quelque revolution fascheuse, & qu'en tout cas il faloit trouver quelque accommodement, qui garantît la France de l'invasion de la Maison d'Austriche du côté d'Allemagne, & laissât aux Archiducs la faculté de secourir leur branche de la Maison d'Espagne. Si bien que le sieur Chanut voyant que le Chancelier estoit positivement d'avis de lascher prise aprés toutes les demonstrations que l'on feroit de ne vouloir point de Paix sans cette condition; il le pria enfin de vouloir écrire aux Ministres de Suede à Osnabrug, & particulierement au Baron Oxenstiern son fils, de ne laisser point connoître aux Imperiaux qu'ils doutoient s'ils devoient continuer leur assistance jusques à rompre sur ce point.

Il courut en ce temps-là un bruit à Munster, que les Suedois pretendoient pour la recompense de leur milice les Commenderies de l'Ordre Teutonique, & de celuy de Malthe, & sur la remontrance que le sieur Chanut, par ordre des Plenipotentiaires de France, fit à la Reine, du scandale que recevroit toute la Chrestienté, si l'Ordre de Malthe étably pour sa deffense contre le Turc, estoit affoibli par la Couronne de Suede, elle témoigna n'en sçavoir rien, & auparavant ce qu'il luy disoit, elle luy demanda, s'il n'étoit pas possible que ces Commenderies pussent estre possedées par des Protestans, qui rendroient le mesme service que les autres contre les ennemis de la Foy. Mais il luy fit connoître que cela ne se pouvoit pas d[']autant que les constitutions estoient attachées aux vœux d'une Religion.

Mais comme par le Traité de Paix la France estoit obligée de donner certaine somme aux Archiducs pour la proprieté de l'Alsace; les Ministres de France firent demander à la Reine de Suede, si elle n'agréeroit pas d'appuyer la demande que faisoit le Roy de l'Evesché de Strasbourg, comme par une espece de dédommagement, on se servit pour l'y porter du pretexte de Benfeld, dont elle souhaittoit avoir recompense pour en gratifier le Comte Magnus, on proposa donc qu'elle fit demander Benfeld, & que la France l'appuyeroit de son côté, pourveu qu'elle promît de la remettre entre les mains du Roy pour la somme de cent mil écus, dont elle convint, à condition que sa Majesté outre cette somme luy payeroit les canons, armes, & munitions, & y laisseroit l'entiere liberté de la Religion Protestante; mais comme elle prevoyoit qu'il y auroit de grands obstacles pour elle à demander cette place, elle auroit mieux aimé l'avoir par le delaissement qui seroit fait à la France de l'Evesché de Strasbourg, sans estre obligée de luy aider à l'obtenir, & que l'on se fust contenté que la Suede ne s'oppposast point à la demande de cét Evesché; mais la France avoit besoin d'estre secondée pour reüssir, & la Reine avoit peine à se resoudre de la secourir qu'indirectement; afin de ne point desobliger ouvertement les Estats de l'Empire, & oster à son Conseil toutes les jalousies qu'il avoit de sa trop grande facilité envers cette Couronne.

Les Vaisseaux que les sieurs Chanut & du Quesne avoient achetez en Suede, eurent à peine mis à la voile, qu'ils furent surpris d'une tempeste qui les écarta, on crût pendant six jours que le Navire appellé le Jupiter estoit perdu, & coulé à fond avec tout son canon; mais la bonté de sa structure le conserva, & il alla échouër aux côtes du Sund, où le sieur du Quesne, qui conduisoit les quatre, fit de merveilleux efforts pour le sauver.

On depescha de nouveau ordres aux Plenipotentiaires de Suede, parce qu'ils ne traitoient pas trop favorablement le Duc de Bavieres, ainsi que le Conseil l'avoit arresté, & sur cela le Chancelier dit au sieur Chanut qu'il faloit en user avec luy comme avec un ennemy reconcilié, mais le sentiment de la Reine, & du Conseil estoit de le traiter en sorte, qu'il n'eût point à se repentir de son accommodement.

En ce temps les troupes Allemandes, qui estoient dans l'armée du Maréchal de Turenne se mutinerent; & on fut fort en peine en Suede de ce que l'on écriroit là-dessus au Maréchal Wrangel; Cét accident fit connoître les differentes inclinations des Senateurs, les uns disoient que c'estoit un châtiment du mauvais conseil que la France avoit pris, de retirer ses troupes d'Allemagne, le Comte Gustave-sohn, approuvoit le procédé de ces mutins, & disoit que c'estoient troupes Allemandes, qui n'avoient jamais voulu porter le nom de Françoises, & s'étoient toûjours fait appeller Weimariennes; mais la Reine le reprist fort aigrement de ce discours, & luy dit, qu'elle trouvoit fort étrange qu'il voulust excuser une lascheté, & une perfidie; & que les Chefs de ses troupes estoient des impertinens, de preferer le nom d'un Cadet de Saxe à celuy d'un grand Roy; sur cela on resolut, que le General Wrangel recevroit ces troupes, si elles se presentoient à luy, & qu'il en feroit un Corps separé, ensuite de quoy il écriroit en France au Roy, & au Maréchal de Turenne, qu'ils pouvoient les retirer quand il leur plairoit, & y envoyer leurs ordres,

Environ le treize de Juillet le sieur de Rosenhan, qui estoit Resident à Munster pour la Suede, eut ordre de la Reine de se retirer pour aller en France faire la mesme fonction; le Senat en faisoit un si grand secret, que le sieur Chanut l'ayant découvert, le manda au Comte de Brienne, & le pria en mesme-temps de ne pas témoigner qu'il en eût avis, de peur que l'on ne s'imaginât qu'il connoissoit jusques aux moindres particularitez de ce qui se traitoit au Conseil; la Reine eut peine à se resoudre de luy donner cét employ, car elle auroit esté bien aise de ne confier ce poste, qu'à une de ses Creatures, & le sieur de Rosenhan avoit épousé une des parentes du Chancelier, elle se promît neantmoins qu'il se donneroit à son service, & qu'il la prefereroit à son alliance.

Sur ces entrefaites il arriva des lettres de Pologne au sieur Chanut, par lesquelles on le prioit de faire sçavoir à la Reine les bonnes intentions du Roy de Pologne touchant le Traité entre les Couronnes, & qu'il persistoit toûjours à vouloir Francfort sur l'Oder, & Lansperg pour le lieu de l'assemblée, mais il n'y avoit guerre d'apparences que les Suedois y donnassent les mains, car ils vouloient opiniâtrement Hambourg & Lubek, on témoignoit dans ces mesmes lettres que la Reine de Pologne auroit bien desiré lier une amitié & correspondance de sœur avec la Reine de Suede, & le sieur Chanut luy en ayant fait l'ouverture, elle la receut fort civilement, mais elle fit connoître que c'estoit à la Reine de Pologne à faire les premieres démarches.

La France, qui travailloit alors à se rendre utile la Paix d'Allemagne, renouvella ses prieres auprés de la Reine de Suede, & luy fit connoître qu'il n'y avoit pas de seureté pour les deux Couronnes, si on n'empêchoit l'Empereur de pouvoir servir l'Espagne sous quelque titre que ce fust, que c'estoit le point décisif, & que par une tres-peu de durée, tant pour elle que pour la France. La Reine promît d'en écrire de nouveau à ses Ministres, & de ne rien conclure que cette demande ne fust accordée; mais il estoit à craindre qu'un refus opiniastre des Imperiaux n'empêchast le Conseil de Suede de prendre cette derniere resolution, & il y avoit apparence que si les Plenipotentiaires portoient leur resistance jusques à l'extremité, la Suede refuseroit de conclure la Paix, pourvû qu'on luy continuât le subside.

La France apprehendoit aussi que le Baron Oxenstiern Plenipotentiaire de Suede n'agist pas sur cette instance avec la chaleur qu'il auroit pû faire, à cause du peu de bonne volonté qu'il avoit pour elle, & de son aversion pour le Duc de Bavieres; c'est pourquoy elle donna ordre au sieur Chanut d'engager la Reine de Suede à un renouvellement d'amitié, & ensuite luy representer de loin l'humeur de ce Baron, pour luy faire connoître qu'elle apprehendoit qu'il ne donnât ouverture à quelques nouveautez prejudiciables à son Alliance, & qu'il ne deffendît que foiblement ses interests, bien qu'elle fut asseurée en la foy, & en l'affection inviolable de sa Majesté.

Nonobstant toutes ces difficultez on continuoit de parler du Traité d'entre la Pologne & la Suede; il estoit à croire que la Suede y marcheroit fort lentement, & selon qu'elle en seroit pressée, outre qu'on ne pouvoit convenir du lieu de l'assemblée, qui étoit la premiere difficulté; & qu'on prevoyoit si longue à vuider, qu'on auroit loisir d'y songer: car les Polonois s'opiniâtroient toûjours à avoir Francfort, & Lansperg, & les Suedois Hambourg, & Lubek.

Parmi cét embarras de la Paix de Pologne, on arrêta l'alliance entre la Suede, & le Portugal, & l'on en dressa les articles, que l'on communiqua au Resident, qui en fut remercier la Reine; & cette Princesse ne pût s'empêcher de dire au sieur Chanut dans une Audience qu'elle luy donna, que ce Resident Portugais luy avoit témoigné de la jalousie de ce que sa Majesté avoit plus d'affection pour la France, que pour le Portugal, qu'il l'avoit mesme suppliée que s'il y avoit en leur Alliance quelques articles plus favorables on les inserât aussi en celle qu'ils contractoient; mais qu'elle luy avoit répondu qu'il ne devoit point trouver étrange qu'on eut plus de liaison avec sus plus anciens amis, & qu'elle luy disoit par forme d'avis, de dire à son Maistre qu'il devoit tâcher de s'allier plus étroitement avec la France, qu'avec la Suede, comme plus voisine, & plus prête à le secourir. Cette Alliance estoit deffensive contre leurs ennemis, excepté contre ceux qui avoient Alliance precedente avec l'une ou l'autre Couronne, le secours devoit estre reciproque, & on le devoit à la premiere requisition de celuy qui en auroit besoin. Le Portugal devoit fournir son secours en argent, & la Suede le devoit fournir en Navires de guerre, les sujets des deux Couronnes devoient estre exempts de recherches, & l'Inquisition ne devoit pas rechercher les Habitans de l'un ni de l'autre Royaume sur le fait de la Religion, pourveu qu'ils vécussent à l'exterieur selon les Loix.

Cependant le sieur du Quesne estant arrivé à Elsenor, il y fut tres-mal receu du sieur Durellius Agent de Suede en cette Place, de quoy ayant fait porter sa plainte à la Reine par le sieur Chanut, elle blâma extrêmement son procedé, & dit, qu'elle ne se serviroit pas long-temps de luy, puisqu'il se gouvernoit avec si peu de prudence. Quelques-uns de ses amis s'estans efforcez de l'excuser elle le trouva tres-mauvais, & ne voulut pas les écoûter.

Le 27. de Juillet de l'année 1647, la Suede fut sur le point d'éprouver le plus funeste de tous les accidens, il se faisoit ce jour là un jeûne, & des prieres publiques par tout le Royaume; la Reine alla sur les dix heures du matin dans l'Eglise du Chasteau, où elle entendit la Predication; lorsqu'elle fut finie tout le monde s'agenoüilla pour faire la priere publique, mais parce qu'avant que de la commencer chacun se preparoit par quelques Oraisons secrettes, les hommes pour estre plus recueillis avoient mis leurs chappeaux devant leurs yeux, lors qu'un homme prenant ce temps-là pour n'estre pas remarqué, passa au travers de la foule, & se jetta dans une ballustrade un peu élevée, ou la Reine estoit à genoux, le Comte Brahé-drost s'en apperceût tout seul, & cria aux Gardes de luy en empêcher l'entrée, ils croiserent leurs pertuisannes, mais l'autre les heurta l'une contre l'autre de telle roideur, qu'il en cassa une à demy pied du fer, & sauta par dessus l'autre, la Reine s'élevant au cry du Comte Drost vid ce malheureux à deux pas d'elle, qui venoit pour l'assassiner, & sans s'émouvoir poussa son Capitaine des Gardes, qui estoit encore à genoux, lequel s'estant aussi levé se jetta entre d[']eux, & saisit cét homme par les cheveux, il fut foüillé aussi-tost, & l'on trouva sur luy deux coûteaux sans gaine, l'un dans sa manche, & l'autre en sa poche. Cét homme estoit Lecteur au College de Stokolm, d'une taille plus forte que la mediocre, & n'avoit rien dans les yeux, qui marquât de la folie, ni de l'égarement; comme les prisons sont dans le Chasteau sous l'appartement de la Reine, elle ne voulut pas qu'on l'y mist, & on le conduisist chez luy avec bonne garde. Quand il se vid en sa chambre, il dit tout haut, qu'il ne pensoit pas le matin, lorsqu'il en estoit sorti, y devoir jamais rentrer, ayant entrepris une action, où il s'attendoit de perdre la vie.

Le sieur Chanut ayant avis de cét accident, courut où estoit la Reine pour luy témoigner la joye qu'il avoit de ce que la bonté divine l'avoit preservée d'un si horrible peril, & luy dit que leurs Majestez Tres-Chrestiennes apprendroient cette nouvelle avec une satisfaction incroyable: Cette Princesse le remercia de son zele, & eut la bonté de luy raconter elle-mesme toutes les particularitez de cette méchante action.

Aprés ce facheux accident quatre choses arriverent qui donnerent une grande joye à la Suede, & de grandes esperances pour la Paix d'Allemagne, la prise de Dixmude par les François, celle d'Egra par les Suedois, l'éclaircissement de la sincerité du Duc de Bavieres, dont le soupçon avoit fait échapper ceux qui avoient de vieilles haines contre luy, & la découverte de Jean de Wert, en sorte que mesme les Plenipotentiaires de Suede écrivirent au Prince Charles Palatin, qu'ils ne doutoient point que Transmansdorff ne se repentist de s'estre retiré à la veille de la conclusion, qu'il ne croyoit pas si proche, que la trahison de Jean de Wert, qui luy donnoit de fausses esperances.

La France, qui vouloit que les Suedois appuyassent l'instance qu'elle faisoit, à ce que l'Empereur ne put en aucune maniere secourir l'Espagne, fit écrire à ses Plenipotentiaires de leur offrir le payement entier du subside, pourveu qu'on ne pût les y porter sans cela; ce qu'ils auroient fait si le sieur Chanut ne les eut avertis que dans une Audience qu'il avoit euë de la Reine, elle estoit demeurée d'accord du retranchement de la moitiée du terme de Juin en cas d'une tres-grande necessité dont elle ne parloit point au Conseil, à moins qu'elle n'y fût forcée par l'impuissance de la France; c'est pourquoy ils jugerent plus à propos de ne point faire l'offre de ce payement, qui eut fait voir que la France ne manquoit pas d'argent, & d'attendre l'issuë de la Paix, parce que s'il arrivoit qu'elle se conclût promptement, & que le Roy ne se trouvât pas en besoin de se servir des armes de Suede, on pourroit demeurer en arriere de quelque partie de ce payement, & se couvrir de la parole de la Reine.

With modernised spelling:

Alors le baron Oxenstiern, plénipotentiaire de Suède, écrivit au chancelier son père qu'il ne croyait pas que les Français voulussent faire la paix cette année-là. Cette nouvelle fut reçue avec applaudissement dans le Sénat, et plusieurs ne feignirent point de dire qu'ils ne pouvaient se persuader que le ministre de France désirât désarmer.

On délibéra dans le Conseil de ce qu'il y avait à faire si la France déclarait franchement qu'elle ne pouvait consentir à la paix pour cette année; et si l'on s'engagerait avec elle contre la Maison d'Autriche, on ne faisait pas grande difficulté en la continuation de la guerre, mais on résolut de demander à Leurs Majestés la même somme qu'elle aurait fournie aux États s'ils avaient voulu mettre en campagne.

Mais le roi de Portugal ayant ensuite fait presser par son résident en Suède de conclure une alliance formée, la reine et le Sénat y consentirent, et on en dressa des articles où il n'y avait rien de particulier, ensuite de quoi on proposa ou sérieusement, ou par forme d'entretien le mariage de la reine avec le prince de Portugal, mais on répondit pour toutes raisons qu'il était catholique.

Quelque temps auparavant, le sieur Chanut avait déclaré à la reine de Suède, par ordre des plénipotentiaires à Münster, le besoin que Leurs Majestés avaient de retirer toutes leurs troupes d'Allemagne pour les mettre sur leurs frontières, attendu le traité des États des Provinces-Unies avec l'Espagne; et on appréhendait que cette ouverture n'eût déplu à cette princesse et n'eût aliéné sa bonne volonté envers la France.

Mais il lui en avait parlé de sorte que la reine, au lieu de s'en aigrir, lui dit qu'elle ne prenait pas cette déclaration pour un crime de désunion, mais comme un dernier effort des ministres de France pour la convertir à la paix, et qu'en tout cas elle ne croyait point qu'on voulût retrancher le subside qui devait durer jusqu'à la paix, à laquelle dorénavant de son côté elle n'apportait aucun empêchement, et il sut par l'entremise du général-major Douglas que l'armée de Suède avait extrêmement besoin d'argent et que son voyage était plus pour cela que pour les recrues.

Une des plus grandes difficultés qui se rencontraient alors était d'obtenir que l'empereur ne put assister le roi d'Espagne sous aucun titre ou prétexte contre la France. C'est pourquoi les ministres de France en écrivirent, comme nous avons dit, au sieur Chanut, et il en parla de sorte à la reine de Suède et au chancelier que ce dernier lui dit qu'il ne croyait pas que les plénipotentiaires de Suède eussent fait la moindre difficulté d'assister la France en cette pretention, encore qu'ils n'en eussent point d'ordre qu'ils devaient en cela tenir bon avec elle jusqu'à l'extrêmité et faire croire aux Impériaux qu'ils ne s'en departiraient point. Qu'il reconnaissait bien que la paix n'avait aucune sûreté pour la France sans cette condition, mais qu'il semblait être contre le droit des nations qu'une paix nouvelle ôtât à un prince la liberté d'assister ses anciens amis et alliés, et que c'était une grande question de savoir si la Suède devait rompre sur ce point.

Et, si elle y était obligée, qu'il appréhendait que si la Suède s'opiniâtrait à cette clause extraordinaire, elle ne perdît l'affection des protestants et des catholiques et ne s'exposât au hasard de quelque révolution fâcheuse; et qu'en tout cas il fallait trouver quelque accommodement, qui garantît la France de l'invasion de la Maison d'Autriche du côté d'Allemagne et laissât aux archiducs la faculté de secourir leur branche de la Maison d'Espagne.

Si bien que le sieur Chanut, voyant que le chancelier était positivement d'avis de lâcher prise après toutes les démonstrations que l'on ferait de ne vouloir point de paix sans cette condition, il le pria enfin de vouloir écrire aux ministres de Suède à Osnabrück, et particulièrement au baron Oxenstiern, son fils, de ne laisser point connaître aux Impériaux qu'ils doutaient s'ils devaient continuer leur assistance jusqu'à rompre sur ce point.

Il courut en ce temps-là un bruit à Münster que les Suédois prétendaient pour la recompense de leur milice les commanderies de l'Ordre teutonique et de celui de Malte, et sur la remontrance que le sieur Chanut, par ordre des plénipotentiaires de France, fit à la reine du scandale que recevrait toute la chrétienté si l'Ordre de Malte, établi pour sa défense contre le Turc, était affaibli par la Couronne de Suede.

Elle témoigna n'en savoir rien, et auparavant ce qu'il lui disait, elle lui demanda s'il n'était pas possible que ces commanderies pussent être possédées par des protestants, qui rendraient le même service que les autres contre les ennemis de la foi. Mais il lui fit connaître que cela ne se pouvait pas d'autant que les constitutions étaient attachées aux vœux d'une religion.

Mais comme par le traité de paix la France était obligée de donner certaine somme aux archiducs pour la propriété de l'Alsace, les ministres de France firent demander à la reine de Suède, si elle n'agréerait pas d'appuyer la demande que faisait le roi de l'évêché de Strasbourg comme par une espèce de dédommagement, on se servit pour l'y porter du prétexte de Benfeld, dont elle souhaitait avoir récompense pour en gratifier le comte Magnus.

On proposa donc qu'elle fît demander Benfeld et que la France l'appuyerait de son côté, pourvu qu'elle promît de la remettre entre les mains du roi pour la somme de cent mille écus, dont elle convint, à condition que Sa Majesté outre cette somme lui payerait les canons, armes, et munitions et y laisserait l'entière liberté de la religion protestante; mais, comme elle prévoyait qu'il y aurait de grands obstacles pour elle à demander cette place, elle aurait mieux aimé l'avoir par le délaissement qui serait fait à la France de l'évêché de Strasbourg sans être obligée de lui aider à l'obtenir, et que l'on se fût contenté que la Suède ne s'oppposât point à la demande de cet évêché.

Mais la France avait besoin d'être secondée pour réussir, et la reine avait peine à se résoudre de la secourir qu'indirectement, afin de ne point désobliger ouvertement les États de l'Empire et ôter à son Conseil toutes les jalousies qu'il avait de sa trop grande facilité envers cette Couronne.

Les vaisseaux que les sieurs Chanut et du Quesne avaient achetés en Suède eurent à peine mis à la voile qu'ils furent surpris d'une tempête qui les écarta. On crut pendant six jours que le navire appelé le Jupiter était perdu et coulé à fond avec tout son canon, mais la bonté de sa structure le conserva, et il alla échouer aux côtes du Sund, où le sieur du Quesne, qui conduisait les quatre, fit de merveilleux efforts pour le sauver.

On dépêcha de nouveau ordres aux plénipotentiaires de Suède parce qu'ils ne traitaient pas trop favorablement le duc de Bavière, ainsi que le Conseil l'avait arrêté, et sur cela le chancelier dit au sieur Chanut qu'il fallait en user avec lui comme avec un ennemi reconcilié; mais le sentiment de la reine et du Conseil était de le traiter en sorte qu'il n'eût point à se repentir de son accommodement.

En ce temps les troupes allemandes, qui étaient dans l'armée du maréchal de Turenne, se mutinèrent, et on fut fort en peine en Suède de ce que l'on écrirait là-dessus au maréchal Wrangel. Cet accident fit connaître les différentes inclinations des sénateurs. Les uns disaient que c'était un châtiment du mauvais conseil que la France avait pris de retirer ses troupes d'Allemagne. Le comte Gustafsson approuvait le procédé de ces mutins et disait que c'étaient troupes allemandes, qui n'avaient jamais voulu porter le nom de françaises et s'étaient toujours fait appeler weimariennes.

Mais la reine le reprit fort aigrement de ce discours et lui dit qu'elle trouvait fort étrange qu'il voulût excuser une lâcheté et une perfidie et que les chefs de ses troupes étaient des impertinents de préférer le nom d'un cadet de Saxe à celui d'un grand roi. Sur cela on résolut que le général Wrangel recevrait ces troupes, si elles se présentaient à lui, et qu'il en ferait un corps séparé, ensuite de quoi il écrirait en France au roi et au maréchal de Turenne qu'ils pouvaient les retirer quand il leur plairait et y envoyer leurs ordres.

Environ le treize de juillet le sieur de Rosenhane, qui était résident à Münster pour la Suède, eut ordre de la reine de se retirer pour aller en France faire la même fonction. Le Sénat en faisait un si grand secret que le sieur Chanut, l'ayant découvert, le manda au comte de Brienne et le pria en même temps de ne pas témoigner qu'il en eût avis, de peur que l'on ne s'imaginât qu'il connaissait jusqu'aux moindres particularités de ce qui se traitait au Conseil.

La reine eut peine à se résoudre de lui donner cet emploi, car elle aurait été bien aise de ne confier ce poste qu'à une de ses créatures, et le sieur de Rosenhane avait épousé une des parentes du chancelier. Elle se promit néanmoins qu'il se donnerait à son service et qu'il la préférerait à son alliance.

Sur ces entrefaites il arriva des lettres de Pologne au sieur Chanut, par lesquelles on le priait de faire savoir à la reine les bonnes intentions du roi de Pologne touchant le traité entre les Couronnes et qu'il persistait toujours à vouloir Francfort-sur-l'Oder et Landsberg pour le lieu de l'assemblée, mais il n'y avait guère d'apparences que les Suédois y donnassent les mains, car ils voulaient opiniâtrement Hambourg et Lübeck.

On témoignait dans ces mêmes lettres que la reine de Pologne aurait bien désiré lier une amitié et correspondance de sœur avec la reine de Suède, et, le sieur Chanut lui en ayant fait l'ouverture, elle la reçut fort civilement, mais elle fit connaître que c'était à la reine de Pologne à faire les premières démarches.

La France, qui travaillait alors à se rendre utile la paix d'Allemagne, renouvela ses prières auprès de la reine de Suède et lui fit connaître qu'il n'y avait pas de sûreté pour les deux Couronnes si on n'empêchait l'empereur de pouvoir servir l'Espagne sous quelque titre que ce fût, que c'était le point décisif, et que par une très peu de durée, tant pour elle que pour la France.

La reine promit d'en écrire de nouveau à ses ministres et de ne rien conclure que cette demande ne fût accordée, mais il était à craindre qu'un refus opiniâtre des Impériaux n'empêchât le Conseil de Suède de prendre cette dernière résolution, et il y avait apparence que, si les plénipotentiaires portaient leur résistance jusqu'à l'extrêmité, la Suède refuserait de conclure la paix, pourvu qu'on lui continuât le subside.

La France appréhendait aussi que le baron Oxenstiern, plénipotentiaire de Suède, n'agît pas sur cette instance avec la chaleur qu'il aurait pu faire, à cause du peu de bonne volonté qu'il avait pour elle et de son aversion pour le duc de Bavière. C'est pourquoi elle donna ordre au sieur Chanut d'engager la reine de Suède à un renouvellement d'amitié et ensuite lui représenter de loin l'humeur de ce baron pour lui faire connaître qu'elle appréhendait qu'il ne donnât ouverture à quelques nouveautés préjudiciables à son alliance, et qu'il ne défendît que faiblement ses intérêts, bien qu'elle fut assurée en la foi et en l'affection inviolable de Sa Majesté.

Nonobstant toutes ces difficultés, on continuait de parler du traité d'entre la Pologne et la Suède. Il était à croire que la Suède y marcherait fort lentement et, selon qu'elle en serait pressée, outre qu'on ne pouvait convenir du lieu de l'assemblée, qui était la premiere difficulté, et qu'on prévoyait si longue à vider qu'on aurait loisir d'y songer, car les Polonais s'opiniâtraient toujours à avoir Francfort et Landsberg, et les Suédois Hambourg et Lübeck.

Parmi cet embarras de la paix de Pologne, on arrêta l'alliance entre la Suède et le Portugal, et l'on en dressa les articles que l'on communiqua au résident, qui en fut remercier la reine; et cette princesse ne put s'empêcher de dire au sieur Chanut, dans une audience qu'elle lui donna, que ce résident portugais lui avait témoigné de la jalousie de ce que Sa Majesté avait plus d'affection pour la France que pour le Portugal; qu'il l'avait même suppliée que, s'il y avait en leur alliance quelques articles plus favorables, on les insérât aussi en celle qu'ils contractaient; mais qu'elle lui avait répondu qu'il ne devait point trouver étrange qu'on eut plus de liaison avec sus plus anciens amis et qu'elle lui disait, par forme d'avis, de dire à son maître qu'il devait tâcher de s'allier plus étroitement avec la France qu'avec la Suède comme plus voisine et plus prête à le secourir.

Cette alliance était défensive contre leurs ennemis, excepté contre ceux qui avaient alliance précédente avec l'une ou l'autre Couronne. Le secours devait être réciproque, et on le devait à la première réquisition de celui qui en aurait besoin. Le Portugal devait fournir son secours en argent, et la Suède le devait fournir en navires de guerre. Les sujets des deux Couronnes devaient être exempts de recherches, et l'Inquisition ne devait pas rechercher les habitants de l'un ni de l'autre royaume sur le fait de la religion, pourvu qu'ils vécussent à l'extérieur selon les lois.

Cependant, le sieur du Quesne étant arrivé à Elseneur, il y fut très mal reçu du sieur Durélius, agent de Suède en cette place, de quoi, ayant fait porter sa plainte à la reine par le sieur Chanut, elle blâma extrêmement son procédé et dit qu'elle ne se servirait pas longtemps de lui, puisqu'il se gouvernait avec si peu de prudence. Quelques-uns de ses amis s'étants efforcés de l'excuser, elle le trouva très mauvais et ne voulut pas les écouter.

Le 27 de juillet de l'année 1647, la Suède fut sur le point d'éprouver le plus funeste de tous les accidents. Il se faisait ce jour-là un jeûne et des prières publiques par tout le royaume. La reine alla sur les dix heures du matin dans l'église du château, où elle entendit la prédication. Lorsqu'elle fut finie, tout le monde s'agenouilla pour faire la priere publique; mais, parce qu'avant que de la commencer, chacun se préparait par quelques oraisons secrètes, les hommes, pour être plus recueillis, avaient mis leurs chapeaux devant leurs yeux — lorsqu'un homme, prenant ce temps-là pour n'être pas remarqué, passa au travers de la foule et se jeta dans une balustrade un peu élevée, où la reine était à genoux.

Le comte Brahe, drost, s'en aperçut tout seul et cria aux gardes de lui en empêcher l'entrée. Ils croisèrent leurs pertuisanes, mais l'autre les heurta l'une contre l'autre, de telle roideur qu'il en cassa une à demi-pied du fer et sauta par-dessus l'autre. La reine, s'élevant au cri du comte-drost, vit ce malheureux à deux pas d'elle qui venait pour l'assassiner, et, sans s'émouvoir, poussa son capitaine des gardes, qui était encore à genoux, lequel, s'étant aussi levé, se jeta entre d'eux et saisit cet homme par les cheveux. Il fut fouillé aussitôt, et l'on trouva sur lui deux couteaux sans gaine, l'un dans sa manche et l'autre en sa poche.

Cet homme était lecteur au Collège de Stockholm, d'une taille plus forte que la mediocre, et n'avait rien dans les yeux qui marquât de la folie, ni de l'égarement. Comme les prisons sont dans le château sous l'appartement de la reine, elle ne voulut pas qu'on l'y mît, et on le conduisit chez lui avec bonne garde. Quand il se vit en sa chambre, il dit tout haut qu'il ne pensait pas le matin, lorsqu'il en était sorti, y devoir jamais rentrer, ayant entrepris une action où il s'attendait de perdre la vie.

Le sieur Chanut, ayant avis de cet accident, courut où était la reine pour lui témoigner la joie qu'il avait de ce que la bonté divine l'avait préservée d'un si horrible péril et lui dit que Leurs Majestés Très Chrétiennes apprendraient cette nouvelle avec une satisfaction incroyable. Cette princesse le remercia de son zèle et eut la bonté de lui raconter elle-même toutes les particularités de cette méchante action.

Après ce fâcheux accident, quatre choses arrivèrent qui donnèrent une grande joie à la Suède et des grandes espérances pour la paix d'Allemagne: la prise de Dixmude par les Français, celle d'Egra par les Suédois, l'éclaircissement de la sincérité du duc de Bavière, dont le soupçon avait fait échapper ceux qui avaient de vieilles haines contre lui, et la découverte de Jean de Werth, en sorte que même les plénipotentiaires de Suède écrivirent au prince Charles palatin qu'ils ne doutaient point que Trauttmansdorff ne se repentît de s'être retiré à la veille de la conclusion, qu'il ne croyait pas si proche que la trahison de Jean de Werth, qui lui donnait de fausses espérances.

La France, qui voulait que les Suédois appuyassent l'instance qu'elle faisait à ce que l'empereur ne put en aucune manière secourir l'Espagne, fit écrire à ses plénipotentiaires de leur offrir le paiement entier du subside, pourvu qu'on ne pût les y porter sans cela — ce qu'ils auraient fait si le sieur Chanut ne les eût avertis que, dans une audience qu'il avait eue de la reine, elle était demeurée d'accord du retranchement de la moitié du terme de juin en cas d'une très grande nécessité dont elle ne parlait point au Conseil, à moins qu'elle n'y fût forcée par l'impuissance de la France.

C'est pourquoi ils jugèrent plus à propos de ne point faire l'offre de ce paiement, qui eut fait voir que la France ne manquait pas d'argent, et d'attendre l'issue de la paix, parce que, s'il arrivait qu'elle se conclût promptement et que le roi ne se trouvât pas en besoin de se servir des armes de Suède, on pourrait demeurer en arrière de quelque partie de ce paiement et se couvrir de la parole de la reine.

Swedish translation (by anonymous translator):

Baron Oxenstjerna skref till sin far Riks-Kansleren att han trodde Frankrike icke ville sluta fred detta år. Denna underrättelse blef emottagen med bifall i Rådet och flere framställde deras öfvertygelse att Franska Ministeren ej vill nedlägga vapen; man öfverlade hvad man borde göra, i fall Frankrike öppet förklarade att det intet kunde samtycka till fred detta år, och om man skulle ingå i förbund med detsamma emot Österrikiska Huset. Man gjorde ej stor svårighet att fortsätta kriget, men beslöt att begära af Deras Majestäter samma summa som Staterne erhållit om de gått i fält.

Konungen af Portugal yrkade sluteligen genom sin Resident i Sverige på att få afsluta ett formligt förbund. Drottningen och Rådet samtyckte dertill och man uppsatte artiklarna, deruti ej var något besynnerligt; till slut föreslogs ej annat än antingen alfvarsamt eller *pro forma* Drottningens giftermål med Prinsen af Portugal; men det svarades på alla skäl dertill, att han var Katholik.

Någon tid förut hade Herr Chanut förklarat Drottningen af Sverige på befallning af Plenipotentiairerne i Münster, att Deras Majestäter behöfde draga sina troppar från Tyskland till gränsorne, i anseende till de Förenade Nederländska Staternas förbund med Spanien. Man fruktade, att detta skulle misshaga denna Prinsessa och söndra dess goda villja från Frankrike; men han ställde så sitt tal, att Drottningen i stället att förbittras, svarade att hon icke tog denna förklaring för en söndring, men såsom Franska Ministrarnas sista medel att förmå henne till fred; hon trodde i alla fall, att man ej ville förminska subsidierna, som borde fortfara ända till freden, hvilken hon hädanefter på sin sida icke skulle hindra, och han visste, genom General-Major Douglas, att Svenska arméen hade största behof af penningar samt att Generalens resa mera var derföre än för rekryterna. Den största svårighet, som då möttes, var att hindra Kejsaren ifrån att bistå Konungen af Spanien emot Frankrike under hvad förevänning som hälst. Derföre hade de Franska Ministrarna skrifvit till Herr Chanut, som förut är sagt, hvilken talade vid Drottningen och Riks-Kansleren. Den sistnämnde trodde, att de Svenska Plenipotentiairerne ej gjort minsta svårighet att bistå Frankrike vid detta påstående, ehuru de ej ännu dertill erhållit befallning; de borde framhärda till slut i förening med Frankrike och låta de Kejserliga tro, att de derifrån icke skulle söndras; han insåg väl, att Freden utan detta villkor ej vore säker för Frankrike; men det syntes vara emot Nationers rätt att att [sic] en ny fred betog en Förste friheten att bistå gamla vänner och bundsförvanter, det var en stor fråga om Sverige borde derföre bryta och om det dertill var förbundet; Han fruktade att om Sverige envisades i detta besynnerliga förbehåll, skulle det förlora både Protestanternas och Katholikernes tillgifvenhet samt blottställa sig för någon obehaglig förändring, men att i detta fall man måste finna något medel att försäkra Frankrike för Österrikiska Huset på Tyska sidan och lemna Ärke-Hertigarne förmåga att understödja deras Spanska gren; Herr Chanut såg således, att Riks-Kansleren var uttryckligt af den tankan att gifva efter, oaktade alla föreställningar att ej sluta fred utan detta villkor. Han bad honom sluteligen skrifva till Svenska Ministrarna i Osnabrüg och i synnerhet till Baron Oxenstjerna, hans son, att ej låta de Kejserliga förstå om de borde fortfara eller icke med deras biträde eller bryta vid denna punkt.

Ett rykte gick i Münster, att Svenskarna påstodo till belöning för deras milis, Tyska och Maltheser-Ordens Commenderier. Herr Chanut föreställde Drottningen på befallning af Franska Plenipotentiairerne den förargelse hela Christenheten skulle få, om Maltheser-Orden, stiftad till dess försvar emot Turkarna, blef försvagad genom Svenska Kronan. Drottningen sade att hon ej visste något derom, gillade det han sagt och frågade, om det ej var möjligt att dessa Commenderier kunde innehafvas af Protestanter, som skulle göra samma tjenst som de andra emot trons fiender; men han tillkännagaf att detta ej kunde ske, emedan stadgarna fästade dem vid en enda Religion.

Frankrike var tvunget, enligt Freds-Traktaten, att gifva Ärkehertigarna en viss summa i ersättning för Elsas; Franska Ministrarna låto derföre fråga Drottningen af Sverige, om hon ej ville understödja Konungens begäran af Biskopps-Stiftet Strausborg såsom ett slags skadeersättning. Man betjenade sig för att förmå henne dertill af dess begäran af Benfeld, som hon önskade till belöning för Grefve Magnus och föreslog henne att påstå detta; Frankrike skulle understödja denna begäran endast hon återlemnade det åt Konungen för 100,000 R:dr; detta biföll hon med villkor att Hennes Majestät utom denna summa äfven betalte henne för kanoner, vapen och amunition samt lemnade fri Religions-öfning åt Protestanterna. Men som hon föresåg stora hinder för att begära denna ort, skulle hon häldre omtyckt att erhålla den genom afståendet af Strasburg åt Frankrike utan att vara förbunden dertill bidraga, blott man vore nöjd att Sverige ej satte sig deremot; Men Frankrike behöfde bistånd att deruti lyckas och Drottningen hade svårt att besluta hjelpa detsamma annat än medelbarligen för att ej uppenbart stöta Riks-Ständerna och betaga dess Råd all misstanka att benägenheten för denna krona var så stor.

De köpte skeppen öfverraskades af storm och man trodde flere dagar att Skeppet Jupiter sjunkit, men det frelsades genom dess goda byggnadssätt och strandade vid kusten i sundet der Herr du Quesne, som förde de 4 andra, gjorde underverk vid dess räddning.

Befallningar afsändes på nytt till de Svenska Fullmäktiga, ty de behandlade ej på ett gynnande sätt Hertigen af Bayern såsom Rådet beslutit. Riks-Kansleren sade Herr Chanut derföre, att man måste behandla Hertigen såsom en försonad fiende, men Drottningen och Rådet ville behandla honom så att han ej ångrade förlikningen.

De Tyska tropparna i Marskalken Turennes armé gjorde uppror och man var bekymrad i Sverige hvad härom skulle skrifvas till Fältmarskalken Wrangel. Denna händelse underrättade om de fleste Riks-Rådens olika tänkesätt; någre sade, att det var ett straff för det Frankrike dragit sina troppar ur Tyskland. Grefve Gustafson gillade de upproriskes förfarande och sade att det var Tyska troppar som ej ville bära Franskt namn och alltid kallat sig Weimarianer; men Drottningen bannade honom skarpt för detta tal och fann det besynnerligt, att han ville ursägta en feghet och trolöshet. Befälhafvarne för dessa troppar voro oförskämde som föredrogo en yngre Prins af Saxen namn framför en stor Konungs. Det beslöts i anledning deraf att General Wrangel skulle taga emot dem, om de kommo till honom och deraf bilda en serskild tropp hvarefter han skulle skrifva till Konungen af Frankrike och Marskalken Turenne, att de kunde draga dem tillbaka när de behagade och skicka derom befallning.

Herr Rosenhane, Svensk Resident i Münster, erhöll omkring den 13 Juli Drottningens befallning att i samma egenskap begifva sig till Frankrike. Rådet gjorde deraf en så stor hemlighet, att då Herr Chanut upptäckte den, underrättade han derom Grefve de Brienne och bad honom ej låta veta att han visste det, fruktande att man skulle inbilla sig att Herr Chanut kände de minsta omständigheter som tilldrogo sig i Rådet; Drottningen hade svårt att gifva honom detta värf, ty hon hade varit glad att anförtro det åt någon af sina gunstlingar. Herr Rosenhane var gift med en af Riks-Kanslerens slägtningar; och hon lofvade sig likväl att han skulle öfverlämnas åt hennes tjenst och gifva den företräde framför sin slägtskap.

Bref ankom ifrån Pohlen till Herr Chanut med begäran att han skulle låta Drottningen veta Konungens af Pohlen goda böjelse angående Traktaten emellan de begge kronorna samt att han alltid önskade Frankfurt an der Oder och Landsberg till underhandlingsorter, men det syntes att Svenskarne icke skulle dertill biträda ty de påstodo med envishet Hamburg och Lübeck. Samma bref innehöll äfven att Drottningen af Pohlen önskade vänskap och systerlig brefvexling med Drottningen af Sverige. Då Herr Chanut underrättade henne derom, svarade hon ganska höfligt, men lät förstå att Drottningen af Pohlen borde göra första steget.

Frankrike, som arbetade att göra sig nyttigt för Tysklands fred, förnyade sina böner hos Drottningen, tillkännagifvande att ingen säkerhet voro för de begge Kronorna, om man ej hindrade Kejsaren att bistå Spanien under hvad tittel som helst; detta voro den vigtigaste punkten förutan hvilken freden ofelbart ej skulle räcka länge, hvarken för henne eller Frankrike. Drottningen lofvade skrifva på nytt till sina Ministrar att intet sluta fred förr än detta påstående blef bifallit, men det var att frukta det ett envist afslag af de Kejserliga skulle hindra Svenska Rådet att taga detta sista beslut. Det var sannolikt om de Fullmäktiga gjorde ett ytterligt motstånd att Sverige skulle vägra att sluta fred allenast Subsidierne fortforo.

Frankrike fruktade äfven att Baron Oxenstjerna ej skulle använda vid detta påstående all den värma han kunde bruka, i anseende till hans obenägenhet för det samma och afsky för Hertigen af Bajern; Herr Chanut fick derföre befallning, att förmå Drottningen af Sverige att förnya vänskapen, på långt håll underrätta henne om Baronens lynne och ingifva henne fruktan att han kunde antaga några nyheter, skadliga för förbundet, hvars fördelar han svagt försvarade, oagtadt Frankrike var öfvertygadt om Hennes Majestäts trofasthet och obrottsliga tillgifvenhet.

Oagtadt alla dessa svårigheter fortfor man att tala om Traktaten emellan Sverige och Pohlen. Det var troligt att Sverige gick häruti ganska långsamt till väga, allt efter som man påskyndade det; dessutom var första svårigheten att öfverenskomma om underhandlingsort, hvarom länge skulle bli fråga, så att man hade ledighet att tänka derpå, ty Polackarna ville med envishet ha Frankfurt och Landsberg, men Svenskarna deremot Hamburg och Lübeck; under denna villrådighet beslöts förbundet emellan Sverige och Portugal, hvars artiklar uppsattes och meddelades Residenten; han aflade derföre sin tacksägelse hos Drottningen. Denna Prinsessa yttrade vid ett företräde åt Herr Chanut att denna Portugisiska Resident visat afvundsjuka derföre att Hennes Majestät hyste mera tillgifvenhet för Frankrike än Portugal, han hade äfven anhållit att om i Traktaten med detta rike vore några mer gynnande artiklar, de uti denna måtte införas; hon hade svarat att han ej borde finna underligt, om man hade närmare förbindelse med sina äldre vänner och rådt honom säga sin Herre, att han borde söka förbinda sig med Frankrike såsom närmare granne än Sverige. Detta var ett försvars förbund emot deras fiender och härifrån undantogos de riken, som förut ägde allians med den ena eller andra kronan. Hielpen borde vara ömsesidig och gifvas den som behöfde vid första anfordran; Portugal borde lämna penninghjelp och Sverige krigsskepp samt begge makternes undersåtare vara frie från efterspaningar och Inquisitionen ej anfalla dem för Religionen, blott deras yttre lefnad för öfrigt var efter Lagarne.

Skepps-Kapitenen Herr du Quesne var kommen till Helsingör och illa emottagen af Herr Durelius, Svensk agent derstädes, hvarföre Herr Chanut klagade hos Drottningen, som tadlade mycket Agentens uppförande och sade att hon ej på lång tid skulle betjena sig af honom efter han uppförde sig med så stor oförsigtighet. Några af hans vänner sökte ursäkta honom, men hon tog det ganska illa och ville intet höra dem.

Den 27 Juli 1647 var Sverige nära att erfara den olyckligaste händelse; denna dag firades med fasta och allmänna böner öfver hela riket. Drottningen gick klockan 10 om morgonen i slotts-kyrkan, der hon hörde predikan. Då den var slut föllo alla på knä att göra allmän bön, men innan den begyntes, beredde sig hvar och en dertill genom en tyst andagt, karlarna för att vara mer ostörde höllo hattarna för ögonen, då en man tog tiden i akt för att ej vara bemärkt, gick genom hopen och kastade sig upp på den föga upphöjde ballustrade der Drottningen låg på knä. Riks-Drotset Grefve Brahe blef det endast varse och ropade åt vakten att hindra honom. De korsade sina Bardisaner, men karlen slog ihop dem med sådan styrka att han bröt af en half fot ifrån jernet, samt hoppade öfver den andra. Drottningen steg upp vid Grefvens rop, blef varse tvenne steg ifrån sig denne olycklige, färdig att mörda henne; utan förfäran stötte hon på sin Kapten af lifvakten ännu på knä som steg upp, kastade sig emellan dem, fattade karlen vid håret, undersökte honom och fann tvenne knifvar utan slidor, en i ärmen och den andra i fickan. Denna karl var Lektor vid skolan i Stockholm, af något mer än medelmåttig längd, hade ej något i ögonen och ansigtet, som utmärkte galenskap eller förvirring. Som fängelserna i Slottet äro under Drottningens rum, ville hon ej att han skulle sättas dit, men han hemfördes under stark bevakning. Då han såg sig vara i sitt rum, yttrade han, att då han gick ut om morgonen, tänkte han ej återkomma efter en gerning hvarföre han väntade förlora lifvet.

Herr Chanut, underrättad om denna händelse, skyndade att betyga Drottningen sin glädje att den gudomliga godheten bevarat henne för en så ryslig fara och yttrade att Deras Majestäter skulle emottaga denna underrättelse med otrolig tillfredsställelse: hon tackade honom för hans nit och hade godheten att sjelf berätta alla omständigheter vid denna händelse.

Härefter skedde fyra saker, som förorsakade stor glädje i Sverige och gåfvo förhoppning om Tyska Freden, nemligen; Fransmännens intagande af Dixmunde, Svenskarnas af Egra, upplysningen om Hertigens af Bayerns uprigtighet, misstänkt af dem som hyste mot honom gammalt hat samt upptäckten om Jean de Werth, så att Svenska Plenipotentiairerne skrefvo till Pfalz-Grefven Carl, att de ej tviflade det ju Trautmandorff ångrade sig att han farit bort dagen före freds-slutet som han ej trodde så nära och att Jean de Werths förräderi gaf honom ett falskt hopp.

Frankrike som ville att Sverige skulle understödja dess påståenden att Kejsaren intet på något sätt skulle hjelpa Spanien, skref till sina Plenipotentiairer, tillbjudande hela subsidie-summan blott detta hindrades, hvilket skedt, om ej Herr Chanut underrättat dem att Drottningen beviljat förkortningen af halfva Juni månads termin i händelse en stor nödvändighet fordrade det. Hon skulle ej tala härom i Rådet så framt icke Frankrikes vanmakt tvang henne dertill. De ansågo derföre tjenligt att ej göra detta tillbud, hvarigenom Frankrike låtit se sin penningebrist. Man väntade på freden och i fall den snart slöts, behöfde icke Konungen tjena Svenska vapnen; någon del af betalningen kunde uppskjutas samt han hålla sig till Drottningens ord.

English translation (my own):

Then Baron Oxenstierna, plenipotentiary of Sweden, wrote to his father the Chancellor that he did not believe that the French would make peace that year. This news was received with applause in the Senate, and several did not pretend to say that they could not persuade themselves that the French minister would wish to disarm.

It was deliberated in the Council what should be done if France frankly declared that it could not consent to peace for that year; and if they would engage with it against the House of Austria, no great difficulty was made in the continuation of the war, but it was resolved to ask Their Majesties for the same sum that they would have furnished to the Estates if they had wished to go into the field.

But the King of Portugal having then pressed through his resident in Sweden to conclude a formal alliance, the Queen and the Senate consented to it, and articles were drawn up in which there was nothing particular, after which it was proposed, either seriously or by way of discussion, the marriage of the Queen with the Prince of Portugal, but it was answered for all reasons that he was a Catholic.

Some time before, Monsieur Chanut had declared to the Queen of Sweden, by order of the plenipotentiaries at Münster, the need that Their Majesties had to withdraw all their troops from Germany to place them on their borders, in view of the treaty of the States of the United Provinces with Spain; and it was apprehended that this overture would have displeased this princess and would have alienated her good will towards France.

But he had spoken to her about it in such a way that the Queen, instead of becoming embittered, told him that she did not take this declaration as a crime of disunion, but as a last effort by the ministers of France to convert her to peace, and that in any case she did not believe that they wanted to cut off the subsidy which was to last until peace, to which henceforth on her side she brought no obstacle, and he learned through Major General Douglas that the Swedish army was in extreme need of money and that his journey was more for that than for the recruits.

One of the greatest difficulties which were then encountered was to obtain that the Emperor could not assist the King of Spain under any title or pretext against France. This is why the ministers of France wrote about it, as we have said, to Monsieur Chanut, and he spoke of it in such a way to the Queen of Sweden and to the Chancellor that the latter told him that he did not believe that the plenipotentiaries of Sweden had made the slightest difficulty in assisting France in this pretension, although they had no order that they should in this hold firm with it to the end and make the Imperials believe that they would not depart from it. That he recognised well that peace had no security for France without this condition, but that it seemed to be against the law of nations that a new peace should take away from a prince the liberty of assisting his old friends and allies, and that it was a great question to know if Sweden should break on this point.

And, if it was obliged to do so, that he feared that if Sweden persisted in this extraordinary clause, it would lose the affection of the Protestants and the Catholics and expose itself to the risk of some unfortunate revolution; and that in any case it was necessary to find some accommodation, which would guarantee France from the invasion of the House of Austria from the German side and leave the archdukes the faculty of helping their branch of the House of Spain.

So that Monsieur Chanut, seeing that the Chancellor was positively of the opinion to let go after all the demonstrations that would be made of not wanting peace without this condition, he finally asked him to write to the ministers of Sweden in Osnabrück, and particularly to Baron Oxenstierna, his son, not to let the Imperials know that they doubted whether they should continue their assistance to the point of breaking off on this point.

At that time a rumour circulated in Münster that the Swedes were claiming the commanderies of the Teutonic Order and that of Malta, as a reward for their militia, and about the remonstrance that Monsieur Chanut, by order of the plenipotentiaries of France, made to the Queen of the scandal that all of Christendom would receive if the Order of Malta, established for its defence against the Turks, were weakened by the Crown of Sweden.

She testified that she knew nothing about it, and before what he told her, she asked him if it was not possible that these commanderies could be possessed by Protestants, who would render the same service as the others against the enemies of the faith. But he made it known to her that this was not possible, especially as the constitutions were attached to the wishes of a religion.

But, because by the peace treaty France was obliged to give a certain sum to the archdukes for the property of Alsace, the ministers of France asked the Queen of Sweden if she would not agree to support the request that the King was making for the bishopric of Strasbourg as a kind of compensation, they used the pretext of Benfeld to bring her there, from which she wished to have a recompense in order to gratify Count Magnus.

It was therefore proposed that she should ask for Benfeld and that France would support her on her side, provided that she promised to place it in the hands of the King for the sum of one hundred thousand écus, which she agreed to, on condition that His Majesty, in addition to this sum, would pay for the cannons, arms, and munitions and would leave the entire freedom of the Protestant religion there; but, as she foresaw that there would be great obstacles for her to ask for this place, she would have preferred to have it by the abandonment which would be made to France of the bishopric of Strasbourg without being obliged to help her to obtain it, and that one would have been satisfied that Sweden did not oppose the request for this bishopric.

But France needed to be supported in order to succeed, and the Queen had difficulty in resolving to help it except indirectly, so as not to openly disoblige the Estates of the Empire and to remove from her Council all the jealousies it had of its too great facility towards this Crown.

The ships that Messieurs Chanut and du Quesne had purchased in Sweden had barely set sail when they were surprised by a storm that pushed them aside. For six days it was believed that the ship called the Jupiter was lost and had sunk to the bottom with all its cannon, but the goodness of its structure preserved it, and it ran aground on the coast of the Sound, where Monsieur du Quesne, who was leading the four, made marvellous efforts to save it.

New orders were sent to the Swedish plenipotentiaries because they were not treating the Duke of Bavaria too favourably, as the Council had decided, and on this the Chancellor told Monsieur Chanut that he should treat him as a reconciled enemy; but the sentiment of the Queen and the Council was to treat him in such a way that he would not have to regret his accommodation.

At that time the German troops, who were in the army of Marshal de Turenne, mutinied, and they in Sweden were very worried about what would be written about it to Marshal Wrangel. This incident made known the different inclinations of the senators. Some said that it was a chastisement for the bad advice that France had taken to withdraw its troops from Germany. Count Gustafsson approved of the action of these mutineers and said that they were German troops, who had never wanted to bear the name of French and had always called themselves Weimarians.

But the Queen rebuked him very bitterly for this discourse and told him that she found it very strange that he wanted to excuse a cowardice and a perfidy and that the leaders of his troops were impertinent to prefer the name of a cadet of Saxony to that of a great king. On this it was resolved that General Wrangel would receive these troops, if they presented themselves to him, and that he would make a separate body of them, after which he would write to France to the King and to Marshal Turenne that they could withdraw them when they pleased and send their orders there.

In the meantime, letters arrived from Poland to Monsieur Chanut, in which he was asked to inform the Queen of the good intentions of the King of Poland regarding the treaty between the Crowns and that he still persisted in wanting Frankfurt an der Oder and Landsberg as the location of the assembly, but there was little appearance that the Swedes would agree to it because they stubbornly wanted Hamburg and Lübeck.

It was stated in these same letters that the Queen of Poland would have liked to establish a sisterly friendship and correspondence with the Queen of Sweden, and, Monsieur Chanut having made the overture to her, she received her very civilly, but she made it known that it was up to the Queen of Poland to make the first steps.

France, which was then working to make the peace of Germany useful to itself, renewed its prayers to the Queen of Sweden and made her know that there was no security for the two Crowns if the Emperor was not prevented from being able to serve Spain under any title whatsoever, that this was the decisive point, and that for a very short time, both for her and for France.

The Queen promised to write again to her ministers and to conclude nothing until this request was granted, but it was to be feared that an obstinate refusal by the Imperials would prevent the Council of Sweden from taking this last resolution, and there was an appearance that, if the plenipotentiaries carried their resistance to the extreme, Sweden would refuse to conclude peace, provided that the subsidy continued.

France also feared that Baron Oxenstierna, plenipotentiary of Sweden, would not act on this instance with the warmth that he could have done because of the little good will that he had for her and his aversion for the Duke of Bavaria. This is why it gave orders to Monsieur Chanut to engage the Queen of Sweden to a renewal of friendship and then to represent to her from afar the humour of this Baron to make her know that she feared that he would give rise to some novelties prejudicial to her alliance, and that he would defend its interests only weakly, although it was assured in Her Majesty's faith and inviolable affection.

Notwithstanding all these difficulties, talk continued of the treaty between Poland and Sweden. It was to be believed that Sweden would proceed very slowly and, according to its pressure, besides that the place of the assembly could not be agreed upon, which was the first difficulty, and which was expected to take so long to settle that there would be leisure to think about it, for the Poles would always persist in having Frankfurt and Landsberg, and the Swedes Hamburg and Lübeck.

Amidst this embarrassment of the peace of Poland, the alliance between Sweden and Portugal was decided upon, and its articles were drawn up, which were communicated to the resident, who went to thank the Queen for it; and this princess could not help saying to Monsieur Chanut, in an audience she gave him, that this Portuguese resident had shown his jealousy that Her Majesty had more affection for France than for Portugal; that he had even begged her that, if there were in their alliance some more favourable articles, they should also be inserted in the one they were contracting; but that she had replied to him that he should not find it strange that they had more contact with their oldest friends and that she told him, by way of advice, to tell his master that he should try to ally himself more closely with France than with Sweden, as being closer and more ready to help him.

This alliance was for defense against their enemies, except against those who had previous alliance with one or the other Crown. The succour was to be reciprocal and was due at the first request of the one who needed it. Portugal was to furnish it aid in money, and Sweden was to furnish it in ships of war. The subjects of both Crowns were to be exempt from search, and the Inquisition was not to search for the inhabitants of either kingdom on the grounds of religion, provided they lived abroad according to the laws.

In the meantime, when Monsieur du Quesne arrived at Helsingør, he was very badly received by Lord Durell, the Swedish agent in that place, whereupon, having had his complaint brought to the Queen by Monsieur Chanut, she blamed his conduct extremely and said that she would not make use of him for long, as he governed himself with so little prudence. Some of his friends having tried to excuse him, she found it very bad and would not listen to them.

On July 27, in the year 1647, Sweden was on the point of experiencing the most fatal of all accidents. On that day there was a fast and public prayers throughout the kingdom. The Queen went at about ten o'clock in the morning to the castle church, where she heard the sermon. When it was finished, everyone knelt down to make public prayer; but because, before beginning it, everyone prepared themselves by some secret orations, the men, to be more collected, had put their hats over their eyes — when a man, taking that time to avoid being noticed, passed through the crowd and threw himself into a somewhat raised balustrade where the Queen was kneeling.

Count Brahe, the Steward, noticed this all by himself and shouted to the guards to prevent him from entering. They crossed their halberds, but the other man struck them against each other, so stiffly that he broke one half a foot from the iron and jumped over the other. The Queen, getting up at hearing the cry of the Count-Steward, saw this wretch two steps away from her, who was coming to assassinate her, and, without getting emotional, she pushed the captain of her guards, who was still on his knees, who, having also risen, threw himself between them and seized this man by the hair. He was searched immediately, and two knives without a sheath were found on him, one in his sleeve and the other in his pocket.

This man was a lector at Stockholm College, of a stature larger than the average, and had nothing in his eyes that marked madness or delusion. As the prisons are in the castle underneath the Queen's apartment, she did not want to have him put there, and he was taken home under good guard. When he found himself in his room, he said aloud that he did not think that morning, when he left it, that he would ever have to return there, having undertaken an action in which he expected to lose his life.

Monsieur Chanut, having heard of this accident, ran to where the Queen was to tell her of his joy that the Divine Goodness had preserved her from such a horrible peril and told her that Their Most Christian Majesties would learn this news with incredible satisfaction. This princess thanked him for his zeal and was kind enough to tell him herself all the particulars of this wicked action.

After this unfortunate accident, four things happened which gave great joy to Sweden and great hopes for the peace of Germany: the capture of Diksmuide by the French, that of Eger by the Swedes, the clarification of the sincerity of the Duke of Bavaria, whose suspicion had caused those who had old hatreds against him to escape, and the discovery of Johann von Werth, so that even the plenipotentiaries of Sweden wrote to Prince Karl Palatine that they had no doubt that Trauttmansdorff would repent of having withdrawn on the eve of the conclusion, which he did not believe to be so near as the treason of Johann von Werth, which gave him false hopes.

France, who wanted the Swedes to support the request it was making that the Emperor could not in any way help Spain, wrote to its plenipotentiaries to offer them the full payment of the subsidy, provided that they could not be taken there without it — which they would have done if Monsieur Chanut had not warned them that, in an audience he had had with the Queen, she had remained in agreement with the reduction of half of the June term in the event of a very great necessity of which she did not speak to the Council unless she was forced to do so by the impotence of France.

This is why they judged it more appropriate not to make the offer of this payment, which would have shown that France was not lacking in money, and to await the outcome of the peace, because, if it happened that it was concluded promptly and the king did not find himself in need of using the arms of Sweden, they could remain behind on some part of this payment and cover themselves with the Queen's word.

Notes: Kristina writes in one of her/his/their many marginal notes (written in the third person, this one on the part about the idea of her/his/their marriage to the Prince of Portugal; in translation): "I have never heard anyone talk about that."

Schering Rosenhane's wife was Beata Sparre (1618-1672), the daughter of the riding master Bengt Jöransson Sparre of Rossvik (1570-1632) and Kerstin Bååt (1577-1628), who was the older sister of Chancellor Axel Oxenstierna's wife Anna Bååt (1579-1649).

In the 17th century the word "accident" could also be used to mean a bout of illness or a disturbing or violent incident or action regardless of whether or not it was done intentionally.

Kristina writes that her would-be assassin, Christoffer Presbeckius, was placed in the castle dungeon and that it is not true that she was afraid of having him put there specifically.

Eger is the German name for Cheb, a town in what is now the Karlovy Vary region of the Czech Republic.

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