Saturday, December 21, 2024

Pierre Bourdelot's letter to Claude Saumaise, dated May 29/June 8 (New Style), 1652

Source:

Trois familiers du Grand Condé: l'abbé Bourdelot, le père Talon, le père Tixier, pages 273 to 274, by Jean Lemoine and André Lichtenberger, 1909


The letter:

A Stokolm, le 8 juin 1652.
MONSIEUR,
Les lettres que je recoy de vous témoignent que vous ne scavés pas encore l'ordre qui a esté envoyé contre la personne qui a perdu le respect qu'il vous devoit, après que vous l'aurés seu vous ne parlerés plus ny du Palatinat ny de la France et vous viendrés icy où rien ne vous désagréera ny n'osera vous désagréer. Je suis bien marry que Madame de Saumaise ne puisse pas estre de la compagnie, elle a terriblement en teste la Bourgogne et les environs de Paris qui ne sont pas à présent les plus beaux du monde. Quoiqu'il en soit ne vous mettés point en soin de vostre santé quand vous serés icy, je m'y attacheray si ponctuellement que vous n'aurez que faire d'y penser, et rien ne vous détournera des belles productions d'esprit que la Reyne souhaitte avec des passions si ardentes. Je luy fay ma cour en l'asseurant que vous viendrés et c'est par là que j'ay aproché d'elle, j'en recoy beaucoup de témoignages d'estime. Il est vray que je m'applique tout à la servir et que je ne pense pas qu'elle me trouve en faute. J'ay grand soin de sa santé et dans la conversation j'ay toutes les complaisances et cherche tous les agréemens possibles. Si l'home de Paris appelle cela hâblerie, je l'ay. J'ai autant estudié le monde que les livres, l'éternité que l'on acquiert par la doctrine est une belle chose, mais scavoir vivre est encore une autre assez belle chose; la fidélité que j'aye eue dans le service et pour mes amys m'en a fait une très grande quantité et tous fermes. Je ne me démentiray point et après tout pour la doctrine chacun a ses petits talens. Je ne pense pas qu'il m'enseigne come il faut purger à propos, c'est assurément de moy dont il entend parler, mais je le dissimule pour vous, vous n'y estes point compris. Vostre haut savoir vous met à l'abri de ses petits emportemens déraisonables.

MM. de la Pérére et du Fresne doivent passer par Leyde pour avoir l'honeur de vous voir, comme aussy M. de Verdus, un gentilhome de mes amis, home scavant et qui a l'esprit très beau, grand lecteur de Lucien. Toutes ces persones prendront attache de vous et si vous venés, auront l'honeur de vous accompagner, non le dernier, qui veut demeurer quelque temps à Amsterdam.

J'ay veu icy M. Meibomius, homme que je croy habile, il se plaint qu'on ne l'a point voulu soufrir faire le voyage par terre...

Je viens d'aprendre l'arrivée de M. Bochard et de sa suitte, terreur de M. Vossius, qui s'en est retourné à Heimstat, en diligence, M:e la Comtesse m'a promis une lettre pour M:e de Saumaise. Ce sera pour l'autre ordinaire.

With modernised spelling:

A Stockholm, le 8 juin 1652.
Monsieur,
Les lettres que je reçois de vous témoignent que vous ne savez pas encore l'ordre qui a été envoyé contre la personne qui a perdu le respect qu'il vous devait. Après que vous l'aurez su, vous ne parlerez plus ni du Palatinat, ni de la France; et vous viendrez ici, où rien ne vous désagréera ni n'osera vous désagréer.

Je suis bien marri que Madame de Saumaise ne puisse pas être de la compagnie, elle a terriblement en tête la Bourgogne et les environs de Paris, qui ne sont pas à présent les plus beaux du monde. Quoiqu'il en soit, ne vous mettez point en soin de votre santé quand vous serez ici; je m'y attacherai si ponctuellement que vous n'aurez que faire d'y penser, et rien ne vous détournera des belles productions d'esprit que la reine souhaite avec des passions si ardentes. Je lui fais ma cour en l'assurant que vous viendrez, et c'est par là que j'ai approché d'elle; j'en reçois beaucoup de témoignages d'estime. Il est vrai que je m'applique tout à la servir et que je ne pense pas qu'elle me trouve en faute. J'ai grand soin de sa santé et dans la conversation j'ai toutes les complaisances et cherche tous les agréements possibles. Si l'homme de Paris appelle cela hâblerie, je l'ai.

J'ai autant étudié le monde que les livres, l'éternité que l'on acquiert par la doctrine est une belle chose, mais savoir vivre est encore une autre assez belle chose. La fidélité que j'aie eue dans le service et pour mes amis m'en a fait une très grande quantité et tous fermes. Je ne me démentirai point, et après tout, pour la doctrine chacun a ses petits talents. Je ne pense pas qu'il m'enseigne come il faut purger à propos, c'est assurément de moi dont il entend parler; mais je le dissimule pour vous, vous n'y êtes point compris. Votre haut savoir vous met à l'abri de ses petits emportements déraisonables.

Messieurs de la Peyrère et du Fresne doivent passer par Leyde pour avoir l'honneur de vous voir, comme aussi M. de Verdus, un gentilhomme de mes amis, homme savant et qui a l'esprit très beau, grand lecteur de Lucien. Toutes ces personnes prendront attache de vous et, si vous venez, auront l'honneur de vous accompagner — non le dernier, qui veut demeurer quelque temps à Amsterdam.

J'ai vu ici M. Meibomius, homme que je crois habile; il se plaint qu'on ne l'a point voulu souffrir faire le voyage par terre...

Je viens d'apprendre l'arrivée de M. Bochart et de sa suite, terreur de M. Vossius, qui s'en est retourné à Heimstad, en diligence.

Madame la comtesse m'a promis une lettre pour Madame de Saumaise. Ce sera pour l'autre ordinaire.

Swedish translation (my own; I cannot tag it as such due to character limits in the tags):

Stockholm, den 8 juni 1652.
Monsieur,
De brev jag får från Er vittnar om att Ni ännu inte känner till ordern som skickades mot den som förlorat den respekt han var skyldig Er. När Ni vet det, kommer Ni inte längre att tala om Pfalz, inte heller från Frankrike; och Ni kommer hit, där ingenting kommer att misshaga Er eller våga misshaga Er.

Jag är mycket ledsen att madame de Saumaise inte kan vara en del av företaget, hon har Bourgogne och Paris omgivningar fruktansvärt i tankarna, som för närvarande inte är de vackraste i världen. Vad som än händer, oroa Er inte för Er hälsa när Ni är här; jag kommer att fästa mig vid det så punktligt att Ni inte behöver tänka på det, och ingenting kommer att distrahera Er från de vackra intellektuella produktioner som drottningen önskar med så brinnande passioner. Jag gör henne min kur genom att försäkra henne att Ni kommer, och det är så jag har närmat mig henne; jag får många aktningsbetygelser för det. Det är sant att jag gör mitt yttersta för att tjäna henne och att jag inte tror att hon finner fel på mig. Jag tar mycket hand om hennes hälsa, och i samtal har jag all vänlighet och söker alla möjliga godkännanden. Om mannen från Paris kallar det skryteri så har jag det.

Jag har studerat världen lika mycket som jag har studerat böcker, den evighet som man förvärvar genom doktrin är en vacker sak, men att veta hur man lever är ännu en ganska vacker sak. Den trohet jag har haft i tjänsten och för mina vänner har gjort mig till ett mycket stort antal av dem, och alla fasta. Jag kommer inte att förneka mig själv, och trots allt, när det kommer till doktrin, har alla sina egna små talanger. Jag tror inte att han lär mig hur man renar; det är säkert mig han hör talas om; men jag dissimulerar det för Er, Ni ingår inte i det. Er stora kunskap skyddar Er från hans orimliga små utbrott.

Messieurs de la Peyrère och du Fresne måste resa genom Leiden för att få äran att se Er, liksom monsieur de Verdus, en herre av mina vänner, en lärd man med ett mycket fint sinne, en stor läsare av Lucien. Alla dessa människor kommer att tycka om Er och, om Ni kommer, kommer de att få äran att följa med Er — inte den sista som vill stanna i Amsterdam ett tag.

Jag har sett herr Meibomius här, en man som jag tror är slug; han klagar över att de inte ville att han skulle lida resan landvägen...

Jag har rättnu fått veta om monsieur Bocharts ankomst och hans svit, skräcken för herr Vossius, som har återvänt till Heimstad i flit.

Madame la comtesse har lovat mig ett brev till madame de Saumaise. Det blir för den andra post.

English translation (my own):

Stockholm, June 8, 1652.
Monsieur,
The letters I receive from you testify that you do not yet know the order that was sent against the person who lost the respect he owed you. After you know it, you will no longer speak of the Palatinate, nor from France; and you will come here, where nothing will displease you nor dare to displease you.

I am very sorry that Madame de Saumaise cannot be part of the company, she has Burgundy and the surroundings of Paris terribly on her mind, which are not at present the most beautiful in the world. Whatever happens, do not worry about your health when you are here; I will attach myself to it so punctually that you will have no need to think about it, and nothing will distract you from the beautiful intellectual productions that the Queen desires with such ardent passions. I do her my court by assuring her that you will come, and that is how I have approached her; I receive many testimonies of esteem for it. It is true that I do my utmost to serve her and that I do not think that she finds me at fault. I take great care of her health, and in conversation I have all the kindness and seek all possible approvals. If the man from Paris calls it boasting, I have it.

I have studied the world as much as I have studied books, the eternity that one acquires through doctrine is a beautiful thing, but knowing how to live is yet another quite beautiful thing. The fidelity I have had in the service and for my friends has made me a very large number of them, and all firm. I will not deny myself, and after all, when it comes to doctrine, everyone has their own little talents. I don't think he's teaching me how to purge; it's certainly me he's hearing about; but I dissimulate it for you, you are not included in it. Your great knowledge protects you from his unreasonable little tantrums.

Messieurs de la Peyrère and du Fresne must pass through Leiden to have the honour of seeing you, as does Monsieur de Verdus, a gentleman of my friends, a learned man with a very fine mind, a great reader of Lucien. All these people will take a liking to you and, if you come, will have the honour of accompanying you — not the last one, who wants to stay in Amsterdam for a while.

I have seen Mr. Meibomius here, a man whom I believe to be clever; he complains that they did not want him to suffer the journey by land...

I have just learned of the arrival of Monsieur Bochart and his suite, the terror of Mr. Vossius, who has returned to Heimstad in diligence.

Madame la comtesse has promised me a letter for Madame de Saumaise. It will be for the other ordinary.


Above: Kristina.


Above: Pierre Bourdelot.


Above: Claude Saumaise.

Notes: La Peyrère = Isaac la Peyrère (1596-1676), a French-born theologian, writer and lawyer. He was born into a Huguenot (French Protestant) family of Jewish ancestry, but towards the end of his life he converted to Catholicism, although the sincerity of his conversion has been questioned.

No comments:

Post a Comment