Sunday, December 22, 2024

Pierre Bourdelot's letter to Claude Saumaise, dated November 27/December 7 (New Style), 1652

Source:

Trois familiers du Grand Condé: l'abbé Bourdelot, le père Talon, le père Tixier, pages 278 to 279, by Jean Lemoine and André Lichtenberger, 1909


The letter:

Stokolm, ce 7 décembre 1652.
MONSIEUR,
Que j'ay esté aise de voir une longue lettre de vostre main. Vostre maladie m'avoit fait bien peur et je tremble quand je lis sa violence. Pourquoy prendre un vomitif en home faible come vous estes et eschaufé et vous purgeattes-vous avec casse et séné en infusion, substance, extrait et jamais d'autres purgatifs? Vous aves bien pris le vomitif à mon insceu, le mauvais traitement que vous en avez receu vous fera plus appréhender les choliques qu'un grand discours que je vous en fis à Gotorp.

A propos de Gotorp, M. le duc d'Holstein a demandé à la Reyne 8 ou 10 ins. chimiques dont elle luy fait présent.

Je voy par le voyage que vous médités en France que vous vous portés bien. Je ne receus vostre lettre qu'hier soir, sitost que j'en pourray entretenir la Reyne je vous manderay ce qu'elle m'aura dit. Je me charge de cette affaire là, vous répétant qu'il n'y a personne au monde que je désire plus servir que vous et à qui je suis plus obligé. Je ne parle point de ceux que j'ay fait venir, ils sont icy pour se pourchasser, et ils voient assés mon impuissance pour les intérests pécuniaires et le péché originel qui est icy, c'est à dire faute d'argent, mais pour vous qui estes absent et mon producteur, il n'y a rien que je ne face au monde et quand les choses n'iront pas comme vous voudrés, ne m'apelés pas courtisan ny paresseux, ny froid comme feu M. de Mursault, je suis âcre pour les amys et considère vos intérests comme une dette à laquelle je suis obligé. Vous scaurez ce que j'aurai dit au premier ordinaire, mais je crois qu'un petit mot à M. Hotin pour agir conjoinctement avec moy dans ce rencontre eust esté fort à propos. Son secours en ces matières est tout à fait nécessaire. Ce n'est pas qu'il ne se soit lavé les mains pour ce qui touche M. du Plessis dont j'ay fait mes prières à la Reyne elle mesme, elle m'a promis trois fois de luy faire doner de l'argent, j'attens l'effet de ces promesses. Cependant j'ay prié M. du Plessis de prendre dans ma bourse comme moy mesme et ce dont il aura besoin chez M. Roquette chez qui j'ay du crédit, ayant fait venir de nouveau de l'argent de Paris (pour subsister icy) par son moyen. On croid que, les Estats donant de l'argent, les affaires prendront une autre face, je ne doute point que vous ne soyés des premiers à vous en sentir.

Mme de Saumaise me fait instance de scavoir qui m'a escrit de Paris qu'elle avoit dit que j'estois fort amy de M. Vossius. C'est mon beau-frère qui l'a sceu d'un homme à qui une personne à qui elle l'a dist à Leyde l'a escrit. Mais c'est une choze assoupie, ces formalités montrent de la défiance come si je l'avois inventé, si elle en veut de plus grands esclaircissemens, je luy envoiray ma lettre.

On prépare icy un beau ballet pour le jour de la naissance de la Reyne, mais chaque particulier fait ses habits à ses dépens, ce qui n'avait pas esté veu.

With modernised spelling:

Stockholm, ce 7 décembre 1652.
Monsieur,
Que j'ai été aise de voir une longue lettre de votre main! Votre maladie m'avait fait bien peur, et je tremble quand je lis sa violence. Pourquoi prendre un vomitif en homme faible come vous êtes et échauffé et vous purgeâtes-vous avec casse et séné en infusion, substance, extrait et jamais d'autres purgatifs? Vous avez bien pris le vomitif à mon insu. Le mauvais traitement que vous en avez reçu vous fera plus appréhender les coliques qu'un grand discours que je vous en fis à Gottorp.

A propos de Gottorp, M. le duc de Holstein a demandé à la reine 8 ou 10 instruments chimiques dont elle lui fait présent.

Je vois par le voyage que vous méditez en France que vous vous portez bien. Je ne reçus votre lettre qu'hier soir. Sitôt que j'en pourrai entretenir la reine, je vous manderai ce qu'elle m'aura dit. Je me charge de cette affaire-là, vous répétant qu'il n'y a personne au monde que je désire plus servir que vous et à qui je suis plus obligé. Je ne parle point de ceux que j'ai fait venir, ils sont ici pour se pourchasser, et ils voient assez mon impuissance pour les intérêts pécuniaires et le péché originel qui est ici, c'est-à-dire faute d'argent.

Mais pour vous, qui êtes absent et mon producteur, il n'y a rien que je ne fasse au monde; et quand les choses n'iront pas comme vous voudrez, ne m'appelez pas courtisan ni paresseux, ni froid comme feu M. de Meursault. Je suis âcre pour les amis et considère vos intérêts comme une dette à laquelle je suis obligé.

Vous saurez ce que j'aurai dit au premier ordinaire, mais je crois qu'un petit mot à M. Hotin pour agir conjointement avec moi dans ce rencontre eût été fort à propos. Son secours en ces matières est tout à fait nécessaire. Ce n'est pas qu'il ne se soit lavé les mains pour ce qui touche M. du Plessis, dont j'ai fait mes prières à la reine elle-même. Elle m'a promis trois fois de lui faire donner de l'argent; j'attends l'effet de ces promesses.

Cependant j'ai prié M. du Plessis de prendre dans ma bourse comme moi-même et ce dont il aura besoin chez M. Roquette, chez qui j'ai du crédit, ayant fait venir de nouveau de l'argent de Paris (pour subsister ici) par son moyen. On croit que, les États donnant de l'argent, les affaires prendront une autre face. Je ne doute point que vous ne soyez des premiers à vous en sentir.

Madame de Saumaise me fait instance de savoir qui m'a écrit de Paris qu'elle avait dit que j'étais fort ami de M. Vossius. C'est mon beau-frère qui l'a su d'un homme à qui une personne à qui elle l'a dît à Leyde l'a écrit. Mais c'est une chose assoupie. Ces formalités montrent de la défiance come si je l'avais inventé. Si elle en veut de plus grands éclaircissements, je lui envoierai [enverrai] ma lettre.

On prépare ici un beau ballet pour le jour de la naissance de la reine, mais chaque particulier fait ses habits à ses dépens, ce qui n'avait pas été vu.

Swedish translation (my own):

Stockholm, den 7 december 1652.
Monsieur,
Så glad jag har blivit att se ett långt brev från Er hand! Er sjukdom hade skrämt mig mycket, och jag darrar när jag läser om dess våld. Varför ta ett kräkmedel, en svag och hetsig man som Ni ju är, och renade Ni Er med kassia och senna i infusion, substans, extrakt och aldrig andra utrensningsmedel? Ni tog kräkmedlet utan min vetskap. Den dåliga behandlingen Ni har fått av den kommer att göra Er mer orolig för kolik än en lång diskurs som jag har hållit till Er om den på Gottorp.

På tal om Gottorp har hertigen av Holstein bett drottningen om 8 eller 10 kemiska instrument, som hon har överlämnat till honom.

Jag ser på resan Ni funderar på till Frankrike att Ni mår bra. Jag fick Ert brev först igår kväll. Så fort jag kan diskutera det med drottningen, så kommer jag att meddela Er vad hon har sagt till mig. Jag tar ansvar för denna fråga, upprepande för Er att det inte finns någon i världen som jag vill tjäna mer än Er och som jag är mer skyldig till. Jag talar inte om dem som jag har tagit med, de är här för att förfölja varandra, och de ser tydligt min maktlöshet för ekonomiska intressen och den arvsynd som finns här, det vill säga brist på pengar.

Men för Er, som är frånvarande och min produktör, finns det ingenting i världen som jag inte kommer att göra; och när det inte går som Ni önskar, kalla mig inte hovman eller lat, eller kall som den salige monsieur de Meursault. Jag är bitter mot vänner och betraktar Era intressen som en skuld som jag är skyldig.

Ni kommer att veta vad jag sade vid det första ordinarie mötet, men jag tror att ett litet ord till monsieur Hotin om att agera tillsammans med mig i detta möte skulle ha varit mycket lämpligt. Hans hjälp i dessa frågor är absolut nödvändig. Det är inte så att han inte har tvättat händerna med det som angår monsieur du Plessis, för vilken jag har bett mina böner till drottningen själv. Hon har lovat mig tre gånger att få pengar till honom; jag väntar på effekten av dessa löften.

Emellertid har jag bett monsieur du Plessis att ta ur min börs, liksom jag själv, och vad han behöver från monsieur Roquette, som jag har kredit hos, efter att ha fått pengar hämtade från Paris igen (för att kunna subsistera här) genom sina medel. Man tror att när Ständerna ger pengar kommer affärerna att få ett annat ansikte. Jag tvivlar inte på att Ni kommer att vara bland de första att känna detta.

Madame de Saumaise bönfaller mig att låta henne veta vem som skrev till mig från Paris att hon hade sagt att jag var en stor vän till herr Vossius. Det var min svåger som lärde sig det av en man som en person som hon berättade det för i Leiden skrev det till. Men det är en slumrande sak. Dessa formaliteter visar misstro som om jag hade hittat på det. Om hon vill ha ett större förtydligande skickar jag mitt brev till henne.

Här förbereds en vacker balett till drottningens födelsedag, men varje individ gör sina egna kläder på egen bekostnad, som inte hade setts.

English translation (my own):

Stockholm, December 7, 1652.
Monsieur,
How glad I have been to see a long letter from your hand! Your illness had frightened me greatly, and I tremble when I read of its violence. Why take an emetic, a weak and heated man like you are, and did you purge yourself with cassia and senna in infusion, substance, extract and never other purgatives? You took the emetic without my knowledge. The bad treatment you have received from it will make you more apprehensive of colic than a long discourse I have made to you about it at Gottorp.

Speaking of Gottorp, the Duke of Holstein has asked the Queen for 8 or 10 chemical instruments, which she has presented to him.

I see from the journey you are contemplating to France that you are well. I only received your letter yesterday evening. As soon as I can discuss it with the Queen, I will let you know what she has told me. I am taking charge of this matter, repeating to you that there is no one in the world whom I desire to serve more than you and to whom I am more obliged. I am not talking about those whom I have brought, they are here to persecute each other, and they see clearly my impotence for pecuniary interests and the original sin which is here, that is to say, lack of money.

But for you, who are absent and my producer, there is nothing in the world that I will not do; and when things do not go as you wish, do not call me a courtier or lazy, or cold like the late Monsieur de Meursault. I am bitter towards friends and consider your interests as a debt to which I am obliged.

You will know what I said at the first ordinary, but I believe that a little word to Monsieur Hotin to act conjointly with me in this meeting would have been very appropriate. His help in these matters is absolutely necessary. It is not that he has not washed his hands of what concerns Monsieur du Plessis, for whom I have made my prayers to the Queen herself. She has promised me three times to have money given to him; I await the effect of these promises.

In the meantime, I have asked Monsieur du Plessis to take from my purse, like myself, and what he needs from Monsieur Roquette, with whom I have credit, having had money brought from Paris again (so as to subsist here) through his means. It is believed that, with the Estates giving money, affairs will take on another face. I do not doubt that you will be among the first to feel this.

Madame de Saumaise implores me to let her know who wrote to me from Paris that she had said that I was a great friend of Mr. Vossius. It was my brother-in-law who learned it from a man to whom a person to whom she told it in Leiden wrote it. But it is a dormant thing. These formalities show distrust as if I had invented it. If she wants greater clarification, I will send her my letter.

A beautiful ballet is being prepared here for the Queen's birthday, but each individual makes his own clothes at his own expense, which had not been seen.


Above: Kristina.


Above: Pierre Bourdelot.


Above: Claude Saumaise.

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