Source:
Trois familiers du Grand Condé: l'abbé Bourdelot, le père Talon, le père Tixier, pages 281 to 282, by Jean Lemoine and André Lichtenberger, 1909
The letter:
Elsemborg, ce 21 juin 1653.
MONSIEUR,
Je ne peus vous escrire le jour que je partis de Stockolm, vous vous imagines bien l'ambaras où l'on est et j'en eus bien plus qu'un autre, mon départ aussy bien que mon séjour ayant eu quelque chose d'extraordinaire. L'adieu que j'allay dire à M. le comte Magnus fut négotié longtems, enfin il me receut avec mille civilités et me fit assés comprendre qu'on luy avoit fait mille faux raports de moy dont je l'éclaircy pleinement, je ne doute point, si j'eusse encore demeuré, qu'il n'eust eu pour moy tous autres sentimens que ceux qu'on s'estoit efforcé de luy vouloir faire prendre. M. le chancelier me fit inviter à souper. M. le comte Errich témoigna beaucoup de regret de mon départ come les sénateurs et généraux que j'ay veus, si l'on a répandu de mauvais bruis de moy, ce sont des François à la plupart desquels j'ay rendu des services effectifs et de bons offices aux autres, enfin leur lâcheté a opéré le bien que j'ay receu. Ce n'est pas que la Reyne n'eust exercé en ma faveur sa générosité extraordinaire, mais l'ingratitude extraordinaire de beaucoup de persones et le peu de cœur de gens qui ont pris leur temps de me nuire quand ils m'ont creu en disgrâce luy ont augmenté le désir de me bien faire. J'ay obligation à mes ennemys aussy bien qu'à mes amys mais pour ceux cy je suis tenu à la gratitude et pour vous je n'en manqueray jamais ny de respect.
M. du Plessis m'a tousjours esté fidelle et la Reyne l'estime fort. Sa Majesté m'a doné une lettre pour vous avec des marques d'estime incroyables, je vous le diray et il me tarde que je n'aye le bien de vous voir pour vous remercier des grâces que j'ay receues de vous, vous estes l'autheur de ma fortune. J'ay beaucoup d'obligation à M. Chanut qui a vu et jugé sainement de l'emportement de beaucoup de personnes et de leur mauvaise volonté, m'ayant décrié en France et partout, mais la vérité et l'innocence auront toujours l'avantage. Il y a cent chozes à vous dire en détail qui vous prouveront la vérité de ce que je vous dy, je prendray pour juges Mme de Saumaise et vous. Meybomius m'a fait rechercher, disant qu'on l'avoit échaufé et qu'il en estoit dans le repentir. Mrs Gout et Van Beuninguen le blasment fort, le premier est vostre adorateur. M. du Plessis ne le voit plus pour des raisons que je vous diray. Je suis...
With modernised spelling:
Helsembourg, ce 21 juin 1653.
Monsieur,
Je ne pus vous écrire le jour que je partis de Stockholm. Vous vous imaginez bien l'embarras où l'on est, et j'en eus bien plus qu'un autre, mon départ aussi bien que mon séjour ayant eu quelque chose d'extraordinaire. L'adieu que j'allai dire à M. le comte Magnus fut négocié longtemps. Enfin il me reçut avec mille civilités et me fit assez comprendre qu'on lui avait fait mille faux rapports de moi, dont je l'éclairci pleinement. Je ne doute point, si j'eusse encore demeuré, qu'il n'eût eu pour moi tous autres sentiments que ceux qu'on s'était efforcé de lui vouloir faire prendre.
M. le chancelier me fit inviter à souper. M. le comte Éric témoigna beaucoup de regret de mon départ comme les sénateurs et généraux que j'ai vus. Si l'on a répandu de mauvais bruit de moi, ce sont des Français, à la plupart desquels j'ai rendu des services effectifs et de bons offices aux autres. Enfin, leur lâcheté a opéré le bien que j'ai reçu.
Ce n'est pas que la reine n'eût exercé en ma faveur sa générosité extraordinaire, mais l'ingratitude extraordinaire de beaucoup de personnes et le peu de cœur de gens qui ont pris leur temps de me nuire quand ils m'ont cru en disgrâce lui ont augmenté le désir de me bien faire. J'ai obligation à mes ennemis aussi bien qu'à mes amis, mais pour ceux-ci, je suis tenu à la gratitude, et pour vous je n'en manquerai jamais ni de respect.
M. du Plessis m'a toujours été fidèle, et la reine l'estime fort. Sa Majesté m'a donné une lettre pour vous avec des marques d'estime incroyables. Je vous le dirai, et il me tarde que je n'aie le bien de vous voir pour vous remercier des grâces que j'ai reçues de vous. Vous êtes l'auteur de ma fortune. J'ai beaucoup d'obligation à M. Chanut, qui a vu et jugé sainement de l'emportement de beaucoup de personnes et de leur mauvaise volonté, m'ayant décrié en France et partout. Mais la vérité et l'innocence auront toujours l'avantage.
Il y a cent choses à vous dire en détail qui vous prouveront la vérité de ce que je vous dis. Je prendrai pour juges Madame de Saumaise et vous. Meibomius m'a fait rechercher, disant qu'on l'avait échauffé et qu'il en était dans le repentir. Messieurs Gout et van Beuningen le blâment fort; le premier est votre adorateur. M. du Plessis ne le voit plus pour des raisons que je vous dirai. Je suis...
Swedish translation (my own):
Helsingborg, den 21 juni 1653.
Monsieur,
Jag kunde inte skriva till Er den dagen jag lämnade Stockholm. Ni kan väl föreställa Er pinsamheten man befinner sig i, och jag hade mycket mer än någon annan, min avgång och min vistelse hade något extraordinärt. Det farväl som jag skulle säga till greve Magnus var länge förhandlat. Till slut tog han emot mig med tusen hederligheter och fick mig att förstå att han hade fått tusen falska rapporter om mig, varav jag fullständigt klargjorde honom. Jag tvivlar inte på, om jag fortfarande hade varit kvar, att han skulle ha haft helt andra känslor för mig än de som de hade försökt få honom att ta.
Herr kanslern bjöd in mig på kvällsmat. Herr greve Erik beklagade mycket över min avgång, liksom riksherrarna och generalerna jag såg. Om dåliga rykten har spridits om mig, är de från fransmännen, till de flesta av vilka jag har gjort effektiva tjänster och goda ämbeten åt andra. Äntligen har deras feghet åstadkommit det goda som jag har fått.
Det är inte så att drottningen inte hade utövat sin extraordinära generositet till min fördel, men den extraordinära otacksamheten hos många människor och hjärtlösheten hos människor som tog sig tid att svärta ner mig när de trodde att jag var i skam har ökat hennes önskan att göra mig gott. Jag har en skyldighet mot mina fiender såväl som mot mina vänner, men för de senare är jag bunden till tacksamhet, och för Er kommer jag aldrig att sakna den eller respekt.
Monsieur du Plessis har alltid varit mig trogen, och drottningen uppskattar honom högt. Hennes Majestät har givit mig ett brev till Er med en otrolig aktning. Jag skall berätta det för Er, och jag är otålig att ha lyckan att se Er för att tacka Er för de tjänster jag har fått från Er. Ni är författaren till min lycka. Jag har en stor skyldighet gentemot monsieur Chanut, som har sett och bedömt många människors ilska och deras dåliga vilja, efter att ha fördömt mig i Frankrike och överallt. Men sanningen och oskulden kommer alltid att ha övertaget.
Det finns hundra saker att berätta för Er i detalj som kommer att bevisa sanningen i det jag säger till Er. Jag tar madame de Saumaise och Er som domare. Meibomius lät uppsöka mig och sade att han hade blivit upphetsad och att han var ångerfull. Messieurs Gout och van Beuningen skyller starkt på honom; den förra är Er tillbedjare. Monsieur du Plessis ser honom inte längre av skäl som jag kommer att berätta för Er. Jag är...
English translation (my own):
Helsingborg, June 21, 1653.
Monsieur,
I could not write to you the day I left Stockholm. You can well imagine the embarrassment one is in, and I had much more than anyone else, my departure as well as my stay having had something extraordinary. The farewell that I was going to say to Count Magnus was negotiated for a long time. Finally he received me with a thousand civilities and made me understand that he had been given a thousand false reports about me, of which I fully clarified him. I have no doubt, if I had still remained, that he would have had completely different feelings for me than those that they had tried to make him take.
The Lord Chancellor invited me to supper. Lord Count Eric expressed much regret at my departure, as did the senators and generals I saw. If bad rumours have been spread about me, they are from the French, to most of whom I have rendered effective services and good offices to others. Finally, their cowardice has brought about the good that I have received.
It is not that the Queen had not exercised her extraordinary generosity in my favour, but the extraordinary ingratitude of many people and the heartlessness of people who took their time to blacken me when they believed me to be in disgrace have increased her desire to do me good. I have an obligation to my enemies as well as to my friends, but for the latter, I am bound to gratitude, and for you I will never lack it or respect.
Monsieur du Plessis has always been faithful to me, and the Queen esteems him highly. Her Majesty has given me a letter for you with incredible marks of esteem. I will tell you about it, and I am impatient to have the good of seeing you to thank you for the favours I have received from you. You are the author of my fortune. I have a great obligation to Monsieur Chanut, who has seen and judged soundly the rage of many people and their ill will, having decried me in France and everywhere. But truth and innocence will always have the upper hand.
There are a hundred things to tell you in detail that will prove the truth of what I tell you. I will take Madame de Saumaise and you as judges. Meibomius had me sought out, saying that he had been inflamed and that he was repentant. Messieurs Gout and van Beuningen strongly blame him; the former is your adorer. Monsieur du Plessis no longer sees him for reasons that I will tell you. I am...
Above: Kristina.
Above: Pierre Bourdelot.
Above: Claude Saumaise.
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