Wednesday, November 9, 2022

Pierre Bourdelot's letter to Jacques Dupuy, dated April 8/18 (New Style), 1652

Source:

Les amis d'Holstenius IV: Les petits correspondants; lettres et documents divers (appendix), III: Documents littéraires sur Christine de Suède, article written by Léon Gabriel Pélissier for Revue des langues romanes: quatrième série, tome cinquième, page 523, published by the Society for the Study of the Romance Languages, 1891


The letter:

Stockholm, ce 18 avril 1652.
Monsieur, je vous suis parfaitement obligé de la part que vous prenez à la satisfaction que j'ai des témoignages d'estime que je reçois de la Reyne. Vous vous estes toujours intéressé dans les plus petites choses qui m'ont regardé, par un excès de bonté; un establissement honorable et lucratif comme celui-ci, avec une grande confiance de la plus grande reine du monde, me mettent dans un estat qui doit plaire à mes amis. Pleût à Dieu que je leur peusse estre utile, principalement à vous, et que je peusse recognoistre par quelque agréable service les faveurs dont vous m'avez honoré. Je tasche, en attendant quelque meilleure occasion, de satisfaire à mon devoir, et déduis à la Reyne les belles qualités qui vous rendent recommandable; bien qu'elle en soit instruite depuis longtemps, les exagérations que je fais sur votre sujet vous sont toujours glorieuses. Elle a veu le compliment que vous me faites sur ce que vous avez sceu la part qu'elle prenoit à votre desplaisir, et sur l'exhortation qu'elle vous faisoit de continuer vos assemblées qui sont l'honneur de la France et le véritable advancement des lettres et de l'honneste conversation? Elle est bien marrie que vous ayez esté en doute qu'elle ait eu tous les bons sentiments qu'elle a pour vous... Elle est bien aise de la curiosité que vous avez pour son portrait; elle est pour vous l'envoyer elle-mesme, mais jusque ici il n'y en a pas eu un seul de bien fait. Si tost que quelque peintre aura réussi, je tiendrai la main qu'il vous soit envoyé, et en huile comme vous le désirez. J'ai beaucoup de joie que M. Bouillaud soit avec vous. C'est une personne dans l'estime générale et qui vous est très-familière. Je suis en impatience de voir ce que M. Rigault fait sur la vie de feu M. du Puy. Une si belle vie est digne d'un si grand écrivain.

J'estois en peine de savoir si la pourpre changeroit les mœurs de M. le coadjuteur. Dans un royaume plein de partis, on peint les personnes de couleurs bien différentes. Ce que vous m'escrivez «que sa nouvelle dignité ne change aucunement ses mœurs, ni sa courtoisie qui lui est comme naturelle, et qu'il vous a visité deux fois», est une décision. On voit à présent naïfvement quel est son naturel, qui aime les lettres et les hommes de vertu et de doctrine. Ce n'est pas avec dessein puisqu'il est au-dessus de ses desseins. Je prie Dieu que cette qualité lui donne assez d'autorité pour pouvoir procurer une bonne paix et pour pouvoir rétablir les lettres qui ont besoin d'une restaurateur comme lui, illustre en dignité et en savoir. Je félicite M. Ménage de cette promotion. Je ne me sens assez de force que pour faire aller mon compliment jusqu'à ses serviteurs. Je vous prie de ne permettre pas que toute votre famille m'oublie. Etc.

With modernised spelling:

Stockholm, ce 18 avril 1652.
Monsieur, je vous suis parfaitement obligé de la part que vous prenez à la satisfaction que j'ai des témoignages d'estime que je reçois de la Reine. Vous vous êtes toujours intéressé dans les plus petites choses qui m'ont regardé, par un excès de bonté; un établissement honorable et lucratif comme celui-ci, avec une grande confiance de la plus grande reine du monde, me mettent dans un état qui doit plaire à mes amis. Plût à Dieu que je leur pusse être utile, principalement à vous, et que je pusse reconnaître par quelque agréable service les faveurs dont vous m'avez honoré. Je tâche, en attendant quelque meilleure occasion, de satisfaire à mon devoir, et déduis à la Reine les belles qualités qui vous rendent recommandable; bien qu'elle en soit instruite depuis longtemps, les exagérations que je fais sur votre sujet vous sont toujours glorieuses. Elle a vu le compliment que vous me faites sur ce que vous avez su la part qu'elle prenait à votre déplaisir, et sur l'exhortation qu'elle vous faisait de continuer vos assemblées qui sont l'honneur de la France et le véritable avancement des lettres et de l'honnête conversation? Elle est bien marrie que vous ayez été en doute qu'elle ait eu tous les bons sentiments qu'elle a pour vous... Elle est bien aise de la curiosité que vous avez pour son portrait; elle est pour vous l'envoyer elle-même, mais jusqu'ici il n'y en a pas eu un seul de bien fait. Si tôt que quelque peintre aura réussi, je tiendrai la main qu'il vous soit envoyé, et en huile comme vous le désirez. J'ai beaucoup de joie que M. Bouillaud soit avec vous. C'est une personne dans l'estime générale et qui vous est très familière. Je suis en impatience de voir ce que M. Rigault fait sur la vie de feu M. Dupuy. Une si belle vie est digne d'un si grand écrivain.

J'étais en peine de savoir si la pourpre changerait les mœurs de M. le coadjuteur. Dans un royaume plein de partis, on peint les personnes de couleurs bien différentes. Ce que vous m'écrivez «que sa nouvelle dignité ne change aucunement ses mœurs, ni sa courtoisie qui lui est comme naturelle, et qu'il vous a visité deux fois», est une décision. On voit à présent naïvement quel est son naturel, qui aime les lettres et les hommes de vertu et de doctrine. Ce n'est pas avec dessein puisqu'il est au-dessus de ses desseins. Je prie Dieu que cette qualité lui donne assez d'autorité pour pouvoir procurer une bonne paix et pour pouvoir rétablir les lettres qui ont besoin d'une restaurateur comme lui, illustre en dignité et en savoir. Je félicite M. Ménage de cette promotion. Je ne me sens assez de force que pour faire aller mon compliment jusqu'à ses serviteurs. Je vous prie de ne permettre pas que toute votre famille m'oublie. Etc.

Swedish translation (my own):

Stockholm, den 18 april 1652.
Monsieur, jag är fullkomligt tacksam mot Er för den del Ni tar i den tillfredsställelse som jag har av de aktningsbetygelser som jag får från drottningen. Ni har alltid varit intresserad av de minsta saker som berört mig, av en överdriven vänlighet; ett hedervärt och lukrativt etablissemang som detta, med stort förtroende från världens största drottning, försätter mig i ett tillstånd som måste behaga mina vänner. Ville till Gud att jag kunde vara till nytta för dem, särskilt för Er, och att jag genom någon angenäm tjänst kunde känna igen de ynnest varmed Ni har hedrat mig. Jag försöker, medan jag väntar på något bättre tillfälle, att fullgöra min plikt, och jag härleder drottningen de fina egenskaper som gör Er att rekommendera; fastän hon sedan länge är underrättad om det, är de överdrifter som jag gör i Ert ämne alltid härliga för Er. Hon har sett den komplimang Ni gav mig för vad Ni visste om den del hon tog i Ert missnöje, och för den uppmaning hon gav Er att fortsätta Era församlingar, som är Frankrikes ära och brevens och ärliga samtalets sanna framsteg? Hon är väldigt ledsen att Ni har tvivlat på att hon hade alla de goda känslor hon har för Er... Hon är mycket nöjd med den nyfikenhet Ni har för hennes porträtt; hon skulle gärna skicka den till Er själv, men hittills har det inte blivit något bra. Så snart någon målare lyckas, kommer jag att hålla ut att den skickas till Er, och i olja som Ni önskar. Jag är mycket glad att monsieur Bouillaud är med Er. Han är en person i allmän aktning och mycket bekant för Er. Jag kan inte vänta med att se vad monsieur Rigault gör om den bortgångne monsieur Dupuys liv. Ett så vackert liv är värdigt en så stor författare.

English translation (my own):

Stockholm, April 18, 1652.
Monsieur, I am perfectly obliged to you for the part you take in the satisfaction which I have of the testimonies of esteem which I receive from the Queen. You have always been interested in the smallest things that concerned me, out of an excess of kindness; an honourable and lucrative establishment like this, with great trust from the greatest queen in the world, puts me in a state which must please my friends. Would to God that I could be useful to them, especially to you, and that I could recognise by some agreeable service the favours with which you have honoured me. I try, while waiting for some better opportunity, to fulfill my duty, and I deduce to the Queen the fine qualities which make you recommendable; although she has been informed of it for a long time, the exaggerations which I make on your subject are always glorious to you. She has seen the compliment you paid me on what you knew of the part she took in your displeasure, and on the exhortation she made to you to continue your assemblies, which are the honour of France and the true advancement of letters and honest conversation? She is very sorry that you have doubted that she had all the good feelings she has for you... She is very pleased with the curiosity you have for her portrait; she would gladly send it to you herself, but so far there has not been one done well. As soon as any painter succeeds, I will hold out that it be sent to you, and in oil as you desire. I am very happy that Monsieur Bouillaud is with you. He is a person in general esteem and very familiar to you. I can't wait to see what Monsieur Rigault does on the life of the late Monsieur Dupuy. Such a beautiful life is worthy of such a great writer.


Above: Kristina.


Above: Pierre Bourdelot.


Above: Jacques Dupuy.

No comments:

Post a Comment