Wednesday, November 9, 2022

Pierre Bourdelot's letter to Pierre Dupuy, dated December 13, 1651

Source:

Les amis d'Holstenius IV: Les petits correspondants; lettres et documents divers (appendix), III: Documents littéraires sur Christine de Suède, article written by Léon Gabriel Pélissier for Revue des langues romanes: quatrième série, tome cinquième, page 520, published by the Society for the Study of the Romance Languages, 1891


The letter:

[De Gotorp, ce 13 décembre 1651].
J'ai différé à vous écrire jusqu'à ce que j'eusse vu M. de Saumaize, qui a été ravi d'apprendre que vous vous portiez mieux. Il y a deux mois qu'il est ici, travaillé de douleurs de goutes. Il s'en porte mieux à présent, et prétend partir dans peu de jours pour la Hollande. Il reçoit mille faveurs et courtoisies du duc d'Holstein qui est ici, ce qui lui a rendu ce séjour supportable. Jamais homme n'a tant esté honoré dans tout le septentrion que celui-là. Le roi de Danemark l'a traité comme si c'eust esté un souverain. A l'entrée de ses États, un carosse et deux chariots l'attendaient; il lui donna un souper dans son palais, beut à sa santé et le mit au-dessus de six sénateurs dans tout le Danemark. Il a esté logé dans les châteaux des seigneurs, conduit par un maréchal-des-logis du Roy, et traité splendidement partout. Il n'est pas croyable avec combien de regret la reine de Suède l'a laissé partir d'auprès d'elle. Elle a différé son voiage le plus qu'elle a peu, et est cause effectivement que le mauvais temps l'a attrapé. Je crois pourtant qu'il aura assez de santé pour gagner la Hollande. Je partirai demain pour le Danemark et Suède. Je vois des nues obscures de ce côté là, qui me font bien peur. Dès ce lieu icy, la nuit commence à trois heures et demie, et j'ai encore plus de deux cents lieues à faire. La mesme estoille qui m'a conduit me mènera à bon port, s'il plaist à Dieu. J'ay appris que M. Vossius va en Espagne pour y faire copier des manuscrits. Je serai ravy d'apprendre à mon arrivée de vos nouvelles. J'ay prié mon beau-frère, qui vous portera ma lettre, de m'en mander et vous assure que je serai éternellement, Monsieur, Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
BOURDELOT.

With modernised spelling:

De Gottorp, ce 13 décembre 1651.
J'ai différé à vous écrire jusqu'à ce que j'eusse vu M. de Saumaise, qui a été ravi d'apprendre que vous vous portiez mieux. Il y a deux mois qu'il est ici, travaillé de douleurs de goute. Il s'en porte mieux à présent, et prétend partir dans peu de jours pour la Hollande. Il reçait mille faveurs et courtoisies du duc d'Holstein qui est ici, ce qui lui a rendu ce séjour supportable. Jamais homme n'a tant été honoré dans tout le septentrion que celui-là. Le roi de Danemark l'a traité comme si c'eût été un souverain. A l'entrée de ses États, un carosse et deux chariots l'attendaient; il lui donna un souper dans son palais, but à sa santé et le mit au-dessus de six sénateurs dans tout le Danemark. Il a été logé dans les châteaux des seigneurs, conduit par un maréchal-des-logis du Roi, et traité splendidement partout. Il n'est pas croyable avec combien de regret la reine de Suède l'a laissé partir d'auprès d'elle. Elle a différé son voyage le plus qu'elle a pu, et est cause effectivement que le mauvais temps l'a attrapé. Je crois pourtant qu'il aura assez de santé pour gagner la Hollande. Je partirai demain pour le Danemark et Suède. Je vois des nues obscures de ce côté-là, qui me font bien peur. Dès ce lieu ici, la nuit commence à trois heures et demie, et j'ai encore plus de deux cents lieues à faire. La même étoile qui m'a conduit me ménera à bon port, s'il plaît à Dieu. J'ai appris que M. Vossius va en Espagne pour y faire copier des manuscrits. Je serai ravi d'apprendre à mon arrivée de vos nouvelles. J'ai prié mon beau-frère, qui vous portera ma lettre, de m'en mander et vous assure que je serai éternellement, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,
Bourdelot.

Swedish translation (my own):

Gottorp, den 13 december 1651.
Jag väntade med att skriva till Er tills jag hade sett monsieur de Saumaise, som gladde sig över att höra att Ni mådde bättre. Han har varit här i två månader och lider av giktsmärtor. Han är bättre nu och har för avsikt att åka om några dagar till Holland. Han får tusen ynnest och artigheter av hertigen av Holstein, som är här, vilket har gjort denna vistelse uthärdlig för honom. Aldrig har en man blivit så hedrad i hela Norden som denne. Kungen av Danmark behandlade honom som om han hade varit en suverän. Vid inresan till hans stater väntade en karross och två vagnar honom; han gav honom en nattvard i hans palats, drack till hans hälsa och satte honom över sex rådsmän i hela Danmark. Han inlogerades i herrarnas slott, ledd av en marskalk av konungens loger, och behandlades praktfullt överallt. Det är otroligt med vilken ånger Sveriges drottning har låtit honom gå från henne. Hon sköt upp hans resa så länge hon kunde, och fick verkligen dåligt väder att fånga honom. Jag tror dock att han kommer att ha tillräckligt med hälsa för att nå Holland. Jag åker imorgon till Danmark och Sverige. Jag ser mörka moln på den sidan, som skrämmer mig. Från den här platsen här börjar natten halv fyra, och jag har fortfarande mer än tvåhundra lieues kvar. Samma stjärnan som har lett mig kommer ännu att leda mig till mitt mål, om det behagar Gud. Jag har fått veta att herr Vossius skall till Spanien för att få manuskript kopierade där. Jag kommer med glädje att få veta Era nyheter när jag kommer. Jag har bett min svåger, som kommer att föra Er mitt brev, att låta mig veta det, och jag försäkrar Er att jag för evigt kommer att vara, monsieur, Er mycket ödmjuka och mycket lydiga tjänare,
Bourdelot.

English translation (my own):

Gottorp, December 13, 1651.
I put off writing to you until I had seen Monsieur de Saumaise, who was delighted to learn that you were better. He has been here for two months, suffering from gout pains. He is better now and intends to leave in a few days for Holland. He receives a thousand favours and courtesies from the Duke of Holstein, who is here, which has made this stay bearable for him. Never has a man been so honoured in the whole of the North as this one. The King of Denmark treated him as if he had been a sovereign. Upon entry into to his states, a coach and two wagons awaited him; he gave him a supper in his palace, drank to his health, and placed him above six senators in all Denmark. He was lodged in the castles of the lords, led by a Marshal of the King's lodges, and treated splendidly everywhere. It is incredible with what regret the Queen of Sweden has let him depart from her. She postponed his journey for as long as she could, and indeed caused bad weather to catch him. I believe, however, that he will have enough health to reach Holland. I will leave tomorrow for Denmark and Sweden. I see dark clouds on that side, which frighten me. From this place here, the night begins at half-past three, and I still have more than two hundred lieues to go. The same star that has led me will lead me to my destination, if it pleases God. I have learned that Mr. Vossius is going to Spain to have manuscripts copied there. I will be delighted to learn of your news when I arrive. I have asked my brother-in-law, who will bring you my letter, to let me know, and I assure you that I will be eternally, Monsieur, your very humble and very obedient servant,
Bourdelot.


Above: Kristina.


Above: Claude Saumaise.


Above: Pierre Bourdelot.


Above: Pierre Dupuy.

No comments:

Post a Comment