Wednesday, November 9, 2022

Pierre Bourdelot's letter to Jacques Dupuy, dated August 17/27 (New Style), year likely 1652

Source:

Les amis d'Holstenius IV: Les petits correspondants; lettres et documents divers (appendix), III: Documents littéraires sur Christine de Suède, article written by Léon Gabriel Pélissier for Revue des langues romanes: quatrième série, tome cinquième, page 525, published by the Society for the Study of the Romance Languages, 1891


The letter:

Ce 27 août, Stockolm.
Monsieur, j'attendois toujours les nouvelles d'un accommodement en France pour vous pouvoir entretenir de choses agréables et renouveler le commerce des lettres qui depuis six mois est tout à fait interrompu; mais tous les ordinaires nous représentent la face des affaires toujours plus horrible; le chagrin en passe jusqu'ici, et il n'y a point de Français qui n'en soit dans la consternation. Les Suédois ont compassion de nos misères, et bien qu'à la Cour on n'ait pas accepté la médiation de nostre grande reyne, au premier consentement que l'on y donnera, elle est toute preste d'envoyer M. Rosenhane, nommé déjà ambassadeur pour cela. Peut-être qu'à la Cour on changera d'avis, et vous puis dire que S. M. désire autant la paix de France que celle de son royaume. Il faut qu'il y ait une horrible constellation pour la guerre: le Turc fait la paix avec les Vénitiens pour attaquer l'empereur et les Polonais, joints avec les Tartares et les Cosaques. Kuvelinsky a coupé la tête au général Polonais et à son fils de sa propre main, et a envoyé les testes au Grand Seigneur comme un gage de sa fidélité et de son irréconciliation avec les Polonais. Je ne crois pas que l'Europe ait jamais été dans une si grande confusion. Je m'imagine que ce royaume-ci ne voudra pas demeurer oisif pendant ces désordres. Je vois faire tant de préparatifs et tenir tant de conseils que je crois que l'on a du dessein. Cependant il est desjà travaillé au dedans de tant de maladies que c'est une chose inouïe. Dans le logis de M. le comte Magnus il y en a 65. Des villages entiers, des familles et dans de petites provinces, tout est malade. J'attribue cela à la sécheresse extraordinaire qui ne nous a fait aucun bien que de nous donner force melons. Mais je n'en ai autant mangé que si j'eusse esté à Rome où à Barcelone. Le conestable est à l'extrémité, et je partirai demain au matin pour aller voir la reine-mère qu'on dit qui se meurt. J'attens ici M. Bourdon. Si tost qu'il sera arrivé, je vous envoierai le portrait de la reine. S. M. vous est très-obligée des marques de l'affection et de l'estime que vous témoignez pour elle en toutes vos lettres.

With modernised spelling:

Ce 27 août, Stockholm.
Monsieur, j'attendais toujours les nouvelles d'un accommodement en France pour vous pouvoir entretenir de choses agréables et renouveler le commerce des lettres qui depuis six mois est tout à fait interrompu; mais tous les ordinaires nous représentent la face des affaires toujours plus horrible; le chagrin en passe jusqu'ici, et il n'y a point de Français qui n'en soit dans la consternation. Les Suédois ont compassion de nos misères, et bien qu'à la cour on n'ait pas accepté la médiation de notre grande reine, au premier consentement que l'on y donnera, elle est toute preste d'envoyer M. Rosenhane, nommé déjà ambassadeur pour cela. Peut-être qu'à la cour on changera d'avis, et vous puis dire que Sa Majesté désire autant la paix de France que celle de son royaume. Il faut qu'il y ait une horrible constellation pour la guerre: le Turc fait la paix avec les Vénitiens pour attaquer l'empereur et les Polonais, joints avec les Tartares et les Cosaques. Kuvelinsky a coupé la tête au général Polonais et à son fils de sa propre main, et a envoyé les têtes au Grand Seigneur comme un gage de sa fidélité et de son irréconciliation avec les Polonais. Je ne crois pas que l'Europe ait jamais été dans une si grande confusion. Je m'imagine que ce royaume-ci ne voudra pas demeurer oisif pendant ces désordres. Je vois faire tant de préparatifs et tenir tant de conseils que je crois que l'on a du dessein. Cependant il est déjà travaillé au dedans de tant de maladies que c'est une chose inouïe. Dans le logis de M. le comte Magnus il y en a 65. Des villages entiers, des familles et dans de petites provinces, tout est malade. J'attribue cela à la sécheresse extraordinaire qui ne nous a fait aucun bien que de nous donner force melons. Mais je n'en ai autant mangé que si j'eusse été à Rome où à Barcelone. Le connêtable est à l'extrémité, et je partirai demain au matin pour aller voir la reine-mère qu'on dit qui se meurt. J'attends ici M. Bourdon. Sitôt qu'il sera arrivé, je vous envoyerai le portrait de la reine. Sa Majesté vous est très obligée des marques de l'affection et de l'estime que vous témoignez pour elle en toutes vos lettres.

Swedish translation (my own):

Den 27 augusti, Stockholm.
Monsieur, jag väntade fortfarande på besked om ett arrangemang i Frankrike, så att jag kunde tala med Er om trevliga saker och förnya brevhandeln som i ett halvår har varit helt avbruten; men alla vanliga representerar för oss sakernas allt hemska ansikte; sorgen går över även här, och det finns ingen fransman som inte är i bestörtning. Svenskarna har medlidande för vårt elände, och även om vi vid hovet inte har accepterat vår stora drottnings medling, är hon vid det första medgivandet beredd att skicka herr Rosenhane, som redan är utnämnd till ambassadör för det. Kanske kommer folk vid hovet att ändra uppfattning, och man kan säga att Hennes Majestät önskar Frankrikes fred lika mycket som i hennes rike. Det måste finnas en hemsk konstellation för krig: Turken sluter fred med venetianerna för att attackera kejsaren och polackerna, tillsammans med tartarerna och kosackerna. Kuvelinsky högg av huvudena på den polske generalen och hans son med sin egen hand och skickade huvudena till den store Herren som ett tecken på hans lojalitet och oförsonlighet med polackerna. Jag tror aldrig att Europa har varit i så stor förvirring. Jag föreställer mig att detta rike inte kommer att vilja förbli sysslolös under dessa störningar. Jag ser att så många förberedelser görs och så många råd hålls att jag tror att det finns ett syfte. Men det har redan fungerat inom så många sjukdomar att det är en ovanlig sak. I greve Magnus hus finns 65. Hela byar, familjer och i små provinser är alla sjuka. Jag tillskriver detta den extraordinära torkan som inte gjorde oss något annat än att ge oss meloner. Men jag har inte ätit dem så mycket som om jag hade varit i Rom eller Barcelona. Riksmarsken är i yttersta randet, och jag åker i morgon bittida för att gå och träffa änkedrottningen, som sägs vara döende. Jag väntar här på monsieur Bourdon. Så fort han kommer kommer jag att skicka porträttet av drottningen till Er. Hennes Majestät är Er mycket skyldig för de betygelser av tillgivenhet och aktning som Ni visar henne i alla Era brev.

English translation (my own):

August 27, Stockholm.
Monsieur, I was still waiting for news of an arrangement in France so that I could talk to you about pleasant things and renew the trade in letters which for six months has been completely interrupted; but all the ordinaries represent to us the ever more horrible face of affairs; the chagrin passes even here, and there is no Frenchman who is not in consternation. The Swedes have compassion for our miseries, and although at court we have not accepted the mediation of our great Queen, at the first consent given, she is ready to send Lord Rosenhane, who is already named an ambassador for it. Perhaps people at court will change their minds, and you can say that Her Majesty desires the peace of France as much as that of her kingdom. There must be a horrible constellation for war: the Turk makes peace with the Venetians to attack the Emperor and the Poles, joined with the Tartars and the Cossacks. Kuvelinsky cut off the heads of the Polish general and his son with his own hand, and sent the heads to the Great Lord as a token of his loyalty and irreconcilability with the Poles. I don't think Europe has ever been in such great confusion. I imagine that this kingdom will not want to remain idle during these disorders. I see so many preparations being made and so many councils being held that I believe there is a purpose. However, it has already worked within so many diseases that it is an unheard of thing. In the house of Count Magnus there are 65. Entire villages, families and in small provinces, all are ill. I attribute this to the extraordinary drought which did us no good except to give us melons. But I haven't eaten them as much as if I had been in Rome or Barcelona. The constable is at an extremity, and I will leave tomorrow morning to go and see the Queen Mother, who is said to be dying. I am waiting here for Monsieur Bourdon. As soon as he arrives, I will send you the portrait of the Queen. Her Majesty is much obliged to you for the marks of affection and esteem which you show for her in all your letters.


Above: Kristina.


Above: Maria Eleonora.


Above: Pierre Bourdelot.


Above: Jacques Dupuy.

Note: Maria Eleonora (the Queen Mother) did not die until 1655.

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