Sources:
Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on April 6, 1667.
The letter:
Cinquante Cinquiesme
lestre 6 Avril 1667
Vostre lestre du 19 du passe moblige a Vous prier de me desdire aupres du Cardl. Sforza et de lasseurer de ma part que lherba trastulla est la chosse du monde qui est de la plus mauvaise digestion pour moy in Thodescheria. Cela fait Conoistre que les Choses esloinges nous paroissent bien differantes de ce quelle sont a leur approche, et ie Vous puis asseurer que Vos lestre en me rendant la vie du pape desesperee mont donne un sentimet qui ne sede en rien a celluy que pouroit avoir le Cardl. palavicino en cette occasion, Car ie tien que ce sera le seul homme en toutte la Cour qui regrettera la perte que nous faisons touts. Je dis touts Car Je suis fort de Vostre Opinion de celle de ceux qui Crainge que nous ne Changions en pire, quoy quil y ay des choses qui me persuadent que la disapplication aux affaires soit la pire de touts les fautes qui puise arriver a luniVersal, et quon peut pardonner tout les austres a vn prince mais que les peches domissions sont touts mortels en Ceux qui gouverne.
quoy quil en soit Je Vous puis asseurer que ie suis afflige touts ce que lon le peut estre et que ce n'est pas destre hors de Rome en cette occasion, mais sest de me Voir deceu dan lesperance que iay tousiour eu de retrouer le pape a mon retour en sante et vous savez bien que iay quelque raison de le souhaitter. Juge apres cela de Jmpacience ou Je suis de Vos lestres et Croiez que cet avec vne inquietude estrange que i'aten l'heure de larrive du Courier.
Je Vous enVoy les lestres dAdamy qui Vous desabuseront de lopinion ou Vous estes que la diette de Suede ce face au moy de May, et quoy quil en dise ie ne Crois pas mesme quelle se face de toutte Cette anne et Croiez moy et desabuse Vous on ne la fera iamais tan que ie seray en Suede. Je lattendray neamoins pour Vous faire plaisir, et pour Vous tirer de la Crainte que Vous avez de mon retour.
les nouvelles des Quartiers Consiste dans lopiniatrete des parties pour saccorder du lieux du traitte entre Angletrere et ollande. mon opinion est quon saccordera a la fin, Car linterest des deux nations est de faire la paix et la necessite ou est lAgleterre ly forcera a la fin. les Ollandois sortiront dans un moy sils veulent plus forts que iamais en mer.
Jl faut que ie laisse pour le fin de ma lestre Ce qui est le plus important. Je suis ravie de ce que Vous me dittes, des affafaire du MaJorchin. Vous en parlez en savant et ie Vous Crois Comme vne evangile, et Je me persuade que Vous este enCore plus avance que Vous ne dittes. si cela est ie suis Contente et nayant souhaitte austre Chose au monde que de Vous en faire le possesseur, puisque Vous leste ie moureray Contente, quoy que ce sera avec la douleur de voir que Vous layez receu daustre mains que des miennes, mais puisque dieu vous a voulu faire cette grace immediatemant, ie Conois que ie ne meritois pas la fortune de pouvoir Vous rendre vn tel service. loue soit dieu qui Vous la donne et ie Vous prie de Croire que touts les Changements qui sont arrives dans Vostre asme et en ma fortune ne menpeche pas den avoir plus de ioye que si dieu me leust donne a moy mesme au lieux quil a fait Cette grace a Vous. mais Vous estes nee pour le grandes Choses et Vostre fera fortune fera ce quelle poura pour esgaler Vostre merite, et ie ne doutte plus que mon songe ne se Verifie. Vous en avez le gage en main et ie suis ravẏ que dieu saye Voulu du moins servir de moy pour Vous annoncer ce quil Vouloit faire pour Vous tan danne devan quil a Voulu executer son decret. Courage suivez la belle Carrie que le Ciel Vous ovrere et suivez la iusques au bout et soyez Certin que Vous estes destine a estre le plus grandt et le plus heureux homme du monde en merite Vertu et en fortune, et Vous Conoistrez vn iour que ie dis la verite adieu
With modernised spelling:
Hambourg, 6 avril 1667.
Votre lettre du 19 du passé m'oblige à vous prier de me dédire auprès du cardinal Sforza et de l'assurer de ma part que l'herba trastulla est la chose du monde qui est de la plus mauvaise digestion pour moi in Thodescheria. Cela fait connaître que les choses éloignées nous paraissent bien différentes de ce qu'elles sont à leur approche, et je puis vous assurer que vos lettres, en me rendant la vie du pape désespérée, m'ont donné un sentiment qui ne cède en rien à celui que pourrait avoir le cardinal Pallavicino en cette occasion, car je tiens que ce sera le seul homme en toute la Cour qui regrettera la perte que nous faisons tous. Je dis tous, car je suis fort de votre opinion [et] de celle de ceux qui craignent que nous ne changions en pire, quoiqu'il y ait des choses qui me persuadent que la désapplication aux affaires soit la pire de toutes les fautes qui puisse arriver à l'universel, et qu'on peut pardonner toutes les autres à un prince, mais que les péchés d'omission sont tous mortels en ceux qui gouvernent.
Quoi qu'il en soit, je vous puis assurer que je suis affligée tout ce que l'on le peut être, et que ce n'est pas d'être hors de Rome en cette occasion, mais c'est de me voir déçue dans l'espérance que j'ai toujours eue de retrouver le pape, à mon retour, en santé, et vous savez bien que j'ai quelque raison de le souhaiter. Jugez après cela de l'impatience où je suis de vos lettres et croyez que c'est avec une inquiétude étrange que j'attends l'heure de l'arrivée du courrier.
Je vous envoie les lettres d'Adami qui vous désabuseront de l'opinion où vous êtes que la Diète de Suède se fasse au mois de mai, et quoi qu'il en dise je ne crois pas même qu'elle se fasse de toute cette année, et croyez-moi et désabusez-vous, on ne la fera jamais tant que je serai en Suède. Je l'attendrai néanmoins, pour vous faire plaisir, et pour vous tirer de la crainte que vous avez de mon retour.
Les nouvelles des quartiers consistent dans l'opiniâtreté des parties pour s'accorder du lieu du traité entre Angleterre et Hollande. Mon opinion est qu'on s'accordera à la fin, car l'intérêt des deux nations est de faire la paix, et la nécessité où est l'Angleterre l'y forcera à la fin. Les Hollandais sortiront dans un mois, s'ils veulent, plus forts que jamais en mer.
Il faut que je laisse pour le fin de ma lettre ce qui est le plus important. Je suis ravie de ce que vous me dites des affaires du Majorquin. Vous en parlez en savant, et je vous crois comme un évangile, et je me persuade que vous êtes encore plus avancé que vous ne dites. Si cela est, je suis contente, et n'ayant souhaité autre chose au monde que de vous en faire le possesseur, puisque vous l'êtes, je mourrai contente, quoique ce sera avec la douleur de voir que vous l'ayez reçue d'autres mains que des miennes, mais puisque Dieu vous a voulu faire cette grâce immédiatement, je connais que je ne méritais pas la fortune de pouvoir vous rendre un tel service. Loué soit Dieu qui vous l'a donnée, et je vous prie de croire que tous les changements qui sont arrivés dans votre âme et en ma fortune, ne m'empêchent pas d'en avoir plus de joie que si Dieu me l'eût donnée à moi-même, au lieu qu'il a fait cette grâce à vous. Mais vous êtes né pour les grandes choses et votre fortune fera ce qu'elle pourra pour égaler votre mérite, et je ne doute plus que mon songe ne se vérifie. Vous en avez le gage en main, et je suis ravie que Dieu s'ait voulu du moins servir de moi pour vous annoncer ce qu'il voulait faire pour vous, tant d'années devant qu'il a voulu exécuter son décret. Courage, suivez la belle carrière que le ciel vous ouvre, et suivez-la jusqu'au bout et soyez certain que vous êtes destiné à être le plus grand et le plus heureux homme du monde en mérite, vertu et en fortune, et vous connaîtrez un jour que je dis la vérité. Adieu!
Swedish translation (my own):
Femtiofemte brev, den 6 april 1667.
Ert brev av det 19:e av den sista månad förpliktar mig att be Er dra mig tillbaka till kardinal Sforza och försäkra honom från min sida att l'erba trastulla är den sak i världen som är den värsta digestionen för mig in Thodescheria. Detta gör det känt att avlägsna saker verkar för oss mycket annorlunda än vad de befinner sig i att närma sig, och jag kan försäkra Er att Era brev, genom att göra mig förtvivlad för påvens liv, har givit mig en känsla som inte viker vad som helst kardinal Pallavicino skulle ha vid detta tillfälle, ty jag anser att han kommer att vara den enda mannen i hela Hovet som kommer att ångra den förlust vi alla lider. Jag säger allt, ty jag är stark enligt med Er åsikt och med dem som fruktar att vi kommer att förändras till det sämre, även om det finns saker som övertygar mig om att det att misslyckas med affärer är det värsta av alla misstag som kan hända och att alla andra kan förlåtas till en prins, men att utelämningssynder alla är dödliga för dem som styr.
Hur som helst, jag kan försäkra Er att jag är bedrövad över allt som man kan vara, och att det inte är av att vara utanför Rom vid detta tillfälle, men det är av att se mig själv besviken i hoppet om att jag alltid har haft att finna påven, vid min återkomst, vid god hälsa, och Ni vet mycket väl att jag har någon anledning att önska det. Döm efter det av min otålighet med Era brev och tro att det är med en besynnerlig ångest jag väntar på timmen för postens ankomst.
Jag sänder Er Adamis brev som kommer att ta Er ur Er mening att Sveriges Riksdag sammankallas i maj månad, och vad han än säger om det tror jag inte ens att den sammankallas under hela detta år, och tro mig och var desillusionerad, kommer den aldrig att sammankallas medan jag är i Sverige. Jag vill ändå vänta på den för att behaga Er och för att befria Er från den rädsla Ni har för min återkomst.
Nyheterna från kvarteren består i partiernas envishet om att komma överens om platsen för fördraget mellan England och Holland. Min åsikt är att man skall komma överens i slutet, ty de två nationernas intresse är att skapa fred, och Englands nödvändighet kommer att tvinga henne att göra det i slutet. Holländarna kommer ut om en månad, om de vill, starkare än någonsin till sjöss.
Jag måste lämna det som är viktigast i slutet av mitt brev. Jag är mycket nöjd med vad Ni berättar om Mallorcas affärer. Ni talar om det medvetet, och jag tror Er som ett evangelium, och jag övertygar mig själv om att Ni är ännu mer avancerad än Ni säger. Om så är fallet är jag glad och har icke önskat mig något annat i världen än att göra Er till sin ägare, som Ni är så kommer jag att dö lycklig, även om det kommer att vara med sorg att se att Ni har fått det från andra händer än mina, men eftersom Gud ville ge Er denna nåd omedelbart, vet jag att jag inte förtjänade lyckan för att kunna ge Er en sådan tjänst. Prisad vara Gud som gav Er det, och jag ber Er att tro att alla förändringar som har skett i Er själ och i min förmögenhet, inte hindrar mig från att ha mer glädje än om Gud hade gjort mig den; istället har han gjort Er denna nåd. Men Ni föddes för stora saker och Er förmögenhet kommer att göra vad den kan för att likna Er förtjänst, och jag tvivlar inte längre på att min dröm kommer att gå i uppfyllelse. Ni har löftet i handen, och jag är glad att Gud åtminstone ville använda mig för att berätta vad han ville göra för Er, så många år innan han ville utföra sitt dekret. Mod, följ den vackra karriären som himlen öppnar för Er och följ den till slutet och var försäkrad att Ni är avsedd att vara den största och lyckligaste mannen i världen i förtjänst, dygd och förmögenhet; och Ni skall få veta en dag att jag säger sanningen. Farväl!
English translation (my own):
Fifty-fifth letter, April 6, 1667.
Your letter of the 19th of last month obliges me to beg you to withdraw to Cardinal Sforza and to assure him on my part that l'erba trastulla is the thing in the world which is the worst digestion for me in Thodescheria. This makes it known that distant things seem to us very different from what they are at their approach, and I can assure you that your letters, in making me desperate for the life of the Pope, have given me a feeling that does not give way to whatever Cardinal Pallavicino might have on this occasion, for I hold that he will be the only man in the whole Court who will regret the loss we all suffer. I say all, because I am strongly of your opinion and that of those who fear that we will change for the worse, though there are things that persuade me that disapplication to affairs is the worst of all mistakes that can happen to the universal, and that all others can be forgiven to a prince, but that sins of omission are all mortal in those who govern.
Anyway, I can assure you that I am grieved all that one can be, and that it is not to be out of Rome on this occasion, but it is to see myself disappointed in the hope that I have always had of finding the Pope, on my return, in good health, and you know very well that I have some reason to wish it. Judge after that of my impatience with your letters and believe that it is with a strange anxiety that I await the hour of the arrival of the mail.
I am sending you Adami's letters which will disillusion you of your opinion that the Riksdag of Sweden convenes in May, and whatever he says about it I do not even believe that it convenes all this year, and believe me and be disillusioned, it will never convene while I am in Sweden. I will wait for it nevertheless, to please you and to relieve you of the fear which you have of my return.
The news from the districts consists in the obstinacy of the parties to agree on the place of the treaty between England and Holland. My opinion is that one will come to an agreement in the end, for the interest of the two nations is to make peace; and England's necessity will force her to do so in the end. The Dutch will leave in a month, if they want, stronger than ever at sea.
I must leave what is most important for the end of my letter. I am delighted with what you tell me about Mallorcan affairs. You speak of it knowingly, and I believe you like a gospel, and I persuade myself that you are even more advanced than you say. If so, I am happy, and having wished for nothing else in the world than to make you its possessor, since you are so, I will die happy, although it will be with sorrow to see that you have received it from other hands than mine, but since God wanted to give you this grace immediately, I know that I did not deserve the fortune to be able to render you such a service. Praised be God who gave it to you, and I beg you to believe that all the changes which have happened in your soul and in my fortune do not prevent me from having more joy than if God had given it to me myself; instead He has done you this grace. But you were born for great things and your fortune will do what it can to match your merit, and I no longer doubt that my dream will come true. You have the pledge in hand, and I am delighted that God wanted to at least use me to tell you what He wanted to do for you, so many years before He wished to carry out His decree. Courage, follow the beautiful career which Heaven opens for you, and follow it to the end and be certain that you are destined to be the greatest and the happiest man in the world in merit, virtue and fortune; and someday you will know I'm telling the truth. Goodbye!
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Notes: In Italian, "dare l'erba trastulla" means to comfort someone by making them hope in vain for something. Kristina seems to have interpreted this idiom literally, an indicator that she/he/they might have been autistic.
Thodescheria = a familiar Italian term for Germany.
Azzolino appears to have written that he was about to discover the Philosopher's Stone.
Attached to this letter was an unsigned memoir, dated from Amsterdam on March 26, 1667, concerning an alchemical experience.
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