Sunday, December 26, 2021

Kristina's letter to Mademoiselle le Fèvre, dated May 12/22 (New Style), 1678

Sources:

Mémoires pour servir à l'histoire des sciences et des beaux arts (Mémoires de Trévoux), volume 21, page 35/113, published by Marc Michel Ray, January 1721, published by the Society of Jesus (reprinted by Slatkine Reprints in 1968)


Mémoires concernant Christine, volume 2, page 188, Johan Arckenholtz, 1751


Götheborgs Weckolista, issue 46, December 18, 1758, pages 3 to 4, published by Johan Georg Lange the Younger, 1758; courtesy of the Swedish Royal Library


The letter:

Mademoiselle le Fevre; vos expressions pleines de zele & d'affection pour moi, aussi-bien que vos livres ont été aussi agreablement reçûs que vous le pouvez souhaiter, ayant voulu vous en assûrer moi-même en vous remerciant des agreables heures que votre Florus m'a fait passer. Il vous est bien glorieux d'avoir contribué un Auteur de cette importance à l'instruction de Monsieur le Dauphin & d'être à part avec les sçavans hommes qui travaillent avec tant de soin & de succès à ce grand ouvrage. Je vous avouë que si j'étois capable d'envie, ce ne seroit ni la fortune presente de la France qui fait tant de jaloux, qui m'en donnera ni ne l'envieras même à ce jeune Prince la succession d'un des plus beaux & des plus grands Royaumes de l'Europe qui l'attend; mais j'avouë sincerement que je suis capable de porter une espece de noble envie au bonheur & à la gloire de son admirable éducation; qu'il est heureux & qu'il doit avoir des obligations inestimables au Roi son pere! Mais vous de qui on m'assure que vous êtes une belle & agréable fille, n'avez-vous pas de honte d'être si sçavante? En verité c'est trop, & par quel charme secret avez-vous sçû accorder les muses avec les graces; si vous pouviez attirer à cette alliance la fortune, ce seroit un accroissement presque sans exemple auquel on ne sçauroit rien souhaiter de plus, si ce n'est la connoissance de la verité qui ne peut être long-tems cachée à une fille qui peut s'entretenir avec les saints Auteurs dans leurs naturelles. J'espere & souhaite avec l'aide de Dieu qu'un jour ils vous persuaderont si vous les consultez sans préoccupation, qu'environ 1500 années avant que les Luthers & les Calvins eussent renoncé à la verité, tout ce qu'il y avoit de gens raisonnables, & grands dans notre monde étoient aussi Catholiques que nous le sommes tous aujourd'hui ici à Rome, & comme l'est la plus saine & la meilleure partie de notre France: à quoi peut servir toute votre science si vous ignorez ce point si important? Donnez-vous la peine d'y faire une reflexion serieuse & priez Dieu qu'il ouvre un jour vos yeux & votre cœur à la verité.
A Rome ce 22 Mai 1678.
Christine Alexandra.

With modernised spelling:

Mademoiselle le Fèvre;
Vos expressions pleines de zèle et d'affection pour moi, aussi bien que vos livres, ont été aussi agréablement reçus que vous le pouvez souhaiter, ayant voulu vous en assurer moi-même en vous remerciant des agréables heures que votre Florus m'a fait passer. Il vous est bien glorieux d'avoir contribué un auteur de cette importance à l'instruction de Monsieur le dauphin et d'être à part avec les savants hommes qui travaillent avec tant de soin et de succès à ce grand ouvrage.

Je vous avoue que si j'étais capable d'envie, ce ne serait ni la fortune présente de la France qui fait tant de jaloux qui m'en donnera ni ne l'envieras même à ce jeune prince la succession d'un des plus beaux et des plus grands royaumes de l'Europe qui l'attend; mais j'avoue sincèrement que je suis capable de porter une espèce de noble envie au bonheur et à la gloire de son admirable éducation. Qu'il est heureux et qu'il doit avoir des obligations inestimables au roi son père!

Mais vous, de qui on m'assure que vous êtes une belle et agréable fille, n'avez-vous pas de honte d'être si savante? En vérité c'est trop, et par quel charme secret avez-vous su accorder les Muses avec les Grâces? Si vous pouviez attirer à cette alliance la fortune, ce serait un accroissement presque sans exemple auquel on ne saurait rien souhaiter de plus, si ce n'est la connaissance de la vérité qui ne peut être longtemps cachée à une fille qui peut s'entretenir avec les saints auteurs dans leurs naturelles.

J'espere et souhaite, avec l'aide de Dieu, qu'un jour ils vous persuaderont, si vous les consultez sans préoccupation, qu'environ 1 500 années avant que les Luthers et les Calvins eussent renoncé à la vérité, tout ce qu'il y avait de gens raisonnables et grands dans notre monde étaient aussi catholiques que nous le sommes tous aujourd'hui ici à Rome, et comme l'est la plus saine et la meilleure partie de notre France. A quoi peut servir toute votre science si vous ignorez ce point si important? Donnez-vous la peine d'y faire une reflexion sérieuse, et priez Dieu qu'il ouvre un jour vos yeux et votre cœur à la vérité. A Rome, ce 22 mai 1678.
Christine Alexandra.

Arckenholtz's transcript of the letter:

Mademoiselle le Fèvre. Vos expressions pleines de zèle & d'affection pour moi, aussi bien que vos livres ont été aussi agréablement reçus que vous le pouvez souhaiter, aïant voulu vous en assurer moi-même en vous remerciant des agréables heures que votre Florus m'a fait passer. Il vous est bien glorieux d'avoir contribué en traduisant un Auteur de cette importance à l'instruction de Monsieur le Dauphin & d'être de part avec les Savans hommes qui travaillent avec tant de soin & de succès à ce grand ouvrage. Je vous avouë, que si j'étois capable d'envie, ce ne seroit ni la fortune présente de la France qui fait tant de jaloux, qui m'en donneroit, ni je n'envierois même à ce jeune Prince la succession d'un des plus beaux & des plus grands Roïaumes de l'Europe qui l'attend: mais j'avouë sincérement que je suis capable de porter une espèce de noble envie au bonheur & à la gloire de son admirable éducation; Qu'il est heureux & qu'il doit avoir des obligations inestimables au Roi son Père? Mais vous, de qui on m'assure que vous êtes une belle & agréable fille, n'avez-vous pas de honte d'être si savante? En vérité c'est trop, & par quel charme secrèt avez-vous sçû accorder les Muses avec les Graces? Si vous pouviez attirer à cette alliance la Fortune, ce seroit un accroissement presque sans éxemple, auquel on ne sauroit rien souhaiter de plus, si ce n'est la connoissance de la vérité qui ne peut être longtems cachée à une fille, qui peut s'entretenir avec les Saints Auteurs dans leurs langues naturelles. J'espére, & je le souhaite avec l'aide de Dieu, qu'un jour ils vous persuaderont si vous les consultez sans préoccupation, qu'environ 1500. années avant que les Luthers & les Calvins eussent renoncé à la vérité, tout ce qu'il y avoit de Gens raisonnables & grands dans notre monde étoient aussi Catholiques que nous le sommes tous aujourd'hui ici à Rome, & comme l'est la plus saine & la meilleure partie de votre France. A quoi peut servir toute votre sçience si vous ignorez ce point si important? Donnez-vous la peine d'y faire une réflexion sérieuse & priez Dieu qu'il ouvre un jour vos yeux & votre cœur à la vérité. A Rome ce 22. Mai 1678.
CHRISTINE ALEXANDRA.

Swedish translation (by Lange):

Mademoiselle Faber!
Edra utlåtelser, som witna om Eder upriktiga tilgifwenhet emot mig, hafwa ej mindre, än edra Böcker, fägnat mig, och at de så nådigt äro emottagne, som I sjelf någonsin kunde önska, der om försäkrar jag Eder, och tackar Eder tillika för de angenäma stunder, som Eder Florus har gifwit mig. Det länder Eder icke til ringa beröm, at I, genom öfwersättningen af en så wigtig Scribent, hafwen bidragit til Kron-Prinsens underwisning, och följakteligen hörer til de lärdas antal, som med mycken flit arbeta på detta, och flera stora werk. Om den swagheten kunde falla på mig, at afundas öfwer någon; så tilstår jag, at jag wäl icke skulle mißunna Frankrike des blomstrande lycka, den dock gör så många swartsjuka, icke eller den unga Prinsen, at stiga på Thronen, i et af de skönaste och största Konungariken i Europa; men det tilstår jag upriktigt, at jag ej kan säga mig fri från et wist slag af ädel afund, som bestodo deri, at mißgynna den unga Prinsen den lyckan af en så ädel upfostran. O, huru mycken oskattbar förbindelse är han icke derföre Konungen, sin Herr Fader, skyldig?

Och Eder, Min kära Demoiselle Faber! mißunnar jag icke den förmonen, at wara et så skönt och angenämt Fruentimmer, som man för mig har beskrifwit. Men jag wil allenast fråga: Blygs hon intet, at wara så lärd? Det är, i sanning, förmycket. Och igenom hwad för hemliga retelser har hon förstådt den konsten, at förbinda Muserna med Gratierne? Om Ni nu allenast kunde göra lyckan till eder Bunds-förwandt; så woro detta et ganska ohördt sällskap, som skulle äga alla önskeliga fullkommeligheter och sällheter, när blott en enda kommo dertil, som är kundskap om, och kärlek til Sanningen. Dock, denna lärer icke länge kunna hwarken saknas eller fattas hos et Fruentimmer, som äger styrka nog, at tala med de heliga Scribenter i sjelfwa grund-språken. Jag önskar och hoppas, med Guds hjelp, at I låten framdeles öfwertala Eder, när I tagen den samma, utan förut fattada meningar, til råds, och besinnen, at femtonhundrade år förut, innan Luther och Calvin hade förnekat sanningen; så woro alle förnuftige och höga sinnen så gode Catholiske, som wi i thenna dag äre i Rom, och som den klokaste och störste hopen är i Frankrike. Hwar til tjenar Eder all Eder stora lärdom, när I icke förstån denna wigtiga puncten? Gifwen Eder tid och råderum, at med alfwar öfwerlägga detta, och beder Gud, at Han en gång wille öpna edra ögon och hjerta för sanningen.
Christina Alexandra.
Rom den 22 Maij 1678.

English translation (my own):

Mademoiselle le Fèvre,
Your expressions full of zeal and affection for me, as well as your books, have been as pleasantly received as you can wish, having wanted to assure you of it myself by thanking you for the pleasant hours which your Florus made me spend. It is very glorious to you to have contributed by translating an author of this importance to the instruction of Monsieur the Dauphin and to be part of the learned men who work with so much care and success on this great work. I confess to you that if I were capable of envy, it would neither be the present fortune of France, which makes so many jealous, which would give me, nor would I not even envy this young prince the succession of one of the most beautiful and the greatest kingdoms of Europe that awaits him. But I sincerely admit that I am capable of having a kind of noble desire for the happiness and the glory of his admirable education; that he is happy and that he must have inestimable obligations to the King his father. But you, of whom I am assured that you are a beautiful and agreeable girl, are you not ashamed of being so learned? In truth it is too much, and by what secret charm have you been able to harmonise the Muses with the Graces? If you could attract fortune to this alliance, it would be an increase almost without example, to which nothing more could be desired except the knowledge of the truth which cannot be long hidden from a girl who can be wish to speak with the holy authors in their natural languages. I hope, and I wish, with God's help, that one day they will persuade you if you consult them without concern that about 1,500 years before the Luthers and Calvins renounced the truth, all that there were reasonable and great people in our world who were as Catholic as we all are today here in Rome, and as the healthiest and the best part of your France is. What use can all your science do if you ignore this important point? Take the time to think seriously about it, and pray to God that He will one day open your eyes and your heart to the truth.
Rome, May 22, 1678.
Kristina Alexandra.


Above: Kristina.

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