Tuesday, December 7, 2021

Kristina's letter to Azzolino, dated April 27, 1667

Sources:

Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899






Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on April 27, 1667.

The letter:

Cinquante huittiesme
lestre de drenier
dAmbur le 27 dAvril 1667
Vostre derniere lestre du 9.me du Courant m'a fait Clairement Conoistre que quelun a eu la Curiosite de Jntercepter mes lestres. ie ne say qui en supsonner, mais Jespere de penetrer ce mistere et Vous le feray savoir ausi tost que ie lauroy penetre. Jen supsonne trois diverse sorte de gens mais mais ie ne Vous les nommere pas par ce que ie ne say rien de certain. a lavenir Juseray de toutte les preCautions necessaires pour la seurete de nos lestres Je masseure que Vous estes estonne de Voir que ie Vous escris enCore dAmburg mais Jl ma este impossible de partir plus tost. Ce sera pourtan demain san faute que ie metteray en Voyage et quoy que ie ne puisse pas aller bien loin a Cause de laccompangement quon Veut me faire, ce sera tousiour une grande iourne que de pouvoir sortir enfin dAmbur Cette saimaine ma sante a este bien deConcerte iay eu un debordement dAtrabile si furieux et abondant que iay panse en Crever. iay eu des Vomissements qui ont espouvante le medicin avec des Migraines des alterations et inquietudes qui mont prive du sommeil et mavoit mis dans vn tres mauvais estat. Je men suis trie a force de lavements et hier ie me fis tirer du sang prese de Vint onse et auiourdhui ie me porte bien a mon douleur de Coste prest qui mest a present plus Cruel que iamais et sest augmente notablement depuis dix ou douse Jour, quoy quil ne may iamais quitte depuis quil ma prix. mais iusques icy il ne menpeche pas de faire toutte les fatiges quil faut faire ie ne say ce que cela deviendra a la fin

lon mescrit cepandant de Suede de bonne part quil a este resolu dans le plain Conseil quon differeroit la diette pour deux annes et que lon envoyeroit de deputes aux provinces pour excuser ce delay sous pretexte quon Veut esparnger aux particuliers la paine et la depanse de Venir si souvent a Stocholme. lon me mande en Confience que cest mon arrive qui a fait prendre Cette resolution, et ie nen doutte pas. savoir quil effect Cela produira dans les esprits le temps le fera Conoistre, mais ou ie Conois mal la Suede ou Cette nouvaute Contraire aux Constitutions du royaume et aux Coustumes sera tres prenicieuse au gouv gouvernement, qui se repantira davoir prix la plus mechante resolution quil pourroit prendre, mais ie Crois quon sen repantira trop tardt. Dieu Veillie que ie me trompe dans ma profesie mais Vous Voie que ie ne me suis pas trompe Quant ie Vous ay asseure quon ne feroit pas la diette tan que ie me trouvereois en ces quartiers.

lon ne doutte pas de la paix entre Angletrere Ollande et la france

enfin Je partiray demain infaliblemant dieu aydant, et Je partiray non obstant lopinion et le Conseil de tout le monde qui dune Voix univeCselle masseurent que ma vie et ma liberte Courent risque dans la Suede. Je me moque de tout cela, Car en lestat ou ie suis ie n'aime pas asse la vie, pour ne Consentir pas avec ioye quon me loste. et puis quausi bien iay resolu de ne Vous revoir iamais, Jl ne me reste plus rien a regretter a la Vie. mon desain est de demeurer peu a Stocholme, et si la mort ne me lenpeche ien sortiray au bout dun moy au plus tardt, et si ie ie puis me depecher en quinse iour ie nattenderay pas vn mois Car ie nauray rien a faire en Suede qua my monstrer.

Je suis au desespoir de Vous Voir san argent mais Vendez engagez enprunte et ne Craingez rien. si tost que ie seray Suede Je ne Vous laisseray manquer de rien adieu.

With modernised spelling:

Hambourg, 27 avril 1667.
Votre dernière lettre du neuvième du courant m'a fait clairement connaître que quelqu'un a eu la curiosité d'intercepter mes lettres. Je ne sais qui en soupçonner, mais j'espère de pénétrer ce mystère et vous le ferai savoir aussitôt que je l'aurai pénétré. J'en soupçonne trois diverses sortes de gens, mais je ne vous les nommerai pas, parce que je ne sais rien de certain. A l'avenir, j'userai de toutes les précautions nécessaires pour la sûreté de nos lettres. Je m'assure que vous êtes étonné de voir que je vous écris encore de Hambourg, mais il m'a été impossible de partir plus tôt. Ce sera pourtant demain sans faute que je [me] mettrai en voyage, et, quoique je ne puisse pas aller bien loin à cause de l'accompagnement qu'on veut me faire, ce sera toujours une grande journée que de pouvoir sortir enfin de Hambourg. Cette semaine ma santé a été bien déconcertée: j'ai eu un débordement d'atrabile si furieux et abondant que j'ai pensé en crever. J'ai eu des vomissements qui ont épouvanté le médecin, avec des migraines, des altérations et inquiétudes qui m'ont privée du sommeil et m'avaient mise dans un très mauvais état. Je m'en suis tirée à force de lavements, et hier je me fis tirer du sang, près de vingt onces, et aujourd'hui je me porte bien, à ma douleur de côté près, qui m'est à présent plus cruelle que jamais et s'est augmentée notablement depuis dix ou douze jours, quoiqu'elle ne m'ait jamais quittée depuis qu'elle m'a prise. Mais jusqu'ici elle ne m'empêche pas de faire toutes les fatigues qu'il faut faire. Je ne sais ce que cela deviendra à la fin.

L'on m'écrit cependant de Suède, de bonne part, qu'il a été résolu dans le plein conseil qu'on différerait la Diète pour deux années, et que l'on enverrait des députés aux provinces pour excuser ce délai, sous prétexte qu'on veut épargner aux particuliers la peine et la dépense de venir si souvent à Stockholm. L'on me mande en confiance que c'est mon arrivée qui a fait prendre cette résolution, et je n'en doute pas. Savoir quel effet cela produira dans les esprits, le temps le fera connaître; mais, ou je connais mal la Suède, ou cette nouveauté, contraire aux constitutions du royaume et aux coutumes, sera très pernicieuse au gouvernement, qui se repentira d'avoir pris la plus méchante résolution qu'il pourrait prendre, mais je crois qu'on s'en repentira trop tard. Dieu veuille que je me trompe, dans ma prophétie, mais vous voyez que je ne me suis pas trompée, quand je vous ai assuré qu'on ne ferait pas la Diète tant que je me trouverais en ces quartiers.

L'on ne doute pas de la paix entre Angleterre, Hollande et la France.

Et enfin je partirai demain infailliblement, Dieu aidant, et je partirai, nonobstant l'opinion et le conseil de tout le monde, qui d'une voix universelle m'assurent que ma vie et ma liberté courent risque dans la Suède. Je me moque de tout cela, car, en l'état où je suis, je n'aime pas assez la vie pour ne consentir pas avec joie qu'on me l'ôte. Et puisqu'aussi bien j'ai résolu de ne vous revoir jamais, il ne me reste plus rien à regretter à la vie. Mon dessein est de demeurer peu à Stockholm, et si la mort ne me l'empêche, j'en sortirai au bout d'un mois au plus tard, et si je puis me dépêcher en quinze jours, je n'attendrai pas un mois; car je n'aurai rien à faire en Suède qu'à m'y montrer.

Je suis au désespoir de vous voir sans argent, mais vendez, engagez, empruntez et ne craignez rien. Si tôt que je serai en Suède, je ne vous laisserai manquer de rien. Adieu.

English translation (my own):

Fifty-eighth
last letter
from Hamburg, April 27, 1667.
Your last letter of the ninth of this month made it clear to me that someone had the curiosity to intercept my letters. I do not know who to suspect it of, but I hope to penetrate this mystery and will let you know it as soon as I have penetrated it. I suspect three different kinds of people, but I won't name them for you, because I don't know anything for sure. In the future, I will use all the necessary precautions for the safety of our letters. I assure myself that you are astonished that I am still writing to you from Hamburg, but it was impossible for me to leave sooner. However, it will be tomorrow without fail that I will myself set out on a trip, and, although I cannot go very far because of the accompaniment that they want to give me, it will always be a great day to be able to finally get out of Hamburg. This week my health has been very disconcerted: I had an overflow of atrabile so furious and abundant that I thought I would die of it. I had vomiting which terrified the doctor, with migraines, alterations and worries which deprived me of sleep and put me in a very bad state. I got out of it by dint of enemas, and yesterday I had blood taken, nearly twenty ounces, and today I am well, except for my pain in the side, which is now more cruel than ever and has increased notably for ten or twelve days, although it has never left me since it took me. But so far it has not prevented me from doing all the fatigue that needs to be done. I do not know what will become of it in the end.

However, I have been written to from Sweden, in large part, that it has been resolved in the full council that the Riksdag should be postponed for two years, and that deputies should be sent to the provinces to excuse this delay, under pretext that one wishes to spare individuals the trouble and expense of coming so often to Stockholm. I am told with confidence that it was my arrival which made this resolution taken, and I have no doubts. To know what effect this will produce in the minds, time will make it known; but, either I do not know Sweden well, or this novelty, contrary to the constitutions of the kingdom and to the customs, will be very pernicious to the government, which will repent of having taken the wickedest resolution it could take, but I believe that it will repent too late. God grant that I am wrong in my prophecy, but you see that I was not wrong when I assured you that the Riksdag would not be convened as long as I was in these quarters.

There is no doubt of peace between England, Holland and France.

And finally I will leave tomorrow infallibly, God helping, and I will leave, notwithstanding the opinion and advice of everyone, who with a universal voice assure me that my life and my freedom are at risk in Sweden. I don't care about all that, because, as I am, I don't love life enough not to gladly consent to have it taken from me. And since I have also resolved to never see you again, I have nothing left in my life to regret. My plan is to stay little in Stockholm, and if death does not prevent it, I will get out after a month at the latest, and if I can hurry in two weeks, I will not wait a month; because I will have nothing to do in Sweden except to show myself there.

I am in despair to see you penniless, but sell, hire, borrow and fear nothing. As soon as I'm in Sweden, I won't let you miss a thing. Farewell.


Above: Kristina.


Above: Cardinal Decio Azzolino.

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