Sources:
Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on April 13, 1667.
The letter:
56 lestre du 13 Avril 1667 —
Vostre quarante quattriesme lestre du 19 du passe ma donne vne des plus grandes Joyes que Je pouvois recevoir en ce pays en me faisant esperer que le pape mattenderoit et que sa gerison Vous a tire de lappehension ou Vous estiez dans vos presedentes. si ce soir Vos lestres me Confirme la Continuation de son amandement Jyray avec Joye en Suede ou Jespere daller dans huit Jour, et puisque Vous tesmoingez tan dimpacience pour mon depart vers la Suede Vous aurez dans huit Jour la satisfaction dapprendre que iy alle, et Jespere que Vous aurez bien tost apres celle dapprendre que ie n'en reviendray iamais. et Je panse qu'un esloingement qu'n esloingement eternel vous devera satisfaire puisquil me punira de touttes les offences que ie Vous ay fait et ett.
au reste Je suis ravẏe que Vous ayez trouve la mascarade a Vostre gré sa este vn bagatelle qui a reusi asse agreablement et Comme ie Vous ay dit elle meritoit de Vous avoir pour spectateur. pour lastrologe Jl a lhoneur destre Coneu de Vous ausi bien que lesclave, et Vous este trop Clairvoiant pour mesconoistre ce qui est a Vous. on a trop flatte et trop manty mais on ne peut passer pour Astrologue qua force de mantir et de flatter. on avoit fait vn austre ou lon navoit pas moins flatte ny manti que celluy que Vous avez Veu mais cettoit en si effroiable et mauvais ... langage que par pitie on a substitue celluẏ que Vous avez Veu a laustre qui du moins parle honestement franCois sil na rien austre Chose de bon. ... pour le poete sest vn petit francois asse honest homme qui e segretere du Conte Connismarque le Cadet qui a este Ambasadeur en france mais Jay tort de Vous parler si long temps dune telle bagatelle. Je Vous demande en grase quaustre que Vous ne conoisse le faiseur de l'oroscope
Je suis impaciente dapprendre des nouvelles de D. Stefano et Jl me tarde de savoir quil soit de retour.
Je Vous envoy la lestre d'Adamy qui Vous fera encore conoistre quil ny a aucune apparence de diette, et ie suis persuade quil ny en aura pas pour cette anne
Je ne say quelle interest les francois ont de menpecher daller en Suede mais Vous seriez estonne si Vous saviez les soins quenploye le residan de france icy et lAmbassadeur a Stocholme a me le dissuader. Jl y ont enploye touts les soins et artifices immaginables, et Cela mest fort sucpect, et ie panse la desus beauCoup de choses que ie nose escrire. si ie ne retourne pas a Rome, comme ie suppose, Je vous envoyeray au plus tost le Marquis del Monte pour Vous donner bien des informations bouche sur ce suiet ausi bien que sur plusieurs austres, Car non na pas laisse de parler a luy et a Thexeira, et leur dire des Chose quon na ose dire a moy.
Vous serez bien estonne de Voir les lestres que Santinelli et sa femme mescrive sur le suiet de leur mariage, et iadmire lEffronterie de ces sorte de gens. lon dit icy quils sont sous la protexion de la duchesse de Mantoue. cet tout ce que ien say
nous avons icy vne grande novelle qui est le Choix que le Roy d'Angleterre a fait de Breda pour traitter la paix. pour moy ie la tiens faitte et touts ceux qui sont bien iforme du besoin que le roy d'Angleterre a de la paix sont de mon opinion. le temps fera Conoistre si lon se trompe ou non.
Je nay rien de plus a Vous dire, sinon de Vous remercier de Vos saintes admonitions, Je tacheray d'en profiter autan quil me sera possible et si iy reusiray mal Comme ie le Crois, Vous navez qua Vous souvenir que le mal est inCurable adieu
P S
Joubliois de Vous dire que Wrangel est tout prest daller vn iour a Combatre le Turque si loccasion se presantoit, et Je Vous repon pour luy que cest vne homme qui ira cherger au font du monde la gerre et la gloire pour me suivre, et si Vous avez Ce que iespere Vous naure qua Commender et Vous trouverez des gens qui seront ravẏs de mourir dans vne si belle entreprise, et cet la seule Victoire dont ie Vous puis repondre. le succes est entre la main de dieux mais du moins lon ira dun air a meriter dy perir si lon ne merite dy reusir —
With modernised spelling:
Hambourg, 13 avril 1667.
Votre quarante-quatrième lettre du 19 du passé m'a donné une des plus grandes joies que je pouvais recevoir en ce pays, en me faisant espérer que le pape m'attendrait, et que sa guérison vous a tiré de l'appréhension où vous étiez dans vos précédentes. Si ce soir vos lettres me confirment la continuation de son amendement, j'irai avec joie en Suède, où j'espère d'aller dans huit jours; et puisque vous témoignez tant d'impatience pour mon départ vers la Suède, vous aurez dans huit jours la satisfaction d'apprendre que j'y [suis] allée, et j'espère que vous aurez bientôt après celle d'apprendre que je n'en reviendrai jamais. Et je pense qu'un éloignement éternel vous devra satisfaire, puisqu'il me punira de toutes les offenses que je vous ai faites, etc., etc.
Au reste, je suis ravie que vous ayez trouvé la mascarade à votre gré: ç'a été une bagatelle qui a réussi assez agréablement, et, comme je vous ai dit, elle méritait de vous avoir pour spectateur. Pour l'astrologue, il a l'honneur d'être connu de vous aussi bien que l'esclave, et vous êtes trop clairvoyant pour méconnaître ce qui est à vous. On a trop flatté et trop menti, mais on ne peut passer pour astrologue qu'à force de mentir et de flatter. On avait fait un autre où l'on n'avait pas moins flatté ni menti, que celui que vous avez vu, mais c'était en si effroyable et mauvais langage que par pitié on a substitué celui que vous avez vu, à l'autre, qui du moins parle honnêtement français, s'il n'a rien autre chose de bon. Pour le poète, c'est un petit Français assez honnête homme, qui est secrétaire du comte Königsmark le cadet, qui a été ambassadeur en France, mais j'ai tort de vous parler si longtemps d'une telle bagatelle. Je vous demande en grâce qu'autre que vous ne connaisse le faiseur de l'[h]oroscope.
Je suis impatiente d'apprendre des nouvelles de D. Stefano, et il me tarde de savoir qu'il soit de retour.
Je vous envoie la lettre d'Adami qui vous fera encore connaître qu'il n'y a aucune apparence de Diète, et je suis persuadée qu'il n'y en aura pas pour cette année.
Je ne sais quel intérêt les Français ont de m'empêcher d'aller en Suède, mais vous seriez étonné si vous saviez les soins qu'emploie le résident de France ici et l'ambassadeur à Stockholm à me le dissuader. Ils y ont employé tous les soins et artifices imaginables, et cela m'est fort suspect; et je pense là-dessus beaucoup de choses que je n'ose écrire. Si je ne retourne pas à Rome, comme je suppose, je vous enverrai au plus tôt le marquis del Monte, pour vous donner bien des informations [de] bouche sur ce sujet, aussi bien que sur plusieurs autres, car on n'a pas laissé de parler à lui et à Texeira, et leur dire des choses qu'on n'a osé dire à moi.
Vous serez bien étonné de voir les lettres que Santinelli et sa femme m'écrivent sur le sujet de leur mariage, et j'admire l'effronterie de ces sortes de gens. L'on dit ici qu'ils sont sous la protection de la duchesse de Mantoue. C'est tout ce que j'en sais.
Nous avons ici une grande nouvelle, qui est le choix que le roi d'Angleterre a fait de Breda pour traiter la paix. Pour moi, je la tiens faite, et tous ceux qui sont bien informés du besoin que le roi d'Angleterre a de la paix, sont de mon opinion. Le temps fera connaître si l'on se trompe ou non.
Je n'ai rien de plus à vous dire, si non de vous remercier de vos saintes admonitions: je tâcherai d'en profiter autant qu'il me sera possible, et si j'y réussirai mal, comme je le crois, vous n'avez qu'à vous souvenir que le mal est incurable. Adieu.
P. S. — J'oubliais de vous dire que Wrangel est tout prêt d'aller un jour à combattre le Turc, si l'occasion se présentait, et je vous réponds pour lui que c'est un homme qui ira chercher au fond du monde la guerre et la gloire pour me suivre; et si vous avez ce que j'espère, vous n'aurez qu'à commander, et vous trouverez des gens qui seront ravis de mourir dans une si belle entreprise; et c'est la seule victoire dont je vous puis répondre. Le succès est entre la main de Dieu, mais du moins l'on ira d'un air à mériter d'y périr si l'on ne mérite d'y réussir.
With English translation (my own):
56th letter of April 13, 1667. —
Your forty-fourth letter of the 19th of last month has given me one of the greatest joys that I could receive in this country, making me hope that the Pope would be waiting for me, and that his recovery has rescued you from the apprehension in which you were in your previous letters. If this evening your letters confirm to me the continuation of his amendment, I will go with joy to Sweden, where I hope to go in a week; and since you are showing so much impatience for my departure for Sweden, in a week you will have the satisfaction of learning that I have been there, and I hope that you will soon have that of learning that I will never come back. And I think that an eternal estrangement will have to satisfy you, since it will punish me for all the offenses that I have done to you, etc., etc.
Besides, I am delighted that you found the masquerade to your liking: it was a trifle which succeeded quite agreeably, and, as I told you, it deserved to have you as a spectator. For the astrologer, he has the honour of being known to you as well as the slave, and you are too far-sighted to ignore what is yours. One has flattered too much and lied too much, but one can only pass for an astrologer by dint of lying and flattering. There was made another where one had neither flattered nor lied less than the one you saw, but it was in such terrible and bad language that, out of pity, the one you saw was substituted for the another, who at least speaks honestly French, if he has nothing else good. For the poet, he is a fairly honest little Frenchman, who is secretary to Count Königsmark the Younger, who was ambassador to France, but I am wrong to speak to you for so long about such a trifle. I beg you in favour that other than you do not know the maker of the horoscope.
I can't wait to hear from Don Stefano, and I can't wait to know he's back.
I am sending you Adami's letter which will again let you know that there is no appearance of a Riksdag, and I am sure there will be none for this year.
I don't know what interest the French have in preventing me from going to Sweden, but you would be surprised if you knew the care taken by the resident of France here and the ambassador in Stockholm to dissuade me from doing so. They have employed all the care and artifices imaginable in it, and that is very suspect to me; and I think about it a lot of things that I dare not write. If I do not return to Rome, as I suppose, I will send you the Marquis del Monte as soon as possible, to give you lots of personal information on this subject, as well as on several others, because one has not left any talk to him and Texeira, and tell them things nobody dared say to me.
You will be astonished to see the letters that Santinelli and his wife write to me on the subject of their marriage, and I admire the effrontery of these kinds of people. It is said here that they are under the protection of the Duchess of Mantua. That's all I know about it.
There is great news here, which is the choice that the King of England made of Breda to treat peace. As for me, I hold it done, and all who are well informed of the King of England's need for peace are of my opinion. Time will make it known whether we are wrong or not.
I have nothing more to say to you, except to thank you for your holy admonitions: I will try to take advantage of it as much as I can, and if I succeed badly, as I believe, you will not. You just have to remember that the disease is incurable. Farewell.
P. S. — I forgot to tell you that Wrangel is quite ready to go one day to fight the Turk, if the opportunity arises, and I am telling you for him that he is a man who will go to the bottom of the world to seek war and glory to follow me; and if you have what I hope you will only have to order, and you will find people who will be delighted to die in such a fine enterprise; and it is the only victory for which I can answer. Success is in the hand of God, but at least one will go with an air of deserving to perish if one does not deserve to be successful.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Notes: amendement = Italianism for "amélioration".
The astrologer = a ballet character probably played by Pezza.
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