Saturday, December 25, 2021

Kristina's letter to the Governor General Jöran Gyllenstierna, dated March 26/April 5 (Old Style), 1678

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Manuscrits de la reine Christine; Lettere della regina ai suoi ministri; Lettere al governatore generale di Suezia; 11: Christine de Suède au gouverneur général, Rome, 26 mars 1678 (digitisation pages 8v-9r to 9v-10r)


Riksarkivet, pages 31 to 32 in Utgångna och ingångna skrivelser, Drottning Kristina d. y. (Christina Alexandra), Svenska drottningars arkivaliesamlingar i riksarkivet, Kungliga arkiv


Mémoires concernant Christine, volume 2, page 165, Johan Arckenholtz, 1751




The letter:

Rome 26 Mars 1678 —
Vous m'auéz rendu le plus agreable seruice, que Je pouuois receuoir dans l'estat, ou Je suis en m'enuoyant l'assignation que J'ay receu sur les subsides de france. Jl est vray que c'est peu de chose; mais cela vaut tousiours mieux que rien, et J'espere que Vous ne manqueréz pas de me faire tenir d'autres remises par la mesme voye, comme Je Vous commande de faire tous vos efforts afin de m'enuoyer le plus que Vous pourréz. Ce serà me faire connoistre v[ost]re zele, et fidelité par les effects, qui me satisfont mieux que les paroles: Ne Vous mettéz pas en peine de Thexeira, il ne peut se plaindre auec raison ny de moy, ny de Vous. Jl aurà tousiours comme Vous ditéz son interest ponctuellem[en]t payé, et receurà tousiours quelque petite chose sur le capital, qui peu à peu le diminuer[a], aussy est il asseuré que Je ne luy manqueray iamais, car J'aimerois mieux manger du pain sec, que de ne pas payer mes debtes, Je ne sçaurois m'engager a boir de l'eau, car Je n'ay beu autre chose en ma Vie, et quand J'aurois les thresors de Cresus, ie ne boirois iamais autrement, ainsy Vous ne deuéz pas auoir inquietude pour Thexeira car Je pense plus à luy, qu'à moy, et mes inquietudes sont uniquement mes debtes, car Je serois au desespoir de manquer à ceux, qui se sont fies à ma parole; mais si par le retour de Clairet ie reçois des fauorables responces de la Suede, comme Je l'espere, ie redresseray bientost mes affaires, et les remettray dans un meilleur estat, qu'il[s] n'ont encore esté. Je Vous recommande sa bonne, et prompte expedition, comme la chose du Monde qui m'importe le plus. Je Vous diray beaucoup des choses de plus, mais Je n'ose confier a la plume d'autres affaires dans l'estat ou sont les choses, ne sçachant pas quel destin aurà cette lettre, qui court risque de tomber en d'autres mains, ce qui me deplairoit fort s'il arriuoit. Cependant ne Vous mettéz plus en peine à me chercher un Secretaire. J'ay trouué icy un Jeune Suedois, qui est asséz à mon gré, et J'ay eu des plus malhabiles gens que luy, que J'ay fait devenir bons secretaires, car les deux Brobergs n'estoient rien quand ils sont uenus à mon seruice. Cependant Je les ay dressés tels qu'ils l'ont esté du depuis, mon destin estant de former non seullem[en]t la fortune, mais aussy l'esprit des hommes, qui me seruent. Ne Vous amuséz pas à escrire à Vassano pour affaires, c'est un temps perdu. Je ne luy donne nulle part en mes affaires, et il n'oseroit iamais me parler de rien. Escriuéz à moy mesme, et soyéz certain que pour Vous maintenir en mes bonnes graces dans le point ou Vous estes, il ne faut que m'enuoyer de l'argent, et me seruir fidellem[en]t car quoy qu'on puisse me dire pour, ou contre Vous, ce ne sont que Vos propres actions, et seruices, qui Vous peuuent rendre de bons, ou mauuais offices aupres de Moy, outre que V[os]tre interest est de me bien seruir, car si Je suis en estat de Vous faire des graces il n'y a rien que Je ne fasse pour Vous recompenser de Vos seruices mais quand Je n'ay rien, [Je] ne sçaurois rien donner. Depeschéz moy Clairet au plus tost et regléz moy un reuenu certain sur le quel ie puisse faire un estat asseuré, et laisséz moy faire. Cependant enuoyéz moy à l'aduenir tout l'argent que Vous pourréz auoir sur Adlercron[a], et enuoyéz les assignations droit à Moy: J'ayme mieux que Thex[eir]a depende de Moy, que de dependre de luy, d'autant plus qu'en conscience ie ne luy feray pas de tort, mais ie le satisferay ponctuellem[en]t, car J'aimerois mieux mourir que d'abbandoner, ou trahir un seruiteur, qui m'a seruy si fidellem[en]t tant d'années, mais quand il ne m'auroit seruie qu'un moment, cela suffiroit pour m'en faire souuenir eternellem[en]t. Ce sont des sentiments, auec les quels J'ay veseu toute ma Vie et qui moureront auec Moy, quand il plairà à Dieu. C'est pourquoy continuéz à me bien seruir, et fiéz Vous à Moy. Je me porte bien graces à Dieu, et si l'on Vous dirà iamais que ie suis morte, n'en croyéz rien iusques à ce qu'on Vous le fasse sçauoir de ma part; ditéz à ceux qui se sont reiouis en Suede de ma mort, qu'ils me font pitie en leur fausse ioye et asseuréz le[s] que pour m'en Venger J'auray une ueritable douleur quand la leur arriverà et que Je suis rauie de voir par des si belles experiences que la sage Nature a marqué nos ames à un coing si different.
Xst Alex

loriginal de la presente estoit escrit de ma propre main et ie vous enVoy ce Duplicat pour masseurer que que vn des deux Vous soit rendu

With modernised spelling:

Rome, 26 mars 1678 —
Vous m'avez rendu le plus agréable service que je pouvais recevoir, dans l'état où je suis, en m'envoyant l'assignation que j'ai reçu sur les subsides de France. Il est vrai que c'est peu de chose, mais cela vaut toujours mieux que rien; et j'espère que vous ne manquerez pas de me faire tenir d'autres remises par la même voie, comme je vous commande de faire tous vos efforts afin de m'envoyer le plus que vous pourrez. Ce sera me faire connaître votre zèle et fidélité par les effets qui me satisfont mieux que les paroles.

Ne vous mettez pas en peine de Texeira, il ne peut se plaindre avec raison ni de moi, ni de vous. Il aura toujours, comme vous dites, son intérêt ponctuellement payé et recevra toujours quelque petite chose sur le capital, qui peu à peu le diminuera; aussi est-il assuré que je ne lui manquerai jamais, car j'aimerais mieux manger du pain sec que de ne pas payer mes dettes. Je ne saurais m'engager à boire de l'eau, car je n'ai bu autre chose en ma vie; et quand j'aurais les trésors de Crésus, je ne boirais jamais autrement.

Ainsi vous ne devez pas avoir inquiétude pour Texeira, car je pense plus à lui qu'à moi, et mes inquiétudes sont uniquement mes dettes, car je serais au désespoir de manquer à ceux qui se sont fiés à ma parole; mais si, par le retour de Clairet, je reçois de favorables réponses de la Suède, comme je l'espère, je redresserai bientôt mes affaires et les remettrai dans un meilleur état qu'ils n'ont encore été. Je vous recommande sa bonne et prompte expédition comme la chose du monde qui m'importe le plus. Je vous dirai beaucoup de choses de plus, mais je n'ose confier à la plume d'autres affaires dans l'état où sont les choses, ne sachant pas quel destin aura cette lettre, qui court risque de tomber en d'autres mains, ce qui me déplairait fort s'il arrivait.

Cependant, ne vous mettez plus en peine à me chercher un secrétaire. J'ai trouvé ici un jeune Suédois qui est assez à mon gré, et j'ai eu des plus malhabiles gens que lui que j'ai fait devenir bons secrétaires, car les deux Brobergs n'étaient rien quand ils sont venus à mon service. Cependant, je les ai dressés tels qu'ils l'ont été du depuis, mon destin étant de former non seulement la fortune, mais aussi l'esprit des hommes qui me servent.

Ne vous amusez pas à écrire à Wasenau pour affaires, c'est un temps perdu. Je ne lui donne nulle part en mes affaires, et il n'oserait jamais me parler de rien. Écrivez à moi-même, et soyez certain que pour vous maintenir en mes bonnes grâces dans le point où vous êtes. Il ne faut que m'envoyer de l'argent et me servir fidèlement, car, quoiqu'on puisse me dire pour ou contre vous, ce ne sont que vos propres actions et services qui vous peuvent rendre de bons ou mauvais offices auprès de moi, outre que votre intérêt est de me bien servir. Car, si je suis en état de vous faire des grâces, il n'y a rien que je ne fasse pour vous récompenser de vos services; mais quand je n'ai rien, [je] ne saurais rien donner.

Dépêchez-moi Clairet au plus tôt, et régléz-moi un revenu certain, sur lequel je puisse faire un état assuré, et laissez-moi faire. Cependant, envoyez-moi à l'avenir tout l'argent que vous pourrez avoir sur Adlercrona, et envoyez les assignations droit à moi. J'aime mieux que Texeira dépende de moi que de dépendre de lui, d'autant plus qu'en conscience je ne lui ferai pas de tort, mais je le satisferai ponctuellement, car j'aimerais mieux mourir que d'abandonner ou trahir un serviteur qui m'a servi si fidèllement tant d'années. Mais quand il ne m'aurait servie qu'un moment, cela suffirait pour m'en faire souvenir éternellement. Ce sont des sentiments avec lesquels j'ai véçu toute ma vie et qui mourront avec moi quand il plaira à Dieu. C'est pourquoi continuez à me bien servir, et fiez-vous à moi.

Je me porte bien, grâces à Dieu, et si l'on vous dira jamais que je suis morte, n'en croyez rien jusqu'à ce qu'on vous le fasse savoir de ma part. Dites à ceux qui se sont réjouis en Suède de ma mort qu'ils me font pitié en leur fausse joie, et assurez-les que, pour m'en venger, j'aurai une véritable douleur quand la leur arrivera, et que je suis ravie de voir par des si belles expériences que la sage nature a marqué nos âmes à un coin si différent.
Xst. Alex.

L'original de la présente était écrit de ma propre main, et je vous envoie ce duplicat pour m'assurer que [l']un des deux vous soit rendu.

Arckenholtz's transcript of the letter:

Monsieur le Gouverneur Général. Vous m'avez rendu le plus agréable service que je pouvois recevoir dans l'état où je suis, en m'envoïant l'Assignation que j'ai reçuë sur les subsides de France. Il est vrai que c'est peu de chose, mais cela vaut toûjours mieux que rien, & j'espère que vous ne manquerez pas de me faire tenir d'autres Remises par la même voïe, comme je vous commande de faire tous vos efforts afin de m'envoïer le plus que vous pourrez. Ce sera me faire connoitre votre zèle & fidélité par les effèts, qui me satisfont mieux que les paroles. Ne vous mettez pas en peine de Texeira; il ne peut se plaindre avec raison, ni de moi, ni de vous. Il aura toûjours, comme vous dites, son intérêt ponctuellement païé, & reçevra toûjours quelque petite chose sur le Capital, qui peu à peu le diminuera; aussi est-il assuré que je ne lui manquerois jamais, car j'aimerois mieux manger du pain sec, que de ne pas païer mes dettes; Je ne saurois m'engager à boire de l'eau, car je n'ai bû autre en ma vie, & quand j'aurois les Trésors de Crœsus, je ne boirois jamais autrement; ainsi vous ne devez pas avoir de l'inquiétude pour Texeira, car je pense plus à lui, qu'à moi, & mes inquiétudes sont uniquement mes dettes, car je serois au désespoir de manquer à ceux qui se sont fiez à ma parole; mais si par le retour de Clairet je reçois de favorables réponses de la Suède, comme je l'espère; je redresserai bientôt mes affaires, & les mettrai dans un meilleur état qu'elles n'ont encore été. Je vous recommande sa bonne & prompte expédition, comme la chose du monde qui m'importe le plus. Je vous dirois beaucoup de choses de plus, mais je n'ose confier à la plume d'autres affaires dans l'état où sont les choses, ne sachant pas quel destin aura cette lettre qui court risque de tomber en d'autres mains, ce qui me déplairoit fort s'il arrivoit. Cependant, ne vous mettez plus en peine à me chercher un Sécrétaire. J'ai trouvé ici un jeune Suédois qui est assez à mon gré, & j'ai eu de plus malhabiles gens que lui, que j'ai fait devenir bons Sécrétaires, car les deux Brobergs n'étoient rien quand ils sont venus à mon service; cependant je les ai dressés tels qu'ils l'ont été du depuis, mon destin étant, de faire non seulement la fortune, mais aussi de former l'esprit des hommes qui me servent. Ne vous amusez pas à écrire à Vasano pour affaires; c'est un tems perdu. Je ne lui donne nulle part en mes affaires, & il n'oseroit jamais me parler de rien. Ecrivez à moi-même, & soïez certain que pour vous maintenir en mes bonnes graces dans le point où vous êtes, il ne faut que m'envoïer de l'argent & me servir fidellement, car quoiqu'on puisse me dire pour ou contre vous, ce ne sont que vos propres actions & services qui vous peuvent rendre de bons ou mauvais offices auprès de moi, outre que votre intérêt est de me bien servir, car si je suis en état de vous faire des graces, il n'y a rien que je ne fasse pour vous récompenser de vos services; mais quand je n'ai rien, je ne saurois rien donner. Dépêchez moi Clairet au plûtôt & réglez moi un revenu certain sur lequel je puisse faire un état assuré, & laissez moi faire. Cependant envoïez moi à l'avenir tout l'argent que vous pourrez avoir sur Adlercrona & envoïez les Assignations droit à moi. J'aime mieux que Texeira dépende de moi, que de dépendre de lui, d'autant plus qu'en consçience je ne lui ferai pas de tort, mais que je le satisferai ponctuellement, car j'aimerois mieux mourir que d'abandonner ou trahir un serviteur qui m'a servi si fidellement tant d'années, mais quand il ne m'auroit servi qu'un moment, cela suffiroit pour m'en faire souvenir éternellement. Ce sont des sentimens avec lesquels j'ai vécu toute ma vie & qui mourront avec moi, quand il plaira à Dieu. C'est pourquoi continuez à me bien servir, & fiez-vous à moi. Je me porte bien, graces à Dieu, & si l'on vous dit jamais que je suis morte, n'en croïez rien, jusqu'à ce qu'on vous le fasse savoir de ma part, dites à ceux qui se sont réjouis en Suède de ma mort, qu'ils me font pitié en leur fausse joïe, & assurez-les, que pour m'en vanger, j'aurai une véritable douleur quand la leur arrivera, & que je suis ravie de voir, par de si belles expériences, que la sage nature a marqué nos ames à un coin si différent. à Rome, le 26 Mars 1678.
CHRISTINE ALEXANDRA.

Apostille de la propre main de la Reine.
L'original de la présente étoit écrit de ma propre main, & je vous envoïe ce Duplicat, pour m'assurer que l'un des deux vous soit rendu.

English translation (my own):

Sir Governor General,
You have rendered me the most pleasant service that I could receive in the state in which I am, by sending me the summons which I received on the subsidies from France. It is true that it is little, but it is always better than nothing, and I hope that you will not fail to make me hold other discounts by the same way, as I command you to make all your efforts in order to send me as much as you can. It will be to make me know your zeal and fidelity by these effects, which satisfy me better than words. Don't worry about Texeira; he cannot complain with reason, neither about me nor about you. He will always have, as you say, his interest punctually paid, and will always receive something small on the capital, which will gradually diminish it; so he is certain that he will never fail me, for I would rather eat dry bread than not pay my debts. I could not undertake to drink water, for I have drunk no other thing in my life, and when I have the treasures of Crœsus, I would never drink otherwise; so you must not be worried about Texeira, for I think of him more than of me, and my worries are only my debts, for I would be in despair to fail those who trusted my word. But if by Clairet's return I receive favourable responses from Sweden, as I hope, I will soon straighten out my things, and put them in a better condition than they have yet been. I recommend to you its good and prompt dispatch as the thing in the world which matters most to me. I would tell you many more things, but I dare not confide to the plume other matters as they are, not knowing what fate will have in store for this letter which runs the risk of falling into other hands, which would greatly displease me if it happened. In the meantime, don't bother looking for a secretary any longer. I have found a young Swede here who is quite enough for me, and I have had more clumsy people than he, whom I have made to become good secretaries, for the two Brobergs were nothing when they came into my service; however, I have trained them as they have since been, my destiny being, not only to make fortune, but also to form the minds of the men who serve me.

Don't bother writing to Vasano on affairs; it is a lost time. I give him nowhere in my business, and he would never dare talk to me about anything. Write to me myself, and be sure that in order to keep you in my good graces in the point where you are, all you have to do is send me money and serve me loyally, because whatever can be said to me for or against you, it is only your own actions and services that can do you good or bad offices with me; besides, your interest is to serve me well. Because if I am in a position to give you graces, there is nothing I won't do to reward you for your services; but when I have nothing, I cannot give anything. Instead, hurry Clairet and pay me a certain income on which I can make an assured state, and let me do it. In the meantime, send me in future all the money you may have on Adlercrona and send the summons straight to me. I like it better that Texeira depends on me than to depend on him, especially since in conscience I will not harm him, but that I will satisfy him punctually, because I would rather die than give up or betray a servant who served me so faithfully for so many years, but when he had only served me for a moment, that would be enough to make me remember it forever. These are feelings that I have lived with all my life and that will die with me whenever it pleases God. That is why you must continue to serve me well; and trust me. I am well, thanks be to God; and if you are ever told that I am dead, do not believe it until it is made known to you from me. Tell those who rejoiced in Sweden of my death, let them pity me in their false joy, and assure them that to be vindicated, I will have a real pain when it happens to them, and that I am delighted to see, for so beautiful experiences, that wise nature has marked our souls in such a different corner.
Rome, March 26, 1678.
Kristina Alexandra.

The original of this letter was written in my own hand, and I am sending you this duplicate to ensure that one of them is returned to you.

Swedish translation of the original (my own):

Rom, den 26 mars 1678. —
Ni har gjort mig den mest angenäma tjänst som jag kunde få, i det tillstånd där jag befinner mig, genom att skicka mig uppdraget som jag har fått från Frankrikes subventioner. Det är sant att det är en liten sak, men det är alltid bättre än ingenting; och jag hoppas att Ni inte kommer att underlåta att skicka mig andra remitteringar på samma sätt, ty jag befaller Er att göra Ert yttersta för att skicka mig så mycket Ni kan. Det kommer att få mig att känna Er iver och trohet genom de effekter som tillfredsställer mig bättre än orden.

Oroa Er inte för Texeira, han kan inte med rätta klaga på mig eller Er. Han skall alltid få, som Ni säger, sin ränta punktligt betald och kommer alltid att få ett litet belopp på kapitalet, vilket gradvis kommer att minska det; så han är säker på att han aldrig kommer att sakna mig, ty jag äter hellre torrt bröd än att inte betala mina skulder. Jag kan inte lova att dricka vatten, ty jag har inte druckit något annat i mitt liv; och om jag hade Krösos skatter, skulle jag aldrig dricka annars.

Så Ni behöver inte vara orolig för Texeira, ty jag tänker på honom mer än på mig själv, och mina bekymmer är bara mina skulder, ty jag skulle vara förtvivlad om jag svikit dem som litade på mitt ord; men om jag genom Clairets återkomst får gynnsamma svar från Sverige, som jag hoppas, så kommer jag snart att rätta till mina angelägenheter och återställa dem till ett bättre skick än de ännu har varit i. Jag lovordar dess goda och snabba sändning till Er som det i världen som betyder mest för mig. Jag kommer gärna att berätta många fler saker för Er, men jag vågar inte anförtro åt pennan andra saker i det tillstånd som saker är i, utan att veta vilket öde detta brev kommer att få, som riskerar att hamna i andra händer, vilket skulle misshaga mig mycket om det hände.

Emellertid, gör Er inte några ytterligare besvär för att finna en sekreterare till mig. Jag har här funnit en ung svensk som är alldeles i min smak, och jag har haft klumpigare människor än honom, som jag har gjort till goda sekreterare, eftersom de båda Brobergarna var ingenting när de kom i min tjänst. Emellertid har jag tämjt dem som de har varit sedan dess, mitt öde är att bilda inte bara lyckorna utan också sinnena hos de män som tjänar mig.

Bry Er inte om att skriva till Wasenau om affärer, det är slöseri med tid. Jag ger honom ingen del i mina angelägenheter, och han skulle aldrig våga tala med mig om någonting som helst. Skriv till mig och var säker på att hålla Er i mina goda nåder som du är i. Ni behöver bara skicka mig pengar och tjäna mig troget; för vad man än kan säga till mig för eller emot Er, det är bara Era egna handlingar och tjänster som kan ge Er goda eller dåliga tjänster hos mig, förutom att Ert intresse är ju att tjäna mig väl. Ty om jag är i stånd att göra Er nåd, finns det ingenting som jag inte kommer att göra för att belöna Er för Era tjänster; men när jag inte har något kan jag ju inte ge något.

Skicka Clairet till mig så snart som möjligt och betala mig en viss inkomst som jag kan göra en säker stat på, och lämna resten till mig. Emellertid, sänd mig alla pengar Ni kan ha på Adlercrona i framtiden, och skicka uppdragen direkt till mig. Jag föredrar att Texeira är beroende av mig än att jag är beroende av honom, särskilt eftersom jag av samvete inte kommer att skada honom, men jag skall tillfredsställa honom punktligt, eftersom jag hellre skulle dö än att överge eller förråda en tjänare som har tjänat mig så troget för så många år. Men om han bara tjänade mig även ett ögonblick, skulle det ändå räcka för att få mig att minnas det för alltid. De här är känslorna som jag har levt med i hela mitt liv, och de skall dö med mig närhelst det behagar Gud. Fortsätt därför att tjäna mig väl och lita på mig.

Jag mår bra, Gudi lov, och om någon någonsin säger Er att jag är död, tro det inte förrän Ni hör det från mig. Säg till dem som gladde sig i Sverige vid min död att jag tycker synd om dem i deras falska glädje, och försäkra dem att jag, för att hämnas mig, kommer att få verklig smärta när det händer dem, och att jag glädjas åt att se genom så vackra upplevelser som den kloka naturen har ju präglat våra själar i ett så annorlunda hörn.
Xst. Alex.

Originalet av detta skrevs i min egen hand, och jag sänder Er denna dubblett för att säkerställa att en av de två sändas tillbaka till Er.

English translation of the original (my own):

Rome, March 26, 1678. —
You have done me the most agreeable service that I could receive, in the state in which I am, by sending me the assignation that I have received from the subsidies of France. It is true that it is a small thing, but it is always better than nothing; and I hope that you will not fail to send me other remittances by the same means, as I command you to do your utmost to send me as much as you can. It will make me know your zeal and fidelity by the effects which satisfy me better than the words.

Don't worry about Texeira, he cannot justly complain about me or you. He will always have, as you say, his interest punctually paid and will always receive a small amount on the capital, which will gradually diminish it; so he is assured that he will never miss me, because I would rather eat dry bread than not pay my debts. I cannot promise to drink water, because I have not drunk anything else in my life; and if I had the treasures of Croesus, I would never drink otherwise.

So you need not be worried about Texeira, for I think of him more than of myself, and my worries are only my debts, for I would be in despair if I failed those who trusted my word; but if, by Clairet's return, I receive favourable replies from Sweden, as I hope, I will soon straighten out my affairs and restore them to a better state than they have yet been in. I commend its good and prompt despatch to you as the thing in the world that matters the most to me. I will tell you many more things, but I dare not confide to the pen other matters in the state in which things are, not knowing what fate this letter will have, which runs the risk of falling into other hands, which would displease me very much if it happened.

In the meantime, do not go to any further trouble to find me a secretary. I have found here a young Swede here who is quite to my liking, and I have had clumsier people than him whom I have made become good secretaries, because the two Brobergs were nothing when they came into my service. In the meantime, I have tamed them as they have since been, my destiny being to form not only the fortune, but also the minds of the men who serve me.

Don't bother writing to Wasenau on affairs, it's a waste of time. I don't give him any part in my affairs, and he would never dare talk to me about anything. Write to me, and be sure that to keep yourself in the good graces of mine which you are in. You only need to send me money and serve me faithfully; for, whatever may be said to me for or against you, it is only your own actions and services that can render you good or bad services with me, other than that your interest is to serve me well. For, if I am in a position to do you graces, there is nothing that I will not do to reward you for your services; but when I have nothing, I cannot give anything.

Despatch Clairet to me as soon as possible, and pay me a certain income on which I can make an assured state, and leave the rest to me. In the meantime, send me any money you may have on Adlercrona in the future, and send the assignations straight to me. I prefer that Texeira depend on me than me depend on him, especially since in conscience I will not harm him, but I shall satisfy him punctually, because I would rather die than abandon or betray a servant who has served me so faithfully for so many years. But if he only served me for a moment, it would be enough to make me remember it forever. These are feelings that I have lived with all my life, and they will die with me whenever it pleases God. Therefore, continue to serve me well, and trust me.

I am doing well, thank God, and if you are ever be told that I am dead, don't believe it until you hear it from me. Tell those who rejoiced in Sweden at my death that I pity them in their false joy, and assure them that, to avenge myself, I will have real pain when it happens to them, and that I am delighted to see through such beautiful experiences that wise nature has marked our souls in such a different corner.
Xst. Alex.

The original of this was written in my own hand, and I am sending you this duplicate to ensure that one of the two is returned to you.


Above: Kristina.


Above: Jöran Gyllenstierna.

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