Sources:
Recueil de quelques pièces curieuses: servant à l'esclaircissement de l'histoire de la vie de la reyne Christine, ensemble plusieurs voyages qu'elle à faites, pages 38 to 58, published by Pierre de Marteau, 1668
Histoire de la Vie de la Reyne Christine de Suede, avec un veritable recit du Sejour de la Reyne à Rome, et la Defense du Marquis Monaldeschi contre la Reyne de Suede, pages 38 to 58, published by Jean Plein-de-Courage, 1678
Suite des lettres particulières, volume 6, page 269, published by Treuttel and Würtz, 1806
10. Persistent rumour: Christina's Jewish lesbian courtesan, at Research; I. Faults and fabrications; VIA CHRISTINA — Het boek/The book, by Frans Godfroy at historischeroutes.nl
The letter:
COPIE
D'une Lettre escritte
DE
Bruxelles à la Haye,
Touchant
LA REYNE DE SUEDE.
Puisque vous n'avez pû estre le temoin de la mervielleuse conduite, que la Reine Christine a fait parêtre dans ce païs cy, & que vos affaires vous ont retenu plus long temps, que vous n'avez crû, je ne refuse point de satisfaire à toutes les curieuses demandes, qui sont dans vostre lettre, & de vous informer de toutes les choses que vous desirez sçavoir: mais comme vous pretendez que je vous escrive avec sincerité, je pretens aussy que vous ne communiquerez, ce que je vous manderay, qu'a des gens dont la discretion vous soit connûe.
Sachez donc que la Reyne, dont on à tant parlé, n'est redevable de sa réputation, qu'a la seule ignorance, & aux lasches complaisances de ceux, qui la voudroient faire passer pour la merveille du siecle, elle n'a aucune qualité digne de la moindre loüange qu'on luy à donnée, elle n'a rien dans sa personne, qui ne soit ridicule; & de toutes les creatures, que l'on à jamais veües, c'est la plus extravagante.
Sa taille est tout a fait irreguliere, elle est voutée, elle à une hanche hors d'architecture; elle boitte & cela ne luy sied pas bien, elle à le nez plus long que le pied, elle a les yeux assez beaux, mais elle n'a pas la vüe bonne, elle rit de si mauvaise grace, que son visage se ride comme un morceau de bazanne, que l'on met sur les charbons, elle a l'un teton plus bas que l'autre de demy pied, & si enfoncé sous l'espaule, qu'il semble qu'elle ait la moitié de la gorge releveé en bosse & l'autre en platte peinture, elle n'a pas la bouche laide pourveu qu'elle ne rie point, elle n'a pas beaucoup de soin de ses dents, qui sont assez infidelles de leur naturel. Ce que l'on nous dit pourtant de son halaine, n'est pas veritable, car elle ne put pas jusques à faire mourir ceux qui sont aupres d'elle, mais elle put assez honnestement, pour obliger ceux qui s'an approchent a se precautionner, & a parer de la main, on dit qu'autrefois elle avoit les cheveux admirablement beaux, mais de puis qu'elle les a fait couper pour faire le métier de vagabonde, elle à pris une peruque noire, a fin de plairé a son Pimentel.
La maniere dont elle est habillée, n'est pas moins extraordinaire, que celle de sa personne; Car pour se distinguer de celles de ce sexe, elle porte des juppes fort courtes, avec un iust au corps, un chapeau, un colet d'homme, ou un mouchoir qu'elle noüe comme un Cavalier qui va en party, & quand elle met une cravate, comme les Dames ont accoustumé de porter, elle ne laisse pas de fermer la chemisse jusques au menton, & de porter un petit colet d'Homme avec des manchettes telles que nous les portons, en sorte que la voyant marcher avec sa peruque noire, sa juppe courte, sa gorge fermée, & son espaule elevé, on diroit que c'est un singe, que l'on c'est ainsi deguisé pour divertir la Compagnie. Les qualitez de son Esprit ne meritent pas plus de loüanges que le reste de sa personne, elle s'est estudiée a apprendre de méchantes qualitez, & de miserables pointes de vendeur de beaume, dont elle a fait des lieux communs, & quand elle a dit une extravagance elle rit la premiere, & aplaudit à soy mesme comme si elle avoit dit un bon mot; mais malheureusement pour elle, les gens bien sensez ne sont pas de son advis. Elle scait par cœur les plus sales passages de Petronius Arbiter, & les vers les plus dissolus de Martialis. Elle parle de la sodomie avec plus d'effronterie, que si elle en avoit fait leçon dans le Golisée à Rome: & tous les Italiens qui l'entendent sur le chapitre là, dicent qu'elle à eu raison de quitter la Couronne de Suede, où les habitans sont trop grossiers pour chercher & gouter toutes les delicatesses de la chair, & qu'il faut qu'elle aille se faire couronner dans sodome.
On luy à fait à croire, qu'elle estoit sçavante, & elle se l'est laislëe persuader, & c'est par là, qu'un tas de pedans se sont introduits dans sa cour, elle à fait paroistre sa legereté en toutes sortes des choses, car elle voulôit en aprendre cent à la fois, & à peine avoit elle la premiere teinture de l'une, que s'imaginent estre plus habile que les Maistres, elle s'appliquoit incontinent à une autre, & de tout ce qu'elle à appris, elle en à fait un espece de Gallimatias de pedenterie, qui la rend beaucoup plus ridicule, que si elle n'avoit jamais estudié. Elle n'a point de religion, & l'Atheisme, dont elle faisoit profession publiquement en Suede, avoit donné à tous ses sujets tant d'aversion pour elle, qu'ils estoit sur le point de la chasser, si elle n'eut prevenu cette infamie par un faux mépris de la grandeur, car il est certain, qu'elle à voulu se faire honneur de la nécessité.
La vie scandaleuse qu'elle menoit, avoit revolté tous les esprits contre elle, & ses impudicitez honteuses donnoient à tout le monde de l'horreur pour sa personne.
Le Medecin Bourdelot homme a ce qu'on dit assez ignorant dans son métier, mais athée & fourbe de profession, n'a fait sa fortune aupres d'elle, que pour luy avoir donné les moyens de supprimer les effects de ses lascivitez: & un autre Chirurgien nommè Sorreau, qui demeure presentement a Wormes, a esté aussy bien recompensé pour luy avoir rendu le mesme service: Car çelon la vie quelle a menée, & qu'elle méne encor a present, elle a souvent besoin de telles gens.
Vous avez bien sçeu de quelle façon elle vient de Suede en Allemagne, elle n'avoit pas une femme avec elle, & se faisoit donner la chemise, & quelque chose au dela par des valets de chambre, elle devint amoureuse d'une Juive, qu'elle menoit publiquement dans son carosse, & qu'elle faisoit coucher quelques fois avec elle. Car elle est une des plus ribaudes triballes dont on ait jamais ouy parler. Et pendant qu'elle a fait icy son residence, on luy a veu mettre la main sous la juppe des femmes, & leur prendre les cas reservez ordinairement aux maris, de sorte que les dames avoient peine à se resoudre de mener leurs filles chez elle. Madame de [la] Cueva, dont je vous parleray dans la suitte de cette lettre, luy a souvent passé par les mains, & l'on tient pour certain, qu'elle luy a servi de succube. Il n'y a point de charetier dans tout le Brabant, qui jure si furieusement qu'elle fait, & la plus effrontée maquerelle qui soit au monde rougiroit en luy entendant dire les mots de bordel, qu'elle a continuellement dans la bouche: enfin sa vie, & ses actions sont si scandaleuses, que ce n'est pas faire un jugement temeraire de croire, que le sejour qu'elle a fait icy nous a attiré tous nos malheurs: & il n'y a personne qui ne s'estonne que le Roy non seulement la souffre dans ses Estats, mais luy entretient des estalons, & des macquereaux, & que nous ayons ordre de la respecter comme si elle estoit nostre Reyne. y a'[t]il rien de si ridicule que l'Ambassade de Pimentel? & n'est-ce pas avec raison que tous les fidelles sujets du Roy rougissent de voir un caractere si digne de respect profane & avily en la personne d'un Cancre Espagnol, qui a pris le nom de Pimentel, parce qu'il l'a trouvé plus honorable que le sien, & qui a vû tous les estrangers qui sont icy, & tout ce qu'il y a des Gens d'honneur luy rire au nez, quand ils le voyoient passer, ne croyans pas que ce fut un vray Ambassadeur. On l'a eú couvert devant Monsieur l'Archiduc, & la pieté, & la bonté de ce Prince ont servy de matiere aux insolentes railleries de cette Vagabonde & de son Chevalier, ce n'est pas sans raison, qu'il est ainsi appellé, vous sçavez qu'il a l'ordre d'Amarante, nous avons apris qu'elle a esté l'institution de cet ordre.
La bonne Reyne estant à Stockholm en belle humeur de prendre du plaisir, & de s'en faire donner, ordonna a Pimentel de se mettre en estat de la satisfaire, apres avoir corrigé par des bons parfums l'ail, qui luy sert ordinairement de pastilles de bouche, il fit une grande collation de chocolate, pistache, poivre blanc, & autres denrées servants aux institutions d'Amarante, & tout cela opera si bien que la vertueuse Princesse le trouva bon. Elle voulut en memoire du deduit, que l'on mit dans la medaille de sa Chevallerie deux A. A. dont l'un signifioit AMARANTE, & l'autre ANTHONIO, qui est le nom du Compagnon, avec ces mots.
DOLCE ES LA MEMORIA.
Pour faire voir qu'elle n'estoit pas ingrate, mais qu'elle se resouvenoit du bien qu'on luy avoit fait. Ceux qui nous ont dit, que Monsieur l'Internonce qui est icy, & que les plus sages Religieux ont fait avec luy des plaintes souvent à nos Ministres de la vie scandaleuse de cette Reyne, nous ont dit vray, & nous nous sommes fort estonnez de ce qu'on ne l'a pas chassée comme une impie: que diront les peuples estrangers, quand ils sçauront, que nostre Roy a souffert dans ses Estats une extravagante, qui faisoit profession de libertinage, & qui a fait honte aux plus debauchez? quels reproches ne fera t'on pas justement a la Maison d'Austriche? & ne pourra t'on pas dire, que les considerations humaines quoy que foibles ont esté plus puissantes, que celles de l'honneur qui est dû a Dieu? est il possible que sa Majesté n'ait point esté informée des abominables discours, qu'elle a tenu de la sainte Vierge? un jour entre autres, voyant la jeune Comtesse de GRIMBERGE, qui estoit grosse, «par Dieu» [dit elle] «La bonne Vierge Marie nous eut bien embarassée, si elle eut autant fait d'enfans que cette Princesse, car elle n'en a fait qu'un, dont nous ne sçavons que faire.» Peut on dire de Blasphemes plus execrables que celuy la? un[e] autre fois estant dans un convent de Jesuites, en se promenant avec le Recteur, elle vit une Image de la Vierge fort bien faite, & elle dit en mesme temps au bon Pere: «Quand vous voyez cette belle Peinture, Pere, ne vous prend il pas envie de vous rejouir?» cette honteuse demande fit rougir ce bon Religieux, qui luy respondit, «Madame une telle image inspire de la devotion, & nous fortifie contre le Sathan,» La Reyne luy repliqua, «j'en scay la raison, bon homme, pour quoy les Femmes n'ont point grand pouvoir sur ceux de vostre ordre, c'est que vous vous appliquez au derriere de vos jeunes Escoliers?» Quelle creature abandonnée en pourroit dire d'avantage? il vous foudroit faire un volume, si je voulois vous escrire toutes ses impietez; qu'il vous suffice de sçavoir, que jamais le Monde n'a produit un monstre si salle, ny si digne d'estre en execration à tout ce qu'il y à des Chrestiens, & de gens d'honneur, & que la retraite que sa Majestè luy a donnée dans ses estats, sera la cause de tous les fleaux, dont Dieu les chastiera, si sa divine Majesté n'est touchée par le repentir, que le Roy doit faire paroistre d'avoir adjouté trop de foy aux conseils de ceux, qui ont abusè de sa genereuse bonté.
Vous voulez, que je vous mande, quel peut estre le dessein de son Voyage d'Italie. Je vous diray franchement ce que j'en ay appris par des personnes, qui ont part a la confidence de ceux, qui sont le mieux avec elle. Le Conseil de Suede ayant fait des remontrances au Roy sur la vie licentieuse de la Reyne Christine, & sur la honte que toute la Nation reçoit, & a de voir la fille du grand Gustave prostituèe infamement a un miserable Espagnol, apres qu'elle court de Province en Province, l'invitant de retourner en Suede, & de donner cette satisfaction, qui la conjuroit par le soin qu'elle estoit obligée d'avoir de sa reputation, & de faire cesser par son retour tous les bruits, qui se repandoient par tout le monde du grand des-advantage de son honneur. Elle mit l'affaire en deliberation avec Don ANTONIO PIMENTEL, qui luy fit aisement croire que si elle retournoit en Suede, on ne manqueroit pas de la renfermer, & de prendre pretexte de ne luy pas payer sa pension, qu'elle s'est reservée, & comme le refus de retourner en Suede de la jettoit dans le mesme inconvenient, il luy proposa de se faire Catholique, que le Roy [d'Espagne], qui a plus de passion pour la grandeur de la Religion, que pour celle de ses Estats, ne manqueroit pas de luy faire beaucoup plus de bien, il adjouta, qu'il avoit conferè depuis quelque temps avec le Comte de Fuensaldaigne de moyens de pourter l'esprit du Roy à la faire Gouvernante des Pays bas, & que le dit Comte demeurant sous elle en la mesme charge, qu'il a sous l'Archiduc, elle pouvoit s'assurer d'avoir le mesme pouvoir que la feüe Infante, & qu'ayant une aussuy belle Cour, qu'avoit eu cette Princesse, elle s'apercevroit bien tost qu'elle n'avoit pas perdu grande chose, en perdant la Couronne de Suede, puis qu'elle recevroit une authorité absolüe dans vn Pays, dont la moindre Ville valoit mieux que tout le Royaume du Nord.
L'Amour du libertinage, l'apprehension d'estre renfermée, et l'espoir de l'authorité, dont on la flattoit, la firent resoudre à suivre le Conseil de Pimentel, au quel elle dit: «au fait de Religion (par Dieu) il ne m'importe guere de croire ce que disent vos moines, où ce que disent nos Ministres, je bailleray tousjours le Choix à qui voudrà, apres tout j'ay ouy dire que les Cordeliers estoient bons Compagnons, & que vos femmes s'en trouvent mieux, que les nostres de leurs Ministres.» Voila la premiere disposition, qu'elle apporta à sa conversion; mais parce que Pimentel, qui connoit le foible de cette Princesse, qui n'a jamais rien fait que par ostentation, avoit en mesme temps envie de se voir sur le plus grand Theatre du Monde avec le Charactere d'ambassadeur, il luy persuade d'aller faire son abjuration dans la Capitale Ville de la Chrestienté entre les mains du Pape, qui à cette consideration, luy feroit vne reception magnifique. Pour cela il fallut escrire en Espagne, surprendre sa Majesté & ses ministres & faire entendre qu'il y alloit de l'honneur du Roy de contribuer en quelque chose à sa conversion, où du moins à l'apparence d'vn changement de Religion de la Reyne Christine, elle escrivit de son costé, afin que l'on donnat ordre a Pimentel de l'accompagner par tout en qualité d'Ambassadeur, & parce qu'il n'estoit pas bien seant, qu'elle fit ce voyage sans femmes & sans train, comme elle avoit fait celuy de Suede en Flandre: Pimentel voulut prendre occasion d'obliger son Amy Antonio ........ qu'on appelle autrement (con licenza de los superiores) Don Anthonio de la Cueva, le retirant de l'armée, où nature patissoit beaucoup en sa personne: Il persuade à la Reyne d'escrire en Espagne, afin d'avoir vn ordre du Roy, par lequel il fut enjoint a ce Don pretendu de la Cueva & a sa Femme ne faire le voyage d'Italie avec la Reyne Christine; Cet ordre a esté envoyé, avec un mandement pour un ....... pour ce brave Officier, qui a bien eu de la peine a quitter le service du Roy dans la pressante necessité de ses affaires, Car l'Aleaqueste Major du regiment Royal de son A. R. du Cardinal Infant, & du Comte de Fuensaldaigne étant pour un dignement à la charge de Lieutenant General de la Cavallerie, qu'il a tousjours assez heureusement exercée aux eaux d'Aspa, il jugeoit bien que quitter l'employ, ce seroit en quelque façon perdre la fortune: mais Pimentel luy a fait entendre, que le service du Roy pouvoit se faire sans luy, & qu'il feroit tousjours en voyageant sa premiere fonction d'Alaqueste, pour en recompense de la quelle la Reyne Christine escriroit en sa faveur comme elle avoit fait depuis peu pour luy, conjointement avec le Comte de Fuensaldaigne, pour le remettre à la place du Comte Garcié, par la mort du quel la charge de maistre de Camp general est vacante. La Reyne a honoré ce Don de la Cueva de celle d'intendant de son equipage, & Madame de la Cueva de celle de Camerera, mais avec promesse de l'y maintenir, lors qu'elle seroit gouvernante des Pays bas, à son retour d'Italie: mais cette Dame n'a pas esté satisfaite, car on luy avoit fait esperer, que l'on feroit aussy venir vn ordre de Madrid pour le Baron d'Arquien, qui est comme vous sçavez son Pimentel, qui de son costé s'ennuye fort dans les dangers & qui sauf le respect qui est dû à son merite, est vn des officiers de toute nostre Armée, que sans faire tort au service du Roy, sa majestè pouvoit donner à la Reyne Christine, pour grossir son Equipage.
Voila tout ce qu'on dit icy du voyage de cette Reyne, & voila à quoy ont abouty toutes les negociations de l'Ambassadeur Pimentel, & le fruit, qui nous revient de toutes les despenses qu'on à faites pour la Reine Amarante & son Chevalier tandis que nous sommes dans une furieuse necessité d'argent, & que nous n'avons pas de quoy satisfaire aux troupes qui nous servent.
Vous ferez, s'il vous plaist, reflexion à loisir sur la conduite de nos Ministres, qui trompent le Roy pour leurs intrests particuliers, & vous jugerez si Pimentel à la mine de travailler plutost pour la propagation de la Foy, que pour celle de l'espée, si pour aller souvent à la breche où il va, il merite la charge de Maistre de Camp general, si tout ce qu'il y a d'officiers serviront sans murmurer, si Don Lovis d'Haro est si aveugle que d'avoir cette complaisance pour le comte de Fuensaldaigne, dont Pimentel est la Creature; & si pour la comsommation des bons services, que ce comte rend au Roy depuis quelque années, par lesquels il s'est acquis la reputation que vous sçavez qu'il à & dont toutes les provinces fidelles sont témoins, la recommendation, qu'il faut en faveur d'vn Cancre, pour en faire vn General d'Armée, n'est pas vne marque, qu'il est bien intentioné pour le service du Roy. Cependant que vous raisonnerez la dessus, je tascheray a sauver ce qui me reste, & je me prepareray à vous faire la meilleure chere que je pourray quand vous serez de retour, ma Femme vous baise les mains, est moy je suis tres passionnement.
Vostre &c.
With modernised spelling:
Copie d'une lettre écrite de Bruxelles à La Haye, touchant la reine de Suède.
Puisque vous n'avez pu être le témoin de la merveilleuse conduite que la reine Christine a fait paraître dans ce pays-ci, et que vos affaires vous ont retenu plus longtemps que vous n'avez cru, je ne refuse point de satisfaire à toutes les curieuses demandes qui sont dans votre lettre et de vous informer de toutes les choses que vous désirez savoir. Mais comme vous prétendez que je vous écrive avec sincérité, je prétends aussi que vous ne communiquerez ce que je vous manderai qu'à des gens dont la discretion vous soit connue.
Sachez donc que la Reine, dont on a tant parlé, n'est redevable de sa réputation qu'à la seule ignorance et aux lâches complaisances de ceux qui la voudraient faire passer pour la merveille du siècle. Elle n'a aucune qualité digne de la moindre louange qu'on lui à donnée, elle n'a rien dans sa personne qui ne soit ridicule; et de toutes les créatures que l'on a jamais vues, c'est la plus extravagante.
Sa taille est tout à fait irrégulière, elle est voûtée, elle a une hanche hors d'architecture. Elle boite, et cela ne lui sied pas bien. Elle à le nez plus long que le pied, elle a les yeux assez beaux, mais elle n'a pas la vue bonne. Elle rit de si mauvaise grâce que son visage se ride comme un morceau de basane qui l'on met sur les charbons. Elle a l'un téton plus bas que l'autre de demi-pied et si enfoncé sous l'épaule qu'il semble qu'elle ait la moitié de la gorge rélevée en bosse et l'autre en plate peinture. Elle n'a pas la bouche laide, pourvu qu'elle ne rie point. Elle n'a pas beaucoup de soin de ses dents, qui sont assez infidèles de leur naturel. Ce que l'on nous dit pourtant de son haleine n'est pas véritable, car elle ne pue pas jusqu'à faire mourir ceux qui sont auprès d'elle, mais elle pue assez honnêtement pour obliger ceux qui s'en approchent à se précautionner et à parer de la main. On dit qu'autrefois elle avait les cheveux admirablement beaux, mais depuis qu'elle les a fait couper pour faire le métier de vagabonde, elle à pris une perruque noire, à fin de plaire à son Pimentel.
La manière dont elle est habillée n'est pas moins extraordinaire que celle de sa personne, car, pour se distinguer de celles de ce sexe, elle porte des jupes fort courtes, avec un justaucorps, un chapeau, un collet d'homme ou un mouchoir qu'elle noue comme un cavalier qui va en parti; et quand elle met une cravate, comme les dames ont accoutumées de porter, elle ne laisse pas de fermer la chemise jusqu'au menton et de porter un petit collet d'homme avec des manchettes telles que nous les portons, en sorte que la voyant marcher avec sa perruque noire, sa jupe courte, sa gorge fermée, et son épaule élevée, on dirait que c'est un singe que l'on c'est ainsi déguisé pour divertir la compagnie.
Les qualités de son esprit ne méritent pas plus de louanges que le reste de sa personne. Elle s'est étudiée à apprendre de méchantes qualités et de misérables pointes de vendeur de baume dont elle a fait des lieux communs; et quand elle a dit une extravagance, elle rit la première et applaudit à soi-même, comme si elle avait dit un bon mot. Mais, malheureusement pour elle, les gens bien-sensés ne sont pas de son avis. Elle sait par cœur les plus sales passages de Petronius Arbiter et les vers les plus dissolus de Martialis. Elle parle de la sodomie avec plus d'effronterie que si elle en avait fait leçon dans le Colisée à Rome; et tous les Italiens qui l'entendent sur le chapitre-là disent qu'elle à eu raison de quitter la couronne de Suede, où les habitants sont trop grossiers pour chercher et gouter toutes les délicatesses de la chair, et qu'il faut qu'elle aille se faire couronner dans Sodome.
On lui a fait à croire qu'elle était savante, et elle se l'est laissée persuader, et c'est par-là qu'un tas de pédants se sont introduits dans sa cour. Elle à fait paraître sa légèreté en toutes sortes de choses, car elle voulait en apprendre cent à la fois, et à peine avait-elle la première teinture de l'une que, s'imaginant être plus habile que les maîtres, elle s'appliquait incontinent à une autre; et de tout ce qu'elle a appris, elle en a fait un espèce de galimatias de pédanterie, qui la rend beaucoup plus ridicule que si elle n'avait jamais étudié.
Elle n'a point de religion, et l'athéisme, dont elle faisait profession publiquement en Suède, avait donné à tous ses sujets tant d'aversion pour elle qu'ils était sur le point de la chasser si elle n'eut prévenu cette infamie par un faux mépris de la grandeur; car il est certain qu'elle a voulu se faire honneur de la nécessité.
La vie scandaleuse qu'elle menait avait révolté tous les esprits contre elle, et ses impudicités honteuses donnaient à tout le monde de l'horreur pour sa personne.
Le médecin Bourdelot, homme, à ce qu'on dit, assez ignorant dans son métier, mais athée et fourbe de profession, n'a fait sa fortune auprès d'elle, que pour lui avoir donné les moyens de supprimer les effets de ses lascivités; et un autre chirurgien, nommé Soreau, qui demeure présentement à Wormes, a été aussi bien récompensé pour lui avoir rendu le même service. Car, selon la vie qu'elle a ménée et qu'elle mène encore à présent, elle a souvent besoin de telles gens.
Vous avez bien su de quelle façon elle vint de Suède en Allemagne. Elle n'avait pas une femme avec elle et se faisait donner la chemise, et quelque chose au-delà par des valets de chambre, elle devint amoureuse d'une juive qu'elle menait publiquement dans son carrosse et qu'elle faisait coucher quelquefois avec elle; car elle est une des plus ribaudes tribades dont on ait jamais ouï parler. Et pendant qu'elle a fait ici sa résidence, on lui a vu mettre la main sous la jupe des femmes et leur prendre les cas réservés ordinairement aux maris, de sorte que les dames avaient peine à se résoudre de mener leurs filles chez elle. Madame de [la] Cueva, dont je vous parlerai dans la suite de cette lettre, lui a souvent passé par les mains; et l'on tient pour certain qu'elle lui a servi de succube.
Il n'y a point de charretier dans tout le Brabant qui jure si furieusement qu'elle fait, et la plus effrontée maquerelle qui soit au monde rougirait en lui entendant dire les mots de bordel qu'elle a continuellement dans la bouche. Enfin, sa vie et ses actions sont si scandaleuses que ce n'est pas faire un jugement téméraire de croire que le séjour qu'elle a fait ici nous a attiré tous nos malheurs; et il n'y a personne qui ne s'étonne que le roi non seulement la souffre dans ses États, mais lui entretient des étalons et des maquereaux, et que nous ayons ordre de la respecter comme si elle était notre reine.
Y a-t-il rien de si ridicule que l'ambassade de Pimentel, et n'est-ce pas avec raison que tous les fidèles sujets du Roi rougissent de voir un caractère si digne de respect profané et avili en la personne d'un cancre espagnol qui a pris le nom de Pimentel parce qu'il l'a trouvé plus honorable que le sien, et qui a vu tous les étrangers qui sont ici, et tout ce qu'il y a des gens d'honneur lui rire au nez quand ils le voyaient passer, ne croyant pas que ce fut un vrai ambassadeur? On l'a eu couvert devant Monsieur l'archiduc, et la piété et la bonté de ce prince ont servi de matière aux insolentes railleries de cette vagabonde et de son chevalier. Ce n'est pas sans raison qu'il est ainsi appellé.
Vous savez qu'il a l'ordre d'Amarante. Nous avons appris qu'elle a été l'institution de cet ordre. La bonne reine étant à Stockholm, en belle humeur de prendre du plaisir et de s'en faire donner, ordonna à Pimentel de se mettre en état de la satisfaire. Après avoir corrigé par des bons parfums l'ail, qui lui sert ordinairement de pastilles de bouche, il fit une grande collation du chocolat, pistache, poivre blanc, et autres denrées servants aux institutions d'Amarante; et tout cela opéra si bien que la vertueuse princesse le trouva bon. Elle voulut en memoire du déduit que l'on mît dans la medaille de sa chevalerie deux A. A., dont l'un signifiait «Amarante» et l'autre «Antonio», qui est le nom du compagnon, avec ces mots: «Dolce es la memoria», pour faire voir qu'elle n'était pas ingrate, mais qu'elle se resouvenait du bien qu'on lui avait fait.
Ceux qui nous ont dit que Monsieur l'internonce, qui est ici, et que les plus sages religieux ont fait avec lui des plaintes souvent à nos ministres de la vie scandaleuse de cette reine nous ont dit vrai, et nous nous sommes fort étonnés de ce qu'on ne l'a pas chassée comme une impie. Que diront les peuples étrangers quand ils sauront que notre roi a souffert dans ses États une extravagante qui faisait profession de libertinage et qui a fait honte aux plus debauchés? Quels reproches ne fera-t-on pas justement à la Maison d'Autriche? Et ne pourra-t-on pas dire que les considérations humaines, quoique faibles, ont été plus puissantes que celles de l'honneur qui est du a Dieu?
Est-il possible que Sa Majesté n'ait point été informée des abominables discours qu'elle a tenu de la Sainte Vierge? Un jour entre autres, voyant la jeune comtesse de Grimbergen, qui était grosse, — «Par Dieu», dit-elle, «la bonne Vierge Marie nous eut bien embarrassé si elle eut autant fait d'enfants que cette princesse, car elle n'en a fait qu'un dont nous ne savons que faire.»
Peut-on dire de blasphêmes plus éxécrables que celui-là?
Une autre fois, étant dans un couvent de Jésuites, en se promenant avec le recteur, elle vit une image de la Vierge fort bien faite, et elle dit en même temps au bon père: «Quand vous voyez cette belle peinture, père, ne vous prend-il pas envie de vous réjouir?»
Cette honteuse demande fit rougir ce bon religieux, qui lui répondit: «Madame, une telle image inspire de la dévotion et nous fortifie contre le Satan.»
La reine lui répliqua: «J'en sais la raison, bon homme, pourquoi les femmes n'ont point grand pouvoir sur ceux de votre ordre. C'est que vous vous appliquez au derrière de vos jeunes écoliers.»
Quelle créature abandonnée en pourrait dire d'avantage? Il vous faudrait faire un volume si je voulais vous écrire toutes ses impiétés; qu'il vous suffice de savoir que jamais le monde n'a produit un monstre si sale, ni si digne d'être en éxécration à tout ce qu'il y à des chrêtiens et de gens d'honneur, et que la retraite que Sa Majesté lui a donnée dans ses États sera la cause de tous les fleaux dont Dieu les châtiera, si sa Divine Majesté n'est touchée par le repentir que le roi doit faire paraître d'avoir ajouté trop de foi aux conseils de ceux qui ont abusé de sa généreuse bonté.
Vous voulez que je vous mande quel peut être le dessein de son voyage d'Italie. Je vous dirai franchement ce que j'en ai appris par des personnes qui ont part à la confidence de ceux qui sont le mieux avec elle. Le Conseil de Suède ayant fait des remontrances au Roi sur la vie licentieuse de la reine Christine, et sur la honte que toute la nation reçoit, et à de voir la fille du grand Gustave prostituée infâmement à un misérable Espagnol, après qu'elle court de province en province, l'invitant de retourner en Suède, et de donner cette satisfaction qui la conjurait par le soin qu'elle était obligée d'avoir de sa réputation et de faire cesser par son retour tous les bruits qui se repandaient par tout le monde du grand désavantage de son honneur.
Elle mit l'affaire en délibération avec don Antonio Pimentel, qui lui fit aisément croire que si elle retournait en Suède, on ne manquerait pas de la renfermer et de prendre prétexte de ne lui pas payer sa pension qu'elle s'est réservée, et comme le refus de retourner en Suède de la jettait dans le même inconvénient, il lui proposa de se faire catholique, que le roi [d'Espagne], qui a plus de passion pour la grandeur de la religion que pour celle de ses États, ne manquerait pas de lui faire beaucoup plus de bien.
Il ajouta qu'il avait conféré depuis quelque temps avec le comte de Fuensaldaña de moyens de porter l'esprit du roi à la faire gouvernante des Pays-Bas et que ledit comte demeurant sous elle en la même charge qu'il a sous l'archiduc. Elle pouvait s'assurer d'avoir le même pouvoir que la fue infante, et qu'ayant une aussi belle cour qu'avait eu cette princesse, elle s'apercevrait bientôt qu'elle n'avait pas perdu grande chose en perdant la couronne de Suède, puisqu'elle recevrait une autorité absolue dans un pays dont la moindre ville valait mieux que tout le royaume du Nord.
L'amour du libertinage, l'appréhension d'être renfermée, et l'espoir de l'autorité, dont on la flattait, la firent résoudre à suivre le conseil de Pimentel, auquel elle dit: «Au fait de religion — par Dieu, il ne m'importe guère de croire ce que disent vos moines ou ce que disent Nos ministres. Je baillerai toujours le choix à qui voudra, après tout j'ai ouï dire que les cordeliers étaient bons compagnons et que vos femmes s'en trouvent mieux que les nôtres de leurs ministres.»
Voilà la première disposition qu'elle apporta à sa conversion; mais, parce que Pimentel, qui connaît le faible de cette princesse, qui n'a jamais rien fait que par ostentation, avait en même temps envie de se voir sur le plus grand théâtre du monde avec le caractère d'ambassadeur, il lui persuade d'aller faire son abjuration dans la capitale ville de la chrétienté entre les mains du pape, qui à cette considération lui ferait une reception magnifique. Pour cela il fallut écrire en Espagne, surprendre Sa Majesté et ses ministres, et faire entendre qu'il y allait de l'honneur du Roi de contribuer en quelque chose à sa conversion, ou du moins à l'apparence d'un changement de religion de la reine Christine.
Elle écrivit de son côté, afin que l'on donnât ordre à Pimentel de l'accompagner partout en qualité d'ambassadeur, et parce qu'il n'était pas bienséant qu'elle fit ce voyage sans femmes et sans traîn, comme elle avait fait celui de Suède en Flandre. Pimentel voulut prendre occasion d'obliger son ami Antonio, qu'on appelle autrement (con licencia de los superiores) don Antonio de la Cueva, le retirant de l'armée, où nature pâtissait beaucoup en sa personne. Il persuade à la reine d'écrire en Espagne, afin d'avoir un ordre du Roi, par lequel il fut enjoint à ce don prétendu de la Cueva et à sa femme ne faire le voyage d'Italie avec la reine Christine.
Cet ordre a été envoyé, avec un mandement pour un [...] pour ce brave officier, qui a bien eu de la peine à quitter le service du Roi dans la pressante nécessité de ses affaires, car l'Aleaqueste, Major du régiment royal de Son Altesse Royale du cardinal-infant et du comte de Fuensaldaña, étant pour un dignement à la charge de lieutenant-général de la cavalerie, qu'il a toujours assez heureusement exercée aux eaux de Spa. Il jugeait bien que quitter l'emploi, ce serait en quelque façon perdre la fortune; mais Pimentel lui a fait entendre que le service du Roi pouvait se faire sans lui, et qu'il ferait toujours en voyageant sa première fonction d'Alaqueste pour en récompense de laquelle la reine Christine écrirait en sa faveur comme elle avait fait depuis peu pour lui, conjointement avec le comte de Fuensaldaña, pour le remettre à la place du comte Garcie, par la mort duquel la charge de maître de camp général est vacante.
La reine a honoré ce don de la Cueva de celle d'intendant de son equipage et Madame de la Cueva de celle de camerera, mais avec promesse de l'y maintenir lorsqu'elle serait gouvernante des Pays-Bas à son retour d'Italie. Mais cette dame n'a pas été satisfaite, car on lui avait fait espérer que l'on ferait aussi venir un ordre de Madrid pour le baron d'Arquien, qui est, comme vous savez, son Pimentel, qui de son côté s'ennuie fort dans les dangers et qui, sauf le respect qui est dû à son mérite, est un des officiers de toute notre armée que, sans faire tort au service du Roi, Sa Majesté pouvait donner à la reine Christine pour grossir son équipage.
Voilà tout ce qu'on dit ici du voyage de cette reine, et voilà à quoi ont abouti toutes les négociations de l'ambassadeur Pimentel et le fruit qui nous revient de toutes les dépenses qu'on a faites pour la reine Amarante et son chevalier tandis que nous sommes dans une furieuse nécessité d'argent, et que nous n'avons pas de quoi satisfaire aux troupes qui nous servent.
Vous ferez, s'il vous plaît, réflexion à loisir sur la conduite de nos ministres, qui trompent le roi pour leurs intérêts particuliers, et vous jugerez si Pimentel, à la mine de travailler plutôt pour la propagation de la foi que pour celle de l'épée, si pour aller souvent à la brèche où il va, il mérite la charge de maître de camp général si tout ce qu'il y a d'officiers serviront sans murmurer, si don Louis de Haro est si aveugle que d'avoir cette complaisance pour le comte de Fuensaldaña, dont Pimentel est la créature; et si, pour la comsommation des bons services que ce comte rend au roi depuis quelque années, par lesquels il s'est acquis la réputation que vous savez qu'il a et dont toutes les provinces fidèles sont témoins, la recommendation qu'il faut en faveur d'un cancre, pour en faire un général d'armée n'est pas une marque qu'il est bien-intentionné pour le service du Roi.
Cependant que vous raisonnerez là-dessus, je tâcherai à sauver ce qui me reste, et je me préparerai à vous faire la meilleure chère que je pourrai quand vous serez de retour. Ma femme vous baise les mains, et moi je suis très passionnement
votre, etc.
Treuttel and Würtz's transcript of the letter:
De Bruxelles.
Monsieur, puisque vous n'avez pu être le témoin de la merveilleuse conduite que la reine Christine a fait paroître dans ce pays-ci......... je ne refuse point de ......... vous informer de toutes les choses que vous desirez savoir.........
Cette reine, dont on a tant parlé, n'est redevable de sa réputation qu'à la seule ignorance et aux lâches complaisances de ceux qui la voudroient faire passer par la merveille du siècle. Elle n'a aucune qualité digne de la moindre louange qu'on lui a donnée; elle n'a rien dans sa personne qui ne soit ridicule; et de toutes les créatures c'est la plus extravagante.
Sa taille est tout-à-fait irrégulière; elle est voûtée; elle a une hanche hors d'architecture; elle boite........ elle a le nez plus long que le pié, les yeux assez beaux, mais elle n'a pas la vue bonne; elle rit de si mauvaise grace que son visage se ride comme un morceau de parchemin que l'on met sur des charbons ardens; elle a un téton plus bas que l'autre d'un demi-pié, et si enfoncé sous l'épaule, qu'il semble qu'elle ait la moitié de la gorge..... absolument plate; elle n'a pas la bouche laide, pourvu qu'elle ne rie point; elle n'a pas..... soin de ses dents..... [et] elle pue assez honnêtement, pour obliger ceux qui l'approchent à se précautionner et à parer de la main. On dit qu'elle avoit autrefois les cheveux admirablement beaux; mais depuis qu'elle les a fait couper pour faire le métier de vagabonde, elle a pris une perruque noire......
La manière dont elle est habillée n'est pas moins extraordinaire que celle de sa personne; car, pour se distinguer de son sexe, elle porte des jupes fort coupes avec un juste-au-corps, un chapeau, un collet d'homme ou un mouchoir qu'elle noue comme un cavalier qui va en parti; et quand elle met une cravate comme les dames..... elle ne laisse pas de fermer sa chemise jusqu'au menton, et de porter un petit collet d'homme avec des manchettes telles que nous les portons; en sorte que la voyant marcher avec sa perruque noire, sa jupe courte, sa gorge fermée et son épaule élevée, on diroit que c'est un singe..... déguisé.....
Les qualités de son esprit ne méritent pas plus de louanges que les qualités de sa personne: elle s'est étudiée à apprendre de méchans quolibets et de misérables pointes de vendeur de baume, dont elle a fait des lieux communs; et quand elle a dit une extravagance, elle rit la première et s'applaudit à soi-même....... Elle sait par cœur les plus sales passages de Pétrone et les vers les plus dissolus de Martial. Elle parle de la sodomie avec plus d'effronterie que si elle n'avoit fait leçon dans le Colisée à Rome; et tous les Italiens qui l'entendent sur le chapitre-là, disent qu'elle a eu raison de quitter la..... Suède........, et qu'il faut qu'elle aille se faire couronner dans Sodome.
On lui a fait accroire qu'elle étoit savante; elle s'est laissé persuader....., et c'est par-là qu'un tas de pédans se sont introduits dans sa cour. Elle a fait paroître sa légèreté en toutes sortes de choses; car elle vouloit en apprendre cent à la fois; et à peine avoit-elle la première teinture de l'une, que s'imaginant être plus habile que ses maîtres, elle s'appliquoit incontinent à une autre; et de tout ce qu'elle a appris, elle en a fait un........ galimatias de pédanterie, qui la rend beaucoup plus ridicule que si elle n'avoit jamais étudié.
Elle n'a point de religion, et l'athéisme, dont elle faisoit profession publique en Suède, avoit donné à tous point de la chasser, si elle n'eût prévenu cette infamie par un faux mépris de la grandeur; car il est certain qu'elle a voulu se faire honneur de la nécessité. La vie scandaleuse qu'elle menoit avoit révolté tous les esprits contre elle, et ses impudicités honteuses donnoient à tout le monde de l'horreur pour sa personne. Le médecin Bourdelot, homme, à ce qu'on dit, assez ignorant dans son métier, mais athée et fourbe de profession, n'a fait sa fortune auprès d'elle, que pour lui avoir donné les moyens de supprimer les effets de son incontinence; et un autre chirurgien, nommé Soreau, qui demeure présentement à Worms, a été aussi bien récompensé pour lui avoir rendu le même service; car, à la vie qu'elle a menée et qu'elle mène encore à présent, elle a souvent besoin de telles gens.
Vous avez bien su de quelle façon elle vint de Suède en Allemagne: elle n'avoit pas une seule femme avec elle, et se faisoit donner sa chemise et quelque chose au-delà par des valets-de-chambre. Elle devint amoureuse d'une juive, qu'elle menoit publiquement dans son carrosse, et qu'elle faisoit coucher quelquefois avec elle; car elle est une des plus ribaudes tribades dont on ait jamais ouï parler. Pendant qu'elle a fait ici sa résidence, on lui a vu mettre la main sous la jupe des femmes et leur prendre les cas réservés ordinairement aux maris: de sorte que les dames avoient peine à se résoudre de mener leurs filles chez elle. Madame de la Cueva, dont je vous parlerai dans la suite de cette lettre, lui a souvent passé par les mains, et l'on tient pour certain qu'elle lui a servi de succube.
Il n'y a point de charretier dans tout le Brabant qui jure si furieusement qu'elle, et la plus effrontée maquerelle........ rougiroit, en lui entendant dire les mots de bordel qu'elle a continuellement à la bouche...... Il n'y a personne qui ne s'étonne que le roi, non-seulement la souffre dans ses Etats, mais lui entretienne des étalons et des maquereaux, et que nous ayons ordre de la respecter comme si elle étoit notre reine. Y a-t-il rien de si ridicule que l'ambassade de Pimentel? N'est-ce pas avec raison que tous les fidèles sujets du roi rougissent de voir un caractère si digne de respect, profané et avili dans la personne d'un cancre espagnol, qui a pris le nom de Pimentel, parce qu'il l'a trouvé plus honorable que le sien? ...... On l'a vu couvert devant M. l'Archiduc, et la piété et la bonté de ce prince ont servi de matière aux insolentes railleries de cette vagabonde et de son chevalier. Ce n'est pas sans raison qu'il est ainsi appelé: vous savez qu'il est de l'ordre d'Amarante. Nous avons appris qu'elle a été l'institution de cet ordre. La bonne reine étant à Stockholm en belle humeur de prendre du plaisir, ..... ordonna à Pimentel de se mettre en état de la satisfaire; ...... il fit une grande collation de chocolat, de pistaches, de poivre blanc et autres denrées servant aux institutions d'Amarante; et tout cela opéra si bien, que la vertueuse princesse...... voulut, en mémoire du résultat, que l'on mît dans la médaille de sa chevalerie deux A, dont l'un signifie Amarante, et l'autre Antonio, qui est le nom du compagnon, avec ces mots en italien: Le souvenir en est doux.......
Ceux qui vous ont dit que M. l'Internonce qui est ici et les plus sages, .... ont fait avec lui souvent des plaintes à nos ministres de la vie scandaleuse de cette reine, vous ont dit vrai; et nous sommes fort étonnés de ce que l'on ne l'a pas chassée. ...... Que diront les peuples étrangers quand ils sauront, que notre roi a souffert dans ses Etats une extravagante qui professoit le libertinage, et qui a fait honte aux plus débauchés? Quels reproches ne fera-t-on pas justement à la maison d'Autriche? Et ne pourroit-on pas dire que les considérations humaines, quoique foibles, ont été plus puissantes que celles de l'honneur? ..... Est-il possible que sa majesté n'ait point été informée des abominables discours qu'elle a tenus de la sainte Vierge? Un jour, entre autres, voyant la jeune comtesse de Grimbergh qui étoit grosse: «Pardieu», dit elle, «la bonne Vierge Marie nous eût fort embarrassés, si elle eût autant fait d'enfans que cette princesse; car elle n'en a eu qu'un dont nous ne savons que faire.» ..... Une autre fois étant dans un couvent de jésuites et se promenant avec le recteur, elle vit une image de la Vierge fort bien faite, et elle dit: .... «Quand vous voyez cette belle peinture, père, ne vous prend-il pas envie de vous réjouir?» Cette....... demande fit rougir ce bon religieux, qui lui répondit: «Madame, une telle image inspire de la dévotion, et nous fortifie contre Satan.» La reine lui répliqua: «Je sais....., bonhomme, pourquoi les femmes n'ont point grand pouvoir sur ceux de votre ordre; c'est que vous vous contentez ...... de vous jeunes écoliers.» ....
Vous voulez que je vous mande quel peut être le dessein de son voyage d'Italie. Je vous dirai franchement ce que j'en ai appris par des personnes qui ont part à la confiance de ceux qui sont le mieux avec elle. Le sénat de Suède ayant fait des remontrances au roi, sur la vie licencieuse de la reine Christine, et sur la honte que toute la nation reçoit, de voir la fille du grand Gustave prostituée infâmement à un misérable espagnol, après qui elle court de province en province, il l'invita de retourner en Suède, et de donner cette satisfaction à la nation; ajoutant qu'il la conjuroit, par le soin qu'elle étoit obligée d'avoir de sa réputation, de faire cesser, par son retour, tous les bruits qui se répandoient...... au grand désavantage de son honneur. Elle mit l'affaire en délibération avec don Antonio Pimentel, qui lui fit aisément croire, que si elle retournoit en Suède, on ne manqueroit pas de la renfermer, et de prendre ce prétexte de ne lui pas payer la pension qu'elle s'est réservée; et comme le refus de retourner en Suède la jetoit dans le même inconvénient, il lui proposa de se faire catholique; parce qu'alors le roi [d'Espagne], qui a plus de passion pour la grandeur de la religion que pour celle de ses états, ne manqueroit pas de lui faire beaucoup de bien. Il ajouta qu'il avoit conféré depuis quelque temps avec le comte de Fuensaldagna, des moyens de porter l'esprit du roi à la faire gouvernante des Pays-Bas, et que ledit comte demeurant sous elle en la même charge qu'il a sous l'Archiduc, elle pouvoit s'assurer d'avoir le même pouvoir que la feue infante, et qu'ayant une aussi belle cour...... que cette princesse, elle s'appercevroit bientôt qu'elle n'avoit pas perdu grand'chose en quittant la couronne de Suède; puisqu'elle recevroit une autorité absolue dans un pays, dont la moindre ville valoit mieux que tous les royaumes du Nord.
L'amour du libertinage, l'appréhension d'être renfermée, et l'espoir de l'autorité dont on la flattoit la firent résoudre à suivre le conseil de Pimentel, à qui elle dit: «En fait de religion, pardieu, il ne m'importe guère de croire ce que disent vos prêtres, ou ce que disent nos ministres...... Après tout, j'ai ouï dire que les cordeliers étoient bons compagnons, et que vos femmes s'en trouvent mieux que les nôtres de leurs ministres.» Voilà la première disposition qu'elle apporta à sa conversion. Mais parce que Pimentel, qui connoît le foible de cette princesse qui n'a jamais rien fait que par ostentation, avoit en même temps envie de se voir sur le plus grand théâtre du monde avec le caractère d'ambassadeur, il lui persuada d'aller faire son abjuration dans la capitale de la chrétienté, entre les mains du pape, qui, à cette considération, lui feroit une réception magnifique. Pour cela il fallut écrire en Espagne, surprendre sa majesté et ses ministres, et faire entendre qu'il y alloit de l'honneur du roi, de contribuer en quelque chose à cette conversion...... Elle écrivit de son côté, afin que l'on donnât ordre à Pimentel de l'accompagner par-tout en qualité d'ambassadeur; et parce qu'il n'étoit pas bienséant qu'elle fît ce voyage sans femmes et sans train, comme elle avoit fait celui de Suède en Flandre, Pimentel voulut prendre occasion d'obliger son ami........ don Antonio de la Cueva, en le retirant de l'armée, où nature pâtissoit beaucoup en sa personne: il persuada à la reine d'écrire en Espagne, afin d'avoir un ordre du roi, par lequel il fût enjoint à ce don prétendu de la Cueva et à sa femme, de faire le voyage d'Italie avec elle. Cet ordre a été envoyé ... pour ce brave officier, qui a eu bien de la peine à quitter le service du roi dans la pressante nécessité de ses affaires; car ..... étant pourvu de la charge de lieutenant-général de la cavalerie, qu'il a toujours assez heureusement exercée aux eaux de Spa, il jugeoit bien que quitter l'emploi ce seroit en quelque sorte perdre sa fortune; mais Pimentel lui a fait entendre, que le service du roi pouvoit se faire sans lui; .... que la reine écriroit en sa faveur, comme elle avoit fait depuis peu, conjointement avec le comte de Fuensaldagna, pour le mettre à la place du comte Garcie, par la mort duquel la charge de mestre de camp général est vacante.
La reine a honoré ce don de la Cueva de celle de camarera major, avec promesse de l'y maintenir lorsqu'elle sera gouvernante des Pays-Bas, à son retour d'Italie. Mais cette dame n'a pas été satisfaite; car on lui avoit fait espérer que l'on feroit aussi venir l'ordre de Madrid, pour le baron d'Arquien qui est, comme vous savez, son Pimentel, qui, de son côté, s'ennuie fort dans les dangers, et qui, sauf le respect dû à son mérite, est un des officiers de toute notre armée que, sans faire tort au service du roi, sa majesté pourroit donner à la reine Christine pour grossir son équipage.
Voilà tout ce qu'on dit ici du voyage de cette reine, et voilà à quoi ont abouti toutes les négociations de l'ambassadeur Pimentel, et le fruit qui nous revient de toutes les dépenses qu'on a faites pour la reine Amarante et son chevalier; tandis que nous n'avons pas de quoi satisfaire les troupes qui nous servent. Vous ferez, s'il vous plaît, réflexion à loisir sur la conduite de nos ministres, qui trompent le roi [d'Espagne] pour leurs intérêts particuliers; et vous jugerez si Pimentel a la mine de travailler plutôt pour la propagation de la foi que pour celle de l'espèce; si, pour aller souvent à la brêche où il va, il mérite de disposer de la charge de mestre de camp général: si tout ce qu'il y a d'officiers serviront sans murmurer, si don Louis de Haro est si aveugle que d'avoir cette complaisance pour le comte de Fuensaldagna, dont Pimentel est la créature; et si pour la consommation des bons services que ce comte rend depuis quelques années, (par lesquels il s'est acquis la réputation que vous savez........, dont toutes les provinces fidèles sont témoins,) sa recommendation..... en faveur d'un cancre pour en faire un général d'armée, n'est pas une marque qu'il est bien intentionné pour le service du roi? ......
Je suis, etc.
English translation (my own):
From Brussels.
Monsieur, since you could not be the witness of the marvelous behaviour which Queen Kristina has displayed in this country, I do not refuse to inform you of all the things you want to know.
This Queen, about whom so much has been said, owes her reputation only to the ignorance and cowardly indulgence of those who would like her to pass as the wonder of the century. She has no quality worthy of the slightest praise that has been given her; she has nothing in her person that is not ridiculous; and of all creatures she is the most extravagant.
Her size is quite irregular; she is stooped over; she has a hip outside of its architecture; she limps, she has a nose longer than a foot, rather beautiful eyes, but she does not have good eyesight; she laughs so badly that her face wrinkles like a piece of parchment placed on hot coals; she has one nipple half a foot lower than the other, and so sunken under the shoulder that it looks like she has half a breast, which is absolutely flat. She does not have an ugly mouth, provided she does not laugh; she does not take care of her teeth, and she stinks badly enough to oblige those who approach her to be cautious and to wave a hand. It is said that she once had admirably beautiful hair; but ever since she had it cut to make the trade of vagabonde, she started wearing a black wig.
The way she is dressed is no less extraordinary than that of her person, for, to distinguish herself from her sex, she wears heavily cut skirts with a tight fit, a hat, a man's collar or a handkerchief which she knots like a cavalier going to a party; and when she puts on a tie like the ladies, she keeps closing her shirt up to her chin, and wearing a little man's collar with cuffs as we wear them; so that seeing her walking with her black wig, her short skirt, her throat covered and her shoulder raised, she looks like a monkey in disguise.
The qualities of her mind deserve no more praise than the qualities of her person, she has studied to learn from dirty jokes and miserable points of balm salesman, of which she has made commonplaces; and when she has said an extravagance, she is the first to laugh and applaud herself. She knows by heart the dirtiest passages of Petronius and the most dissolute verses of Martial. She speaks of sodomy with more shamelessness than if she had not taught in the Colosseum in Rome; and all the Italians who hear her speak on the subject say that she was right to leave Sweden and that she must go to be crowned in Sodom.
She was made to believe that she was learned; she allowed herself to be persuaded, and it was through this that a bunch of pedants entered her yard. She has shown her lightness in all kinds of things, for she wanted to learn a hundred things at a time; and hardly had she the first tincture of one, than, imagining herself to be more skilful than her masters, she applied herself immediately to another; and everything she has learned she has made into pedantic gibberish, which makes her much more ridiculous than if she had never studied.
She has no religion, and atheism, of which she made public profession in Sweden, had given nothing to drive her out, if she had not prevented this infamy by a false contempt for greatness; for it is certain that she wanted to honour necessity. The scandalous life which she led had revolted all minds against her, and her shameful impurities gave everyone a horror of her person. The doctor Bourdelot, a man, it is said, quite ignorant in his profession, but an atheist and deceitful by profession, made his fortune with her only for having given her the means to suppress the effects of her incontinence; and another surgeon, named Soreau, who now resides in Worms, was equally well rewarded for having rendered him the same service; for in the life which she has led and which she still leads today, she often needs such people.
You have well known how she came from Sweden to Germany. She did not have one single woman with her, and was given her shirt and something beyond by valets de chambre. She fell in love with a Jewess whom she led publicly in her coach, and whom she sometimes made sleep with her; because she is one of the most ridiculous tribades that one have ever heard of. While she made her residence here, she was seen to put her hand under the skirts of the women and take from them the cases usually reserved for husbands, so much so that the ladies could hardly allow themselves to bring their daughters to her house. Madame de la Cueva, of whom I will speak to you later in this letter, has often passed through her hands, and it is believed to be certain that she served her as a succubus.
There is not a carter in all Brabant who swears so furiously than she, and the most brazen madam would blush hearing her say the brothel words she continually has in her mouth. There is no one who is not surprised that the King not only allows her into his estates, but maintains her stallions and pimps, and that we are ordered to respect her as if she was our Queen. Is there anyone so ridiculous as the ambassador Pimentel? Is it not with reason that all the faithful subjects of the King blush to see a character so worthy of respect profaned and degraded in the person of a Spanish dunce, who took the name of Pimentel because he found it more honourable than his own? We saw him covered in front of the Archduke, and the piety and kindness of this prince served as material for the insolent mockery of this vagabonde and her knight. It is not without reason that he is so called: you know that he is of the Order of Amarante. We have learned that he was the institution of this order. The good Queen, being in Stockholm in a good mood to take pleasure, ordered Pimentel to put himself in a position to satisfy her; he made a great collation of chocolate, pistachios, white pepper and other foodstuffs used in the institutions of Amarante; and all this worked so well, that the virtuous princess wanted, in memory of the result, that there be put in the medal of her knighthood two As, one of which means Amarante, and the other Antonio, which is the name of the companion, with these words in Italian: The memory is sweet.
Those who told you that the internuncio, who is here and the wisest, has often complained to our ministers about the scandalous life of this Queen with him, have told you the truth; and we are astonished that she has not been chased away. What will foreign peoples say when they know that our King has allowed into his estates an extravagant who has professed libertinism, and who has shamed the most debauched? What reproaches will not be made against the House of Austria? And could we not say that human considerations, although weak, were more powerful than those of honour? Is it possible that Her Majesty was not informed of the abominable speeches she made about the Blessed Virgin?
One day, among others, seeing the young Countess von Grimberg, who was fat: "By God," [the Queen] said, "the good Virgin Mary would have greatly embarrassed us if she had made as many children as this princess; because she only had one that we don't know what to do with."
Another time, being in a Jesuit convent and walking with the rector, she saw a very well-made image of the Virgin Mary, and she said: "When you see this beautiful painting, Father, doesn't it make you want to rejoice?"
This request made this good religious man blush, who replied: "Madame, such an image inspires devotion and strengthens us against Satan."
The Queen replied: "I know, good man, why women have no great power over those of your order; it is that you are satisfied with your young schoolboys."
You want me to tell you what may be the purpose of her trip to Italy. I will tell you frankly what I have learned from people who share the trust of those who are best with her. The Senate of Sweden having remonstrated with the King on the licentious life of Queen Kristina, and on the shame that the whole nation receives to see the daughter of the great Gustav infamously prostituted to a miserable Spaniard, after whom she runs from province to province, he invited her to return to Sweden and to give this satisfaction to the nation; adding that he conjured her, by the care she was obliged to have of her reputation, to put an end, by her return, to all the rumours which were being spread to the great disadvantage of her honour. She put the matter under deliberation with Don Antonio Pimentel, who easily led her to believe that if she returned to Sweden, they would not fail to shut her away and to take this pretext of not paying her the pension reserved for her; and as the refusal to return to Sweden threw her in the same inconvenience, he proposed that she become a Catholic; because then the king of Spain, who has more passion for the greatness of religion than for that of his estates, would not fail to do her much good. He added that he had conferred for some time with the Count de Fuensaldaña, the means of bringing the King's mind to making her governess of the Netherlands, and that the said count remaining under her in the same office he has under the Archduke, she could make sure that she had the same power as the late Infanta, and that having such a beautiful court as this princess, she soon saw that she did not have lost much on leaving the crown of Sweden; since she would receive absolute authority in a country, the smallest city of which was better than all the northern kingdoms.
The love of libertinism, the apprehension of being shut away, and the hope of the authority with which she was flattered made her resolve to follow the advice of Pimentel, to whom she said: "In fact of religion, by God, I don't care if I believe what your priests say, or what our ministers say. After all, I have heard it said that the Cordeliers are good companions, and that your wives are better off than ours by their ministers."
This is the first disposition she brought to her conversion. But because Pimentel, who knows the weakness of this princess, and who has never done anything except ostentatiously, at the same time wanted to see himself on the biggest theater in the world with the character of an ambassador, he persuaded her to to go and make her abjuration in the capital of Christendom, in the hands of the Pope, who, in view of this, would give her a magnificent reception. For that it was necessary to write to Spain, to surprise His Majesty and his ministers, and to make it understood that it was a part of the King's honour to contribute something to this conversion. She wrote for her part, asking that Pimentel be ordered to accompany her everywhere as ambassador; and because it was not proper that she made this journey without women and without an entourage, as she had done from Sweden to Flanders, Pimentel wanted to take the opportunity to oblige his friend Don Antonio de la Cueva by withdrawing him from the army, where nature suffered greatly in his person. He persuaded the Queen to write to Spain in order to obtain an order from the King, by which he was enjoined on this alleged Don de la Cueva and his wife to travel to Italy with her. This order was sent for this brave officer, who had great difficulty in quitting the service of the King in the pressing necessity of his business; for being provided with the office of lieutenant-general of the cavalry, which he has always quite happily exercised in the waters of Spa, he considered that to leave the post would be, in a way, to lose his fortune; but Pimentel gave him to understand that the service of the King could be done without him, that the Queen would write in his favour, as she had done a bit since, jointly with the Count de Fuensaldaña, to put him in the place of Count Garcia, by whose death the office of general camp master is vacant.
The Queen honoured this Don de la Cueva with that of camarera major, with a promise to keep her there when she was governess of the Netherlands, on her return from Italy. But this lady was not satisfied; for he had been made to hope that the Order of Madrid would also come, for the Baron d'Arquien who is, as you know, his Pimentel, who, for his part, is very bored in the dangers, and who, with due respect for his merit, is one of the officers of our whole army that, without doing wrong in the service of the King, His Majesty could give to Queen Kristina to increase her equipage.
This is all that is said here about this Queen's journey, and this is what all the negotiations of Ambassador Pimentel have led to, and the fruit which is due to us from all the expenses that we have made for Queen Amarante and her knight, while we have nothing to satisfy the troops who serve us. You will, please, reflect at your leisure on the conduct of our ministers, who deceive the King of Spain for their particular interests; and you will judge whether Pimentel has the appearance of working more for the propagation of the faith than for that of the species; if, to go often to the breach where he goes, he deserves to have the office of general camp master. If all that there are officers will serve without murmuring, if Don Luis de Haro is so blind as to have this kindness for the Count de Fuensaldaña, of whom Pimentel is the creature; and if for the consumption of the good services that this count has been rendering in recent years (by which he has acquired the reputation that you know, of which all the faithful provinces are witnesses), his recommendation in favour of a dunce to make him an army general, is not a mark that he is well-intentioned for the service of the King?
I am, etc.
Swedish translation of the original (my own):
Kopia av ett brev skrivet från Bryssel till Haag, angående Sveriges drottning.
Då Ni inte har kunnat bevittna det förunderliga uppträdande som drottning Kristina har visat här i landet, och eftersom Era affärer har kvarhållit Er längre än Ni trott, vägrar jag inte att tillfredsställa alla de nyfikna önskemål som finns i Ert brev och att informera Er av allt Ni vill veta. Men eftersom Ni påstår att jag skriver till Er med uppriktighet, så hävdar jag också att Ni bara skulle kommunicera det jag säger till Er till människor vars diskretion är känd för Er.
Vet då att drottningen, som det har sagts så mycket om, har sitt rykte enbart att tacka för okunnigheten och den fega självbelåtenheten hos dem som skulle vilja framställa henne som seklets under. Hon har ingen egenskap som är värd den minsta beröm som ges henne, hon har inget i sin person som inte är löjligt; och av alla varelser som någonsin har setts är hon den mest extravaganta.
Hennes midja är ganska irreguljär, hon är böjd, hon har en höft ur sin arkitektur. Hon haltar, och det blir inte bra för henne. Hennes näsa är längre än foten, hennes ögon är ganska vackra, men hon har inte bra syn. Hon skrattar så dåligt att hennes ansikte rynkar sig som en bit fårskinn som läggs på kol. Hon har ena bröstet en halv fot lägre än det andra, och det är så nedsänkt under hennes axel att det ser ut som om hon har halva bröstet upphöjt i en puckel och den andra halvan i platt färg. Hon har ingen ful mun, förutsatt att hon inte skrattar. Hon tar inte så mycket hand om sina tänder, som är ganska otrogna av naturen. Det vi får veta om hennes dåliga andedräkt är dock inte sant, ty hon stinker inte så mycket att hon dödar dem som är nära henne, men hon stinker ärligt nog för att tvinga dem som närmar sig att prekautionnera sig och avvärja henne med en hand. Det sägs att hon brukade ha beundransvärt vackert hår, men hon hade sedan det klippt för att leva som en vagabonde; hon har tagit en svart peruk för att behaga sin Pimentel.
Det sätt som hon är klädd på är inte mindre ovanligt än hennes persons, ty, för att särskilja sig från de av det könet, bär hon mycket korta kjolar, med en justaucorps, en hatt, en manskrage eller en handkläde som hon knyter som en kavaljer som går en parti; och när hon sätter på sig ett halsband, som damerna är vana att bära, misslyckas hon inte med att stänga chemisen mot hakan och att bära en liten manskrage med manschetter som vi bär dem, så att när man ser henne gå med hennes svarta peruk, hennes korta kjol, hennes bröst stängt och axeln upphöjd, ser hon ut som en apa som på så sätt har förklädds för att underhålla sällskapet.
Hennes sinnes egenskaper förtjänar inte mer beröm än resten av hennes person. Hon har studerat sig själv för att lära sig dåliga egenskaper och eländiga balsamförsäljares poänger som hon har gjort till vardags; och när hon sade en extravagans, var hon den första som skrattade, och hon applåderade sig själv, som om hon hade sagt ett gott ord. Men tyvärr för henne håller förnuftiga människor inte med. Hon kan utantill de smutsigaste styckena av Petronius Arbiter och de mest lösaktiga verserna av Martial. Hon talar om sodomi med mer fräckhet än om hon hade föreläst om det på Kolosseum i Rom; och alla italienare som hör henne i ämnet säga att hon gjorde rätt i att lämna Sveriges krona, där invånarna är för grova för att söka och smaka alla köttets läckerheter, och att det är nödvändigt att hon går för att bli krönt i Sodom.
Hon fick tro att hon var lärd, och hon lät sig övertygas om det, och det var så många pedanter kom in i hennes hov. Hon visade sin lättsinne i alla möjliga saker, ty hon ville lära sig hundra saker på en gång, och inte så fort hade hon fått den första tinkturen av en, förrän hon inbillade sig att hon var skickligare än mästarna, ansökte hon genast om annan; och av allt som hon har lärt sig har hon gjort henne till ett slags galimatias av pedanteri, vilket gör henne mycket mer löjlig än om hon aldrig hade studerat.
Hon har ingen religion, och ateismen som hon offentligt bekände sig till i Sverige hade givit alla hennes undersåtar så mycket motvilja mot henne att de var på väg att driva ut henne om hon inte genom ett falskt storhetsförakt hade förhindrat denna vanära; ty det är säkert att hon ville göra sig själv nödvändighetens ära.
Det skandalösa liv hon levde hade gjort alla sinnen i uppror mot henne, och hennes skamliga oförskämdhet gav alla fasa för hennes person.
Doktorn Bourdelot, en man, sägs det, ganska okunnig i sitt yrke, men ateist och bedräglig till yrket, gjorde bara sin förmögenhet med henne för att ha givit henne medel att undertrycka verkningarna av sin löshet; och en annan kirurg, som heter Soreau, som för närvarande bor i Worms, blev också väl belönad för att ha gjort henne samma tjänst. Ty, beroende på vilket liv hon har levt och fortfarande lever nu, behöver hon ofta sådana människor.
Ni vet väl hur hon kom från Sverige till Tyskland. Hon hade ingen kvinna med sig och lät sig själv få skjortan, och något utöver det, av betjänter. Hon blev förälskad i en judisk kvinna som hon tog offentligt med i sin vagn och som hon ibland fick sova med henne, ty hon är en av de otuktigaste tribader man någonsin hört talas om. Och medan hon bodde här sågs hon lägga handen under kvinnornas kjolar och ta ifrån dem de cas som vanligtvis var förbehållna män, så att damerna hade svårt att föra sina döttrar hem till henne. Madam de la Cueva, om vilken jag kommer att tala till Er senare i detta brev, har ofta gått genom hennes händer; och man tror att hon tjänade som hennes succuba.
Det finns inte en körkarl i hela Brabant som svär så ursinnigt som hon gör, och världens fräckaste bordellmamman skulle rodna när hon hörde henne säga bordellorden som hon ständigt har i munnen. Enfin, hennes liv och hennes handlingar är så skandalösa att det inte är en förhastad bedömning att tro att hennes vistelse här förde alla våra olyckor över oss; och det finns ingen som inte är förvånad över att konungen inte bara tillåter henne i sina stater, utan han underhåller hingstar och hallickar åt henne, och att vi är beordrade att respektera henne som om hon vore vår drottning.
Finns det inget så löjligt som Pimentels ambassad, och är det inte rätt att alla konungens trogna undersåtar rodnar av att se en karaktär som är så värd respekt vanhelgas och förnedras i personen av en spansk dumhuvud som tog namnet Pimentel för att han fann det hederligare än hans egen, och vem såg alla utlänningar som är här och alla hedersfolk skratta åt honom i hans ansikte när de såg honom passera, utan att tro att han var en riktig ambassadör? Han döljdes inför ärkehertigen, och den här prinsens fromhet och godhet tjänade som foder för denna vagabonds och hennes riddares oförskämda hån. Det är inte utan anledning som han kallas så.
Ni vet att han har Amarantes ordning. Vi fick veta att hon var institutionen för denna ordning. Den goda drottningen som var i Stockholm, med gott humör för att njuta nöje och att ge det till sig själv, beordrade Pimentel att sätta sig i stånd att tillfredsställa henne. Efter att med goda parfymer korrigerat vitlöken som vanligtvis tjänar som pastiller de bouche, gjorde han en stor samling av choklad, pistage, vitpeppar och andra livsmedel som användes i Amarantes institutioner; och allt detta lyckades så bra att den dygdiga prinsessan fann det bra. Hon ville till minne av avdraget att två A. A. skulle placeras i hennes ridderlighetsmedalj, varav den ena betydde »Amarante« och den andra »Antonio«, som är kompanjonens namn, med dessa ord: »Dolce es la memoria«, för att visa att hon inte var otacksam, utan att hon kom ihåg det goda som hade gjorts mot henne.
De som berättade för oss att internuntien, som är här, och att de klokaste religiösa människorna med honom ofta har klagat till våra ministrar över denna drottnings skandalösa liv berättade sanningen, och vi blev mycket förvånade över att hon inte blev utkastad som en ogudaktig kvinna. Vad kommer främmande folk att säga när de vet att vår konung släppte in i sina stater en extravagant kvinna som bekände sig vara lösaktig och som gjorde det mest utsvävande folket på skam? Vilka förebråelser kommer vi inte med rätta att rikta mot Österrikes hus? Och kunde vi inte säga att mänskliga överväganden, även om de var svaga, var starkare än de av den ära som tillkommer Gud?
Är det möjligt att Hans Majestät inte blev informerad om de avskyvärda tal hon höll om den Heliga Jungfrun? En dag, bland annat, när hon såg den unga grevinnan av Grimbergen, som var gravid, — »Vid Gud«, sade hon, »skulle den goda Jungfru Maria skämma ut oss mycket, om hon hade fått lika många barn som denna prinsessa, ty hon fick bara ett, som vi inte vet vad vi ska göra med.«
Kan man uttala mer avskyvärda blasfemier än så här?
En annan gång, när hon var i ett jesuitkloster, medan hon gick med prosten, såg hon en mycket välgjord bild av Jungfrun, och hon sade samtidigt till den gode fadern: »När Mi ser denna vackra målning, fader, vill Ni inte bara glädjas?«
Denna skamliga begäran fick denna gode munk att rodna, som svarade: »Madam, en sådan bild inspirerar oss till hängivenhet och stärker oss mot Satan.«
Drottningen svarade: »Jag vet anledningen, gode man, till varför kvinnor inte har så mycket makt över dem som tillhör din ordning. Det är för att ni applicerar er till era unga skolpojkars rövar.«
Vilken lösaktig varelse kan säga mer? Jag skulle behöva skriva Er en volym om jag ville skriva ner alla hennes ogudigheter åt Er; må det räcka för Er att veta att världen aldrig har producerat ett monster som är så smutsigt, och inte heller så värdigt att förtryckas av alla som finns kristna och hedersmänniskor, och att den reträtt som Hans Majestät har givit henne i sina stater kommer att vara orsaken till alla de plågor med vilka Gud kommer att straffa dem om hans gudomliga majestät inte berörs av den ånger som konungen måste visa för att ha lagt för mycket tro till råden från dem som missbrukat hans generösa godhet.
Ni vill att jag skall berätta vad syftet med hennes resa till Italien kan kanske vara. Jag kommer att berätta uppriktigt vad jag har lärt mig om det från människor som delar förtroendet hos dem som är bäst med henne. Sveriges Råd har framfört protester till konungen om drottning Kristinas lösaktiga liv och om den skam som hela nationen tar emot att se den store Gustavs dotter ökänt prostituerad till en eländig spanjor, sedan hon rymt från provins till provins, bjuda henne att återvända till Sverige och ge denna tillfredsställelse, som bad henne genom den omsorg hon var skyldig att äga av sitt anseende och sätta stopp för alla rykten, som spreds överallt i världen, till stor nackdel för hennes heder.
Hon diskuterade saken med don Antonio Pimentel, som lätt fick henne att tro att om hon återvände till Sverige skulle de inte låta bli att låsa in henne och ta förevändningen att inte betala henne den pension hon reserverat för sig själv. Och eftersom hennes vägran att återvända till Sverige kastade henne i samma besvär, föreslog han att hon skulle bli katolik, ty konungen [av Spanien], som har mer passion för religionens storhet än för sina staters, inte skulle misslyckas att göra henne mycket mer nytta.
Han tillade att han under en tid hade förhandlat med greve Fuensaldaña om medel för att få konungens sinne att göra henne till guvernanten över Nederländerna och att nämnde greve skulle förbli under henne i samma ansvar som han har under ärkehertigen. Hon kunde se till att hon hade samma makt som den saliga infanta, och att hon, med ett så vackert hov som denna prinsessa hade haft, snart skulle inse att hon inte hade förlorat mycket genom att förlora Sveriges krona, ty hon skulle få absolut auktoritet i ett land där den minsta staden var värd mer än hela Nordens konungarike.
Kärleken till libertinagen, oro för att bli inlåst och hoppet om den auktoritet som hon smickrades med gjorde att hon bestämde sig för att följa Pimentels råd, till vilken hon sade: »I frågan om religion — vid Gud, det knappast spelar roll för mig om jag tror på vad era munkar säger eller vad Våra ministrar säger.Jag kommer alltid att ge den som vill valet, jag har trots allt hört att franciskanerna var goda följeslagare och att era kvinnor har det bättre än våra med sina ministrar.«
Detta är det första sinnelag som hon förde till sin omvändelse; men eftersom Pimentel, som känner till svagheten hos denna prinsessa, som aldrig gjort något annat än genom prålig, samtidigt ville se sig själv på världens största teater med karaktären av ambassadör, övertalade han henne att gå och göra hennes abjuration i kristendomens huvudstad i händerna på påven, som med detta övervägande skulle ge henne ett storartat mottagande. För detta var det nödvändigt att skriva till Spanien, överraska Hans Majestät och hans ministrar och göra det förstått att det var konungens ära att bidra med något till hans omvändelse, eller åtminstone till uppkomsten av ett religionsskifte hos drottning Kristina.
Hon skrev på hans vägnar för att Pimentel skulle kunna beordras att följa med henne överallt som ambassadör, och därför att det inte var lämpligt för henne att göra denna resa utan kvinnor och utan tåg, som den resa hon gjort från Sverige till Flandern. Pimentel ville passa på att tvinga sin vän Antonio, som annars kallas (con licencia de los superiores) don Antonio de la Cueva, att dra tillbaka honom från armén, där naturen led mycket i hans person. Han förmådde drottningen att skriva till Spanien, för att få en befallning från konungen, varigenom han ålades denna påstådde don de la Cueva och sin hustru att inte resa till Italien med drottning Kristina.
Denna order sändes, med mandat om en [...] för denne tappre officer, som hade stora svårigheter att lämna konungens tjänst i hans angelägenheters trängande nödvändighet, emedan Aleaqueste, major av Hans Kungliga Höghet kungliga regemente av kardinal-infanten och greve Fuensaldaña, som med värdighet är ämbetet som generallöjtnant för kavalleriet, som han alltid med glädje har utövat i Spas vatten. Han bedömde väl att att sluta sin anställning på något sätt skulle vara att förlora sin fortun; men Pimentel lät honom förstå att konungens tjänst kunde utföras utan honom och att han ändå skulle fullgöra sin första funktion som Aleaqueste genom att resa, för vilket drottning Kristina skulle skriva till hans fördel som hon nyligen gjort för honom, tillsammans med greve Fuensaldaña, för att ersätta honom i greve Garcías ställe, genom vars död ämbetet som maître de camp général är ledigt.
Drottningen hedrade denne don de la Cueva som förvaltare av sin besättning och madam de la Cueva som kamera, men med ett löfte att behålla henne där när hon var guvernant i Nederländerna när hon återvände från Italien. Men denna dam var inte nöjd, ty hon hade fått hoppas att det också skulle komma en beställning från Madrid för baron d'Arquien, som som bekant är hennes Pimentel, som för sin del är mycket uttråkad av faror och som, bortsett från den aktning, som beror på hans förtjänst, är en av hela vår armés officerare, som, utan att skada konungens tjänst, Hans Majestät kunde ge åt drottning Kristina för att öka hennes ekipage.
Detta är allt som sägs här om den här drottningens resa, och detta är vad som resulterade i alla förhandlingar av ambassadör Pimentel och frukten som kommer till oss från alla utgifter som vi gjorde för drottning Amarante och hennes riddare medan vi är i akut nöd av pengar, och vi har inte tillräckligt för att tillfredsställa de trupper som tjänar oss.
Ni skall, snälla, reflektera på Era lediga stunder över uppförandet av våra ministrar, som lurar konungen för deras speciella intressen, och Ni kommer att bedöma om Pimentel verkar arbeta snarare för att sprida trons än för svärdets, om för att han går ofta till bräckan dit han går, han förtjänar ämbetet som maître de camp général om alla som finns officerare kommer att tjänstgöra utan att murra, om don Louis de Haro är så blind att han har denna självbelåtenhet för greve Fuensaldaña, vars kreatur Pimentel är; och om, som ett erkännande av de goda tjänster som denne greve har utfört till konungen i flera år, genom vilka han har förvärvat det rykte som Ni vet att han har och som alla de trogna provinserna är vittnen om, rekommendationen att det är nödvändigt till förmån för en dumhuvud att göra honom till general i armén är inte ett tecken på att han är välmenad för konungens tjänst.
Medan Ni resonerar kring detta, skall jag försöka rädda det som återstår för mig, och jag skall förbereda mig för att ge Er det bästa jag kan när Ni kommer tillbaka. Min fru kysser Era händer, och jag är väldigt passionerad
Er, osv.
English translation of the original (my own):
Copy of a letter written from Brussels to The Hague, concerning the Queen of Sweden.
As you have not been able to witness the marvelous behaviour that Queen Kristina has displayed in this country, and as your affairs have detained you longer than you believed, I do not refuse to satisfy all the curious requests which are in your letter and to inform you of all the things which you wish to know. But as you claim that I write to you with sincerity, I also claim that you will only communicate what I tell you to people whose discretion is known to you.
Know then that the Queen, of whom so much has been said, owes her reputation solely to the ignorance and cowardly complacency of those who would like to pass her off as the marvel of the century. She has no quality worthy of the slightest praise given to her, she has nothing in her person which is not ridiculous; and of all the creatures that have ever been seen, she is the most extravagant.
Her waist is quite irregular, she is stooped, she has one hip out of its architecture. She limps, and it does not become her well. Her nose is longer than her foot, her eyes are quite beautiful, but she does not have good eyesight. She laughs with such bad grace that her face wrinkles like a piece of sheepskin that is put on coals. She has one breast half a foot lower than the other, and it is so sunken below her shoulder that it looks as if she has half of her breast raised in a hump and the other half in flat paint. She does not have an ugly mouth, provided she does not laugh. She does not take much care of her teeth, which are quite unfaithful by nature. What we are told of her breath, however, is not true, for she does not stink so much as to kill those who are near her, but she does stink honestly enough to oblige those who approach her to precaution themselves and ward her off with a hand. It is said that she used to have admirably beautiful hair, but she had since it cut so as to live as a vagabonde; she has taken a black wig, in order to please her Pimentel.
The manner in which she is dressed is no less extraordinary than that of her person, for, to distinguish herself from those of that sex, she wears very short skirts, with a justaucorps, a hat, a man's collar or a handkerchief which she ties like a cavalier who goes en parti; and when she puts on a cravat, as the ladies are accustomed to wear, she does not fail to close the chemise to the chin and to wear a small man's collar with cuffs such as we wear them, so that when one sees her walking with her black wig, her short skirt, her bosom closed, and her shoulder raised, she looks like a monkey that has been thus disguised to entertain the company.
The qualities of her mind deserve no more praise than the rest of her person. She has studied herself to learn bad qualities and miserable balm salesman's points which she has made commonplace; and when she said an extravagance, she was the first to laugh, and she applauded herself, as if she had said a good word. But, unfortunately for her, sensible people disagree. She knows by heart the dirtiest passages of Petronius Arbiter and the most dissolute verses of Martial. She speaks of sodomy with more brazenness than if she had lectured about it at the Colosseum in Rome; and all the Italians who hear her on the subject say that she was right to leave the crown of Sweden, where the inhabitants are too coarse to seek and taste all the delicacies of the flesh, and that it is necessary that she go to be crowned in Sodom.
She was made to believe that she was learned, and she allowed herself to be persuaded of it, and that is how a lot of pedants got into her court. She showed her levity in all sorts of things, for she wanted to learn a hundred things all at once, and no sooner had she had the first tincture of one than, imagining herself to be more skillful than the masters, she immediately applied herself to another; and of all that she has learned, she has made of her a kind of galimatias of pedantry, which makes her much more ridiculous than if she had never studied.
She has no religion, and atheism, which she publicly professed in Sweden, had given all her subjects so much aversion for her that they were on the point of driving her out if she had not prevented this infamy through a false contempt for greatness; for it is certain that she wanted to do herself the honour of necessity.
The scandalous life she led had revolted all minds against her, and her shameful impudicities gave everyone horror for her person.
The doctor Bourdelot, a man, it is said, quite ignorant in his profession, but atheist and deceitful by profession, only made his fortune with her for having given her the means to suppress the effects of his lasciviousness; and another surgeon, named Soreau, who currently lives in Worms, was also well rewarded for having rendered her the same service. Because, depending on the life she has led and still leads now, she often needs such people.
You know well how she came from Sweden to Germany. She did not have a woman with her and had herself be given the chemise, and something beyond that, by valets. She fell in love with a Jewish woman whom she took publicly into her carriage and whom she sometimes made sleep with her, because she is one of the most ribald tribades one has ever heard of. And while she lived here, she was seen putting her hand under women's skirts and taking from them the cases usually reserved for husbands, so that the ladies had difficulty bringing their daughters to her house. Madame de la Cueva, of whom I will speak to you later in this letter, has often passed through her hands; and it is believed that she served as her succubus.
There is not a carter in all of Brabant who swears as furiously as she does, and the most brazen madam in the world would blush to hear her say the brothel words that she continually has in her mouth. Enfin, her life and her actions are so scandalous that it is not a rash judgment to believe that her stay here brought all our misfortunes upon us; and there is no one who is not surprised that the King not only allows her in his states, but he maintains stallions and pimps for her, and that we are ordered to respect her as if she were our queen.
Is there nothing so ridiculous as Pimentel's embassy, and is it not right that all the King's faithful subjects blush to see a character so worthy of respect profaned and degraded in the person of a Spanish dunce who took the name Pimentel because he found it more honourable than his own, and who saw all the foreigners who are here, and all the people of honour laughing at him in his face when they saw him pass, not believing that he was a real ambassador? He was covered up in front of the Archduke, and the piety and goodness of this prince served as fodder for the insolent taunts of this vagabonde and her knight. It is not without reason that he is so called.
You know he has the order of Amarante. We learned that she was the institution of this order. The good Queen being in Stockholm, in a good humour to take pleasure and have give it to herself, ordered Pimentel to put himself in a position to satisfy her. After having corrected with good perfumes the garlics which ordinarily serve as pastilles de bouche, he made a large collation of chocolate, pistachio, white pepper, and other foodstuffs used in the institutions of Amarante; and all this worked so well that the virtuous princess found it good. She wanted in memory of the deduction that two A. A.s be placed in the medal of her chivalry, one of which meant "Amarante" and the other "Antonio", which is the name of the companion, with these words: "Dolce es la memoria", to show that she was not ungrateful, but that she remembered the good that had been done to her.
Those who told us that the internuncio, who is here, and that the wisest religious people with him have often complained to our ministers about the scandalous life of this queen told us the truth, and we were greatly astonished that she was not cast out like an impious woman. What will foreign peoples say when they know that our king allowed into his states an extravagant woman who professed to be licentious and who put the most debauched people to shame? What reproaches will we not justly make against the House of Austria? And could we not say that human considerations, although weak, were more powerful than those of the honour due to God?
Is it possible that His Majesty was not informed of the abominable speeches she made about the Blessed Virgin? One day, among others, when she saw the young Countess of Grimbergen, who was pregnant, — "By God", she said, "the good Virgin Mary would have greatly embarrassed us if she had had as many children as this princess, because she only made one, who we don't know what to do with."
Can one utter more execrable blasphemies than this?
Another time, being in a Jesuit convent, while walking with the rector, she saw a very well-made image of the Virgin, and she said at the same time to the good father: "When you see this beautiful painting, Father, don't you just want to rejoice?"
This shameful request made this good monk blush, who replied: "Madame, such an image inspires devotion and strengthens us against Satan."
The Queen replied: "I know the reason, good man, why women do not have much power over those of your order. It's because you apply yourselves to the behinds of your young schoolboys."
What abandoned creature could say more? I would have to write you a volume if I wanted to write down for you all her impieties; that it is enough for you to know that the world has never produced a monster so dirty, nor so worthy of being execrated by all there are Christians and people of honour, and that the retreat that His Majesty has given her in his states will be the cause of all the plagues with which God will punish them if His Divine Majesty is not touched by the repentance that the King must show for having added too much faith to the advice of those who have abused his generous kindness.
You want me to tell you what the purpose of her journey to Italy may be. I will tell you frankly what I have learned about it from people who share in the confidence of those who are best with her. The Council of Sweden having made remonstrances to the King on the licentious life of Queen Kristina, and on the shame that the whole nation receives to see the daughter of the great Gustav infamously prostituted to a miserable Spaniard, after she runs from province to province, inviting her to return to Sweden, and to give this satisfaction which conjured her by the care she was obliged to have of her reputation and to put an end to all the rumours which were spreading everywhere in the world, to the great disadvantage of her honour.
She discussed the matter with Don Antonio Pimentel, who easily made her believe that if she returned to Sweden, they would not fail to lock her up and take the pretext of not paying her the pension she had reserved for herself. And as her refusal to return to Sweden threw her into the same inconvenience, he suggested that she become a Catholic, as the King [of Spain], who has more passion for the greatness of religion than for that of his states, would not fail to do her much more good.
He added that he had been conferring for some time with Count Fuensaldaña on means to bring the King's mind to make her governor of the Netherlands and that the said count would remain under her in the same charge that he has under the Archduke. She could ensure that she had the same power as the late Infanta, and that, having such a beautiful court as this princess had had, she would soon realise that she had not lost much by losing the crown of Sweden, for she would receive absolute authority in a country where the smallest city was worth more than the entire kingdom of the North.
The love of libertinage, the apprehension of being locked up, and the hope of the authority with which she was flattered made her resolve to follow the advice of Pimentel, to whom she said: "In the matter of religion — by God, it hardly matters to me whether I believe what your monks say or what Our ministers say. I will always give the choice to whoever wants, after all I have heard that the Franciscans were good companions and that your women are better off than ours are with their ministers."
This is the first disposition that she brought to her conversion; but, because Pimentel, who knows the weakness of this princess, who has never done anything except by ostentation, wanted at the same time to see himself on the greatest theater in the world with the character of ambassador, he persuaded her to go and make her abjuration in the capital city of Christianity in the hands of the Pope, who on this consideration would give her a magnificent reception. For this, it was necessary to write to Spain, surprise His Majesty and his ministers, and make it understood that it was the King's honour to contribute something to his conversion, or at least to the appearance of a change of religion in Queen Kristina.
She wrote on his behalf so that Pimentel could be ordered to accompany her everywhere as ambassador, and because it was not proper for her to make this journey without women and without a train, like the journey she had made from Sweden to Flanders. Pimentel wanted to take the opportunity to oblige his friend Antonio, who is otherwise called (con licencia de los superiores) Don Antonio de la Cueva, to withdraw him from the army, where nature suffered greatly in his person. He persuaded the queen to write to Spain, in order to have an order from the King, by which he was enjoined to this alleged Don de la Cueva and to his wife not to travel to Italy with Queen Kristina.
This order was sent, with a mandate for a [...] for this brave officer, who had great difficulty in leaving the service of the King in the pressing necessity of his affairs, because Aleaqueste, Major of the Royal Regiment of His Royal Highness of the Cardinal-Infante and of Count Fuensaldaña, being with dignity the office of lieutenant-general of the cavalry, which he has always quite happily exercised in the waters of Spa. He judged well that to quit his employ would in some way be to lose his fortune; but Pimentel made him understand that the King's service could be carried out without him, and that he would still carry out his first function as Aleaqueste by traveling, for which Queen Kristina would write in his favour as she had recently done for him, jointly with Count Fuensaldaña, to replace him in the place of Count García, by whose death the office of maître de camp général is vacant.
The Queen honoured this Don de la Cueva as steward of her crew and Madame de la Cueva as camerera, but with a promise to keep her there when she was governor of the Netherlands on her return from Italy. But this lady was not satisfied, because she had been made to hope that an order would also be brought from Madrid for Baron d'Arquien, who is, as you know, her Pimentel, who for his part is very bored in dangers and who, apart from the respect due to his merit, is one of the officers of our entire army whom, without harming the King's service, His Majesty could give to Queen Kristina to increase her equipage.
This is all that is said here about this Queen's journey, and this is what resulted in all the negotiations of Ambassador Pimentel and the fruit that comes to us from all the expenses that we made for Queen Amarante and her knight while we are in dire need of money, and we do not have enough to satisfy the troops who serve us.
You will, please, reflect at your leisure on the conduct of our ministers, who deceive the King for their particular interests, and you will judge whether Pimentel seems to work rather for the propagation of the faith than for that of the sword, if for often going to the breach where he goes, he deserves the office of maître de camp général if all there are officers will serve without murmuring, if Don Louis de Haro is so blind as to have this complacency for Count Fuensaldaña, whose creature Pimentel is; and if, in recognition of the good services that this Count has been rendering to the King for several years, by which he has acquired the reputation that you know he has and of which all the faithful provinces are witnesses, the recommendation that it is necessary in favour of a dunce to make him a general of the army is not a mark that he is well-intentioned for the service of the King.
While you reason on this, I will try to save what remains to me, and I will prepare to give you the best I can when you return. My wife kisses your hands, and I am very passionately
your, etc.
Above: Kristina.
Notes: incontinent = immédiatement.
Kristina had her/his/their affair with the unknown Jewish woman, Rachel Sylw, in Antwerp.
EDIT, 11-16-23: It is likely at the least and certain at the most that Kristina did feel and experience attraction to women, but this aspect of her/his/their life has been subjected to so much hearsay and rumour both during and after her/his/their lifetime that Ebba Sparre is one of the only women, if not the only woman, whom we can say was Kristina's lover with any degree of certainty. Most accounts from the time about Kristina's attractions to most women other than Ebba seem to have been fabricated by detractors with the goal of damaging her/his/their reputation, and some of them even go as far as to purposely and falsely depict Kristina as a predatory nymphomaniac who (during her/his/their post-abdication travels) forced both her favourite foreign noblewomen and even random peasant women into sudden and unwanted non-platonic kisses and embraces without their consent and who tried to sneak her hand under women's skirts at table.
And the famous letter to the Marquise de Ganges, which has been cited and spread so much, and in which Kristina expressed awe at the Marquise's beauty and wished to become a man in order to have her, is sadly a fabrication from the 18th century. But, with so much research I still aim to do, in my mind that does not necessarily negate the possibility that Kristina ever did authentically write to the Marquise or that she might have indeed had a crush on her; and I hope time and further digitisation (particularly of the Azzolino Collection, one of the most extensive collections of Kristina's surviving official and personal correspondences with various men and women from all over Europe) might allow me to look further into such questions and see if any of the less slanderous rumours in this area have any surviving grain of truth that inspired them.
The research of Dutch historian Frans Godfroy has found that in a 1982 biography, Christine de Suède: un roi exceptionnel, its author, the French historian and member of the Académie Française, Bernard Quilliet, drew from a dubious source. He wrote that in 1654, during Kristina's first stay in Hamburg, when she was lodging in the house of a Portuguese Jewish man, Diego Texeira — her soon-to-be close friend and banker —, Kristina was given a courtesan in the form of Texeira's niece Rachel, who turned out to be a lesbian and became Kristina's lover.
Quilliet did not mention what source he discovered this detail from, but it does correspond with the mention in the letter in this post about a here unnamed Jewish woman who Kristina is said to have had an affair with, although here it is claimed that this happened in Antwerp, where Kristina had stayed in 1655. The original publication of this letter (or rather pamphlet) was in 1668 as part of the book "Recueil de quelques Pieces Curieuses, Servant à l'Esclaircissement de l'Histoire de la Vie de la Reine Christine", published by Pierre de Marteau (the letter also appears in "Histoire de la Vie de la Reyne Christine", authored by Jean Plein-de-Courage and published in 1677), and the letter's anonymous author did not have a nice word to say about Kristina in anything at all.
But regardless of its origins, this rumour has been told and the details changed over the centuries, and Quilliet does refer to an obscure 19th century source, for which neither the title ("Christina von Schweden als Königin", Cottbus, 1866-1868, page 79, untraceable at WorldCat) nor the author, Konrad Danelius, can be found in any contemporary library catalogues. It is supposedly Danelius who reveals the beautiful and "brown" Jewish woman's identity as Rachel Sylw (or Silva), Texeira's niece who was supposedly famous for having had lesbian relationships with various noblewomen in and around Hamburg. He also claims that Rachel had to appear before a family council to account for her services to Kristina, which doesn't make much sense given the professional reputation she already had. She is said to have replied that her work on behalf of "one of the most glorious queens of Europe is more honour than shame".
Godfroy points out that Quilliet seems to ignore the anti-Semitic context of these allegations, which was widespread among the Lutherans in Hamburg towards not just the city's Jewish community in general, but towards the Texeira family in particular.
There is nothing at all wrong with women loving women as long as it's all consensual, no matter what anyone says, but sadly in the past and even still today it is still seen in some places and circles as immoral, sinful and damaging to a woman's reputation; and any damage a real or imagined consenting relationship with another woman does do to a woman's reputation is the fault of her detractors and not the fault of either woman.
camarera major = dame d'honneur.
cancre = de la Cueva.
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