Tuesday, July 15, 2025

Excerpt from Pierre Hector Chanut's letter to Marc Duncan de Cérisantes, dated January 10/20 (New Style), 1646

Source:

Un original de l'Hôtel de Rambouillet: La vie aventureuse de Cérisantes, poète latin, article written by Georges Mongrédien for Revue d'Histoire littéraire de la France, 36e Année: 1929, pages 493 to 494, published by the Society of the Literary History of France, 1929; original at the University of Virginia


"N'oubliant pas qu'il est conseiller privé de Christine et Résident de Suède en France, Cérisantes compose une nouvelle ode latine sur l'épée de Gustave-Adolphe, tué en 1632 à Lutzen. Il a vu cette épée à Aix dans le cabinet d'un curieux et, une fois de plus, ses vers font l'admiration des latinistes. Le 7 novembre 1644, Balzac écrit à Chapelain: «J'attens particulièrement cette espée fatale qui sera bientost plus célèbre que Durandal et que toutes les autres armes de la famille de nostre Arioste». Et, huit jours plus tard, Balzac écrit encore: «Monsieur de Cérisantes est un grand et sublime poète, et je le remercie très humblement de son Espée mille fois plus riche que celles que j'ay veues autrefois dont le pommeau estoit tout d'or et tout de diamans».

Encouragé par le succès de cette dernière ode, Cérisantes se remet au travail et décide de louer la Reine Christine elle-même en de nouveaux vers latins. Adressant à Mazarin le portrait de Christine, il y joint une ode dithyrambique «que les plus sçavans», dit Aubery du Maurier, «trouvoient egaller les plus belles d'Horace». ...

Si l'on en croit ses contemporains, Cérisantes «qui estoit assez fou pour avoir quelque dessein de plaire à la Reyne», dit Tallemant des Réaux, aurait vu dans cette ode pompeuse une galanterie capable de lui attirer les faveurs de la souveraine dont il ne se jugeait nullement indigne. Aussi ce fou de poète n'inspire-t-il, en tant que diplomate, que peu de confiance à Balzac. ...

Nous avons, d'autre part, un curieux témoignage du cas que la Reine de Suède fit de cet hommage. Chanut, résident de France en Suède, écrit à Cérisantes, le 20 janvier 1646..."

"Not forgetting that he was Kristina's privy councilor and resident of Sweden in France, Cérisantes composed a new Latin ode on the sword of Gustav Adolf, killed in 1632 at Lützen. He had seen this sword in Aix in the study of a curious person, and once again, his verses were admired by Latin scholars. On November 7, 1644, Balzac wrote to Chapelain: 'I particularly await this fatal sword, which will soon be more famous than Durandal and all the other coats of arms of our Ariosto's family.' And, eight days later, Balzac wrote again: 'Monsieur de Cérisantes is a great and sublime poet, and I thank him most humbly for his sword, a thousand times richer than those I have seen before, whose pommel was entirely of gold and diamonds.'

Encouraged by the success of this last ode, Cérisantes returned to work and decided to praise Queen Kristina herself in new Latin verses. Sending Mazarin the portrait of Kristina, he added a dithyrambic ode 'which the most learned', says Aubery du Maurier, 'found equal to the most beautiful ones by Horace'. ...

According to his contemporaries, Cérisantes, 'who was mad enough to have some intention of pleasing the Queen', says Tallemant des Réaux, would have seen in this pompous ode a gallantry capable of attracting the favours of the sovereign, of whom he considered himself in no way unworthy. Thus, this mad poet, as a diplomat, inspires little confidence in Balzac. ...

We have, on the other hand, a curious testimony of the value that the Queen of Sweden made of this homage. Chanut, resident of France in Sweden, wrote to Cérisantes, on January 20, 1646..."

The letter excerpt:

Je vous dis avec la pureté de laquelle je ne me departiray jamais que je fus très aise de trouver jour à luy parler de vos vers. Elle me dit qu'elle les avoit. Je luy demanday si c'estoit l'imprimé et ce qu'elle en jugeoit. Elle me dit franchement que l'ode imprimée luy avoit esté donnée, mais qu'en vérité elle ne l'avoit point leuë, et que le titre luy en avoit baillé du degoust, estimant que les vers sur son portraict ne pouvoient estre qu'une flatterie que son cœur ne pouvoit souffrir. Je vous avouë, Monsieur, que cette vertu si austere et si incroyable en une Princesse de son aage, m'estonna jusqu'à avoir l'impudence de luy faire confirmer plusieurs fois que pour cette raison Elle ne les avoit pas voulu lire. Et, certes, je vis clairement qu'elle disoit la vérité, sur quoy après avoir osé luy en faire un honneste reproche, que Sa Majesté eust seule dédaigné ce que les plus grands hommes de France avoient leu avec admiration et plaisir, et l'ayant asseurée qu'elle trouveroit le portrait à son goust en ce qu'elle y reconnoistroit plus de son esprit que de son visage, elle me promit à deux fois qu'Elle les verroit et l'autre Ode aussy dont le titre de mesme l'effarouchoit; ce ne fut pas, Monsieur, par les vers que finit le discours, de vostre personne j'en dis peu, mais avec vérité et sans affectation, et j'eus le contentement de voir clairement que vostre service luy est fort agréable et vostre personne en estime, l'ayant dit nettement en la repartie qu'elle me fit à ce que j'avois dit comme en passant de la reputation en laquelle vous étiez en France et particulièrement auprès de Son Éminence....

With modernised spelling:

Je vous dis avec la pureté de laquelle je ne me départirai jamais que je fus très aise de trouver jour à lui parler de vos vers. Elle me dit qu'elle les avait. Je lui demandai si c'était l'imprimé et ce qu'elle en jugeait. Elle me dit franchement que l'ode imprimée lui avait été donnée, mais qu'en vérité elle ne l'avait point lue et que le titre lui en avait baillé du dégoût, estimant que les vers sur son portrait ne pouvaient être qu'une flatterie que son cœur ne pouvait souffrir.

Je vous avoue, Monsieur, que cette vertu si austère et si incroyable en une princesse de son âge m'étonna jusqu'à avoir l'impudence de lui faire confirmer plusieurs fois que pour cette raison elle ne les avait pas voulu lire. Et, certes, je vis clairement qu'elle disait la vérité, sur quoi, après avoir osé lui en faire un honnête reproche, que Sa Majesté eût seule dédaigné ce que les plus grands hommes de France avaient lu avec admiration et plaisir, et l'ayant assurée qu'elle trouverait le portrait à son goût en ce qu'elle y reconnaîtrait plus de son esprit que de son visage, elle me promit à deux fois qu'elle les verrait et l'autre ode aussi, dont le titre de même l'effarouchait.

Ce ne fut pas, Monsieur, par les vers que finit le discours. De votre personne j'en dis peu, mais avec vérité et sans affectation, et j'eus le contentement de voir clairement que votre service lui est fort agréable et votre personne en estime, l'ayant dit nettement en la repartie qu'elle me fit à ce que j'avais dit comme en passant de la réputation en laquelle vous étiez en France, et particulièrement auprès de Son Éminence...

Swedish translation (my own):

Jag säger Er med den renhet som jag aldrig kommer att överge att jag var mycket glad över att finna dagen att tala med henne om Era verser. Hon berättade att hon hade dem. Jag frågade henne om det var den tryckta versionen och vad hon tyckte om den. Hon berättade öppet för mig att den tryckta oden hade givits till henne, men att hon i sanning inte hade läst den och att titeln hade väckt äckel av henne, ty hon ansåg att verserna om hennes porträtt bara kunde vara smicker som hennes hjärta inte kunde bära.

Jag erkänner för Er, monsieur, att denna dygd, så sträng och så otrolig hos en prinsessa i hennes ålder, förvånade mig till den grad att jag hade oförskämdheten att flera gånger få henne att bekräfta att det var av denna anledning som hon inte hade velat läsa dem. Och jag såg verkligen tydligt att hon talade sanning, varpå hon, efter att ha vågat rikta en ärlig förebråelse mot henne, att Hennes Majestät allena hade föraktat vad Frankrikes största män hade läst med beundran och nöje, och efter att ha försäkrat henne om att hon skulle finna porträttet i sin smak i det att hon skulle känna igen mer av hennes sinne än av hennes ansikte, lovade mig två gånger att hon skulle se dem och även den andra oden, vars titel också skrämde henne.

Det var inte, monsieur, med verserna som föredraget slutade. Jag sade föga om Er person, men sanningen och utan att påtvinga mig något, och jag hade tillfredsställelsen att tydligt se att Er tjänst är mycket behaglig för henne och att Er person är högt uppskattad hos henne, efter att ha sagt det tydligt i den replik hon gav mig om vad jag hade sagt, liksom i förbigående, om det rykte Ni har i Frankrike, och särskilt hos Hans Eminens...

English translation (my own):

I tell you with the purity from which I will never depart that I was very pleased to find the day to speak to her about your verses. She told me that she had them. I asked her if it was the printed version and what she thought of it. She told me frankly that the printed ode had been given to her, but that in truth she had not read it and that the title had disgusted her, esteeming that the verses about her portrait could only be flattery that her heart could not bear.

I confess to you, Monsieur, that this virtue, so austere and so incredible in a princess of her age, astonished me to the point of having the impudence to make her confirm several times that it was for this reason that she had not wanted to read them. And, certainly, I saw clearly that she was telling the truth, whereupon, after having dared to make an honest reproach to her, that Her Majesty alone had disdained what the greatest men of France had read with admiration and pleasure, and having assured her that she would find the portrait to her taste in that she would recognise more of her mind than of her face, she promised me twice that she would see them and the other ode also, whose title also frightened her.

It was not, Monsieur, with the verses that the discourse ended. I said little about your person, but with truth and without affectation, and I had the contentment of seeing clearly that your service is very agreeable to her and your person is highly esteemed, having said it clearly in the repartee she made to me about what I had said, as if in passing, about the reputation in which you were held in France, and particularly with His Eminence...


Above: Kristina.

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