Source:
Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère: tome VI, septembre 1653-juin 1655, page 398, published by M. A. Chéreul, 1890
The letter excerpt:
Paris, 11 décembre 1654.
... Je ne trouve point estrange que la reyne Christine ayt escrit en faveur de Monsieur le Prince et prié le roy de Suede de s'entremettre de son accommodement avec la France. Deux causes l'y ont portée: la premiere, l'estime qu'elle a tousjours faicte de sa personne; la seconde, plus veritable, c'est pour rendre ce service aux Espagnols, qui est un des plus importans qu'elle leur pourroit rendre en cette conjoncture. Il est certain que ce prince est si peu en estat de nous faire du mal, demeurant avec les Espagnols, au prix de ce qu'il nous en pourroit faire s'il revenoit en France, veu son humeur inquiete et turbulente, qu'on pourroit avec verité dire qu'il nous en feroit plus, en six mois, qu'il n'en fera, en six ans, au service du roy d'Espagne, et cecy sans exageration.
Je ne doute point que les Espagnols, qui sont habiles et qui sçavant bien faire la difference et la comparaison des choses, n'ayant inspiré à la reyne Christine de faire cet office auprez du roy de Suede, comme aussy je suis asseuré que, ce prince estant intelligent et raisonnable au point qu'il l'est, apres avoir rendu cette deference aux prieres de ladicte dame, qu'il doit tousjours considerer beaucoup, il considerera aussy les interests de cette couronne, qui ne luy doivent estre guere moins chers que les siens propres, et [il recognoistra] que certainement des maux inevitables qui nous arriveroient de l'accommodement de M. le Prince, il s'en feroit une grande reflexion sur son Estat, avec lequel le nostre doit estre desormais en une communauté de bien et de mal. Vous pouvez pourtant l'asseurer que, dans la traité de la paix generale, on considerera beaucoup, pour l'amour de luy et de la reyne Christine, les interests de ce prince. ...
With modernised spelling:
Paris, 11 décembre 1654.
... Je ne trouve point étrange que la reine Christine ait écrit en faveur de Monsieur le Prince et prié le roi de Suède de s'entremettre de son accommodement avec la France. Deux causes l'y ont portée: la premiere, l'estime qu'elle a toujours faite de sa personne; la seconde, plus véritable, c'est pour rendre ce service aux Espagnols, qui est un des plus importants qu'elle leur pourrait rendre en cette conjoncture. Il est certain que ce prince est si peu en état de nous faire du mal, demeurant avec les Espagnols, au prix de ce qu'il nous en pourrait faire s'il revenait en France, vu son humeur inquiète et turbulente, qu'on pourrait avec vérité dire qu'il nous en ferait plus, en six mois, qu'il n'en fera, en six ans, au service du roi d'Espagne, et ceci sans exagération.
Je ne doute point que les Espagnols, qui sont habiles et qui savant bien faire la différence et la comparaison des choses, n'ayant inspiré à la reine Christine de faire cet office auprès du roi de Suède, comme aussi je suis assuré que, ce prince étant intelligent et raisonnable au point qu'il l'est, après avoir rendu cette déférence aux prières de ladite dame, qu'il doit toujours considérer beaucoup, il considérera aussi les intérêts de cette Couronne, qui ne lui doivent être guère moins chers que les siens propres, et il reconnaîtra que certainement des maux inévitables qui nous arriveraient de l'accommodement de M. le Prince, il s'en ferait une grande réflexion sur son Etat, avec lequel le nôtre doit être désormais en une communauté de bien et de mal. Vous pouvez pourtant l'assurer que, dans la traité de la paix générale, on considérera beaucoup, pour l'amour de lui et de la reine Christine, les intérêts de ce prince.
Swedish translation (my own):
Paris, den 11 december 1654.
... Jag finner det inte märkligt att drottning Kristina skulle ha skrivit till förmån för monsieur le prince och bett Sveriges konung att förmedla hans boende hos Frankrike. Två orsaker fört henne dit: den första, den aktning hon alltid har haft för sin person; den andra, mer äkta, är att göra denna tjänst åt spanjorerna, vilket är en av de viktigaste som hon kunde ge dem vid denna tidpunkt. Det är säkert att denne prins är så lite i ett skick att göra oss skada, kvar hos spanjorerna, på bekostnad av vad han kunde göra mot oss om han återvände till Frankrike, med tanke på hans rastlösa och turbulenta humör, att vi med sanning kunde säg att han skulle göra mer för oss på sex månader än vad han kommer att göra på sex år i Spaniens konung, och detta utan att överdriva.
Jag tvivlar inte på att spanjorerna, som är skickliga och som vet hur man kan göra skillnad och att jämföra saker, har inspirerat drottning Kristina att utföra detta ämbete med konungen av Sverige, liksom jag är säker på att denna prins är intelligent. och rimlig till den punkt, att han, efter att ha ägnat denna vördnad till ovannämnda dams böner, som han alltid måste beakta mycket, kommer han också att beakta denna kronans intressen, som inte får vara honom mindre kär än hans egen, och han kommer säkerligen att erkänna att av de oundvikliga ondska som skulle drabba oss av furstens inkvartering, skulle han göra en stor reflektion av det på sin stat, med vilken vår hädanefter måste vara i en gemenskap av gott och ont. Ni kan dock försäkra honom, att i det allmänna fredsfördraget stor hänsyn kommer att tas, för hans och drottning Kristinas skull, till denna furstes intressen.
English translation (my own):
Paris, December 11, 1654.
... I do not find it strange that Queen Kristina should have written in favour of Monsieur le Prince and begged the King of Sweden to mediate his accommodation with France. Two causes brought her there: the first, the esteem she has always had for his person; the second, more genuine, is to render this service to the Spaniards, which is one of the most important that she could render to them at this juncture. It is certain that this prince is so little in a condition to do us harm, remaining with the Spaniards, at the cost of what he could do to us if he returned to France, given his restless and turbulent mood, that we could with truth say that he would do more for us in six months than he will do in six years in the service of the King of Spain, and this without exaggeration.
I do not doubt that the Spaniards, who are skillful and who know how to make the difference and the comparison of things, having inspired Queen Kristina to perform this office with the King of Sweden, as also I am sure that, this prince being intelligent and reasonable to the point that he is, after having paid this deference to the prayers of the said lady, which he must always consider very much, he will also consider the interests of this Crown, which must not be less dear to him than his own, and he will certainly recognise that of the inevitable evils which would befall us from the accommodation of the Prince, he would make a great reflection of it on his State, with which ours must henceforth be in a community of good and badly. You can, however, assure him that, in the treaty of general peace, great consideration will be given, for his sake and that of Queen Kristina, to the interests of this prince.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Jules Mazarin.
Above: Charles d'Avaugour du Bois.
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