Sources:
Christine de Suède et la cardinal Azzolino. Lettres inédites (1666-1668), Carl Bildt, 1899
Kristina wrote this letter to Cardinal Decio Azzolino on September 16/26 (New Style), 1668.
The letter:
26 7t.br 1668 —
Vous aures veu par mes presedentes lestat de mes affaires de Suede, et les depeches que ie Vous ay envoye Vous auront fait Conoistre Ce que ie navois pas loisir de Vous dire alors, cest que mon depart est differe depuis le primier du moy prochain iusques au Vintiesme. iay iuge Ce delay si necessaire que ie mẏ suis resolue de la maniere que ie me resoudreray a la mort quant il plaira a dieu de me lenvoyer, et ie Crois que iayray moins de paine a me resoudre pour la mort mesme qua ce fatal delay. ie masseure que Vous approuveres cette resolution dautan plus que ie say que limpacience de me revoir nest pas grande en Vous.
Cepandant mon Voiage pour Stade est arreste pour demain en huit Jours, iy passeray deux ou trois Jours en se paẏs la et puis ie reviendray ẏcy pour attendre a pie ferme les resolutions de Suede et le temps de mon depart Cepandant ie suis occupe a donner la derniere main aux affaires de pomeranie
Jay trop dobligation a la diette et aux estats de Suede, et quant ie pourois Vous dire les particolarites Vous en seres estonne Vous mesme. Cette diette a este la plus importante diette pour moy qui pouvoit iamais arriver et Jespere de retourner glorieuse et thriomfante a Rome nen douttes pas ie Vous prie.
Je Vous envoy ce que iay de polonge et ne Vous parle pas des nouvelles de ce pays la parce que ie suppose que Vous les aves dalieurs des meillieurs et des plus fraiches
les Suedois licencie tout leur monde si on avoit de largent on pouroit faire icy vne admirable arme pour lenvoyer Contre le turque si laffaire de Bremen me reusit iauray de quoy servir Sa S.te de la maniere quelle le Commendera et Je le feray avec ioye
Vrangel a este pour quelque iours icy et y reviendra samedi prochain avec toutte sa famillie pour mammener a Stade
laliance entre lEmpereur et la Suede est quasi rompeue, ie ne Vous ay iamais parle de cette alliance parce que ie nen fay auCun Cas, Comme de Cinquante austres que la Suede a faitte qui sont toutes Contraires les vnes aux austres et ne signifie que tres peu en apparence et rien en effect. Jl faut saccoustumer a ne Conter la Suede pour rien Car dans lestat ou sont les affaires auiourdhuy elle nest Capable que de ne Vouloir et de ne pouvoir rien. Cette Verite nesclattera que lors quil y aura un [...] roy en polonge. Ce se sera a lors que la Suede perdera touttes Ces Conquestes et se perdera elle mesme. pauvre Suede qui lauroit iamais dit qu'en si peu de temps elle fust reduitte en vn estat si deplorable san avoir dautres ennemis quelle mesme, et qu'apres avoir thriomfe de tan de nation elle tandit a sa Visible et indubitable ruine sans avoir daustre ennemẏ que sa mauvaise Conduite
Ie ne saurois vous dire rien de certain sur la fin de la diette par le prochain extraordinaire nous en saurons quelque Chose de plus les Estats iusques icy non Voulu Consentir a aucune Jmposition au Contraire il ont Casse des gabelles qui austrefois estoit des droits regaux ou les estats nont iamais eu aucune disposition des sus. Jl ont donne plus de trois cent griefs Considerables Contre le gouvernement, le senat et la Regence on este fort aux mains pour empieter les vns sur les austres, mais les estats on manteneu le senat qui est asseurement le bon parti. il y a Cent Chose belles et Curieuses quon ne peut Vous escrire et que Vous aures plaisir de savoir. aye pacience quant Jl sera temps on Vous informera de tout.
on a fait de nouveaux senateurs don le Cont. Stenboc et le Marechal de la noblesse en sont les austres sont des gens don le nom ne Vous peut estre Coneus. Bielke que Vous aves veu a Rome et qui Vous porta vne lestre de reCommandation de moy, est entre en la place de Steboc, et est le trois ou quattriesme favorit declare de la reine mais Vous aures seu toutte ses particularites du Marquis del Monte et ie Vous diray daustre quant iauray la satisfaction de Vous Voir adieu
26 settembre
Vostre lestre du 7 Courant viendt de mestre rendeu. pour y repondre ie nay loisir que de me plaindre de Vous de ce que Vous ne Voules pas attendre ce que ie Vous ay dit du Secont obstacle. Vous estes Cruel si Vous pouves doutter que iay iamais Change de sentiments, mais enfin ie mexpliqueray quant il sera temps
Cepandant ie Vous suis extremement oblige de ce que Vous faitte pour moy et lobligation que iay a Sa S.te est si grande que ie ne puis asse Vous exagerer mes Reconoissances. Je nay pas loisir de Vous dire rien de plus et ie seray plus longe lordinaire prochain
adieu
With modernised spelling:
Hambourg, 26 septembre 1668.
Vous aurez vu par mes précédentes lettres l'état de mes affaires de Suède, et les dépêches que je vous ai envoyées vous auront fait connaître ce que je n'avais pas loisir de vous dire alors, c'est que mon départ est différé depuis le premier du mois prochain jusqu'au vingtième. J'ai jugé ce délai si nécessaire, que je m'y suis résolue de la manière que je me résoudrai à la mort, quand il plaira à Dieu de me l'envoyer, et je crois que j'aurai moins de peine à me résoudre pour la mort même, qu'à ce fatal délai. Je m'assure que vous approuverez cette résolution, d'autant plus que je sais que l'impatience de me revoir n'est pas grande en vous.
Cependant mon voyage pour Stade est arrêté pour demain en huit jours; j'y passerai deux ou trois jours en ce pays-là, et puis je reviendrai ici pour attendre à pied ferme les résolutions de Suède et le temps de mon départ. Cependant je suis occupée à donner la dernière main aux affaires de Poméranie.
J'ai trop d'obligations à la Diète et aux États de Suède, et quand je pourrai vous dire les particularités vous en serez étonné vous-même. Cette Diète a été la plus importante Diète pour moi qui pouvait jamais arriver, et j'espère de retourner glorieuse et triomphante à Rome. N'en doutez pas, je vous prie.
Je vous envoie ce que j'ai de Pologne, et ne vous parle pas des nouvelles de ce pays-là, parce que je suppose que vous les avez d'ailleurs, des meilleurs et de plus fraîches.
Les Suédois licencient tout leur monde. Si on avait de l'argent, on pourrait faire ici une admirable armée pour l'envoyer contre le Turc. Si l'affaire de Brême me réussit, j'aurai de quoi servir Sa Sainteté de la manière qu'elle le commandera, et je le ferai avec joie.
Wrangel a été pour quelques jours ici et y reviendra samedi prochain, avec toute sa famille, pour m'emmener à Stade.
L'alliance entre l'Empereur et la Suède est quasi rompue; je ne vous ai jamais parlé de cette alliance parce que je n'en fais aucun cas, comme de cinquante autres que la Suède a faites, qui sont toutes contraires les unes aux autres et ne signifient que très peu en apparence et rien en effet. Il faut s'accoutumer à ne compter la Suède pour rien, car dans l'état où sont les affaires aujourd'hui, elle n'est capable que de ne vouloir et de ne pouvoir rien. Cette vérité n'éclatera que lorsqu'il y aura un (lacune) roi en Pologne. Ce sera alors que la Suède perdra toutes ses conquêtes et se perdra elle-même. Pauvre Suède! Qui l'aurait jamais dit, qu'en si peu de temps elle fût réduite en un état si déplorable, sans avoir d'autres ennemis qu'elle-même, et qu'après avoir triomphé de tant de nations, elle tendit à sa visible et indubitable ruine, sans avoir d'autre ennemi que sa mauvaise conduite?
Je ne saurais vous dire rien de certain sur la fin de la Diète. Par le prochain extraordinaire nous en saurons quelque chose de plus. Les États jusqu'ici n'ont voulu consentir à aucune imposition; au contraire, ils ont cassé des gabelles qui autrefois étaient des droits régaux, où les États n'ont jamais eu aucune disposition dessus. Ils ont donné plus de trois cents griefs considérables contre le gouvernement; le sénat et la régence ont été fort aux mains pour empiéter les uns sur les autres, mais les États ont maintenu le sénat, qui est assurément le bon parti. Il y a cent choses belles et curieuses qu'on ne peut vous écrire et que vous aurez plaisir de savoir. Ayez patience; quand il sera temps, on vous informera de tout.
On a fait de nouveaux sénateurs, dont le comte Stenbock et le maréchal de la noblesse en sont, les autres sont des gens dont le nom ne vous peut être connu. Bielke que vous avez vu à Rome, et qui vous porta une lettre de recommandation de moi, est entré en la place de Stenbock et est le troisième ou quatrième favori déclaré de la Reine. Mais vous aurez su toutes ces particularités du marquis del Monte, et je vous dirai d'autres quand j'aurai la satisfaction de vous voir. Adieu.
P. S. — Votre lettre du 7 courant vient de m'être rendue. Pour y répondre, je n'ai loisir que de me plaindre de vous, de ce que vous ne voulez pas attendre ce que je vous ai dit du second obstacle. Vous êtes cruel si vous pouvez douter que j'aie jamais changé de sentiments; mais enfin je m'expliquerai quand il sera temps.
Cependant je vous suis extrêmement obligée de ce que vous faites pour moi, et l'obligation que j'ai à Sa Sainteté est si grande, que je ne puis assez vous exagérer mes reconnaissances. Je n'ai pas loisir de vous dire rien de plus, et je serai plus longue l'ordinaire prochain. Adieu.
English translation (my own):
September 26, 1668. —
You will have seen by my previous letters the state of my affairs in Sweden, and by the dispatches I sent you will have made known to you what I had no time to tell you then, which is that my departure has been postponed from the first of next month to the twentieth. I judged this delay so necessary that I resolved to it in the way that I will resolve upon death, when it pleases God to send it to me, and I believe that I will have less difficulty to resolve for death itself, only at this fatal delay. I am sure that you will approve of this resolution, especially since I know that you are not very impatient to see me again.
However, my trip to Stade is scheduled for tomorrow plus eight days; I will spend two or three days there in that country, and then I will return here to await on firm footing the resolutions of Sweden and the time of my departure. In the meantime, I am busy putting the finishing touches to the affairs of Pomerania.
I have too many obligations to the Riksdag and Estates of Sweden, and when I can tell you the particulars, you will be surprised yourself. This Riksdag has been the most important Riksdag for me that could ever take place, and I hope to return glorious and triumphant to Rome. Don't doubt it, please.
I am sending you what I have from Poland, and I am not telling you about the news from that country, because I suppose you have it from elsewhere the best and the freshest.
The Swedes lay off everyone. If we had money, we could form an admirable army here to send against the Turks. If the Bremen affair succeeds, I shall have the wherewithal to serve His Holiness in the manner he commands, and I will do so with joy.
Wrangel has been here for a few days and will return here next Saturday, with all his family, to take me to Stade.
The alliance between the Emperor and Sweden is almost broken; I never spoke to you about this alliance because I don't care about it, like about fifty others that Sweden has made, which are all contrary to each other and mean very little in appearance and nothing in fact. We must get used to counting Sweden for nothing, because in the state of affairs today, she is only capable of wanting and being able to do nothing. This truth will only come out when there is a [...] king in Poland. It will be then that Sweden will lose all its conquests and will lose itself. Poor Sweden! Who would have ever said it, that in such a short time she should be reduced to such a deplorable state, without having any enemies other than herself, and that after having triumphed over so many nations, she tended to her visible and indubitable ruin, without having any other enemy than her own bad conduct?
I cannot tell you anything certain about the end of the Riksdag. By the next extraordinary we will know something more. The Estates have hitherto refused to consent to any taxation; on the contrary, they have broken the salt tax which formerly were regal rights, where the Estates never had any provision on it. They gave more than three hundred considerable grievances against the government; the Senate and the regency have been hard pressed to encroach upon each other, but the Estates have maintained the Senate, which is assuredly the right party. There are a hundred beautiful and curious things that cannot be written to you and that you will be pleased to know. Have patience; when it is time, one will inform you of everything.
New senators have been made, including Count Stenbock and the Marshal of the Nobility, the others are people whose names cannot be known to you. Bielke, whom you saw in Rome, and who brought you a letter of recommendation from me, has entered Stenbock's place, and is the Queen's declared third or fourth favourite. But you will have known all these particularities from the Marquis del Monte, and I will tell you the others when I have the satisfaction of seeing you. Goodbye.
P. S. — Your letter of the 7th of this month has just been returned to me. To answer it, I have only time to complain about you, that you don't want to wait for what I told you about the second obstacle. You are cruel if you can doubt that my feelings have ever changed; but in the end I will explain myself when the time is right.
In the meantime, I am extremely obliged to you for what you do for me, and the obligation I have to His Holiness is so great that I cannot overstate my gratitude to you. I have no time to tell you anything more, and I will be longer by the next ordinary. Goodbye.
Above: Kristina.
Above: Cardinal Decio Azzolino.
Notes: Count Stenbock = Count Johan Gabriel Stenbock.
the Marshal of the Nobility = Baron Johan Gyllenstierna.
Bielke = Nils Bielke.
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