Tuesday, June 21, 2022

Princess Elisabeth of Bohemia's letter to René Descartes, dated November 24/December 4, 1649

Source:

Descartes, la Princesse Elisabeth et la reine Christine: d'après des lettres inédites, page 143, published by Alexandre Foucher de Careil, 1879


The letter:

Monsieur Descartes,
Vostre lettre du 29 septembre, 9 octobre s'est promenée par Clève, mais toute vieille elle ne laisse pas d'estre tres-agréable et une preuve fort obligeante de la continuation de vostre bonté pour moy qui m'asseure aussi de l'heureux succès de vostre voyage, puisque le sujet en mérite la peine et que vous trouvez encore plus de merveilles en la Reine de Suède que sa réputation n'en fait éclater. Mais il faut avouer que vous estes plus capable de les connoître que ceux qui se sont meslés jusqu'icy de les proclamer. Et il me semble en savoir plus par ce peu que vous en dites que par tout ce que j'en ay appris d'ailleurs. Ne croyez pas toutefois qu'une description si avantageuse me donne matière de jalousie mais plutôt de m'estimer un peu plus que je ne faisais avant qu'elle m'a fait avoir l'idée d'une personne si accomplie qui affranchit nostre sexe de l'imputation d'imbécilité et de foiblesse que MM. les pédants lui vouloient donner. Je m'asseure lorsqu'elle aura une fois goûté vostre philosophie, elle la préférera à leur philologie. Mais j'admire qu'il est possible à cette Princesse de s'appliquer à l'étude comme elle fait et aux affaires de son royaume aussi, deux occupations si différentes qui demandent chacune une personne entière. L'honneur qu'elle a fait en vostre présence de se souvenir de moy je l'attribue entièrement au dessein de vous obliger en vous donnant sujet d'exercer une charité que vous avez témoigné d'affecter en beaucoup d'autres occasions, et vous dois cet avantage comme aussi si j'obtiens celuy d'avoir quelque part en son approbation, que je pourray conserver d'autant mieux que je n'auray jamais l'honneur d'estre connue de sa Majesté autrement que vous me représentez. Je me sens toutefois coupable d'un crime contre son service estant bien aise que votre extrême vénération pour elle ne vous obligera pas de demeurer en Suède. Si vous en partez cet hyver, j'espère que ce sera en la compagnie de M. Kleist où vous trouverez la meilleure commodité pour donner le bonheur de vous revoir à
Vostre très-affectionnée à vous servir,
ELISABETH.
M. Descartes.
Ce 24 nov. — 4 déc. Ma dernière estoit du 10/20 nov.

With modernised spelling:

Monsieur Descartes,
Votre lettre du 29 septembre/9 octobre s'est promenée par Clèves, mais toute vieille elle ne laisse pas d'être très agréable et une preuve fort obligeante de la continuation de votre bonté pour moi qui m'assure aussi de l'heureux succès de votre voyage, puisque le sujet en mérite la peine et que vous trouvez encore plus de merveilles en la Reine de Suède que sa réputation n'en fait éclater. Mais il faut avouer que vous êtes plus capable de les connaître que ceux qui se sont mêlés jusqu'ici de les proclamer. Et il me semble en savoir plus par ce peu que vous en dites que par tout ce que j'en ai appris d'ailleurs. Ne croyez pas toutefois qu'une description si avantageuse me donne matière de jalousie, mais plutôt de m'estimer un peu plus que je ne faisais avant qu'elle m'a fait avoir l'idée d'une personne si accomplie qui affranchit notre sexe de l'imputation d'imbécilité et de foiblesse que messieurs les pédants lui voulaient donner. Je m'assure lorsqu'elle aura une fois goûté votre philosophie, elle la préférera à leur philologie. Mais j'admire qu'il est possible à cette princesse de s'appliquer à l'étude comme elle fait et aux affaires de son royaume aussi, deux occupations si différentes qui demandent chacune une personne entière. L'honneur qu'elle a fait en votre présence de se souvenir de moi je l'attribue entièrement au dessein de vous obliger en vous donnant sujet d'exercer une charité que vous avez témoigné d'affecter en beaucoup d'autres occasions, et vous dois cet avantage comme aussi si j'obtiens celui d'avoir quelque part en son approbation, que je pourrai conserver d'autant mieux que je n'aurai jamais l'honneur d'être connue de Sa Majesté autrement que vous me représentez. Je me sens toutefois coupable d'un crime contre son service, étant bien aise que votre extrême vénération pour elle ne vous obligera pas de demeurer en Suède. Si vous en partez cet hiver, j'espère que ce sera en la compagnie de M. Kleist où vous trouverez la meilleure commodité pour donner le bonheur de vous revoir à
Votre très affectionnée à vous servir,
Élisabeth.
M. Descartes.
Ce 24 novembre/4 décembre. Ma dernière était du 10/20 novembre.

Swedish translation (my own):

Monsieur Descartes,
Ert brev av den 29 september/9 oktober har färdats genom Kleve, men ehuru mycket gammalt, är det ändå mycket angenämt och ett mycket förpliktande bevis på fortsättningen av Er godhet mot mig, som också försäkrar mig om Eder resas lyckliga framgång, sedan ämnet förtjänar besväret; och Ni finner ännu fler underverk i Sveriges drottning än vad hennes rykte visar. Men det måste erkännas att Ni är mer kapabel att känna till dem än de som hittills har blandat sig i att förkunna dem. Och det verkar för mig att jag vet mer av det Ni säger om det än av allt jag har lärt mig av det på annat håll. Tro dock inte att en sådan fördelaktig beskrivning ger mig anledning till svartsjuka, utan snarare att uppskatta mig själv lite mer än jag gjorde innan hon gav mig idén om en så fulländad person som befriar vårt kön från tillskrivningen av imbecilitet och svaghet som pedanter ville ge det. Jag försäkrar mig själv att när hon väl har smakat Eder filosofi, kommer hon att föredra den framför deras filologi. Men jag beundrar att det är möjligt för denna prinsessa att ägna sig åt att studera som hon gör och även till sitt rikes angelägenheter, två så olika yrken som var och en kräver en hel människa. Den ära hon har gjort i Eder närvaro för att minnas mig, jag tillskriver den helt och hållet avsikten att förplikta Eder genom att ge Eder anledning att utöva en välgörenhet som Ni har visat påverka vid många andra tillfällen, och är skyldig Er denna fördel, liksom om jag får det att ha någonstans i hans godkännande, vilket jag kommer att kunna bevara desto bättre eftersom jag aldrig kommer att få äran att bli känd för Hennes Majestät på annat sätt än Ni representerar mig. Jag känner mig dock skyldig till ett brott mot hennes tjänst, och är mycket glad över att Eder extrema vördnad för henne inte kommer att tvinga Er att stanna i Sverige. Om Ni åker dit i vinter, hoppas jag att det blir i sällskap med herr Kleist där Ni kommer att finna den bästa bekvämligheten för att ge lyckan att se Eder igen.
Eder mycket tillgivna tjänarinna
Elisabeth.
M. Descartes.
Den 24 november/4 december. Mitt sista brev var av den 10/20 november.

English translation (my own):

Monsieur Descartes,
Your letter of September 29/October 9 has traveled through Cleves, but although very old, it is still very pleasant and a very obliging proof of the continuation of your kindness for me, which also assures me of the happy success of your journey, since the subject deserves the trouble; and you find even more marvels in the Queen of Sweden than her reputation evinces. But it must be confessed that you are more capable of knowing them than those who have hitherto interfered in proclaiming them. And it seems to me that I know more from what you say about it than from all that I have learned from it elsewhere. Do not believe, however, that such an advantageous description gives me cause for jealousy, but rather to esteem myself a little more than I did before she gave me the idea of ​​such an accomplished person who frees our sex of the imputation of imbecility and weakness that pedants wanted to give it. I assure myself once she has tasted your philosophy, she will prefer it to their philology. But I admire that it is possible for this princess to apply herself to study as she does and to the affairs of her kingdom too, two such different occupations which each require a whole person. The honour she has done in your presence to remember me, I attribute it entirely to the design of obliging you by giving you reason to exercise a charity which you have shown to affect on many other occasions, and owe you this advantage as well as if I obtain that of having somewhere in his approval, which I will be able to preserve all the better because I shall never have the honour of being known to Her Majesty otherwise than you represent me. However, I feel guilty of a crime against her service, being very glad that your extreme veneration for her will not oblige you to remain in Sweden. If you leave for there this winter, I hope it will be in the company of Mr. Kleist where you will find the best convenience to give the happiness of seeing you again to
Your very affectionate servant
Elisabeth.
M. Descartes.
November 24/December 4. My last letter was from November 10/20.


Above: Kristina.


Above: Princess Elisabeth of Bohemia.


Above: René Descartes.

No comments:

Post a Comment