Thursday, July 14, 2022

Kristina's secret memorandum for Marquis Orazio Bourbon del Monte, year 1672

Sources:

Bibliothèque interuniversitaire (Montpellier); Papiers de Christine de Suède, complément; 2: Papiers de Christine de Suède, complément II; Lettre 41  Mémoire secret, [s. n.], [s. l.], [s. d.] (digitisation pages 68-69r to 75v-76r)


Christine (1626-1689 ; reine de Suède), Papiers de Christine de Suède, complément II, : , 1601-1700.

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Mémoires concernant Christine, reine de Suède, volume 3, pages 419 to 422, compiled and edited by Johan Arckenholtz, 1759










"L'autre Instruction que la Reine lui donna, vient sous le Nom de Mémoire Secret, & est conçue en ces termes (Negoz. di Pol. Pag. 199-207.)."

"The other instruction which the Queen gave him comes under the name of Secret memorandum and is conceived in these terms (Negoziati di Polonia, pages 199-207.)."

The instructions (with Kristina's handwriting in italics):

Memoire Secret
1. Son plus grand employ, et Sa plus grande application doit estre de s'efforçer de conseruer les Amis de la Reyne dans l'affection pour elle en leur tesmoignant de sa part de l'estime, de l'amour, et de la tendresse non Seullem[en]t pour le bien, et l'aduantage de la Suede en general, mais aussy pour le leur en particulier, leur tesmoigner de la confiance, monstrer qu'on se veut gouuerner Selon leurs conseils, qu'on leur abbandonne Ses interests, et pour le present, et pour l'advenir, leur inspirer de la Vigueur à Soustenir tousiours les interests de la Reyne, leur persuader que la Reyne n'est pas capable de se repentir, qu'elle n'a d'autre dessein, que celuy de contribuer de toutes ses forces au bien de l'Estat, et au Seruice du present Roy, qu'elle considere comme Son Ouurage, dont elle fait gloire, et dont elle tire de la Vanitè —

Que Sa M[aies]te aime Sa patrie et qu'elle l'aimerà iusques à la mort, que c'est cet amour, qui luy fait Souffrir tout auec vne patience, qui est d'autant plus admirable, qu'elle a cent moyens de Se vanger, mais que l'amour, qu'elle a pour Sa patrie triompherà tousiours des tous les Sentimens, que l'humanitè inspire aux gens de sa sorte lors qu'ils Se Sentent Si mortellem[en]t outragès, comm' elle l'a estè Si Souuent Sans raison[.]

2. Apres il faut tascher de regaigner les Ennemis, leur oster toute crainte de Vengeance, et de rancune. Jl faut user de la derniere dissimulation auec eux Se gardant de leur faire connoistre qu'on les connoit pour ennemis, au contraire il faut leur tesmoigner de la confiance; mais il ne faut pas S'en fier, ny hazarder rien entre leurs mains. Jl faut en toutes occasions tascher de leur donner des opinions aduantageuses de la generositè de la Reyne tousiours inclinèe à pardonner les offences et qui n'oublie iamais les Seruices, qu'on luy rend. En fin il faut tascher de persuader aux amis, et aux ennemis que tous ont interest à procurer les Satisfactions de Sa M[aies]te, puisque sa generositè en ferà part à tous, et qu'il n'y a que l'impossibilitè, qui puisse l'empescher de faire des graces.

3. Pour connoistre les Amis de la Reyne on peut dire que ce[s] Sont autant qu'il y a des Hommes en Suede, et generalem[en]t tout ce qui obeit, et de cette reigle generale il n'y a d'exception que le peù des personnes que la Reyne a nomme au Marquis.

Parmy les Estats il faut faire fondem[en]t, et son fort Sur la Noblesse, et il y a peu de gens dans cet Jll[ust]re Corps, dont on aye Suiet de se mesfier, il faut la dessùs Se Souuenir des informations, que la Reyne luy a donnè de bouche, dans les quel[le]s Si le temps, ou autres circonstances ont apportè quelques changements ou fauorables, ou desauantageux, il faut les discerner, et en advertir la Reyne, et agir Selon que la raison, et les circo[n]stances le requierent, et mesme Selon les ordres, qu'il plairà à Sa M[aies]te de luy donner Sur Ses rapports.

Parmy le corps des Ecclesiastiques il y en a aussy assèz peu, qui Sont Suspects à la Reyne, à la Religion prest, elle les estime estre tous de Ses amis aussy bien qué la Noblesse, Mais auec cette difference que la bigotterie y mest les vil[l]es Sont de mesme que la Noblesse et la Reyne S'y peut encore fier —

Le Peuple est gouuernè par leurs Predicants, et par la Noblesse; mais quelque impression, qu'on leur donne aux Estats en general, et en particulier, ils n'oublieront iamais la gloire, et la felicitè, dont la Suede a iouy durant les dix annees du Regne de la Reyne Christine, et il faut tascher d'en refreschir la memoire pour venir a vne heureuse fin de cette negotiation[.]

4. Pour la Regence, et le Senat il faut la connoistre, et la menager Selon les informations, qu'il a receù de la Reyne à bouche[.] Jl faut penetrer toute[s] leurs cabale[s], et intrigues, tascher de Sauoir entre les mains de qui l'authoritè Se trouue presentem[en]t. Jl faut tascher de ne S'y mesprendre pas, et de ne Se laisser pas abuser aux apparences, qui Sont Souvent trompeuses, car il y a quelque fois dans les Grands Estats de[s] resorts Secrets, qui font remuer Ses grandes machines, et cela ne se descouure pas Si l'on n'est plus clairuoyant que le commune et qu'on ne regarde les hommes et les par un biais, par ou le commun des hommes ne le considere iamais, Sur tout il ne faut pas Se partialiser dans leurs cabales, il Se faut tenir en estat de pouuoir tousiours prendre party auec les plus forts, et persuader S'il Se peut vn chacun qu'on est des Ses interests, et cependant il faut profitter pour les Siens à quelque prix que Ce Soit[.]

5[.] Pour venir à bout de tout il faut bien menager l'amour des vns, et la crainte des autres, tascher d'y Voir clair et en croistre la dose + + et la donner Si adroittem[en]t en temps et lieux que tout cela puisse produire les effects de la Satisfaction de Sa M[aies]te.

6[.] Jl faut vser pour ceux de la Regence, et pour les Senateurs des derniers respects et [les dernieres] Soubmissions, les flatter les honnorer auec excez, Souffrir leurs froideurs, leurs fiertèz et leurs incivilitèz auec vne patience de Job, ne Se lasser pas d'estre des heures entieres dans les Antichambres Sans obtenir audience, et énfin, il Se faut preparer à tout Souffrir pour obtenir vne fauorable expedition[.]

7[.] Jl doit tousiours faire vn rapport fidel[e] de tout ce qui Se passe à Stocholm durant la Diete, et quand mesme on l'expedieroit deuant la fin de la Diete il ne doit pas en partir Sans ordre expres de la Reyne; mais en attendre la fin Soubs divers pretextes.

Sur l'affaire de la Religion il faut faire craindre adroittement à céux qu'il s'y opposent qu'en fin la Reyne pourroit Se resoudre à faire vn tour en Suede Sans y ammener Ses Prestres, et leur fairé connoistre que cela Seroit pour Eux bien vn plus grand embaras; mais il faut traitter cela bien delicatement car l'vnique bout est d'obtenir l'exercice de la Religion, et il faut Sçauoir que Si Sa M[aies]te pourrà Vaincre vne fois la repugnance qu'elle a d'y aller Sans Prestre[s], et qu'elle S'y resolut elle Se metteroit en estat de les faire desesperer car la Religion estant l'vnique pretexte, auec lequel ils tiennent la Reyne excluse de Suede élle ouuriroit par la vn chemin des les tenir allarmès tous les iours, car il n'y auroit plus moyen de luy fermer les portes pour Son entrèe et la Reyne S'est Si bien establie dans le Monde, et dans Rome qu'elle ne craint pas que cette action la feroit Soupçonner capable d'vne laschetè, au contraire elle en acquiereroit la gloire d'auoir fait vn acte de prudence necessaire, et mesme inéuitable en cette occasion[.]

Jl faut pourtant Se garder que cette menace ne produise quelque f[r]oideur aupres de ceux qui desirent procurer la libertè de l'exercice à la Reyne Sur l'esperance, qu'ils pourroient conçeuoir de la reuoir Sans cette condition, aussy est impossible d'instruire le Marquis Si exactem[en]t la dessùs, c'est à luy à discerner les temps, les lieux les personnes, les humeurs, les interests, et de Se gouverner auec prudence, et adresse Sur toute Sa commission ayant tousiours Son bout en Veue, et taschant de profitter de tout —

9. L'interests estant auiourdhuy l'estoile dominante de la Suede, il faut S'en Seruir et pour cet effect il faut tout promettre, pensions, biens, graces, et tout ce qui peut gaigner les coeurs, promettre tout liberalement et quand il Serà temps, on tiendrà ce qu'on pourrà[.]

10. Jl demanderà vn Compromis pour iuger entre le Roy, et la Reyne Sur les affaires d'Appelman et de Podagla; on donne au Roy le choix des Juges, on ne Se reserue que celuy d'exclurre quelque personné, qui Seroit Suspecte à condition que les Juges prestent Serment de faire iusticé Sans auoir esgard à personne, et S'obliger à la prononcer Selon que léur dicterà leur honneur, et conscience.

Jl faut pousser Appelman à bout par toutes les Voyes imaginables, et n'en oublier aucune mais il faut Soustenir tousiours que la Reyne ne doit rendre aucun conte au Roy, ny à personné de Sa disgracé[.] Jl faut le traitter auéc tant d'authoritè, et Si fort de haut en bas, et le faire connoistre pour perfide, pariure, et traistre d'vne maniere qué cela lé rende incapable de nuire, faire connoistre que tout ce qu'on a fait en Sa faueur dans la Regence a estè obtenù Sub, et obreptice qui est le terme, dont on use + + [en] Suede pour excuser les beueues, que les Princes commettent dans leur gouuernement.

Jl faut vser icy de prudence et de la Vigueur pour l'abbattre et le pousser à bout Sans choquer que le moins qu'on pourrà ceux, qui l'ont protegè, dont le Vieux Comte Brahe, et Bielke ont estè les Principaux dont le[s] principeaux ont este nomme[s] aux Marquis; mais il faut dissimuler cette connoissancé, et tascher de les regaigner et les faire entrer dans les interests de S. M. cé qu'ils feront Sans doute quand ils Seront mieux informes de la iustice de Sa cause[.]

12[.] Jl faut vser de grande confiance auec l'Ambassadeur de france, Sur tout en apparence quoyqu'en effect il faut aussy l'auoir tres grande.

Jl faut receuoir des Ministres Estrangers toutes les ciuilitèz qu'ils auront enuie de rendre et ne pas manquer à leur rendre aussy tout ce qui est deù à vn chacun.

Auec l'Ambassadeur les Ministre[s] dEspange et [de] france [et] d'Hollande il faut vser de toute Sorte d'honnestetè Mais sur tout auec Celluy dOllande pour respondre à l'amitie particuliere que cet Estat tesmoigne à la Reyne. Jl faut aussy tascher de penetrer les Segrets de leurs negotiations aussy bien que celles des autres Ministres estrangers et en advertir fidelement S. M[aies]te et de tout ce qui Se passe[.]

Touchant la Charge du Gr[and]. Thresorier il faut rendre au frere du Baron Gustaf Kurque de la part de la Reyne tous les bons offices qu'il pourrà pour luy la faire obtenir S'il Sera possible Se gardant neantmoins d'offencer les autres Pretendens[.]
(quì V M. dichiarerà
chi hà da esser fauorito
in Suo nome p[er] la med[esim]a
Carica) (io vorei il fratello del
Kurque, se fosse fattibile del
resto mi è tutto vno.)

Enfin il se Souuiendra d'executer exactem[en]t les ordres qu'il à receus non Seulem[en]t escrits dans Ses Jnstructions, et dans ce memoire; mais aussy il Se gouuernerà Selon l'information, que Sa M[aies]te luy a donnè Si amplement de viue voix, et employerà toute Son application, Son adresse, et dexteritè à fidellement executer Ses ordres au contentem[en]t et [à la] Satisfaction de la Reyne[.]

With modernised spelling:

Mémoire secret.
1. Son plus grand emploi — et sa plus grande application — doit être de s'efforcer de conserver les amis de la Reine dans l'affection pour elle en leur témoignant de sa part de l'estime, de l'amour et de la tendresse non seulement pour le bien et l'avantage de la Suède en général, mais aussi pour le leur en particulier leur témoigner de la confiance, montrer qu'on se veut gouverner selon leurs conseils qu'on leur abandonne ses intérêts, et pour le present et pour l'avenir leur inspirer de la vigueur à soutenir toujours les intérêts de la Reine, leur persuader que la Reine n'est pas capable de se repentir, qu'elle n'a d'autre dessein que celui de contribuer de toutes ses forces au bien de l'État et au service du présent Roi, qu'elle considère comme son ouvrage dont elle fait gloire et dont elle tire de la vanité. —

Que Sa Majesté aime sa Patrie et qu'elle l'aimera jusqu'à la mort, que c'est cet amour qui lui fait souffrir tout avec une patience qui est d'autant plus admirable, qu'elle a cent moyens de se venger, mais que l'amour qu'elle a pour sa Patrie triomphera toujours de tous les sentiments que l'humanité inspire aux gens de sa sorte lorsqu'ils se sentent si mortellement outragés comme elle l'a été si souvent sans raison.

2. Après, il faut tâcher de regagner les ennemis, leur ôter toute crainte de vengeance et de rancune. Il faut user de la dernière dissimulation avec eux, se gardant de leur faire connaître qu'on les connaît pour ennemis. Au contraire, il faut leur témoigner de la confiance, mais il ne faut pas s'en fier, ni hasarder rien entre leurs mains. Il faut en toutes occasions tâcher de leur donner des opinions avantageuses de la générosité de la Reine toujours inclinée à pardonner les offenses et qui n'oublie jamais les services qu'on lui rend.

Enfin, il faut tâcher de persuader aux amis et aux ennemis que tous ont intérêt à procurer les satisfactions de Sa Majesté, puisque sa générosité en fera part à tous et qu'il n'y a que l'impossibilité qui puisse l'empêcher de faire des grâces.

3. Pour connaître les amis de la Reine, on peut dire que ces sont autant qu'il y a des hommes en Suède, et généralement tout ce qui obéit, et de cette règle générale il n'y a d'exception que le peu des personnes que la Reine a nommé au marquis.

Parmi les États, il faut faire fondement et son fort sur la noblesse, et il y a peu de gens dans cet illustre corps dont on ait sujet de se méfier. Il faut là-dessus se souvenir des informations que la Reine lui a donné de bouche, dans lesquelles, si le temps ou autres circonstances ont apporté quelques changements ou favorables, ou désavantageux, il faut les discerner et en avertir la Reine et agir selon que la raison et les circo[n]stances le requirent, et même selon les ordres qu'il plaira à Sa Majesté de lui donner sur ses rapports.

Parmi le corps des ecclésiastiques, il y en a aussi assez peu qui sont suspects à la Reine. A la religion près, elle les estime être tous de ses amis aussi bien que la noblesse, mais avec cette différence que la bigotterie y met. Les villes sont de même que la noblesse, et la Reine s'y peut encore fier. —

Le peuple est gouverné par leurs prédicants et par la noblesse, mais quelque impression qu'on leur donne aux États en général et en particulier, ils n'oublieront jamais la gloire et la félicité dont la Suède a joui durant les dix années du règne de la Reine Christine, et il faut tâcher d'en rafraîchir la mémoire pour venir à une heureuse fin de cette négociation.

4. Pour la régence — et le Sénat, — il faut la connaître et la ménager selon les informations qu'il a reçu de la Reine à bouche. Il faut pénétrer toutes leurs cabales et intrigues, tâcher de savoir entre les mains de qui l'autorité se trouve présentement. Il faut tâcher de ne s'y méprendre pas et de ne se laisser pas abuser aux apparences, qui sont souvent trompeuses, car il y a quelquefois dans les grands États des ressorts secrets qui font remuer ses grandes machines, et cela ne se découvre pas si l'on n'est plus clairvoyant que le commun et qu'on ne regarde les hommes et les par un biais par où le commun des hommes ne le considère jamais.

Surtout il ne faut pas se partialiser dans leurs cabales. Il se faut tenir en état de pouvoir toujours prendre parti avec les plus forts et persuader, s'il se peut, un chacun qu'on est des ses intérêts; et cependant il faut profiter pour les siens à quelque prix que ce soit.

5. Pour venir à bout de tout, il faut bien ménager l'amour des uns et la crainte des autres, tâcher d'y voir clair et en croître la dose et la donner si adroitement en temps et lieux que tout cela puisse produire les effets de la satisfaction de Sa Majesté.

6. Il faut user pour ceux de la régence et pour les sénateurs des derniers respects et [les dernières] soumissions, les flater, les honorer avec excès, souffrir leurs froideurs, leurs fiertés et leurs incivilités avec une patience de Job; ne se lasser pas d'être des heures entières dans les antichambres sans obtenir audience; et enfin, il se faut préparer à tout souffrir pour obtenir une favorable expédition.

7. Il doit toujours faire un rapport fidèle de tout ce qui se passe à Stockholm durant la Diète; et, quand même on l'expédierait devant la fin de la Diète, il ne doit pas en partir sans ordre exprès de la Reine, mais en attendre la fin sous divers prétextes.

[8.] Sur l'affaire de la religion, il faut faire craindre adroitement à ceux qu'il s'y opposent qu'enfin la Reine pourrait se résoudre à faire un tour en Suède sans y amener ses prêtres, et leur faire connaître que cela serait pour eux bien un plus grand embarras; mais il faut traiter cela bien délicatement, car l'unique but est d'obtenir l'exercice de la religion.

Et il faut savoir que, si Sa Majesté pourra vaincre une fois la répugnance qu'elle a d'y aller sans prêtre[s] et qu'elle s'y résolut, elle se mettrait en état de les faire désespérer, car, la religion étant l'unique prétexte avec lequel ils tiennent la Reine excluse de Suède, elle ouvrirait par-là un chemin de les tenir alarmés tous les jours, car il n'y aurait plus moyen de lui fermer les portes pour son entrée; et la Reine s'est si bien établie dans le monde et dans Rome qu'elle ne craint pas que cette action la ferait soupçonner capable d'une lâcheté. Au contraire, elle en acquerrait la gloire d'avoir fait un acte de prudence nécessaire et même inévitable en cette occasion.

Il faut pourtant se garder que cette menace ne produise quelque f[r]oideur auprès de ceux qui désirent procurer la liberté de l'exercice à la Reine sur l'espérance qu'ils pourraient concevoir de la revoir sans cette condition; aussi est impossible d'instruire le marquis si exactement là-dessus. C'est à lui à discerner les temps, les lieux, les personnes, les humeurs, les intérêts, et de se gouverner avec prudence et adresse, surtoute sa commission, ayant toujours son but en vue et tâchant de profiter de tout. —

9. L'intérêts étant aujourd'hui l'étoile dominante de la Suède, il faut s'en servir; et, pour cet effet, il faut tout promettre: pensions, biens, grâces, et tout ce qui peut gagner les cœurs, promettre tout libéralement, et, quand il sera temps, on tiendra ce qu'on pourra.

10. Il demandera un compromis pour juger entre le Roi et la Reine sur les affaires d'Appelman et de Pudagla. On donne au Roi le choix des juges, on ne se réserve que celui d'exclure quelque personne qui serait suspecte, à condition que les juges prêtent serment de faire justice sans avoir égard à personne et s'obliger à la prononcer selon que leur dictera leur honneur et conscience.

[11.] Il faut pousser Appelman à bout par toutes les voies imaginables et n'en oublier aucune, mais il faut soutenir toujours que la Reine ne doit rendre aucun compte au Roi, ni à personne de sa disgrâce. Il faut le traiter avec tant d'autorité et si fort de haut en bas, et le faire connaître pour perfide, parjure et traître d'une manière que cela le rende incapable de nuire; faire connaître que tout ce qu'on a fait en sa faveur dans la régence a été obtenu sub et obreptice, qui est le terme dont on use [en] Suède pour excuser les bévues que les princes commettent dans leur gouvernement.

Il faut user ici de prudence et de la vigueur pour l'abattre et le pousser à bout sans choquer que le moins qu'on pourra ceux qui l'ont protégé, dont le[s] principeaux [sic] ont été nommé[s] aux marquis; mais il faut dissimuler cette connaissance et tâcher de les regagner et les faire entrer dans les intérêts de Sa Majesté, ce qu'ils feront sans doute quand ils seront mieux informés de la justice de sa cause.

12. Il faut recevoir des ministres étrangers toutes les civilités qu'ils auront envie de rendre et ne pas manquer à leur rendre aussi tout ce qui est dû à un chacun.

Avec les ministre[s] d'Espange [sic] et [de] France [et] de Hollande, il faut user de toute sorte d'honnêteté, mais surtout avec celui d'[H]ollande, pour répondre à l'amitié particulière que cet État témoigne à la Reine. Il faut aussi tâcher de pénétrer les secrets de leurs négociations, aussi bien que celles des autres ministres étrangers et en avertir fidèlement Sa Majesté et de tout ce qui se passe.

Touchant la charge du grand trésorier, il faut rendre au frère du baron Gustave Kurck de la part de la Reine tous les bons offices qu'il pourra pour lui la faire obtenir s'il sera possible, se gardant néanmoins d'offenser les autres prétendants.
(Qui Vostra Maestà dichiarerà chi ha da esser favorito in suo nome per la medesima carica.)

(Io vorrei il fratello del Kurck se fosse fattibile; del resto, mi è tutto uno.)

Enfin, il se souviendra d'exécuter exactement les ordres qu'il a reçus non seulement écrits dans ses instructions et dans ce mémoire, mais aussi il se gouvernera selon l'information que Sa Majesté lui a donné si amplement de vive voix et employera toute son application, son adresse et dextérité à fidèlement exécuter ses ordres au contentement et [à la] satisfaction de la Reine.

Arckenholtz's transcript of the instructions:

Mémoire Secret.
I. Son plus grand emploi, & sa plus grande application doit être de s'efforcer de conserver l'affection des Amis de la Reine, en leur témoignant de sa part, de l'estime, de l'amour & de la tendresse, non seulement pour le bien & l'avantage de la Suède en général, mais aussi pour le leur en particulier; leur témoigner de la confiance; montrer qu'on se veut gouverner selon leurs conseils; qu'on leur abonne ses intérêts, & pour le présent, & pour l'avenir; leur inspirer de la vigueur à soutenir toujours les intérêts de la Reine; leur persuader que la Reine n'est pas capable de se repentir; qu'elle n'a d'autre dessein que celui de contribuer de toutes ses forces au bien de l'Etat, & au service du présent Roi, qu'elle considére comme son ouvrage, dont elle se fait gloire, & dont elle tire vanité.

Que S. M. aime sa Patrie, & qu'elle l'aimera jusqu'à la mort; que c'est cet amour qui lui fait souffrir tout avec une patience d'autant plus admirable, qu'elle a cent moyens de se venger; mais que par l'amour qu'elle porte à sa patrie, elle triomphera toujours de tous les sentimens que l'humanité inspire aux gens de sa force, lorsqu'ils se sentent si mortellement outragés, qu'elle l'a été si souvent sans raison.

II. Après, il faut tâcher de regagner les Ennemis, & leur ôter toute crainte de vengeance & de rancune. Il faut user de la derniére dissimulation avec eux, se gardant de leur faire sentir qu'on les connoît pour Ennemis; au contraire, il faut leur témoigner de la confiance; mais il ne faut pas s'y fier, ni rien hazarder entre leurs mains. Il faut en toute occasion tâcher de leur donner des idées avantageuses de la générosité de la Reine, toujours inclinée à pardonner les offenses, & n'oubliant jamais les services qu'on lui rend. Enfin il faut tâcher de persuader aux Amis, & aux Ennemis, que tous ont intérêt à procurer la satisfaction de Sa Majesté, puisque sa générosité en fait part à tout le monde, & qu'il n'y a que l'impossible qui puisse l'empêcher d'accorder des graces.

III. On peut dire que la Reine a autant d'Amis qu'il y a d'hommes en Suède, & généralement parmi tout ce qui obéit. Il n'y a d'exception à cette régle générale, que le peu de personne que la Reine a nommés au Marquis.

Parmi les Etats il faut faire fonds sur la Noblesse, & en faire son fort. Il y a peu de gens dans cet illustre Corps dont on ait sujet de se méfier. Il faut là-dessus se souvenir des informations que la Reine lui a données de bouche, dans lesquelles, si le tems ou d'autres circonstances ont apporté quelques changemens favorables ou desavantageux, il faut le discerner, en avertir la Reine, & agir selon que la Raison & les circonstances le requiérent, & même selon les ordres qu'il plaîra à S. M. de lui donner sur ses rapports.

Parmi le Corps des Ecclésiastiques, il y en a aussi assez peu qui soient suspects à la Reine; à la Religion près elle les croit tous de ses Amis, aussi-bien que la Noblesse, mais avec la seule différence que la Bigotterie y met. Les Villes sont dans les mêmes sentimens que la Noblesse, & la Reine s'y peut encore fier.

Le Peuple est gouverné par leurs Prédicans & par la Noblesse; mais quelque impression qu'on leur donne aux Etats en général & en particulier, ils n'oublieront jamais la gloire & la félicité dont la Suède a joui durant les dix années du Régne de la Reine Christine; & il faut tâcher d'en refraîchir la mémoire pour mener cette négociation à une heureuse fin.

IV. Pour la Régence & le Sénat, il faut les connoître & les ménager selon les informations que la Reine lui a données de bouche. Il faut pénétrer toutes leurs cabales & intrigues; tâcher de savoir entre les mains de qui l'autorité se trouve présentement. Il faut tâcher de ne s'y pas méprendre, & ne se laisser pas abuser aux apparences, qui sont souvent trompeuses; car il y a quelquefois dans les grands Etats des ressorts secrets, qui font remuer ces grandes machines, & cela ne se découvre pas, si l'on n'est plus clairvoyant que le commun, & qu'on ne regarde les choses que du côté par où le commun des hommes ne les considére jamais; surtout, il ne faut pas entrer dans leurs cabales, mais se tenir en état de pouvoir toujours prendre parti avec les plus forts, & persuader, s'il se peut, un chacun qu'on est dans ses intérêts; & cependant il faut profiter pour les siens à quelque prix que ce soit.

V. Pour venir à bout de tout, il faut bien ménager l'amour des uns, & la crainte des autres; tâcher d'y voir clair, & en augmenter la dose, & la donner si adroitement en tems & lieu, que tout cela puisse produire ces effets, à la satisfaction de Sa Majesté.

VI. Il faut avoir pour ceux de la Régence, & pour les Sénateurs les derniers respects & les derniéres soumissions; les flatter, les honorer avec excès; souffrir leurs froideurs, leurs fiertés, & leurs incivilités avec une patience de Job; ne se lasser pas d'être des heures entiéres dans les antichambres sans obtenir audience; & enfin, il faut se préparer à tout souffrir pour obtenir une favorable issue.

VII. Il doit toujours faire un rapport fidéle de tout ce qui se passe à Stockholm durant la Diette; & quand même on l'expédieroit avant la fin de la Diette, il ne doit pas en partir sans un ordre exprès de la Reine, mais en attendre la fin sous divers prétextes.

VIII. Sur l'affaire de la Religion, il faut faire craindre adroitement à ceux qui s'y opposent, qu'enfin la Reine pourroit se résoudre à faire un tour en Suède sans y emmener ses Prêtres, & sans leur faire connoître que cela seroit pour eux un bien plus grand embarras; mais il faut traitter cela bien délicatement, car l'unique but est d'obtenir l'exercice de la Religion; & il faut savoir que si S. M. peut vaincre une fois la répugnance qu'elle a d'y aller sans Prêtres, & qu'elle s'y résolve, elle se mettra en état de les faire désespérer; car la Religion étant l'unique prétexte par lequel ils tiennent la Reine exclue de Suède, elle ouvriroit par-là un chemin pour les tenir toujours en allarmes; car il n'y auroit plus moyen de lui fermer les portes pour son entrée, & la Reine s'est si bien établie dans le Monde, & dans Rome, qu'elle ne craint pas que cette action la fît soupçonner de lâcheté; au contraire, elle en acquéreroit la gloire d'avoir fait un acte de prudence nécessaire, & même inévitable en cette occasion. Il faut pourtant se garder, que cette menace ne produise quelque froideur chez eux qui desirent procurer la liberté de l'exercice à la Reine, dans l'espérance qu'ils pourroient concevoir de la revoir sans cette condition: aussi est-il impossible d'instruire le Marquis si exactement là-dessus; c'est à lui à discerner les tems, les lieux, les personnes, les humeurs, les intérêts; & à se gouverner avec prudence & adresse dans toute sa Commission, ayant toujours son but en vue, & tâchant de profiter de tout.

IX. L'intérêt étant aujourd'hui l'étoile dominante de la Suède, il faut s'en servir; & pour cet effet il faut tout promettre, pensions, biens, graces, & tout ce qui peut gagner les cœurs, promettre tout libéralement, & quand il sera tems on tiendra ce qu'on pourra.

X. Il demandera un Compromis pour juger entre le Roi & la Reine sur les affaires d'Appelmann & de Podagla; on donne au Roi le choix des Juges, on ne se réserve que celui d'exclure la personne qui seroit suspecte, à condition que les Juges prêtent serment de faire justice sans avoir égard à personne, & s'obligent à la prononcer selon que leur honneur & leur conscience le leur dictera.

XI. Il faut pousser Appelmann à bout par toutes les voyes imaginables, & n'en oublier aucune; mais il faut soutenir toujours que la Reine ne doit rendre aucun compte au Roi, ni à qui que ce soit de sa disgrace. Il faut le traiter avec tant d'autorité, & si fort de haut en bas, & le faire connoître pour perfide, parjure, & traître d'une maniére que cela le rende incapable de nuire; faire connoître que tout ce qu'on a fait en sa faveur dans la Régence, a été obtenu par sub & obreptice, qui est le terme dont on use en Suède pour excuser les bévues que les Princes commettent dans leur gouvernement.

Il faut user ici de prudence & de vigueur pour l'abbattre & le pousser à bout, en ne choquant que le moins qu'on pourra ceux qui l'ont protégé, dont les principaux ont été nommés au Marquis, le vieux Comte Brahe, & Bielke; mais il faut dissimuler cette connoissance, & tâcher de les regagner & de les faire entrer dans les intérêts de S. M. ce qu'ils feront sans-doute quand ils seront mieux informés de la justice de sa cause.

XII. Il faut recevoir les Ministres Etrangers avec toutes les civilités qu'ils auront envie de rendre, & ne pas manquer à leur rendre aussi tout ce qui est dû à chacun.

Avec les Ministres d'Espagne, de France & de Hollande, il faut user de toute sorte d'honnêtetés, mais sur-tout avec celui de Hollande, pour répondre à l'amitié particuliére que cet Etat témoigne à la Reine. Il faut aussi tâcher de pénétrer les secrets de leurs Négociations, aussi-bien que celles des autres Ministres Etrangers, & en avertir fidélement S. M. comme de tout ce qui se passe.

Touchant la Charge du Grand-Trésorier, il faut rendre au frére du Baron Gustave Kurque, de la part de la Reine, tous les bons offices qu'il pourra, pour la lui faire obtenir s'il est possible, se gardant bien néanmoins d'offenser les autres Prétendans.

Enfin, il se souviendra d'exécuter exactement les ordres qu'il a reçus non seulement par écrit dans ses Instructions & dans ce Mémoire; mais aussi, il se gouvernera selon l'ample information que S. M. lui a donnée si amplement de vive voix, & employera toute son application, son adresse, & sa dextérité à exécuter fidélement ses ordres au contentement & à la satisfaction de la Reine.

Swedish translation (my own):

Hemlig memorial.
I. Hans största sysselsättning och hans största tillämpning måste vara att sträva efter att bevara Drottningens vänners tillgivenhet, genom att på hennes vägnar visa dem aktning, kärlek och ömhet, inte bara till det bästa och bästa för Sverige i allmänhet, utan också för deras i synnerhet; att visa dem förtroende; att visa att man vill styra efter deras råd; att man undertecknar dem hennes intressen, både för nuet och för framtiden; att alltid inspirera dem med kraft att stödja Drottningens intressen; för att övertyga dem om att Drottningen inte är kapabel till omvändelse; att hon inte har någon annan avsikt än att med all sin kraft bidra till Statens bästa och till den nuvarande Konungens tjänst, som hon anser vara sitt arbete, som hon yvs över och från vilket hon hämtar fåfänga.

Att Hennes Majestät älskar sitt Fädernesland och vill älska det intill döden; att det är denna kärlek som gör att hon lider allt med ett tålamod desto mer beundransvärt, att hon har hundra medel att hämnas; men att hon genom den kärlek, som hon bär till sitt Fädernesland, alltid skall segra över alla de känslor som mänskligheten inger i hennes styrka människor, när de känner sig så dödligt upprörda, som hon så ofta utan anledning varit.

II. Därefter är det nödvändigt att försöka återta fienderna och ta bort all rädsla för hämnd och förbittring från dem. Man måste använda den största dissimulation med dem, se till att inte få dem att känna att man vet att de är fiender; tvärtom måste man visa dem förtroende; men man får inte lita på dem och inte heller riskera något i deras händer. Det är nödvändigt att vid alla tillfällen försöka ge dem fördelaktiga idéer om drottningens generositet, alltid benägen att förlåta förseelser och aldrig glömma de tjänster som hon har fått. Slutligen måste man försöka övertyga vänner och fiender, att det ligger i allas intresse att skaffa Hennes Majestäts tillfredsställelse, eftersom hennes generositet gör det känt för alla, och att endast det omöjliga kan hindra henne från att bevilja nåd.

III. Man kan säga att Drottningen har lika många vänner som det finns män i Sverige, och i allmänhet bland alla som lyder. Det finns inget undantag från denna allmänna regel, förutom de få som Drottningen har utsett till markisen.

Bland Ständerna är det nödvändigt att förlita sig på adeln och göra den till sin starka sida. Det finns få människor i detta berömda organ som det finns anledning att vara försiktig med. På denna punkt måste han komma ihåg den information som Drottningen har givit honom muntligen, i vilken han, om tiden eller andra omständigheter har medfört några gynnsamma eller ogynnsamma förändringar, måste urskilja den, varna Drottningen och handla enligt skäl och omständigheterna kräver, och även enligt de befallningar som Hennes Majestät kan ge honom om hans rapporter.

Bland församlingen av kyrkliga finns det också en hel del som är misstänkta för Drottningen; bortsett från religionen tror hon att de alla är hennes vänner, såväl som adeln, men med den enda skillnaden som trångsyntheten lägger i det. Städerna är i samma känslor som adeln, och Drottningen kan fortfarande yvas över det.

Folket styrs av sina predikanter och av adeln; men vilket intryck man än ger dem i staterna i allmänhet och i synnerhet, kommer de aldrig att glömma den ära och den lycka, som Sverige åtnjöt under Drottning Kristinas tio år regering; och det är nödvändigt att försöka fräscha upp minnet av det för att få denna förhandling till ett lyckligt slut.

IV. När det gäller förmyndarregeringen och Rådet är det nödvändigt att känna till dem och att skona dem enligt den information som Drottningen har givit honom muntligen. Man måste penetrera alla deras kabaler och intriger; försöka ta reda på vems händer myndigheten ligger för närvarande. Man måste försöka att inte missta sig och inte låta sig luras av skenet, som ofta är missvisande; ty det finns ibland i stora stater hemliga fjädrar som får dessa stora maskiner att röra sig, och detta kan inte upptäckas om man är mer klärvoajant än gemene man och bara ser saker från den sida från vilken vanliga människor aldrig betraktar dem; framför allt får man inte gå in i deras kabaler utan hålla sig i stånd att alltid kunna ta parti med de starkaste och om möjligt övertyga alla om att man är i deras intressen; och ändå måste man tjäna på sitt eget till vilket pris som helst.

V. För att komma till slutet av allt, är det nödvändigt att skona somligas kärleken och de andras rädslan; att försöka se klart och öka dosen och ge den så skickligt i tid och plats, att allt detta kan ge dessa effekter till Hennes Majestäts belåtenhet.

VI. Det är nödvändigt att ha den största respekten och den största undergivenhet för regeringens män och för rådsmännen; att smickra dem, att hedra dem med överflöd; att lida sin kyla, sin stolthet och sin oförskämdhet med Jobs tålamod; att aldrig tröttna på att tillbringa hela timmar i förkammaren utan att få publik; och slutligen måste man vara beredd att lida allt för att få ett gynnsamt resultat.

VII. Han måste alltid göra en trogen redogörelse för allt som sker i Stockholm under Riksdagen; och även om han avsändes före Riksdagens slut, får han inte lämna den utan uttrycklig order från Drottningen utan avvakta dess slut under olika förevändningar.

VIII. I fråga om religion är det nödvändigt att skickligt få dem som motsätter sig att frukta att Drottningen äntligen kan besluta sig för att ta en rundtur i Sverige utan att ta med sina präster dit och utan att låta dem veta att det skulle vara en mycket större pinsamhet för dem; men detta måste behandlas mycket känsligt, ty det enda syftet är att få utövande av religion; och det bör vara känt, att om Hennes Majestät en gång kan övervinna sin motvilja att gå dit utan präster, och om hon beslutar sig att göra det, så kommer hon att sätta sig i stånd att göra dem förtvivlade; eftersom religionen är den enda förevändning, med vilken de håller Drottningen utestängd från Sverige, skulle hon därigenom öppna ett sätt att alltid hålla dem på alerten; ty det skulle inte längre finnas något sätt att stänga dörrarna för henne vid hennes inträde, och Drottningen har etablerat sig så väl i samhället och i Rom, att hon inte fruktar att denna handling kommer att göra henne misstänkt för feghet; tvärtom, hon skulle få äran att ha utfört en försiktig handling som var nödvändig, och till och med oundviklig, vid detta tillfälle. Man måste dock se till att detta hot inte framkallar någon kyla hos dem som vill skaffa rörelsefrihet åt Drottningen, i hopp om att de kan tänka sig att se henne igen utan detta tillstånd. Det är också omöjligt att instruera markisen så exakt om detta; det är upp till honom att urskilja tider, platser, människor, stämningar, intressen; och att styra sig själv med försiktighet och skicklighet i hela sitt uppdrag, alltid med sitt mål i sikte och strävar efter att tjäna på allt.

IX. Intresset är idag Sveriges dominerande stjärna, det måste användas; och för detta ändamål är det nödvändigt att lova allt, pensioner, varor, nåder och allt som kan vinna hjärtan, att lova allt frikostigt, och när tiden är inne skall man hålla vad man kan.

X. Han skall be om en kompromiss för att döma mellan Konungen och Drottningen om Appelmans och Pudaglas angelägenheter; Konungen får valet av domare, endast att utesluta den som är misstänkt, under förutsättning att domarna avlägger en ed att göra rättvisa utan hänsyn till någon och förbinder sig att uttala den efter sin heder och sitt samvete vilja diktera det till dem.

XI. Appelman måste pressas till det yttersta av alla tänkbara vägar, och ingen glöms bort; men det måste alltid upprätthållas att Drottningen inte bör avlägga någon redovisning till Konungen eller någon annan för hennes vanära. Han måste behandlas med så mycket auktoritet, så stark från topp till botten, och göras känd för att vara svekfull, mened och förrädisk på ett sådant sätt att det gör honom oförmögen att göra skada; att göra känt att allt som har gjorts till hans fördel i regeringen har erhållits genom sub et obreptice, vilket är den term som används i Sverige för att ursäkta de misstag som furstar begå i sin regering.

Det är nödvändigt att här använda klokhet och kraft för att slå ner honom och pressa honom till det yttersta, chockerande så lite som möjligt dem som skyddade honom, av vilka de främsta utsågs till markisen, den gamle greve Brahe och Bielke; men man måste dölja denna kunskap och försöka återvinna dem och få dem att träda in i Hennes Majestäts intressen, vilket de utan tvivel kommer att göra när de är bättre informerade om rättvisan i hennes sak.

XII. Man måste ta emot utrikesministrarna med alla de hövligheter de vill visa, och inte misslyckas med att ge dem allt som tillkommer var och en.

Med ministrarna i Spanien, Frankrike och Holland är det nödvändigt att använda all slags ärlighet, men särskilt med Hollands, för att svara på den speciella vänskap som denna stat visar med drottningen. Det är också nödvändigt att försöka tränga in i deras förhandlingars hemligheter, liksom de andra utrikesministrarnas, och att troget informera Hennes Majestät om dem om allt som går.

Beträffande Riksskattmästarens ämbete är det nödvändigt att på Drottningens vägnar återlämna till friherre Gustaf Kurcks bror alla de goda tjänster som han kan, för att få honom att erhålla det om det är möjligt, likväl varsamt att undvika kränka andra pretendenter.

Slutligen skall han komma ihåg att utföra exakt de befallningar han fått inte bara skriftligen i sina instruktioner och i denna memorial; men han skall också styra sig själv enligt den rikliga information som Hennes Majestät har givit honom så rikligt muntligen och skall använda all sin ansökan, sin adress och sin skicklighet för att troget utföra sina order till tillfredsställelse och belåtenhet för Drottningen.

English translation (my own):

Secret Memorandum.
I. His greatest employment, and his greatest application, must be to endeavour to preserve the affection of the Queen's friends, by showing them on her behalf esteem, love and tenderness, not only for the good and advantage of Sweden in general, but also for theirs in particular; to show them confidence; to show that one wants to govern according to their advice; that one subscribes to them her interests, both for the present and for the future; to inspire them with vigour always to support the interests of the Queen; to persuade them that the Queen is not capable of repentance; that she has no other design than that of contributing with all her might to the good of the State, and to the service of the present King, which she considers her work, of which she prides herself, and from which she derives vanity.

That Her Majesty loves her country, and will love it unto death; that it is this love which makes her suffer everything with a patience all the more admirable, that she has a hundred means of avenging herself; but that by the love which she bears to her country, she will always triumph over all the sentiments which humanity inspires in the people of her strength, when they feel themselves so mortally outraged, as she has been so often without reason.

II. Afterwards, it is necessary to try to regain the enemies, and to remove from them all fear of revenge and resentment. One must use the greatest dissimulation with them, taking care not to make them feel that one knows them to be enemies; on the contrary, one must show them confidence; but one must not trust them nor risk anything in their hands. It is necessary on all occasions to try to give them advantageous ideas of the generosity of the Queen, always inclined to forgive offenses and never forgetting the services rendered to her. Finally, one must try to persuade friends and enemies that it is in everyone's interest to procure Her Majesty's satisfaction, since her generosity makes it known to everyone, and that only the impossible can prevent her from granting pardons.

III. One can say that the Queen has as many friends as there are men in Sweden, and generally among all who obey. There is no exception to this general rule, except the few whom the Queen has appointed to the Marquis.

Among the Estates it is necessary to rely on the nobility, and make it its strong point. There are few people in this illustrious body of whom there is reason to be wary. On this point he must remember the information which the Queen has given him by mouth, in which, if time or other circumstances have brought about any changes favourable or unfavourable, he must discern it, warn the Queen, and act according to as reason and circumstances require, and even according to the orders that Her Majesty may give him on his reports.

Among the body of ecclesiastics, there are also quite a few who are suspect to the Queen; apart from religion she believes them all to be her friends, as well as the nobility, but with the only difference that bigotry puts into it. The cities are in the same feelings as the nobility, and the Queen can still be proud of it.

The people are governed by their preachers and by the nobility; but whatever impression one gives them in the states in general and in particular, they will never forget the glory and the happiness which Sweden enjoyed during the ten years of the reign of Queen Kristina; and it is necessary to try to refresh the memory of it in order to bring this negotiation to a happy end.

IV. As for the regency and the Senate, it is necessary to know them and to spare them according to the information that the Queen has given him by mouth. One must penetrate all their cabals and intrigues; try to find out in whose hands the authority currently lies. One must try not to be mistaken, and not allow oneself to be deceived by appearances, which are often misleading; for there are sometimes in great states secret springs which make these great machines move, and this cannot be discovered if one is more clairvoyant than the common man and only looks at things from the the side from which ordinary men never consider them; above all, one must not enter into their cabals, but keep oneself in a position to always be able to take sides with the strongest, and persuade, if possible, everyone that one is in their interests; and yet one must profit for one's own at whatever cost.

V. To come to the end of everything, it is necessary well to spare the love of some and the fear of the others; to try to see clearly, and to increase the dose, and to give it so adroitly in time and place, that all this may produce these effects to Her Majesty's satisfaction.

VI. It is necessary to have for the men of the regency, and for the Councilmen, the greatest respect and the greatest submission; to flatter them, to honour them with excess; to suffer their coldness, their pride, and their incivility with the patience of Job; to never get tired of spending whole hours in the antechambers without getting an audience; and finally, one must be prepared to suffer everything to obtain a favourable outcome.

VII. He must always make a faithful report of everything that happens in Stockholm during the Riksdag; and even if he were dispatched before the end of the Riksdag, he must not leave it without an express order from the Queen, but await the end of it under various pretexts.

VIII. On the matter of religion, it is necessary to adroitly make those who oppose it fear that the Queen might finally resolve to take a tour of Sweden without taking her priests there, and without letting them know that it would be for them a much greater embarrassment; but this must be treated very delicately, for the sole aim is to obtain the exercise of religion; and it should be known that if Her Majesty can overcome once her repugnance to go there without priests, and if she resolves to do so, she will put herself in a position to make them despair; for religion being the only pretext by which they keep the Queen excluded from Sweden, she would thereby open a way to keep them always on the alert; for there would no longer be any means of closing the doors to her on her entry, and the Queen has established herself so well in society, and in Rome, that she does not fear that this action will make her suspect of cowardice; on the contrary, she would acquire the glory of having performed an act of prudence necessary, and even inevitable, on this occasion. However, care must be taken that this threat does not produce some coldness in them who wish to procure freedom of exercise for the Queen, in the hope that they might conceive of seeing her again without this condition. Also it is impossible to to instruct the Marquis so exactly on this; it is up to him to discern times, places, people, moods, interests; and to govern himself with prudence and skill in all his commission, always having his end in view, and endeavouring to profit by everything.

IX. Interest being today the dominant star of Sweden, it must be used; and for this purpose it is necessary to promise everything, pensions, goods, graces, and all that can win hearts, to promise everything liberally, and when the time is right one will keep what one can.

X. He will ask for a compromise to judge between the King and Queen on the affairs of Appelman and Pudagla; the King is given the choice of judges, only that of excluding the person who is suspected, on condition that the judges take an oath to do justice without having regard to anyone, and bind themselves to pronounce it according to their honour and their conscience will dictate it to them.

XI. Appelman must be pushed to the limit by all imaginable paths, and none forgotten; but it must always be maintained that the Queen should render no account to the King, or to anyone else, of her disgrace. He must be treated with so much authority, so strong from top to bottom, and made known to be perfidious, perjurious, and traitorous in such a way that it renders him incapable of doing harm; to make it known that all that has been done in his favour in the regency has been obtained by sub et obreptice, which is the term used in Sweden to excuse the blunders that princes commit in their government.

It is necessary to use prudence and vigour here to beat him down and push him to the limit, shocking as little as possible those who protected him, the main ones of whom were appointed to the Marquis, the old Count Brahe, and Bielke; but one must hide this knowledge and try to regain them and make them enter into Her Majesty's interests, which they will no doubt do when they are better informed of the justice of her cause.

XII. One must receive the foreign ministers with all the courtesies they want to render, and not fail to render to them also all that is due to each.

With the ministers of Spain, France and Holland, it is necessary to use all kinds of honesty, but especially with that of Holland, to respond to the particular friendship that this state shows to the Queen. It is also necessary to try to penetrate the secrets of their negotiations, as well as those of the other foreign ministers, and to inform Her Majesty faithfully of them as of all that passes.

Concerning the office of the Grand Treasurer, it is necessary to return to the brother of Baron Gustaf Kurck, on behalf of the Queen, all the good services that he can, to make him obtain it if it is possible, being careful nevertheless to avoid offend other pretenders.

Finally, he will remember to carry out exactly the orders he has received not only in writing in his instructions and in this memorandum; but also, he will govern himself according to the ample information which Her Majesty has given him so amply by word of mouth, and will employ all his application, his address, and his dexterity to faithfully execute his orders to the contentment and satisfaction of the Queen.

Swedish translation of the original (my own):

Hemligt memorial.
1. Hans största sysselsättning — och hans största flit — måste vara att sträva efter att bevara Drottningens vänner i deras tillgivenhet för henne genom att på hennes vägnar betyga dem aktning, kärlek och ömhet inte bara för Sveriges bästa och fördel i allmänhet, utan också för deras i synnerhet, för att visa dem förtroende, för att visa att han vill styra sig själv enligt deras råd, att man överger sina intressen för dem, och för nuet och för framtiden för att inspirera dem med kraft att alltid stödja Drottningens intressen, att övertyga dem om att Drottningen inte är kapabel att ångra sig, att hon inte har någon annan avsikt än att med all sin styrka bidra till Statens bästa och nuvarande Konungens tjänst, som hon betraktar som sitt verk som hon drar ära och fåfänga från. —

Att Hennes Majestät älskar sitt Fädernesland och kommer att älska det in i döden, att det är denna kärlek som får henne att lida allt med ett tålamod som är desto mer beundransvärt, att hon har hundra sätt att hämnas på, men att den kärlek hon har till hennes Fädernesland kommer alltid att triumfera över alla de känslor som mänskligheten inspirerar hos människor av hennes slag när de känner sig så dödligt förolämpade som hon har så ofta varit utan anledning.

2. Efteråt måste han försöka vinna tillbaka fienderna och avlägsna från dem all rädsla för hämnd och uppsåt. Han måste använda den största dissimulation med dem och se till att inte låta dem veta att vi känner dem som fiender. Tvärtom, man måste visa dem förtroende, men han får inte lita på det, och inte heller riskera något i deras händer. Man måste vid alla tillfällen försöka ge dem positiva åsikter om Drottningens generositet, alltid benägen att förlåta förseelser och som aldrig glömmer de tjänster som hon har fått.

Slutligen måste han försöka övertala vänner och fiender att alla har ett intresse av att skaffa Hennes Majestäts tillfredsställelse, ty hennes generositet kommer att göra det känt för alla och att endast omöjlighet kan hindra henne från att bevilja nåder.

3. För att känna till Drottningens vänner kan han säga att de är lika många som det finns män i Sverige, och i allmänhet alla som lyder, och från denna allmänna regel finns inget undantag förutom de få personer som Drottningen har utnämnt till markisen.

Bland Ständerna måste han grunda sin styrka på adeln, och det finns få personer i denna illustra organ, som han har anledning att misstänka. Han måste komma ihåg i detta ämne den information som Drottningen har givit honom muntligen, i vilken man, om tiden eller andra omständigheter har medfört några förändringar antingen gynnsamma eller ofördelaktiga, måste urskilja dem och varna Drottningen och handla efter vad skäl och omständigheter kräver, och även enligt de befallningar som Hennes Majestät behagar att ge honom på hans rapporter.

Bland de kyrkliga organen finns det också mycket få som är misstänkta för Drottningen. Förutom i religionen, anser hon dem alla vara hennes vänner såväl som adeln, men med denna skillnad: att trångsyntheten placerar henne där. Städerna är desamma som adeln, och Drottningen kan fortfarande lita på dem. —

Folket styrs av sina predikanter och av adeln, men vilket intryck man än ger av dem till Ständerna i allmänhet och i synnerhet, så kommer de aldrig att glömma den ära och lycka, som Sverige åtnjöt under de tio åren av Drottning Kristinas regeringstid, och det är nödvändigt att försöka fräscha upp minnet av det för att få ett lyckligt slut i denna förhandling.

4. Vad gäller förmyndarregeringen — och Rådet — är det nödvändigt att han känner till det och sköter det enligt den information som han har fått från drottningen per mun. Han måste penetrera alla deras kabaler och intriger, han måste försöka veta i vems händer auktoriteten är för närvarande. Det är nödvändigt att han försöker att inte missta sig och inte låta sig luras av skenet, som ofta är vilseledande, eftersom det ibland finns i stora Stater hemliga källor som får dess stora maskiner att röra sig, och detta upptäcks inte om man inte är mer klarsynt än gemene man och om man inte ser på människor och dem ur ett perspektiv från vilket gemene man aldrig tänker på det.

Framför allt får han inte vara partisk i deras kabaler. Han måste hålla sig i stånd att alltid kunna ta parti för de starkaste och om möjligt övertyga var och en om att han är av deras intressen; och ändå måste han tjäna på sitt eget till vilket pris som helst.

5. För att övervinna allt måste han noggrant hantera kärleken till vissa och rädslan för andra, försöka se klart och öka dosen, och ge den så skickligt i tider och platser att allt detta kan ge effekterna av Hennes Majestäts tillfredsställelse.

6. Det är nödvändigt att han visar förmyndarregeringen och rådsherrarna den yttersta respekten och underkastelsen, att smickra dem, att hedra dem överdrivet, att uthärda deras kyla, deras stolthet och deras oförskämdhet med Jobs tålamod; att inte tröttna på att vara i förkammaren i timmar utan att få audiens; och slutligen måste han förbereda sig på att lida allt för att få en gynnsam expedition.

7. Han skall alltid göra en trogen redogörelse för allt som sker i Stockholm under Riksdagen; och även om han avsändes före Riksdagens slut, får han inte lämna utan uttrycklig befallning från Drottningen, utan måste avvakta dess slut under olika förevändningar.

[8.] I fråga om religionen är det nödvändigt att på ett skickligt sätt få dem som motsätter sig att frukta att Drottningen slutligen kan besluta sig för att göra en turné i Sverige utan att föra sina präster dit, och att göra dem veta att detta skulle vara en mycket större pinsamhet för dem; men detta måste behandlas mycket känsligt, eftersom det enda syftet är att få utövandet av religion.

Och det måste vara känt att, om Hennes Majestät en gång kan övervinna den motvilja hon har att resa dit utan präster och om hon bestämmer sig för att göra det, så skulle hon sätta sig i stånd att göra dem förtvivlade, ty, eftersom religionen är den enda förevändning med vilken de håller drottningen utestängd från Sverige, skulle hon därigenom öppna en väg för att hålla dem oroliga varje dag, ty det inte längre skulle finnas en väg till henne att stänga hennes dörr; och drottningen har etablerat sig så väl i världen och i Rom att hon inte fruktar att denna handling skulle göra henne misstänkt för att vara kapabel till feghet. Tvärtom, hon skulle få äran av att ha gjort en försiktig handling som var nödvändig och till och med oundviklig vid detta tillfälle.

Han måste dock gardera sig mot att detta hot framkallar en viss kyla bland dem som vill skaffa motionsfrihet åt Drottningen i hopp om att de skulle kunna tänka sig att se henne igen utan detta villkor; det är också omöjligt att instruera markisen så exakt om detta. Det är upp till honom att urskilja tider, platser, människor, humörer, intressen och att styra sig själv med försiktighet och tilltal, framför allt sitt uppdrag, alltid med sitt mål i sikte och försöka dra nytta av allt. —

9. Intresset är idag Sveriges dominerande stjärna, det måste användas; och för detta ändamål måste han lova allt pensioner, gods, nåder och allt som kan vinna hjärtan, lova allt frikostigt, och när tiden kommer kommer han att hålla vad han kan.

10. Han skall be om en kompromiss för att döma mellan Konungen och Drottningen om Appelmans och Pudaglas angelägenheter. Konungen får valet av domare, det enda som är förbehållet är uteslutningen av varje person som skulle vara misstänkt, på villkor att domarna avlägger en ed att göra rättvisa utan hänsyn till någon och att förplikta sig att uttala den efter vad deras heder och samvete kommer att föreskriva.

[11.] Appelman måste pressas till gränsen med alla tänkbara medel och ingen av dem får glömmas, men det måste alltid hållas fast att Drottningen inte får ge någon redovisning till Konungen eller till någon av hans vanära. Han måste behandlas med sådan auktoritet och så starkt nedlåtande och göras känd som en falsk man och en förrädare på ett sätt som gör honom oförmögen att skada; att göra känt att allt som har gjorts till hans fördel i regenten har erhållits sub et obreptice, vilket är den term som används i Sverige för att ursäkta de misstag som prinsar begår i sin regering.

Här måste han använda klokhet och kraft för att få ner honom och pressa honom till gränsen utan att chockera så lite som möjligt de som har skyddat honom, de främsta av dem har blivit namngivna till markisen; men det är nödvändigt att dölja denna kunskap och att försöka vinna dem tillbaka och föra dem till Hennes Majestäts intressen, vilket de utan tvivel kommer att göra när de är bättre informerade om rättvisan i hennes sak.

12. Han måste från utrikesministrar ta emot alla de artighetsbetygelser som de önskar att ge och inte misslyckas med att ge dem allt som är skyldigt var och en.

Med ministrarna av Spanien och Frankrike och av Holland måste han använda all slags ärlighet, men särskilt med Hollands, för att svara på den speciella vänskap som denna Stat betygar för drottningen. Han måste också försöka tränga in i deras förhandlingars hemligheter, liksom de andra utrikesministrarnas och troget informera Hennes Majestät om dem och om allt som händer.

Angående riksskattmästareämbetet, måste han på drottningens vägnar till friherre Gustav Kurcks bror lämna alla de goda ämbeten han kan för att skaffa sig det åt honom, om det är möjligt, varvid han likväl aktar sig för att inte förolämpa de andra pretendenterna.
(Här kommer Ers Majestät att förklara vem som skall gynnas i hans namn för samma ämbete.)

(Jag skulle vilja ha Kurcks bror om det var möjligt; dessutom är han allt en för mig.)

Slutligen skall han komma ihåg att utföra exakt de befallningar han har fått inte bara skrivna i hans instruktioner och i denna promemoria, utan han skall också styra sig själv enligt den information som Hennes Majestät har givit honom så rikligt muntligen och skall använda all sin ansökan, hans adress och skicklighet för att troget utföra sina order till Drottningens belåtenhet och tillfredsställelse.

English translation of the original (my own):

Secret memorandum.
1. His greatest employment — and his greatest application — must be to strive to preserve the Queen's friends in affection for her by testifying to them on her behalf esteem, love and tenderness not only for the good and advantage of Sweden in general, but also for theirs in particular, to show them confidence, to show that he wishes to govern himself according to their advice, that he abandons his interests to them, and for the present and for the future to inspire them with vigour to always support the Queen's interests, to persuade them that the Queen is not capable of repenting, that she has no other design than that of contributing with all her strength to the good of the State and to the service of the present King, whom she considers as her work from which she derives glory and vanity. —

That Her Majesty loves her Fatherland and will love it unto death, that it is this love that makes her suffer everything with a patience that is all the more admirable, that she has a hundred ways to avenge herself, but that the love she has for her Fatherland will always triumph over all the feelings that humanity inspires in people of her kind when they feel so mortally outraged as she has been so often for no reason.

2. Afterwards, he must try to win back the enemies and remove from them all fear of vengeance and rancour. He must use the utmost dissimulation with them, taking care not to let them know that we know them as enemies. On the contrary, he must show them confidence, but he must not rely on it, nor risk anything in their hands. He must on all occasions try to give them favourable opinions of the Queen's generosity, always inclined to forgive offenses and who never forgets the services rendered to her.

Finally, he must try to persuade friends and enemies that everyone has an interest in procuring Her Majesty's satisfactions, for her generosity will make it known to everyone and that only impossibility can prevent her from granting graces.

3. To know the friends of the Queen, he can say that they are as many as there are men in Sweden, and generally all who obey, and of this general rule there is no exception except the few persons whom the Queen has named to the Marquis.

Among the Estates, he must base his strength on the nobility, and there are few people in this illustrious body of whom he has reason to be suspicious. He must remember on this subject the information that the Queen has given him by mouth, in which, if time or other circumstances have brought some changes either favourable or disadvantageous, he must discern them and warn the Queen and act according to what reason and circumstances require, and even according to the orders that it will please Her Majesty to give him on his reports.

Among the body of ecclesiastics, there are also very few who are suspect to the Queen. Except for in religion, she considers them all to be her friends as well as the nobility, but with this difference: that bigotry puts her there. The cities are the same as the nobility, and the Queen can still trust in them. —

The people are governed by their preachers and by the nobility, but whatever impression is given of them to the Estates in general and in particular, they will never forget the glory and felicity which Sweden enjoyed during the ten years of Queen Kristina's reign, and it is necessary to try to refresh the memory of it to come to a happy end in this negotiation.

4. As for the regency — and the Senate, — it is necessary that he know it and manage it according to the information that he has received from the Queen by mouth. He must penetrate all their cabals and intrigues, he must try to know in whose hands the authority is at present. It is necessary that he try not to be mistaken and not let himself be deceived by appearances, which are often misleading, because there are sometimes in great States secret springs that make its great machines move, and this is not discovered if one is not more clear-sighted than the common man and if one does not look at men and them from a perspective from which the common man never considers it.

Above all, he must not be partial in their cabals. He must keep himself in a position to be able to always take sides with the strongest and persuade, if possible, each one that he is of their interests; and yet he must profit for his own at any price whatsoever.

5. To overcome everything, he must carefully manage the love of some and the fear of others, try to see clearly and increase the dose, and give it so skillfully in times and places that all this can produce the effects of Her Majesty's satisfaction.

6. It is necessary that he show the regency and the senators the utmost respect and submission, to flatter them, to honour them excessively, to endure their coldness, their pride and their incivility with the patience of Job; to not tire of being in the antechambers for hours without obtaining an audience; and finally, he must prepare to suffer everything to obtain a favourable expedition.

7. He must always make a faithful report of everything that happens in Stockholm during the Riksdag; and, even if he were sent before the end of the Riksdag, he must not leave without express orders from the Queen, but must await its end under various pretexts.

[8.] On the matter of religion, it is necessary to adroitly make those who oppose it fear that finally the Queen might decide to make a tour of Sweden without bringing her priests there, and to make them know that this would be a much greater embarrassment for them; but this must be treated very delicately, because the sole aim is to obtain the exercise of religion.

And it must be known that, if Her Majesty can once overcome the repugnance she has to go there without priests and if she resolves to do so, she would put herself in a position to make them despair, because, religion being the only pretext with which they keep the Queen excluded from Sweden, she would thereby open a path to keep them alarmed every day, because there would no longer be a way to close the doors to her for her entry; and the Queen has established herself so well in the world and in Rome that she does not fear that this action would make her suspected of being capable of cowardice. On the contrary, she would acquire the glory of having done an act of prudence necessary and even inevitable on this occasion.

He must, however, to guard against this threat producing some coldness among those who wish to procure the freedom of exercise for the Queen on the hope that they could conceive of seeing her again without this condition; also it is impossible to instruct the Marquis so exactly on this. It is up to him to discern times, places, people, humours, interests, and to govern himself with prudence and address, above all his commission, always having his goal in view and trying to profit from everything. —

9. Interest being today the dominant star of Sweden, it must be used; and, for this purpose, he must promise everything pensions, goods, graces, and everything that can win hearts, promise everything liberally, and, when the time comes, he will keep what he can.

10. He will ask for a compromise to judge between the King and the Queen on the affairs of Appelman and of Pudagla. The King is given the choice of judges, the only thing reserved is the exclusion of any person who would be suspect, on condition that the judges take an oath to do justice without regard to anyone and to oblige themselves to pronounce it according to what their honour and conscience will dictate.

[11.] Appelman must be pushed to the limit by all imaginable means and none of them must be forgotten, but it must always be maintained that the Queen must not give any account to the King or to anyone of his disgrace. He must be treated with such authority and so strongly condescendingly and made known as a perfidious man and a traitor in a way that renders him incapable of harm; to make known that all that has been done in his favour in the regency has been obtained sub et obreptice, which is the term used in Sweden to excuse the blunders that princes commit in their government.

Here he must use prudence and vigour to bring him down and push him to the limit without shocking as little as possible those who have protected him, the principal ones of whom have been named to the Marquis; but it is necessary to conceal this knowledge and to try to win them back and bring them into Her Majesty's interests, which they will no doubt do when they are better informed of the justice of her cause.

12. He must receive from foreign ministers all the civilities that they desire to render and not fail to render them also all that is due to each one.

With the ministers of Spain and France and of Holland, he must use all sorts of honesty, but especially with that of Holland, so as to respond to the particular friendship that this State testifies to the Queen. He must also try to penetrate the secrets of their negotiations, as well as those of the other foreign ministers and faithfully inform Her Majesty of them and of all that happens.

Concerning the office of grand treasurer, he must render to the brother of Baron Gustav Kurck, on the Queen's behalf, all the good offices that he can to obtain it for him if it will be possible, taking care nevertheless not to offend the other pretenders.
(Here Your Majesty will declare who is to be favoured in his name for the same office.)

(I would like Kurck's brother if it were feasible; besides, he is all one to me.)

Finally, he will remember to execute exactly the orders he has received not only written in his instructions and in this memorandum, but also he will govern himself according to the information that Her Majesty has given him so amply by mouth and will use all his application, his address and dexterity to faithfully execute his orders to the Queen's contentment and satisfaction.


Above: Kristina.

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