Thursday, August 15, 2024

Kristina in Pierre Hector Chanut's memoirs, April 1647 (New Style dates used)

Sources:

Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 120 to 127, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675


Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 126 to 133, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826


Kristina's letter of April 10/20 (Old Style), 1647 to Johan Adler Salvius is here:


Kristina's manifesto letter of the same day to Salvius and Johan Oxenstierna (but especially meant for the latter) is here:



Above: Kristina.

The excerpts:

[Cependant le sieur du Quesne, que l'on attendoit en Suede pour l'achapt des quatre Vaisseaux, ne venant point, on apprehenda qu'il ne luy fut arrivé quelque malheur par les chemins, & comme l'achapt & l'envoy desdits Vaisseaux pressoit, on en fit le prix; mais parce qu'il n'y avoit dans ces Vaisseaux que des agrez dont on se sert pour la navigation de la Mer Baltique, qui n'estoient pas suffisans pour les Mers de France, & qu'outre cela il restoit encore à achepter le canon de fonte, & de fer, avec les affuts pour monter lesdits Navires, la poudre, les boulets, les armes, les voiles, les cables, & autres cordages, les anchres, & plusieurs autres choses dont il les faloit pourvoir, & qui coûtoient autant que les Vaisseaux; il en falut differer la conclusion, parce qu'il n'avoit pas l'ordre d'en traiter.

Quoy qu'on eût envoyé aux Plenipotentiaires de Suede à Osnabrug les ordres precis pour achever la conclusion du Traité, ils entretenoient toûjours les contestations, attendant les derniers ordres de la Cour pour la satisfaction de la Milice, & la disposition des troupes en execution de la Paix, & comme le sieur Chanut pressoit un jour la Reine sur l'expedition du sieur Escken, elle luy dit, que tout avoit esté resolu le matin au Senat, qu'il partiroit incontinent pour aller à Osnabrug, & de là à l'armée, où elle écriroit à tous les Chefs, & que toutes choses estoient disposées en sorte qu'il parroissoit bien qu'elle vouloit la Paix. Toutesfois quoy qu'elle la souhaittât, & se promit de l'avoir dans peu de temps, on le laissa pas de donner ordre à l'équipage de vingt Vaisseaux, qui devoient porter quatre mille hommes de pied en Allemagne pour la recruë de l'armée Suedoise.

Les Estats du Royaume de Suede, qui sembloient n'avoir esté convoquez par quelques-uns des plus Puissans, que pour toucher au gouvernement, & reformer ce qui ne leur agréoit pas, eurent une fin contraire à ce projet, & l'autorité de la Reine s'y fortifia extrémement: car malgré les conferences du Chancelier, & du Comte Brahe-drost, la Reine fit ce qu'elle voulut, l'assemblée se separa avec de grands témoignages de veneration pour sa personne, & une grande satisfaction de sa conduite: La Reine avant qu'ils se separassent leur fit dire par le Comte Brahe Drost, en l'absence de son Chancelier, qui estoit indisposé, que sa Majesté ne vouloit pas laisser sans réponse la supplications qu'ils luy avoient faite de penser à se marier, qu'elle les remercioit de l'affection qu'ils témoignoient à sa Maison, & à sa personne, que n'ayant presentement aucune inclination au mariage, elle n'estoit pas neantmoins éloignée de la prendre pour le bien de l'Estat, & le contentement de ses sujets, & elle leur proposa le Prince Palatin son cousin, pour sçavoir d'eux si son inclination l'y portant ils agréeroient cette proposition; à quoy les Deputez répondirent que la Suede auroit toûjours agreable la personne de ce Prince, s'il plaisoit à la Reine de le choisir pour son mary.]

Les nouvelles qui arriverent ensuite à la Cour du Suede, que le Traité avec le Duc de Bavieres estoit conclu, y donnerent grande joye, nonobstant l'ancienne haine que les Suedois avoient pour ce Prince.

Pendant cela le sieur Escken, qui avoit esté esleu pour aller à Osnabrug, & à l'armée porter les ordres, se disposoit à partir; mais comme c'estoit un homme d'âge, & qui n'alloit qu'en carosse, il luy faloit pour le moins six semaines pour se rendre à Osnabrug, outre que la Reine luy avoit permis de séjourner huit jours chez luy à Stralsund. Mais avant qu'il partît les Estats se separerent, & le Chancelier, aprés la closture demeura malade d'une foiblesse de corps; ce qui recula les affaires que la France avoit en cette Cour là: car comme il estoit d'une humeur lente, il prenoit pretexte sur sa maladie pour differer les expeditions, cela éloigna fort la signature du Traité des quatre Vaisseaux que la France acheptoit en Suede, outre que l'Admiral Runing homme rude, peu accommodant de son naturel, mal affectionné à la France, & qui n'avoit point approuvé cette vente de Navires, y apportoit tous les jours quelques obstacles, il proposa cent difficultez déraisonnables, & n'eût esté que la Reine luy fit un commandement absolu, il n'auroit pas permis à la France d'achepter des canons de fonte; mais se voyant forcé à obeïr il les mist à un si haut prix, qu'il embarrassoit fort cette affaire; il disoit mesme que la Reine y perdoit beaucoup, & que si nous n'en voulions point nous luy ferions plaisir: Il est vray que ces canons coûtoient bien à la Reine ce qu'il les vouloit vendre, parce que la fabrique de ces ouvrages n'estoit pas encore bien établie en ce Royaume, mais le sieur Chanut ayant appris un marché que le Landgrave de Hesse avoit fait à bien meilleur compte, il en parla à la Reine, qui luy promît d'envoyer querir les personnes pour sçavoir la verité de leur bouche; afin d'avoir dequoy convaincre l'Admiral Runing, & y mettre elle-mesme un prix raisonnable.

Pendant toutes ces irresolutions de marchez, le sieur Chanut ayant appris que les gens de guerre que l'on avoit levez en Pologne pour la France estoient prests à marcher, on resolut que les quatre Vaisseaux prendroient la route de Dantzic, le détour n'est guere grand, mais il estoit à craindre que cét embarquement de troupes ne se fist pas si promptement, & que leurs victuailles ne fussent pas prêtes quand ils y arriveroient; ce qui auroit empêché que ces Vaisseaux n'auroient pas esté assez à temps pour servir en la Flotte que la France preparoit.

Il y eut des ordres de France en ce temps-là aux Plenipotentiaires qui estoient à Munster, pour avancer la paix de l'Empire, & faire connoître aux Suedois, qu'ils n'en estoient pas les seuls arbitres: Cette procedure de France fortifia extrémement ceux qui estoient bien aise qu'on les pressast de faire la paix.

Mais le Chancelier Oxenstiern estoit toûjours au lit, & il y avoit quinze jours qu'il n'entroit point au Conseil, & que le sieur Chanut luy fit demander plusieurs fois Audience, il ne la pût obtenir, parce qu'il y trouvoit toûjours quelque obstacle; Ceux qui le voyoient, disoient qu'il estoit chagrin, & fort languissant, & la Reine mesme, dans une Audience qu'elle donna au sieur Chanut, luy dit, qu'il n'agissoit presque plus dans les affaires, & témoigna assez par son discours, qu'encore que son merite, & sa suffisance luy donnassent de l'autorité, quand il se trouvoit au Conseil, il n'avoit neantmoins aucun pouvoir sur son esprit.

Mais le sieur Chanut luy ayant voulu representer quelques raisons pour la porter à faire voir que les pratiques secrettes de quelques particulieres de son Conseil ne l'emportoient pas sur son inclination, ni sur la résolution à la Paix, qui estoient connuës de tout le monde; elle luy répondit qu'elle ne luy vouloit plus nier ce que jusques alors elle avoit toûjours tenu caché, que son Chancelier avoit aversion à la paix, qu'elle en avoit tant de preuves qu'elle n'en pouvoit plus douter; & bien qu'elle voulust l'épargner, & ne luy en faire pas un reproche ouvert en plein Senat, elle n'avoit pas laissé de témoigner qu'elle n'estoit point contente de quelques dépeches particulieres que l'on avoit envoyées à Osnabrug, qui estoient fort differentes des deliberations que l'on avoit prises en sa presence; qu'elle desiroit la paix avec autant de passion que la France; qu'elle le feroit bien connoître par l'evenement; que l'accommodement de Bavieres avec les Couronnes luy donnoit asseurance qu'elle se feroit bien-tost, & qu'il ne restoit plus à vuider que la satisfaction de la Milice. Surquoy le sieur Chanut luy ayant representé, que ce seroit un reproche à la Suede qu'elle voulût tirer d'Allemagne jusques à la derniere goute de son sang, & butiner sous le nom de la Paix, ce que la guerre n'avoit point consumé. Cela la toucha, & elle luy demanda à quoy il jugeoit que devoit raisonnablement monter cette satisfaction; surquoy il ne voulut pas s'engager, parce qu'il ne le sçavoit pas, & cette Princesse ne vouloit pas aussi luy découvrir sa pensée.

Mais ensuite le sieur Chanut luy ayant exposé les motifs que leurs Majestez avoient de presser la paix d'Allemagne, il luy fit connoître le besoin qu'elles pourroient avoir de leurs forces, & de leurs finances contre l'Espagne; qu'il s'assembloit de grandes troupes sur la Moselle, & sur le Rhein, & qu'elles avoient resolu de ne pas permettre qu'on dépoüillast les Catholiques des biens Ecclesiastiques, ni de leurs droits. A quoy elle répondit, qu'elle contribueroit de sa part autant qu'elle pourroit à l'acceleration de ce Traité, qu'elle en alloit écrire à ses Plenipotentiaires, & une lettre particuliere au sieur Salvius, pour le fortifier contre son Collegue, s'il vouloit opiniâtrer à tirer les affaires en longueur. Qu'elle sçavoit que le Baron Oxenstiern estoit fort éloigné d'accommodement, que les Protestans mesmes luy avoient fait leurs plaintes, qu'il leur avoit suggeré des conseils, qui sous couleur de leurs avantages, les excitoient à perpetuer la guerre; & que si les lettres qu'elle luy alloit écrire ne gagnoient rien sur son esprit, elle prioit les Ministres de leurs Majestez de luy écrire leurs plaintes, afin qu'elle pût justifier celles qu'elle feroit, & luy donner lieu d'y pouvoir.

Mais quant à la suspension d'armes generale qu'il luy proposa en suite, elle n'y voulut pas entendre; ce qui luy découvrit que c'estoit un point resolu au Senat, que l'armée Suedoise demeureroit toûjours au mesme estat jusques à la conclusion de la Paix.

With modernised spelling:

[Cependant le sieur du Quesne, que l'on attendait en Suède pour l'achapt des quatre vaisseaux, ne venant point, on appréhenda qu'il ne lui fut arrivé quelque malheur par les chemins; et comme l'achat et l'envoi desdits vaisseaux pressait, on en fit le prix; mais parce qu'il n'y avait dans ces vaisseaux que des agrés dont on se sert pour la navigation de la mer Baltique, qui n'étaient pas suffisants pour les mers de France, et qu'outre cela il restait encore à acheter le canon de fonte et de fer avec les affuts pour monter lesdits navires, la poudre, les boulets, les armes, les voiles, les cables, et autres cordages, les ancres et plusieurs autres choses dont il les fallait pourvoir et qui coûtaient autant que les vaisseaux, il en fallut différer la conclusion, parce qu'il n'avait pas l'ordre d'en traiter.

Quoiqu'on eût envoyé aux plénipotentiaires de Suède à Osnabrück les ordres précis pour achever la conclusion du traité, ils entretenaient toujours les contestations, attendant les derniers ordres de la cour pour la satisfaction de la milice et la disposition des troupes en exécution de la paix, et comme le sieur Chanut pressait un jour la reine sur l'expedition du sieur Erskein, elle lui dit que tout avait été résolu le matin au Sénat, qu'il partirait incontinent pour aller à Osnabrück et delà à l'armée, où elle écrirait à tous les chefs, et que toutes choses étaient disposées en sorte qu'il paraissait bien qu'elle voulait la paix.

Toutefois, quoiqu'elle la souhaitât et se promit de l'avoir dans peu de temps, on le laissa pas de donner ordre à l'équipage de vingt vaisseaux, qui devaient porter quatre mille hommes de pied en Allemagne pour la recrue de l'armée suédoise.

Les États du royaume de Suède, qui semblaient n'avoir été convoqués par quelques-uns des plus puissants, que pour toucher au gouvernement et reformer ce qui ne leur agréait pas, eurent une fin contraire à ce projet; et l'autorité de la reine s'y fortifia extrêmement, car, malgré les conférences du chancelier et du comte Brahe, drost, la reine fit ce qu'elle voulut. L'assemblée se sépara avec de grands témoignages de vénération pour sa personne et une grande satisfaction de sa conduite.

La reine, avant qu'ils se séparassent, leur fit dire par le comte Brahe, drost, en l'absence de son chancelier, qui était indisposé, que Sa Majesté ne voulait pas laisser sans réponse la supplications qu'ils lui avaient faite de penser à se marier, qu'elle les remerciait de l'affection qu'ils témoignaient à sa Maison et à sa personne, que, n'ayant présentement aucune inclination au mariage, elle n'était pas néanmoins éloignée de la prendre pour le bien de l'État et le contentement de ses sujets, et elle leur proposa le prince palatin son cousin, pour savoir d'eux si son inclination l'y portant ils agréeraient cette proposition; à quoi les députés répondirent que la Suède aurait toujours agréable la personne de ce prince s'il plaisait à la reine de le choisir pour son mari.]

Les nouvelles qui arrivèrent ensuite à la cour du Suède, que le traité avec le duc de Bavière était conclu, y donnèrent grande joie, nonobstant l'ancienne haine que les Suédois avaient pour ce prince.

Pendant cela, le sieur Erskein, qui avait été élu pour aller à Osnabrück et à l'armée porter les ordres, se disposait à partir; mais, comme c'était un homme d'âge et qui n'allait qu'en carosse, il lui fallait pour le moins six semaines pour se rendre à Osnabrück, outre que la reine lui avait permis de séjourner huit jours chez lui à Stralsund. Mais, avant qu'il partît, les États se separèrent; et le chancelier, après la clôture, demeura malade d'une faiblesse de corps, ce qui recula les affaires que la France avait en cette cour-là, car, comme il était d'une humeur lente, il prenait pretexte sur sa maladie pour différer les expéditions.

Cela éloigna fort la signature du traité des quatre vaisseaux que la France achetait en Suède, outre que l'admiral Ryning, — homme rude, peu accommodant de son naturel, mal affectionné à la France, et qui n'avait point approuvé cette vente de navires, — y apportait tous les jours quelques obstacles. Il proposa cent difficultés déraisonnables, et n'eut été que la reine lui fit un commandement absolu, il n'aurait pas permis à la France d'acheter des canons de fonte.

Mais, se voyant forcé à obéir, il les mit à un si haut prix qu'il embarrassait fort cette affaire. Il disait même que la reine y perdait beaucoup et que, si nous n'en voulions point nous lui ferions plaisir. Il est vrai que ces canons coûtaient bien à la reine ce qu'il les voulait vendre, parce que la fabrique de ces ouvrages n'était pas encore bien établie en ce Royaume; mais le sieur Chanut ayant appris un marché que le landgrave de Hesse avait fait à bien meilleur compte, il en parla à la reine, qui lui promit d'envoyer quérir les personnes pour savoir la vérité de leur bouche, afin d'avoir de quoi convaincre l'amiral Ryning et y mettre elle-même un prix raisonnable.

Pendant toutes ces irrésolutions de marchés, le sieur Chanut, ayant appris que les gens de guerre que l'on avait levés en Pologne pour la France étaient prêts à marcher, on résolut que les quatre vaisseaux prendraient la route de Dantzig, le détour n'est guère grand; mais il était à craindre que cet embarquement de troupes ne se fît pas si promptement et que leurs victuailles ne fussent pas prêtes quand ils y arriveraient, ce qui aurait empêché que ces vaisseaux n'auraient pas été assez à temps pour servir en la flotte que la France préparait.

Il y eut des ordres de France en ce temps-là aux plénipotentiaires, qui étaient à Münster, pour avancer la paix de l'Empire et faire connaître aux Suédois qu'ils n'en étaient pas les seuls arbitres. Cette procédure de France fortifia extrêmement ceux qui étaient bien aise qu'on les pressât de faire la paix.

Mais le chancelier Oxenstiern était toujours au lit, et il y avait quinze jours qu'il n'entrait point au Conseil, et que le sieur Chanut lui fit demander plusieurs fois audience, il ne la put obtenir, parce qu'il y trouvait toujours quelque obstacle. Ceux qui le voyaient disaient qu'il était chagrin et fort languissant, et la reine même, dans une audience qu'elle donna au sieur Chanut, lui dit qu'il n'agissait presque plus dans les affaires et témoigna assez par son discours qu'encore que son mérite et sa suffisance lui donnassent de l'autorité, quand il se trouvait au Conseil, il n'avait néanmoins aucun pouvoir sur son esprit.

Mais le sieur Chanut lui ayant voulu représenter quelques raisons pour la porter à faire voir que les pratiques secrètes de quelques particulières de son Conseil ne l'emportaient pas sur son inclination, ni sur la résolution à la paix, qui étaient connues de tout le monde.

Elle lui répondit qu'elle ne lui voulait plus nier ce que jusqu'alors elle avait toujours tenu caché, que son chancelier avait aversion à la paix, qu'elle en avait tant de preuves qu'elle n'en pouvait plus douter; et, bien qu'elle voulût l'épargner et ne lui en faire pas un reproche ouvert en plein Sénat, elle n'avait pas laissé de témoigner qu'elle n'était point contente de quelques dépêches particulières que l'on avait envoyées à Osnabrück, qui étaient fort différentes des délibérations que l'on avait prises en sa presence; qu'elle désirait la paix avec autant de passion que la France; qu'elle le ferait bien connaître par l'événement; que l'accommodement de Bavière avec les Couronnes lui donnait assurance qu'elle se ferait bientôt, et qu'il ne restait plus à vider que la satisfaction de la milice.

Sur quoi, le sieur Chanut lui ayant représenté que ce serait un reproche à la Suède qu'elle voulût tirer d'Allemagne jusqu'à la dernière goute de son sang et butiner sous le nom de la paix, ce que la guerre n'avait point consumé. Cela la toucha, et elle lui demanda à quoi il jugeait que devait raisonnablement monter cette satisfaction; sur quoi il ne voulut pas s'engager, parce qu'il ne le savait pas, et cette princesse ne voulait pas aussi lui découvrir sa pensée.

Mais ensuite, le sieur Chanut lui ayant exposé les motifs que Leurs Majestés avaient de presser la paix d'Allemagne, il lui fit connaître le besoin qu'elles pourraient avoir de leurs forces et de leurs finances contre l'Espagne; qu'il s'assemblait de grandes troupes sur la Moselle et sur le Rhin, et qu'elles avaient résolu de ne pas permettre qu'on dépouillât les catholiques des biens ecclésiastiques, ni de leurs droits.

A quoi elle répondit qu'elle contribuerait de sa part autant qu'elle pourrait à l'accélération de ce traité, qu'elle en allait écrire à ses plénipotentiaires et une lettre particulière au sieur Salvius pour le fortifier contre son collègue s'il vouloit opiniâtrer à tirer les affaires en longueur. Qu'elle savait que le baron Oxenstiern était fort éloigné d'accommodement, que les protestants mêmes lui avaient fait leurs plaintes, qu'il leur avait suggéré des conseils qui sous couleur de leurs avantages, les excitaient à perpetuer la guerre; et que, si les lettres qu'elle lui allait écrire ne gagnaient rien sur son esprit, elle priait les ministres de Leurs Majestés de lui écrire leurs plaintes, afin qu'elle pût justifier celles qu'elle ferait et lui donner lieu d'y pouvoir.

Mais, quant à la suspension d'armes générale qu'il lui proposa en suite, elle n'y voulut pas entendre, ce qui lui découvrit que c'était un point résolu au Sénat que l'armée suédoise demeurerait toujours au même état jusqu'à la conclusion de la paix.

Swedish translation (by anonymous translator):

[Då Herr du Quesne, som väntades till Sverige för skeppshandeln ej ankom, fruktade man att någon olycka händt honom på vägen och som afsändningen af skeppen brådskade, satte man ut priset. Som de voro försedda endast med det som fordrades till segling i Östersjön men ej för Frankrikets haf, och dessutom återstod att köpa gjutne och Jernkanoner med lavetter till deras bestyckning, samt krut, kulor, vapen, segel, tåg, ankare, och flere andra saker hvilka kostade lika mycket som skeppen, måste upphandlingen deraf uppskjutas, emedan man ej dertill hade befallning.

Fastän de Svenska Fullmäktiga i Osnabrüg erhållit bestämd befallning att afsluta Traktaten, underhöllo de alltid stridigheter, afvaktande den sista befallningen ifrån Hofvet angående milisens satisfaktion och förläggning i anseende till Fredens verkställande; som Herr Chanut en dag yrkade hos Drottningen på Herr Esckens afsändande, svarade hon att allt om morgonen blifvit afgjordt i Rådet och att han genast skulle afresa till Osnabrüg och till arméen; hon skulle skrifva till alla Befälhafvarna och allt var så anordnadt, att det syntes att hon verkeligen ville ha fred, då hon ickedessmindre önskade och lofvade sig den innan kort, utfärdades likväl befallning om 20 skepp som skulle öfverföra 4000 man till Tyskland att förstärka Svenska arméen,

Sveriges Ständer, hvilka syntes sammankallade genom några af de mäktigaste för att granska styrelsen samt förbättra det de ej gillade, åtskiljdes på ett sätt tvert emot detta förslag och Drottningens makt blef än ytterligare befästad; ty oaktadt öfverläggningarna med Riks-Kansleren och Riks-Drotset Grefve Brahe, gjorde Drottningen hvad hon ville; Ständerna åtskiljdes med vördnadsbetygelser för dess person och stor tillfredsställelse med dess uppförande. Drottningen förr än de åtskiljdes lät säga dem genom Riks-Drotset, under sin Riks-Kanslers sjuklighet, att Hennes Majestät icke ville lemna svar på deras anhållan om hennes giftermål; hon tackade dem för den tillgifvenhet de visade för dess Hus och person och ägde för det närvarande ingen böjelse till äktenskap, men var likväl icke aflägsnad derifrån i anseende till Statens väl och dess undersåtares glädje; hon föreslog sin kusin Pfalz-Grefven och önskade veta om, i fall hon hänfördes af sin böjelse, de biföllo detta förslag; de Deputerade svarade, att denna Förstes person alltid skulle vara angenäm för Sverige, om Drottningen behagade utvälja honom till sin gemål.]

Underrättelserna, som sluteligen ankommo till Svenska Hofvet, att Traktaten med Hertigen af Bajern var afslutad, förorskade stor glädje, oagtadt det gamla hat Svenskarna hyste till denna Furste,

Under tiden beredde Herr Escken sig att resa till Osnabrüg och arméen, men som han var gammal och färdades i vagn, behöfde han åtminstone 6 veckor till resan, Drottningen hade dessutom beviljat honom 8 dagar att vistas i Stralsund, hans hemort, men förr än han reste, åtskiljdes Ständerna; Riks-Kanslerens sjuklighet fortfor, hvarigenom de Franska angelägenheterna vid detta Hof uppskjötos; som han var trög, tog han sin sjuklighet till förevänning och uppskjöt länge underteknandet af Traktaten om de 4 skepp Frankrike köpte af Sverige; Admiral Rynning, en plump man, utan foglighet och illasinnad mot Frankrike ogillade denna försäljning samt uppfann alla dagar några hinder och svårigheter; om ej Drottningen gifvit honom bestämd befallning, hade han intet tillåtit Frankrike att köpa gjutna kanoner; tvungen att lyda, höjde han priset och förvillade saken; han sade att Drottningen derpå förlorade mycket och om vi afstodo derifrån skulle vi göra honom att nöje; dessa kanoner kostade Drottningen verkligen det som de såldes för, ty ett gjuteri var ej ännu i Riket anlagdt. Då Herr Chanut blifvit underrättad att Landt-Grefven af Hessen gjort en dylik handel för bättre köp, talte han derom med Drottningen som lofvade söka upp personerna för att af deras egen mun höra sanningen så att Amiral Ryning skulle öfvertygas och hon sjelf utsätta ett billigt pris.

Under denna villrådighet i anseende till köpet, hörde Herr Chanut att det krigsfolk, man i Pohlen värfvat för Frankrikes räkning var färdigt att aftåga och man beslöt att de 4 skeppen skulle segla till Danzig. Vägen var ej lång, men man fruktade att denna tropparnas inskeppning icke skedde så snart och att lifsmedlen intet voro anskaffade då de dit ankommo, hvilket hindrat skeppen att i tid tjena i den flotta Frankrike utrustade.

Befallning från Frankrike ankom då till Plenipotentiairerne i Münster att påskynda freden för Tyska Riket och att låta Svenskarna känna att de ej ensamt voro skilljesmän. Detta Frankrikets förfarande stärkte mycket dem som voro glada att freden påskyndades.

Då Riks-Kansleren Oxenstjerna alltid var sängliggande och ej kom i Rådet på 14 dagar, begärde Herr Chanut flere gånger företräde hos honom, men kunde intet erhålla det, ty det var alltid något förhinder. De som sågo honom sade, att han var sörjande och aftynande. Drottningen sjelf yttrade till Herr Chanut, att han ej mer befattade sig med ärenderna; hon visade nog genom sitt tal att, ehuru Riks-Kanslerens förtjenst och högdragenhet gaf honom ännu myndighet, hade han i Rådet likväl ingen makt öfver hennes mening.

Herr Chanut föreställde henn[e] att hemliga ränkor af några i Rådet intet borde segra på hennes tänkesätt eller beslut i anseende till freden hvilka alltid voro så väl kände af hela verlden; hon svarade, att hon ej ville mer neka till det hon alltid dolt, det hennes Riks-Kansler hade afsky för freden; hon ägde så många bevis och kunde icke mer tvifla derpå så mycket hon än ville skona och ej uppenbart förebrå honom det inför hela Rådet. Hon hade visat sig ej nöjd med några enskilda depecher som man skickat till Osnabrüg, stridande emot öfverläggningarne i hennes närvaro, hon önskade freden med så stort begär som Frankrike och utgången skulle bevisa det; Bayerns förlikning med de begge kronorna försäkrade henne, att freden skulle ske snart; det återstod endast att afgöra milisens satisfaktion. Herr Chanut föreställde, att det vore en förebråelse för Sverige att suga ur Tyskland sista blodsdroppan och plundra i Fredens namn det kriget ej förtärt. Detta rörde henne och hon frågade huru högt denna satisfaktion billigtvis borde stiga; han ville ej häruti inlåta sig, ty han visste, att denna Prinsessa intet ville upptäcka sina tankar.

Herr Chanut framlade sluteligen Deras Majestäters skäl att påskynda Tysklands fred, underrättade henne om behofvet af deras vapen och penningar emot Spanien, att talrika troppar samlades vid Mosel och Rhen, samt att de beslutit, att man ej borde fråntaga Katholikerna de andeliga godsen och deras rättigheter. Hon svarade, att hon skulle påskynda så mycket hon kunde Traktatens afslutande, skrifva till sina Fullmäktige och i synnerhet till Herr Salvius för att väpna honom emot sin medbroder, i fall denna ville fördröja sakerna; hon visste att Baron Oxenstjerna var så emot all förlikning, att Protestanterna sjelfva beklagade sig öfver honom; att hans råd under fördelagtiga färger uppäggade den att föreviga kriget; om hennes bref till honom ej verkade, bad hon Deras Majestäters Ministrar klaga, så att hon kunde rättfärdiga sig och finna botemedlen.

Då han föreslog en allmän vapenhvila, ville hon ej lyssna dertill; han upptäckte således Rådets beslut att Svenska arméen skulle alltid förblifva i samma tillstånd ända till Fredsslutet.

English translation (my own):

[In the meantime, Monsieur du Quesne, who was expected in Sweden for the purchase of the four ships, did not come, it was feared that some misfortune had happened to him on the roads; and as the purchase and shipment of the said ships was urgent, the price was paid; but because there were only rigging in these ships that is used for the navigation of the Baltic Sea, which was not sufficient for the seas of France, and that besides that it still remained to buy the cast iron and iron cannon with the carriages to mount the said ships, the powder, the cannon balls, the weapons, the sails, the cables, and other ropes, the anchors and several other things with which they had to be provided and which cost as much as the ships, it was necessary to postpone the conclusion, because he did not have the order to deal with it.

Although the precise orders had been sent to the Swedish plenipotentiaries at Osnabrück to complete the conclusion of the treaty, they still maintained the disputes, awaiting the last orders from the court for the satisfaction of the militia and the disposition of the troops in execution of the peace, and as Monsieur Chanut pressed the Queen one day on the expedition of Lord Erskein, she told him that everything had been resolved in the morning in the Senate, that he would leave immediately to go to Osnabrück and from there to the army, where she would write to all the leaders, and that all things were arranged so that it appeared that she wanted peace.

However, although she wished for it and promised herself to have it in a short time, she was not left to give orders to the crew of twenty ships, which were to carry four thousand foot soldiers to Germany for the recruitment of the Swedish army.

The Estates of the Kingdom of Sweden, which seemed to have been summoned by some of the most powerful, only to touch the government and reform what did not please them, had an end contrary to this project; and the Queen's authority was extremely strengthened there, because, in spite of the conferences of the Chancellor and of Count Brahe, Steward, the Queen did what she wanted. The assembly separated with great testimonies of veneration for her person and great satisfaction with her conduct.

The Queen, before they separated, sent word to them by Count Brahe, Steward, in the absence of his Chancellor, who was indisposed, that Her Majesty did not wish to leave unanswered the supplications they had made to her to think of marrying, that she thanked them for the affection they showed to her House and to her person, that, having at present no inclination to marriage, she was nevertheless not far from taking her for the good of the State and the contentment of her subjects, and she proposed to them the Prince Palatine, her cousin, to know from them if his inclination leading him to it they would agree to this proposal; to which the deputies replied that Sweden would always be agreeable to the person of this prince if it pleased the Queen to choose him for her husband.]

The news which then reached the court of Sweden, that the treaty with the Duke of Bavaria was concluded, gave great joy there, notwithstanding the ancient hatred which the Swedes had for this prince.

Meanwhile, Lord Erskein, who had been elected to go to Osnabrück and to the army to carry the orders, was preparing to leave; but, as he was an elderly man who only went by carriage, he needed at least six weeks to get to Osnabrück, besides that the Queen had allowed him to stay for eight days at his house in Stralsund. But, before he left, the Estates separated; and the Chancellor, after the closure, remained ill from a weakness of body, which delayed the affairs which France had at that court, for, as he was of a slow humour, he took his illness as a pretext to postpone the expeditions.

This greatly delayed the signing of the treaty of the four ships that France was buying in Sweden, besides the fact that Admiral Ryning, — a rough man, not very accommodating by nature, not very fond of France, and who had not approved of this sale of ships, — brought obstacles to it every day. He proposed a hundred unreasonable difficulties, and had it not been for the Queen to give him an absolute command, he would not have allowed France to buy cast iron cannons.

But, seeing himself forced to obey, he put them at such a high price that he greatly embarrassed this affair. He even said that the Queen lost a lot by it and that, if one did not want them, one would please her. It is true that these cannons cost the Queen much what he wanted to sell them for, because the manufacture of these works was not yet well established in this Kingdom; but Monsieur Chanut having learned of a deal that the Landgrave of Hesse had made at a much better price, he spoke of it to the Queen, who promised to send for the people to find out the truth from their mouths, in order to have enough to convince Admiral Ryning and to set a reasonable price herself.

During all these irresolutions of markets, Monsieur Chanut, having learned that the men of war that had been raised in Poland for France were ready to march, it was resolved that the four ships would take the road to Danzig, the detour is not very great; but it was to be feared that this embarkation of troops would not be done so promptly and that their provisions would not be ready when they arrived there, which would have prevented these ships from not having been in time enough to serve in the fleet that France was preparing.

There were orders from France at that time to the plenipotentiaries, who were in Münster, to advance the peace of the Empire and to make known to the Swedes that they were not the only arbiters. This procedure of France extremely strengthened those who were very happy to be pressed to make peace.

But Chancellor Oxenstierna was still in bed, and it was fifteen days since he had entered the Council, and although Monsieur Chanut had asked him for an audience several times, he could not obtain it, because he always found some obstacle there. Those who saw him said that he was gloomy and very languid, and the Queen herself, in an audience that she gave to Monsieur Chanut, told him that he was hardly active any more in affairs and testified sufficiently by her discourse that although his merit and his self-importance gave him authority, when he was in the Council, he nevertheless had no power over her mind.

But Monsieur Chanut having wished to present some reasons to her to induce her to show that the secret practices of some individuals of her Council did not prevail over her inclination, nor over the resolution to peace, which were known to everyone.

She answered him that she no longer wished to deny what until then she had always kept hidden, that her Chancellor had an aversion to peace, that she had so much proof of it that she could no longer doubt it; and, although she wished to spare him and not to make an open reproach to him in full Senate, she had not failed to testify that she was not satisfied with some private dispatches that had been sent to Osnabrück, which were very different from the deliberations that had been taken in her presence; that she desired peace with as much passion as France; that she would make it well known by the event; that the accommodation of Bavaria with the Crowns gave her assurance that it would soon be made, and that there remained only the satisfaction of the militia to be discharged.

On which, Monsieur Chanut having represented to her that it would be a reproach to Sweden that she wanted to draw from Germany to the last drop of her blood and plunder under the name of peace, what the war had not consumed. This touched her, and she asked him to what he judged that this satisfaction should reasonably be based; to which he did not want to commit himself, because he did not know, and this princess did not want to reveal her thoughts to him either.

But then, Monsieur Chanut having explained to her the reasons that Their Majesties had for pressing the peace of Germany, she made known to him the need that they might have for their forces and their finances against Spain; that large troops were assembling on the Moselle and on the Rhine, and that they had resolved not to allow the Catholics to be stripped of ecclesiastical property or their rights.

To which she replied that she would contribute as much as she could to the acceleration of this treaty, that she was going to write to her plenipotentiaries and a special letter to Lord Salvius to strengthen him against his colleague if he wanted to persist in dragging out the matter. That she knew that Baron Oxenstierna was very far from accommodation, that the Protestants themselves had made their complaints to him, that he had suggested to them advice which, under the colour of their advantages, excited them to perpetuate the war; and that, if the letters she was going to write to him did not gain anything on his mind, she asked the ministers of Their Majesties to write to her their complaints, so that she could justify those she would make and give her reason to be able to do so.

But, as for the general suspension of arms that he proposed to her afterwards, she would not hear of it, which revealed to her that it was a point resolved in the Senate that the Swedish army would always remain in the same state until the conclusion of peace.

Note: Danzig is the German name for what is now the Polish city of Gdańsk.

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