Sources:
Mémoires de ce qui s'est passé en Suède, volume 1, pages 127 to 136, by Pierre Hector Chanut, published by Pierre Linage de Vauciennes, 1675
Anteckningar om det som tilldragit sig i Sverige ifrån år 1645 till år 1649, pages 133 to 142, translator unknown, published by Ecksteinska Boktryckeriet, 1826
Above: Kristina.
The excerpts:
Le General Major Spar en ce temps-là passa de Pologne en Suede, sous pretexte de chercher de l'employ; mais il avoit une negociation secrette à faire pour le Roy de Pologne, qui estoit de proposer que l'on fist en sorte que la Silesie tombât entre ses mains pour luy demeurer hereditaire, & mesme fit connoître que si la Reine avoit dessein d'attendre quelques années à se marier, on luy donneroit le fils aisné du Roy de Pologne, qui n'avoit que sept ans; mais son voyage n'eut pas grand succés, & ne laissa pas dans l'esprit de la Reine beaucoup d'estime pour sa personne.
Mais comme les Vaisseaux que le sieur Chanut avoit achettez pour joindre à la Flotte de France y estoient attendus avec impatience, on luy écrivit de diligenter l'armement, & il se trouva que quand ces lettres arriverent à Stokolm, il y en avoit trois qui estoient prests à partir pour descendre à Dales, qui est à l'emboucheure de la Mer, où les Officiers de Suede les devoient livrer. Et si en ce temps-là les fregates de France, qui amenoient les Matelots s'y fussent rencontrées, ils seroient partis au premier vent; car il y en avoit déja deux, qui avoient tout leur canon, & l'autre les devoit avoir le lendemain. Les canons dont ils estoient montez estoient tous fort beaux, & par une grace particuliere de la Reine, mal-gré les Officiers de l'Admirauté, on leur en donna six qu'ils avoient mis en reserve à cause de la bonté de leur metal, & de leur longueur. La dépense de ces Vaisseaux armez de leurs canons, les cent canons de fer, & les cinquante mille boulets, avec le gouldron matuce, poudre à canon, & autres agrez, que l'Admirauté ne devoit pas fournir, montoit à la somme de cent soixante dix mille Richedales, qui devoient estre remises à Hambourg en deux payemens; le premier écheant l'onziéme Juin 1647, & le second l'onziéme de Septembre, deduction faite prealablement de vingt-cinq mille Richedales contenuës en un recepissé du Comte Magnus, qu'il avoit touchées en France.
Bien que d'abord les Suedois eussent fait bruit, que l'on parlast du Traité de la France avec le Duc de Bavieres, & qu'ils en eussent fait de grandes plaintes; neantmoins la nouvelle de la ratification de ce Prince, réjoüit tous ceux qui vouloient sincerement la paix. Il ne restoit plus à la Reine que d'écrire à ses Plenipotentiaires, ainsi qu'elle l'avoit si souvent promis au sieur Chanut, pour empécher que le Traité ne fust troublé par des difficultez inutiles, & l'on esperoit que ces lettres feroient ployer le sieur Salvius au sujet de l'Evesché d'Osnabrug, qui ne faisoit bruit que sur la créance qu'il avoit que le Comte Gustave-sohn pouvoit tout auprés de la Reine, & qu'il le faloit contenter. Le Comte d'Avaux, qui estoit averty de toutes ces choses, luy fit connoître doucement que le Comte Gustave-sohn n'estoit plus le chemin de la faveur. Il ne restoit donc plus que la protection que les Ministres de Suede donnoient aux Protestans d'Austriche, sur quoy il ne fut pas possible au sieur Chanut de vaincre la Reine; au contraire, il paroissoit par sa resistance qu'il avoit esté resolu au Senat d'en faire bruit, bien qu'il y eust apparence que ce ne fust ny l'intention de la Reine, ny celle du Senat qu'on differât trop long-temps la conclusion de la paix sur cette difficulté.
Il arriva le 4 May des lettres en Suede, que son Resident qui estoit en Portugal s'étoit fait Catholique: On douta d'abord de la chose; mais quand elle fut averée, ils publierent qu'il estoit fou, bien qu'auparavant chacun en parlast, & la Reine mesme, comme d'un tres-honneste homme: Mais cela venoit de la haine secrette qu'ils avoient pour la Religion Catholique Romaine.
Depuis la ponctualité des payemens que la France fit pour les Vaisseaux qu'elle avoit achetez, l'Admiral Runing parut plus traitable, & il tira sur le sieur de Meules trois mille Richedales, par ordre de la Reine, pour estre distribuées aux Officiers de l'Admirauté, qui furent fort satisfaits de recevoir un payement si net, & si prompt. On croyoit que cette Princesse avoit destiné le reste du fond, qui luy devoit revenir, au remplacement de ce que le Comte Magnus avoit pris en France sur le subside.
Pendant qu'on reçoit en Suede les nouvelles de la conversion du Resident qu'elle tenoit en Portugal, le sieur Chanut receut des lettres du Comte d'Avaux, qui luy enjoignoient de dire à la Reine de la part de leurs Majestez, & aux principaux Ministres, ce qu'il avoit déja declaré aux Plenipotentiaires qui estoient à Osnabrug: Que la France ayant pleinement satisfait à ce qu'elle devoit à ses Alliez, non seulement à la rigueur des Traitez d'Alliance, mais encore à tout ce qu'on pouvoit attendre d'une tres-fidelle amitié, elle se trouvoit alors obligée de se servir de ses forces pour sa propre conservation, en rappellant le Maréchal de Turenne sur ses frontieres, & en employant le fonds du subside, ou à la deffense du Royaume, ou au soulagement des Sujets de sa Majesté, qui en avoient un extrême besoin. Avant que d'en parler à la Reine, il voulut fonder le Comte de la Garde, pour apprendre de luy ce qu'il en pensoit, & comment la Reine recevroit ce qu'il avoit à luy dire: Mais il le trouva plus roide en cette occasion qu'il ne l'avoit jamais veu; & enfin il luy dit, qu'il craignoit que cette declaration n'alienât les esprits de la confiance qu'on avoit en la France, & que sans doute la Reine n'en seroit pas contente. Nonobstant cela le sieur Chanut ne laissa pas de luy en parler, & il trouva que le pronostique du Comte n'estoit pas veritable: Car aprés luy avoir rapporté tout ce qui luy avoit esté ordonné, & qu'il luy eut remis devant les yeux le bon-heur qui avoit suivy l'Alliance de la France, la fidelité qui avoit esté gardée de part & d'autre, ce que la France avoit fait depuis une année; que la neutralité de Bavieres, qui relevoit si fort les esperances des siens, estoit un ouvrage de ses conseils. Il luy depeignit les perils de la France par l'accommodement des Provinces-Unies, & la necessité qu'elle avoit de respirer aprés tant de guerres, & de dépenses excessives: Que l'intention des deux Rois, de glorieuse memoire, qui avoient commencé la guerre en Allemagne, n'avoit pas esté de l'immortaliser. Elle luy répondit, sans estre troublée, ny paroître mécontente, qu'elle avoit avis que cette mesme declaration avoit esté fait à Osnabrug à ses Ambassadeurs: Qu'elle se pleignoit seulement que le Comte d'Avaux avoit parlé si durement de ces affaires, & qu'il y eût mêlé un vieux reproche de la guerre de Dannemark, comme si l'on eût voulu l'accuser d'infidelité dans l'Alliance, & prendre de là sujet de ne l'observer pas. Mais le sieur Chanut la supplia de considerer de quel esprit le Baron Oxenstiern luy avoit écrit cette lettre, qu'il ne doutoit pas qu'elle ne reconnût que le Comte d'Avaux avoit esté forcé de répondre aux termes qu'il luy avoit répondu, & que le sieur Salvius ne luy en avoit point écrit. Elle consentit sans peine à croire que la Comte d'Avaux ne s'estoit point porté de luy-mesme à parler de cette guerre de Dannemark pour la luy reprocher.
Ce qui toucha le plus cette Princesse en la declaration que la France luy faisoit, fut l'article de subside, parce qu'elle s'attendoit que toutes les petites longueurs qu'elle apportoit, luy donneroient l'avantage de recevoir encore un payement, qui ne seroit point employé au payement de l'armée, en ayant destiné la plus grande partie aux dépenses de son Couronnement, qu'elle vouloit faire avec beaucoup de magnificence: Et elle ne pût s'empêcher de dire au sieur Chanut, qu'elle ne pouvoit croire que la France voulût prendre une nouvelle conduite avec elle, qu'il luy seroit honteux que l'on ne continuât une intelligence si parfaite jusques à la fin; qu'il ne restoit plus que deux ou trois mois jusques à une entiere conclusion; & qu'enfin elle ne pouvoit s'imaginer que la France fust en si grande necessité d'argent qu'il la luy representoit, puis qu'elle ne faisoit pas la paix avec l'Espagne, & qu'elle vouloit se reserver cette guerre aprés la paix d'Allemagne. Sur quoy le sieur Chanut luy fit connoître, que leurs Majestez avoient une passion extrême pour la paix generale, & qu'il croyoit que si les Ministres à Osnabrug ne se pressoient, le Traité d'Espagne les previendroit, aprés quoy l'Espagne ne seroit plus si facile.
Environ l'onziéme de May on eut nouvelle que les deux Fregates qui avoient escorté les quatre Vaisseaux qu'on avoit achetez en Suede avoient esté surprises de la tempeste, & fort mal traittées; mais en suite on apprit aussi qu'elles avoient relàché en Norwegue, où elles avoient esté radoubées. Mais la difficulté estoit que ce cent quatre-vingt Matelots que l'on devoit lever à Dunkerke, il n'en venoit que soixante & douze; ce qui donnoit beaucoup d'inquietude aux sieurs Chanut, & du Quesne: Car ce petit nombre de Matelots ne suffisoit pour les maneuvres de ces quatre Vaisseaux; & il y eust eu de l'imprudence de hazarder de Navires, qui avoient pour cinquante mil escus de canons de fonte, sans se precautionner contre les accidens qui pouvoient survenir en une tourmente; mais il estoit impossible de recouvrer un si grand nombre de gens de Mer en Suede, on n'en trouvoit quasi point de volontaires, ny d'étrangers, & la Couronne tenoit les siens si chers, qu'on doutoit si l'on en pourroit obtenir, & peut-estre encore avec des conditions fâcheuses: C'est pourquoy ils resolurent de n'en demander que cinquante à la Reine, & chercher les autres, esperant suppléer à ce deffaut en faisant un peu plus de dépense.
Enfin le sieur Chanut obtint l'Audience du Chancelier, qu'il avoit si long-temps sollicitée; mais il ne luy parla pas formellement de la declaration qu'il avoit faite à la Reine, il l'entretint seulement en general, afin d'apprendre ses sentimens, & y répondre s'il se vouloit ouvrir. C'est pourquoy, aprés luy avoir fait un long discours sur sa maladie, il luy dit, que les affaires paroissoient si bien disposées à la paix de l'Empire, que la France la tenoit comme faite, & que c'estoit en ce sens que les Plenipotentiaires de France en avoient parlé à ceux de Suede des intentions de leurs Majestez, qui regardoient alors les autres ennemis, qui les pressoient. Le Chancelier luy répondit, qu'à la verité il n'y voyoit plus d'obstacle considerable, & qu'on luy écrivoit de Lubek, que les seuls interests du Duc de Meklebourg, qui ne se vouloit pas accommoder pour Wismar, en avoient differé la conclusion; mais qu'il ne croyoit pas qu'elle fust retardée pour un si leger interest. Il ne voulut jamais entrer en discussion de la declaration, & cette visite se passa plûtost comme un office d'amitié, que comme une audience de Ministre.
Cependant le Traité de Paix, que l'on avoit proposé entre la Pologne, & la Suede, sembloit estre suspendu sur la difficulté de convenir de lieu. Les Polonois vouloient que l'Assemblée se tinst à Francfort sur l'Oder, & les Suedois demandoient Hambourg, ou Lubek. Le Chancelier neantmoins témoignoit souvent qu'aprés cette paix d'Allemagne, il seroit fort aise de voir encore celle de Pologne, afin d'avoir la satisfaction, & la gloire d'avoir heureusement conclu toutes les entreprises du feu Roy Gustave, & laissé en mourant le Royaume en pleine paix.
Mais comme les instances que les Suedois faisoient pour l'Evesché d'Osnabrug ne finissoient point, le Comte d'Avaux écrivit au sieur Chanut de solliciter la Reine sur ce sujet. Dequoy s'estant acquitté, elle l'asseura, que ses Ambassadeurs n'insisteroient plus là dessus, aprés la reception des lettres qu'elle leur avoit écrites de sa main. Le Comte Magnus disoit hautement, que la France s'opposoit trop resolument à cette demande; mais on découvroit assés les motifs qui le faisoient parler ainsi, qui estoit l'éloignement du Comte Gustave-sohn, auquel il ne souhaitoit cét Evesché que dans l'esperance que cela le convieroit à faire sa retraite en Allemagne, & par ce moyen éloigneroit de la Cour un homme qu'il croyoit dangereux.
Parmy toutes ces instances, la Reine, qui faisoit dessein de se faire Couronner, songeoit aux preparatifs de cette solemnité, & elle resolut d'envoyer en France le sieur C[h]arles Soop fils du Senateur, avec son grand Escuyer, pour preparer à loisir toutes les choses qu'elle destinoit à la magnificence de cette action, pour cét effet elle partit pour aller à Upsale, où se faisoit le couronnement des Rois de Suede, afin de considerer le lieu, & les ornemens de tapisseries, & les autres choses qui estoient necessaires.
Enfin les Vaisseaux que la France avoit achetés en Suede, furent prêts de mettre à la voile, & on n'attendoit plus que la Fregate du Havre, qui avoit déja passé le Sund: & probablement estoit à la hauteur des Esquerres, attendant le vent favorable pour entrer: C'est pourquoy, afin de ne point perdre de temps, les Officiers de l'Admirauté firent la délivrance des Vaisseaux, armes, canons, & agrez, dont on dressa plusieurs formes d'actes, sur la décharge que l'Admirauté vouloit retirer de la livraison; mais n'en estant pas satisfaits, on pria le sieur Chanut d'en donner un formulaire, & l'ayant consideré, ils desiroient que ce fust luy qui passast cét acte; pource qu'ayant traité de la vente, ils jugeoient à propos qu'il déchargeât le contract, & quoy qu'il remonstrast que le sieur du Quesne avoit les ordres du Roy pour recevoir, & conduire les Vaisseaux en France, ils ne voulurent jamais relâcher de leurs instances; mais quand il fut question de demander les cinquante Matelots, dont on avoit besoin pour les Vaisseaux, ils se trouverent fort embarrassez, & l'Admiral Runing n'eût jamais souffert qu'on les en accommodât s'il n'eût esté present devant la Reine, quand le sieur Chanut luy en fit la priere, sa Majesté commanda absolument de leur donner des meilleurs, à quoy il n'osa pas contrevenir, mais il ne choisit que des hommes mariez, qui avoient femmes, & enfans; afin de les obliger par ces gages, qu'ils laissoient en leur païs, d'y retourner.
With modernised spelling:
Le général major Sparre en ce temps-là passa de Pologne en Suède, sous prétexte de chercher de l'emploi; mais il avait une négociation secrète à faire pour le roi de Pologne, qui était de proposer que l'on fît en sorte que la Silésie tombât entre ses mains pour lui demeurer héréditaire et même fit connaître que si la reine avait dessein d'attendre quelques années à se marier, on lui donnerait le fils aîné du roi de Pologne, qui n'avait que sept ans. Mais son voyage n'eut pas grand succès et ne laissa pas dans l'esprit de la reine beaucoup d'estime pour sa personne.
Mais, comme les vaisseaux que le sieur Chanut avait achetés pour joindre à la flotte de France y étaient attendus avec impatience, on lui écrivit de diligenter l'armement, et il se trouva que, quand ces lettres arrivèrent à Stockholm, il y en avait trois qui étaient prêts à partir pour descendre à Dales, qui est à l'emboucheure de la mer, où les officiers de Suède les devaient livrer. Et, si en ce temps-là les fregates de France qui amenaient les matelots s'y fussent rencontrées, ils seraient partis au premier vent, car il y en avait déjà deux qui avaient tout leur canon, et l'autre les devait avoir le lendemain.
Les canons dont ils étaient montés étaient tous fort beaux, et par une grâce particulière de la reine, malgré les officiers de l'amirauté, on leur en donna six qu'ils avaient mis en réserve, à cause de la bonté de leur metal et de leur longueur. La dépense de ces vaisseaux armés de leurs canons, les cent canons de fer et les cinquante mille boulets, avec le goudron matuce, poudre à canon, et autres agrés que l'amirauté ne devait pas fournir montait à la somme de cent soixante-dix mille richedales qui devaient être remises à Hambourg en deux payements, le premier écheant l'onzième juin 1647 et le second l'onzième de septembre, déduction faite préalablement de vingt-cinq mille richedales contenues en un récépissé du comte Magnus, qu'il avait touchées en France.
Bien que d'abord les Suédois eussent fait bruit que l'on parlât du traité de la France avec le duc de Bavière et qu'ils en eussent fait de grandes plaintes, néanmoins la nouvelle de la ratification de ce prince réjouit tous ceux qui voulaient sincèrement la paix. Il ne restait plus à la reine que d'écrire à ses plénipotentiaires ainsi qu'elle l'avait si souvent promis au sieur Chanut pour empêcher que le traité ne fût troublé par des difficultés inutiles, et l'on espérait que ces lettres feraient ployer le sieur Salvius au sujet de l'évêché d'Osnabrück, qui ne faisait bruit que sur la créance qu'il avait que le comte Gustafsson pouvait tout auprès de la reine et qu'il le fallait contenter.
Le comte d'Avaux, qui était averti de toutes ces choses, lui fit connaître doucement que le comte Gustafsson n'était plus le chemin de la faveur. Il ne restait donc plus que la protection que les ministres de Suède donnaient aux protestants d'Autriche, sur quoi il ne fut pas possible au sieur Chanut de vaincre la reine. Au contraire, il paraissait par sa résistance qu'il avait été résolu au Sénat d'en faire bruit, bien qu'il y eût apparence que ce ne fût ni l'intention de la reine, ni celle du Sénat qu'on différât trop longtemps la conclusion de la paix sur cette difficulté.
Il arriva le 4 mai des lettres en Suède que son résident qui était en Portugal s'était fait catholique. On douta d'abord de la chose, mais quand elle fut avérée, ils publièrent qu'il était fou, bien qu'auparavant chacun en parlât, et la reine même, comme d'un très honnête homme. Mais cela venait de la haine secrète qu'ils avaient pour la religion catholique-romaine.
Depuis la ponctualité des payements que la France fit pour les vaisseaux qu'elle avait achetés, l'amiral Ryning parut plus traitable, et il tira sur le sieur de Meules trois mille richedales, par ordre de la reine, pour être distribuées aux officiers de l'amirauté, qui furent fort satisfaits de recevoir un payement si net et si prompt. On croyait que cette princesse avait destiné le reste du fond, qui lui devait revenir, au remplacement de ce que le comte Magnus avait pris en France sur le subside.
Pendant qu'on reçoit en Suède les nouvelles de la conversion du résident qu'elle tenait en Portugal, le sieur Chanut reçut des lettres du comte d'Avaux, qui lui enjoignaient de dire à la reine de la part de Leurs Majestés et aux principaux ministres ce qu'il avait déjà déclaré aux plénipotentiaires qui étaient à Osnabrück que la France, ayant pleinement satisfait à ce qu'elle devait à ses alliés, non seulement à la rigueur des traités d'alliance, mais encore à tout ce qu'on pouvait attendre d'une très fidèle amitié. Elle se trouvait alors obligée de se servir de ses forces pour sa propre conservation, en rappellant le maréchal de Turenne sur ses frontières et en employant le fonds du subside, ou à la défense du royaume, ou au soulagement des sujets de Sa Majesté, qui en avaient un extrême besoin.
Avant que d'en parler à la reine, il voulut fonder le comte de la Garde, pour apprendre de lui ce qu'il en pensait, et comment la reine recevrait ce qu'il avait à lui dire, mais il le trouva plus raide en cette occasion qu'il ne l'avait jamais vu; et enfin il lui dit qu'il craignait que cette déclaration n'aliénât les esprits de la confiance qu'on avait en la France, et que sans doute la reine n'en serait pas contente.
Nonobstant cela, le sieur Chanut ne laissa pas de lui en parler, et il trouva que le pronostic du comte n'était pas véritable, car après lui avoir rapporté tout ce qui lui avait été ordonné et qu'il lui eut remis devant les yeux le bonheur qui avait suivi l'alliance de la France, la fidélité qui avait été gardée de part et d'autre, ce que la France avait fait depuis une année; que la neutralité de Bavière, qui relevait si fort les espérances des siens, était un ouvrage de ses conseils. Il lui dépeignit les périls de la France par l'accommodement des Provinces-Unies, et la nécessité qu'elle avait de respirer aprés tant de guerres et de dépenses excessives.
Que l'intention des deux rois (de glorieuse mémoire) qui avaient commencé la guerre en Allemagne n'avait pas été de l'immortaliser. Elle lui répondit, sans être troublée, ni paraître mécontente, qu'elle avait avis que cette même déclaration avait été fait à Osnabrück à ses ambassadeurs; qu'elle se plaignait seulement que le comte d'Avaux avait parlé si durement de ces affaires, et qu'il y eût mêlé un vieux reproche de la guerre de Danemark, comme si l'on eût voulu l'accuser d'infidélité dans l'alliance, et prendre delà sujet de ne l'observer pas.
Mais le sieur Chanut la supplia de considérer de quel esprit le baron Oxenstiern lui avait écrit cette lettre, qu'il ne doutait pas qu'elle ne reconnût que le comte d'Avaux avait été forcé de répondre aux termes qu'il lui avait répondu, et que le sieur Salvius ne lui en avait point écrit. Elle consentit sans peine à croire que la comte d'Avaux ne s'était point porté de lui-même à parler de cette guerre de Danemark pour la lui reprocher.
Ce qui toucha le plus cette princesse en la déclaration que la France lui faisait fut l'article de subside, parce qu'elle s'attendait que toutes les petites longueurs qu'elle apportait lui donneraient l'avantage de recevoir encore un payement, qui ne serait point employé au payement de l'armée, en ayant destiné la plus grande partie aux dépenses de son couronnement, qu'elle voulait faire avec beaucoup de magnificence.
Et elle ne pût s'empêcher de dire au sieur Chanut qu'elle ne pouvait croire que la France voulût prendre une nouvelle conduite avec elle, qu'il lui serait honteux que l'on ne continuât une intelligence si parfaite jusqu'à la fin; qu'il ne restait plus que deux ou trois mois jusqu'à une entière conclusion; et qu'enfin elle ne pouvait s'imaginer que la France fût en si grande nécessité d'argent qu'il la lui représentait, puisqu'elle ne faisait pas la paix avec l'Espagne, et qu'elle voulait se réserver cette guerre après la paix d'Allemagne.
Sur quoi le sieur Chanut lui fit connaître que Leurs Majestés avaient une passion extrême pour la paix générale, et qu'il croyait que si les ministres à Osnabrück ne se pressaient, le traité d'Espagne les previendrait, après quoi l'Espagne ne serait plus si facile.
Environ l'onzième de mai, on eut nouvelle que les deux frégates qui avaient escorté les quatre vaisseaux qu'on avait achetés en Suede avaient été surprises de la tempête et fort mal traitées, mais ensuite on apprit aussi qu'elles avaient relâché en Norvège, où elles avaient été radoubées. Mais la difficulté était que ce cent quatre-vingt matelots que l'on devait lever à Dunkerque, il n'en venait que soixante et douze; ce qui donnait beaucoup d'inquiétude aux sieurs Chanut et du Quesne, car ce petit nombre de matelots ne suffisait pour les manœuvres de ces quatre vaisseaux.
Et il y eut eu de l'imprudence de hasarder de navires, qui avaient pour cinquante mille écus de canons de fonte, sans se précautionner contre les accidents qui pouvaient survenir en une tourmente, mais il était impossible de recouvrer un si grand nombre de gens de mer en Suède. On n'en trouvait quasi point de volontaires, ni d'étrangers, et la Couronne tenait les siens si chers qu'on doutait si l'on en pourrait obtenir, et peut-être encore avec des conditions fâcheuses. C'est pourquoi ils résolurent de n'en demander que cinquante à la reine et chercher les autres, espérant suppléer à ce défaut en faisant un peu plus de dépense.
Enfin le sieur Chanut obtint l'audience du chancelier, qu'il avait si longtemps sollicitée, mais il ne lui parla pas formellement de la déclaration qu'il avait faite à la reine. Il l'entretint seulement en général, afin d'apprendre ses sentiments et y répondre s'il se voulait ouvrir. C'est pourquoi, après lui avoir fait un long discours sur sa maladie, il lui dit que les affaires paraissaient si bien disposées à la paix de l'empire que la France la tenait comme faite, et que c'était en ce sens que les plénipotentiaires de France en avaient parlé à ceux de Suede des intentions de Leurs Majestés, qui regardaient alors les autres ennemis, qui les pressaient.
Le chancelier lui répondit qu'à la vérité il n'y voyait plus d'obstacle considérable et qu'on lui écrivait de Lübeck que les seuls intérêts du duc de Mecklembourg, qui ne se voulait pas accommoder pour Wismar, en avaient différé la conclusion; mais qu'il ne croyait pas qu'elle fût retardée pour un si léger intérêt. Il ne voulut jamais entrer en discussion de la déclaration, et cette visite se passa plutôt comme un office d'amitié que comme une audience de ministre.
Cependant le traité de paix que l'on avait proposé entre la Pologne et la Suède semblait être suspendu sur la difficulté de convenir de lieu. Les Polonais voulaient que l'assemblée se tint à Francfort-sur-l'Oder, et les Suédois demandaient Hambourg ou Lübeck. Le chancelier néanmoins témoignait souvent qu'après cette paix d'Allemagne, il serait fort aise de voir encore celle de Pologne, afin d'avoir la satisfaction et la gloire d'avoir heureusement conclu toutes les entreprises du feu roi Gustave et laissé en mourant le royaume en pleine paix.
Mais, comme les instances que les Suédois faisaient pour l'évêché d'Osnabrück ne finissaient point, le comte d'Avaux écrivit au sieur Chanut de solliciter la reine sur ce sujet. De quoi, s'étant acquitté, elle l'assura que ses ambassadeurs n'insisteraient plus là-dessus après la reception des lettres qu'elle leur avait écrites de sa main. Le Comte Magnus disait hautement que la France s'opposait trop résolument à cette demande, mais on découvrait assez les motifs qui le faisaient parler ainsi, qui était l'éloignement du comte Gustafsson, auquel il ne souhaitait cet évêché que dans l'espérance que cela le convierait à faire sa retraite en Allemagne et par ce moyen éloignerait de la cour un homme qu'il croyait dangereux.
Parmi toutes ces instances, la reine, qui faisait dessein de se faire couronner, songeait aux préparatifs de cette solennité, et elle résolut d'envoyer en France le sieur Charles Soop, fils du sénateur, avec son grand écuyer pour preparer à loisir toutes les choses qu'elle destinait à la magnificence de cette action. Pour cet effet elle partit pour aller à Upsal, où se faisait le couronnement des rois de Suède, afin de considérer le lieu et les ornements de tapisseries et les autres choses qui étaient nécessaires.
Enfin les vaisseaux que la France avait achetés en Suède furent prêts de mettre à la voile, et on n'attendait plus que la frégate du Havre, qui avait déjà passé le Sund et probablement était à la hauteur des équerres, attendant le vent favorable pour entrer. C'est pourquoi, afin de ne point perdre de temps, les officiers de l'amirauté firent la délivrance des vaisseaux, armes, canons et agrés, dont on dressa plusieurs formes d'actes sur la décharge que l'amirauté voulait retirer de la livraison; mais, n'en étant pas satisfaits, on pria le sieur Chanut d'en donner un formulaire, et, l'ayant considéré, ils désiraient que ce fût lui qui passât cet acte, pource qu'ayant traité de la vente, ils jugeaient à propos qu'il déchargeât le contrat.
Et, quoi qu'il remontrât que le sieur du Quesne avait les ordres du roi pour recevoir et conduire les vaisseaux en France, ils ne voulurent jamais relâcher de leurs instances. Mais, quand il fut question de demander les cinquante matelots, dont on avait besoin pour les vaisseaux, ils se trouvèrent fort embarrassés, et l'amiral Ryning n'eut jamais souffert qu'on les en accommodât s'il n'eut été présent devant la reine.
Quand le sieur Chanut lui en fit la prière, Sa Majesté commanda absolument de leur donner des meilleurs, à quoi il n'osa pas contrevenir, mais il ne choisit que des hommes mariés qui avaient femmes et enfants, afin de les obliger par ces gages qu'ils laissaient en leur pays d'y retourner.
Swedish translation (by anonymous translator; with some typos corrected):
General-Majoren Spar (:re?) kom nu till Sverige under förevändning att söka tjenst, men hade från Konungen af Pohlen hemliga förslag att Slesien skulle komma i dess händer såsom arf och äfven låta Drottningen förstå att om hon några år väntade med sitt giftermål skulle man gifva henne Konungens af Pohlen äldsta son; som blott var 7 år; hans resa var utan framgång och ingaf ej Drottningen stor aktning för dess person.
Då de skepp Herr Chanut köpt att förstärka Franska Flottan väntades med otålighet skref man honom till att påskynda deras utrustning; när brefven ankommo till Stockholm, voro trenne redan färdiga att segla till Dales [Dalarön], vid hafvets mynning, der de börde öfverlemnas [åt] Svenska Officerarna. Om de då råkat Franska Fregatterna, som förde Matroserna, hade de afseglat vid första gynnande vind; Deras Kanoner voro ganska vackra; genom Drottningens särskilta nåd och emot Amiralitets Officerarnas vilja gaf man dem 6 i anseende till metallens godhet samt längden. Skeppens pris med utrustning af kanoner m. m. steg till 170,000 R:dr, att lyftas i Hamburg på tvenne terminer den 11 Juni och 11 September 1647; förut voro 25000 R:dr afdragne, som Grefve Magnus enligt qvitto lyftat i Frankrike.
Ehuru Svenskarna i början högt klagade öfver Traktaten emellan Frankrike och Bayern, gladde likväl underrättelsen om dess bekräftelse alla dem, som uppriktigt önskade fred. Det återstod endast för Drottningen att enligt löfte till Herr Chanut skrifva till sina Fullmäktiga för att hindra att underhandlingarna ej blefvo störde af onödiga svårigheter; man hoppades att detta bref skulle förmå Herr Salvius till eftergift i anseende till Biskopps-Stiftet Osnabrüg hvaröfver gjordes väsende, emedan han trodde att Grefve Gustafson kunde allt hos Drottningen och att denna skulle förnöjas med detta Stift. Grefve d'Avaux, underrättad härom, gaf saktmodigt tillkänna att Grefve Gustafson ej mer var i gunst. Det återstod endast det beskydd Svenska Ministrarna lemnat Österrikiska Protestanterna, hvarifrån Herr Chanut omöjligen kunde öfvertala Drottningen; det syntes tvertom genom hennes motstånd, att man i Rådet beslutit larma häröfver, ehuru hvarken Drottningens eller Rådets afsigt var att för denna svårighet längre uppskjuta Fredens afslutande.
Den 4 Maj ankommo bref till Sverige med underrättelse, att dess Resident i Portugal blifvit Katholik; man tviflade derpå i början, men då det blef bekräftadt, utspriddes att han var galen, ehuru både Drottningen och flere sagt förut att han var en ganska hederlig man; men detta kom ifrån deras hemliga hat för Romersk-Katolska Religion.
Sedan skeppen blifvit ordentligt betalta, blef Amiral Ryning mera foglig och fick lyfta hos Herr de Mueles 3000 R:dr för att på Drottningens befallning utdela åt Ammiralitets Officerarna, hvilka då blefvo mycket förnöjda. Man trodde, att denna Prinsessa ärnade med det öfriga ersätta den del af Subsidierna, Grefve Magnus lyftat i Frankrike.
Då man i Sverige erhöll underrättelse om Svenska Residentens i Portugal omvändelse, fick Herr Chanut bref ifrån Grefve d'Avaux, som uppdrog honom att säga, på Deras Majestäters vägnar, Drottningen och de förnämsta Ministrarna hvad han redan förklarat de Fullmäktiga i Osnabrüg: att Frankrike fullkomligen ersatt sina Bundsförvanter hvad det var dem skyldigt både i kraft af traktater och en trogen vänskap samt befann sig nu tvunget för dess egen säkerhet bruka sin styrka, återkalla Marskalken Turenne till gränsorna, använda subsidiemedlen till Rikets försvar och Hans Majestäts undersåtares lindring, hvilka deraf hade stort behof. Förrän han talade vid Drottningen, ville han utforska Grefve de la Gardies tänkesätt och hvad han trodde hon skulle säga om allt detta, men han fann Grefven nu mera oböjlig än han någonsin sedt honom, yttrande sluteligen sin fruktan att denna förlikning skulle söndra förtroendet med Frankrike och att Drottningen utan tvifvel ej skulle bli dermed nöjd. Oaktadt detta, gick Herr Chanut till Drottningen och fann Grefvens förutsägelse osann. Sedan han anfört allt, föreställde han den lycka Franska Alliansen medfört, den trohet som på den ena och andra sidan blifvit iakttagen, det Frankrike uträttat under ett helt år, och att Bayerns neutralitét som så mycket hos hennes egen återtändt hoppet, var en verkan af dess råd. Han afmålade Frankrikes fara i anseende till Nederländernes förlikning samt nödvändigheten att åter andas efter så många krig och omåttliga omkostningar. De begge Konungarna glorvördigst i åminnelse, som börjat Tyska kriget, hade icke ärnat föreviga detsamma; Hon svarade utan att synas förvirrad och missnöjd, att hon visste det samma förklaring blifvit gjord dess Ambassadörer i Osnabrüg samt beklagade endast att Grefve d'Avaux talat nog hårdt om dess angelägenheter, inblandat en gammal förebråelse för Danska kriget, likasom man ville anklaga henne för trolöshet och derföre ej iakttaga Alliansen. Herr Chanut anhöll att hon täcktes betänka andan af Baron Oxenstjernas bref, finna Grefve d'Avaux vara tvungen svara i samma ordalag och att Herr Salvius intet skrifvit till honom. Sluteligen trodde hon att Grefve d'Avaux ej nämnt Danska kriget för att förebrå henne det.
Det som mest rörde denna Prinsessa i den förklaring Frankrike gjorde, var artikeln angående subsidierna, ty hon väntade genom något uppskof erhålla ännu en utbetalning, som ej skulle användas till arméens aflöning, men till hennes kröning, hvilken hon önskade högst pragtfull. Hon yttrade till Herr Chanut, att hon icke kunde tro att Frankrike emot henne ville ändra uppförande; det skulle vara skamligt, om det ej fortsatte ett så godt förstånd då blott 2 a 3 månader fattades i ett fullkomligt slut; hon kunde intet inbilla sig att Frankrike var i ett så stort penningebehof som han föregaf, då det ej slutadt fred med Spanien och ville förbehålla sig detta krig efter Tyska freden. Herr Chanut lät henne förstå, att Deras Majestäter hade en ytterlig böjelse för en allmän fred och om hennes Ministrar ej skyndade sig i Osnabrüg, skulle freden med Spanien förekomma dem, hvarefter Kejsaren icke blef så foglig.
Den 11 Maj erhöll man underrättelse att de köpte skeppen och begge fregatterna, som ledsagat dem, lidit af storm, och inlupit i Norrige. Herrar Chanut och du Quesne voro bekymrade att af 180 matroser, som borde värfvas i Dunkerken, endast 72 ankommit, otillräckliga för skeppens bemanning, hvilka det var oförsigtigt att blottställa då de innehade för 30 000 R:dr kanoner; att erhålla ett så stort antal sjömän i Sverige var omöjligt hvarken frivilliga eller främmande, och kronans voro mycket dyrlegde, hvilka man tviflade få hyra på dryga villkor. Derföre anhöll Herr Chanut hos Drottningen om 50 st. i hopp att sedan med någon liten omkostnad anskaffa de öfriga.
Herr Chanut erhöll sluteligen företräde hos Riks-Kansleren, hvilket han så länge sökt. Han nämnde ej formligt den förklaring han gjort Drottningen och yttrade endast allmänna ordalag för att upptäcka hans tankar och besvara dem. Sedan han länge talat om hans sjukdom, sade han att sakerna syntes så väl anordnade till fred i Tyskland och att Frankrike ansåg den afgjord; det var derföre som dess Plenipotentiairer talat med de Svenska om Deras Majestäters tänkesätt i anseende till de andra fienderna. Riks-Kansleren svarade, att han i sanning ej såg något vigtigt hinder och att man skref från Lübeck, att Hertigen af Meklenburg intet ville ingå i förlikning i anseende till Wismar, hvilket uppskjutit Fredsslutet; men han trodde icke att det skulle hindras af en så ringa orsak. Han ville ej ingå i någon undersökning om förklaringen, och besöket var föröfrigt mer en vänskaplig artighet än ett företräde hos en Minister.
Den Freds-Traktat man emedlertid föreslagit emellan Sverige och Pohlen syntes endast uppskjuten för bestämmandet af orten; Polackarna önskade Frankfurt vid Oder och Svenskarna Hamburg eller Lübeck. Riks-Kansleren yttrade ofta, att han skulle vara glad att efter Tysklands fred se den med Pohlen afgjord, för att äga tillfredsställelsen och äran att lyckligen ha slutat alla Högstsalig Konung Gustaf Adolfs företag som döende lemna Riket i fullkomligt lugn.
Då Svenskarnas påstående af Biskops-Stiftet Osnabrüg ej upphörde, skref Grefve d'Avaux till Herr Chanut att i detta ämne vända sig till Drottningen. Hon försäkrade att dess Ambassadörer ej mer skulle yrka det, sedan hon egenhändigt derom tillskrifvit dem. Grefve Magnus sade högt, att Frankrike satte sig nog bestämt emot denna begäran, men man upptäckte de skäl, som tvungo honom att så tala, nemligen Grefve Gustafsons aflägsnande, hvilken han önskade detta Biskops-Stift i hopp att denne skulle draga sig undan i Tyskland och han sjelf slippa, en man han trodde så farlig.
Under allt detta tänkte Drottningen på Kröningshögtidligheterna och beslöt skicka till Frankrike Herr Carl Soop, Riks-Rådets son, tillika med sin Riks-Stallmästare för att anskaffa allt som kunde öka prakten. Hon reste till Upsala, der Svenska Konungarna kröntes för att taga stället i ögnasigt, anordna Tapetserier och andra nödvändiga saker.
De skepp Frankrike köpt voro sluteligen segelfärdiga och väntade blott Fregatten Havre, som redan seglat genom Sundet. För att ej förlora tid, uppsatte Amiralitets-Officerarna flera Förteckningar på skeppen och deras tillbehör att derpå erhålla qvittenser; men ej nöjde dermed, bad man Herr Chanut gifva ett Formulär dertill och sedan denna önskan var uppfyld, ville de att han skulle utfärda quittenserne, emedan han afslutat köpet. Han föreställde att det var Herr du Quesne, som hade Konungens befallning att emottaga och föra skeppen till Frankrike; men de afstodo likväl ej ifrån deras begäran. Då 50 Matroser begärdes, blefvo de villrådiga; Amiral Ryning skulle aldrig tålt bevilljandet häraf, om ej Herr Chanut begärt detta i Drottningens närvaro; hon beställte då att de bästa skulle aflemnas, men Amiralen valde endast gifta karlar, hvilka derföre snart borde återvända till Fäderneslandet.
English translation (my own):
Major General Sparre at that time passed from Poland to Sweden, under the pretext of seeking employment; but he had a secret negotiation to make for the King of Poland, which was to propose that they make it so that Silesia falls into his hands to remain hereditary to him and even made it known that if the Queen intended to wait a few years to marry, they would give her the eldest son of the King of Poland, who was only seven years old. But his journey was not very successful and did not leave in the Queen's mind much esteem for his person.
But, as the ships that Monsieur Chanut had bought to join the fleet of France were awaited there with impatience, one wrote to him to speed up the armament, and it so happened that when these letters arrived in Stockholm, there were three of them that were ready to leave to go down to Dalarön, which is at the mouth of the sea, where the officers of Sweden were to deliver them. And, if at that time the frigates of France which brought the sailors had met there, they would have left at the first wind, because there were already two which had all their cannon, and the other was to have them the next day.
The cannons with which they were mounted were all very beautiful, and by a particular favour of the Queen, in spite of the officers of the Admiralty, they were given six which they had put in reserve, because of the goodness of their metal and their length. The cost of these vessels armed with their cannons, the hundred iron cannons and the fifty thousand cannonballs, with the tar, gunpowder, and other equipment which the Admiralty was not to provide, amounted to the sum of one hundred and seventy thousand riksdalers which were to be delivered to Hamburg in two payments, the first falling due on June 11, 1647 and the second on September 11, after deduction of twenty-five thousand riksdalers contained in a receipt from Count Magnus, which he had received in France.
Although at first the Swedes had made noise that the treaty between France and the Duke of Bavaria was being discussed and that they had made great complaints about it, nevertheless the news of the ratification of this prince rejoiced all those who sincerely wanted peace. It only remained for the Queen to write to her plenipotentiaries as she had so often promised Monsieur Chanut to prevent the treaty from being disturbed by useless difficulties, and it was hoped that these letters would make Lord Salvius bend on the subject of the bishopric of Osnabrück, who only made noise about the belief he had that Count Gustafsson could do anything with the Queen and that he had to be satisfied.
Count d'Avaux, who was informed of all these things, gently informed her that Count Gustafsson was no longer the path to favour. There remained then only the protection which the ministers of Sweden gave to the Protestants of Austria, on which it was not possible for Monsieur Chanut to overcome the Queen. On the contrary, it appeared by her resistance that it had been resolved in the Senate to make noise about it, although it appeared that it was neither the intention of the Queen, nor that of the Senate that the conclusion of peace on this difficulty should be delayed too long.
Letters arrived in Sweden on May 4 that its resident who was in Portugal had become a Catholic. At first doubts were raised about this, but when it was proven, one published that he was mad, although before that everyone spoke of him, and even the Queen, as a very honest man. But this came from the secret hatred they had for the Roman Catholic religion.
As the punctuality of the payments that France made for the ships it had purchased, Admiral Ryning appeared more tractable, and he drew from Monsieur de Meules three thousand riksdalers, by order of the Queen, to be distributed to the officers of the Admiralty, who were very satisfied to receive such a clear and prompt payment. It was believed that this princess had intended the rest of the fund, which was to return to her, to replace what Count Magnus had taken in France from the subsidy.
While news was being received in Sweden of the conversion of the resident she held in Portugal, Monsieur Chanut received letters from the Count d'Avaux, who enjoined him to tell the Queen on behalf of Their Majesties and the principal ministers what he had already declared to the plenipotentiaries who were at Osnabrück that France, having fully satisfied what she owed to her allies, not only to the rigor of the treaties of alliance, but also to all that could be expected from a very faithful friendship. She then found herself obliged to use her forces for her own preservation, by recalling Marshal Turenne to her frontiers and by using the funds of the subsidy, either for the defense of the kingdom, or for the relief of Her Majesty's subjects, who were in extreme need of it.
Before speaking to the Queen, he wanted to establish the Count de la Gardie to learn from him what he thought of it and how the Queen would receive what he had to say to her, but he found him stiffer on this occasion than he had ever seen him; and finally he told him that he feared that this declaration would alienate the minds of the confidence that was had in France, and that doubtless the Queen would not be pleased with it.
Notwithstanding this, Monsieur Chanut did not fail to speak to him about it, and he found that the Count's prognostic was not true, because after having reported to him all that had been ordered to him and that he had put before his eyes the happiness that had followed the alliance of France, the fidelity that had been kept on both sides, which France had done for a year; that the neutrality of Bavaria, which so greatly raised the hopes of his people, was a work of his advice. He described to her the perils of France through the accommodation of the United Provinces, and the necessity it had to breathe after so many wars and excessive expenses.
That the intention of the two kings (of glorious memory) who had begun the war in Germany had not been to immortalise it. She answered him, without being troubled, nor appearing discontent, that she had notice that this same declaration had been made at Osnabrück to her ambassadors; that she only complained that the Count d'Avaux had spoken so harshly of these affairs, and that he had mixed in an old reproach of the war of Denmark, as if one had wanted to accuse him of infidelity in the alliance, and to take the subject of not observing it.
But Monsieur Chanut begged her to consider in what spirit Baron Oxenstierna had written this letter to her, that he did not doubt that she would recognise that Count d'Avaux had been forced to respond to the terms he had replied to her, and that Lord Salvius had not written him any. She readily agreed to believe that Count d'Avaux had not of his own accord brought himself to speak of this war in Denmark in order to reproach him for it.
What touched this princess most in the declaration that France made to her was the article of subsidy, because she expected that all the little lengths that she brought would give her the advantage of receiving still a payment, which would not be used for the payment of the army, having earmarked the greater part for the expenses of her coronation, which she wanted to do with great magnificence.
And she could not help saying to Monsieur Chanut that she could not believe that France wanted to take a new course with her, that it would be shameful for him if they did not continue such perfect intelligence until the end; that there remained only two or three months until a complete conclusion; and that finally she could not imagine that France was in such great need of money as he represented to her, as it was not making peace with Spain, and that it wanted to reserve this war for itself after the peace of Germany.
Whereupon Monsieur Chanut informed him that Their Majesties had an extreme passion for general peace, and that he believed that if the ministers at Osnabrück did not hurry, the treaty of Spain would take precedence over them, after which Spain would no longer be so easy.
Around May 11, news was received that the two frigates which had escorted the four vessels which had been purchased in Sweden had been surprised by the storm and very badly treated, but then it was also learned that they had taken to Norway, where they had been repaired. But the difficulty was that of the one hundred and eighty sailors who were to be raised at Dunkirk, only seventy-two came; which gave much anxiety to Monsieur Chanut and Monsieur du Quesne, because this small number of sailors was not sufficient for the manoeuvres of these four vessels.
And it would have been imprudent to risk ships, which had fifty thousand écus worth of cast iron cannons, without taking precautions against accidents that could occur in a storm, but it was impossible to recover such a large number of seafarers in Sweden. There were hardly any volunteers or foreigners to be found, and the Crown held its own so dear that it was doubted whether any could be obtained, and perhaps even on unfortunate terms. That is why they resolved to ask the Queen for only fifty and to seek the others, hoping to make up for this deficiency by spending a little more.
Finally, Monsieur Chanut obtained the audience with the Chancellor, which he had so long sought, but he did not speak to him formally of the declaration he had made to the Queen. He only spoke to her in general, in order to learn her feelings and to answer them if he wanted to open up. That is why, after having made him a long speech on his illness, he told him that affairs seemed so well disposed to the peace of the empire that France considered it as done, and that it was in this sense that the plenipotentiaries of France had spoken to those of Sweden of the intentions of Their Majesties, who were then looking at the other enemies, who were pressing them.
The Chancellor replied to him that in truth he no longer saw any considerable obstacle to it and that he had been written to from Lübeck that the sole interests of the Duke of Mecklenburg, who did not wish to accommodate himself for Wismar, had delayed its conclusion; but that he did not believe that it was delayed for so slight an interest. He never wanted to enter into discussion of the declaration, and this visit passed rather as an office of friendship than as an audience of a minister.
In the meantime, the peace treaty that had been proposed between Poland and Sweden seemed to be suspended on the difficulty of agreeing on a place. The Poles wanted the assembly to be held at Frankfurt an der Oder, and the Swedes asked for Hamburg or Lübeck. The Chancellor nevertheless often testified that after this peace of Germany, he would be very happy to see that of Poland again, in order to have the satisfaction and the glory of having happily concluded all the enterprises of the late King Gustav and left the kingdom in full peace when he died.
But, as the instances that the Swedes made for the bishopric of Osnabrück were never ending, Count d'Avaux wrote to Monsieur Chanut to solicit the Queen on this subject. Which, having acquitted himself, she assured him that her ambassadors would no longer insist on it after receiving the letters that she had written to them by his hand. Count Magnus said loudly that France was too resolutely opposed to this request, but the motives which made him speak thus were clear enough, which was the distance of Count Gustafsson, to whom he only wished this bishopric in the hope that it would invite him to retire to Germany and by this means remove from the court a man whom he believed to be dangerous.
Among all these instances, the Queen, who intended to be crowned, thought of the preparations for this solemnity, and she resolved to send to France Lord Carl Soop, son of the senator, with her grand equerry to prepare at leisure all the things which she intended for the magnificence of this action. For this purpose she left to go to Uppsala, where the coronation of the kings of Sweden took place, in order to consider the place and the ornaments of tapestries and the other things which were necessary.
Finally the ships that France had purchased in Sweden were ready to set sail, and only the frigate from Le Havre was awaited, which had already passed the Sound and was probably at the height of the squares, waiting for the favourable wind to enter. This is why, in order not to lose time, the officers of the admiralty made the delivery of the ships, weapons, cannons and equipment, for which several forms of acts were drawn up on the discharge that the admiralty wanted to withdraw from the delivery; but, not being satisfied with them, they asked Monsieur Chanut to provide a form, and, having considered it, they wanted him to be the one to pass this act, because having dealt with the sale, they judged it appropriate that he discharge the contract.
And, although he remonstrated that Monsieur du Quesne had the King's orders to receive and conduct the ships to France, they never wanted to relax their requests. But when it was a question of asking for the fifty sailors, who were needed for the ships, they found themselves very embarrassed, and Admiral Ryning would never have suffered them to be accommodated if he had not been present before the Queen.
When Monsieur Chanut made the request to her, Her Majesty absolutely commanded to give them the best, which he did not dare to contravene, but he only chose married men who had wives and children, in order to oblige them by these wages which they left in their country to return there.
Note: King Władysław IV of Poland's eldest son, Zygmunt Kazimierz Waza, had just turned seven on April 1, 1647. Sadly, he passed away later that same year, from either severe indigestion or dysentery, on August 7. The boy was an only child during his lifetime, had been seen as the certain heir to the Polish throne, and was admired for his great love of his Polish language and culture at such a young age. Like his big cousin Kristina, he was a fast learner, and he spoke fluent German and Latin in addition to his native Polish. But he loved to dress in the Polish style, and once, when someone scolded him in German, he replied: "Jestem Polakiem, więc mów do mnie po polsku!" — "I am a Pole, so speak to me in Polish!"
No comments:
Post a Comment