Source:
Pensées de Christine, reine de Suède, pages 49 to 61, edited and published by Baron Carl Bildt, 1906
Compare this with the edition published by Arckenholtz (1751):
The "Pensées":
201.
Quand la fortune abandonne les hommes, tout les quitte.
202.
Il ne faut punir que ceux qu'on ne saurait corriger.
203.
Les petits princes peuvent faire beaucoup de mal et fort peu de bien.
204.
Se rendre tellement maître de sa langue et de son visage qu'ils ne trahissent jamais les secrets du cœur, est un art qu'il ne faut pas ignorer.
205.
Les princes doivent toujours mêler dans leur familiarité quelque chose de si grand qu'ils inspirent du respect et de la crainte.
206.
Les princes doivent toujours se rendre terribles à leurs ennemis et aux méchants, mais rarement à leurs amis.
207.
Quelque bonté qu'on ait pour ses amis et ses domestiques, il faut leur persuader, qu'on peut se faire craindre.
208.
La grande habileté ne consiste pas moins à faire paraître ses sentiments, qu'à les cacher à propos.
209.
Les gens qui sont toujours fourbes ne le sont jamais.
210.
Les fourbes en petit sont des sots en grand.
211.
L'on peut se fier rarement aux hommes, mais l'on doit souvent se fier à leurs intérêts.
212.
Les favoris sont, ou les amis intimes, ou les mortels ennemis des princes.
213.
Un habile homme ne saurait plaire à un sot.
214.
La nécessité et le destin entraînent tout.
215.
Tout homme qui ne sait pas dissimuler quand il veut, est un sot.
216.
Le mépris des hommes et des choses empêchent quelquefois les plus habiles de dissimuler.
217.
On devient un sot quand on feint de l'être.
218.
Il est permis de tromper les ennemis, comme il est permis de les vaincre.
219.
Manquer de parole est plutôt lâcheté qu'habileté.
220.
Les hommes promettent quelquefois ce qu'ils ne peuvent tenir sans être criminels.
221.
Les plus habiles gens sont quelquefois trahis, mais rarement trompés.
222.
La nécessité du commerce de la vie oblige les hommes de se fier les uns aux autres, ou d'en faire du moins le semblant.
223.
On ne saurait feindre l'amour, ni le mérite.
224.
L'action du premier Brutus n'est pas imitable, et on peut donner si la gloire du reste de sa vie le récompensa jamais du malheur de s'être feint un sot.
225.
On est obligé de connaître ses fautes sous peine de passer pour un sot.
226.
Il est important de connaître le faible des hommes.
227.
Les gens qui n'ont pas de faible sont rares et terribles.
228.
Il ne faut pas établir des préjugés sur les défauts ou sur les vertus des nations.
229.
L'on ne plaît aux hommes qu'en se transformant en eux.
230.
La Cour est pleine de bons offices qui perdent les gens.
231.
C'est quelquefois rendre un bon office que d'en rendre un mauvais.
232.
Les hommes s'y perdent quelquefois par le silence, tout innocent qu'il paraît.
233.
Les conseils dont on n'est pas capable ne plaisent jamais.
234.
Les conseils ne sont, pour l'ordinaire, que l'approbation des sentiments des princes, auxquels tout le monde sousscrit tôt ou tard.
235.
Il ne faut consulter qu'avec soi-même ce qu'on veut faire; mais il faut consulter avec d'autres ce qu'on n'a pas envie de faire.
236.
Il y a des choses que les princes peuvent et doivent faire de leur propre mouvement, et qu'ils ne doivent pas souffrir qu'on leur conseille.
237.
Peu de gens ont assez de cœur pour donner des conseils désagréables.
238.
Quand un prince est sot, tout le monde l'est ou le devient.
239.
On fait souvent tort aux hommes en doutant de leur probité; mais on s'en fait un plus grand quand on n'en doute pas.
240.
Les hommes blâment les gens qui sont en faveur, des mêmes choses qu'ils feraient, s'ils y étaient.
241.
Il y a peu d'hommes à l'épreuve de la nécessité.
242.
C'est un grand mérite que de ne faire pas tout le mal qu'on peut faire.
243.
Ceux qui ont accès auprès des princes sont également haïs de ceux qui l'ont, et de ceux qui ne l'ont pas.
244.
Les princes ne sont grands qu'à proportion de leur mérite et de leur sagesse.
245.
La jalousie est injurieuse à celui qui en est capable.
246.
L'amour fait naître la jalousie, mais la jalousie fait mourir l'amour.
247.
Ceux qui servent les grands princes, n'ont à craindre que leurs propres fautes.
248.
On n'appelle grands que ceux qui le sont par leur mérite.
249.
Quand un prince est sans mérite, sa faveur peut être utile, mais elle n'est jamais glorieuse.
250.
Le mérite des hommes est souvent le plus grand obstacle à leur fortune.
251.
L'exclusion que le mérite donne est presque invincible.
252.
Quand le mérite règne, il donne un beau et rare spectacle.
253.
L'envie, la jalousie, la haine et mille autres passions secrètes font parler les gens sous prétexte du zèle.
254.
Il faut respecter et honorer les favoris, mais il ne faut s'attacher qu'au maître.
255.
Un favori doit être redevable à son prince de toutes les marques de confiance et d'amour qu'il lui donne, et il a tort de se plaindre de celles qu'on ne lui donne pas.
256.
Quelque aimé que soit un favori, fut-il adoré, un prince veut avoir des créatures qui ne dépendent que de lui seul, et il faut qu'il les souffre.
257.
Les favoris et les ministres ne le sont pas longtemps, s'ils ne s'accommodent au goût et au génie des princes.
258.
La fortune tient lieu de mérite à bien des gens.
259.
Il y en a d'autres dont le seul mérite tient lieu de toute fortune.
260.
La fortune est au mérite ce qu'est le coloris à la peinture.
261.
Le mérite est souvent le plus grand obstacle à la fortune des hommes. J'en connais qui seraient pape s'ils n'étaient des grands hommes.
[«Allusion au cardinal Azzolino.»]
262.
Voir la fortune et le mérite unis dans un même homme, est un rare et beau spectacle que je désespère de voir jamais.
263.
Un prince doit savoir donner de tout, même de ses soupçons.
264.
Les soupçons et les doutes ne doivent pas empêcher un prince de bien agir, mais ils doivent l'empêcher de mal agir.
265.
Ceux qui se plaignent qu'on s'en défie s'accusent.
266.
Peu d'autres services sont plus importants que ceux de plaire à son maître et le divertir.
267.
N'oser pas rendre ses devoirs aux grands, de peur de les incommoder, c'est être bourgeois.
268.
Entretenir les princes avec liberté et respect, c'est faire sa cour.
269.
Servir les princes à leur mode, c'est les servir bien.
Un prince peut avoir des favoris, mais il ne doit pas souffrir des maîtres.
270.
Le grand secret des favoris est de plaire et d'obéir.
271.
On ne doit rien croire, qu'après avoir osé douter.
272.
Il faut douter de tout, même de ses soupçons.
273.
Il ne faut pas se hâter à faire du mal, mais il faut se hâter à faire du bien.
274.
Les soupçons ressemblent aux remèdes chimiques, qui tuent ou guérissent, selon l'habileté de ceux qui les employent.
275.
Un homme qui se voit pénétré par un autre, devient son irréconciliable ennemi.
276.
L'intérêt et les passions violentes rendent les plus honnêtes gens injustes.
277.
Il est aussi dangereux de faire du bien aux hommes, que de caresser les bêtes sauvages.
278.
L'on est haï de ceux auxquels on a fait du bien presqu'autant que de ceux à qui on a fait du mal.
279.
On doit essuyer les injustices et l'ingratitude des hommes comme les orages.
280.
Il faut être fort réservé à croire le bien et le mal.
281.
Le secret de n'être pas trompé est de ne croire jamais rien dont il soit permis de douter.
282.
Les menteurs, les poltrons et les ivrognes ne sauraient être gens d'honneur.
283.
Ceux qui disent des mensonges aux princes sont plus criminels qu'ils ne pensent.
284.
On trompe les gens plus par la vérité, que par les mensonges.
285.
C'est une espèce de faute, que de n'avertir pas un prince de ce qu'il doit savoir.
286.
Un prince doit vivre d'une manière si honnête avec les gens, qu'il les oblige de n'avoir pas de secret pour lui.
287.
Se servir de la crédulité des gens, est un art d'un grand usage.
288.
Les hommes ne sont jamais trompés que par eux-mêmes.
289.
C'est offenser les hommes que de les détromper, le plus souvent.
290.
Il ne faut pas donner sujet à quelqu'un de se repentir d'avoir suivi les mouvements de sa conscience.
291.
Si l'on ne hasarde rien, on ne fera jamais rien de grand.
292.
Il faut se défier de la fortune, mais il faut n'en désespérer jamais.
293.
Il faut espérer le moins ce qu'on désire le plus.
294.
Quand on a méprisé la fortune, elle se venge tôt ou tard.
295.
Quand les hommes ont du mérite, ils ne craignent celui de personne.
296.
Les princes faibles craignent le mérite, mais les grands l'estiment et s'en servent.
297.
Quand les grands hommes sont sans emploi, c'est le malheur de l'État, non pas le leur.
298.
La grande familiarité, qui fait mépriser les uns, fait respecter les autres.
299.
Il y a des gens que plus on les connaît, plus on les admire.
300.
Les hommes estiment, admirent et craignent le mérite extraordinaire, mais ils l'aiment rarement.
Swedish translation (my own):
201.
När lyckan överger människor, lämnar allt dem.
202.
Man måste bara straffa de som inte kan korrigeras.
203.
Småfurstar kan göra mycket skada och mycket lite nytta.
204.
Att göra sig själv så mycket till herre över sin tunga och sitt ansikte att de aldrig förråder hjärtats hemligheter är en konst som man inte får vara okunnig om.
205.
Furstar bör alltid blanda in i sin förtrogenhet något så storartat att det inger respekt och fruktan.
206.
Furstarna måste alltid göra sig fruktansvärda mot sina fiender och de onda, men sällan mot sina vänner.
207.
Hur mycket vänlighet man än må ha mot sina vänner och tjänare, måste man övertyga dem om att man kan ändå göra sig fruktad.
208.
Stor klokhet består inte mindre i att visa sina känslor än att dölja dem på lämpligt sätt.
209.
Människor som alltid är bedrägliga är aldrig det.
210.
Bedragare på små sätt är dårar på stora sätt.
211.
Man kan sällan lita på människor, men man måste ofta lita på deras intressen.
212.
Gunstlingar är antingen furstarnas intima vänner eller dödliga fiender.
213.
En klok man kan inte behaga en dåre.
214.
Nödvändighet och öde driver allt.
215.
Varje man som inte vet att dissimulera när han vill är en dåre.
216.
Förakt för män och saker hindrar ibland även de mest kloka människor från att dissimulera.
217.
Man blir en dåre när man låtsas vara det.
218.
Det är tillåtet att lura sina fiender, precis som det är tillåtet att besegra dem.
219.
Att bryta sitt ord är mer feghet än klokhet.
220.
Människor lovar ibland vad de inte kan hålla utan att vara kriminella.
221.
De klokaste människorna blir ibland förrådda, men sällan lurade.
222.
Nödvändigheten av livets handel tvingar människor att lita på varandra, eller åtminstone tyckas göra det.
223.
Man kan inte låtsas kärlek eller förtjänst.
224.
Handlingen av den förste Brutus är inte imiterbar, och det är osäkert om glansen av resten av hans liv någonsin belönade honom för olyckan att låtsas vara en dåre.
225.
Man är skyldig att känna till sina fel vid pen att passera för en dåre.
226.
Det är viktigt att känna till människornas svagheter.
227.
Människor som inte har några svagheter är sällsynta och fruktansvärda.
228.
Man får inte bilda fördomar om nationers fel eller dygder.
229.
Man behagar bara män genom att förvandla sig till dem.
230.
Hovet är full av goda tjänster som förstör människor.
231.
Det är ibland att förrätta en god tjänst genom att förrätta en dålig.
232.
Människor förlorar ibland sig själva genom tysthet, hur oskyldig den än kan verka.
233.
Råd som man inte är kapabel till behagar aldrig.
234.
Råd är vanligtvis inget annat än godkännande av furstars känslor, som alla ansluter sig till förr eller senare.
235.
Man bör bara rådgöra med sig själv om vad man vill gärna göra; men man bör rådgöra med andra om vad man inte gärna vill göra.
236.
Det finns saker som furstar kan och bör göra av sig själva, och saker som de inte bör tillåta en att ge dem råd om.
237.
Få människor har tillräckligt med hjärta för att ge obehagliga råd.
238.
När en furste är dum, så är eller blir alla dumma.
239.
Vi gör ofta män fel genom att tvivla på deras rättskaffenhet; men vi gör oss själva ett större fel när vi inte tvivlar på det.
240.
Människor skyller på de som är för samma saker som de skulle göra om de var i gunst.
241.
Det finns få människor som är motståndskraftiga mot nödvändighet.
242.
Det är en stor dygd att inte göra allt ont man kan göra.
243.
De som har tillgång till furstar är lika hatade av dem som har den och av dem som inte har den.
244.
Furstar är stora endast i proportion till deras förtjänster och visdom.
245.
Avundsjukan är skadlig för dem som är kapabla till den.
246.
Kärlek föder svartsjuka, men svartsjuka dödar kärleken.
247.
De som tjänar stora furstar har inget att frukta utom sina egna fel.
248.
Stora kallar man bara de som är det genom sina förtjänster.
249.
När en furste är utan förtjänst kan hans gunst vara användbar, men den är aldrig härlig.
250.
Människornas förtjänst är ofta det största hindret för deras lycka.
251.
Den exklusion som förtjänsten medför är nästan oövervinnerlig.
252.
När förtjänsten råder, presenterar den ett vackert och sällsynt spektakel.
253.
Avundsjuka, hat och tusen andra hemliga passioner får människor att tala under förevändning av iver.
254.
Man måste respektera och hedra gunstlingar, men man måste bara vara knuten till sin herre.
255.
En gunstling måste stå i tacksamhet till sin furste för alla tecken på förtroende och kärlek han visar honom, och han har fel när han klagar på dem han inte får.
256.
Hur älskad en gunstling än är, även om han är tillbedd, vill en furste ha kreaturer som bara är beroende av honom, och han måste tåla dem.
257.
Gunstlingar och ministrar förblir inte det så länge om de inte anpassar sig till furstars smak och geni.
258.
Lyckan tar plats för förtjänst för många människor.
259.
Det finns andra vars förtjänst enbart tar platsen för all lycka.
260.
Lyckan är för förtjänst vad färg är för målningar.
261.
Förtjänsten är ofta det största hindret för en mans lycka. Jag känner några som skulle vara påve om de inte var stora män.
[»Anspelning på kardinal Azzolino.«]
262.
Att se lycka och förtjänst förenade i samma man är ett sällsynt och vackert skådespel som jag misströstar över att någonsin se.
263.
En furste måste veta hur han skall ge allt han har, även sina misstankar.
264.
Misstankar och tvivel måste inte hindra en furste från att agera bra, men de måste hindra honom från att agera dåligt.
265.
De som klagar på att de är misstrodda anklagar sig själva.
266.
Få andra tjänster är viktigare än att behaga och underhålla sin herre.
267.
Att inte våga ta hand om stora män av rädsla för att besvära dem är att vara borgerlig.
268.
Att underhålla furstar med frihet och respekt är att göra sin kur.
269.
Att tjäna furstar på deras eget sätt är att tjäna dem väl.
En furste kan ha gunstlingar, men han måste inte tåla herrar.
270.
Gunstlingarnas stora hemlighet är att behaga och lyda.
271.
Man måste inte tro något förrän efter att man har vågat tvivla.
272.
Man måste tvivla på allt, även sina misstankar.
273.
Man måste inte hasta att göra skada, men man måste hasta att göra gott.
274.
Misstankar är som kemiska medel, som dödar eller botar beroende på skickligheten hos dem som använder dem.
275.
En man som ser sig själv genomskådad av en annan blir hans oförsonlige fiende.
276.
Intresse och våldsamma passioner gör även de mest ärliga människor orättvisa.
277.
Det är lika farligt att göra gott mot människor som att smeka vilda djur.
278.
Man hatas av dem man gjort gott mot nästan lika mycket som av dem man gjort dåligt mot.
279.
Man måste klara människornas orättvisor och otacksamhet som stormar.
280.
Man måste vara mycket reserverad i att tro på gott och ont.
281.
Hemligheten med att inte bli lurad är att aldrig tro något som man kan tvivla på.
282.
Lögnare, fegisar och fyllare kan inte vara hedersmän.
283.
De som ljuger för furstar är mer kriminella än de anar.
284.
Människor luras mer av sanningen än av lögner.
285.
Det är ett slags fel att inte varna en furste för vad han borde veta om.
286.
En furste måste leva i sådan ärlighet med människor att han tvingar dem att inte ha några hemligheter för honom.
287.
Att tjäna sig själv av människors godtrogenhet är en mycket användbar konst.
288.
Människorna blir alltid lurade av sig själva.
289.
Det är ett brott att lura människor, oftast.
290.
Man får inte ge någon anledning att ångra att ha följt sitt samvetes rörelser.
291.
Om man inte hasarderar någonting kommer man aldrig att uppnå något stort som helst.
292.
Man måste vara försiktig med lyckan, men man får aldrig misströsta om den.
293.
Man får hoppas minst på det man önskar mest.
294.
När man har föraktat lyckan, kommer den att hämna sig förr eller senare.
295.
När människor har förtjänst fruktar de ingens.
296.
Svaga furstar fruktar förtjänst, men stora uppskattar det och tjänar sig själva av det.
297.
När stora män är utan anställning är det Statens olycka, inte deras egen.
298.
Stor otvungenhet, som gör vissa människor föraktade, gör andra respekterade.
299.
Det finns människor som ju mer man känner dem, desto mer beundrar man dem.
300.
Människorna uppskattar, beundrar och fruktar extraordinära förtjänster, men de älskar dem sällan.
English translation (my own):
201.
When fortune abandons men, everything leaves them.
202.
One should only punish those who cannot be corrected.
203.
Petty princes can do much harm and very little good.
204.
To render oneself so much the master of one's tongue and face that they never betray the secrets of the heart is an art that one must not be ignorant of.
205.
Princes should always mix into their familiarity something so great that it inspires respect and fear.
206.
Princes must always make themselves terrible to their enemies and the wicked, but rarely to their friends.
207.
However much kindness one may have for one's friends and domestics, one must persuade them that one can make oneself feared.
208.
Great cleverness consists no less in showing one's feelings than in hiding them appropriately.
209.
People who are always deceitful are never so.
210.
Deceivers in small ways are fools in great ways.
211.
One can rarely trust men, but one must often trust their interests.
212.
Favourites are either the intimate friends or the mortal enemies of princes.
213.
A clever man cannot please a fool.
214.
Necessity and destiny drive everything.
215.
Any man who does not know to dissimulate when he wants to is a fool.
216.
Contempt for men and things sometimes prevents even the most clever men from dissimulating.
217.
One becomes a fool when one feigns being one.
218.
It is permissible to deceive one's enemies, just as it is permissible to vanquish them.
219.
Breaking one's word is more cowardice than cleverness.
220.
Men sometimes promise what they cannot keep without being criminal.
221.
The most clever people are sometimes betrayed, but rarely deceived.
222.
The necessity of the commerce of life obliges men to trust one another, or at least to seem to do so.
223.
One cannot feign love or merit.
224.
The action of the first Brutus is not imitable, and it is uncertain whether the glory of the rest of his life ever recompensed him for the misfortune of feigning to be a fool.
225.
One is obliged to know one's faults under pain of passing for a fool.
226.
It is important to know the weaknesses of men.
227.
People who have no weaknesses are rare and terrible.
228.
One must not form prejudices about the faults or virtues of nations.
229.
One only pleases men by transforming oneself into them.
230.
Court is full of good offices that ruin people.
231.
It is sometimes rendering a good office to render a bad one.
232.
Men sometimes lose themselves by silence, however innocent it may appear.
233.
Counsel of which one is incapable never pleases.
234.
Counsel is, ordinarily, nothing more than the approval of the sentiments of princes, to which everyone subscribes sooner or later.
235.
One should consult only with oneself about what one wishes to do; but one should consult with others about what one does not wish to do.
236.
There are things that princes can and should do of their own accord, and things which they should not allow one to counsel them in.
237.
Few people have enough heart to give disagreeable counsels.
238.
When a prince is foolish, everyone is or becomes foolish.
239.
We often do men wrong by doubting their probity; but we do ourselves a greater wrong when we do not doubt it.
240.
Men blame those who are in favour for the same things they would do if they were in favour.
241.
There are few men who are resistant to necessity.
242.
It is a great virtue not to do all the evil one can do.
243.
Those who have access to princes are equally hated by those who have it and by those who do not.
244.
Princes are great only in proportion to their merit and wisdom.
245.
Jealousy is injurious to those who are capable of it.
246.
Love gives birth to jealousy, but jealousy gives death to love.
247.
Those who serve great princes have nothing to fear but their own faults.
248.
One calls great only those who are so by their merit.
249.
When a prince is without merit, his favour may be useful, but it is never glorious.
250.
The merit of men is often the greatest obstacle to their fortune.
251.
The exclusion that merit brings is almost invincible.
252.
When merit reigns, it presents a beautiful and rare spectacle.
253.
Envy, jealousy, hatred and a thousand other secret passions make people talk under the pretext of zeal.
254.
One must respect and honour favourites, but one must only be attached to one's master.
255.
A favourite must be indebted to his prince for all the signs of confidence and love he shows him, and he is wrong to complain about those he is not given.
256.
However beloved a favourite may be, even if he is adored, a prince wants to have creatures who depend only on him, and he must tolerate them.
257.
Favourites and ministers do not remain so for long unless they adapt to the taste and genius of princes.
258.
Fortune takes the place of merit for many people.
259.
There are others whose merit alone takes the place of all fortune.
260.
Fortune is to merit what colour is to painting.
261.
Merit is often the greatest obstacle to a man's fortune. I know some who would be pope if they were not great men.
["Allusion to Cardinal Azzolino."]
262.
To see fortune and merit united in the same man is a rare and beautiful spectacle that I despair of ever seeing.
263.
A prince must know how to give everything he has, even his suspicions.
264.
Suspicions and doubts should not prevent a prince from acting well, but they should prevent him from acting badly.
265.
Those who complain that they are distrusted are accusing themselves.
266.
Few other services are more important than pleasing and diverting one's master.
267.
To not dare to attend to great men for fear of inconveniencing them is to be bourgeois.
268.
To entertain princes with freedom and respect is to pay one's court.
269.
To serve princes in their own way is to serve them well.
A prince may have favourites, but he must not tolerate masters.
270.
The great secret of favourites is to please and obey.
271.
One should believe nothing until after one has dared to doubt.
272.
One should doubt everything, even one's suspicions.
273.
One should not be hasty in doing harm, but one should be hasty in doing good.
274.
Suspicions are like chemical remedies, which kill or cure, depending on the skill of those who use them.
275.
A man who sees himself seen through by another becomes his irreconcilable enemy.
276.
Interest and violent passions make even the most honest people unjust.
277.
It is as dangerous to do good to men as to caress wild beasts.
278.
One is hated by those to whom one has done good almost as much as by those to whom one has done bad.
279.
One must weather the injustices and ingratitude of men like storms.
280.
One must be very reserved in believing good and evil.
281.
The secret of not being deceived is to never believe anything that one might doubt.
282.
Liars, cowards and drunkards cannot be men of honour.
283.
Those who tell lies to princes are more criminal than they realise.
284.
People are deceived more by the truth than by lies.
285.
It is a kind of fault not to warn a prince of what he should know about.
286.
A prince must live in such honesty with people that he obliges them to have no secrets from him.
287.
Serving oneself of people's credulity is a very useful art.
288.
Men are only ever deceived by themselves.
289.
It is an offense to undeceive men, most often.
290.
One must not give anyone cause to regret having followed the movements of their conscience.
291.
If one does not hazard anything, one will never achieve anything great.
292.
One must be wary of fortune, but one must never despair of it.
293.
One must hope the least for what one desires the most.
294.
When one has scorned fortune, it will avenge itself sooner or later.
295.
When men have merit, they fear no one's.
296.
Weak princes fear merit, but great ones esteem it and serve themselves of it.
297.
When great men are without employ, it is the misfortune of the State, not their own.
298.
Great familiarity, which makes some people despised, makes others respected.
299.
There are people whom the more one knows them, the more one admires them.
300.
Men esteem, admire and fear extraordinary merit, but they rarely love it.
Above: Kristina.

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