Tuesday, December 13, 2022

Hugues de Lionne's letter to Kristina, dated September 5/15 (New Style), 1662

Source:

Histoire des démeslez de la cour de France avec la cour de Rome, au sujet de l'affaire des Corses, page 58, by Abbé François-Séraphin Régnier-Desmarais, 1707


The letter:

MADAME,
Pour respondre aux deux Lettres que Vostre Majesté m'a fait l'honneur de m'escrire, & satisfaire aussi à l'ordre que le Roy me donne de l'informer de beaucoup d'autres choses que Sa Majesté n'a pas eu le loisir de luy mander Elle-mesme; j'auray le bien avant d'entrer en matiere, d'asseurer Vostre Majesté qu'il n'y a aucun de ceux que le Roy honore de sa confiance, & de ses ordres, qui ne soit tres-disposé à jetter plustost de l'eau que de l'huile sur le feu qui s'allume, & qu'ainsi Vostre Majesté se peut espargner la peine de m'y exhorter. Mais je suis obligé en mesme temps à luy faire connoistre qu'aucun de ses Ministres n'a ny la volonté, ny le pouvoir de rien déguiser à Sa Majesté, & ce dernier encore bien moins que l'autre, parce qu'Elle connoist d'Elle-mesme si parfaitement toutes choses, qu'il ne sert de rien, ou de les luy exagerer, comme on se plaint de delà, que quelques personnes dont M. l'Ambassadeur a pris conseil, l'ont fait calomnieusement, ou de les luy extenuer, comme il se voit qu'on n'a point d'autre intention à Rome, afin d'amoindrir, si on le pouvoit, la grandeur de la satisfaction que l'on connoist bien estre deûë à Sa Majesté sur un cas aussi atroce qu'est celuy qui arriva le 20. d'Aoust, & sur tout ce qui s'y est fait ensuite par tant de divers moyens pour en chasser M. l'Ambassadeur, avant qu'il ait peu recevoir les ordres que Sa Majesté luy envoyoit de se retirer pour mettre sa personne en seureté. J'avouë, Madame, que je ne puis assez m'estonner qu'on ait si peu conneu de delà les qualitez de l'esprit de Sa Majesté, ferme, inflexible, vigoureux, incessamment appliqué aux affaires, & sur tout sensible au dernier point aux choses qui touchent l'honneur, qu'on ait osé y lascher la bride (qui est le terme dont on en peut parler plus favorablement) à luy laisser faire une si grande offense, & qu'aprés cette faute on y en ait ajousté une seconde, peut-estre non moins desobligeante, de croire Sa Majesté capable de se payer, pour toute satisfaction, d'un compliment, & de quelques belles paroles. Et à dire vray, quelles épreuves de souffrance, & de patience peuvent-ils avoir remarquées en Sa Majesté, qui ayent donné l'audace, non-seulement d'en venir à un si grand attentat contre son honneur; mais d'oser faire la moindre chose qui peust tant soit peu blesser sa dignité? S'estoit-il escoulé tant de temps, que la mémoire fust déja perduë d'un incident, ou pour un sujet bien moindre en toutes façons, puisqu'il avoit mesme les raisons de l'autre part, Sa Majesté avoit donné une marque assez éclatante à toute l'Europe, qu'Elle ne considere ne proximité de sang, ni la tendresse qu'elle inspire, ni Estats, ni vie, ni repos public, ni paix jurée, à l'égal de son honneur, quand elle le croit blessé.

Si je n'avois pas eu une deffence expresse du Roy de respondre aux deux longues Lettres que M. le Cardinal Chigi m'a escrites, j'aurois esperé de luy faire avouër par la force de la verité, que depuis l'instant de l'ordre donné aux Corses & aux Sbirres de tirer sur les François, jusqu'à celuy de la sortie de Rome de M. l'Ambassadeur, on n'y a presque rien fait en toutes choses petites & grandes, que le contraire de ce qui se devoit pour le respect du Roy.

J'ay leû exactement le memoire que ledit Sieur Cardinal m'a adressé des pretendus excez & provocations faites par les François aux Corses, dont les Officiers du Pape ont conservé un si fidéle Registre; si les François en avoient conservé un pareil, je m'asseure qu'on trouveroit les choses assez égales; mais quand toute la faute seroit de nostre costé, comme elle ne consistoit au plus qu'en quelques injures dites & renduës, & en quelques gaillardises de jeunes gens, j'ay honte pour la Cour de Rome, qu'Elle en veuille aujourd'huy prendre droit pour excuser & amoindrir le crime des Corses, & pour le laisser impuni. Ce Registre, Madame, donne bien plus clairement à connoistre l'intention qu'on a euë de s'en venger, que le sujet que les François en ont donné; car je proteste à Vostre Majesté qu'à la reserve du second article ou les bornes de ce qui se devoit ont esté excedées, (s'il est vray en toutes ses circonstances, ce que je ne puis croire) tout le reste ne sont que bagatelles, & qu'évaporations de jeunes cervelles qui cherchoient à se divertir. Un François, dit-on, a fait tomber à un Crocheteur un Melon qui s'est rompu; un autre a forcé à boire un homme qui passoit dans les ruës; on a voulu toucher le bras à une femme qui passoit avec son mary; on a dit quelques insolences à une Lavandiere; on a payé un Barbier d'un coup de balay; on a tiré des coups de pierres aux fenestres d'une Courtisane qui refusoit d'ouvrir sa porte; on a appellé des Corses espions du Pape. Voilà, Madame, la nature des articles dont est compilé ce Memoire, sans qu'on voye en aucun la moindre effusion de sang. Peut-estre pourroit-on agrandir les objets à qui ne sçauroit pas aussi-bien que moy la maniere dont on vit à Rome, & l'indulgence qu'ont toûjours eu les Papes pour les jeunesses des Estrangers. Mais comme j'y ay fait à diverses fois sept ans de sejour, j'oserois jurer à Vostre Majesté qu'il ne s'est jamais passé quinze jours de temps en aucun Pontificat où les François, les Espagnols, & les Allemands, j'entens chaque Nation en son particulier, n'ait commis seule plus d'excez, & en qualité, & en nombre (puisqu'on veut aujourd'huy les qualifier de ce nom) sans que la justice des Papes d'alors y ait quasi fait de reflexion, qu'il n'y en a de couchez dans ce Registre en quatre mois de temps que M. le Duc de Crequy y a sejourné; toute la Ville ayant veu, & demeurant d'accord que jamais Ambassadeur n'a pris plus de soin que luy de contenir ses Gens, & toute la Nation en regle. Et certes il montra bien dés Civitavecchia avec quel esprit il entroit dans Rome, lorsque pour une fort legere insolence, à laquelle il n'auroit pas pris garde à Paris, il fit mettre à la chaisne un de ses Laquais dans les Galeres.

Vostre Majesté agréera, s'il luy plaist, que par un exemple dont je puis parler avec fondement, puisque j'en fus témoin oculaire, il y en a environ vingt-cinq ans, je luy fasse comprendre la difference des autres Pontificats à celuy-cy, en ce qui regarde le bon, ou le mauvais traitement qui s'est fait à la Nation Françoise. Dans la Ceremonie du Consistoire où le Pape Urbain donna le Chapeau au Cardinal Bichi, cinquante François qui l'avoient accompagné à sa Cavalcate, voulant entrer avec son Eminence pour voir par curiosité cette fonction, & la Garde des Suisses du Pape leur ayant refusé l'entrée de la Salle où se tenoit le Consistoire, & où estoit déja arrivée la propre Personne de Sa Sainteté, les François mirent tous l'espée à la main pour forcer la porte. On vit en un instant de leur costé cinquante espées nües, & de l'autre les Suisses leur tenant la hallebarde dans le ventre, prests à les percer s'ils se fussent avancez. Qu'arriva-t-il d'un si grand attentat entrepris à quatre pas du Pape, qui n'en estoit separé que d'un simple ais? Sa Sainteté avertie d'abord du tumulte, pouvoit & devoit par justice envoyer ordre, ou de faire main-basse sur les François, ou de les arrester tous pour les faire prendre un quart d'heure aprés au bout du Pont saint Ange, puisqu'ils estoient coupables de mille morts. Cependant l'ordre que Sa Sainteté envoya, fut une deffense aux Suisses sur peine de la vie de toucher à aucun François, & un commandement d'en laisser entrer tout ce que la Salle qui estoit déja presque pleine en pourroit encore contenir, & il n'en fut jamais parlé. Aujourd'huy on tient un Registre fort exact de quelques actions de jeunesse, non-seulement pour les criminaliser; mais pour les venger par le fer & le feu sur la propre personne de l'Ambassadeur, & sur celle de l'Ambassadrice.

Vostre Majesté me permettra-t-elle que pour répondre à ce qu'Elle me fait l'honneur de me mander, Qu'on s'est mis en tout devoir à Rome de satisfaire M. le Duc de Crequy, sans que rien ait esté capable de l'adoucir, je luy remette devant les yeux ce qui s'est veritablement fait, & que j'y joigne ensuite quelques petites reflexions?

En premier lieu, M. le Cardinal Chigi a bien voulu se donner la peine de visiter Madame l'Ambassadrice, pour luy tesmoigner le deplaisir du Pape & le sien; mais pourquoy ne demander point d'abord M. l'Ambassadeur? est-ce qu'il ne meritoit pas cet honneur, parce que les sept ou huit coups de mousquets qui furent tirez sur luy au balcon ne l'ont ni tué ni blessé? Grand effort à la verité, & satisfaction bien proportionnée à l'injure d'avoir bien voulu honorer d'une visite une Dame de cette qualité qui avoit esté assassinée, pour luy porter la sainte Benediction du Pape, comme dit le billet mesme escrit par ledit Sieur Cardinal à M. le cardinal Azzolin. Au Pontificat de Paul cinquiéme, un Domestique de M. le Mareschal d'Estrée, qui n'estoit pas mesme de ses Gentilshommes, ayant esté emprisonné & bien-tost lasché sur les plaintes dudit Sieur Mareschal, il fut fait cet accommodement par escrit. L'Illustrissimo Signor Cardinale Borghese anderà in casa di Sua Eccellenza per pregarla da parte di Sua Santità che Sua Maestà scusi, e perdoni alli Officiali della Santità Sua quello che hanno eccesso nella cattura del suo Maestro di casa, dispiacendole l'occasione del disgusto di Sua Maesta, assicurandola che non è stata mente di Sua Santità d'offendere detta Maestà ne Sua Eccellenza e che per l'auvenire Sua Santità desidera che sia una buona intiera corrispondenza d'ambedue le parti in ogni cosa, come è stata sempre et si haurà locchio che simili disordini non arrivino più. La chose fut executée en la mesme forme, & l'Original de l'accommodement signé & attesté par M. le Cardinal Bonzi, & par le Pere Coton Jesuite, fut remis entre les mains dudit Sieur Mareschal, qui l'envoya au Roy pour sa décharge.

En second lieu, le Pape en onze jours de temps, de deux cens Corses, qui sont tous esgalement criminels, en avoit déja fait emprisonner douze; mais ses Ministres en avoient d'autre part fait évader vingt & trois, de ceux qu'ils qualifient les plus coupables, quoy qu'on ne voye pas bien icy la raison de cette distinction, puisque tous sans ordre ont investi le Palais de l'Ambassadeur, sacré par le droit des Gens, & pris les avenuës des ruës pour tirer sur les François.

En troisiéme lieu, on a publié un Edit pour reprendre ceux qui sont en fuite; diligence aprés coup fort superfluë, dont à peine un enfant se voudroit payer: s'ils sçavoit qu'on les a tenus quelque temps tous enfermez dans leur quartier, & qu'il estoit bien plus aisé de s'en saisir, si on en avoit eu l'intention, que de les quester hors de l'Estat, d'où on leur a donné lieu, & sans doute fourni tous les moyens de se sauver.

En quatriéme lieu, on a deputé une Congregation de Prelats sous M. le Cardinal Imperial, pour faire la justice de l'excez des Corses, & on veut mesme faire valoir au Roy d'en avoir mis Monsignor Antaldi; grace à la verité bien signalée, & qui a déja produit de grands effets; car la voix de ce bon Prelat pese bien autant que les sept ou huit autres. Mais, Madame, Sa Majesté croit que le Chef de cette Congregation devroit plustost luy-mesme y estre sousmis, & sujet à y respondre, ou à quelque autre Tribunal, s'il veut s'en deffendre par sa dignité. Et à dire vray quelle punition peut-on attendre d'un crime pour énorme qu'il soit, quand on constituë pour Juge & pour Directeur de tous les autres, celuy-là mesme qui ayant lasché la bride aux coupables, leur doit estre comme garand de l'impunité de leur action.

Aussi ont-ils déja bien esprouvé la protection qu'ils en ont receuë, puisque la Congregation ayant le pouvoir de les juger more belli, les prisonniers qui devoient estre pendus un quart d'heure aprés dans la Place Farnese, n'ont eû en dix-sept jours de temps (qui est la datte des dernieres Lettres) autre mal que celuy de la peur. Toute Rome pourtant se peut souvenir que pour un meurtre de deux simples Soldats Italiens, le Pape Urbain en vingt-quatre heures fit prendre neuf Corses. Ce fut là un veritable jugement militaire. Il est vray que deux Soldats Italiens d'alors valoient mieux qu'aujourd'huy qu'une Ambassadrice.

Quand je fais cette reflexion, Vostre Majesté n'en tirera pas, s'il luy plaist, la consequence, que le Roy ait aucun besoin, pour sa satisfaction, d'un sang si bas & si impur que celuy des Corses, ni que leur chastiment puisse entrer en aucune compensation de la reparation qui est deuë à Sa Majesté de l'offense qu'a receu sa Dignité Royale. C'est une justice que le Pape se doit à luy-mesme, particulierement aprés avoir declaré qu'il tient l'offense comme faite à sa propre personne. Si neanmoins une Congregation de neuf Cardinaux juge plus à propos d'establir l'exemple, qu'un crime qui sera à jamais detesté par toutes les Nations, & qui a mortellement offensé la propre personne de Sa Majesté, doive demeurer impuni dans Rome, Sa Majesté n'y trouvera pas beaucoup à dire, & n'en sera faschée que pour la fletrissure qui en resultera à l'honneur de l'Eglise.

En cinquiéme lieu, on fait valoir à Sa Majesté la deputation d'une autre Congregation de Cardinaux pour consulter sur les moyens de la satisfaire. Je porte tant de respect à la Pourpre dont ils sont revestus, que je n'en diray autre chose, si ce n'est que Sa Majesté a assez reconnu, par les effets, depuis qu'elle est establie, que le plus grand nombre des suffrages est entierement dependant des moindres mouvements des Parens de Sa Sainteté, outre que chacun sçait assez que pareilles Assemblées qui ne sont pas stables, & dont a choisi les sujets dans l'occasion mesme, se forment plustost pour justifier les resolutions qu'on a déja prises, ou qu'on a dessein de prendre, que pour se conformer en quoy-que ce soit à leurs sentiments.

En sixiéme lieu, on exagere qu'on a changé le quartier des Corses, & qu'il a esté esloigné d'une demie-lieuë du Palais de M. l'Ambassadeur. Mais, Madame, sur la presupposition que M. le Cardinal Chigi me fait dans sa derniere Lettre qu'il y avoit déja dans le Palais Farnese prés de mille hommes, & des armes de toute sorte pour en armer plus de deux mille, dira-t-on que cette resolution d'esloigner les Corses ait esté plustost prise pour la seureté dudit Sieur Ambassadeur, que pour les soustraire à son juste ressentiment. Il ne me semble pas qu'il y ait grande bravoure à dire que mille François battront bien cent cinquante Corses, qui est le nombre qui en peut estre resté aprés l'évasion, & l'emprisonnement de leurs Compagnons; cependant c'est en ce changement du quartier des Corses que consiste la seule satisfaction apparente qu'on a donné à M. l'Ambassadeur depuis l'outrage qu'il a receu; Et il se trouve dans l'effet que ç'a esté pour le bien & pour la propre seureté de cette Soldatesque, qu'on l'a reculée des occasions & des moyens de vengeance qu'en eust peu tirer ledit Sieur Ambassadeur, tant il est dangereux de juger des choses sans penetrer plus avant que leur escorce.

Il reste à parler du bref que Sa Sainteté a escrit au Roy, que je mets sur ma teste par respect, & le considere avec toute la veneration possible, & qui luy est si justement deüe; & à dire vray il ne pouvoit estre conceu en termes de plus grande honnesteté, ni qui exprimassent mieux l'amere douleur que Sa Sainteté dit avoir ressentie de l'énormité du crime de sa milice; Elle a la bonté d'y declarer qu'Elle tient l'injure faite au Roy pour sienne propre, & que comme telle elle a déja commandé qu'il en soit fait une prompte & severe vengeance, pour laquelle elle a deputé une Congregation, où mesme Elle a mis un Prelat dependant de Sa Majesté, & outre cela une autre Congregation de Cardinaux pour aviser aux moyens de la satisfaire; Elle prie Sa Majesté ensuite de la consoler, en luy apprenant ses sentimens; & pour conclusion, Elle promet que s'il reste quelque chose à faire que Sa Majesté puisse justement desirer, Elle l'entendra paternellement, & le recevra avec toute la disposition d'esprit possible. Ce sont les propres termes de cette derniere clause, ausquels Sa Majesté eu occasion de faire grande reflexion.

Si un outrage public fait à un grand Roy, qui n'est que le depositaire de l'honneur de sa Couronne, pouvoit estre reparé par des compliments secrets, Sa Majesté auroit peut-estre eu en ce Bref de quoy commencer à se contenter, pourveu que les effets eussent suivi de prés les belles paroles, ce qui ne s'est point encore veu. Mais, Madame, parmy les particuliers mesme qui se peuvent plus facilement dispenser sur la point d'honneur, pour estre moins exposez en veüe, on n'a point encore veû des accomodements de cette nature, où un homme assassiné se soit contenté pour reparation de l'outrage qu'on luy ait simplement dit, «J'en suis bien fasché.»

En outre, quiconque verroit ce si quid remanet, qui est à la fin du Bref, & ne seroit pas d'ailleurs informé de ce qui s'est passé jusqu'icy dans Rome en cette affaire, n'auroit-il pas raison de croire qu'il y avoit déja cinquante Corses de pendus, autant d'envoyez aux galeres, & le reste du Corps cassé, avec quelque note infamante pour toute la Nation, par laquelle elle seroit declarée à jamais incapable de porter les armes dans Rome, pour y avoir sans ordre & avec fureur attenté à des personnes & à des lieux sacrez, & osé enfin, la plus vile canaille de la terre, attacquer la Majesté du premier Roy de la Chrestienté, & du Fils aisné de l'Eglise.

Si on avoit commencé par la justice que je viens de dire, il y auroit eu quelque fondement a pouvoir escrire, si quid remanet; mais je supplie Vostre Majesté de considerer ce qui avoit precedé ce Bref. On avoit envoyé faire un compliment à M. l'Ambassadeur; on avoit fait emprisonner douze Corses, & fait évader vingt-trois, & le Bref porte si quid remanet, &c. S'il reste encore quelque chose que vous puissiez justement desirer de nous, on ne promet pas à la verité de le faire, mais bien, qu'il sera ouy & receu paternellement.

Peut-il tomber dans l'esprit à tout bon Catholique que ç'ait esté l'intention de Sa Sainteté qui est bonne & juste, d'user de termes captieux en une affaire si grave? & n'est-ce point, Madame, que ses Ministres qui ont en leur disposition le Secretaire des Brefs, ont voulu adjouster la moquerie à l'offence? Vostre Majesté d'ailleurs n'avouëra-elle pas que cette parole justement doit blesser un Roy, qui ne peut estre soupçonné qu'à tort de vouloir pretendre des choses injustes? Mais ledit Secretaire a bien moins pris garde à cette consideration, qu'à inserer un mot, par lequel il a creu desgager dans l'effet lesdits Ministres en les engageant en apparence, à cause de l'interpretation qu'ils peuvent donner à ce mot, si on les vouloit presser sur cette promesse. Je puis dire neantmoins que ç'a esté une precaution fort superfluë, parce que Sa Majesté asseurément en cette affaire ne fera jamais le personnage de postulant.

Je suis bien marry, Madame, d'estre obligé de dire à Vostre Majesté, à qui je ne dois ni ne veux rien celer, que le Roy a consideré ce Bref, non pas tant comme une Lettre qu'on luy eust escrit pour luy donner satisfaction, puisqu'il n'en contient aucune, ny mesme la promesse de la donner; mais comme une Piece qu'on a creu pouvoir servir de Manifeste dans toute la Chrestienté, pour se disculper d'une action qui est de soy insoustenable, en la detestant en paroles, sans la chastier en effet. La suite fera voir si Sa Majesté s'est trompée dans ce jugement.

Je viens maintenant, Madame, au point du pretendu armement de M. l'Ambassadeur, dont M. le Nonce me fit de vives plaintes en l'Abouchement que le Roy me permit d'avoir avec luy le 9me du courant. J'asseuray d'abord ledit Sieur Nonce que le sujet de cette plainte cesseroit bien-tost, par l'arrivée de l'ordre que Sa Majesté avoit envoyé à M. l'Ambassadeur de se retirer de Rome, & de sortir mesme de tout l'Estat Ecclesiastique, que cependant je pouvois luy respondre pour le rasseurer de ses frayeurs que M. l'Ambassadeur n'avoit nul dessein de prendre Rome, ny d'y causer le moindre desordre qui pust troubler le repos de Sa Sainteté, & la tranquillité des habitans d'une Ville qui luy a donné des marques de son affection en ce rencontre, par la detestation qu'elle a fait si publique, & si generale de l'action des Corses, & par le deplaisir qu'elle a tesmoigné de leur impunité. Que si M. l'Ambassadeur marchoit mieux accompagné qu'à l'ordinaire, il ne le faisoit que pour sa propre deffense, qui est du droit naturel, & pour ne demeurer pas exposé a des nouveaux insultes de la fureur des mesmes barbares qui l'avoient voulu assassiner, & Madame l'Ambassadrice, sans autre cause apparente que parce que dans un demeslé de deux François qui n'estoient pas de sa famille, avec trois Corses, un de ceux-cy avoit receu une legere blessure.

M. le Nonce repartit, Qu'outre que Sa Sainteté avoit esloigné le quartier des Corses à demie lieuë, du Palais Farnese, Elle avoit encore offert de donner sa parole à M. l'Ambassadeur qu'il n'auroit plus rien à craindre d'eux.

Je repliqueray, Madame, Que ledit Sieur Ambassadeur auroit eu grand tort de ne se pas confier entierement en cette parole, s'il n'avoit évidemment reconnu, & toute Rome avec luy, que Sa Sainteté n'estoit pas en estat de la luy tenir, tant que les Corses seroient dans la Ville, en quelque quartier qu'on les ait reculez. Que comme le Roy ne voudroit pas s'asseurer que les François en ressentiment de leur derniere barbarie ne les agaçassent, & peut-estre attaquassent quand ils les rencontreroient separez de leur Corps, Sa Sainteté non plus ne pouvoit pas respondre que ces brutaux sur le moindre incident, & contre sa volonté, ne fissent quelque nouvel insulte à M. l'Ambassadeur & à Madame l'Ambassadrice dans les ruës, aprés quoy on nous voudroit peut-estre encore payer de la simple excuse qu'on ne l'auroit peu croire, & qu'on en est bien fasché. Que le quartier où ils sont à present, quoy qu'esloigné, ne laisse pas d'estre fort habité, & par consequent que M. l'Ambassadeur & Madame l'Ambassadrice auroient souvent occasion de s'en approcher, ou d'y passer pour les affaires du Roy ou pour leurs visites, & qu'il laissoit à juger audit Sieur Nonce, s'il estoit ny honorable au Roy, ny de la bienseance & de la justice qu'ils fussent l'un & l'autre sans cesse exposez à la discretion de gens que les Ministres du Pape mesmes appellent «Gente feroce, intrattabile, & bestiale». Et comme M. le Nonce insista encore à vouloir soustenir par de foibles raisons, que la seule parole du Pape, jointe à son authorité, suffisoit pour l'entiere seureté de M. l'Ambassadeur, il me fut assez facile de detruire cette fausse maxime, par ce seul mot, que l'authorité du Pape, en aucun jour de son Pontificat, ne sçauroit à l'avenir estre plus grande dans Rome qu'elle l'estoit le 20. d'Aoust, ni l'obligation de donner seureté aux Ambassadeurs plus expresse, par aucune parole que Sa Sainteté peust donner, qu'elle l'estoit déja le mesme 20. d'Aoust par le seul droit des Gens, que les Barbares mesme respectent, & observent.

Il ne me reste, Madame, qu'à dire un mot de la sortie de Rome de M. l'Ambassadeur, arrivée le premier du courant. On ne doutera pas de delà que la resolution qu'il en a pris n'ait esté tres-conforme aux intentions du Roy, puisque Sa Majesté luy en avoit déja envoyé l'ordre, connoissant bien qu'il n'y pouvoit plus demeurer en seureté. Mais le fait est bien changé & bien aggravé. Car il y a grande difference entre estre rappellé de Rome par son Maistre, ou en estre chassé par Siege & par Famine. Les preparatifs pour assieger le Palais Farnese estoient déja trop advancez pour permettre à la prudence d'un Ministre qui a tant soit peu à cœur l'honneur de son Roy, de l'exposer à cette seconde injure, & d'en attendre le coup. Le pretexte neanmoins de ce dessein estoit assez leger, & soizante François au plus qui s'y estoient retirez, comme en leur azile naturel, les uns pour deffendre leur Chef des insultes des Corses, les autres pour s'empescher d'estre maltraitez par la Sbirrerie, ne meritoient guere, ce me semble, qu'on fit entrer quatre mille hommes dans Rome; qu'on declarast un nouveau grand General des Armes; qu'on environnast le Palais Farnese de Corps-de-Garde; qu'on en posast devant ceux de M. le Cardinal Antoine qui est absent, de M. le Cardinal d'Este, & de M. le Duc Cesarin; qu'on interdisist aux Marchands tout commerce avec les François; & qu'on deffendist au Boulanger & au Boucher de fournir par jour qu'une certaine quantité de pain & de viande, qui mesme ne suffisoit pas pour la subsistance ordinaire de sa Maison.

J'apprehende fort, Madame, & avec raison que Vostre Majesté ne se tienne importunée d'un si long detail de raisonnements sur une affaire facheuse de soy-mesme, & par avance, je luy en demande tres-humblement pardon. Elle me permettra seulement par sa bonté d'y adjouster encore ce mot, Que le Roy sçait qu'on tasche de persuader à Sa Sainteté que les coleres des François sont des feux de paille, & qu'il n'y qu'à éluder les mouvemens de leur premiere impetuosité. J'asseure Vostre Majesté que la suite fera voir qu'on se sera fort abusé de delà en cette opinion, sur le sujet d'une jeune Monarque aussi sensible au point d'honneur, & aussi ferme & esclairé qu'est le nostre, si on ne le satisfait pleinement & amplement: Et il y a d'ailleurs icy quantité de vieux Romanesques, qui sçavent parfaitement ce que veut dire le terme «del ripiglio», si frequemment & heureusement pratiqué dans le dernier Pontificat, quand en donnant cent bastonnades, & disant de belles paroles, ou feignant de n'estre informé de rien lorsqu'on s'en plaignoit, on se moquoit aprés, dans la Chambre avec les Confidens, de la simplicité de ceux qui s'estoient payez de cette monnoye. Le Roy ira son chemin d'une mesme teneur sans s'en démentir; il se satisfera de la raison, quand elle luy sera offerte; mais certainement il ne laissera point de tache à son honneur, qu'il veut & est obligé de transmettre à ses Successeurs sans fletrisseure. Cependant je demeure avec toute la soumission & la passion possible,
MADAME,
de Vostre Majesté,
Tres-humble & tres-obeïssant
serviteur. DE LYONNE.
A S. Germain en Laye,
le 15. Septembre 1662.

With modernised spelling:

Madame,
Pour répondre aux deux lettres que Votre Majesté m'a fait l'honneur de m'écrire, et satisfaire aussi à l'ordre que le Roi me donne de l'informer de beaucoup d'autres choses que Sa Majesté n'a pas eu le loisir de lui mander elle-même; j'aurai le bien avant d'entrer en matière d'assurer Votre Majesté qu'il n'y a aucun de ceux que le Roi honore de sa confiance et de ses ordres, qui ne soit très disposé à jetter plutôt de l'eau que de l'huile sur le feu qui s'allume, et qu'ainsi Votre Majesté se peut épargner la peine de m'y exhorter. Mais je suis obligé en même temps à lui faire connaître qu'aucun de ses ministres n'a ni la volonté, ni le pouvoir de rien déguiser à Sa Majesté, et ce dernier encore bien moins que l'autre, parce qu'elle connaît d'elle-même si parfaitement toutes choses, qu'il ne sert de rien, ou de les lui exagérer, comme on se plaint de delà, que quelques personnes dont Monsieur l'ambassadeur a pris conseil, l'ont fait calomnieusement, ou de les lui extenuer, comme il se voit qu'on n'a point d'autre intention à Rome, afin d'amoindrir, si on le pouvait, la grandeur de la satisfaction que l'on connaît bien être dûe à Sa Majesté sur un cas aussi atroce qu'est celui qui arriva le 20 d'août, et surtout ce qui s'y est fait ensuite par tant de divers moyens pour en chasser Monsieur l'ambassadeur, avant qu'il ait peu recevoir les ordres que Sa Majesté lui envoyait de se retirer pour mettre sa personne en sûreté. J'avoue, Madame, que je ne puis assez m'étonner qu'on ait si peu connu de delà les qualités de l'esprit de Sa Majesté, ferme, inflexible, vigoureux, incessamment appliqué aux affaires, et surtout sensible au dernier point aux choses qui touchent l'honneur, qu'on ait osé y lâcher la bride (qui est le terme dont on en peut parler plus favorablement) à lui laisser faire une si grande offense, et qu'après cette faute on y en ait ajouté une seconde, peut-être non moins désobligeante, de croire Sa Majesté capable de se payer, pour toute satisfaction, d'un compliment et de quelques belles paroles. Et à dire vrai, quelles épreuves de souffrance et de patience peuvent-ils avoir remarquées en Sa Majesté qui ayent donné l'audace, non seulement d'en venir à un si grand attentat contre son honneur; mais d'oser faire la moindre chose qui peut tant soit peu blesser sa dignité? S'était-il écoulé tant de temps que la mémoire fût déjà perdue d'un incident, ou pour un sujet bien moindre en toutes façons, puisqu'il avait même les raisons de l'autre part, Sa Majesté avoit donné une marque assez éclatante à toute l'Europe qu'elle ne considere ne proximité de sang, ni la tendresse qu'elle inspire, ni États, ni vie, ni repos public, ni paix jurée, à l'égal de son honneur, quand elle le croit blessé.

Si je n'avais pas eu une défence expresse du Roi de répondre aux deux longues lettres que Monseigneur le Cardinal Chigi m'a écrites, j'aurais espéré de lui faire avouer par la force de la vérité que depuis l'instant de l'ordre donné aux Corses et aux Sbirres de tirer sur les Français, jusqu'à celui de la sortie de Rome de Monsieur l'ambassadeur, on n'y a presque rien fait en toutes choses petites et grandes que le contraire de ce qui se devait pour le respect du Roi.

J'ai lu exactement le mémoire que ledit sieur Cardinal m'a adressé des pretendus excès et provocations faites par les Français aux Corses, dont les officiers du Pape ont conservé un si fidèle registre; si les Français en avaient conservé un pareil, je m'assure qu'on trouverait les choses assez égales. Mais quand toute la faute serait de notre côté, comme elle ne consistait au plus qu'en quelques injures dites et rendues, et en quelques gaillardises de jeunes gens, j'ai honte pour la Cour de Rome, qu'elle en veuille aujourd'hui prendre droit pour excuser et amoindrir le crime des Corses, et pour le laisser impuni. Ce registre, Madame, donne bien plus clairement à connaître l'intention qu'on a eue de s'en venger, que le sujet que les Français en ont donné; car je proteste à Votre Majesté qu'à la réserve du second article où les bornes de ce qui se devait ont été excédées (s'il est vrai en toutes ses circonstances, ce que je ne puis croire), tout le reste ne sont que bagatelles et qu'évaporations de jeunes cervelles qui cherchaient à se divertir. Un Français, dit-on, a fait tomber à un crocheteur un melon qui s'est rompu; un autre a forcé à boire un homme qui passait dans les rues; on a voulu toucher le bras à une femme qui passait avec son mari; on a dit quelques insolences à une lavandière; on a payé un barbier d'un coup de balai; on a tiré des coups de pierres aux fenêtres d'une courtisane qui refusait d'ouvrir sa porte; on a appellé des Corses espions du Pape. Voilà, Madame, la nature des articles dont est compilé ce mémoire, sans qu'on voie en aucun la moindre effusion de sang. Peut-être pourrait-on agrandir les objets à qui ne saurait pas aussi bien que moi la manière dont on vit à Rome, et l'indulgence qu'ont toujours eu les Papes pour les jeunesses des étrangers. Mais comme j'y ai fait à diverses fois sept ans de séjour, j'oserais jurer à Votre Majesté qu'il ne s'est jamais passé quinze jours de temps en aucun pontificat où les Français, les Espagnols, et les Allemands, j'entends chaque nation en son particulier, n'ait commis seule plus d'excès, et en qualité et en nombre (puisqu'on veut aujourd'hui les qualifier de ce nom) sans que la justice des Papes d'alors y ait quasi fait de réflexion, qu'il n'y en a de couchés dans ce registre en quatre mois de temps que Monsieur le Duc de Créquy y a séjourné; toute la ville ayant vu, et demeurant d'accord que jamais ambassadeur n'a pris plus de soin que lui de contenir ses gens, et toute la nation en régle. Et certes il montra bien dès Civitavecchia avec quel esprit il entrait dans Rome, lorsque pour une fort légère insolence, à laquelle il n'aurait pas pris garde à Paris, il fit mettre à la chaîne un de ses laquais dans les galères.

Votre Majesté agréera, s'il lui plaît, que par un exemple dont je puis parler avec fondement, puisque j'en fus témoin oculaire, il y en a environ vingt-cinq ans, je lui fasse comprendre la difference des autres pontificats à celui-ci, en ce qui regarde le bon ou le mauvais traitement qui s'est fait à la nation française. Dans la cérémonie du Consistoire où le Pape Urbain donna le chapeau au Cardinal Bichi, cinquante Français qui l'avaient accompagné à sa cavalcate, voulant entrer avec Son Éminence pour voir par curiosité cette fonction, et la Garde des Suisses du Pape leur ayant refusé l'entrée de la salle où se tenoit le Consistoire, et où était déjà arrivée la propre personne de Sa Sainteté, les Français mirent tous l'épée à la main pour forcer la porte. On vit en un instant de leur côté cinquante épées nues, et de l'autre les Suisses leur tenant la halebarde dans le ventre, prêts à les percer s'ils se fussent avancés. Qu'arriva-t-il d'un si grand attentat entrepris à quatre pas du Pape, qui n'en était séparé que d'un simple ais? Sa Sainteté, avertie d'abord du tumulte, pouvait et devait par justice envoyer ordre où de faire main basse sur les Français, où de les arrêter tous pour les faire prendre un quart d'heure aprés au bout du Pont Saint-Ange, puisqu'ils étaient coupables de mille morts. Cependant l'ordre que Sa Sainteté envoya fut une défense aux Suisses sur peine de la vie de toucher à aucun Français, et un commandement d'en laisser entrer tout ce que la salle qui était déjà presque pleine en pourrait encore contenir, et il n'en fut jamais parlé. Aujourd'hui on tient un registre fort exact de quelques actions de jeunesse, non seulement pour les criminaliser, mais pour les venger par le fer et le feu sur la propre personne de l'ambassadeur, et sur celle de l'ambassadrice.

Votre Majesté me permettra-t-elle que pour répondre à ce qu'elle me fait l'honneur de me mander, qu'on s'est mis en tout devoir à Rome de satisfaire Monsieur le Duc de Créquy, sans que rien ait été capable de l'adoucir, je lui remette devant les yeux ce qui s'est véritablement fait, et que j'y joigne ensuite quelques petites réflexions?

En premier lieu, Monseigneur le Cardinal Chigi a bien voulu se donner la peine de visiter Madame l'ambassadrice, pour lui témoigner le déplaisir du Pape et le sien; mais pourquoi ne demander point d'abord Monsieur l'ambassadeur? Est-ce qu'il ne méritait pas cet honneur, parce que les sept ou huit coups de mousquets qui furent tirés sur lui au balcon ne l'ont ni tué ni blessé? Grand effort à la vérité, et satisfaction bien proportionnée à l'injure d'avoir bien voulu honorer d'une visite une dame de cette qualité qui avait été assassinée, pour lui porter la sainte bénédiction du Pape, comme dit le billet même écrit par ledit Sieur Cardinal à Monseigneur le cardinal Azzolin. Au pontificat de Paul cinquième, un domestique de Monsieur le Maréchal d'Estrées, qui n'était pas même de ses gentilshommes, ayant été emprisonné et bientôt lâché sur les plaintes dudit Sieur Maréchal, il fut fait cet accommodement par écrit.

«L'Illustrissimo Signor Cardinale Borghese anderà in casa di Sua Eccellenza per pregarla da parte di Sua Santità che Sua Maestà scusi, e perdoni alli uffiziali della Santità Sua quello che hanno eccesso nella cattura del suo maestro di casa, dispiacendole l'occasione del disgusto di Sua Maestà, assicurandola che non è stata mente di Sua Santità d'offendere detta Maestà ne Sua Eccellenza e che per l'avvenire Sua Santità desidera che sia una buona intiera corrispondenza d'ambedue le parti in ogni cosa, come è stata sempre, et si avrà l'occhio che simili disordini non arrivino più

La chose fut exécutée en la même forme, et l'original de l'accommodement signé et attesté par Monseigneur le Cardinal Bonzi, et par le Père Coton, Jésuite, fut remis entre les mains dudit sieur Maréchal, qui l'envoya au Roi pour sa décharge.

En second lieu, le Pape en onze jours de temps, de deux cens Corses, qui sont tous également criminels, en avait déjà fait emprisonner douze; mais ses ministres en avaient d'autre part fait évader vingt-trois, de ceux qu'ils qualifient les plus coupables, quoi qu'on ne voie pas bien ici la raison de cette distinction, puisque tous sans ordre ont investi le Palais de l'ambassadeur, sacré par le droit des gens, et pris les avenues des rues pour tirer sur les Français.

En troisième lieu, on a publié un édit pour reprendre ceux qui sont en fuite; diligence après coup fort superflue, dont à peine un enfant se voudroit payer, s'ils savait qu'on les a tenus quelque temps tous enfermés dans leur quartier, et qu'il était bien plus aisé de s'en saisir, si on en avait eu l'intention, que de les quêter hors de l'État, d'où on leur a donné lieu, et sans doute fourni tous les moyens de se sauver.

En quatrième lieu, on a deputé une congrégation de prélats sous Monseigneur le Cardinal Impérial pour faire la justice de l'excès des Corses, et on veut même faire valoir au Roi d'en avoir mis Monsignor Antaldi; grâce à la vérité bien signalée, et qui a déjà produit de grands effets, car la voix de ce bon prélat pèse bien autant que les sept ou huit autres. Mais, Madame, Sa Majesté croit que le chef de cette congrégation devrait plutôt lui-même y être soumis, et sujet à y répondre, ou à quelque autre tribunal, s'il veut s'en défendre par sa dignité. Et, à dire vrai quelle punition peut-on attendre d'un crime pour énorme qu'il soit, quand on constitue pour juge et pour directeur de tous les autres, celui-là même qui ayant lâché la bride aux coupables, leur doit être comme garant de l'impunité de leur action?

Aussi ont-ils déjà bien éprouvé la protection qu'ils en ont reçue, puisque la congrégation ayant le pouvoir de les juger more belli, les prisonniers qui devoient estre pendus un quart d'heure aprés dans la Place Farnèse, n'ont eu en dix-sept jours de temps (qui est la date des dernières lettres) autre mal que celui de la peur. Toute Rome pourtant se peut souvenir que pour un meurtre de deux simples soldats italiens, le Pape Urbain en vingt-quatre heures fit prendre neuf Corses. Ce fut là un veritable jugement militaire. Il est vrai que deux soldats italiens d'alors valaient mieux qu'aujourd'hui qu'une ambassadrice.

Quand je fais cette réflexion, Votre Majesté n'en tirera pas, s'il lui plaît, la conséquence que le Roi ait aucun besoin, pour sa satisfaction, d'un sang si bas et si impur que celui des Corses, ni que leur châtiment puisse entrer en aucune compensation de la réparation qui est dûe à Sa Majesté de l'offense qu'a reçu sa dignité royale. C'est une justice que le Pape se doit à lui-même, particulièrement après avoir déclaré qu'il tient l'offense comme faite à sa propre personne. Si néanmoins une congrégation de neuf cardinaux juge plus à propos d'établir l'exemple, qu'un crime qui sera à jamais détesté par toutes les nations, et qui a mortellement offensé la propre personne de Sa Majesté, doive demeurer impuni dans Rome, Sa Majesté n'y trouvera pas beaucoup à dire et n'en sera fâchée que pour la flétrissure qui en resultera à l'honneur de l'Église.

En cinquième lieu, on fait valoir à Sa Majesté la députation d'une autre congrégation de cardinaux pour consulter sur les moyens de la satisfaire. Je porte tant de respect à la pourpre dont ils sont revêtus, que je n'en dirai autre chose si ce n'est que Sa Majesté a assez reconnu, par les effets, depuis qu'elle est établie, que le plus grand nombre des suffrages est entièrement dépendant des moindres mouvements des parents de Sa Sainteté, outre que chacun sait assez que pareilles assemblées qui ne sont pas stables, et dont a choisi les sujets dans l'occasion même, se forment plutôt pour justifier les résolutions qu'on a déjà prises, ou qu'on a dessein de prendre, que pour se conformer en quoique ce soit à leurs sentiments.

En sixième lieu, on exagère qu'on a changé le quartier des Corses, et qu'il a été éloigné d'une demie-lieue du Palais de Monsieur l'ambassadeur. Mais, Madame, sur la presupposition que Monseigneur le Cardinal Chigi me fait dans sa derniere lettre qu'il y avait déjà dans le Palais Farnèse près de mille hommes, et des armes de toute sorte pour en armer plus de deux mille, dira-t-on que cette résolution d'éloigner les Corses ait été plutôt prise pour la sûreté dudit sieur ambassadeur, que pour les soutraire à son juste ressentiment. Il ne me semble pas qu'il y ait grande bravoure à dire que mille Français battront bien cent cinquante Corses, qui est le nombre qui en peut être resté après l'évasion et l'emprisonnement de leurs compagnons; cependant c'est en ce changement du quartier des Corses que consiste la seule satisfaction apparente qu'on a donné à Monsieur l'ambassadeur depuis l'outrage qu'il a reçu. Et il se trouve dans l'effet que ç'a été pour le bien et pour la propre sûreté de cette soldatesque, qu'on l'a réculée des occasions et des moyens de vengeance qu'en eût pu tirer ledit sieur ambassadeur, tant il est dangereux de juger des choses sans pénétrer plus avant que leur écorce.

Il reste à parler du bref que Sa Sainteté a écrit au Roi que je mets sur ma tête par respect, et le considère avec toute la vénération possible, et qui lui est si justement due; et à dire vrai il ne pouvait être conçu en termes de plus grande honnêteté, ni qui exprimassent mieux l'amère douleur que Sa Sainteté dit avoir ressentie de l'énormité du crime de sa milice. Elle a la bonté d'y déclarer qu'elle tient l'injure faite au Roi pour sienne propre, et que comme telle elle a déjà commandé qu'il en soit fait une prompte et sévère vengeance, pour laquelle elle a deputé une congrégation, où même elle a mis un prélat dépendant de Sa Majesté, et outre cela une autre congrégation de cardinaux pour aviser aux moyens de la satisfaire. Elle prie Sa Majesté ensuite de la consoler, en lui apprenant ses sentiments; et pour conclusion, elle promet que s'il reste quelque chose à faire que Sa Majesté puisse justement désirer, elle l'entendra paternellement, et le recevra avec toute la disposition d'esprit possible. Ce sont les propres termes de cette dernière clause, auxquels Sa Majesté eu occasion de faire grande réflexion.

Si un outrage public fait à un grand Roi, qui n'est que le dépositaire de l'honneur de sa Couronne, pouvait être réparé par des compliments secrets, Sa Majesté aurait peut-être eu en ce bref de quoi commencer à se contenter, pourvu que les effets eussent suivi de près les belles paroles, ce qui ne s'est point encore vu. Mais, Madame, parmi les particuliers même qui se peuvent plus facilement dispenser sur la point d'honneur, pour être moins exposés en vue, on n'a point encore vu des accomodements de cette nature, où un homme assassiné se soit contenté pour reparation de l'outrage qu'on lui ait simplement dit, «J'en suis bien fâché.»

En outre, quiconque verrait ce si quid remanet, qui est à la fin du bref, et ne serait pas d'ailleurs informé de ce qui s'est passé jusqu'ici dans Rome en cette affaire, n'aurait-il pas raison de croire qu'il y avait déjà cinquante Corses de pendus, autant d'envoyés aux galères, et le reste du Corps cassé, avec quelque note infamante pour toute la nation, par laquelle elle serait déclarée à jamais incapable de porter les armes dans Rome, pour y avoir sans ordre et avec fureur attenté à des personnes et à des lieux sacrés, et osé enfin, la plus vile canaille de la terre, attaquer la Majesté du premier Roi de la chrêtienté, et du fils aîné de l'Église.

Si on avait commencé par la justice que je viens de dire, il y aurait eu quelque fondement a pouvoir écrire, si quid remanet; mais je supplie Votre Majesté de considérer ce qui avait précédé ce bref. On avait envoyé faire un compliment à M. l'ambassadeur; on avait fait emprisonner douze Corses, et fait évader vingt-trois, et le bref porte si quid remanet, etc. S'il reste encore quelque chose que vous puissiez justement désirer de nous, on ne promet pas à la vérité de le faire, mais bien, qu'il sera ouï et reçu paternellement.

Peut-il tomber dans l'esprit à tout bon catholique que ç'ait été l'intention de Sa Sainteté qui est bonne et juste, d'user de termes captieux en une affaire si grave? Et n'est-ce point, Madame, que ses ministres qui ont en leur disposition le sécretaire des brefs ont voulu ajouter la moquerie à l'offence? Votre Majesté d'ailleurs n'avouera-elle pas que cette parole «justement» doit blesser un Roi, qui ne peut être soupçonné qu'à tort de vouloir prétendre des choses injustes? Mais ledit sécretaire a bien moins pris garde à cette considération, qu'à insérer un mot, par lequel il a cru dégager dans l'effet lesdits ministres en les engageant en apparence, à cause de l'interprétation qu'ils peuvent donner à ce mot, si on les voulait presser sur cette promesse. Je puis dire néanmoins que ç'a été une précaution fort superflue, parce que Sa Majesté assurément en cette affaire ne fera jamais le personnage de postulant.

Je suis bien marri, Madame, d'être obligé de dire à Votre Majesté, à qui je ne dois ni ne veux rien céler, que le Roi a considéré ce bref, non pas tant comme une lettre qu'on lui eût écrit pour lui donner satisfaction, puisqu'il n'en contient aucune, ni même la promesse de la donner; mais comme une pièce qu'on a cru pouvoir servir de manifeste dans toute la chrêtienté, pour se disculper d'une action qui est de soi insoutenable, en la detestant en paroles, sans la châtier en effet. La suite fera voir si Sa Majesté s'est trompée dans ce jugement.

Je viens maintenant, Madame, au point du prétendu armement de M. l'ambassadeur, dont M. le nonce me fit de vives plaintes en l'abouchement que le Roi me permit d'avoir avec lui le 9 du courant. J'assurai d'abord ledit sieur nonce que le sujet de cette plainte cesserait bientôt par l'arrivée de l'ordre que Sa Majesté avait envoyé à M. l'ambassadeur de se retirer de Rome, et de sortir même de tout l'État Ecclesiastique, que cependant je pouvais lui répondre pour le rassurer de ses frayeurs que M. l'ambassadeur n'avait nul dessein de prendre Rome, ni d'y causer le moindre désordre qui pût troubler le repos de Sa Sainteté et la tranquillité des habitants d'une ville qui lui a donné des marques de son affection en ce rencontre, par la détestation qu'elle a fait si publique et si générale de l'action des Corses, et par le deplaisir qu'elle a témoigné de leur impunité. Que si M. l'ambassadeur marchait mieux accompagné qu'à l'ordinaire, il ne le faisait que pour sa propre défense, qui est du droit naturel, et pour ne demeurer pas exposé a des nouveaux insultes de la fureur des mêmes barbares qui l'avaient voulu assassiner, et Madame l'ambassadrice, sans autre cause apparente que parce que dans un démêlé de deux Français qui n'étaient pas de sa famille, avec trois Corses, un de ceux-ci avait reçu une légère blessure.

M. le nonce repartit qu'outre que Sa Sainteté avait éloigné le quartier des Corses à demie lieue du Palais Farnese, elle avait encore offert de donner sa parole à M. l'ambassadeur qu'il n'aurait plus rien à craindre d'eux.

Je répliquerai, Madame, que ledit sieur ambassadeur aurait eu grand tort de ne se pas confier entièrement en cette parole s'il n'avait évidemment reconnu, et toute Rome avec lui, que Sa Sainteté n'était pas en état de la lui tenir, tant que les Corses seraient dans la ville, en quelque quartier qu'on les ait réculés. Que comme le Roi ne voudrait pas s'assurer que les Français en ressentiment de leur dernière barbarie ne les agaçassent, et peut-être attaquassent quand ils les rencontreraient séparés de leur Corps, Sa Sainteté non plus ne pouvait pas répondre que ces brutaux sur le moindre incident, et contre sa volonté, ne fissent quelque nouvel insulte à Monsieur l'ambassadeur et à Madame l'ambassadrice dans les rues, après quoi on nous voudrait peut-être encore payer de la simple excuse qu'on ne l'aurait pu croire, et qu'on en est bien fâché. Que le quartier où ils sont à présent, quoi qu'éloigné, ne laisse pas d'être fort habité, et par conséquent que Monsieur l'ambassadeur et Madame l'ambassadrice auraient souvent occasion de s'en approcher, ou d'y passer pour les affaires du Roi ou pour leurs visites, et qu'il laissait à juger audit sieur nonce, s'il était ni honorable au Roi, ni de la bienséance et de la justice qu'ils fussent l'un et l'autre sans cesse exposés à la discrétion de gens que les ministres du Pape mêmes appellent «gente feroce, intrattabile ed bestiale».

Et comme Monsieur le nonce insista encore à vouloir soutenir par de faibles raisons que la seule parole du Pape, jointe à son autorité, suffisait pour l'entière sûreté de Monsieur l'ambassadeur, il me fut assez facile de détruire cette fausse maxime, par ce seul mot, que l'autorité du Pape, en aucun jour de son pontificat, ne saurait à l'avenir être plus grande dans Rome qu'elle l'était le 20 d'août, ni l'obligation de donner sûreté aux ambassadeurs plus expresse, par aucune parole que Sa Sainteté pût donner, qu'elle l'était déjà le même 20 d'août par le seul droit des gens que les barbares même respectent et observent.

Il ne me reste, Madame, qu'à dire un mot de la sortie de Rome de M. l'ambassadeur, arrivée le premier du courant. On ne doutera pas de delà que la résolution qu'il en a pris n'ait été très conforme aux intentions du Roi, puisque Sa Majesté lui en avait déjà envoyé l'ordre, connaissant bien qu'il n'y pouvait plus demeurer en sûreté. Mais le fait est bien changé et bien aggravé. Car il y a grande différence entre être rappellé de Rome par son maître, ou en être chassé par siège et par famine. Les préparatifs pour assiéger le Palais Farnese étaient déjà trop avancés pour permettre à la prudence d'un ministre qui a tant soit peu à cœur l'honneur de son Roi, de l'exposer à cette seconde injure, et d'en attendre le coup. Le prétexte néanmoins de ce dessein était assez léger, et soixante Français au plus qui s'y étaient retirés, comme en leur asile naturel, les uns pour défendre leur chef des insultes des Corses, les autres pour s'empêcher d'être maltraités par la sbirrerie, ne méritaient guère, ce me semble, qu'on fit entrer quatre mille hommes dans Rome; qu'on déclarât un nouveau grand general des armes; qu'on environnât le Palais Farnese de Corps de Garde; qu'on en posât devant ceux de M. le cardinal Antoine, qui est absent, de M. le cardinal d'Este, et de M. le duc Césarin; qu'on interdît aux marchands tout commerce avec les Français; et qu'on défendît au boulanger et au boucher de fournir par jour qu'une certaine quantité de pain et de viande, qui même ne suffisait pas pour la subsistance ordinaire de sa maison.

J'appréhende fort, Madame, et avec raison, que Votre Majesté ne se tienne importunée d'un si long detail de raisonnements sur une affaire fâcheuse de soi-même, et par avance, je lui en demande très humblement pardon. Elle me permettra seulement par sa bonté d'y ajouter encore ce mot: que le Roi sait qu'on tâche de persuader à Sa Sainteté que les colères des Français sont des feux de paille, et qu'il n'y qu'à éluder les mouvements de leur première impetuosité. J'assure Votre Majesté que la suite fera voir qu'on se sera fort abusé de delà en cette opinion sur le sujet d'une jeune monarque aussi sensible au point d'honneur et aussi ferme et éclairé qu'est le nôtre, si on ne le satisfait pleinement et amplement. Et il y a d'ailleurs ici quantité de vieux Romanesques qui savent parfaitement ce que veut dire le terme «del ripiglio», si fréquemment et heureusement pratiqué dans le dernier pontificat, quand en donnant cent bastonnades, et disant de belles paroles, ou feignant de n'être informé de rien lorsqu'on s'en plaignait, on se moquait après, dans la chambre avec les confidents, de la simplicité de ceux qui s'étaient payés de cette monnaie.

Le Roi ira son chemin d'une même teneur sans s'en démentir; il se satisfera de la raison, quand elle lui sera offerte; mais certainement il ne laissera point de tache à son honneur, qu'il veut et est obligé de transmettre à ses successeurs sans flétrissure. Cependant je demeure avec toute la soumission et la passion possible,
Madame,
de Votre Majesté,
très humble et très obéissant serviteur
De Lionne.
A Saint-Germain-en-Laye,
le 15 septembre 1662.

French translation of the Italian note (my own):

Le Très Illustre Cardinal Borghese ira à la maison de Son Excellence pour demander à Sa Sainteté que Sa Majesté excuse et pardonne aux officiers de Sa Sainteté pour l'excès qu'ils ont dans la capture du maître de sa maison, mécontentant l'occasion du dégoût de Sa Majesté, l'assurant que ce n'était pas l'intention de Sa Sainteté d'offenser Sa dite Majesté, ni Son Excellence, et que pour l'avenir Sa Sainteté souhaite que ce soit une bonne et complète correspondance des deux côtés en tout, comme cela a toujours été, et il voit à ce que de tels troubles ne se reproduisent jamais.

Swedish translation of the Italian note (my own):

Den illustraste kardinal Borghese skall gå till Hans Excellens' hus för att be Hans Helighet att Hans Majestät skall ursäkta och förlåta Hans Helighets officerare för överskottet som de har i tillfångatagandet av hans hus' herre, misshagligt vid anledningen av Hans Majestäts avsky, försäkrar honom om att det inte var Hans Helighets avsikt att förolämpa Hans nämnde Majestät, inte heller Hans Excellens, och att Hans Helighet för framtiden önskar att det skall vara en god och fullständig korrespondens från båda sidor i allt, som det alltid har varit, och han ser till att sådana störningar aldrig händer igen.

Swedish translation (my own):

Madam,
För att besvara de två brev som Ers Majestät har gjort mig den äran att skriva till mig, och även följa den befallning, som konungen ger mig att underrätta honom om många andra saker, som Hans Majestät inte haft nöjen att själv fråga Er, skall jag ha det goda innan jag går in i frågor om att försäkra Ers Majestät att det inte finns någon av dem som konungen hedrar med sitt förtroende och sina order som inte är särskilt villig att bara olja snarare än vatten på elden som tänds, och att sålunda Ers Majestät kan besparas besväret att förmana mig till det. Men jag är samtidigt skyldig att låta honom veta, att ingen av hans ministrar har varken vilja eller makt att dölja något för Hans Majestät, och den sistnämnde ännu mindre än den andre, eftersom han av sig själv vet allt så perfekt, att det är meningslöst att antingen överdriva dem, som man klagar över bortom, att några människor från vilka ambassadören tog råd gjorde det förtalande, eller att mildra dem, eftersom man ser att det inte finns någon annan avsikt i Rom, för att minska, om möjligt, storheten av den tillfredsställelse, som är välkänd att tillkomma Hans Majestät över ett så fruktansvärt fall som det, som skedde den 20 augusti, och framför allt vad som gjordes där efter med så många olika medel för att driva ut den ambassadör, innan han kunde ha fått de befallningar som Hans Majestät skickade honom att gå i pension för att sätta hans person i säkerhet. Jag erkänner, madam, att jag inte kan förvånas nog över att så lite har varit känt från bortom egenskaperna i Hans Majestäts sinne, fast, oflexibel, kraftfull, oupphörligt applicerad på affärer och framför allt känslig för den största punkten för saker som rör heder, att man har vågat släppa den (vilket är det ord med vilket man kan tala om det mer gynnsamt) för att låta det göra en så stor anstöt, och att man efter detta fel har lagt till det en andra, kanske ej mindre obehagligt, att tro Hans Majestät kapabel att för all belåtenhet återgälda sig själv med en komplimang och några fina ord. Och för att säga sanningen, vilka prövningar av lidande och tålamod de kunde ha lagt märke till hos Hans Majestät, som hade givit honom fräckheten, inte bara att komma till ett så stort angrepp på hans ära; men att våga göra det minsta som kan skada hans värdighet det minsta? Hade så lång tid förflutit att minnet redan var förlorat av en händelse, eller i ett mycket mindre ämne i alla fall, eftersom han till och med hade skälen å andra sidan, hade Hans Majestät givit ett ganska bländande betygelse till hela Europa som han inte anser blodets närhet, inte heller den ömhet han inspirerar, inte heller tillstånd, inte heller liv, inte heller allmän frid, eller svuren fred, lika med hans ära när han tror att den är sårad.

Om jag inte hade haft ett uttryckligt förbud från konungen att svara på de två långa brev som monsignor kardinal Chigi skrev till mig, skulle jag ha hoppats få honom att med sanningens kraft erkänna att från det ögonblick då befallningen gavs till korsikanerna och sbirri att skjuta på fransmännen, tills ambassadörens avresa från Rom, har vi nästan ingenting gjort där i stort och smått än motsatsen till vad som borde ha varit för konungens respekt.

Jag har läst exakt den memorial som nämnde kardinal riktade till mig om de påstådda överdrifter och provokationer som fransmännen gjort mot korsikanerna, över vilka påvens officerare har fört ett så troget register; om fransmännen hade behållit en sådan, är jag säker på att vi skulle finna saker och ting ganska lika. Men om hela felet var på vår sida, eftersom det högst bestod av några förolämpningar som sagts och återkom, och i några fräcka handlingar av unga människor, skäms jag för Roms hov, att den idag vill ta rätt att ursäkta och minska korsikanernas brott och att lämna det ostraffat. Detta register, madam, ger mycket tydligare att veta avsikten att man var tvungen att hämnas, än det ämne som fransmännen gav om det; ty jag försäkrar Ers Majestät att, förutom den andra artikeln där gränserna för vad som borde ha överskridits (om det är sant i alla dess omständigheter, vilket jag inte kan tro), är alla andra de enda småsaker och avdunstningar av unga hjärnor som försökte roa sig. En fransman, sägs det, tappade en melon, som gick sönder, på en ficktjuv; en annan tvingade en förbipasserande man att dricka; man ville röra vid armen på en kvinna som gick förbi med sin man; man sade någon fräckhet till en tvättarinna; man har betalat en barberare med ett sopa av en kvast; man skjutit stenar mot fönstren på en kurtisan som vägrade öppna hennes dörr; korsikanerna har kallats spioner för påven. Detta, madam, är arten av de artiklar från vilka denna memorial är sammanställd, utan att det minsta blodsutgjutelse syns i någon av dem. Kanske skulle vi kunna utöka föremålen till dem som inte lika väl som jag känner till hur vi lever i Rom och den överseende som påvarna alltid har haft för unga utlänningar. Men eftersom jag har tillbringat sju år där vid olika tillfällen, skulle jag våga svära till Ers Majestät att det aldrig har funnits fjorton dagar i något pontifikat där fransmännen, spanjorerna och tyskarna, jag menar varje nation i dess speciella, har inte ensam begått mer överskott, och i kvalitet och i antal (som vi vill kvalificera dem idag med detta namn) utan att påvarnas rättvisa då var där nästan eftertanke, att det inte finns lögn i detta register i fyra månaders tid som hertigen de Créquy stannade där; hela staden har sett och förblivit överens om att ingen ambassadör någonsin tog mer omsorg än han för att hålla sitt folk och hela nationen i ordning. Och visst visade han väl från Civitavecchia med vilken anda han kom in i Rom, när han för en mycket ringa fräckhet, som han inte skulle ha märkt i Paris, lät kedja en av sina lakejer i galärerna.

Ers Majestät medger, om Ni vill, att jag genom ett exempel, om vilket jag kan tala med grund, eftersom jag var ögonvittne därtill för omkring tjugofem år sedan, låter Er förstå skillnaden mellan de andra pontifikaten därtill med avseende på den goda eller dåliga behandlingen som har givits den franska nationen. I konsistoriumceremonin där påven Urban gav hatten till kardinal Bichi, femtio fransmän som hade följt honom på hans kavalkat, som ville av nyfikenhet gå in med Hans Eminens för att se denna funktion, och påvens schweiziska garde hade vägrat dem tillträde till salen där konsistoriet hölls, och dit Hans Helighets egen person redan hade anlänt, lade fransmännen alla sina svärd i händerna för att tvinga fram dörren. Man såg på ett ögonblick på sin sida femtio svärd utan slid, och på den andra höll schweizarna hellebarden mot magen, beredda att genomborra dem om de hade avancerat. Vad hände med en sådan stor attack som genomfördes fyra steg från påven, som bara var skild från den av en gång? Hans Helighet, först varnad för tumultet, kunde och borde av rättvisa skicka order var man skulle lägga händerna på fransmännen, var man skulle arrestera dem alla för att få dem att ta en kvart senare vid slutet av Sant'Angelo-bron, som de var skyldiga till tusen dödsfall. Men befallningen som Hans Helighet skickade var ett förbud till schweizarna under straff av deras liv att röra vid någon fransman, och ett befallning att släppa in allt det rummet som redan var nästan fullt av dem fortfarande kunde innehålla, och det gjorde han inte nämnt. Idag för vi ett mycket exakt register över några ungdomliga handlingar, inte bara för att kriminalisera dem, utan för att hämnas dem med järn och eld på ambassadörens egen person och på ambassadrisens.

Vill Ers Majestät tillåta mig att svara på vad Ni gör mig äran att berätta för mig, att Rom har gjort allt för att tillfredsställa hertigen de Créquy, utan att något har kunnat mildra honom, jag lägger framför Era ögon vad som verkligen hände, och sedan lägga till några små reflektioner?

Först och främst var monsignor kardinal Chigi vänlig nog att ta sig besväret att besöka ambassadrisen, för att vittna för henne om påvens och hans eget missnöje; men varför inte fråga ambassadören först? Förtjänade han inte denna ära, eftersom de sju eller åtta muskötskotten som avlossades mot honom på balkongen ju varken dödade eller skadade honom? Stor ansträngning för sanningen och tillfredsställelse väl proportionell mot förolämpningen av att vänligt ha hedrat en dam av denna kvalitet som hade blivit mördad med ett besök för att ge henne påvens heliga välsignelse, som det står i anteckningen till och med skriven av nämnde kardinal till monsignor kardinal Azzolino. Under pontifikatet av Paul V, en tjänare till maréchal d'Estrées, som inte ens var en av hans herrar, efter att ha fängslats och snart släppts på klagomål från nämnde maréchal, gjordes detta boende skriftligt.

»L'Illustrissimo Signor Cardinale Borghese anderà in casa di Sua Eccellenza per pregarla da parte di Sua Santità che Sua Maestà scusi, e perdoni alli uffiziali della Santità Sua quello che hanno eccesso nella cattura del suo maestro di casa, dispiacendole l'occasione del disgusto di Sua Maestà, assicurandola che non è stata mente di Sua Santità d'offendere detta Maestà ne Sua Eccellenza e che per l'avvenire Sua Santità desidera che sia una buona intiera corrispondenza d'ambedue le parti in ogni cosa, come è stata sempre, et si avrà l'occhio che simili disordini non arrivino più

Saken utfördes i samma form, och originalet av arrangemanget undertecknat och bestyrkt av monsignor kardinal Bonzi och av fader Coton, en jesuit, överlämnades i händerna på nämnde maréchal, som skickade det till konungen för att dischargeras.

För det andra hade påven redan fängslat tolv av tvåhundra korsikaner, som alla är lika kriminella, på elva dagar; men hans ministrar hade å andra sidan låtit tjugotre av dem fly, av dem som de anses vara de mest skyldiga, även om orsaken till denna distinktion inte tydligt framgår här, eftersom alla utan ordning har investerat ambassadörens palats, invigt enligt internationell lag, och tog vägarna på gatorna för att skjuta mot fransmännen.

För det tredje har ett påbud utfärdats för att återerövra dem som är på flykt; en överflödig eftertanke, för vilken ett barn knappast skulle vilja betala, om det visste, att de alla hållits inlåsta i sina rum en tid, och att det var mycket lättare att beslagta dem, om man hade tänkt det, än att hämta dem ur det tillstånd från vilket de fick plats, och utan tvivel tillhandahöll alla medel för att rädda sig själva.

För det fjärde har en prelaterförsamling blivit deputerad under monsignor kardinal Imperiali för att göra rättvisa åt korsikanernas överdrifter, och de vill till och med få konungen att hävda att de har placerat monsignor Antaldi där, tack vare den väl förkunnade sanningen, och som har redan producerat stora effekter, eftersom rösten från denna goda prelat väger lika mycket som de sju eller åtta andra. Men, madam, hans majestät anser, att denna församlings ledare hellre själv bör underkastas den och underkasta sig den eller någon annan domstol, om han med sin värdighet vill försvara sig mot den. Och ärligt talat, vilket straff kan man förvänta sig av ett brott, hur enormt det än är, när man som domare och som direktör för alla de andra utgör den som, efter att ha släppt tyglarna till de skyldiga, måste vara som en garant för att deras handlande är ostraffat?

Så de har redan upplevt det skydd de fick av det, eftersom församlingen som hade makten att döma dem more belli, fångarna som skulle hängas en kvart senare på Piazza Farnese, hade ingen i sjutton dagars tid (vilket är datumet för de sista breven) annat ont än rädslan. Hela Rom kan dock minnas att för mordet på två vanliga italienska soldater lät påven Urban ta nio korsikaner under tjugofyra timmar. Detta var en veritabel militär dom. Det är sant att två italienska soldater på den tiden var värda mer än vad en ambassadris är idag.

När jag gör denna reflektion, vill Ers Majestät snälla inte dra den konsekvensen att konungen för sin tillfredsställelse inte har något behov av ett blod som är så lågt och så orent som korsikanernas, och inte heller att deras straff kan ingå i någon ersättning av den skadestånd, som tillkommer Hans Majestät för det brott, som hans kungliga värdighet erhållit. Det är en rättvisa som påven är skyldig sig själv, särskilt efter att ha förklarat att han anser att brottet begåtts mot sin egen person. Om likväl en församling på nio kardinaler anser det mer ändamålsenligt att föregå med exempel, än ett brott som för alltid kommer att avskyddas av alla nationer, och som dödligt kränkt Hans Majestäts egen person, skulle förbli ostraffat i Rom, kommer Hans Majestät inte att finna mycket att säga i det och kommer bara att beklaga det stigma som kommer att bli följden av det till Kyrkans ära.

För det femte ställs deputationen för en annan kardinalkongregation inför Hans Majestät för att rådgöra om sätten att tillfredsställa honom. Jag visar så mycket respekt för det lila som de är klädda med att jag inte kommer att säga mer om det förutom att Hans Majestät tillräckligt har insett, genom effekterna, sedan hans upprättande, att det största antalet röster är helt beroende av de minsta rörelserna av Hans Helighets släktingar, bortsett från det faktum att alla tillräckligt väl vet att sådana församlingar som inte är stabila, och vilkas ämnen har valts vid samma tillfälle, snarare bildas för att motivera de resolutioner som redan har fattats, eller som man tänker ta, bara för att på något sätt anpassa sig till sina känslor.

För det sjätte är det överdrivet att det korsikanska kvarteret har ändrats och att det har flyttats en halv liga från ambassadörens palats. Men, madam, på den förutsättning som monsignor kardinal Chigi gör till mig i sitt sista brev att det redan fanns i Farnesepalatset nästan tusen män och vapen av alla slag för att beväpna mer än två tusen, vet ni att denna resolution till att skicka bort korsikanerna togs mer för den förutnämnde ambassadörens säkerhet än för att rädda dem från hans rättvisa förbittring? Det förefaller mig inte som om det ligger stor tapperhet i att säga att tusen fransmän kommer att slå ett hundra och femtio korsikaner, vilket är det antal som kan ha blivit kvar efter deras följeslagares flykt och fängelse; dock är det i denna förändring av korsikanernas kvarter som består av den enda skenbara tillfredsställelse som man gav ambassadören sedan den upprördhet som han fick. Och det finner man i effekten att det var för denna soldats bästa och för den egna säkerheten som den trängdes tillbaka från de möjligheter och de hämndmedel som nämnda herreambassadör kunde ha hämtat från den, så länge det är farligt att bedöma saker utan att tränga bortom deras bark.

Det återstår att tala om den kortfattad, som Hans Helighet har skrivit till konungen, som jag lägger på mitt huvud av aktning och anser den med all möjlig vördnad, och som är så rättvist honom tillkommer; och sannerligen kunde den inte formuleras i termer av större ärlighet, och inte heller bättre uttrycka den bittra sorg som Hans Helighet säger att han kände över det enorma brottet i hans milis. Han har godheten att däri förklara att han anser den förolämpning som gjorts mot konungen vara hans egen, och att han som sådan redan har beordrat att en skyndsam och sträng hämnd skall göras för den, för vilken han har deputerat en församling, där han ställde till och med en prelat i beroende av Hans Majestät och därutöver en annan kardinalförsamling för att råda om hur han kunde tillfredsställa honom. Han ber då Hans Majestät att trösta honom, genom att berätta för honom om sina känslor; och avslutningsvis lovar han att om det finns något kvar att göra som Hans Majestät med rätta kan önska, så kommer han att höra det faderligt och ta emot det med all möjlig sinnesstämning. Detta är de riktiga villkoren för denna sista klausul, som Hans Majestät har haft tillfälle att reflektera djupt över.

Om en offentlig upprördhet mot en stor konung, som endast är depositarie för hans Kronas ära, kunde repareras genom hemliga komplimanger, skulle Hans Majestät kanske i denna korthet ha haft något att börja nöja sig med, förutsatt att effekterna hade noga följt de fina orden, som ännu inte synts. Men, madam, även bland individer som lättare kan ursäkta sig på en hederspunkt för att bli mindre exponerade i sikte, har vi ännu inte sett logi av denna karaktär, där en mördad man har nöjt sig med gottgörelse av en upprördhet över att han helt enkelt fick höra »Jag är ledsen för det.«

Dessutom, den som skulle se detta si quid remanet, som är i slutet av skrivelsen, och inte skulle bli informerad om vad som hittills har hänt i Rom i denna fråga, skulle han inte ha rätt att tro att det redan fanns femtio korsikaner hängd, som många skickade till galärerna, och resten av kåren bruten, med någon ökända notis för hela nationen, varigenom den för alltid skulle förklaras oförmögen att bära vapen i Rom, att där utan ordning och med raseri angripa personer och heliga platser, och vågade slutligen, den vidrigaste skurk på jorden, att angripa majestäten av kristenhetens förste konung och av Kyrkans äldste son.

Om vi ​​hade börjat med den rättvisa som jag nyss sade, hade det funnits någon grund för att kunna skriva, si quid remanet; men jag ber Ers Majestät att överväga vad som föregick denna kortfattad. De hade skickat en komplimang till ambassadören; tolv korsikaner hade fängslats, och tjugotre hade rymt, och skrivelsen har si quid remanet, osv. Om det fortfarande finns något kvar som Ni med rätta kan önska av oss, lovar vi inte att göra det, men att det kommer att bli hört och tagit emot faderligen.

Kan det falla någon god katolik in att det var Hans Helighets avsikt, som är god och rättvis, att använda konstiga termer i en så allvarlig sak? Och är det inte, madam, som hans ministrar, som har ämbetssekreteraren till sitt förfogande, ville lägga hån till anstöt? Kommer Ers Majestät för övrigt inte att erkänna att detta ord »rättvist« måste skada en konung som bara felaktigt kan misstänkas för att vilja hävda orättvisa saker? Men nämnde sekreterare ägnade mycket mindre uppmärksamhet åt detta övervägande än att införa ett ord, varigenom han trodde sig lösa nämnda ministrar i verkligheten genom att begå dem till utseendet, på grund av den tolkning som de kan ge åt detta ord, om vi ville pressa dem på detta löfte. Jag kan dock säga att det var en mycket överflödig försiktighetsåtgärd, eftersom Hans Majestät säkerligen aldrig kommer att agera postulant i denna fråga.

Jag är mycket ledsen, madam, att vara tvungen att berätta för Ers Majestät, för vilken jag varken bör eller vill dölja något, att konungen ansåg detta kort inte så mycket som ett brev, som hade skrivits till honom för att ge honom tillfredsställelse, som den innehåller inget, inte ens löftet att ge det, utan som ett stycke som man trodde kunde tjäna som ett manifest i hela kristendomen, att frigöra sig från en handling som i sig är ohållbar, genom att avsky den i ord, utan att tukta den i effekt. Resultatet kommer att visa om Hans Majestät tog fel i denna dom.

Jag kommer nu, madam, till punkten av ambassadörens föregivna beväpning, över vilken nuntius högt klagade för mig i det möte, som konungen tillät mig att ha med sig den 9 i innevarande månad. Jag försäkrade först nämnde nuntien, att ämnet för detta klagomål snart skulle upphöra med ankomsten av den order, som Hans Majestät hade sänt till ambassadören att dra sig tillbaka från Rom och till och med lämna alla Kyrkliga Staterna, att jag dock kunde svara honom för att försäkra honom om sin rädsla för att ambassadören inte hade för avsikt att ta Rom, inte heller att orsaka den minsta oordning där som kunde störa resten av Hans Helighet och lugnet hos invånarna i en stad som gav honom tecken på hans tillgivenhet i detta möte, av den avsky som han gjorde så offentlig och så allmän av korsikanernas agerande, och av det missnöje som han vittnade om deras straffrihet. Att om ambassadören gick bättre åtföljd än vanligt, så gjorde han det bara för sitt eget försvar, vilket är hans naturliga rätt, och för att inte förbli utsatt för nya förolämpningar från samma barbarers raseri som hade velat mörda honom, och madam ambassadrissen, utan någon annan uppenbar orsak än att i en tvist mellan två fransmän som inte tillhörde hans familj, med tre korsikaner, en av dem hade fått ett lätt sår.

Nuntien svarade att han, förutom att Hans Helighet hade tagit bort korsikanernas kvarter en halv liga från palazzo Farnese, hade han också erbjudit sig att ge sitt ord till ambassadören att han inte skulle ha något mer att frukta från dem.

Jag kommer att svara, madam, att den förutnämnde ambassadören skulle ha haft mycket fel att inte anförtro sig helt och hållet till detta ord om han inte uppenbarligen hade insett, och hela Rom med honom, att Hans Helighet inte var i stånd att hålla det för honom så länge eftersom korsikanerna var i staden, i vilket kvarter de än trängdes tillbaka. Att då konungen inte skulle vilja försäkra sig om att fransmännen i förbittring över deras sista barbari inte förargade dem och kanske attackerade när de mötte dem avskilda från deras kår, så kunde Hans Helighet inte heller svara att dessa rånar, på det minsta händelsen och mot hans vilja, gjorde någon ny förolämpning mot ambassadören och ambassadrissen på gatorna, varefter vi kanske ändå vill betala för den enkla ursäkten att vi inte kunde ha kunnat tro det, och att vi är mycket ledsna. Att trakten, där de för närvarande befinner sig, ehuru aflägsen, icke underlåter att vara mycket bebodd, och följaktligen att ambassadören och ambassadrissen ofta skulle få tillfälle att närma sig det eller att gå igenom det för konungens angelägenheter eller för deras besök, och att han lät det bedömas av nämnda nuncio om det varken var hedervärt för konungen, eller av anständighet och rättvisa, att de båda utan slut var utsatta för gottfinnande av människor som påvens egna ministrar kallar »gente feroce, intrattabile ed bestiale

Och eftersom nuntien fortfarande insisterade på att vilja hävda, av svaga skäl, att påvens enda ord, förenat med hans auktoritet, var tillräckligt för ambassadörens hela säkerhet, var det ganska lätt för mig att förstöra denna falska maxim, genom detta enda ord, att påvens auktoritet, på ingen dag av hans pontifikat, i framtiden kan vara större i Rom än den var den 20 augusti, och inte heller skyldigheten att ge säkerhet åt ambassadörerna mer uttrycklig, utan ord som Hans Helighet kunde ge, än var det redan samma 20 augusti genom nationernas ensamrätt som även barbarer respekterar och iakttar.

Det återstår bara för mig, madam, att säga ett ord om ambassadörens avgång från Rom, som anlände den första i innevarande månad. Det råder ingen tvekan om att det beslut han fattade var mycket i överensstämmelse med konungens avsikter, eftersom Hans Majestät redan hade sänt honom ordern, väl medveten om att han inte längre kunde vistas där säkert. Men faktum är mycket förändrat och mycket förvärrat. Ty det är ju stor skillnad mellan att bli återkallad från Rom av sin herre, eller att jagas bort från det av belägring och svält. Förberedelserna för att belägra palazzo Farnese var redan för långt framskridna för att tillåta klokheten hos en minister som till och med har sin konungs ära i hjärtat, att utsätta honom för denna andra förolämpning och invänta slaget. Ändå var förevändningen för denna utformning ganska lätt, och högst sextio fransmän som hade dragit sig tillbaka där, som i deras naturliga asyl, några för att försvara sin hövding från korsikanernas förolämpningar, andra för att hindra sig själva från att bli illa behandlade av sbirri, förtjänade knappast, synes mig, att fyra tusen män fördes till Rom; att en ny storvapengeneral skulle förklaras; att palazzo Farnese omges av vakter; låt dem placeras framför kardinal Antonio, som är frånvarande, av kardinal d'Este och hertig Cesarino; att köpmän förbjuds all handel med fransmännen; och att bagaren och slaktaren skulle förbjudas att tillhandahålla mer än en viss mängd bröd och kött per dag, vilket inte ens räckte till hans hushålls vanliga uppehälle.

Jag är mycket orolig, madam, och med goda skäl, att Ers Majestät kommer att besväras av en så lång detalj av resonemang om en olycklig affär av Er, och på förhand ber jag mycket ödmjukt Er förlåtelse. Ni tillåter mig bara genom Er vänlighet att lägga till detta ord: att konungen vet att vi försöker övertyga Hans Helighet att fransmännens ilska är en blixt i pannan, och att det bara finns att undkomma deras första häftighetsrörelser. Jag försäkrar Ers Majestät att det som följer skall visa att vi i denna åsikt kommer att ha tagit stor fel i ämnet om en ung monark så känslig till hedern och så fast och upplyst som vår är, om man tillfredsställer honom fullt och rikligt. Och för övrigt finns det gott om gamla romaner här som mycket väl vet vad termen »del ripiglio« betyder, så ofta och gärna utövade i det sista pontifikatet, när de ger hundra spetsar och säger vackra ord eller låtsas vara informerade om ingenting när man klagade på det, skrattade man efteråt, i rummet med de förtrogna, om enkelheten hos dem som hade betalat för denna valuta.

Konungen kommer att gå sin väg med samma tenor utan att förneka det; han kommer att vara nöjd med förnuftet, när det erbjuds honom; men visst kommer han inte att lämna någon fläck på sin heder, som han önskar och är skyldig att överföra till sina efterträdare utan vanära. Emellertid förblir jag, med all möjlig underkastelse och passion,
Madam,
Ers Majestäts
ödmjukaste och lydigaste tjänare
De Lionne.
Saint-Germain-en-Laye,
den 15 september 1662.

English translation (my own):

Madame,
To reply to the two letters which Your Majesty has done me the honour of writing to me, and also to comply with the order which the King gives me to inform him of many other things which His Majesty has not had the leisure of asking you himself, I shall have the good before entering into matters of assuring Your Majesty that there is none of those whom the King honours with his confidence and his orders who is not very willing to only oil rather than water on the fire which is kindled, and that thus Your Majesty can be spared the trouble of exhorting me to it. But I am obliged at the same time to let him know that none of his ministers has either the will or the power to hide anything from His Majesty, and the latter even less than the other, because he knows from himself all things so perfectly that it is useless either to exaggerate them, as one complains of beyond, that some people from whom the ambassador took advice did it slanderously, or to extenuate them, as it is seen that there is no other intention in Rome, in order to lessen, if possible, the greatness of the satisfaction which is well known to be due to His Majesty on a case as atrocious as that which happened on the 20th of August, and above all what was done there afterwards by so many different means to drive out the ambassador, before he could have received the orders that His Majesty sent him to retire to put his person in safety. I confess, Madame, that I cannot be astonished enough that so little has been known from beyond the qualities of His Majesty's mind, firm, inflexible, vigorous, incessantly applied to affairs, and above all sensitive to the greatest point to things that touch honour, that one has dared to let go of it (which is the term by which one can speak of it more favourably) to allow it to do such a great offense, and that after this fault one has added to it a second, perhaps no less displeasing, to believe His Majesty capable of repaying himself, for all satisfaction, with a compliment and a few fine words. And to tell the truth, what trials of suffering and patience could they have noticed in His Majesty which had given him the audacity, not only to come to such a great attack on his honour; but to dare to do the slightest thing that can injure his dignity in the slightest? Had so much time elapsed that memory was already lost of one incident, or on a much lesser subject anyway, since he even had the reasons on the other hand, His Majesty had given quite a dazzling mark to all of Europe that he does not consider the closeness of blood, nor the tenderness he inspires, nor states, nor life, nor public peace, nor sworn peace, equal to his honour when he believes it to be hurt.

If I had not had an express prohibition from the King to reply to the two long letters that Monsignor Cardinal Chigi wrote to me, I would have hoped to make him confess by force of truth that from the moment of the order given to the Corsicans and the Sbirri to fire on the French, until that of the ambassador's departure from Rome, we have done almost nothing there in all things big and small than the opposite of what should have been for the respect of the King.

I have read exactly the memorandum that the said Cardinal addressed to me of the alleged excesses and provocations made by the French toward the Corsicans, of which the officers of the Pope have kept such a faithful register; if the French had kept one like it, I am sure that we would find things fairly equal. But if the whole fault were on our side, as it consisted at most only of a few insults said and returned, and in a few cheeky acts of young people, I am ashamed for the Court of Rome, that it wants to today take the right to excuse and lessen the crime of the Corsicans, and to leave it unpunished. This register, Madame, gives much more clearly to know the intention that one had to take revenge, than the subject that the French gave of it; for I assure Your Majesty that, except for the second article where the limits of what should have been exceeded (if it is true in all its circumstances, which I cannot believe), all the rest are the only trifles and evaporations of young brains which sought to amuse themselves. A Frenchman, it is said, dropped a melon, which broke, onto a pickpocket; another forced a passing man to drink; one wanted to touch the arm of a woman who was passing with her husband; one said some insolence to a washerwoman; one has paid a barber with a sweep of a broom; one shot stones at the windows of a courtesan who refused to open her door; the Corsicans have been called spies for the Pope. This, Madame, is the nature of the articles from which this memorandum is compiled, without the slightest bloodshed being seen in any of them. Perhaps we could enlarge the objects to those who do not know as well as I the way in which we live in Rome, and the indulgence that the Popes have always had for young foreigners. But as I have spent seven years there on various occasions, I would dare to swear to Your Majesty that there has never been a fortnight of time in any pontificate where the French, the Spaniards, and the Germans, I mean each nation in its particular, has not committed alone more excess, and in quality and in number (as we want to qualify them today by this name) without the justice of the Popes of then being there almost fact of reflection, that there are not lying in this register in four months of time that the Duke de Créquy stayed there; the whole town having seen, and remaining in agreement, that no ambassador ever took more care than he to contain his people, and the whole nation in order. And certainly he showed well from Civitavecchia with what spirit he entered Rome, when, for a very slight insolence, which he would not have noticed in Paris, he had one of his lackeys chained in the galleys.

Your Majesty will agree, if you please, that by an example of which I can speak with foundation, since I was an eyewitness to it about twenty-five years ago, I make you understand the difference of the other pontificates to it with regard to the good or bad treatment that has been given to the French nation. In the Consistory ceremony where Pope Urban gave the hat to Cardinal Bichi, fifty Frenchmen who had accompanied him on his cavalcate, wanting to enter with His Eminence to see this function out of curiosity, and the Pope's Swiss Guard having refused them entry to the room where the Consistory was held, and where His Holiness's own person had already arrived, the French all put their swords in their hands to force the door. One saw in an instant on their side fifty unsheathed swords, and on the other the Swiss holding the halberd to their stomachs, ready to pierce them if they had advanced. What happened to such a great attack undertaken four paces from the Pope, who was only separated from it by a mere aisle? His Holiness, first warned of the tumult, could and should by justice send orders where to lay hands on the French, where to arrest them all to make them take a quarter of an hour later at the end of the Sant'Angelo Bridge, as they were guilty of a thousand deaths. However, the order which His Holiness sent was a prohibition to the Swiss on pain of their life to touch any Frenchman, and a command to let in all that the room which was already almost full of them could still contain, and he did not was never mentioned. Today we keep a very exact register of some youthful actions, not only to criminalise them, but to avenge them by iron and fire on the ambassador's own person, and on that of the ambassadress.

Will Your Majesty allow me to reply to what you are doing me the honour of telling me, that Rome has made every effort to satisfy the Duke de Créquy, without anything having been able to soften him, I put before your eyes what really happened, and then add a few small reflections?

Firstly, Monsignor Cardinal Chigi was kind enough to take the trouble to visit the Ambassadress, to testify her the Pope's displeasure and his own; but why not ask the Ambassador first? Did he not deserve this honour, because the seven or eight musket shots which were fired at him on the balcony neither killed nor wounded him? Great effort to the truth, and satisfaction well proportioned to the insult of having kindly honoured with a visit a lady of this quality who had been assassinated, to bring her the holy blessing of the Pope, as says the note even written by the said Cardinal to Monsignor Cardinal Azzolino. During the pontificate of Paul V, a servant of the Maréchal d'Estrées, who was not even one of his gentlemen, having been imprisoned and soon released on the complaints of the said Maréchal, this accommodation was made in writing.

"The Most Illustrious Cardinal Borghese will go to His Excellency's house to ask His Holiness that His Majesty excuse, and forgive the officers of His Holiness for the excess they have in the capture of his house's master, displeasing the occasion of the disgust of His Majesty, assuring him that it was not His Holiness's intention to offend His said Majesty, nor His Excellency, and that for the future His Holiness wishes it to be a good and complete correspondence of both sides in everything, as it has always been, and he see to it that such disorders never happen again."

The thing was carried out in the same form, and the original of the arrangement signed and attested by Monsignor Cardinal Bonzi, and by Father Coton, a Jesuit, was delivered into the hands of the said Maréchal, who sent it to the King for his discharge.

Secondly, the Pope had already imprisoned twelve out of two hundred Corsicans, who are all equally criminals, in eleven days' time; but his ministers had on the other hand had twenty three of them escape, of those whom they qualify as the most culpable, although the reason for this distinction is not clearly seen here, since all without order have invested the Palace of the ambassador, consecrated by international law, and took the avenues of the streets to fire on the French.

Thirdly, an edict has been issued to recapture those who are on the run; a superfluous afterthought for which a child would scarcely want to pay if he knew that they had all been kept locked up in their quarters for some time, and that it was much easier to seize them, if one had intended to, than to collect them out of the state from which they were given place, and doubtless furnished all the means of saving themselves.

Fourthly, a congregation of prelates has been deputed under Monsignor the Cardinal Imperiali to do justice to the excesses of the Corsicans, and they even want to make the King assert that they have put Monsignor Antaldi there, thanks to the truth well announced, and which has already produced great effects, because the voice of this good prelate weighs as much as the seven or eight others. But, Madame, His Majesty believes that the head of this congregation should rather himself be subject to it, and subject to answer to it or to some other tribunal if he wishes to defend himself against it by his dignity. And, to tell the truth, what punishment can one expect from a crime, however enormous it may be, when one constitutes as judge and as director of all the others, the very one who, having released the reins to the culprits, must be as a guarantor of the impunity of their action?

So they have already experienced the protection they received from it, since the congregation having the power to judge them more belli, the prisoners who were to be hanged a quarter of an hour later in Piazza Farnese, had no seventeen days of time (which is the date of the last letters) other evil than that of fear. All Rome, however, can remember that for the murder of two ordinary Italian soldiers, Pope Urban had nine Corsicans taken in twenty-four hours. This was a veritable military judgement. It is true that two Italian soldiers in those days were worth more than an ambassadress is today.

When I make this reflection, Your Majesty will please not draw from it, the consequence that the King has no need, for his satisfaction, of a blood so low and so impure as that of the Corsicans, nor that their punishment can enter into any compensation of the reparation which is due to His Majesty for the offense which his royal dignity has received. It is a justice that the Pope owes to himself, particularly after declaring that he regards the offense as being done to his own person. If, nevertheless, a congregation of nine cardinals deem it more expedient to set an example, than a crime which will be forever detested by all nations, and which mortally offended His Majesty's own person, should go unpunished in Rome, His Majesty will not find much to say in it and will only be sorry for the stigma that will result from it to the honour of the Church.

Fifthly, the deputation of another congregation of cardinals is brought before His Majesty to consult on the means of satisfying him. I pay so much respect to the purple with which they are clothed that I will say no more about it except that His Majesty has sufficiently recognised, by the effects, since his establishment, that the greatest number of votes is entirely dependent on the slightest movements of the relatives of His Holiness, apart from the fact that everyone knows well enough that such assemblies which are not stable, and whose subjects have been chosen on the same occasion, are formed rather to justify the resolutions which have been already taken, or which one intends to take, only to conform in any way to their feelings.

Sixthly, it is exaggerated that the Corsican quarter has been changed, and that it has been moved half a league from the palace of the Ambassador. But, Madame, on the presupposition that Monsignor Cardinal Chigi makes to me in his last letter that there were already in the Farnese Palace nearly a thousand men, and weapons of all kinds to arm more than two thousand, do you know that this resolution to send the Corsicans away was taken more for the safety of the aforesaid Ambassador than to save them from his just resentment? It does not seem to me that there is great bravery in saying that a thousand Frenchmen will beat a hundred and fifty Corsicans, which is the number that may have remained after the escape and imprisonment of their companions; however, it is in this change of the quarter of the Corsicans that consists the only apparent satisfaction which one gave to the Ambassador since the outrage which he received. And it is found in the effect that it was for the good and for the own safety of this soldiery that it was pushed back from the opportunities and the means of revenge that the said gentleman ambassador could have drawn from it, as long as it is dangerous to judge things without penetrating beyond their bark.

It remains to speak of the brief which His Holiness has written to the King, which I place on my head out of respect, and consider it with all possible veneration, and which is so justly due to him; and indeed it could not be framed in terms of greater honesty, nor better expressing the bitter grief which His Holiness says he felt at the enormity of the crime of his militia. He has the goodness to declare therein that he considers the insult done to the King to be his own, and that as such, he has already ordered that a prompt and severe vengeance be done for it, for which he has deputed a congregation, where he even placed a prelate dependent on His Majesty, and besides that another congregation of cardinals to advise on the means of satisfying him. He then begs His Majesty to console him, by telling him of his feelings; and in conclusion, he promises that if there is anything left to be done which His Majesty may justly desire, he will hear it paternally and receive it with all possible disposition of mind. These are the proper terms of this last clause, on which His Majesty has had occasion to reflect deeply.

If a public outrage done to a great King, who is only the depositary of the honour of his Crown, could be repaired by secret compliments, His Majesty would perhaps have had in this brief something to begin to content himself with, provided that the effects had closely followed the fine words, which has not yet been seen. But, Madame, even among individuals who can more easily excuse themselves on a point of honour, in order to be less exposed in sight, we have not yet seen accommodations of this nature, where a murdered man has contented himself for the reparation of an outrage that he was simply told, "I'm sorry about that."

Moreover, whoever would see this si quid remanet, which is at the end of the brief, and would not be informed of what has happened so far in Rome in this matter, would he not be right to to believe that there were already fifty Corsicans hanged, as many sent to the galleys, and the rest of the Corps broken, with some infamous note for the whole nation, by which it would be declared forever incapable of bearing arms in Rome, to have there without order and with fury attacked persons and sacred places, and finally dared, the vilest scoundrel on earth, to attack the Majesty of the first King of Christendom, and of the eldest son of the Church.

If we had begun with the justice that I have just said, there would have been some basis for being able to write, si quid remanet; but I beg Your Majesty to consider what preceded this brief. They had sent a compliment to the ambassador; twelve Corsicans had been imprisoned, and twenty-three had escaped, and the brief has si quid remanet, etc. If there is still something left that you can justly desire from us, we do not promise to do it, but that it will be heard and received paternally.

Can it occur to any good Catholic that it was the intention of His Holiness, who is good and just, to use specious terms in so serious a matter? And is it not, Madame, that his ministers, who have the secretary of briefs at their disposal, wanted to add mockery to offense? Besides, will Your Majesty not admit that this word "justly" must hurt a King, who can only be wrongly suspected of wanting to claim unjust things? But the said secretary paid much less attention to this consideration than to inserting a word, by which he believed to release the said ministers in effect by committing them in appearance, because of the interpretation that they can give to this word, if we wanted to press them on this promise. I can say, however, that it was a very superfluous precaution, because His Majesty will certainly never act as a postulant in this matter.

I am very sorry, Madame, to be obliged to tell Your Majesty, from whom I neither should nor wish to conceal anything, that the King considered this brief not so much as a letter that had been written to him to give him satisfaction, as it contains none, nor even the promise to give it, but as a piece that one believed could serve as a manifesto in all Christianity, to exculpate oneself from an action which is in itself unsustainable, by detesting it in words, without chastising it in effect. The result will show whether His Majesty was mistaken in this judgment.

I come now, Madame, to the point of the pretended armament of the Ambassador, of which the Nuncio complained loudly to me in the meeting which the King permitted me to have with him on the 9th of the current month. I first assured the said Nuncio that the subject of this complaint would soon cease with the arrival of the order which His Majesty had sent to the ambassador to withdraw from Rome, and even to leave all the Ecclesiastical States, that, however, I could answer him to reassure him of his fears that the Ambassador had no intention of taking Rome, nor of causing the slightest disorder there which could disturb the rest of His Holiness and the tranquility of the inhabitants of a city which gave him signs of his affection in this meeting, by the detestation which he made so public and so general of the action of the Corsicans, and by the displeasure which he testified to their impunity. That if the Ambassador walked better accompanied than usual, he did so only for his own defense, which is his natural right, and so as not to remain exposed to new insults from the fury of the same barbarians who had wanted to assassinate him, and Madame the Ambassadress, without any other apparent cause than because in a dispute between two Frenchmen who were not of his family, with three Corsicans, one of them had received a slight wound.

The Nuncio replied that, in addition to the fact that His Holiness had removed the Corsicans' quarter half a league from the Palazzo Farnese, he had also offered to give his word to the ambassador that he would have nothing more to fear from them.

I will reply, Madame, that the aforesaid Ambassador would have been very wrong not to confide entirely in this word if he had not obviously recognised, and all Rome with him, that His Holiness was not in a condition to hold it to him as long as the Corsicans were in the city, in whatever quarter they were pushed back. That as the King would not want to ensure that the French, in resentment of their last barbarism, did not annoy them, and perhaps attack when they met them separated from their Corps, His Holiness could not answer either that these brutes, on the slightest incident and against his will, made some new insult against the Ambassador and the Ambassadress in the streets, after which we might still want to pay for the simple excuse that we could not have been able to believe it, and that we are very sorry. That the district where they are at present, although remote, does not fail to be very inhabited, and consequently that the Ambassador and the Ambassadress would often have occasion to approach it, or to pass through it for the King's affairs or for their visits, and that he left it to be judged by the said Nuncio whether it was neither honourable to the King, nor of propriety and justice, that they were both without end exposed to the discretion of people whom the Pope's own ministers call "gente feroce, intrattabile, ed bestiale."

And as the Nuncio still insisted on wanting to maintain, for feeble reasons, that the sole word of the Pope, joined to his authority, was sufficient for the entire safety of the Ambassador, it was quite easy for me to destroy this false maxim, by this single word, that the authority of the Pope, on no day of his pontificate, can in the future be greater in Rome than it was on the 20th of August, nor the obligation to give security to the ambassadors more express, by no word His Holiness could give, than it was already on the same August 20th by the sole right of nations that even barbarians respect and observe.

It only remains for me, Madame, to say a word about the departure from Rome of the Ambassador, who arrived on the first of the current month. There can be no doubt that the resolution he took was very much in keeping with the King's intentions, since His Majesty had already sent him the order, knowing full well that he could no longer remain there safely. But the fact is much changed and much aggravated. For there is a great difference between being recalled from Rome by one's master, or being driven from it by siege and famine. The preparations to besiege the Palazzo Farnese were already too far advanced to allow the prudence of a minister who has the honour of his King even remotely at heart, to expose him to this second insult, and await the blow. Nevertheless, the pretext for this design was rather light, and sixty Frenchmen at most who had retired there, as in their natural asylum, some to defend their chief from the insults of the Corsicans, others to prevent themselves from being ill-treated by the Sbirri, hardly deserved, it seems to me, that four thousand men were brought into Rome; that a new grand general of arms should be declared; that the Palazzo Farnese be surrounded by guards; let them be placed in front of those of Cardinal Antonio, who is absent, of Cardinal d'Este, and of Duke Cesarino; that merchants be forbidden all commerce with the French; and that the baker and the butcher should be forbidden to provide more than a certain quantity of bread and meat per day, which was not even sufficient for the ordinary subsistence of his household.

I am very apprehensive, Madame, and with good reason, that Your Majesty will be bothered by such a long detail of reasoning on an unfortunate affair of yours, and in advance, I very humbly ask your forgiveness. You will allow me only by your kindness to add this word: that the King knows that we are trying to persuade His Holiness that the anger of the French is a flash in the pan, and that there is only to elude the movements of their first impetuosity. I assure Your Majesty that what follows will show that we will have been greatly mistaken in this opinion on the subject of a young monarch as sensitive to the point of honour and as firm and enlightened as ours is, if one satisfies him fully and amply. And for the rest, there are plenty of old Romanesques here who know perfectly well what the term "del ripiglio" means, so frequently and happily practiced in the last pontificate, when giving a hundred canings, and saying fine words, or pretending to be informed of nothing when one complained of it, one laughed afterwards, in the room with the confidants, of the simplicity of those who had paid for this currency.

The King will go his way with the same tenor without denying it; he will be satisfied with reason, when it is offered to him; but certainly he will leave no stain on his honour, which he wishes and is obliged to transmit to his successors without stigma. In the meantime I remain, with all possible submission and passion,
Madame,
Your Majesty's
most humble and most obedient servant
De Lionne.
Saint-Germain-en-Laye,
September 15, 1662.


Above: Kristina.


Above: King Louis XIV of France.


Above: Pope Alexander VII.


Above: Hugues de Lionne.

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