Lettres du cardinal Mazarin pendant son ministère: tome VI, septembre 1653-juin 1655, page 413, published by M. A. Chéreul, 1890
https://books.google.com/books?id=9zAMAQAAMAAJ&newbks=1&newbks_redir=0&dq=reyne+christine+de+suede+lettre&source=gbs_navlinks_s
The letter excerpt:
Paris, 25 décembre 1654.
... Rien ne pouvoit estre plus judicieux ny plus veritable que ce que ce roy [d'Espagne] vous a dict touchant la paix et l'estat de nos affaires. A n'en juger que suivant la prosperité dont Dieu les a besnies et les suites qu'apparemment une telle prosperité doit avoir, nous ne devons [pas] estre en impatience qu'elle se fasse; mais aussi qui sçaura que, dans la verité, nous sommes touchez de ce que nous souffrons et [de ce] que nos ennemis et nos voysins mesmes souffrent de la continuation de la guerre, croira facilement que nous la voudrions voir terminée, et qu'elle se termineroit si les Espagnols s'y portoient avec la mesme sincerité et y marchoient du mesme pied que nous, ainsi que ce prince le juge fort bien. Ce sont des sentimens, quoyque fort veritables, comme j'ay dict, fort obligeans encore pour la France, et je ne manqueray pas de les faire sçavoir au Roy et de luy faire considerer combien il est obligé d'en avoir des reciproques, comme asseurement il les a, pour un si bon frere et allié.
Les lumieres de son esprit paroissent en toutes choses, mais particulierement en ce qu'il a jugé que c'estoit l'Archiduc qui avoit convié la reyne Christine d'envoyer le comte Tott en France. Il peut inferer par là ce qu'il y est venu faire; il nous a donné pourtant à entendre que ce voyage ne seroit pas desagreable à Sa Majesté et qu'il en attendoit les lettres pour l'authoriser. Nous n'avons pas laissé de le bien traiter, et comme un sujet de ce roy et un senateur de son royaume, et à cause que, pour le particulier de sa personne, il paroist avoir de l'esprit & estre homme d'honneur.
Au reste, le mesme prince ne s'est point trompé lorsqu'il vous a dict que les Espagnols tromperoient la reyne Christine. Ils ne la tromperont pas seulement, mais ils en abusent et ils la font servir d'organe pour manifester leurs passions, que certains respects les obligent de tenir cachées eux-mesmes, comme il est arrivé tout fraischement en une lettre qu'elle a escrite à M. Chanut, ou plustost en une invective qu'elle luy a envoyée contre la France, et cela sur un esclaircissement qu'il avoit faict sur ce qu'on lui imputoit mal à propos que le sujet de la visite qu'il luy avoit rendue estoit pour la prier de s'entremettre à faire la paix entre les deux couronnes. Je vous proteste, et vous en pouvez bien asseurer ce prince, que nous ne sommes point touchez d'autre sentiment que de celuy qu'il en concevra, qui est de la douleur qu'il aura de voir qu'une personne, qui luy est si proche et à laquelle il a une si grande obligation, soit si peu respectée des Espagnols, que de la porter à un procedé qui est si peu digne d'elle.
Je ne vous en dis point davantage; vous en apprendrez peut-estre plus par les lettres de M. Chanut. ...
With modernised spelling:
Paris, 25 décembre 1654.
... Rien ne pouvait être plus judicieux ni plus véritable que ce que ce roi [d'Espagne] vous a dit touchant la paix et l'état de nos affaires. A n'en juger que suivant la prospérité dont Dieu les a bénies et les suites qu'apparemment une telle prospérité doit avoir, nous ne devons pas être en impatience qu'elle se fasse; mais aussi qui saura que, dans la vérité, nous sommes touchés de ce que nous souffrons et de ce que nos ennemis et nos voisins-mêmes souffrent de la continuation de la guerre, croira facilement que nous la voudrions voir terminée, et qu'elle se terminerait si les Espagnols s'y portaient avec la même sincérité et y marchaient du même pied que nous, ainsi que ce prince le juge fort bien. Ce sont des sentiments, quoique fort véritables, comme j'ai dit, fort obligeants encore pour la France, et je ne manquerai pas de les faire savoir au Roi et de lui faire considérer combien il est obligé d'en avoir des reciproques, comme assurement il les a, pour un si bon frère et allié.
Les lumières de son esprit paraissent en toutes choses, mais particulièrement en ce qu'il a jugé que c'était l'Archiduc qui avait convié la reine Christine d'envoyer le comte Tott en France. Il peut inférer par là ce qu'il y est venu faire; il nous a donné pourtant à entendre que ce voyage ne serait pas désagréable à Sa Majesté et qu'il en attendait les lettres pour l'autoriser. Nous n'avons pas laissé de le bien traiter, et comme un sujet de ce roi et un sénateur de son royaume, et à cause que, pour le particulier de sa personne, il paraît avoir de l'esprit et être homme d'honneur.
Au reste, le même prince ne s'est point trompé lorsqu'il vous a dit que les Espagnols tromperaient la reine Christine. Ils ne la tromperont pas seulement, mais ils en abusent et ils la font servir d'organe pour manifester leurs passions, que certains respects les obligent de tenir cachées eux-mêmes, comme il est arrivé tout fraîchement en une lettre qu'elle a écrite à M. Chanut, ou plutôt en une invective qu'elle lui a envoyée contre la France, et cela sur un éclaircissement qu'il avait fait sur ce qu'on lui imputait mal à propos que le sujet de la visite qu'il lui avait rendue était pour la prier de s'entremettre à faire la paix entre les deux Couronnes. Je vous proteste, et vous en pouvez bien assurer ce prince, que nous ne sommes point touchés d'autre sentiment que de celui qu'il en concevra, qui est de la douleur qu'il aura de voir qu'une personne, qui lui est si proche et à laquelle il a une si grande obligation, soit si peu respectée des Espagnols, que de la porter à un procédé qui est si peu digne d'elle.
Je ne vous en dis point davantage; vous en apprendrez peut-être plus par les lettres de M. Chanut. ...
Swedish translation (my own):
Paris, den 25 december 1654.
... Ingenting kan vara mer klokt eller mer sant än vad denne konung [av Spanien] har sagt till Er angående fred och tillståndet i våra angelägenheter. Att endast döma efter det välstånd som Gud välsignat dem med och de konsekvenser som ett sådant välstånd tydligen måste få, bör vi inte vara otåliga på att det skall ske; men också vem vet att vi i sanning berörs av vad vi lider och av vad våra fiender och våra grannar själva lider av krigets fortsättning, kommer lätt att tro att vi skulle vilja se det slutat och att det skulle sluta om spanjorerna gick dit med samma uppriktighet och marscherade med samma fotfäste som vi, som denne furste mycket väl bedömer. Dessa är känslor, fastän mycket verkliga, som jag har sagt, fortfarande mycket förpliktigade för Frankrike, och jag kommer inte att underlåta att låta konungen veta dem och få honom att överväga hur mycket han är skyldig att ha ömsesidighet till dem, så säker på att han har dem, för en så god broder och bundsförvant.
Hans sinnes ljus framträder i allt, men särskilt genom att han bedömde att det var ärkehertigen som hade bjudit in drottning Kristina att skicka greve Tott till Frankrike. Han kan härav sluta sig till vad han kom dit för att göra; han gav oss emellertid att förstå att denna resa inte skulle vara obehaglig för Hennes Majestät och att han väntade på brev som bemyndigade den. Vi har inte misslyckats med att behandla honom väl, och som en undersåte av denne konung och en rådsman i hans rike, och därför att han, för hans persons särskilda skull, verkar ha ande och vara en hedersman.
Dessutom tog inte samme fursten sig fel när han berättade att spanjorerna skulle lura drottning Kristina. De kommer inte bara att lura henne, utan de misshandlar henne och de får henne att tjäna som ett organ för att manifestera sina passioner som vissa hänseenden tvingar dem att själva hålla gömda, vilket hände alldeles nyligen i ett brev som hon skrev till monsieur Chanut, eller snarare i ett invektiv som hon sände honom mot Frankrike, och att på ett klargörande han gjort om vad som orättligen tillskrivits honom, eftersom föremålet för det besök han gjort hos henne var att be henne att medla i fred mellan de båda Kronorna. Jag försäkrar Er, och Ni kan försäkra den här fursten om det, att vi inte berörs av någon annan känsla än den som han kommer att föreställa sig av det, vilket är smärtan han kommer att ha av att se att en person som står honom så nära och mot vilken han har en så stor skyldighet, respekteras så lite av spanjorerna, att föra henne till ett förfarande som är så ovärdigt henne.
Jag skall inte berätta mer om detta; Ni kanske förnimma mer av Monsieur Chanuts brev. ...
English translation (my own):
Paris, December 25, 1654.
... Nothing could be more judicious or more true than what this King [of Spain] has told you concerning peace and the state of our affairs. To judge only according to the prosperity with which God has blessed them and the consequences that such prosperity must apparently have, we should not be impatient for it to take place; but also who knows that, in truth, we are touched by what we suffer and by what our enemies and our neighbors themselves suffer from the continuation of the war, will easily believe that we would like to see it ended, and that it would end if the Spaniards went there with the same sincerity and marched with the same footing as we do, as this prince very well judges. These are feelings, although very real, as I have said, still very obliging for France, and I will not fail to let the King know them and to make him consider how much he is obliged to have reciprocals of them, as sure he has them, for such a good brother and ally.
The lights of his mind appear in all things, but particularly in that he judged that it was the Archduke who had invited Queen Kristina to send Count Tott to France. He can infer from this what he came there to do; he gave us to understand, however, that this trip would not be disagreeable to Her Majesty and that he was awaiting letters authorising it. We have not failed to treat him well, and as a subject of this King and a senator of his kingdom, and because, for the particular of his person, he seems to have spirit and to be a man of honour.
Besides, the same prince was not mistaken when he told you that the Spaniards would deceive Queen Kristina. They will not only deceive her, but they abuse her and they make her serve as an organ to manifest their passions which certain respects oblige them to keep hidden themselves, as happened very recently in a letter that she wrote to Monsieur Chanut, or rather in an invective she sent him against France, and that on a clarification he had made on what was wrongly imputed to him, as the subject of the visit he had made to her was to beg her to mediate in making peace between the two Crowns. I assure you, and you can assure this prince of it, that we are not touched by any other feeling than that which he will conceive of it, which is the pain he will have at seeing that a person who is so close to him and to whom he has such a great obligation is so little respected by the Spaniards, to bring her to a procedure which is so unworthy of her.
I will tell you no more on this; you will perhaps learn more from Monsieur Chanut's letters. ...
Above: Kristina.
Above: Claes Tott.
Above: Cardinal Jules Mazarin.
Above: Charles d'Avaugour du Bois.
Note: "il nous a donné pourtant à entendre" = Friederich Hermann von Schomberg.
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